Armes de Chasse HS #14

CARABINES LINÉAIRES
Des Blaser R 93 et R 8
à la Beretta BRX 1
36 H CHRONO
CHEZ CHAPUIS
Suivez la fabrication
d’un express
de A à Z
BALLES
AU POSTE
Plomb ou pas,
lisses ou rayées :
les meilleures sont...
CALIBRES D’EXPRESS
9,3 x 74 R, 8 x 57 JRS,
.30 R, 7 x 65 R & Cie
DOM/S : 11 € - BEL/LUX : 11 € - PORT. CONT. : 11,50 €
L 11504 - 14 H - F: 10,00 € - RD
10 € HORS-SÉRIE N°14H
Edito
La vitesse,
c’est pas dépassé !
I
l y a cinq ou six saisons de cela, lors comme sonné par l’intensité de l’action. Puis, 9,3 x 62, quelques 8 x 68 S ou .300 Wincheter
du tournage d’une vidéo consacrée après un long silence, me demanda gêné : « Tu Magnum et… c’était tout.
à l’histoire des carabines de chasse, as fait exprès de faire une mauvaise balle ? » En quelques années, portées par l’accroisse-
je présentais la Blaser R 93 à Manu, La réponse était bien entendu non, mais c’est ment sans précédent des populations de
le cameraman qui m’accompagnait. vrai que les deux tirs venaient incroyablement sangliers, les armes dites de battue sont deve-
Pour que cette présentation se fasse « dans illustrer mes propos et justifier – bien mieux nues incontournables. D’un côté, les express
une ambiance chasse », nous avions décidé qu’un long discours – l’intérêt des armes juxtaposés, puis superposés, avec l’avènement
de la tourner au poste, durant une battue de linéaires en battue de grand gibier. des fabricants italiens et de leurs versions
grand gibier. Sans s’infliger le handicap de commencer allégées en ergal et économiques, allaient
Afin de montrer comment fonctionnait une la traque avec une carabine démontée, nous conquérir les chasseurs français. La carabine
arme linéaire, la Blaser en l’occurrence, j’avais avons tous vécu ou assisté à des scènes sem- double étant sans doute l’arme rayée la plus
retiré la culasse de l’arme. La carabine dans blables où la rapidité d’enchaînement des facile à adopter pour les chasseurs de petit
une main, la culasse dans l’autre, j’expliquais tirs a permis de rattraper un animal raté ou gibier fraîchement convertis au sanglier et
que cette arme rapide pouvait être précieuse blessé à la première balle. Sans aller jusqu’à habitués au fusil de chasse. De l’autre côté, la
« pour tirer plusieurs sangliers dans une vouloir réaliser des doublés et des triplés en Blaser R 93 – avec ses différentes concurrentes
compagnie importante mais aussi et surtout permanence, cette vitesse donne surtout le successives – allait considérablement modifier
pour récupérer un animal après une mauvaise droit à l’erreur et une deuxième chance. Voilà le paysage armurier français et définir une
balle »… Quand soudain, quelques mètres qui explique en grande partie le succès des nouvelle « norme » de carabines de chasse.
devant nous, montant de la traque, de sonores express et des carabines linéaires en battue. C’est à cette histoire et aux armes qui l’ont
« alaou, alaou » retentirent. Un sanglier venait Un succès qui remonte maintenant au milieu écrite que vous invite ce hors-série, le quator-
d’être lancé, très près ! Trop près à mon goût. des années 90, lorsque les express, autrefois zième d’Armes de Chasse. Un magazine pra-
Surtout quand on a dans les mains une cara- armes de safari rares et coûteuses, se démo- tique et dédié aux express et à leurs calibres,
bine démontée ! Tandis que Manu écarquillait cratisèrent tandis que naissait en Bavière, aux carabines linéaires de chasse et à leur his-
de grands yeux ronds derrière sa caméra, je dans l’anonymat le plus complet, une arme toire, mais aussi à la découverte des modèles
posais et glissais sans attendre la culasse sur rayée d’un nouveau genre, la Blaser R 93, qui les plus récents, la Savage Impulse, sans
le sommet du boîtier, je la refermais aussitôt allait engendrer une nouvelle génération de oublier, surtout, la Beretta BRX1, dévoilée le
et enclenchait l’armeur au moment où le carabines : les linéaires. 19 octobre dernier. Enfin, un grand chapitre
sanglier giclait sur ma droite presque au pied Avant cette époque, les battues de sangliers est consacré aux balles de battue, lisses ou
du mirador de battue. Je le suivais et lâchais étaient moins nombreuses en France et rayées, avec ou sans plomb, afin de vous aider
ma balle très vite. Une mauvaise balle… vous y croisiez des fusils de chasse et aussi à choisir et à passer une bonne saison. C’est
Mais cinq mètres plus loin ma seconde balle pléthore de carabines de type Mauser 98 tout ce que nous vous souhaitons !
l’arrêtait, cette fois pour de bon. plus ou moins belles, plus ou moins nobles,
Le cameraman qui n’avait rien perdu de la plus ou moins chères, chambrées pour des Bonne lecture à tous et à toutes
scène termina son plan, reposa sa caméra, calibres « classiques » comme le 7 x 64, le Laurent Bedu
Hors-série n° 14 / Armes de Chasse 3

Sommaire
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Secrétaire de rédaction :
10
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Ont collaboré à ce numéro :
Bruno Berbessou, Dominique Czermann,
Paul Hachème, Jean Kwiatek,
Henri Lefebvre, Pierre Lefeuvre,
Bernard Noël, José Nogent,
Les carabines linéaires
Frédéric Vergne.
PHOTOGRAVURE
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58 Quel calibre pour votre express?

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94 Balles et bêtes noires

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émises n’engagent que leurs auteurs.
4 Armes de Chasse / Hors-série n° 14

Hors-série n°14
La battue de grand gibier est l’un des modes de
chasse les plus prisés en France. Le fusil y a été
détrôné par l’arme rayée et surtout par les express et
carabines linéaires, deux armes spécialistes de cette
pratique. C’est à elles que nous consacrons notre
quatorzième hors-série. Photo Bruno Berbessou.
3 Édito : La vitesse, c’est pas dépassé !

6 Trophées
Vous les avez élus !
1/ CARABINE SUR LA LIGNE
30
12 Et Blaser créa la linéaire moderne !
Trente ans de carabines
de chasse ultrarapides
22 Archéologie des actions linéaires
À vos rangs… fixe et en ligne !
2/ CARABINES DOUBLES
Carabines doubles : 32 1898 : l’express prend forme
De la gare de Londres aux sous-bois !
de l’Afrique à la battue 42 Visite « express » chez Chapuis
Toutes les étapes de la fabrication
d’une carabine double
84 Fusil : l’autre express 52 Balles au centre

Les express à convergence réglable
à balles sans plomb 3/ LES CALIBRES D’EXPRESS

60 Le 7 x 65 R Brenneke
Adoré puis honni, mais toujours là !
66 La 8 x 57 IRS
La cartouche des express légers,
ou pas, et des tirs en douceur
74 Le 9,3 x 74 R
Le roi des calibres de battue
et le plus puissant de la famille
78 Le .30 R Blaser & Co…
… Ou plutôt les autres et le .30 R !
4/ ET L’ARME LISSE
86 Le fusil de chasse aussi
Balles sans plomb : bientôt la norme ?
90 L’Idéal, du Colonial à l’Express
Calibres 10 et 8 Paradox, .450 et .375
5/ BALLES ET BÊTES NOIRES
96 Les balles de battue « classiques »
Leur portrait-robot et l’offre du marché
102 Balles de battue sans plomb
Les spécialistes sont là !
6/ RECHARGEMENT
110 Des cartouches « express »
Du sur-mesure pour votre carabine double
Armes
ABONNEZ-
VOUS À
Recharger
pour un express 108 de Chasse
Profitez des offres page 71
Trophées 2021 Vous les avez élus !
Les 6 produits de
Les meilleurs de leur catégorie
Le rendez-vous est immuable, chaque printemps, nous soumettons à vos
votes l’élection des six meilleurs produits de l’année. Une carabine, un
fusil, une optique, un modérateur de son, une cartouche et un vêtement
lancés au cours de la saison écoulée sont choisis par vous et récompensés
par un trophée en bronze. Découvrez le palmarès des Trophées 2021
de Connaissance de la Chasse et Armes de Chasse. Laurent Bedu
Meilleure carabine
Sauer 101 Highland XTC
Alexandra Berton
Un Trophée La petite carabine 101 de Sauer se décline cette année en une XTC. Cette version carbone
et ultralégère (2,4 kg) d’une arme bien née est destinée à l’approche, nous l’avons
en bronze signé longuement testée au brocard l’été dernier, avec grand bonheur.
Continsouzas Meilleur fusil

Chaque lauréat reçoit
une médaille de grand Verney-Carron Collection EL 28
format en bronze, une œuvre
signée Dany Continsouzas,
illustre artiste animalier.
Ce trophée, de poids,
est en bronze, ciselé
et patiné par l’artiste.
Jean Verney-Carron
Cet Extra Light, sorti des ateliers de Verney-Carron Collection, est un vrai calibre 28 juxtaposé,
dans ses dimensions comme dans son charisme. Une arme comme Saint-Étienne pouvait nous
en proposer à sa meilleure époque : juxtaposée, fine, réduite à des proportions minimales et parfaites
qui conserve sur le terrain les qualités d’un fusil de chasse bien né.

l’année
Meilleur modérateur de son
Freyr & Devik Titanium 280
Leur design en double cône les rend
reconnaissables entre tous, mais
les Freyr & Devik doivent aussi leur
réputation à leurs qualités balistiques.
Ces modérateurs en alliage et titane
réduisent le bruit des détonations
de 26 à 30 dB avec un encombrement
et un poids réduit, à l’image du
Titanium 280 qui déborde du canon
de 12,5 cm et ne pèse que 280 g.
Alexandre Van Robais
Meilleure optique Meilleur

Swarovski Pure NL vêtement
L jumelles sont nées
Les
il y a deux siècles, en
Solognac Veste
11823. À l’époque, leur
900 Camo ﬂuo
ccréateur, Johann Friedrich
VVoigtländer, donne à ces
ooptiques destinées au
théâtre le nom de « lunettes
th
à piqûre ». Deux siècles plus
tard, Swarovski réinvente
ta
ccette optique avec les
Pure NL, dotées de formes
P
nnouvelles et ergonomiques
eet d’une luminosité et d’un
cchamp visuel incroyables. Gino Merchiers
Meilleure cartouche
Sako Blade
Ernest Ferron
Voici un équipement « trois en un » étudié pour
Benoît Ducôté vous accompagner en battue les jours de grand
froid, promettant un confort thermique jusqu’à
La Blade est une balle monométallique à pointe creuse protégée par une pointe - 20 °C, mais dont vous pouvez porter le seul
en polymère à trois lames destinées à favoriser l’expansion. Elle est disponible blouson intérieur durant les saisons intermédiaires.
en .308 Winchester, .30-06, .300 Winchester Magnum et bientôt 6,5 x 55, 6,5 Creedmoor, Membrane et zips étanches, nombreuses poches,
9,3 x 62 et .270 Winchester. tissu silencieux type velours.

LE PLUS GRAND SA
LON DE LA CHASSE
17-18-19 JUIN 2022

LAMOTTE-BEUVRON - SOLOGNE
Chapitre 1

Présentation et histoire
des carabines linéaires, stars
des battues depuis trente ans
Carabines sur la ligne Révolution en Bavière
Et Blaser créa
la linéaire moderne
Trente ans de carabines de chasse
La Blaser R93 n’est pas la première carabine à Blaser ouvre
la brèche
réarmement linéaire, mais c’est elle qui, il y a presque Début des années 90 chez Blaser.
trente ans, a redonné au mouvement de répétition en ligne Gerhardt Blenk, qui vient de racheter
la firme à son fondateur, rêve d’une
ses lettres de noblesse et un avenir. Depuis, les linéaires carabine moderne, modulaire, uni-
verselle, facile à démonter, pouvant
sont devenues les carabines de battue les plus prisées et s’adapter à tous les culots. Un système
d’arme complet où chaque canon
constituent un marché à part, de plus en plus fréquenté. pourrait avoir sa lunette, se monterait
et se démonterait sans avoir à procéder
à un nouveau réglage et avec laquelle,
L
es systèmes de réarme- en changeant sans outil tête de culasse
ment par culasse à action et magasin, on pourrait chasser du
rectiligne apparaissent chevreuil à l’éléphant. Et pour pouvoir
vers 1880 en Autriche. réagir plus vite et efficacement face à
La Suisse, les États-Unis une situation périlleuse ou une action
et le Canada suivent. Puis viendront rapide, Gerhard Blenk veut gagner
la Browning T-Bolt en 1964 et de du temps sur le réarmement des clas-
nombreuses carabines de biathlon. siques culasses dérivées du Mauser.
La ligne droite étant le chemin le Le cahier de charges est posé, l’ingé-
plus court et parfois le plus rapide nieur Menrad Zeh se met au boulot.
pour aller d’un point à un autre, on Il conçoit une culasse inédite dont la
voit depuis trente ans émerger une tête démontable se verrouille dans
multitude de carabines à réarmement l’extension de canon selon le principe,
linéaire. Les sangliers et battues étonnant et inconnu en armurerie, de
gagnant du terrain partout en Europe, multiples verrous radiaux. Lorsque la
© Aimpoint
la vitesse de réarmement est devenue tête de culasse arrive en butée contre

l’Argument de vente… la chambre, une série de tenons en
Peu de monde
misait sur la R 93
arriveront diverses versions, dont des gements de postes. Le modèle se
à son lancement…
Presque trente ans
économiques avec crosse et devant démarque par l’utilisation importante
plus tard, Blaser synthétique. de l’acier, y compris pour le groupe
est devenue grâce La R93 modifie durablement l’image sous-garde/pontet (un ensemble en
à elle une marque de l’arme de chasse moderne et lance alliage léger est disponible en option).
mondialement la mode du linéaire. Voulue à l’ori- La détente imaginée par Laaksonen
connue ! gine comme une carabine univer- est une pièce digne d’une carabine
selle, en France, c’est à la chasse en de compétition. Elle offre un poids
battue qu’elle va gagner ses lettres de départ réglable de 0,5 à 1,2 kg
de noblesse en vertu de sa vitesse de et permet un contrôle parfait du
réarmement qui permet de tirer plus lâcher, un tir rapide et sûr en battue.
vite. Bien ou mal, c’est une autre La sécurité est activée par un petit
histoire. Le pays devient le principal levier à l’arrière gauche du boîtier
marché pour la carabine de Blaser de culasse. Celle-ci possède un corps
après l’Allemagne. Sa production cylindrique de diamètre important.
aurait dû cesser en 2010, à la sortie de L’ensemble de verrouillage et de
la R8, mais elle se poursuivra jusqu’à percussion ne comporte que cinq
la fin de l’année 2016 pour satisfaire pièces. L’avant, usiné en cuvette de
le marché français récalcitrant, le tir, recouvre entièrement le culot. Un
seul à ne pas vouloir passer à la R8 extracteur à griffe et un éjecteur sous
à qui sont reprochés ses deux cent tension de ressort se chargent des
cinquante grammes excédentaires opérations d’extraction et d’éjection.
par rapport à sa devancière. Au premier tiers arrière de la culasse,
on trouve le verrou transversal mono-
bloc. Le tenon de forme extérieure
rectangulaire, usiné en « croissant »,
vient se plaquer parfaitement dans
!
son logement taillé dans le flanc du
Au nord : boîtier. Le tenon qui lie la culasse au
boîtier évoque un verrou de coffre-
la Lynx 94 fort. Les portées se font acier sur
Pendant que Blaser lance la produc- acier, toutes les pièces sont traitées
tion de sa R93, un armurier finlandais, thermiquement. Le déverrouillage et
Torsti Laaksonen, met au point une l’ouverture sont commandés par un
ultrarapides carabine qui restera longtemps incon-

nue en France : la Pirkan Lynx 94.
Nous sommes en 1994 et on peut dire
que c’est la deuxième des linéaires
levier en T très semblable à celui des
Schmidt-Rubin K31 (cf. p. 24) mais
articulé et se déplaçant longitudina-
lement. Cette translation transformée
corolle poussés par un cylindre interne modernes à voir le jour. en mouvement circulaire dans la
se verrouillent dans leurs logements À l’origine, la Lynx est conçue pour culasse permet l’extraction primaire,
dans l’extension du canon. La course les compétitions de tir nordique où les autorise le déverrouillage et arme le
du transporteur de culasse est rec- tireurs s’affrontent contre le chrono et percuteur. Sans ce mouvement, la
tiligne, il coulisse sur le châssis en des semi-autos face à des « verrous ». culasse reste bloquée par le verrou
alliage qui supporte les éléments de La carabine de Laaksonen offre un qui, en cas de surpression, offre une
la carabine. Il n’y a pas de boîtier de réarmement très rapide, une grande sécurité importante.
culasse proprement dit. Pour le port précision, un chargeur amovible et Le canon match est chambré avec soin
en sécurité cartouche chambrée il y une résistance aux pires conditions pour une précision maximale. Pro-
aura un armement séparé. climatiques qui sévissent là-haut, où fondément vissé dans le pont avant,
Lors de sa présentation, la R93, avec on peut tirer par - 30 °C. Le boîtier il est flottant. La hausse de battue et
son châssis porteur, sa forme iné- de culasse de forme cylindrique est le guidon sont réglables. C’est parfait
dite, l’absence de boîtier et l’usage surdimensionné. Sa partie supérieure pour un tir de battue et utilisable à
d’alliage, n’est pas bien reçue. Pour est fraisée aux normes Tikka, c’est plus grande distance.
les chasseurs habitués à du classique pratique pour les montages optiques. Les crosses chasse disponibles pour la
et du bon acier, tout cela représente Les surfaces externes comme internes France ont été élaborées par Philippe
un concept sans précédent qu’ils sont parfaitement usinées et polies. Pérouze (Mof en montage à bois) pour
ne sont pas encore prêts à intégrer. Le boîtier est fermé, hormis la longue Pirkan et Long Range, l’importateur.
Qu’à cela ne tienne, un formidable et fenêtre d’éjection qui permet l’expul- En beau noyer, disponibles en trois
très intelligent marketing va l’impo- sion franche des cartouches à culot grades, elles sont finies à la main
ser. Blaser réussit le plus gros coup Mauser mais aussi des 6,5 x 68 et par le maître crossier
publicitaire de l’histoire de l’arme de .375 Ruger. L’alimentation se fait du fabricant. Le
chasse avec son slogan « Chassez en par l’intermédiaire d’un chargeur design,
première classe »… Qui n’a jamais amovible de 3, 4 ou 10 cartouches
eu envie d’être surclassé ? La formule suivant les versions. En tôle d’acier,
frappe et capte le désir de beaucoup il est à double pile imbriquée
L’étrange culasse
de chasseurs vers cette R93, qui avec alimentation centrale, à poignée droite de
plus est uniquement proposée à sa parfaitement adapté aux la Lynx a perturbé
sortie habillée de beaux bois et de compétitions de tir rapide certains chasseurs.
gravures. Et ça marche ! Par la suite ou à la battue avec chan-
Carabines sur la ligne Révolution en Bavière
original, efficace, très réussi, combine rapidement des problèmes de fonc-
les avantages de la crosse droite, de tionnement, voire de sécurité avec
la joue allemande et du busc Monte- des départs intempestifs. En 1997,
Carlo, sans les inconvénients de ces Mauser la modifie mais il est trop
deux derniers. Contrairement à 95 % tard, le célèbre fabricant a passé
des carabines pourvues d’une crosse son tour. Pour autant, ces versions
trop longue, plus adaptée au tir assis modifiées encore en service donnent
qu’à la chasse, celle de la Lynx, avec entière satisfaction. Un ami portu-
355 mm à la couche, permet une mon- gais en possède une depuis presque
tée sûre et vive, que l’on soit en che- vingt-cinq ans et a notamment tiré
misette ou en veste d’hiver. La joue avec elle un bel ibex tout près de la
convient au tir avec ou sans optique, frontière chinoise, par des tempéra- La Heym SR30 est
d’autant que l’armement linéaire per- tures où beaucoup d’armes cessent une des plus élégantes
met d’abaisser le montage. La poignée de fonctionner. Il manquait peu de linéaires et son système
pistolet prononcée, ni trop épaisse ni chose pour faire de la 96 une bonne de verrouillage à billes
trop fine, assure une tenue parfaite, linéaire à prix démocratique. est original et fiable.
un excellent positionnement pour la L’histoire aurait pu en rester là sans
majorité des mains et un bon contrôle l’autrichien Rossler, qui a racheté Heym
de la détente. Le quadrillage est réalisé
à la main. Le poncé-huilé assez sobre
les brevets Mauser. En 2011, il sort
sa Rossler Titan 16 (pour ses seize
joue aux billes
est fait avec sérieux, comme il se doit verrous). Fini les plastiques et alliages En Allemagne et en 1996 encore, chez
sur une arme semi-artisanale. trop fragiles et la finition bâclée. Les Heym, qui vient de se réinstaller en
Arrivée chez nous en 2011, importée sécurités de percuteur et de fermeture Thuringe, l’ingénieur Peter Fortner
en petite quantité, la Lynx n’inté- sont revues, les départs intempestifs ne développe un verrouillage original,
ressera malheureusement que les menacent plus. La culasse est réalisée puis dessine autour la carabine SR 30.
passionnés et ceux qui cherchent avec plus de soin au niveau des tenons, Le modèle est toujours fabriqué en
« autre chose ». le fonctionnement gagne en souplesse. 2021, sans modification. C’est un
La Titan 16 devient ce que la 96 aurait record de longévité.
Dernier bal pu et dû être : une arme fiable, précise, D’apparence classique, la culasse
bien équilibrée. Elle est disponible est un cylindre d’acier contenant
chez Mauser dans de nombreux calibres, avec un un autre cylindre dont l’avant sert
Au milieu des années 90 en Alle- canon interchangeable, un chargeur de rampe de blocage à six billes de
magne, la vieille maison d’Oberndorf amovible et différentes crosses et roulement de 6,5 mm de diamètre.
vit ses derniers instants. Pour inver- finitions. Un configurateur « Titan Placées de façon concentrique, elles
ser le mouvement, elle essaye de se 16 » permet à l’acheteur de choisir forment les tenons de verrouillage.
raccrocher au succès de la Blaser son modèle en ligne et de construire Une septième bille, en avant du levier
R93 et sort sa version de la carabine son arme sur mesure. d’armement, fait office de tenon de
linéaire sous le matricule Mauser sécurité. Lors de la manœuvre du
M96. Une mécanique originale, des Un verrou linéaire pour Mauser 98 levier vers l’avant, une came pousse
proportions adaptées à nos battues, Pour anecdotique qu’elle soit, il convient de souligner la le cylindre, repoussant les billes vers
un choix de calibres intéressant et un tentative d’une entreprise allemande aujourd’hui disparue le haut. Elles prennent place dans
prix attractif devaient lui apporter le de transformer une carabine classique en linéaire. Vers le pont avant et sont bloquées par
succès. Il n’en fut rien. Fabriquée à 1998, Sommer & Ockenfuss propose un verrou de type le cylindre. La septième bille est
la hâte, la culasse à verrous multiples, Mauser 98 modifié qui transforme la vénérable carabine verrouillée par la pièce d’armement.
au nombre de seize, souffre d’une en une linéaire peu coûteuse et fabrique une originale Ce système a été testé jusqu’à plus
production bâclée, d’un choix de « bullpump ». Son succès fut limité pour diverses raisons, de 10 600 bars. Les verrouillages à
matériaux de mauvaise qualité, en à commencer par le prix. Une version tactique fut même billes sont connus depuis longtemps
particulier les guides en plastique testée et employée par les SEK (forces antiterroristes) dans l’industrie et le levage de charges
en Allemagne. Le mécanisme de réarmement était
qui cassent fréquemment bloquant lourdes pour leur solidité et leur résis-
commandé via la poignée pistolet.
le mécanisme. La carabine connaît tance à l’arrachement. Aucun incident
© L. Bedu
© B. Berbessou
Les guides latéraux de la

culasse en plastique de
la Mauser sont devenus
Rossler a réalisé la mise au point que Mauser aurait métalliques sur la Titan 16.
dû faire : la Titan 16 est une remarquable carabine.

L’Acera marque
la première incursion
de Browning dans
l’univers des modèles
linéaires.
Browning, Blaser fait sa

premier essai seconde révolution
Chez Browning, on s’affole un peu En 2010, Blaser réinvente la R93.
du succès de la R 93. Des ingénieurs Depuis dix-sept ans, le fabricant
se mettent au travail et créent, en règne sans partage sur le marché
1998, une carabine qui aurait pu faire des linéaires, mais comme avec tous
mal si son développement n’avait pas les produits modernes dont une part
été trop rapide et fait dans l’urgence. du succès repose sur l’image, sa
Sans doute les Belges ont-ils man- carabine vieillit. Des incidents et
qué de foi et d’enthousiasme pour accidents surviennent, les critiques
ce projet alors que la FN traversait apparaissent, de nouveaux désirs
une crise. L’Acera, c’est son nom, aussi. Très réactif, Blaser, qui ne
aurait pu être la Maral à quelque peut ni ne veut perdre la main, sort la
chose près. Ce quelque chose étant R8. Comme le prouve son matricule,
le renvoi automatique de la culasse. le modèle aurait dû naître deux ans
« Mais ils n’ont rien compris ! s’est plus tôt mais la firme aura mené deux
exclamé un de mes amis armuriers années d’essais supplémentaires pour
L’Acera fonctionnait lorsqu’il reçut sa première Acera. assurer un sans-faute.
bien, mais était sans Il suffisait de garder le ressort de La carabine est entièrement nou-
doute trop proche rappel des BAR ! » Eh oui… Il en velle, ne possède aucune pièce com-
de la Bar, dont bricolera d’ailleurs une. L’Acera mune avec la 93, hormis le montage
© L. Bedu
elle empruntait le
produite de 1999 à 2000 disparaîtra de lunette et la bretelle. Elle s’en
mécanisme.
à l’aube du XXIe siècle. démarque par son châssis à fond
ou accident avec une Heym SR 30 n’a

été enregistré depuis 1996. Le levier
de culasse à deux positions sert d’ar-
meur séparé. En arrière, la culasse est
bloquée, percuteur désarmé. En avant,
il arme le percuteur, l’arme est prête
à tirer. Une sécurité supplémentaire
est prévue, un poussoir transversal à
l’arrière de la noix.
Cette linéaire est certainement la
mieux équipée du marché en termes de
sécurité. Belle et classique, élégante,
bien finie, elle aurait mérité une meil-
leure distribution lors de sa sortie et La R8, sortie en
plus qu’un succès d’estime. Mais elle 2010, est une version
est toujours là quand d’autres, dont la corrigée, améliorée et
R 93 qui lui fit de l’ombre, ont disparu. sécurisée de la R 93.

Carabines sur la ligne
Avec la R8, Blaser s’est risqué

à des modèles pour le moins
novateurs, comme la Success.
ouvert destiné à recevoir le bloc La réponse de pour plus de sécurité en cas de rup-
détente/chargeur tout en conservant ture de culot ou de surpression. Elle
un look assez proche. La culasse Merkel à Blaser s’articule autour d’une carcasse en
est considérablement modifiée, très Pendant ce temps à Suhl, chez alliage qui englobe la mécanique. Le
renforcée pour en augmenter la fia- Merkel, on bosse sur l’anti-R93 ou boîtier est prévu pour des munitions
bilité et la sécurité. L’angle des ver- R8, c’est-à-dire la RX Helix. La de longueur inférieure à 85 mm.
rous est recalculé, leur taille ainsi carabine voit le jour en 2010 mais ne Merkel désirait pour son verrouil-
que la surface d’appui augmentées sera réellement lancée qu’en 2011. lage un système robuste et qui se
pour assurer une meilleure tenue Les dirigeants de Merkel ont voulu différencie de ceux de ses concur-
aux pressions. La tête de culasse accélérer sa sortie pour essayer de rents. Le concepteur, Klaus Müntz,
plus longue améliore le guidage contrer l’implantation de la R8 en a retenu une tête de culasse rotative
et la tenue des grosses cartouches, profitant de la période de flottement amovible à tenons multiples dérivée
jusqu’au .500 Jeffery. La culasse se qui suit souvent l’arrivée d’un nou- de celle de la SR1 (la semi-auto de
solidarise au transporteur grâce à un veau modèle. La RX Helix a été la marque) mais tournant en sens
épais tenon. Lors de la fermeture, le conçue en tenant compte de l’expé- inverse. L’Helix possède six tenons
levier poussé en avant commande rience d’utilisateurs qui désiraient en trois rangs se verrouillant selon
deux verrous qui prennent appui une culasse contenue dans le boîtier un mouvement hélicoïdal. Le boî-
sur l’arrière du châssis, supprimant pour ne pas être gêné lors du tir ou tier très court associé à la recherche
le risque d’arrachement. Le bloc d’une grande vitesse de réarmement
détente/chargeur amovible fait son La Merkel RX représente un vrai casse-tête tech-
apparition. Seul le poids diffère, Helix associe nique. Klaus a développé un système
avec un supplément de 200/250 g un boîtier fermé à crémaillère multipliant par deux
par rapport à une R93 de finition et une culasse le mouvement de la culasse. Elle
équivalente. C’est ce qui va freiner commandée par parcourt 13 cm alors que le levier
l’émergence de la R8 en France au un levier à la ne coulisse que sur 6,5 cm. La mani-
cours de ses premiers mois d’exis- course réduite. pulation est fluide et très rapide. La
tence et convaincre ou contraindre culasse contenue dans le boîtier ne
Blaser de poursuivre la production de ressort pas à l’arrière, ne risquant pas
la 93 pour le marché français, alors de troubler le tireur qui garde ainsi
qu’il prévoyait de l’arrêter dès 2011. les yeux sur le gibier.
Ce n’est donc qu’en 2016 que la R8 Merkel va faire évoluer son modèle
remplace définitivement la R93, mais en adoptant, en 2018, une crosse
avec un succès bien réel, porté par technique et ergonomique, la Speeds-
son choix de finitions et sa modu- ter. Limitée en choix de calibres
larité sans pareille. Blaser continue par son boîtier court, l’Helix offre
d’innover, jouant sur un design tou- cependant un potentiel important,
jours plus audacieux, que ses concur- du .222 Remington au .338 Win-
rents essaient de suivre, d’adapter ou chester Magnum. Le 8 x 68S et le
de contrer. .375 Ruger, un temps envisagés,
L’Ultimate apparue il y a deux ans n’ont pour l’instant pas vu le jour.
porte bien son nom. Il sera difficile Le plus grand défaut de la carabine
de faire mieux et plus technique sur reste l’absence d’un vrai modèle
une carabine de chasse hormis à pour gaucher, mais elle a gagné sa
changer de matériaux. Mais même place dans toute l’Europe au sein
après la phase ultime, Blaser peut des battues, s’imposant comme la
continuer de nous étonner ! plus grande concurrente de Blaser.
la main du chasseur est déjà prête à Années 2000 :
tirer, d’autant que le positionnement le calme avant la tempête
du levier vers l’arrière assure une
bonne ergonomie. Comme sur la RX,
la culasse est contenue dans le boîtier
et ne perturbe pas la visée. L’arme-
ment par poussoir indépendant placé
à l’arrière du boîtier permet d’offrir
un départ plus léger et sécurise le
transport cartouche chambrée.
Aujourd’hui, la Maral vient concur-
rencer les R8 et Helix pour la battue
en se plaçant sur un créneau de prix
inférieur. Peu de chasseurs ont besoin
des canons amovibles, tant mieux,
elle ne propose pas cette option, et
nombreux sont ceux qui ne peuvent
La Browning Maral est la Étrangement, il ne s’est pas passé grand-chose sur le
investir dans une R8 ou une Helix. Et
première linéaire « à un seul marché des linéaires dans la décennie 2000, avec peu
la réputation des Browning Bar joue de nouveautés. Quelques événements vont toutefois
geste » : on tire le levier et on
le relâche, il revient tout seul.
à fond. De nombreuses versions, dont conditionner la suite de l’histoire. Notamment en 2003,
une intégrale gaucher, sont proposées quand toutes les R 93 sont rappelées pour changer le
et l’offre de calibres suffit à tous les bloc détente, source de départs intempestifs. L’épisode
gibiers hormis les pachydermes. La n’entamera pas le succès du modèle. Hormis les ventes
stratégie de Browning est impec- limitées de Lynx en Finlande et de SR 30 partout ailleurs, la
cable, la Maral est là pour durer et R 93 reste seule en lice, les Mauser ayant disparu. En 2005,
gagner des parts de marché. Strasser présente sa RS 05, né d’un brainstorming avec un
certain Horst Blaser, ancien propriétaire et fondateur de la
firme éponyme. Malgré cette illustre parentèle, les ventes
Chapuis Armes de la RS 05 sont plutôt confidentielles, mais elle aussi aura
entre dans la course droit à sa campagne de rattrapage. En 2014 et 2015, elle
évoluera en RS 14 et RS 15. Carabines rares et onéreuses,
La France a traîné, comme d’habi- elles poussent la technique à son paroxysme, une habitude
tude, et pris le train des linéaires très germanique pas toujours bien utile. Mais qu’on aime
La Maral dispose
tardivement. En 2017, Chapuis entre ou pas, elles ne laissent pas indifférent.
d’un armeur
de sécurité. en lice avec sa Rols, qui s’inspire
de certains concepts éprouvés tout
en faisant appel à un verrouillage intempestifs tant que le verrouillage
Browning, breveté vraiment unique : le CLS n’est pas complet. Comme toujours
épisode 2 (Chapuis Locking System). À l’in-
verse des autres, ce système posi-
chez Chapuis, les bois sont au-des-
sus de la moyenne. On a là une jolie
En 2013, Browning réagit enfin : tionne les verrous dans l’insert de carabine légère, particulièrement la
quinze ans après l’Acera, sa Maral canon. Activés par le déplacement version Élégance, qui plus est « made
est dévoilée au salon de Nuremberg. d’un manchon entraîné par le levier in France ».
Cette fois, la réalisation ne souffre d’armement, sept tenons basculent Depuis cette année, la Rols se décline
aucune critique. Son système original d’avant en arrière et verrouillent la en version carbone, une carabine
en fait une linéaire à réarmement tête de culasse. Le CLS offre une technique ultralégère (2,4 kg) qui
assisté. Associée à un chargeur amo- importante surface de verrouillage intéressera ceux qui bougent et
vible de grande capacité, elle apporte (260 mm2) et est capable d’encaisser grimpent à la recherche des gibiers
vitesse de rechargement et cadence sans broncher 8 500 bars de pression. de montagne, à condition de pouvoir
élevée, deux points recherchés par Sa conception interdit les départs y mettre le prix.
les chasseurs français dont les semi-
© B Berbessou
automatiques sont bridées à deux Chapuis propose sa Rols

cartouches + une. dans de nombreuses
La culasse à sept tenons, semblable déclinaisons, dont certaines
à celle des Bar, conserve ses deux dotées de bois superbes.
tiges de manœuvre. La Maral fait fi
de l’emprunt des gaz, du tube adduc-
teur, du ressort récupérateur et sa
tige-guide. L’ensemble est remplacé
par un enrouleur contenant un double
ressort plat. Le système permet de
réarmer la carabine en une seule
opération. On tire la culasse pour
éjecter l’étui et on lâche le levier.
Entraînée par le ressort, la culasse
se referme seule, non sans avoir
auparavant extrait une cartouche du
chargeur et l’avoir chambrée. Au
moment où la culasse se referme,
Révolution en Bavière
La Savage
Impulse, qui
tarde à arriver
dans notre pays,
sera déclinée
en trois versions
synthétiques,
deux camouflées
et une verte.
Ambidextre
et à levier Au tour de deux versions à 1 615 € et 1 720 €, la
repositionnable,
l’Impulse se
Verney-Carron Linergie devrait trouver sa place sur le
marché et concurrencer la Browning,
verrouille avec Verney-Carron lance cette saison la surtout pour ceux qui comme moi se
le système Linergie, qui reprend la mécanique moquent de l’armeur indépendant.
à billes initié de l’Impact ou de la Speedline sans
par Heym. l’emprunt des gaz, ni le piston, ni la
pédale de renvoi de culasse. Comme
sur la Maral, la culasse se referme
seule tandis que le levier de culasse
est placé vers l’arrière, au-dessus du
pontet pour une prise en main rapide
avec un minimum de mouvement.
Le ressort d’assistance est puissant
mais souple. La manœuvre est très
fluide, le réarmement d’une grande
rapidité, peut-être un tout petit peu
plus rapide que la Browning. Bien
qu’il n’y ait pas d’armeur séparé,
les départs sont bons. Un arrêtoir de La Linergie est
culasse permet de bloquer celle-ci en la première
« vraie » linéaire
Savage, toujours position arrière, un plus par rapport
de Verney-Carron,
à la Maral. Le chargeur contient cinq
© B. Berbessou
attendu cartouches dans les calibres usuels. Le
mais la troisième
arme dérivée de
En 2020, l’Amérique redécouvre la canon peut recevoir un modérateur l’Impact Auto.
mécanique linéaire avec Savage et ou un frein de bouche. Proposée en
son Impulse. Issue d’une collabora-
tion étroite entre Jens Tigges, respon-
sable Savage pour l’Europe, Heym
et Savage USA, l’Impulse reprend
les principes de verrouillage de la
SR 30 avec un système de sécurité On tire et on relâche
et d’armement différent. Le levier le levier, la culasse se
d’armement se démonte et peut se referme toute seule :
positionner à gauche du boîtier, ce la Linergie ne requiert
qui fait de l’Impulse une carabine qu’un seul geste.
ambidextre qui, malgré une double
fenêtre d’éjection, une de chaque
côté, continu d’éjecter à droite. Le
levier peut se positionner sous diffé-
rents angles pour s’adapter au tireur.
Sorte de pont entre l’Amérique et
l’Europe, la Savage Impulse devrait
faire honneur à ses deux parents,
Heym et Savage. Malheureusement,
le marché américain avale pour le
moment toute la production et la
carabine se fait attendre chez nous.
AFL
NOUVEAUTÉ
LENTILLE
ANTIBUÉE
Z8i
DES PERFORMANCES
ULTIMES.
UNE CONCEPTION
PARFAITE.
SEE THE UNSEEN
Carabines sur la ligne
g Révolution en Bavière
L’arme a tenu jusqu’au maximum des

possibilités de mesure, soit 9600 bars.
Que vouloir de plus ?
Crosse et devant sont pour le moment
en synthétique noir
noir, mais d’autres
choix devraient arriver dans les mois
à venir. La plaque de couche et les
intercalaires sont ceux du A400 et on
peut modifier la tenue en changeant
la poignée pistolet, un peu comme
sur les Tikka T3X.
économies pour le fabricant qui peut La BRX1 n’est pas une « belle cara-
La Beretta servir les 15 à 18 % de gauchers que bine », mais elle n’est pas une arme
BRX1, sortie le compte sa clientèle sans avoir à créer au rabais – pas une bargain rifle
19 octobre dernier, un modèle spécifique. Bien vu et diraient les anglophones. Pour l’avoir
La surprise de est la dernière-née bien pensé. rapidement testée et prise en main,
de la famille
l’année est italienne linéaire et sans
Le bloc détente, facilement amo-
vible, offre trois poids de départs pré-
je pense qu’elle va faire date en ce
début de décennie. Il s’agit d’une
Cette fin d’année est marquée par doute un futur programmés, bien adaptés à la chasse carabine moderne, modulaire, tech-
l’arrivée d’une Beretta, la BRX1, best-seller. et faciles à sélectionner. Le chargeur nique et bon marché (1 549 €), avec
une linéaire moderne, ambidextre, amovible de couleur orange contient un nom qui inspire la confiance, celui
technique et modulable qui devrait cinq cartouches. Un modèle à dix de la plus ancienne firme du secteur
secouer le marché. Elle a été officiel- coups devrait suivre pour ceux qui armurier sur le plan mondial. Son
lement lancée le 19 octobre, mais la confondent battues et batailles ran- succès semble assuré.
firme l’a dévoilée aux armuriers il gées. Trois types de rails seront dis- Gerhardt Blenk et Blaser ont été des
y a plusieurs mois déjà et a fait en ponibles pour installer les optiques. visionnaires en créant la carabine
sorte qu’elle soit présente dans les Les premières carabines recevront linéaire moderne, qui ne cesse d’évo-
bonnes arquebuseries hexagonales un rail aux normes véritablement luer et de se diversifier depuis bientôt
dès le début de l’automne, où vous Picatinny. Avec les colliers ad hoc, trente ans. Le futur devrait nous
pouvez l’y découvrir. ce système permet de conserver son apporter bien des surprises encore
La conception s’articule autour d’un Bonne position réglage après démontage. avec l’arrivée des Américains et des
châssis en alliage léger supportant les de tir, canon Beretta a fait le forcing sur la sécu- Italiens de Beretta. La concurrence
autres éléments de la carabine. La interchangeable, rité : la BRX1 a passé tous les tests sera rude, mais une chose est acquise,
réarmement
culasse comporte une tête rotative à d’épreuves des armes civiles mais les linéaires sont bien installées dans
souple et
tenons multiples inspirée du verrouil- rapide, arme aussi celui exigé par l’OTAN pour les le paysage cynégétique européen et
lage de nombreuses armes militaires. ambidextre armes militaires. Le .300 Winchester devenues des armes de battues, où
Ces tenons sont au nombre de huit et prix bas sont Magnum a en outre subi des tests de elles concurrencent de plus en plus
pour les calibres standard et seize les arguments destruction : le canon a été obturé semi-autos et express. Q
pour les versions magnum. Culasse massues successivement en trois points et
et canons sont interchangeables. Les de la BRX1. une cartouche surchargée a été tirée. Dominique Czermann
longueurs de canons sont adaptées
aux cartouches, avec par exemple
56 cm en .308 Winchester et .30-06 et
61 cm en .300 Winchester Magnum
et 6,5 Creedmoor. Pour l’instant,
les tubes sont livrés sans organes de
visée, filetés en M14 x 1. Ils ont un
diamètre de 16 mm à la bouche, ce
qui permet de conserver un poids
raisonnable à l’arme (3,3 kg).
L’armement se fait par la manœuvre
de la culasse. Le poussoir ressemble
à un armeur indépendant mais est en
fait une sécurité à trois positions,
fiable et facile à utiliser. Le système
n’est pas moins sûr que tous les
armeurs séparés dont on nous rebat
les oreilles. Un énorme avantage de
cette conception est de permettre
de passer de droitier à gaucher en
trois minutes en déplaçant le levier
de culasse de droite à gauche et en
© L. Bedu
faisant faire un 180 degrés à la tête de

culasse. Cela représente de grosses
Les carabines sur la ligne Origines militaires Une des
linéaires les
moins connues
en Europe : la
Ross, un modèle
militaire devenu
arme de chasse.
Archéologie
des actions
linéaires
À vos rangs…
fixe et en ligne !
La BLR de Browning est une
arme à verrouillage linéaire.
Comme toujours en matière En deux

d’armement, ce sont les militaires mouvements
Pour réellement accélérer le tir, il
qui apportent le progrès et les
© B. Berbessou
faut que le tireur ne désépaule pas,

donc concevoir un mécanisme à
innovations. Les verrous linéaires deux mouvements, un en arrière et
ne datent pas de la Blaser R 93, un en avant. On peut distinguer les
systèmes « à main forte », où le tireur digèrent des cartouches « standard »
ils ont été inventés et développés doit abandonner la détente de sa main
active pour actionner le mécanisme,
à 430 Mpa. Mais, même si ces armes
sont très rapides, on ne peut pas les
un peu partout dans le monde un et ceux « à main faible », où le tireur
actionne le mécanisme de l’autre
ranger parmi les linéaires.
Avec le système à main forte, la
siècle plus tôt, à la fin du XIXe siècle. main sans que son doigt ne quitte la
détente. Vous allez dire que les armes
main qui commande le tir en pres-
sant la queue de détente doit lâcher
Retour sur cette émergence. à levier de sous-garde répondent à
cette définition. C’est vrai, mais la
la poignée pour aller chercher le
levier d’armement. Paradoxalement,
conception de leur verrouillage a alors qu’utiliser l’autre main paraît
D
ans l’univers des armes longtemps interdit les cartouches à la solution la plus rapide, c’est ce
militaires, la résistance haute pression. Même les récentes principe qui est apparu le premier et
aux mauvaises mani- Winchester 94 AE et Marlin utilisent est encore aujourd’hui le plus connu
pulations du bidasse et des cartouches spécifiques à pression et utilisé à la chasse. Dans la folle
aux aléas des champs de inférieure (.307 et .358 WCF, .308, course à l’armement de la fin du
bataille prime sur le reste. Quelques .338 et .450 Marlin). L’exception est XIXe siècle, quatre pays ont fait le pari
inventeurs ont néanmoins mis la vitesse la Winchester 1895. Ce n’est que par technologique de l’armement linéaire
de réarmement en haut du cahier des l’installation d’un relais d’engrenages en mettant en avant la rapidité de
charges et conçu des systèmes diffé- entre le levier et une culasse rotative tir : l’Autriche-Hongrie, la Suisse,
rents. Nous allons les passer en revue, qu’un verrouillage stable et résistant le Canada et les États-Unis. Les
car ils ont eu des répercussions sur nos peut être obtenu. C’est ainsi que les armes qui en ont résulté inspireront
armes de chasse, certes pas immédiates Sako Finnwolf (1963), Browning les inventeurs de nos carabines de
mais bien tangibles. BLR (1969) et Winchester 88 (1955) chasse linéaires.
Autriche-Hongrie, 1895
Von Mannlicher
Ferdinand Mannlicher (1848-1904)
– Ferdinand Ritter Von Mannlicher
à compter du 1er juin 1892 et de
son anoblissement par l’empereur
François-Joseph – est à l’origine de
Ferdinand 150 brevets. Il entre à la Oesterreicher
Mannlicher. Waffenfabrik Gesellschaft (OEWG),
© L.Bedu
à Steyr, la capitale armurière autri-

chienne, en 1877. Après plusieurs
essais infructueux mais instructifs, La M-95, à verrouillage linéaire, inventée par Mannlicher équipait
il met au point le M-85 qui pré- l’infanterie ainsi que la cavalerie et les troupes de montagne.
sente déjà un mécanisme linéaire,
avec une autre innovation majeure, poudre sans fumée par la France nationale sans fumée qu’une nouvelle
l’alimentation par clip éjectable qui dans le Lebel 1886 rend du jour au arme, le M-95, est adoptée. Déclinée
sera désormais connu sous le nom lendemain toutes les armes à poudre en fusil long pour l’infanterie et en
de « clip Mannlicher ». L’arme est noire obsolètes. En catastrophe, un carabine courte pour la cavalerie
adoptée par l’Empire austro-hon- nouveau modèle en « petit » calibre et les troupes de montagne, elle va
grois comme M-86 mais toujours 8 mm est adopté (mais toujours à être l’arme de dotation du soldat
à poudre noire en 11 mm Werndl. poudre noire compressée). Ce n’est KuK (Kaiserlich und Koeniglich,
La même année, l’adoption de la qu’après la fabrication d’une poudre « impérial et royal ») pendant la
Les carabines sur la ligne Origines militaires
© L. Bedu
Outre la M-95,
Mannlicher
inventera une
arme semi- Le Schmidt-Rubin K31 version chasse
automatique, et au-dessus la nomenclature du 1889,
mais que les avec ses pièces et mode de démontage.
munitions et
poudres de une arme réglementaire sous le nom fédéraux. Chaque canton possède
l’époque ne de Schmidt-Rubin 1889. sa propre législation. Certains pro-
permettront Dans ce système, un long verrou hibent la répétition, d’où blocage du
pas de faire muni d’un cylindre à l’arrière fraisé chargeur par une entretoise, d’autres
fonctionner. d’une gorge hélicoïdale transforme le imposent un calibre minimal, d’où la
mouvement linéaire du levier en une création du 9,3 x 54 M-25 Suisse par
rotation de ce cylindre porteur des simple élargissement du collet de la
tenons de verrouillage. Le mécanisme 7,5 x 55 réglementaire. Le canton des
étant de l’avis de beaucoup assez Grisons n’autorise que le calibre 10,3,
fragile, une nouvelle cartouche beau- d’où les 1889 transformés en un
Première Guerre mondiale où elle se coup plus puissante, introduite en coup en 10,3 x60 R… Quoi qu’il en
comportera bien, que ce soit sur les 1911, va conduire à sa refonte. Cela soit, d’une qualité totale et abso-
sommets du Haut-Adige ou dans les se fait en deux temps, en 1911 (fusil lue, le mécanisme K-31 est capable
marais de Ruthénie. et carabine 1911), puis surtout en d’encaisser toutes les cartouches
Il existe des armes de chasse 1931, sous le nom de Schmidt-Rubin modernes tant qu’elles passent dans
construites sur cette mécanique, sou- K31. Désormais, le verrouillage se le magasin. Du fait de la libéralisation
vent des carabines courtes, retraitées fait par l’intermédiaire d’un cylindre des calibres militaires, on voit parfois
en Stutzen, autrement dit à fût long. concentrique à la tête de verrou et passer des fusils suisses « civilisés »,
La cartouche de 8 x 50 R d’origine le mécanisme est considérablement allant de la plus simple modification,
avec sa balle de 245 grains (16 g) à raccourci par rapport à ses prédéces- par raccourcissement du bois, sup-
620 m/s est suffisante pour nos suidés seurs. L’arme a été fabriquée de 1933 pression du tenon de baïonnette et
et c’est en battue que le mécanisme à 1958 pour un usage militaire. Et remplacement de la hausse d’origine
prend toute sa valeur ! ses versions chasse ? En Suisse, une par une hausse de chasse, jusqu’à la
arme militaire ne peut être cédée à transformation élaborée signée par un
un particulier qu’après son déclas- armurier helvétique de renom.
Suisse, 1889 sement. Vendue, elle porte la lettre P
Schmidt et Rubin qui certifie sa sortie des entrepôts
Eduard Alexandre Rubin (1846- Le système

1920), directeur de la fabrique de Schmidt-Rubin
Rudolph et ses évolutions :
Schmidt. munitions de Thoune, dans le canton
de Berne, est l’inventeur du chemi- 1889, 1911 et 1931
sage en laiton des projectiles d’armes (de bas en haut).
rayées. Rudolf Schmidt (1832-1898)
est à l’origine, en 1885, d’une arme
qui va être immédiatement déclassée
par l’apparition du Lebel. L’histoire
se serait sans doute arrêtée là sans la
mise au point concomitante d’une
poudre sans fumée, qui permettra aux
Eduard Rubin. Suisses de transformer le fusil 1885
pour en faire, quatre ans plus tard,
© B. Berbessou
Le fusil Ross était d’une

incroyable résistance.
Canada, 1905-1906
Ross avait presque
Ross, un fusil conçu son arme comme
et une cartouche une carabine match,
avec des chambres
Sir Charles Henry Augustus Fre- très étroites.
derick Lockhart Ross (1872-1942),
neuvième baron de Balnagown, est
un grand propriétaire foncier écos-
sais émigré au Canada (cf. Armes
de Chasse n° 66, « La carabine Ross
Sporting 1910 », p. 108). Il développe
et construit « sur fonds propres » un
système linéaire assez proche du
M-95 autrichien. Ce fusil, appelé
modèle 1905, utilise une culasse
© B. Berbessou
rotative en tête à deux tenons entraî-
nés par le corps de verrou dans un
mouvement hélicoïdal. Utilisé sur
les pas de tir nord-américains, il Charles Ross.
truste les victoires à tel point que les Guerre mondiale. L’épreuve des tran- donné, le ministre qui l’a ardemment
États-Unis en interdisent l’usage en chées est catastrophique. Usiné avec recommandé forcé à démissionner
1913. Grâce à ces nombreux succès, des chambres aux tolérances match et l’usine Ross, située à Québec,
à l’entregent du constructeur et au étroites, le fusil bloque à la moindre contrainte de fermer. Seuls les tireurs
refus du Royaume-Uni de céder les saleté. Si on tire trop brutalement d’élite canadiens continuent à utili-
plans de construction du Lee-Enfield le verrou, on mate l’ailette posté- ser le fusil, eu égard à sa précision
suite à un désaccord diplomatique, rieure de la tête de ce verrou contre intrinsèque. Une chose ne peut pas
l’arme est adoptée par le Canada l’arrêtoir de culasse, empêchant la être mise en doute : son extrême
en 1905. Ce 1905, d’abord attribué fermeture du mécanisme. Pire, on résistance et rigidité, comme en fait
à la police montée, accumule les peut, après démontage, remonter foi l’épreuve à 28 tonnes dûment
problèmes techniques et évolue, en la tête de verrou à l’envers, ce qui mentionnée sur les canons.
1910, avec une tête à huit filets « à n’interdit pas le tir qui reste possible Parallèlement au marché militaire,
pas d’artillerie » interrompus. C’est avec une culasse verrouillée sur deux Ross travaille pour les chasseurs.
avec ce modèle 1910 (ou MK III) que tenons seulement. Il y a des morts, Avec F. W. Jones de chez Eley,
les Canadiens abordent la Première derrière la crosse. Le fusil est aban- il introduit la cartouche de .280
Ross (aussi appelée .280 Rimless)
Vitesse, puissance et fiabilité en 1906. Balistiquement identique
à la 7 mm Remington Magnum,
Autant les armes lisses sont des fabrications champ de bataille. Presque partout dans le monde, cette cartouche est une des plus
artisanales qui peuvent offrir un support à la l’augmentation des pressions, avec l’apparition de
création artistique, autant les armes rayées sont la poudre sans fumée en 1885, a imposé, grâce à
rapides existantes avant la Première
des produits industriels où la beauté ne figure ses qualités de robustesse et d’étanchéité, le boîtier Guerre mondiale. Les premiers rap-
pas dans le cahier des charges. Jusqu’à l’orée de à verrou tournant dit « à quatre mouvements ». Les ports sont dithyrambiques mais, à
la Première Guerre mondiale, ce sont à de rares Mauser, Lebel, Mossine, Carcano, Arisaka, etc., sont employer une balle trop légère avec
exceptions près les militaires qui ont imposé leurs là pour valider le principe. Mais pour accélérer la une jaquette trop fine, les problèmes
desideratas dans l’élaboration des armes rayées. vitesse de tir avec ce système, seul l’armement à la ne tardent pas à arriver. Certains
Comme dans l’olympisme : toujours plus fort, plus fermeture (Lee-Enfield, P-14) présente un avantage chasseurs persuadés que la vitesse
vite, plus puissant ! Avec en plus, un maître mot : par rapport à celui à l’ouverture (Mauser). Il fallait fait tout le payent de leur vie face à
fiabilité. Tous les choix techniques ont été faits dans trouver d’autres systèmes tant que les fusils semi- un gibier dangereux qui est de plus
ce sens et, quand ce ne fut pas le cas, les lois de automatiques fiables (« fusil » s’entendant ici au sens rétif aux arguments de vente des
Murphy ont vite rappelé les décideurs à la réalité du d’arme militaire à canon rayé) n’étaient pas au point. armuriers de l’époque.
Elle approche Winchester pour la

États-Unis, 1895 fabrication d’un fusil de petit calibre
à très haute perforation (ce qui est
Winchester-Lee recherché à l’époque) et à tir rapide
Navy Model pour armer les troupes de débar-
quement. Winchester fait appel à
La marine américaine est très James Paris Lee, qui a déjà à son actif
impressionnée lors des essais de la l’invention du chargeur en tôle chez
cartouche de 6,5 x 53 R tirée dans Remington (1879) et la conception
les Mannlicher 1892 roumaines. du fusil réglementaire anglais (Lee
Exactement à la même période, plu- Metford 1889).
sieurs puissances s’équipent d’armes Lee conçoit un système où le ver-
James Paris Lee. de très petit calibre pour l’époque. rouillage se fait en fin de course par
© B. Berbessou
L’Italie avec le 6,5 Carcano (1891), blocage d’une came latérale soli-
La calotte de poignée
la Roumanie et la Hollande avec daire du verrou lui-même. Il est plus du Winchester-Lee.
le 6,5 x 53 R Mannlicher (1892), la connu sous le nom de Winchester-
Suède avec le 6,5 x 55 (1895), le Lee Navy Model 1895 (cf. Armes
Japon avec le 6,5 x 50 Arisaka (1897). de Chasse n° 82, « Winchester 70, et sa munition sont trop en avance
Mauser est très avancé sur le 6 x 57 la genèse », p. 94). C’est un véritable sur leur temps et l’emploi militaire
dans un mécanisme qui allait devenir mécanisme linéaire dans lequel n’in- est de courte durée. La poudre vieillit
le 98. La marine US ne veut pas se tervient aucune transformation d’un mal, la corrosion est rapide, de sur-
laisser distancer dans la course tech- mouvement linéaire en mouvement croît en atmosphère marine. L’adop-
nologique et a besoin d’une arme à tir rotatif pour assurer le verrouillage. tion du fusil à verrou Springfield
rapide individuelle – les mitrailleuses Curieusement, l’alimentation se fait 1903 sonne le glas de cette curieuse
légères ne sont pas encore au point. par un clip spécifique. Mais l’arme arme. Dès le début de la production,
1700 armes traitées en carabine de
Le Winchester- chasse (souvent à partir de modèles
Lee Navy Model
militaires refusés à l’inspection) sont
recule vers le
haut selon un vendues sans grand succès. En plus
pur mouvement de son aspect biscornu, le modèle est
linéaire sans dépendant de son clip et surtout les
aucune rotation poudres de l’époque n’assurent pas
de la tête de la vitesse nécessaire à un petit calibre
culasse. pour atteindre une énergie suffisante.
Il faut attendre près de cinquante ans
et le .243 Winchester pour y arriver.
Les pompes (système

à main faible)
© B. Berbessou
Avec le second type de système,

c’est le mouvement de la longuesse
qui actionne le mécanisme via une
tringlerie, pour des raisons évidentes
d’ergonomie. Cela donne le principe
des fusils à pompe, bannis par notre
ineffable réglementation. Autant le
système d’une culasse béquillée a
été utilisé en armes lisses (du Perfex
de votre père au Remington 870
en passant par une foultitude de
modèles dont la liste est impos-
sible à établir), autant il a été peu
employé dans des carabines de
chasse. Une des rares à y recourir
est la Remington 14, créée par John
Pedersen en 1914. Ultérieurement
modernisée en 1930, en devenant la
141, elle n’a tiré que des cartouches
relativement peu puissantes, les .25,
.30, .32 et .35 Remington. De même,
la IMI Timberwolf n’a été chambrée
que pour des cartouches d’armes
de poing (.357 et .44 Magnum).
© B. Berbessou
L’existence de cette arme

sera brève… Trop en avance On pourrait évoquer les différents
sur son époque ! modèles de Colt Lighning, mais ils
ont uniquement tiré des cartouches à
poudre noire. Ce système de « culasse Loin du sable, de
béquillée » a été pourtant massi-
vement utilisé dans une foultitude
la boue, de la neige
d’armes militaires. Fusil semi-auto- Grâce à tous les progrès réalisés, un
matique Ljungman suédois, Tokarev mécanisme linéaire est aussi rapide
SVT et SKS soviétiques, SAFN et qu’un système semi-automatique, avec
FAL belges et surtout MAS 49-56 deux avantages. D’abord, une classi-
que vous avez dû peut-être vous fication légale qui permet d’utiliser
coltiner à un moment de votre vie ! des chargeurs détachables, éventuel-
On peut citer également les fusils- lement de plus grande capacité que les
mitrailleurs Bar 1918 américains, deux cartouches de rigueur. Ensuite, la
ZB-30 tchèques et Bren anglais, possibilité de réarmer immédiatement
mais on quitte franchement le cadre en cas de problème de percussion et
de la revue. la bien plus grande tolérance envers
Le système à pompe permet aussi de une cartouche dont le fonctionnement
transformer à peu de frais une cara- dans une carabine semi-automatique
bine semi-automatique en carabine pourrait être problématique – balle trop
à répétition manuelle. La modifica- légère ou trop lourde, poudre trop vive
tion consiste à supprimer l’emprunt ou trop lente, chargement subsonique,
de gaz et à installer une tringlerie balles plomb, etc.
de transfert. Les exemples les plus Les armes à verrou sont-elles défi-
connus sont la Remington 760 déri- nitivement enterrées ? Je ne le pense
vée de la 742, la Browning BPR pas, car par principe l’extraction de
dérivée de la Bar et, plus proche de la cartouche tirée dans un mécanisme
nous, la Verney-Carron LA. linéaire demande plus d’effort. Ici,
En allant plus loin, des armes pure- pas « d’extraction primaire » liée à
ment militaires basées sur le M-16/ l’effet de levier lors de l’élévation
AR-15 sont proposées en (con)ver- d’un bras de verrou. Je doute que
sion à pompe : Troy, ISSC, etc. Il les constructeurs germaniques aient
existe même des versions chasse importé de la latérite du désert du
en .450 Busmaster ! C’est l’arme Kalahari pour des essais d’endurance.
fatale pour pallier la prolifération des Dans de très mauvaises conditions
cochongliers dans l’Oklahoma – mais (boue, glace, sable), j’aurais plus de
vous risquez de vous faire regarder confiance dans un extracteur Mauser.
de travers en amenant l’engin dans La quasi-absence d’alimentation
une battue hexagonale ! contrôlée dans les modèles présentés
L’inventivité humaine n’a pas de peut être également préjudiciable
limites. La pompe peut être inversée, dans certaines situations. Mais en
Krieghoff l’a fait dans sa Semprio dépit de ces défauts, et puisque nous
avec une qualité de réalisation qui ne chassons pas tous dans le sable,
ne souffre aucune critique. De même, la boue, la neige, les armes linéaires
Sommer & Ockenfuss, maintenant militaires se devaient d’investir le
disparu, a installé une pompe action- secteur de la chasse… Au bout du
née par la poignée-pontet. Comme compte, un schlik-shlack est fran-
il fallait avancer la poignée pour chement plus rapide qu’un shlack-
réarmer la carabine entre deux tirs, shlack, schlik-schlik ! Q
il s’agissait de bien écarter l’index
de la détente au réarmement. Paul Hachème
Les autres systèmes à main forte

D’autres mécanismes plus Musgrave, ambidextre s’il vous ISSC autrichienne. En matière
« exotiques » que ceux décris dans plaît. Les Soviétiques se sont d’armes à percussion centrale
cet article ont vraisemblablement emparés du concept pour les toujours sur cette conception,
existé, sans jamais dépasser carabines de biathlon BI 7-2 et je n’ai trouvé que les carabines
le prototype. Les armuriers BI 7-3. Une version pour la petite soviétiques MBO-1M et Vostok
© L. Bedu
civils ont aussi planché sur le chasse, la Sobol, en a été tirée. MTs-80-1 créées exclusivement
sujet, mais sans les contraintes L’aboutissement de ce type de pour la discipline du « cerf
La Verney-Carron à pompe inhérentes à l’adoption par les mécanisme est peut-être le courant », ancêtre de notre
inversée permet d’enchaîner forces armées. Parmi les systèmes Anschütz-Fortner 1827, où le sanglier courant. Elle se tirait alors
les tirs à un rythme très élevé à main forte, il faut ajouter le mouvement du pouce d’avant en à 100 m en percussion centrale.
en restant en ligne. verrouillage à genouillère, dont arrière suffit pour verrouiller et Les Soviétiques avaient développé
une des applications les plus déverrouiller sans que le doigt ne une cartouche ad hoc, la 5,6 x 39,
connues est le pistolet Lüger. En quitte la détente. Quand je regarde connue sous le nom de .220
matière d’armes d’épaule, on le les compétitions de biathlon, je Russe. C’est cette cartouche qui
trouve principalement sur des me prends à rêver à une carabine a servi de base à la conception du
carabines .22 LR. Il y a d’abord de battue qui fonctionnerait de 6 mm PPC, la cartouche la plus
eu la Browning T-Bolt et son la même manière… La dernière précise du monde à 200 m, en
extrapolation sud-africaine par application en date est la carabine conditions bench rest évidemment.

Chapitre 2
L’express, conçu pour

l’Afrique et devenu l’arme
de la battue
© Bruno Berbessou

Carabines doubles Aux origines
1898 : l’express
prend forme
De la gare de Londres
aux sous-bois !
L’invention de l’express revient à James Purdey, supportables et le tir… compliqué.
Certes, on tirait de près, voire de
en 1856, mais c’est avec John Rigby que débute très près (moins de 50 m), mais il
fallait conjuguer les difficultés de
son âge d’or, en juillet 1898, quand est dévoilé l’approche dans le bush, soigneuse-
ment épauler et vaincre des détentes
le .450 Nitro Express. Durant une décennie hyper-dures, souvent tarées à 5 kg, le
recul étant tel qu’il pouvait déclen-
naîtront des modèles qui préfigureront toutes cher les deux coups en même temps.
C’est d’ailleurs pour cela que les
les carabines doubles que nous connaissons fusils à canon simple étaient souvent
préférés, en vertu de leur poids un
aujourd’hui. L’avènement de la poudre sans peu moindre et de l’emplacement
du chien à droite, risquant moins de
fumée va faire passer cette arme du train de vous revenir en pleine figure. Il ne
fallait pas se louper face à la charge
sénateur à celui du train express ! d’un éléphant dont la masse était
enveloppée d’un nuage de poussière
puis de fumée. Doubler n’allait pas de
B
ielles et pistons, siffle- de rupture qu’est le calibre 4, qui soi tant on était assommé par le pre-
© Fair
ment de la vapeur, à la couchait, parfois, l’animal tiré et, mier coup… C’était autre chose que
mi-temps du XIXe siècle, souvent, le tireur lui-même. d’enchaîner avec un 20 à la bécassine
le train express symbo- dans les Highlands !
lisait la vitesse, la Convoi Certains refusaient l’emploi du
puissance, un modernisme que rien calibre 4, on les comprend, et se tour-
n’arrête… L’image était trop belle ! exceptionnel naient vers les 10 et 8. Des armuriers,
En 1856, James Purdey l’a choisie Avant l’arrivée de la cordite et des Greener notamment, avaient étudié la
pour désigner un nouveau concept calibres Nitro Express, les chas- question et conclu que le 8 était, avec
d’armes et de munitions, poussant seurs spécialisés (Frederick Selous, ses 7-8 kg, le meilleur compromis
des balles légères et creuses à vitesse George Senderson, Cummings ou pour tout à la fois le promener sur le
élevée, élaboré à partir du fusil mili- Harris) avaient dû adopter ce four terrain, tirer avec succès et encais-
taire Brunswick de 1837. bore (calibre 4) à un ou deux canons. ser le recul. C’est la colonisation et
Pour les colons du vaste Empire Il fallait des porteurs spécialisés les immenses territoires peuplés de
britannique, c’était la possibilité pour transporter les 7 à 10 kilos que gibiers lourds et dangereux qui ouvrit
de troquer les monstrueux fusils pesaient les engins, au recul à l’ave- la porte à une montée en puissance.
« doubles » de calibre 4 et leurs nant. Ce « 4 » donnait un calibre de Au XVIIIe siècle déjà, les premiers
balles sphériques contre des armes 25 mm et tirait le plus souvent une colons du Cap, confrontés à des élé-
plus maniables et tout aussi effi- balle de 1 750 grains (113 g), pas très phants rogues qui dévastaient leurs
caces. La relative faiblesse de la rapide (405 m/s) mais approchant champs de pommes de terre, tiraient
poudre noire, obligeant à en entas- les 9 500 J à la bouche. Le recul (dix avec des pierriers de navires, qu’il
ser des quantités, avait fait monter fois celui du .30-06 ou d’un de nos fallait promener sur de petits chariots,
l’alésage des canons jusqu’à ce point douze) était aux limites humainement pour effrayer les pachydermes!
L’express actuel est souvent
superposé, allégé, mais
ne diffère pas tant que
cela dans ses lignes et son
fonctionnement des armes
inventées de 1898 à 1908.
Réalités de terrain
Vers 1860, l’invention des premiers Pertuiset, qui inspira Alphonse Daudet
projectiles profilés et coniques (certains pour camper son Tartarin de Tarascon,
avoisinant les 2 000 grains/130 g) et Adulphe Delegorgue usèrent aussi de
nécessita de trouver des solutions telles pétoires. Les colons en brousse
moins violentes et plus efficaces pour comme les pionniers du Far-West à
les explorateurs qui s’enfonçaient en la même époque avaient les mêmes
brousse. Sir Samuel Baker et un peu préoccupations de devoir tout à la fois
plus tard le célèbre Stanley emmenèrent prélever pour se nourrir, parer aux
avec eux des « fusils à éléphants » soulèvements de certaines populations
dont ils redoutaient d’avoir à se servir ! et se défaire d’un gibier dangereux, mais
De notre côté, à part Jules Gérard, le en bien plus lourd dans le premier cas :
fameux « tueur de lions de Barbarie » pachydermes et buffles. En Inde, ce
qui se servit longtemps de son « fusil de n’était guère mieux, outre les tigres, on
dragon », Charles Bombonnel, le tueur affrontait les gaurs, ou buffles d’eau, qui
de panthères de l’Algérois, Eugène pouvaient peser plus d’une tonne.
Les pachydermes mais aussi les buffles

et tous les autres animaux dangereux
étaient chassés à l’arme lisse de gros calibre,
du 10 au terrible 4 en passant par le 8.
Carabines doubles Aux origines En inventant le
verrouillage en tête
de poupée, Westley
Richard a réduit
le jeu et pérennisé
l’usage des express.
L’Inde plus encore

que l’Afrique fut Les premières
la destination des
express anglais de
magnum
© B. Berbessou
gros calibres.Si le four bore disparut dès l’arrivée

de la cordite, on continua de ren-
contrer le 8 en brousse jusque dans
l’entre-deux-guerres. C’est la traque
du cerf en Écosse qui incita Purdey, Brunswick de 1837. Pour ne pas John Henry Walshe, l’éditeur de The
en 1856, à réduire le calibre au profit la détériorer, la balle était mise en Field, leur consacra pas moins de
de plus de vitesse. Deux ans plus rotation par deux rayures profondes à seize pages de son livre The Modern
tard, Westley Richards proposa un torsion lente et recouverte de papier ; Sportsman’s Gun and Rifle. C’est
chargement par la culasse, mais le elle montait à la vitesse, révolution- aussi à cette époque – et non bien
jeu dont il souffrait à la longue ne naire, de 530 m/s. La précision était plus tard, au temps du bon John
fut résolu qu’en 1862 par l’invention là (4,5 pouces à 150 m), mais aussi Weatherby, comme on le lit par-
de la tête de poupée. Ce système fut la portée, autour de 300 m dans un fois – qu’on commença à se dispu-
encore renforcé l’année suivante par calibre « 40 », canon de 32 pouces. ter sur le terme « magnum ». Dès
le verrouillage inférieur Wedge de Ces premières cartouches « express » 1882, John Rigby répondait au sus-
Purdey, puis dix ans plus tard par le causèrent un vif débat dans le lander- nommé Walshe que « les fusils qui
« Fast » supérieur de Greener. Tout neau des armes britanniques, alors en transportent des balles de plus de
allait vers une disparition progres- plein boom. William Ellis Metford 400 grains peuvent être appelés Mag-
sive des anciens fusils à chiens : de (ingénieur britannique qui réalisera num Express » ! Le terme ne fit vrai-
l’invention des hammerless Anson & plus tard avec Lee le Lee-Metford) ment florès qu’en 1908, avec John
Deeley (1875) au verrouillage latéral institua la vitesse mini de 484 m/s Rigby toujours et son .350 Rigby
Scott, puis la première sûreté fiable de pour mériter l’appellation et surtout Magnum, avec lequel il poussait
Westley Richards et enfin la première atteindre le rapport poudre-plomb plus loin la notion de cartouches à
charge à la cordite de Rigby (1898). d’un pour quatre, soit 2,5 drams de capacité de poudre supérieure à la
C’est à James James Purdey eut donc l’idée géniale poudre noire pour une balle de 14 norme pour un même calibre et une
Purdey que l’on doit de faire tirer une petite balle plomb g (1 dram = 27 grains ou 1,772 g). même classe. Quatre ans plus tard,
le terme express. de 270 à 300 grains au fusil militaire W. W. Greener classa alors ces nou- le .375 H & H popularisait le terme,
velles munitions en quatre groupes : suivi par Westley-Richards, Gibbs
En hommage au Champagne express « à éléphant », grande vitesse, ou encore Jeffery.
longue portée et « rookies » à courte
Les chercheurs en balistique britanniques
ont réussi à trouver la trace dès 1870 d’un
portée de plus petit calibre encore. La cordite
.500/450 « Magnum Express » à poudre noire. tient la corde !
Un nom dû à sa ressemblance avec la forme
En dévoilant, en 1898, son .450 Nitro
des grands flacons de Dom Pérignon, résultant
du rétrécissement d’un étui aux parois droites
express, Rigby ouvrit l’ère moderne
de grande capacité pour accepter un projectile des armes doubles rayées. C’était
de plus petit diamètre. Faut-il attribuer au haut l’aboutissement d’un demi-siècle
niveau d’érudition des gentlemen armuriers d’avancées décisives : chargement
ce nom fleurant bon le Gaffiot des latinistes par la culasse, douilles en laiton,
ou à leur goût immodéré pour les bouteilles si balles chemisées et surtout poudres
prisées au temps de l’Entente cordiale… et des sans fumée, qu’il faut associer en
cabrioles du prince Edouard à Paris sous les Grande-Bretagne à la fameuse « cor-
lambris du Chabanais ? Peu importe la raison, ce dite ». Depuis 1884, la France était,
qui compte, c’est qu’ils nous ont épargné un tout avec Paul Vieille, en pointe dans ce
Les bâtonnets de cordite inspirés
venant Big ! Il faut dire que pour « faire sauter le domaine pour un usage militaire,
des travaux de Nobel changèrent
bouchon », ces forts calibres se posaient là !
le cours de l’histoire des express. gardé « top secret » pour en tirer
© B. Berbessou
La fin de la poudre noire et l’arrivée du système Anson & Deeley

ont marqué l’avènement de l’express pour les guides de chasse.
avantage quand il faudrait sûr, perdit son procès (1892),

reconquérir l’Alsace et la Lor- dont le verdict fut ratifié encore
raine. En 1887, Nobel tenta de plus haut à la Chambre des lords
fourguer sa « ballistite », selon (1895). La cordite se répandit
lui supérieure à la poudre fran- dans tout l’Empire, où Nobel fut
çaise, aux Italiens puis à tout tricard dix bonnes années avec
le reste de l’Europe. L’année ses produits, mais au bout du
suivante, les Britanniques char- compte ne perdit pas au change
gèrent Frederick Abel et James sur les royalties générées par
Dewar, éminents chimistes et ses innombrables inventions et
physiciens, d’approcher Nobel, dérivés de son explosive décou-
qu’ils connaissaient, pour étu- verte : la dynamite.
dier son brevet, imprudemment Les « vieux » express à poudre
communiqué par ce dernier au noire (577-400-450-500)
British War Office et stipu- furent immédiatement boos-
lant une vague « combinaison tés par la potion magique et le
à parts égales de nitroglycérine .450 NE Rigby fit le premier
et nitrocellulose avec environ et immédiatement sensation,
10 % de camphre ». Des modi- définissant le standard de tout
fications mineures (de la vase- ce qui allait suivre. Sa balle de
line au lieu du camphre, un 480 grains filait à 651 m/s et
meilleur stabilisant, davantage 6 700 J à la bouche, la concur-
de nitroglycérine et de pâte de rence s’engouffra sur sa voie.
collodion) permirent de détour- Holland & Holland bourra son
ner le brevet… La cordite était vieux .500 à poudre noire de
née. Nobel s’en offusqua bien 1880 de cordite pour faire
Les express
chambrés pour le
.500 Nitro Express 3”
étaient répandues
dans les colonies
britanniques et
chez les chasseurs
d’ivoire.
Pour beaucoup,
l’express reste une naître le .500-450 NE, avec collet
arme d’arrêt, celle réduit à .450 et mêmes performances
qui vous sauve que le Rigby. Comme c’était encore
face à des gibiers un peu faible pour les pachydermes,
dangereux. le même procédé permit de monter,
avec le .577 NE, à une balle de
750 grains. Avec ces trois calibres
initiaux, le concept d’« express »
était lancé : un fusil certes lourd
(17 livres/7,7 kg), à fort recul, mais
adapté aux professionnal hunters
© B. Berbessou
et chasseurs d’ivoire. Ces der-

niers étaient d’ailleurs plus indiens
qu’africains, le sous-continent asia-
tique étant alors la destination de pré-
dilection des hauts fonctionnaires et en 1898 sur la scène armurière et 1899 à 1930, permit au calibre d’être
sportsmen de sa Gracieuse Majesté. occupait depuis bientôt dix ans le adoubé par Bell comme « approchant
Le .500 NE fut le plus courant dans créneau « moyen » des big bore. au plus près la cartouche idéale
ses deux chambres : 3 et 3 ½, dans On craignait que les émeutiers, qui grand gibier ».
un rapport déséquilibré, 90 % pour avaient pillé les arsenaux en fusils 1898-1908… Les plus férus de
le premier, 10 % pour le second. La réglementaires Martini-Henry dans culture armurière l’auront noté, c’est
transition ne fut cependant pas tou- ce calibre, ne se réapprovisionnent précisément l’époque de l’apparition
jours facile, la cordite entraînait plus trop rapidement sur la bête ! Selon et des développements de l’alimenta-
de pression, le recul nécessitait des Arms and Explosives de mai 1907, tion contrôlée Mauser et ses actions
actions et des systèmes de percussion c’est dans ce contexte que sortit magnum, qui ouvrit la voie du Big
vigoureux et parfaitement maîtrisés « le nouveau calibre Lang, pour Five aux carabines, dont la voca-
si par mégarde on déclenchait le lequel Kynoch a produit deux poids tion était à l’origine plus militaire
double boum (aïe !) au moment où de balles, 500 et 650 grains ». Le que cynégétique. Ce fut aussi la fin
le tigre vous fonçait dessus ! En journaliste oublia hélas de préciser d’une décennie dorée pour les gros
1903, l’encartoucheur Eley résolut le calibre. Juste avant, The Field doubles, notamment en Afrique où
les problèmes d’étuis qui pouvaient avait essayé un .470 Lang Nitro les départements chasse des colonies
encore « coller » et au même moment Express. Rigby était sur les talons avaient des moyens bien plus limités
Jeffery sortit, ex nihilo par rapport de l’associé d’Atkin et Grant, ses qu’en Inde.
aux anciens calibres à poudre noire, premiers fusils sont apparus dans La carabine, produite au départ dans
son .600 NE (balle de 900 grains) ce calibre dès février 1908, réalésés les calibres militaires, n’était pas
qui fait toujours référence. à partir des .450 bannis. La pratique chère et disponible partout. C’est à
devint courante pour de nombreux ce moment que s’étoffa et s’affina
La prohibition propriétaires, qui contournaient ainsi la gamme .375 H & H, .416 Rigby,
à bon compte l’interdiction. .404 Jeffery, .425 Westley-Richards,
s’en mêle Dans la même veine, le .318 Westley- .505 Gibbs, utilisée depuis dans le
Les trois calibres précités (600- Richards fut le plus populaire des monde entier. L’express y conserva
577-500 NE) étaient quand même medium bore pour les gibiers dan- surtout une vocation d’arme d’arrêt
trop forts pour un usage, disons, gereux. Lancé en 1909 autour d’une entre les mains des guides de chasse.
« ordinaire » pour le commun des balle de 250 grains et 727 m/s, il Dans ce domaine, on se frotte forcé-
mortels ayant à épauler un jour. était compatible avec les premières ment à toutes les déclinaisons d’un
Mais les doubles rayés allaient être actions Mauser, mais devint aussi en dilemme inconnu chez nous autour
ramenés vers lui suite aux émeutes 1926 un express de 10 livres pour du dangerous game, finement analy-
qui éclatèrent un peu partout dans l’Inde et la chasse au tigre. La bonne sées depuis plus d’un siècle : express
l’empire. Elles conduisirent à l’inter- densité de section et pénétration de ou fort verrou, alimentation contrôlée
diction brutale, en 1907, du .450 NE plusieurs munitions développées par ou poussée, balles « solides » ou à
qui avait, on l’a vu, ouvert le bal Leslie Taylor, manager de la firme de expansion plus ou moins contrôlée ?
Symboles
d’une époque une attaque de lion, le baron Von L’appellation
Le dilemme se poursuivit entre les Blixen-Fineke au Kenya, Bob Henry Magnum Express
deux conflits mondiaux par le biais en Rhodésie, le controversé guide était réservée à
des calibres « allemands », plus petits contemporain Mark Sullivan et Tony une catégorie de
et performants, issus d’une tradition Sanchez Arino qui, avec une arme cartouches en
fonction de leur
armurière et cynégétique particu- d’emprunt, préleva six éléphants et puissance. Cette
lière. Toute la production européenne quatorze buffles. Westley Richard
produisait alors une offre diversifiée L’Atelier Verney-Carron (aujour- est chambrée
à partir de l’action Anson-Deeley, d’hui Verney-Carron Collection) en .425 Magnum
désormais parfaitement maîtrisée sur a montré dans une célèbre vidéo Express.
des pressions plus basses que les cara- que, sur une arme bien pensée, un
bines à verrou. Avant les optiques, tel calibre restait « maniable ». Il est
la visée « fer » inventée par Greener vrai que le fabricant jouissait d’une
est encore baptisée « express » : c’est autorité incontestée dans le domaine
l’encoche en V et la ligne de visée ter- des gros express du fait du rachat
minée par la grosse perle blanche, que de Paul Demas. La France qui avait
l’on trouve encore sur bon nombre rejoint la CIP en 1914, comprit dès
d’armes modernes. les années 20, l’importance commer-
Dans l’immense liste des calibres ciale de ces armes extrêmes. Qu’il
Nitro Express, nous ne retiendrons s’agisse de Darne ou d’artisans plus
que ceux encore présents, entourés confidentiels mais de grande renom-
de l’aura romantique née de l’après- mée, comme Aimé Cœur Tyrode et
guerre et l’âge d’or du « safari », son verrou Aiglon, tous produisirent
exaltée par Hemingway, Karen des express de grande chasse, sou-
Blixen ou Robert Ruark. En tête, il vent avec des solutions techniques
y a bien sûr le .600 NE (balle 900 innovantes et différentes des Bri-
grains, 590 m/s, 10 000 J), le calibre tanniques (larges verrous inférieurs
« historique » sur l’éléphant, surtout épais de 6 mm, canons monobloc).
lorsqu’il est nécessaire de doubler, Ces armes furent fabriquées dans
magnifié par « Pondoro » Taylor. tous les calibres, et en premier lieu
Naturellement, le chasseur comptait dans le 8 mm Lebel, calibre national
sur les porteurs pour transporter ses et « colonial » pendant un bon demi-
18 livres (8,16 kg) et devait être siècle. Aujourd’hui, Verney-Carron,
capable de surmonter l’appréhen- mais aussi Chapuis Armes, Pierre
sion du recul (trois fois celui du Artisan et d’autres perpétuent cette
.375 H & H). Le calibre a été utilisé tradition.
par le major P. Powell-Cotton, natu- Jusqu’en 1905 pour les animaux dan-
raliste explorateur, qui survécut à gereux, les doubles faisaient autorité.
Gros calibres et noms célèbres

Le .577 NE (750 grains, 621 m/s, 9 547 J) est dans la à une autre légende de la chasse africaine, le major
lignée de ces fusils historiques « à éléphants » aux mains G. H. Anderson. Bell se fit certes sa réputation avec les
de guides connus comme James H. Sutherland, Banks, carabines de petit calibre, mais s’entraînait en tirant
du fait, peut-être, d’une meilleure pénétration. L’arme au vol sur des cormorans avec un .318 NE ! Le .470 NE
de ce calibre (Westley-Richards) utilisée par Hemingway (500 grains, 621m/s, 6 999 J) inspiré par le .404 Jeffery
lors de son safari de 1953-54 est partie à près de était une des armes de Jim Corbett, célèbre chasseur
30 000 dollars lors d’une vente aux enchères en 2011. de tigres indiens. Même les plus grands carabiniers
Celle de James et gunwriters américains utilisèrent des gros doubles
Sutherland, express en Afrique : Elmer Keith était un fan du .375 NE
qui opérait en (un Lancaster chambré 2½) et utilisa un .500 NE Boswell
Tanzanie à et un .476 Westley-Richards lors de son dernier safari
peu près au au Kenya, en 1969, en compagnie de Truman Fowler
même moment et Jim Fender. Dans le même temps, son adversaire de
que Walter plume, Jack O’Connor, ne tirait bien sûr pas le Big Five
« Karamojo » au .270 Winchester, mais faisait appel au .416 Rigby et
Bell, fut au .450 Watts, alter ego du .458 Lott. Il avait d’ailleurs
léguée déclaré que s’il ne devait conserver qu’un seul calibre,
ce serait le .375 H & H Magnum.
Ils furent ensuite concurrencés par les Les express haut
carabines à répétition qui ont changé de gamme restent
la donne : .404 Jeffery suivi en 1906 majoritairement
par le 11,2 x 72 Schuler, .425 West- une spécialité
ley-Richards (1909), .416 Rigby et anglaise, celle de
.375 H & H Magnum (1912). Elles Westley Richard
venaient résoudre la dépense farami- notamment.
neuse et impossible que représentait
l’équipement des gardes, rangers,
éclaireurs et autres guides profession-
nels en gros doubles canons. Ironique-
ment, même si le .416 Rigby connut
la célébrité dans une carabine double
grâce au récit que Robert Ruark fit de
son safari avec le guide Harry Selby
(Horn of the Hunter, 1953), Jeffery ne
fabriqua que cent cinquante doubles
contre des milliers de carabines en
.404 Jeffery.
Doubler la masse doublait l’énergie,
mais doubler la vitesse la quadru-
plait. L’expédition Roosevelt de 1909
ouvrit l’ère du safari tel que nous
nous le représentons aujourd’hui,
avec l’utilisation d’une carabine Grif-
fin & Howe à base Springfield 1903,
mais aussi l’aventure du .505 Gibbs.
Les carabines doubles de
Conçu dans l’esprit des gros doubles
6,5 x 53 R, désormais désuètes,
par l’armurier de Bristol, ce calibre ont eu leur heure de gloire.
ultraréputé n’équipa que 52 express
Gibbs dans l’entre-deux. Par contre,
il connut le succès que l’on sait dans latitudes tropicales, engendrait trop
les boîtiers Mauser magnum Bre- de pression et un fort recul. En rédui-
vex, Brno ZKK 602, Dumoulin, CZ, sant discrètement le chargement, la
Dakota et aux mains de chasseurs vitesse chuta, certes, mais aussi les
célèbres comme J. A. Hunter (1887- performances ! C’est ce qui explique
1963) ou P. H. Percival (1886-1966), que l’écrivain Jack Lott, échaudé par
propulsé au rang de légende par les une charge de buffle ayant failli mal
Green Hills of Africa (Les Vertes tourner au Mozambique en 1959,
Collines d’Afrique) d’Hemingway. résolut tout bêtement le problème
en émettant l’idée qu’un épaule-
L’Amérique ment de .375 H & H pourrait donner
un peu plus de contenance à l’étui
prend la relève (+ 0,35 pouce) et lui faire avaler un
Après la Seconde Guerre mondiale, projectile de .458. Le .458 Lott était
la demande et les munitions dimi- né, il atteignait 696 m/s, avec un peu
nuèrent, tant et si bien que Kynoch plus de recul (quatre fois supérieur
était sur le point, en 1970, d’aban- à celui du .308 Winchester quand
donner la fabrication de ce qui avait même !), mais bien moins que le
fait sa célébrité depuis 1863 : les .460 Wheatherby Magnum, véritable
cartouches de grande chasse. En « star » à la même époque. Le .458 Dans les années 90,
1956, en plein boom de la chasse Winchester a depuis gommé ces l’express s’est
démocratisé grâce
sportive, les Américains tentèrent erreurs de jeunesse, permettant des aux Italiens.
avec le .458 Winchester Magnum tirs d’arrêt de près mais aussi un tir
de prendre la suite en dupliquant les précis à plat jusqu’à 150 m.
performances du .500 NE, soit pous- comme les juxtaposés cinquante ans
ser une balle de 500 grains autour de Retour en Europe plus tôt, on profita ensuite de leur
636 m/s. Jusqu’à 70 m, le .500 NE succès pour les fabriquer à partir de
était le parangon des fusils d’arrêt. Dans l’Europe et plus spécifiquement fusils de petits calibres, souvent en
Son excellente densité de section la France d’après-guerre, le dévelop- 20, dont on n’évidait pas le fond de
(0,313) donnait une pénétration par- pement de la chasse au grand gibier bascule. Bien sûr, on rendait les parois
faite et, surtout, avec 12 livres, il était vit revenir par la petite porte le terme latérales plus épaisses, on perçait deux
encore transportable par rapport aux « express », via des doubles allemands vis à gaz de sécurité en cas de rupture
monstres .600 et .700 NE. Mais pour juxtaposés, puis superposés. Ces der- d’étui. Il s’en fit dans tous les calibres
éviter l’emploi d’un boîtier magnum, niers furent d’abord moins courants rayés classiques, avec parfois des
un étui le plus court possible fut pour le gibier dangereux du fait de problèmes de convergence, surtout
employé qui obligeait à comprimer la leur angle d’ouverture rendant le depuis 2013 avec le choix de calibres
poudre au maximum, ce qui, sous les réapprovisionnement plus lent. Tout et de balles infini.
Verney-Carron est,
avec sa gamme
Sagittaire, le seul
Français à rivaliser
avec les Italiens
sur le créneau
des prix réduits.
© B. Berbessou
La plupart des doubles « lourds » gar- Le monde du superposé
dèrent la double détente, en théorie Le terme « express » est devenu générique sans que le chasseur
avant-arrière et un peu plus dure der- fasse nécessairement le rapprochement avec le « romantisme
rière contre les tirs accidentels, réglée africain ». Dans notre pays où la « fièvre cynégétique porcine » fait
en usine avec la munition ad hoc du rage, l’acheteur d’un express » sera le plus souvent un habitué de la
fait du réglage de convergence et dans battue qui passe à l’arme rayée, vers ce qui ressemble le plus à son
l’ordre de « chauffe », coup droit-coup arme habituelle, le plus souvent un superposé. Il appréciera une
gauche sur les juxtaposés et coup du entrée en matière plus facile en termes de sécurité qu’avec une
bas-coup du haut sur les superposés. carabine à verrou, et fera confiance à son armurier (ou aux voisins
de poste !) pour le choix du calibre, en gros du .270 Winchester
Cela permettait la sélection instanta-
au 9,3 x 74 R s’il est traditionaliste et pas trop rebuté par un recul
née d’un type de balle parfois différent assurément plus sec qu’avec son vieux « deux coups ». Depuis
et surtout de ne pas rester en rade 2013, l’accès aux anciens calibres dits « de guerre » a encore élargi
au mauvais moment avec certaines la donne dans des alésages classiques qui ont amplement fait
monodétentes. Dans tous les cas, on leurs preuves (8 x 57 IS, .30-06, .308 Winchester, etc.). Un univers
est là dans le domaine d’intervention où le .30 R Blaser fait néanmoins une entrée remarquée depuis
d’armuriers compétents car il n’y a 1991. À l’époque où le .30-06 était encore verboten en France, il
rien de pire qu’une gâchette lâche, ris- permettait d’approcher ses performances, d’abord chargé avec
quant de doubler inopinément avec les une balle de 9,70 g, puis 11,66 g en abaissant un peu la vitesse
énormes chandelles dont on les nour- (de 940 à 860 m/s) et toujours autour de 3 500 J à 100 m. Tous
rit. Hormis les aspects esthétiques, les superposés italiens permettent au chasseur néophyte dans
l’arme rayée d’entrer dans la danse au prix contenu d’un bon lisse
un superposé sera plus précis du fait
(2 000/3 000 €). Seul Verney-Carron, avec sa pléthorique gamme
de la flexion verticale des canons, et Sagittaire, permet de rivaliser avec eux, avec en plus la satisfaction
le montage de l’optique sur le canon de chasser français. Un cran au-dessus, Pierre Artisan, Chapuis,
obérera moins les harmoniques que Vouzelaud montrent la vitalité de l’armurerie française dans le
le montage au milieu de la bande du domaine des carabines doubles. Quand on aborde vraiment les
juxtaposé. La punition du recul est gros calibres express, les gammes de prix sont nettement moins
moindre sur le plan vertical, et sans populaires. Chapuis s’est taillé une belle réputation à l’étranger
l’effet de cisaille des juxtaposés. Mais, avec une gamme intégrant les grands classiques (.450-400,
une fois admis que le recul se maîtrise .470, .416 Rigby). Verney-Carron, avec son « Atelier » devenu
par la technique et pas seulement en « Collection », va encore plus loin avec sa gamme Azur, poussant à
serrant les dents et en fermant les yeux, .500, .577, et même .600 NE. Ce custom shop faisant exclusivement
appel à l’artisanat, les prix sont sans commune mesure avec la
l’équilibre et le swing horizontal d’un
gamme Sagittaire. Nous sommes dans une fourchette de 11 à
juxtaposé sont plus naturels, du fait de 25 000 €, les niveaux de prix de Rizzini avec son modèle Rhino ou
ses canons côte à côte, par rapport au Heym et sa gamme très aboutie (jusqu’au .600, modèle Jumbo).
déplacement d’un gibier au sol. Seul Holland & Holland pousse jusqu’au .700 NE dans sa gamme
Les aciers ou les alliages modernes Safari, à des prix qui ne concernent plus le commun des mortels.
ont permis à ces express, lointains
(400 grains) et Woodleigh pour les
nostalgiques. Il utilisait pour le lion
une carabine Farquharson à un coup
en .375 H & H et balles de 300 grains
(727 m/s). Car malgré sa peau peu
épaisse, un félin possède une structure
osseuse plus substantielle que celle
d’un grand cerf. Le sujet est inépui-
sable : coups de cou, hautes vitesses
(Weatherby !), grosses balles de ren-
versement, sachant bien sûr qu’aucune
munition miracle ne compensera un
Pourquoi faire
compliqué ? Franchi
mauvais placement du tir.
a baptisé son L’écart entre les deux systèmes,
express… Xpress. double express et fortes carabines,
n’est pas si grand et le débat assez aca-
démique, avec peut-être un temps de
rejetons des big bore britanniques, tinctif dans la masse centrale la plus verrouillage plus long sur la seconde
de se répandre dans nos battues où ils accessible, qui a fait considérer jadis version, les choix de balles deve-
restent sur le plan de la manipulation qu’il valait mieux aller aux plus gros nant de nos jours une préoccupation
assez proches du fusil de chasse tra- calibres : .40 à .50. Mais l’expérience majeure : s’agit-il de ramener un
ditionnel. Ils emploient des calibres et les grands auteurs ont alimenté trophée ou de sauver sa vie en cas de
à bourrelet qui ont fait leurs preuves, et nuancé les débats. Il y a en effet problème ? La plupart des fabricants
à l’exemple du .6,5 x 53 R et sa balle une grande différence entre certains font désormais des « express » dans
de 160 grains basse pression, offrant pachydermes et les ours et félins, qui tous les calibres, les plus communs
une haute pénétration liée au bon avec leur peau moins épaisse et leur comme ceux qui entretiennent la
coefficient balistique sans trop de sensibilité aux chocs ne nécessitent nostalgie de l’âge d’or du safari. Au
recul. C’est ce qu’utilisait « Kara- pas forcément les mêmes remèdes. chasseur de prendre le train en marche
mojo » Bell avant de passer au 7 mm Taylor préconisait le .416 Rigby et et de choisir à son rythme ! Q
Mauser. Le 7 x 65 R et le 8 x 57 IR sa balle de 410 grains introduite en
puis IRS (JR/JRS) sont encore plus 1911, toujours présente chez Nosler Pierre Lefeuvre
« flexibles », et toujours pas détrônés
par le plus récent .30R Blaser (1991). Les express peuvent
Le 9,3 x 74 R reste une valeur sûre, aussi être à platines,
même s’il génère davantage de pres- juxtaposés et en calibres
sion et nécessite une chambre plus européens, on parle alors
longue qui leste le fusil. Plus récem- d’armes fines.
ment, le .375 H & H Magnum, avec
sa gamme de balles moins lourdes,
devient un calibre polyvalent qui
donne à réfléchir à son emploi ailleurs
que dans la savane.
Express
ou carabine ?
C’est la question qui se pose à la
plupart des chasseurs, sans qu’ils aient
forcément en tête l’héritage historique
que nous venons de rappeler. Mais
qu’il s’agisse du Big Five ou d’un Kei-
ler formidablement armé, ils attendent
Geco sortit de leur arme rayée une puissance
une gamme de d’arrêt moins aléatoire qu’avec le
cartouches Express, lisse. C’est d’ailleurs cette probabilité
non réservées aux de « charge », qui entraîne un tir ins-
carabines doubles.

Carabines doubles 36 heures chrono
Visite « express »
chez Chapuis
Toutes les étapes de la fabrication
d’une carabine double
Dans les années 90 Chapuis Armes, qui a inventé le Progress
en 1974, le Super Orion en 1994 et leurs versions express
en 76 et 95, était le premier producteur mondial de carabines
doubles. L’express est une spécialité maison et nous en avons
suivi toute la fabrication.
E
n France, nous avons
la chance de compter
parmi nos fabricants
d’armes le spécialiste carabine double. En une journée,
mondial des express : nous avons pu rencontrer les artisans
Chapuis Armes. La firme de Saint- – armuriers, crossiers, bronzeurs,
Bonnet-le-Château, dans le Forez, équipeurs, finisseurs – mais aussi les
a en effet construit une partie de ingénieurs et les tireurs qui œuvrent
son succès et de sa réputation sur à la réalisation des express Chapuis.
la réalisation de carabines doubles Chaque arme nécessite en moyenne
juxtaposées et superposées. Des 36 heures de travail. De poste en
modèles que nous connaissons tous poste, d’atelier en atelier, nous avons
pour les avoir utilisés ou pour les assisté à la transformation de vul-
côtoyer régulièrement à la chasse gaires barres d’acier en des formes
entre les mains d’un copain ou d’un de plus en plus proches de ce que
voisin de poste. Mais vous êtes- nous connaissons pour aboutir à une
vous jamais demandé comment arme achevée, prête à rejoindre le
ils étaient fabriqués ? C’est pour chasseur qui l’a commandée.
répondre à cette question que nous Suivez nous pour cette visite
avons demandé à Vincent et David « express » chez Chapuis Armes, le
Chapuis de nous recevoir et de nous temps d’une longue journée de…
laisser déambuler dans leur usine 36 heures chrono ! Q
pour découvrir toutes les opérations
nécessaires à la fabrication d’une Laurent Bedu

Depuis 1992,
1 les établissements
Chapuis sont installés
dans la zone industrielle
de la Gravoux, à Saint-
Bonnet-le-Château (42).
Plus de soixante
salariés y travaillent
quotidiennement
dont certains en
équipes 2-8.
Express ou fusils, acier ou ergal, le point de départ d’une Les bascules des superposés au terme de nombreuses heures
2 bascule Chapuis est toujours une barre de métal massive. 3 de travail machine, avec une relime quasi finale.
Une machine dite « cinq axes », ultramoderne. C’est elle qui usine les bascules et les frettes. Elle adapte sa vitesse à l’usure de l’outil,
4 sait le remplacer et, en cas de problème, peut s’arrêter et alerter le service de maintenance.
Les machines
5 actuelles
produisent des pièces
plus régulières que
leurs aînées, avec des
tolérances moindres
pour des ajustages
plus précis.
44
Une frette de juxtaposé à deux étapes de ses passages
6 sur le centre d’usinage. À gauche, on voit encore les rainures
des enlèvements de matière, à droite, elle est presque polie glace,
quasiment prête à recevoir ses canons.
Les frettes des superposés sont usinées depuis une barre

7 d’acier ronde de très forte section. Au terme d’une longue
opération d’usinage, la frette sera coupée et la barre recyclée.
Les devants fer des superposés (ici des S12) sont usinés
8 dans une seule et même barre d’acier, deux par deux et
tête-bêche. Cette méthode permet de réduire la perte de métal
et d’économiser ainsi de la matière première mais aussi du temps.
Les devants fer des juxtaposés (ici des Progress Africain)

9 sont également réalisés deux par deux en opposition.
Cette fois, la barre d’acier est plus large que haute.
La bande intermédiaire des canons du juxtaposé à La bague qui va se positionner à la bouche du S12.
10 convergence réglable, le X4, est réalisée en une seule pièce, 11 Le canon supérieur en partie flottant est engagé
en usinant une barre d’acier, par paire là encore. Cette bande dans le canon supérieur, la portée arrondie s’ajuste
monobloc est une rareté, d’ordinaire on trouve deux bandes. sur le canon inférieur avec plus ou moins de pression.

L’armurier ajuste les canons sur le berceau (ou planche),

13 le canon droit ne peut pas aller à gauche et inversement.
Une face plane a été réalisée sous la chambre, l’homme de l’art
La frette berceau, en bas à droite, les deux tubes, la bande doit positionner au mieux les différentes pièces.
12 intermédiaire monobloc pleine, qui porte la bande de battue
et les découpe en queue d’aronde pour la fixation du montage
optique, et le crochet de longuesse du RGEX avant montage.
En dernier lieu, l’armurier engage à force la bande Les canons sont soudés en blanc. Ils devront être
14 intermédiaire qui va venir au contact de la frette. Il ligaturera 15 soigneusement nettoyés, débarrassés de toute trace d’étain,
ensuite l’ensemble avec des fils d’acier avant de souder la frette avant de passer à l’étape suivante, le montage des tire-cartouches
à l’argent, puis les canons à l’étain dans un four spécifique. et le basculage au noir de fumée sur la bascule.
À gauche, un jeu de canons superposés de Super Orion, à droite aussi. La différence entre les deux est l’usinage pour
16 le passage des tiges d’éjecteurs et de leurs tire-cartouches, à gauche, et de l’extracteur, à droite. Des machines anciennes
complètent l’équipement, certaines sont utilisées pour le passage carré des tiges d’armeur ou pour certains perçages en long.

Les canons ont été bronzés, en bas ceux du juxtaposé X4, Les mêmes canons, cette fois photographiés au niveau de la
17 en haut ceux du superposé S12. Au milieu du faisceau 18 bouche. Sur le superposé, en haut, il manque encore la cale, qui
de canons, la cale intermédiaire qui va réguler la convergence. repose sur le canon du bas et enserre celui du haut sur un centimètre.
La machine cinq axes assure une partie

19 de la relime de la bascule. Des cotes
de plus en plus fines sont approchées et limitent
le travail au burin des armuriers d’antan.
Toutefois, les finitions à la lime et au papier
restent de mise et doivent être conduites
par des armuriers expérimentés.
Chaque année, Vincent

20 et, en photo, David Chapuis
se rendent en Turquie pour
choisir un à un les bois qui
équiperont leurs express.
Une étape longue et coûteuse,
mais payante si l’on en juge par
la qualité des crosses Chapuis
et leur réputation acquise au fil
des ans. À chaque voyage, ce
sont deux mille ébauches qui sont
retenues. Une fois parvenues
en France, elles sécheront trois
années complètes à l’air libre,
sans passage à l’étuve, avant
d’être travaillées.

Les ébauches des crosses sont dégrossies par des machines avant
21 d’être « approchées » à la plane puis à la râpe à grain de plus en plus
fin. La bascule aura auparavant été ajustée à la crosse à la sanguine,
l’équivalent rouge du noir de fumée du basculeur.
Une fois la crosse

22 terminée et relimée,
la bascule est démontée
pour recevoir la gravure.
Celle-ci est réalisée sur
un centre laser ou bien
confiée, comme ici, aux
mains expertes des
hommes de l’art, qui
pour certains travaillent
pour Chapuis depuis plus
d’une trentaine d’années.
Les bascules sont

23 gravées, il est temps
de les tremper. Pour cette
opération délicate, que
Chapuis Armes réalise
en interne depuis toujours,
il ne faut pas que le métal Après la gravure et la trempe,
joue lors d’une chauffe
24 les bascules sont remontées et placées
trop importante, les dans des casiers, où elles attendent leurs canons
portées seraient faussées. et leur crosse pour le remontage final.
Le basculage
25 au noir de fumée
est l’une des opérations
emblématiques de la
réalisation semi-artisanale
ou artisanale d’une arme
basculante. Le noir de
fumée laisse une couche
de l’ordre du centième de
millimètre sur le métal nu.

L’armurier en charge de cette opération, chez Chapuis Les faces des canons sont soigneusement polies au papier
26 depuis plus de trente ans, dose son travail à la lime 27 de verre sur la lime. Lorsqu’il ouvrira son arme pour éjecter
de façon à ôter ni trop ni trop peu de métal, l’épreuve ses étuis, le possesseur de l’express ne soupçonnera pas le travail
apportant parfois un peu de jeu. minutieux qui a été effectué ici !
Le bronzage est fait à la couche, à raison de trois couches de liqueur par jour. Il faut environ quinze couches et autant de séances de
28 cardage au buffle et des bains au bois de campêche pour arriver à un noir profond et brillant. L’ensemble requiert une semaine de travail.
Une fois la crosse poncée au papier de verre de plus en plus fin, la ponce
29 à l’huile a pu débuter, au rythme de deux couches d’huile quotidiennes
durant une semaine. Puis c’est la délicate étape de la quadrille, où le droit
à l’erreur n’existe pas. Elle est réalisée à la main, souvent par des femmes.

Afin d’éviter que des armes circulent en nombre entre Didier Dalex, qui entame sa 34e année à Saint-Bonnet,
30 Saint-Bonnet et Saint-Étienne, Chapuis dispose d’un banc 31 poinçonne les armes à la sortie du banc. C’est lui
d’épreuve interne. Tous les quinze jours, des armes sont éprouvées aussi qui réalise la cible d’essai que vous allez trouver
avec un membre du banc d’épreuve qui se déplace spécialement. dans la boîte contenant votre express.
Entre l’épreuve et les essais et réglages de

32 convergence, Didier tire en moyenne 30 balles par
express. Il règle toutes les armes rayées produites ici. Les
lisses sont éprouvées au banc d’épreuve de Saint-Étienne. Avec le X4, comme avec le S12 ici, le réglage de la
33 convergence est aisé. Didier connaît parfaitement le sujet,
qu’il s’agisse du tir – il est ancien militaire, formateur au tir et tireur
sportif – ou des armes Chapuis.
La convergence de cet express superposé a été

34 réalisée en quatre balles. Pourtant, les deux premières
(H et B) étaient l’une au-dessus de l’autre mais séparées
par plus de 20 cm, le pire scénario selon l’armurier, qui
a réussi à les rapprocher et à leur donner un bon Un outillage spécial permet de bloquer le faisceau de canons
groupement (2H et 2B).
35 et de chauffer la bouche pour dessouder la cale. Ensuite,
sans cesser de chauffer, Didier va jouer sur les six vis qui permettent
de déplacer chaque canon dans les quatre directions.

L’express est terminé, il a été éprouvé, sa
Une fois la convergence rétablie à l’œil et à l’expérience,
37 convergence réglée, ses canons bronzés et ses bois
36 la cale est ressoudée et le faisceau mis à refroidir. L’arme sera poncés à l’huile et quadrillés. Il est prêt pour le remontage.
tirée à nouveau. Si tout va bien, les canons partiront au bronzage,
puis seront vérifiés une dernière fois. L’express doit grouper !
Lors du remontage, toutes les fonctions sont testées : L’arme remontée est nettoyée une dernière fois.
38 la percussion, mais aussi l’ouverture, les portées, la facilité 39 Elle va partir pour l’emballage, rejoindre sa boîte
à refermer l’arme, à déposer le devant, manipuler l’auget. ou son carton, avant de prendre le chemin de l’armurerie
Un contrôle qualité poussé ! qui l’a commandée.
Entre la première opération,

40 qui consiste à faire d’une
barre de fer une bascule ou un
devant fer, et cet express X4
terminé, il se sera écoulé près de
36 heures, parfois un peu moins,
souvent un peu plus. L’arme aura
tiré, fait la preuve de son bon
fonctionnement et de sa précision,
été contrôlée à de nombreuses
reprises, démontée et remontée.
Une fois que l’on est certain de
sa qualité, elle est emballée,
expédiée, accompagnée de sa
cible d’essai, attestant de sa
précision et de sa convergence.

Carabines doubles Coups au but
Balles
au centre
Les carabines express
à convergence réglable
Autrefois, toutes les carabines express possédaient des
canons soudés à l’étain avec, à la bouche, une cale
conique, soudée elle aussi. L’arme était réglée en usine
avec des balles précises, il n’était plus question d’en
changer si l’on voulait garder les deux impacts proches
à 50 m. Avec les systèmes de convergence réglable,
changer de balle n’est plus un problème. Pourquoi et
© L. Bedu
comment ? Notre armurier vous explique tout.

Le réglage des
L
es carabines express bler très rapidement si l’action de
sont probablement les
armes les plus appro-
chasse y oblige ou le permet. En plus
de leur élégance et de leur finesse,
modèles traditionnels
priées pour la chasse du elles nous offrent un chargement La convergence fait toute la qualité
grand gibier en battue silencieux au poste et une mise à d’une carabine express, aucun chas-
dans nos contrées d’Europe. Leur l’épaule légère et instinctive, très seur qui envisage de posséder ou pos-
taille réduite et leur mécanisme proche de celle d’un fusil. Mais ces sède ce type de carabine ne devrait
dérivé du fusil de chasse permettent nombreuses qualités ne suffisent pas en négliger le réglage (cf. Armes de
d’allier sécurité et maniabilité tout toujours à rendre ces armes, aussi Chasse n° 76, 1er trimestre 2020,
en donnant la possibilité de dou- mythiques soient-elle, efficaces. « Les express et leur convergence »,
p. 96). Comme le rappelle Dominique
Venner dans son Encyclopédie des
armes de chasse, « pour faire un bon
express, il faut une bascule robuste et
des tubes bien réglés ». C’est logique,
simple, évident et pourtant… Il n’est
pas rare de trouver des carabines
express de qualité médiocre avec des
groupements « très lâches ». La fabri-
cation des express, autrefois réservée
à une certaine élite d’armuriers, s’est
largement démocratisée ces dernières
décennies. D’un autre côté, cette
évolution, si elle a un peu galvaudé
la noblesse du terme « express », a
permis l’introduction de nombreuses
Le Chapuis S12 s’appuie sur un canon
inférieur en partie flottant, une cale innovations techniques, notamment
intermédiaire et une autre de bouche. en ce qui concerne le réglage des
convergences.
Changer de balles dans
son express quand on en
a besoin tout en conservant
une bonne convergence,
telle est la philosophie des
convergences réglables.
Les canons d’express traditionnels,

juxtaposés comme superposés, sont
assemblés à l’aide de plusieurs sou-
dures et le réglage de leur conver-
gence se fait au moyen d’une cale,
elle aussi soudée, placée en bout
entre les deux canons. Cette cale,
généralement de forme trapézoïdale
(souvent dite conique) pour mieux
visualiser son fonctionnement, joue
sur l’écartement des tubes. Cet écar-
tement plus ou moins important selon
la position, enfoncement et hauteur,
et la taille de la cale influence l’écart
des deux impacts de balles à une
distance donnée. Le but étant que Les express traditionnels
à cale soudée doivent être
ces impacts soient le plus proches
dessoudés, réglés, puis
possible l’un de l’autre lorsque les polis et bronzés à chaque
© L. Bedu
deux coups sont tirés à la suite. nouveau réglage.

Cette technique de réglage, bien que
très fiable lorsqu’elle est correctement
réalisée, présente plusieurs écueils. un seul et unique type de munition réglage de convergence, donc de
Un bon réglage s’obtient rarement pour réaliser son réglage ; il n’est nouvelles cales, de nouvelles mani-
du premier coup et oblige l’armurier plus question d’en changer ensuite pulations, de nouvelles soudures et un
à faire de nombreux essais avec dif- sous peine de fausser le réglage, nouveau bronzage des canons ! Même
férentes cales, qu’il doit souder puis chaque type de balle possédant des punition si vous décidez d’équiper
dessouder en fonction du résultat, ce propriétés et des caractéristiques votre express d’une optique, dont le
qui engendre beaucoup de manipula- balistiques propres. Un changement poids va changer l’équilibre et les
tions et de temps. Il doit aussi choisir de munition engendre un nouveau vibrations des canons.
© L. Bedu
Des cales mobiles,
des bagues ou des vis
La popularité plus grande des
express ainsi que la multiplication
des balles ont poussé plusieurs fabri-
cants à mettre au point de nouvelles
méthodes de réalisation de leurs
canons afin que le réglage de leur
convergence devienne plus simple,
et tout aussi fiable, que celui long et
coûteux que nous venons de décrire.
Les premiers canons d’express flot-
tants à cale de réglage mobile ou
interchangeable sont apparus.
Le principe reste le même que pour
un express à canons traditionnels,
des cales jouent sur l’écartement
© L. Bedu
des canons, à ceci près qu’elles ne

sont plus soudées. Elles peuvent être
placées à différents endroits et avoir
plusieurs formes ou fonctions et ne endroits sur son S12, à mi-canon
nécessitent plus un nouveau bron- et à la bouche. Le canon supérieur
zage des canons. Browning proposa est fixe et dispose d’une cale de
un système encore plus novateur, réglage qui lui est solidaire. Située à
employé sur l’express superposé la moitié de la longueur des canons,
CCS 525, reposant sur un principe sous la longuesse, elle est munie de
de bagues. Les bagues se glissent à deux vis de réglage et va jouer sur la
l’extrémité du canon supérieur (flot- position du canon inférieur, qui lui est
tant), sous le guidon et, en fonction flottant. En serrant ou desserrant ces
du résultat sur cible, on intervertit vis, on réduit ou augmente aisément
les bagues dont l’épaisseur, ou si Sur son l’écart entre les canons. Ce réglage
vous préférez les différents diamètres modèle 141, est complété par une cale à la bouche
extérieurs vont faire remonter ou Merkel a des canons, glissée sous le canon
redescendre la position du canon. installé deux vis express Blaser et Krieghoff, avec un supérieur et dans laquelle est enga-
Ce système est fiable, mais avec le superposées canon supérieur flottant et des têtes gée l’extrémité du canon inférieur.
défaut d’être limité à une correction à la bouche. de vis apparentes placées à l’extré- Pour ce faire le canon a été alésé
sur le plan vertical. Un simple mode mité de la bouche de ce canon. Le sur ses quatorze derniers millimètres
Sur son express juxtaposé 141, réa- d’emploi vous dispositif a l’avantage de rester très et simplement glissé dans la bague
lisé sur une bascule de calibre 28 en guide pour faire discret, mais son réglage est sensible ainsi créée, sans fixation ni soudure.
tirer où vous le
acier, Merkel a de son côté opté pour voulez canons
et délicat à réaliser, un tour de trop Cette astuce permet au canon infé-
un réglage à la bouche des canons gauche et droit. ou de moins pouvant complètement rieur de se dilater librement après
se faisant au moyen de deux vis compromettre le résultat. Mieux vaut plusieurs tirs et « d’avancer » vers la
placées l’une au-dessus de l’autre. la confier à un armurier. cale sans contrainte. Le système est
La vis supérieure jouant sur le plan on ne peut plus rationnel. Les canons
horizontal et la vis inférieure sur le De l’ingéniosité sont maintenus fermement en un
plan vertical. En fonction des impacts premier point au niveau de la frette,
sur cible, on sert ou desserre l’une chez Chapuis inamovible, puis au niveau de la cale
ou l’autre vis. Un mode d’emploi La marque Chapuis, une référence intermédiaire qui permet d’affiner le
accompagne l’arme pour guider l’uti- pour les express de grande chasse en réglage de l’arme et d’obtenir une
lisateur dans l’opération. Une confi- France et dans le monde, se démarque convergence optimisée. Enfin, la cale
guration similaire se retrouve sur les par une convergence réglable à deux placée à la bouche va simplement
Browning proposait
avec son CCS 525 un
jeu de cales que l’on
engageait à la bouche
du canon supérieur.
Leurs différentes
épaisseurs modifiaient
le groupement,
autorisant l’emploi
de différentes balles
au cours de la carrière
de l’arme.
© B. Berbessou
© H. Lefebvre
La cale intermédiaire du Chapuis S12 est pilotée La bouche du S12 avec sa cale dans laquelle
par deux vis et va jouer sur le canon inférieur. le canon inférieur peut se dilater.
© B. Berbessou
© L. Bedu
Le Chapuis X4 reprend un peu le même principe, Grâce à ce système, les balles sans plomb,
avec une cale qui joue sur le coup gauche. plus légères, continueront à grouper en cible.
Verney-Carron fut l’un
des premiers fabricants
français à proposer une
convergence réglable.
© B. Berbessou
Baikal a opté pour une cale
© H. Lefebvre
à mi-canon pilotée par un large
écrou doré, immanquable.
guider et aligner un peu plus préci-
sément le canon du bas, mais sans
contrainte mécanique réelle.
Le juxtaposé X4 de la marque pos-
sède aussi une convergence réglable,
bien visible puisqu’une cale de 8 mm
reçoit l’extrémité des deux canons
qui s’emboîtent dans cette pièce
monobloc. En son centre se trouvent
une vis Allen et deux autres plus
petites abritées dans deux petits
puits. Cette pièce est une bague
d’alignement car le canon droit est
flottant, il n’est pas fixé au canon
gauche, du moins pas sur ses trente-
deux derniers centimètres. Sous les
© H. Lefebvre
canons se trouvent une vis ainsi Le Sagittaire Verney-Carron
qu’un plot rectangulaire en acier emploie une cale de bouche
avec une vis de réglage unique.
de 5 x 8 mm, fixé au canon gauche
et comportant lui aussi deux puits
d’accès à des vis. En serrant ou des- Caesar Guerini a gardé sur son que l’on touche ici à l’intégrité de
serrant ces dernières, on va modifier modèle Ellipse superposé un sys- l’arme. De plus, le tempérament
les vibrations du canon droit pour tème de cales interchangeables qui du canon pourrait être gâché et le
le faire tirer le plus près possible agissent comme sur les express tra- groupement avec lui !
de la balle du canon gauche. Une ditionnels, à la différence qu’elles ne
fois ce réglage effectué, on jouera sont pas soudées mais simplement Des armes
sur l’alignement de la bouche. Là maintenues par une vis d’arrêt, ce qui
encore, l’intervention est à confier évite les longs travaux de soudure. dans leur temps
à un armurier pour éviter de perdre Fabarm, Brno ou Valmet emploient Le réglage des convergences des
toute précision. des procédés de réglage similaires, carabines modernes, quelle que
tantôt avec des cales amovibles, soit la simplification apportée par
Baïkal, Guerini tantôt des systèmes de vis mettant les innovations que nous venons
plus ou moins en pression l’un ou de décrire, demande de la rigueur
Verney-Caron… l’autre canon pour le faire légèrement et reste l’affaire d’un armurier de
Baïkal a opté pour un système de changer de position en fonction de confiance. Il vous fera économiser
convergence réglable à mi-canon la réaction des munitions sur cible. pas mal d’incertitudes, de temps et
via un système d’écrou vissé. Cet Une autre technique, peu acadé- de cartouches !
écrou, placé à la hauteur de la hausse mique, se rencontre parfois sur des Les différents systèmes de réglage
entre les deux canons, va pousser le express traditionnels qui ne sont mis au point par les fabricants per-
canon inférieur vers le bas quand pas équipés de cales de réglage sans mettent aux express de garder leur
on le visse et donc faire descendre soudure. Pour éviter les gros travaux place parmi les carabines de battue,
le tir. En le dévissant, on desserre la de soudure et de bronzage, certains a fortiori à une époque où les chan-
tension sur le canon inférieur et on armuriers s’aventurent à limer fine- gements de munitions et d’optiques
fait remonter le tir. ment l’une des rayures à la bouche d’une saison à l’autre sont devenus
D’autres marques ont choisi de de l’un ou l’autre canon afin de pro- fréquents, sans parler de l’avenir
reprendre le système de cale voquer une sortie de gaz irrégulière. incertain du plomb dans nos chasses.
de réglage en bout placé entre Cette « fuite » de gaz aurait pour Les carabines doubles sont des armes
les deux canons. C’est le cas de effet de modifier la trajectoire de la du présent et de l’avenir ! Q
Verney-Carron sur ses express super- balle. Les résultats sont très souvent
posés, qui emploient une cale mobile aléatoires et ne valent pas la précision Henri Lefebvre,
avec un système de vis unique. d’un bon réglage à la cale, surtout armurerie de la Villeneuve
Chapitre 3
Les quatre catouches stars

et toutes les autres que
le marché nous propose.
Les calibres d’express Délit de faciès
La 7 x 65R
Brenneke
Adorée puis honnie, trop petite,
trop puissante, mais toujours là !
La 7 x 65 R a été une
cartouche incontournable
dans les battues européennes
et dans les express allemands,
belges mais aussi français,
avant d’être rejetée et
quasiment oubliée. Les Cette cartouche Brenneke est la petite sœur de la 7 x 64, avec un bourrelet.
critiques infondées ne
manquent pas envers cette Rapidité, puissance, 8dex 1065 R%quide luipression sert de base. Avec plus
supplémentaire
douceur
munition qui gagnerait Lors de la conception de la 7 x 65 R, que la 7 x 57 R, vitesse et énergie
sont supérieures à celles de la vieille
à être « re-connue ». limiter la pression pour garder une cartouche
Brenneke a délibérément choisi de très utilisée avec succès à
l’est de l’Allemagne, en particulier en
sérieuse marge de sécurité, les armes Tchécoslovaquie et Hongrie, sur des
F
in 1918, l’Allemagne basculantes de l’époque étant moins gibiers aussi imposants que les cerfs.
perd la Première Guerre solides qu’une carabine Mauser 98, Le développement des express pour
mondiale et de son particulièrement au niveau du ver- la chasse en battue en Belgique, au
influence en Europe. rouillage. Alors que la 7 x 64 est Luxembourg et surtout en France
C’est pourtant à cette homologuée à 4150 bars, la 7 x 65 R va entraîner une généralisation des
époque que la 7 x 64, née en 1917, est limitée à 3800 (normes actuelles chambrages de ce type d’armes en
se taille une excellente réputation en de la CIP). Cet écart, environ 8,5 % 7 x 65R. On notera qu’avant le délire
Europe et en Afrique. Au point que, de moins, entraîne une légère dimi- franco-français des express légers, les
lors du réarmement dans les années nution des performances de la 7 x 65R canons de ces carabines et des armes
30, l’armée allemande envisagera en comparaison avec la 7 x 64. Mais combinées mesurent le plus souvent
d’en faire une munition pour ses à longueur de canon égale, la diffé- entre 60 et 65 cm, ce qui permet
tireurs d’élite. Dans l’entre-deux- rence est faible. Hormis une DRO d’exploiter à 100 % la balistique de
guerres toujours, la 7 x 65 R, née trois un peu plus longue, l’avantage de la munition.
ans après la 7 x 64, suit les traces de la 7 x 64 n’est pas déterminant en Plus rapide, plus puissante que
son aînée et on commence à la trou- action de chasse. la 8 x 57 IRS, beaucoup moins
ver plus fréquemment dans les cara- La 7 x 65 R va rapidement gagner ses remuante et plus douce à l’épaule
bines doubles (ou express). lettres de noblesse, contrairement à la que la 9,3 x 74 R, la cartouche de
Bien employée,
cette cartouche
suffit pour nos
grands gibiers
en battue,
cerf compris.
© L. Bedu
Les calibres d’express Délit de faciès
plus réaliste que les 1 000 J de la loi
française. Comme le .30-06 semble
être une nouvelle référence pour la
battue et qu’on le retrouve dans des
express (pure hérésie mécanique), il
me servira de base de comparaison.
Quand comparaison
devient raison
Commençons par une cartouche
démocratique : la Geco à balle Plus,
qui se comporte bien en battue en rai-
son de son noyau soudé. En .30-06, la
Plus de 11 g sort à 835 m/s pour 780 et
728 m/s à 50 et 100 m. L’énergie aux
mêmes distances à partir d’un tube de
60 cm est de 3835, 3 346 et 2 915 J.
La DRO ressort à 166 m.
La Plus dans notre 7 x 65 R
De nombreuses démodé pèse aussi 11 g. Ses
kipplaufs ont été Brenneke va faire la joie de très vitesses sont respectivement
chambrées pour nombreux chasseurs de sangliers et 810, 771 et 732 m/s pour
cette cartouche. cervidés lors des chasses collectives. 3 609, 3 269 et 2 947 J. La
Négligées, elles En France, son âge d’or débute après DRO est de 167 m.
constituent la Seconde Guerre mondiale et com- Quelle conclusion en tirer ?
des belles mence à décliner il y a vingt-cinq ans, De 0 à 50 m, le .30-06 est
opportunités
avec la course aux express à bascule légèrement plus puissant. La
sur le marché
de l’occasion,
en alliage et canons courts. différence est de 226 et 77 J
avec un vaste à ces distances, soit la puissance du
choix de balles. Star déchue ? « schnocks » comme moi ou ceux
22 LR HV américain à la bouche et
celle d’une grosse carabine PCP en
Ce désintérêt est accentué par le qui n’ont qu’une arme, chambrée 6,35 à 50 m. Si c’est cette différence
mythe du vieillissement précoce dans ce calibre. Après le mythe des qui tue ou ne tue pas, il faut passer au
des bascules en raison des pressions bascules qui travaillent, ce désintérêt .470 Nitro ! En raison d’un coefficient
excessives que généreraient la car- s’est continué avec les inepties balis- balistique supérieur, la 7 x 65 R prend
touche, selon un mythe savamment tiques énoncées par les spécialistes la tête autour de 70 m, ce qui est de
entretenu par quelques experts de la de papier, qui chassent peu, n’em- peu d’importance dans une arme
presse cynégétique. Ceux qui suivent ploient qu’une cartouche et basent conçue pour le tir jusqu’à 70 m.
mes élucubrations se souviendront leurs études sur du vent, mais aussi J’entends les voix qui s’élèvent : oui,
que l’arrivée, dans les mêmes armes, par les distributeurs et armuriers qui mais vous avez choisi l’exemple qui
du .30 R Blaser, aux pressions plus ne rêvent depuis 2013 que du .30-06, vous arrange. OK, passons à une
élevées de 10 à 12 %, sera encensée arme absolue, calibre des vainqueurs, autre balle. J’appelle une « ancêtre »,
par les mêmes experts, enthousiastes et dont l’argument de vente repose qui en est à sa huitième génération,
et béats devant la cartouche « révo- avant tout sur le prix. la célèbre HMK tant décriée pour de
lutionnaire ». Voyons ce qu’il en est réellement en fumeuses raisons. Cette balle tech-
Pour avoir employé un Merkel 140 comparant pommes et pommes. On nique, très en avance sur son époque
en 7 x 65 R et côtoyant toujours des retiendra pour valeur utile l’énergie à sa sortie et toujours très moderne
utilisateurs de carabines doubles dans à la bouche, à 50 et 100 m, ainsi aujourd’hui, pèse 11,7 g en calibre 30
ce calibre, qui chassent et tirent plus que la DRO allemande à 4 cm. On contre 11,2 g en 7 mm. Dans la vieille
que la moyenne, je n’ai jamais eu rappellera la valeur des Nordiques et américaine, RWS nous annonce 810,
de problème et eux non plus. Mais Germains pour s’attaquer aux grands 769 et 728 m/s pour 3 838, 3 459 et
le 7 x 65 R n’a plus la cote, hormis gibiers : de 2 000 à 2 200 J à 100 m 3 100 J aux distances de référence.
chez les connaisseurs, les vieux suivant calibres et poids de balles, La bonne vieille teutonne à bourrelet,
fatiguée et anémiée à entendre cer-
tains, nous donne 810, 771 et 734 m/s
Une naissance conflictuelle pour 3 674, 3 329 et 3 017 J. Le .30-06
En 1917, alors que la guerre bat son plein qui deviendra une référence : la fameuse fait un peu mieux avec 164 J de plus
et que la jeunesse européenne meurt dans Tig (Torpedo Ideal Geshoss) sortie la même à la bouche, différence qui se réduit
les tranchées, Wilhelm Brenneke réduit le année. Très rapidement après la guerre, une à 83 J à 100 m. Soit peanuts ! La
diamètre de son 8 x 64 et crée le 7 x 64. Conçue version à bourrelet voit le jour (1920) pour les DRO est favorable à la 7 mm avec
spécifiquement pour la chasse, cette cartouche armes combinées, la 7 x 65 R. À l’origine, cette 167 m contre 156 à la 7,62, ce qui
se veut une amélioration de la 7 x 57 dite 7 mm cartouche est surtout chambrée dans les armes est de peu d’intérêt en battue avec un
Mauser. Lors de sa sortie, le 7 x 64 Brenneke combinées (drillings ou mixtes), très courantes express mais intéressant si on utilise
(son nom exact et complet) développe 10 à 15 % dans les empires centraux, mais aussi dans un mixte ou un drilling. Au niveau
de vitesse supplémentaire pour une trajectoire les carabines monocoup à canon basculant
de la puissance utile aux distances
plus tendue et une énergie plus importante. (kipplaufs), appréciées des montagnards de
C’est la première munition à utiliser une balle Bavière, d’Autriche ou des Carpates. de battue, il n’y a là encore pas de
quoi casser trois pattes à un canard.
Les calibres d’express
Des artisans continuent, fort heureusement, de

proposer de beaux express à platines en 7 x 65 R.
Toujours chez Ruag, prenons une La bascule ergal,

Norma Tip Strike, excellente balle avec ou sans
de battue très polyvalente. En .30-06, insert d’acier aux
elle pèse 11 g et donne 850, 784 et tonnerres, à eu
720 m/s pour 3 975, 3 379 et 2 855 J raison du 7 x 65 R.
à la bouche, 100 et 200 m. La 7 x 65 R
lance sa Tip Strike de 10,4 g à 850,
791 et 734 m/s pour des énergies de
3 759, 3 253 et 2 803 J aux mêmes dis-
tances. Réglées à 100 ou 200 m, bien
que cela n’ait aucun intérêt sur nos
express, la 7 x 65 R reste plus tendue
que la vieille .30-06. Les différences
sont ridicules et peuvent facilement
varier en fonction des chambrages, de
petits centimètres en plus ou moins. Si
théoriquement un canon court (55 cm)
avantage le .30-06, aucun grand gibier
tiré proprement avec une balle de
© B. Berbessou
même type bien coffrée ne verra de
différence entre l’une ou l’autre des
deux munitions !
Où le .30-06 va prendre un avantage mérite ni le dédain ni l’abandon sur

Chargements modernes plus conséquent, c’est avec les balles l’autel du profit et de la balistique
et petites comparaisons sans plomb monolithiques. Une RWS de clavier. Les gibiers actuels ne
Hit de 10,7 g en .30-06 donnera sont pas plus résistants que ceux du
Lorsque le 7 x 65 R est à son apogée chez les fabricants, la 320 J de plus à la bouche qu’une passé. J’ai fait et vu tomber en battue
convergence ajustable des doubles carabines n’existe pas
7 x 65 R de même type pesant 9,1 g. des gibiers aussi solides ou lourds
encore. Le réglage du tir et de la convergence est long est
fastidieux. Les fabricants règlent en général leurs carabines Le diamètre plus important du calibre qu’élans, sangliers, biches et cerfs
doubles avec un type de balle réputé pour son efficacité et américain permet de tirer plus lourd à avec cette vénérable cartouche et
adapté aux gibiers. Ce qui facilite la tâche des armuriers longueur de balle égale, toutefois la son aînée la 7 x 57 R.
chargés du réglage. Il est vrai aussi que les choix de balles différence n’est pas énorme, environ Si vous avez un express de qualité
et chargements sont moins nombreux qu’aujourd’hui. la puissance d’une 22 Magnum RWS dans ce calibre, ne le vendez pas
Toutefois, certains fabricants réputés proposent une mise à 50 m. Il en est de même à peu de contre une poignée de cacahuètes
au point personnalisée aux desideratas du client. Dans chose près pour tous les chargements pour acquérir un .30-06 à la mode
le cas du 7 x 65 R, les chargements les plus fréquents à balles cuivre. Ce qui ne relègue pas en pensant changer vos résultats.
sont les balles et cartouches T-Mantel et Tig de RWS ou le 7 x 65 R au rang d’antiquité digne La cartouche à bourrelet reste très
les Norma à balles Alaska ou Vulkan, particulièrement d’un tromblon ! efficace et les extracteurs ou éjec-
chez les fabricants français, allemands et belges. Les
teurs beaucoup plus fiables dans
Tchécoslovaques proposent souvent leurs armes réglées
avec des Sellier & Bellot SP ou SPCE. Avec l’arrivée de Aujourd’hui plus le temps dans ce chambrage. Rien
de plus rageant que de se retrouver
nouvelles balles plus performantes, plus modernes ou à
la mode, on trouve de plus en plus à partir de 2001 des
efficace qu’hier avec un étui coincé quand passe le
express réglées avec des Oryx de Norma ou des ID Classic, Presque oublié par les fabricants sanglier de votre vie. C’est vrai, la
nouvelle appellation de la Tig chez RWS. Aujourd’hui, si d’express et encore plus par les 7 x 65 R est souvent plus onéreuse
on désire un express en 7 x 65 R, grâce à la convergence vendeurs, le 7 x 65 R tire son épingle que la cartouche américaine mais,
ajustable qui simplifie les réglages, le chasseur peut du jeu et se présente comme une à balle de qualité égale, cette dif-
disposer d’un choix étendu de projectiles. Le groupe Ruag munition plus efficace aujourd’hui férence ne devrait pas entraîner la
à lui seul propose dans ses trois marques une quinzaine de qu’à sa création. Entourée d’une banqueroute. Alors, longue vie à la
chargements de ce calibre. Chez Sellier & Bellot, il y en a aura négative générée par des per- cartouche de Brenneke ! Q
neuf. Chez nous, il faut ajouter les chargements de Sologne
sonnes qui ne l’ont jamais vraiment
et Thifan avec respectivement cinq et deux chargements.
utilisée, la cartouche de Brenneke ne Dominique Czermann
Les calibres d’express Trop douces, vraiment ?
La 8 x 57 IRS
La cartouche des express légers,
ou pas, et des tirs en douceur
Et si sa douceur était son principal défaut ? Nombre
S
i vous recherchez des car-
touches très puissantes
de chasseurs hostiles au 8 x 57 IRS lui reprochent son pour les plus lourds san-
gliers et les plus impo-
« manque d’énergie » dont atteste, selon eux, son grand sants cervidés, une rapide
consultation des tables balistiques
confort de tir. Pourtant, comme le .308 Winchester, le vous indiquera de bien meilleurs
choix que la 8 x 57 IRS. Il ne fait pas
8 x 57 IRS prouve que recul doux et efficacité balistique de doute non plus que vous trouve-
rez mieux que la vieille allemande
peuvent aller de pair, y compris en battue. si vous souhaitez un calibre à la
Un succès presque total
Le calibre 8 x 57 IRS est toujours couramment proposée
extrêmement répandu et son dans les armes basculantes,
succès ne se dément pas. C’est des plus traditionnelles aux plus
un grand classique des chasses innovantes et des plus simples
en battue, à côté des 9,3 x 74 R et aux plus luxueuses. On la retrouve
de quelques autres cartouches dans les catalogues de la plupart
à bourrelet. Ce n’est certes pas des fabricants de cartouches,
une cartouche destinée aux souvent même avec un beau
tirs lointains, mais à l’affût et à choix de chargements. Ce sont
l’approche dans des kipplaufs, des signes qui ne trompent pas…
elle continue à faire bonne Et pourtant… Dire que la 8 x 57 IRS
figure. Malgré son âge, elle est a bien failli disparaître !
qu’un calibre puissant ne garantit

pas toujours de foudroyer un gibier
sur place, le bon placement de la
balle restant le paramètre détermi-
nant. Vous vous sentez plus à l’aise
avec une cartouche qui développe
une énergie modérée tout en respec-
tant la venaison ? Ne la boudez pas !
Douce pour l’épaule

et le budget
Et, vous l’aurez compris, c’est ici
que la 8 x 57 IRS entre en scène pour
déployer tout son charme. Douce à
l’épaule comme aux bascules, elle
permet souvent de tirer mieux. La
pression maximale admissible est
de 3 300 bars (P), ce qui ménage
les armes, mais ne signifie pas
qu’elle serait à réserver aux fabri-
cations médiocres, comme certains
le laissent entendre. On trouve de
multiples chargements pour des
poids de balles allant de 9 à 14,5 g,
Il a failli disparaître, mais les pressions se situant habituel-
le 8 x 57 IRS ou JRS est lement aux environs des 2 700 à
aujourd’hui très répandu, 2 900 bars. L’emblématique Tig
notamment dans les express de 12,8 g (198 grains), rebaptisée
à bascule en ergal. ID-Classic chez RWS (Brenneke
s’étant réservé le nom de son célèbre
projectile), démarre à 750 m/s et
développe une énergie de 3 600 J.
À 100 m, la vitesse restante est de
trajectoire très tendue pour des tirs les furieuses ruades des cartouches 673 m/s, l’énergie étant encore de
lointains. Pour peu que vous maîtri- les plus pêchues lors d’un entraî- 2 899 J. La DRO est de 154 m.
siez les fougueuses cartouches survi- nement au club de tir et que vous Un peu plus lourde, la Sauvestre
taminées et saviez choisir les balles vous consolez en vous disant que Fip Plus (sans plomb) de 13,3 g
adaptées à l’usage que vous voulez l’appréhension du recul disparaîtra (207 grains) démarre à 615 m/s en
en faire, il n’y aucune objection à à la chasse, il est temps de vous développant une énergie de 2 534 J.
vous faire. Mais si vous abominez poser quelques questions. D’autant Pour cette balle de battue, les valeurs
à 100 m sont respectivement de
516 m/s et de 1 785 J.
Avec un projectile plus léger, on peut
aisément obtenir une trajectoire bien
plus tendue. Par exemple, pour l’Evo
L’origine du Green de RWS de 9 g (139 grains),
8 x 57 IRS est
la DRO se situe à 176 m. Cette balle
connue, c’est la
même que celle sans plomb a encore une vitesse de
du 8 x 57 IS, dont 764 m/s à 100 m et une énergie de
elle est la version 2 627 J. Mais trêve de chiffres : ils
à bourrelet, tout sont connus et les catalogues des
simplement. encartoucheurs ne manquent pas.
mot « infanterie ». Si ce n’est que

les Allemands parleront longtemps
de la cartouche M/88 pour désigner
cette munition créée pour leur Kom-
missionsgewehr adopté en 1888. Ce
n’est que plus tard que la référence
à l’infanterie apparaît dans la déno-
mination courante du calibre. Vous
aurez certainement également lu
maintes fois que, dans ce que nous
appelons l’alphabet gothique, les I
et J se ressemblent beaucoup, voire
La 8 x 57 IRS sont identiques. Un rapide coup
est très d’œil à quelques polices de carac-
répandue tères montre que c’est bien le cas
et dans des et que seul le contexte permet par
gammes conséquent de savoir à quelle lettre
de prix très
© L. Bedu
on a vraiment affaire. Soit. Mais face

raisonnables. à ces deux possibilités que choisit-
on encore souvent ? Justement le J,
La cartouche est couramment dispo- appellations comme des alternatives. celle des deux lettres qui n’est pas
nible dans des gammes de prix très Les tableaux des correspondances l’initiale du mot « infanterie » ! Le
raisonnables. Son rechargement ne montrent des synonymes pour pas comble est que le désuet alphabet
présente aucune difficulté particulière, mal d’autres calibres, ce qui reste gothique a été banni des publications
à condition toutefois de ne pas copier utile pour savoir ce qui est interchan- L’origine de allemandes dès… 1941. Mais huit
ce calibre est
par mégarde (et inconscience !) des geable et ce qui ne l’est pas. Mais en décennies plus tard, le monde de la
une cartouche
recettes destinées à la 8 x 57 IS, une maintenant ces synonymes en usage, réglementaire chasse, lui, choisit de continuer à
cartouche à gorge dont la pression les fabricants de cartouches et les de 8,08 mm surfer sur ce qui au départ était une
admissible est nettement plus élevée. armuriers compliquent inutilement (contre simple erreur. Résultat, les appella-
la vie des utilisateurs. 8,2 mm pour tions « 8 x 57 JR » et « 8 x 57 JRS »
8 x 57 JRS ou IRS ? Rappelons l’origine de la confu-confu le 8 x 57 IRS). semblent avoir encore de beaux
semb
sion entre « JRS » et « IRS RS ». jours devant elles en vertu de
jjour
Pourquoi écrire 8 x 57 IRS, alors Concernant les deux der- l’énergie déployée par beau-
l’én
que certains fabricants et non des nières lettres, les choses coup pour sauver le J ! D’au-
cou
moindres parlent de la 8 x 57 JRS ? sont claires : le « R » cuns vous diront que la lettre
cun
C’est à eux qu’il faudrait poser la désigne une cartouche à renvoie à Jagd (« chasse ») ou
ren
question ! Pourquoi faire perdurer bourrelet (Rand en alle- encore jacket (« chemise »…
eenc
une appellation qui va à l’encontre mand, rim en anglais) een anglais), oubliant qu’en
des efforts accomplis en matière de et le « S » un calibre 8 allemand la chemise d’une
aall
normalisation ? La CIP (Commission mm large (8,20 mm ou balle se dit Mantel. Le « S »
ba
b
internationale permanente) retient, 323 pouces) par rapport auu (pour Spitzgeschoss, « balle
((p
en toute logique comme nous allons 8 mm étroit (8,08 mm ouu pointue ») n’échappe pas
po
p
le voir, « 8 x 57 IRS » comme déno- 318 pouces). Quant au « I », toujours non plus aux élu-
tto
mination officielle de la cartouche, à peu près tout le mondee ccubrations, certains l’asso-
mentionnant « 8 x 57 JRS » et d’autres vous dira qu’il renvoie auu cciant au mot Starkmantel
Après des développements succes- lisées à très grande échelle jusqu’en
Blaser est un des sifs et le rôle financier important de 1905, s’appliquent aussi au fusil
rares encartoucheurs
Ludwig Loewe et de son fils Isidor, Mauser 98, dont un grand nombre
à mentionner « IRS »
sur ses boîtes pour sa société allait devenir le puissant a déjà été produit avant l’adoption
le 8 x 57 à bourrelet. groupe Deutsche Waffen und Muni- officielle de la nouvelle cartouche.
tionsfabriken (DWM). Nous ne nous Plus tard, l’application de la lettre
attarderons pas sur les déboires du S de 2,5 mm sur le boîtier et sur le
Kommissionsgewehr 88 qui, pour canon, avant la hausse, cessera, deve-
l’essentiel, est plutôt un Mannlicher. nue inutile puisque toutes les armes
Dès 1894, des contacts seront repris en dotation sont supposées avoir été
avec Paul Mauser et bien vite naîtra le reconditionnées et que l’ensemble
fameux modèle 98 qui le remplacera. de la production des Mauser 98 est
La cartouche proposée par la com- effectuée dorénavant pour le 8 mm
mission est cependant un succès. large (Patrone S). Il ne faut donc pas
Comme nous l’avons dit, elle restera s’attendre à trouver ce marquage sur
longtemps connue sous la dénomina- des Gewehr 98 fabriqués pendant
tion M/88 avant de devenir la 8 x 57 I. la Première Guerre mondiale, tous
Influencée par les travaux du colonel sont sortis d’origine en 8 x 57 IS. La
suisse Eduard Rubin, elle doit certai- prudence reste cependant de mise, un
nement aussi beaucoup à Wilhelm armurier civil pouvant par exemple
Lorenz, mais pas à Paul Mauser. avoir recanonné une arme en calibre
Parmi les maux qui affligent leur 8 mm étroit, selon une pratique tout
nouveau fusil d’infanterie, les mili- à fait courante.
(« chemise renforcée »). Mais refer- taires allemands découvrent que les
mons cette parenthèse lexicale et canons s’usent à une vitesse verti- Les civils font
typographique pour revenir à l’his- gineuse, sans parler des problèmes
toire du calibre. d’encuivrage et de précision. Une de la résistance
série de modifications va donc être En dehors de ceux cherchant à mainte-
Les aînées militaires apportée. En 1891, les canons voient nir envers et contre tout leurs calibres
leurs contours renforcés ; les armes « maison », énormément d’armuriers
Les 8 x 57 IR et IRS ont des aïeules recanonnées ou établies pour ces nou- civils sont conquis par le moderne
militaires que, pour simplifier, nous velles cotes sont marquées d’un point calibre M/88, que ce soit pour leurs
appellerons 8 x 57 I et 8 x 57 IS. Ces de 2 mm. En 1896, après divers tests carabines à verrou ou leurs armes
munitions à gorge de forme « bou- menés par la Gewehrprüfungskom- basculantes – pour ces dernières, une
teille » sont en droit d’être consi- mission, il est décidé d’approfondir cartouche à bourrelet est rapidement
dérées comme les ancêtres de bien les rayures. Le projectile de 8,08 mise sur le marché, nous y revien-
des cartouches modernes. Dans sa mm forçant trop dans des rayures drons. Le grand schisme intervient
version 8 mm large (S), l’ancienne réalisées à 7,9 mm, on leur donne lorsqu’en 1903 les militaires passent
munition réglementaire allemande une profondeur de 0,15 mm. Cette
est devenue immensément populaire adaptation est identifiable par une
partout dans le monde, à l’instar de lettre Z de 3 mm. Mais la transfor- 8 x 57 R 360 :
sa rivale américaine, la .30-06. Ces mation qui nous intéresse le plus attention !
deux allemandes constituaient des est celle consécutive à l’adoption Il existe un calibre proche de la 8 x 57 IR mais pas
réponses à des innovations fran- de la balle S (Spitzgeschoss) d’un interchangeable : l’Express 360/57/8 mm. Il s’agit de
çaises : la 8 mm Lebel (8 x 51 R) du diamètre de 8,22 mm, significative- la 8 x 57 R 360 dont il a déjà été question dans la revue
fusil éponyme adopté en 1886, puis ment plus grand que celui de l’ancien (cf. l’article d’Alain Gheerbrant d’Armes de Chasse n° 30,
sa nouvelle balle Desaleux de 1893. projectile. La balle à tête arrondie 2008, « 8 x 57 R 360, l’autre 8 x 57 R anglo-germanique »).
La page du fusil 71/84 en 11 mm de 14,7 g devient pointue et ne pèse Cette cartouche, même si elle n’en a plus la forme, est
Mauser (11,15 x 60 R) aura été vite plus que 9,8 g. Les fusils M/88 et dérivée de la .360 2 ¼’’. L’anglaise a aussi inspiré d’autres
tournée ! ses dérivés sont une nouvelle fois calibres plus proches de son aspect. À l’instar de la
Rappelons que, dans un contexte déjà transformés suite à l’introduction 8 x 57 IR, la 8 x 57 R 360 utilise la balle de 8 mm étroit. C’est
leur seul vrai point commun. Un coup d’œil aux tableaux
très tendu, la France et l’Allemagne du nouveau calibre en 1903 et les
de la CIP montre notamment que la base de la 8 x 57 IR fait
étaient particulièrement attentives à armes converties portent une lettre S. pratiquement 1 mm de plus que celle de la 8 x 57 R 360.
leurs développements technologiques Cette fois, les transformations, réa-
respectifs, l’espionnage régnait en
maître. Le mécanisme du Lebel
n’avait rien de très moderne mais la
trajectoire tendue de sa balle faisait
craindre le pire aux militaires alle-
mands. L’empereur Guillaume II
allait donc ordonner à la Gewehr-
prüfungskommission de mettre
rapidement au point un équipement
supérieur à celui des Français. Ladite
commission était fort liée à l’arsenal
de Spandau et comptait parmi ses
membres Wilhelm Lorenz, qui était Des balles modernes sont disponibles
pour le 8 x 57 IRS, les mêmes que pour
à la tête d’une grande cartoucherie.
le 8 x 57 IS, très répandu outre-Rhin.
Les fabricants italiens

qui sont passés
à l’express allégé
proposent tous
le 8 x 57 IRS.
La 8 x 57 IRS sous l’uniforme, si, si ! Seconde Guerre mondiale. La car-

touche magnum n’a semble-t-il existé
Certains vous diront que contrairement aux rétrospectivement en pensant que, grâce à son
qu’avec des balles S, même si, dans
8 x 57 I et IS, notre cartouche eut un parcours appellation civile, la 8 x 57 IRS est parvenue à
exclusivement civil. Ce n’est pas exact. Connue échapper à l’impitoyable traque aux calibres
un catalogue, un renvoi à d’autres
sous une dénomination alternative, 7,92 x 57 R « de guerre » qu’imposaient les anciennes balles utilisées dans la version cou-
(7,92 Schwarzlose), la cartouche a été en dotation législations française et belge ! Ajoutons qu’il rante est susceptible de semer un peu
dans l’armée néerlandaise de 1926 jusqu’à existe peut-être un lien entre l’adoption de ce le doute. En 1932, parmi les calibres
l’invasion allemande en mai 1940. Elle a été calibre et la construction en 1926 d’une très recommandés pour ses armes bascu-
utilisée dans différentes mitrailleuses conçues grande cartoucherie : la Nederlandse Patronen-, lantes, Merkel mentionne la 8 x 60 R
ou transformées pour tirer la munition qui, slaghoedjes-en Metalwarenfabrik Dordrecht. Les Magnum pour les tirs lointains.
dans la nomenclature militaire des Pays-Bas, Néerlandais se firent aider dans ce projet par
portait sobrement la désignation de
« cartouche n° 23 » –
Hirtenberger qui leur apporta le savoir-faire et
la technologie les plus récents. La fabrique de
Une normalisation
on frémit Dordrecht devenait ainsi une des nombreuses tardive
filiales du grand groupe autrichien Mandl.
Après la 8 x 57 longue, revenons à
la 8 x 57 IS qui nous intéresse et à
liée, tout comme celle de cartouches sa version à bourrelet, la 8 x 57 IRS.
en 8 x 57 IS, les Alliés s’étant rendu L’éphémère République de Weimar
compte que les cartouches des tireurs maintient l’interdiction de l’ancien
sportifs et des chasseurs pouvaient calibre militaire mais, en 1933, l’Alle-
aussi être tirées dans des armes de magne nazie entend balayer au plus
guerre. Là est l’origine du déve- vite les conséquences du traité de Ver-
loppement des 8 x 60 et 8 x 60 S et sailles. Les choses ne traînent pas pour
de leurs équivalents à bourrelet. À l’industrie et le catalogue de 1934 de
Le traité noter que l’on rencontre parfois pour DWM confirme que la 8 x 57 IS figure
de Versailles
ce calibre l’appelation Verlängerte de nouveau dans l’offre du grand
va permettre
l’émergence Patrone 8 x 57 (« cartouche 8 x 57 encartoucheur. On peut considérer
au 8 mm large. d’autres 8 mm, allongée »). Des catalogues DWM que pour la chasse, le 8 x 57 I et son
Le monde de la chasse ne se dont le présentent plus tard une 8 x 60 Mag- équivalent à bourrelet (IR) constituent
sent pas concerné par les raisons 8 x 60 Magnum num Bombe, « Bombe », qu’il est sans doute la règle générale au cours
qui ont poussé l’armée à opérer ces Bombe inutile de traduire, étant simplement de la première moitié du XXe siècle,
changements et continue à privilé- de DWM. la marque de fabrique de l’entreprise même si tout n’est pas toujours si
gier l’ancien calibre. Les armuriers (il y eut aussi des cartouches .22 LR clair. La 8 x 57 IRS a aussi été utilisée
civils considèrent généralement Bombe). L’appellation « Magnum » de manière épisodique. Elle ne sera
qu’ils peuvent obtenir une meilleure n’est pas usurpée, même si la douille normalisée qu’en application d’une
précision avec celle qui deviendra a des dimensions identiques à celle loi allemande de 1939 réformant les
la 8 x 57 IR. Le phénomène prend de la cartouche standard. C’est bien règles de l’épreuve des armes à feu.
encore plus d’ampleur avec les consé- là le problème… Ce que l’on a osé Pour la CIP, la date de normalisation
quences des traités de Versailles et faire dans les années 30 en matière de mentionnée dans les tableaux est
de Saint-Germain-en-Laye. La pro- pression n’était pas compatible avec 1984, comme d’ailleurs pour toute
duction et la possession d’armes en les normes fixées par la CIP pour une série d’autres calibres.
calibres militaires est drastiquement les 8 x 60 S et RS et le chargement Dans l’immédiat après-guerre, les
restreinte par la Commission interal- spécial n’a pas été repris après la Allemands sont privés d’armes et de
taire « large ». Les collectionneurs reconnaître facilement ses nouvelles
de cartouches connaissent peut-être 8 x 57 JS et JRS, ainsi que les autres
la réponse. En 1921, l’encartoucheur cartouches pouvant être tirées dans
parle de la « 8JR », sans doute une des des canons S (7,89/8,20 mm). Ouf !
premières mentions incorrectes du « J » En 1953, J. P. Sauer & Sohn pro-
alors même que les caractères d’im- duisait déjà un drilling chambré en
primerie utilisés pour l’impression 8 x 57 JRS, il devait donc y avoir des
du catalogue ne sont pas gothiques ! cartouches de ce calibre sur le marché
Un doute existe peut-être en ce qui à ce moment. J’en resterai là, vous
concerne la disponibilité de balles connaissez la suite. Les 8 x 57 IS et
en 8 mm « large ». Il est indiqué « 8 IRS ont fait leur preuves et rendu
Bien des munitions et la production ne repren- J. R mit Spitzgeschoss (Vollmantel S les 8 x 57 I et IR presque obsolètes.
encartoucheurs, dra qu’après plusieurs années. En und Teilmantel 7 S) » (« balle blindée Et pourtant, le calibre 8 x 57 IR est
RWS en tête, 1951, avec des objectifs de standar- et demi-blindée »). Ce 7 est-il une longtemps resté dans les programmes
continuent
disation, il est envisagé de confirmer référence ou bien renvoie-t-il à un de différents fabricants et est toujours
d’entretenir la
confusion avec le calibre « étroit » et de supprimer la nombre de têtes différentes ? disponible, si on veut bien le chercher
l’appellation version « large ». Mais, en 1952, on Faisons un bond jusqu’aux années 30 un peu. Alors ne faites surtout pas
8 x 57 JRS. Ici assiste à une levée de boucliers de pour ouvrir le catalogue de 1934 de transformer votre ancien express ou
avec la T-Mantel. l’association des armuriers et à un DWM, qui liste douze chargements votre vieux drilling ! Le 8 x 57 IR, tout
retournement de situation : ce sont sous la désignation 8 x 57 JR (sic), comme le 8 x 57 IR 360 d’ailleurs,
en définitive les 8 x 57 I et IR qui dont deux pour des balles S. Le S n’est reste un honorable calibre moyen qui
passent à la trappe et seront considé- toujours pas intégré à l’appellation peut vous offrir les performances du
rés comme désuets. Les 8 x 57 IS et et il faut frayer son chemin dans des 8 x 57 IRS avec la même douceur. Q
IRS deviennent les calibres standard signes et des renvois de bas de page.
d’usage courant ! Le 8 mm « large » En 1938, les choses s’éclaircissent : Bernard Noël,
tient sa revanche. RWS indique dorénavant comment photos Bruno Berbessou
De sérieuses précautions sont prises :
outre les mises en garde sur les boîtes Les amorces
de cartouches, les amorces seront noircies,
noircies et les balles porteront une comme ici,
cannelure que n’ont pas les projec- pour reconnaître
tiles étroits. Ces règles ne sont plus le 8 x 57 IRS sont
toujours suivies aujourd’hui mais il devenues rares.
faut avouer que 8 x 57 I et IR sont
devenues rares et très peu prisées par
les fabricants eux-mêmes.
Au fil des pages

Au cours des années 1890, des ver-
sions civiles des armes militaires cir-
culent déjà, chambrées pour la car-
touche à gorge du M/88. Un catalogue
de 1900 apporte la preuve que des
munitions avec des balles de chasse
sont très tôt disponibles. On y trouve
par exemple une cartouche portant la
désignation « Original - Mod. 88 ohne
Rand [sans bourrelet] 57/8 » et propo-
sée avec pas moins de douze balles
demi-blindées différentes, excusez du
peu ! Un catalogue de 1919 montre
que c’est après la Première Guerre
mondiale que le système logique de
désignation des calibres commence
à s’imposer, à savoir le diamètre de
la balle par la longueur de la douille
– 6,5 x 57, 9,3 x 62, etc. Sous 8 x 57,
Remerciements on lit toutefois entre parenthèses :
Nous remercions « anciennement Express 360/57/8 »
la société RUAG (!). En ce qui concerne notre 8 x 57 IR,
pour bien avoir l’appellation reste M.88/8R, avec
voulu nous confier cette fois entre parenthèses : « Ancien-
différents documents nement Mod. 88/8 mit Rand [avec
et données tirés de bourrelet] ». Le chargement disponible
leurs archives, tout avec une Spitzgeschoss semble être
particulièrement
une balle pointue n’ayant peut-être
d’anciens catalogues.
pas le diamètre du projectile mili-
Les calibres d’express Trop fort n’a jamais manqué
Le 9,3 x 74 R
Le roi des calibres de battue
et le plus puissant de la famille
Ce serait la version à bourrelet du 9,3 x 62 et à Europe centrale. La chasse en battue
explosant de concert avec les popula-
ce titre sans doute le plus puissant de nos calibres tions de sangliers, le 9,3 x 74 R et les
express qui le tirent vont s’installer
de battue « classiques » pour armes basculantes. dans le paysage cynégétique français.
Le calibre y gagne ses galons de
Son recul est parfois critiqué mais jamais « cartouche la plus efficace » (avec
le 9,3 x 62) pour le tir de Sus scrofa
ses résultats, sur cerf, sanglier ou chevreuil. et des cervidés.
Le 9,3 x 74 R est un vrai calibre d’arrêt. Efficace

et universel
L
e 9,3 x 74 R est arrivé gine du 9,3 x 74 R (285 grains), alors Durant sa longue existence, le seul
dans le monde de la que les versions Westley et Purdey reproche qui a pu lui être fait est son
chasse au début des dépassent toutes les 300/310 grains. recul assez sec dans les express trop
années 1900, certaine- En Allemagne, il existe à cette légers ou dont les crosses sont peu
ment après 1909 car il époque une tripotée de 9,3 à bour- adaptées, trop fines ou trop pentées,
n’est pas présent cette année-là dans relet beaucoup moins puissantes mais voire conçues pour « frimer » pas pour
les catalogues d’un grand distribu- dont deux d’entre elles peuvent avoir tirer. Les fabricants de cartouches ont
teur allemand. Pas plus que sa date inspiré la 9,3 x 74 R : la 9 x 70 dite donc développé des balles un peu plus
de naissance précise, on ne connaît Mauser et la 9,3 x 72 R Sauer. Une légères mais largement suffisantes
l’identité de ses parents. Une seule autre, plus rare, la 9,3 x 74 R Nimrod, pour tous les gibiers communément
chose est certaine : il fut conçu pour a peut-être aussi eu une influence. rencontrés. Si l’emploi de ces balles
Considéré par
beaucoup comme la
offrir aux colons allemands d’Afrique Avec sa balle originale, une classique ne pose aucune difficulté dans une
version à bourrelet de l’Ouest une cartouche polyvalente chemisée à pointe plomb qui pèse kipplauf, un mixte ou un drilling,
du 9,3 x 62, ce avec des performances proches du 18,5 g comme celle du 9,3 x 62, lan- il est plus problématique dans un
qu’il est sur le .400-360 Westley Richards, Purdey cée à vitesse modeste, le calibre va express en raison de sa vitesse plus
plan balistique, le ou Fraser ou du .360 N° 2 des British. vite se tailler une réputation de « tueur élevée bien que la généralisation
9,3 x 74 R possède Notez que la version Fraser utilise efficace » sur le gibier africain, puis de la convergence réglable résolve
une origine assez une balle dont le poids, 289 grains, est de stoppeur de sangliers, de cervi- désormais le problème.
mystérieuse. très proche de celui de la balle d’ori- dés, de bisons, d’élans et d’ours en Les cartouches de 9,3 x 74 R sont
chargées par presque tous les fabri-
cants, y compris américains depuis
quelques années. Hornady a même
proposé un temps une DGX blin-
dée pour les chasses africaines. La
balle reste disponible pour ceux qui
rechargent et rêvent d’un buffle avec
leur « express à sanglier ». Federal
propose deux excellentes balles,
Woodleigh et Swift, pour grands
et dangereux gibiers. Rares voire
introuvables en France, j’en ai tiré
Une convergence de 2 à 4 cm
à 50 m, des balles lourdes
de 15 à 19 g, le 9,3 x 74 R a
tout de la parfaite médecine
à sangliers en battue.
avec bonheur dans un juxtaposé de

Chapuis Armes. Le 9,3 x 74 R et l’Afrique
Comme les pressions sont limitées « C’est une cartouche que je n’ai jamais canons. Il remplaça rapidement les
en raison des armes anciennes en employée, mais j’ai entendu dire qu’elle divers 9,3 x 70, 72, voire 80 alors très
circulation, la cartouche est souvent est puissante… Je pense qu’elle à été répandus en Allemagne. Sans la défaite
chargée bien au dessous du maxi- conçue pour répondre au .375 H & H allemande de 1918 et l’hégémonie
mum fixé par la CIP. Les vitesses Flanged Magnum », écrit Pondoro Taylor britannique qui s’installa dans le sud du
générées par la munition vont, dans au sujet de la 9,3 x 74 R, avant d’évoquer Continent noir, il est quasiement certain
des canons de 60/61 cm, d’un très une de ses connaissances qui l’utilise que le 9,3 x 74 R aurait connu encore
honnête 885 m/s avec la légère Evo avec succès sur tous les gibiers – cette plus de succès en Afrique. Lorsque,
Green de 11,9 g à 695 m/s pour la assertion confirme au passage une après 1945, le Royaume-Uni cessa
date de naissance postérieure à 1912. de produire des munitions pour ses
lourde Uni Classic de 19 g en pas-
Chargé à basse pression (3 400 bars) armes « africaines », le 9,3 x 74 R servit
sant par 780 m/s (Vulkan de 15 g) pour résister aux chaleurs africaines, de palliatif pour continuer à utiliser de
et 710 m/s (Oryx de 18,5 g). Cette le calibre s’adaptait à merveille aux belles armes anciennes au prix d’un
dernière vitesse est plus ou moins armes basculantes à deux ou trois rechambrage ou recannonage.
standard pour les balles de 18,5 g, à
10 ou 15 m/s près suivant le manufac-
turier, les canons et leurs longueurs. RWS T-Mantel et les Norma Alaska. Comme avec le 9,3 x 62, la vitesse
Ces balles chemisées demi-blindées modérée du 9,3 x 74 R associée à ces
C’est avec la Tug
Le classique de 19 g, devenue cylindro-ogivales à nez rond dont balles lourdes permet de s’affranchir
fit sa gloire Uni-Classic chez le plomb est bien apparent expansent des balles techniques et onéreuses.
RWS, que le fortement mais conservent une masse De plus, les cartouches qui les tirent
En France, comme avec les autres 9,3 x74R a conquis importante, ce qui se traduit par sont moins exigeantes et plus faciles
munitions d’express, le 9,3x74R a les chasseurs une pénétration profonde, en droite à mettre au point (convergence)
connu son heure de gloire avec des français. ligne la plupart du temps, même qu’avec des balles à profils plus
balles on ne peut plus classiques, très après un impact sur un os rond de techniques. Elles sont toujours dispo-
proches du projectile originel : les diamètre conséquent. nibles, tout comme les Sellier&Bellot
Les calibres d’express Trop fort n’a jamais manqué
Les françaises, reines

du sans-plomb
Face à la poussée du sans-plomb et
des « balles vertes » qui caractérise
ce premier quart du XXIe siècle, les
français Sologne et Thifan (Sauvestre)
ont été des précurseurs pour le
9,3 x 74 R avec leurs GPA et Fip.
Le succès jamais Sologne propose deux chargements et
démenti du 9,3 x 74 R deux balles de 11,6 et 15,4 g (laquelle
repose sur sa puissance est aussi disponible sur demande en
mais aussi son choix blindée pour l’Afrique ou l’Australie)
incroyable de balles. et Sauvestre une Fip battue de
16,45 g. Ces balles diffèrent dans leur
conception et fonctionnement non
seulement entre elles mais également
avec toutes les autres balles cuivre
du marché. Elles sont redoutables
en battue, si votre express les tire
bien, pour la bonne raison qu’elles
sont les seules à avoir été pensées
pour cet usage ! Bien entendu, elles
conviennent aussi à d’autres chasses.
SP et les Sako Hammerhead de

18,5g. La Hammerhead combine un
profil presque classique à un noyau
soudé, ce qui peut apporter un plus
lorsqu’on s’attaque à du lourd et
méchant. Bien entendu, il faudra que
la convergence et la dispersion soient
bonnes. À ce sujet, l’apparition des
réglages de canons sur les express
entraîne des délires d’utilisateurs
qui rêvent du « trou dans trou » pour
les deux coups. Si c’est possible sur
certaines « doubles », il faut rappe-
ler que 6 cm entre deux impacts
à cinquante vrais mètres, obtenus
régulièrement sur 6 ou 8 cartouches,
étaient et sont toujours considérés
comme très bons. Le gibier en battue
est rarement une cible fixe, les zones
vitales ne sont pas des pastilles de
2 cm et le tireur doit gérer d’autres
paramètres que la précision « bench
rest ». Certes, qui peut le plus peut le
moins, mais dans le cas des express
il faut savoir raison garder.
Lorsque l’Afrique est passée au
© L. Bedu
second plan pour les utili-

sateurs de cette puissante
cartouche et que les
gibiers européens
sont devenus son
principal domaine
d’emploi, on a vu
apparaître des
balles plus légères
et plus techniques.
Depuis quelques années, La technologie
des charges légères sont aidée par une
proposées dans ce calibre, vitesse plus éle-
comme ces Evo Green vée compensant
de seulement 11,9 g. la masse. Il faut
Le 9,3 x 74 R surclasse
le 8 x 57 IRS et le .30 R
Blaser, au point parfois
d’être considéré comme
surdimensionné.
toutefois se souvenir que ces muni-

tions étaient plutôt destinées aux
armes combinées ou aux kipplaufs.
Pour les express, les fabricants ont
dû s’adapter pour que leurs armes
répondent aux demandes spécifiques
du client. On a plus de chance de
gagner au loto que de voir un express
© B. Berbessou
tirer deux 18,5 g et deux 15 g ou
16,2 g au même endroit.
L’allègement venu
Après les Fip et GPA, on a vu arri- quente le recul de la vieille cartouche,
d’Allemagne ver les chargements à Barnes TSX ce qui permet un entraînement plus
Une fois de plus, Allemands et Sué- ou TTSX sous des noms différents, efficace et fréquent et donc une effi-
dois ont été les précurseurs en pro- comme les Sako Powerhead de cacité accrue.
posant des balles « légères » (RWS 16,2 g. On retrouve une variante de Plus que centenaire, le 9,3 x 74 R
avec les KS de 16 g et Norma avec la TTSX modifiée par RWS avec reste bien le plus puissant et le plus
les Vulkan de 15 g), qui ne rendent sa Hit de même poids. Norma a fait efficace des calibres d’express « non
rien en termes d’énergie et de létalité le pari du léger avec son Eco Strike africains » si on se spécialise sur les
aux balles lourdes. Toutes se situent de 14,9 g, dont j’ai pu vérifier la grands cervidés et sangliers en bat-
entre 4 100 et 4500 J à la bouche pour redoutable efficacité sur de grands tue et si, bien entendu, on maîtrise
encore 3 300 à 3 800 J, voire plus, à sangliers avec ma 9,3 x 62. Chez les son arme. Certaines des carabines
100 m. De quoi anéantir les espoirs Tchèques, on ne dort pas non plus, doubles, quel que soit le calibre, ren-
de franchir la ligne du plus grand cerf avec deux Sellier & Bellot XRG et contreront des difficultés à passer au
ou du plus gros sanglier… si la balle TXRG de 16,2 g dont les formes et « vert » mais l’offre somme toute déjà
va où elle doit aller. le concept diffèrent, particulièrement importante de balles disponibles sur
Lorsque le chasseur a mal placé son au niveau du profil et de la coiffe. ce créneau et les prochaines à venir
tir, un des avantages du 9,3 x 74 R devraient permettre de continuer
(et du 62) réside dans l’importante Centenaire à les utiliser en tâtonnant un peu.
propension de ses balles à ressortir, Tout comme son aîné le 9,3 x 62,
avec pour corollaire des traces plus et un bel avenir le 9,3 x 74 R devrait rester le roi des
faciles à suivre. Autre intérêt pour Brenneke propose une excellente et battues pour longtemps encore ! Q
le chasseur, l’animal accuse presque rapide Tag de 14,6 g et près de 3 000 J
toujours le coup qu’avec de plus à 100 m. La maison de Langenhagen Dominique Czermann
petits calibres moins puissants. Pour offre aussi une Tug Nature à double
autant, même avec cette redoutable noyau en alliage d’étain d’un poids
cartouche, seul un placement par- de 14,2 g, 780 m/s à la bouche et La (bonne) longueur de canons
fait de la balle compte pour obtenir encore plus de 3 300 J à 100 m. Cette
une mort rapide et éthique du gibier balle méconnue a été la première
quelle que soit la marque ou la struc- chemisée « écolo » pour grand gibier
ture de la balle. jamais fabriquée. Elle est à essayer si
Comme on parle battue et express, on cherche une alternative aux balles
je ne vous persécuterai pas avec la monolithiques en alliage cuivreux
DRO, mais comme chez certains ou à l’Evo Green. Dommage que sa
fabricants on peut demander un distribution soit confidentielle.
réglage personnalisé (coûteux) et RWS va plus loin dans la réduction
qu’il existe des express à convergence de poids avec son Evo Green de
© L. Bedu
réglable, la DRO + 4 cm moyenne et 11,9 g à double noyau en étain de

arrondie de tous les chargements du duretés différentes, cloison en H,
groupe Ruag, de Sellier & Bellot et coiffe Speed Tip et chemise nickelée.
de Sako, soit 14 balles différentes, Bien que cette balle et ce chargement Il est aberrant, hormis pour les express « traqueurs »
ressort à 150 m. Le 9,3 x 74 R n’a se destinent plus aux mixtes, drillings comme le Verney-Carron One, de réduire la longueur des
donc rien à voir avec les bombardes et kipplaufs qu’aux express, pourquoi canons des carabines doubles à 55 cm sous le fallacieux
de Crécy ou les tromblons quoi qu’en pas si ça fonctionne dans le vôtre. prétexte de l’encombrement, sacrifiant ainsi le swing, le
suivi et les performances des munitions. Un express à
disent certains piliers de forum ou de Notez que cette année l’Evo Green
canons de 60 cm reste moins encombrant (100 à 102 cm)
comptoir. Si on retire les munitions devient l’Evo Strike chez Norma. qu’une carabine à tube de 53 voir 51 cm suivant le boîtier.
les plus tendues (Evo green/Evo Toutes ces balles plus légères ont en Le monde de la mode est décidément peu rationnel !
Strike), on tourne autour des 140 m. commun de réduire de façon consé-
Les calibres d’express Virulents, modernes ou pas
Le .30 R Blaser
& Co…
… Ou plutôt
les autres et le .30 R !
Il y a les trois stars que nous venons d’évoquer…
Mais les autres ? Oubliés, dépassés, démodés
ou nouveaux et en vogue ou n’ayant pas (encore)
rencontré le succès, les calibres d’express
sont nombreux. Petite revue d’effectifs
des anciens et récents qui ont dû survivre
ou grandir à l’ombre du .30 R Blaser.
À
la fin du XIXe siècle,
lorsqu’apparaissent
les carabines doubles
à cartouches métal-
liques, qui devinrent Le .30 R Blaser a
les « express » pour la majorité des été créé pour offrir
chasseurs, le marché est largement aux possesseurs
dominé par les Anglais. Les muni- d’express des
tions originelles sont de ce fait d’ori- performances
gine britannique. Les Allemands proches du .30-06.
vont s’en inspirer ou développer des
munitions spécifiques souvent déri- avec des longueurs d’étuis allant
vées de modèles à gorge, ainsi que
Aux origines jusqu’à 86 mm. Les 8 mm que nous
d’autres au contraire très originales Les fabricants d’Europe centrale connaissons (8 x 57 IRS et IR notam-
mais oubliées aujourd’hui. Dans le proposent des express pour la chasse ment) ne sont pas en reste, le 7 x 57 R
dernier tiers du XXe siècle, la demande au grand gibier européen dès le début se rencontre moins souvent mais
pour les express de battue va inciter du XXe siècle. Les calibres les plus est bien présent, tout comme des
certains fabricants à proposer des répandus sont souvent dérivés des 10 et 11 mm aux longueurs d’étuis
chambrages spéciaux, étonnants pour munitions militaires sous forme de variables.
le profane, Blaser de son côté déve- cartouches à bourrelet. On trouve un En Allemagne, pour compliquer les
loppera une cartouche à son nom. nombre considérable de 9 et 9,3 mm choses, les étuis de certaines muni-
La .30 R créée par
Blaser et qui équipe,
forcément, ses express
et express drilling est
la plus récente des
cartouches en vogue
dans cette catégorie.
tions sont disponibles en version E express de calibres potentiellement

et D, pour différencier les bourrelets adaptés à nos contrées, comme le
de type anglais (E) et allemand (D). .303 et divers .400-.350/.360 qui ins-
De toutes les cartouches allemandes pireront (apparemment) le 9,3 x 74 R. Le « petit » 6,5 x 57 R
du premier quart de siècle seules Cette époque est riche en innovations
subsistent aujourd’hui en charge- et chaque fabricant essaye de faire Petit frère du 7 x 57 R, le 6,5 x 57 R peut aussi se retrouver
ments d’usine les 6,5 x 57 R, 7 x 57 R, mieux ou plus original que l’autre. sur des express fins et légers. Chapuis Armes l’offrait et
7 x 65 R (cf. p. 60), 8 x 57 IR (rare) et On verra même des express cham- l’offre peut-être encore sur une bascule de 28. Destinée
IRS (p. 66), le 8 x 75 RS, le 9,3x72 brés en .22 Savage HP. D’un autre surtout aux battues de chevreuils et petits sangliers, cette
cartouche n’est pas ridicule si les balles sont choisies et
(rare) et le 9,3 x 74 (p. 74). côté, des cartouches remarquables
placées avec soin. Bien que les chargements soient peu
En France et en Belgique, les fabri- ne connaissent aucun succès ou nombreux, la DK de RWS paraît bien adaptée pour les
cants vont réaliser des express très peu, comme les 8 x 65 R/RS et express et si on arrive à régler la convergence, et Brenneke
dans des calibres moins courants et 9,3 x 65 R Brenneke, basées sur les offre une Tag et une Tog qui devraient « décoiffer ». Avec
presque oubliés aujourd’hui : .303 8 x 64 et 9,3 x 64. encore plus de 2 000 à 2 200 J à 100 m, ces trois « petites
British (Lee Medford, puis sa ver- La défaite de l’Allemagne et le traité balles » à structures complexes sont bien plus efficaces
sion moderne Lee Enfield), 8 x 51 R de Versailles, qui interdit le 8 x 57, que ce que les valeurs papier laissent penser. Autrefois,
dit Lebel et .405 Winchester par entraîneront la création de la 8 x 60 il existait une H-Mantel de 10,4 g qui était surtout utilisée
exemple, pour les superbes express et ses versions à bourrelet pour les dans les armes combinées et sur des gibiers de tailles
Idéal qui n’ont rien à envier aux armes combinées et les express. conséquentes. Le 6,5, comme le 7 x 57 R, est une cartouche
armes anglaises ou allemandes. Bien Aujourd’hui, les 8 x 60 RS et 8 x 64 RS à basses pressions, autour de 3 400 bars. Si vous avez
un express de ce calibre, ancien ou moderne, faites-vous
que plutôt axés sur leur empire colo- seraient bien plus adaptés aux express
plaisir, sortez-le de l’armoire !
nial, les Britanniques offrent des modernes que le .30-06 qu’on veut
Contrairement aux autres 8 mm R ou
RS, il ne dérive pas d’une version à
gorge. Toutefois, on trouve parfois
des 8 x 75 S sans bourrelet qui ont
été réalisées à partir des étuis type R
de DWM ou RWS, particulièrement
dans la période 1939/45.
Quoi qu’il en soit, c’est une puis-
sante cartouche qui enterre les 8 x 57,
60 et 64 R/RS. Elle est née à une
époque où les poudres étaient vives
et violentes, donc demandaient des
étuis longs pour gérer la vitesse et
la pression. Le 8 x 75 est homologué
à 3 800 bars comme le 7 x 65 R et
personne ne semble s’être alarmé de
la résistance des bascules. Si vous
voulez un express dans ce calibre,
vous devez tenir compte de la rareté
des chargements et des offres ainsi
que du coût.
Il semble qu’il employait à l’origine
des balles type T-Mantel puis Tig de
12,7 g, voire plus tard des H-Mantel
de 12,1 g. Aujourd’hui, les poids
courants s’échelonnent de 12,1 à
13 g suivant les fabricants. Sologne
propose sa GPA de 12,7 g à 835 m/s
à la bouche et 3 450 J à 100 m. De
quoi venir à bout du plus monstrueux
des « Attila » qui ne peuplent pas nos
contrées. Comme le cuivre n’est pas
encore obligatoire, Sologne propose
aussi une 11,7 g Nosler BT et une
Nosler Partition de 13 g. SAX offre
une KGJ de 8,2 g très rapide, qu’il
Le .30 R Blaser sera certainement difficile d’adap-
nous faire avaler à toutes les sauces. autant choisir une munition qui aille passe à tort pour ter à un express à canons soudés
Mais c’est la cartouche des vain- avec les armes de luxe que pro- plus puissant et plutôt destinée aux kipplaufs,
queurs, business is business. duisent ces artistes. que le 9,3 x 74 R mixtes et drillings. Blaser proposait
Pour le petit express Chapuis Armes, aux yeux de la 8 x 75 RS en balle CDP et en deux
une option en calibre .30-30 existait 8 x 75 RS, douceur nombreux
chasseurs.
poids différents mais à ce jour la car-
aussi. Ça fera sourire les adeptes touche n’apparaît plus sur son site. Si
des magnum, mais pourquoi pas et puissance Ce qui est vrai, vous avez un express conformé avec
lorsqu’on ne tire que chevreuils, Sa date de naissance est incertaine. c’est qu’il offre une ou l’autre de ces balles, mieux
une énergie
petits sangliers et renards. Avec de Son créateur semble être Behr Waffen élevée pour un vaut en acheter plusieurs boîtes
1850 à un peu plus de 2 000 J sui- Fabrik, un fabricant basé à Suhl. Mais recul moindre tant qu’il s’en trouve encore chez
vant la longueur de canons et les la version Behr emploie un projectile que celui du 9,3. quelques commerçants. Le prix de la
chargements, la vénérable cartouche de 8,1 mm, comme les 8 x 57 I ou IR, 196 grains CDP peut faire peur – plus
américaine, comme la petite 6,5, fera alors que la RS emploie la balle de
le boulot si le tireur s’interdit des 8,2 mm, comme la 8 x 57 IS. Son étui
tirs scabreux, place ses balles et sait est presque semblable à celui de la
s’abstenir de tirer. J’ai vu tomber 9,3 x 74R, ce qui fait aussi dire qu’elle
quelques sangliers de 50 à 60 kg en est simplement dérivée par rétreint
sous une GPA de 9,7 g tirée d’une du collet. Mais sans certitude sur sa
Winchester 94 et même quelques date de naissance, tout cela n’est
belles biches. Si vous avez un express que conjecture, et de peu d’impor-
de ce calibre – certains datant de la tance pour le chasseur. Aujourd’hui,
Belle Époque –, c’est à mon avis la il n’existe plus que la version RS.
balle à essayer. L’artisan autrichien Scheiring en a
Je laisse de côté les 8 x 60 IR et IRS tiré une version en 8,5 mm, sorte de
et les 8 x 64 RS et 8 x 64 R Brenneke .338-74R standardisée.
qui, malheureusement, ne sont plus Le 8 x 75 est un calibre sur lequel
produites industriellement, pour on entend un maximum de bêtises,
aborder le cas de la 8x75RS, qui la plus courante voulant qu’il soit
semble faire un retour, particuliè- la version à bourrelet du 8 x 68S,
rement chez les artisans autrichiens. une munition apparue au moins
Si on veut se distinguer de la masse, vingt-cinq ans après le 8 x 75 R/RS.
de 160 € la boîte chez Frankonia –,
mais quand on aime… Alternatives
potentielles, le rechargement ou la
Sologne Partition, à vérifier en cible
bien sûr – c’est là qu’on apprécie la L
L’origine du 8 x 75RS est floue,
convergence réglable ! m
mais une chose est sûre,
Un conseil gratuit d’un gars qui n’aime c
cette cartouche à balle de
pas le cuivre : si vous achetez un 8
8,2 mm est par ses dimensions
p
proche du 9,3 x 74 R.
8 x 75 RS neuf à convergence fixe, L
La cartouche CDP n’est
faites-le régler avec des GPA, vous plus au catalogue Blaser.
p
serez paré pour la chasse et le sauve-
tage de la planète, avec la garantie de
trouver des munitions. Ce chargement
est plus adapté aux battues que la ce pourquoi elle est conçue. L’étui ans, Blaser nous confirmait que les
SAX, très (trop) rapide et légère. est incontestablement inspiré de celui ventes d’express en .30 R étaient du
Même s’il existe d’autres charge- du 9,3 x 74 R, même s’il en diffère, même niveau que celles en 8 x 57 IRS
ments plus ou moins improbables, particulièrement au niveau de la base et 9,3 x 74R.
le performant 8 x 75 RS n’est pas le et du bourrelet. Aujourd’hui, RWS propose toujours
calibre de Monsieur Tout-le-monde, trois chargements en .30R, une Evo
surtout si on brûle beaucoup de car- Un peu « too much », Green de 9 g, une Uni de 11,7 g et une
touches. À moins de ne jurer que Evo de 11,9 g, mais la KS de 13 g a
par le 8 mm, il semble plus logique le .30 R ? disparu. Blaser offre deux balles, une
aujourd’hui de se rabattre sur un Dans le dernier quart du XXe siècle, CDP de 10,7 g et une CDC en cuivre
.30 R Blaser ou même un 9,3 x 74 R les express, présentés par la presse de 10,4 g, qui n’est qu’une version
qui, dans ce cas, sera réglé avec des cynégétique comme la quintessence modifiée de la Barnes TTSX. C’est
balles plus légères que les 18,5 g des armes de battue et de l’éthique, chez Sologne que l’on trouve le plus
(autour des 14/15 g). sont en plein boum. Les « experts » grand nombre de chargements, avec
Tous les fabricants de carabines reprochent au 8 x57 IRS son manque deux GPA de 9,6 et 11,7 g pour les
rêvent d’avoir une ou plusieurs muni- de puissance, une critique à laquelle « écolos » et six chargements dans
tions à leur nom. Blaser n’échappe nous ne souscrivons pas, au 9,3 x 74 R la gamme Classic allant de 9,7 g à
pas à la règle et, en 1991, Gerhard son recul et au 7 x 65 R sa pression 14,3 g. De quoi alimenter sa cara-
Blenk, PDG de Blaser, associé à excessive (là c’est plus original) bine pour tout type de chasse et de
RWS, développe ce qui va devenir qui fatigue les bascules. Le .30 R gibier de l’hémisphère Nord. Sau-
le .30 R Blaser, appellation qui selon Blaser, au nom prestigieux et chargé vestre aligne une Fip Battue et une
la tradition juxtapose le calibre en par RWS, apporte la solution. Les Approche de 10,6 et 10,95 g. Pour
normes anglo-saxonnes et le nom mêmes « experts » laisseront de côté les adeptes du sans-plomb et des
du concepteur. les pressions destructrices de bas- vitesses improbables, SAX propose
À l’origine, le .30 R est pensé pour cules (Blaser oblige !) mais van- sa KJG de 8 g et plus de 1 000 m/s,
les kipplaufs et armes combinées. Il terons la valeur du .30 R pour des qu’il sera difficile de régler dans la
doit être plus puissant que les .30-06 express légers, alors qu’il développe majorité des express. Brenneke offre
et 8 x 57 IS mais moins violent et jusqu’à 600 bars de plus en pression deux chargements, une Tug de 11,8 g
remuant que les .300 magnum tout en max… Quoi qu’il en soit, ceux qui et une Tug Nature de 9,5 g, parfaites
facilitant l’utilisation dans des armes recherchent plus de « patate » que pour celui qui possède un express à
basculantes. C’est une sorte de .300 n’en offrent les 7 et 8 mm et moins convergence réglable et qui ne veut
H & H Flanged Magnum moderne de recul qu’avec le 9,3 vont trou- pas tirer des monolithiques. La Tug,
dans un étui moins volumineux mais ver avec le .30 R Blaser fusil à leur dont la conception était très en avance
conçu pour opérer à pressions éle- épaule. Pour réaliser rapidement à sa sortie, reste une référence pour
vées (4 400 bars CIP en pression qu’il est aussi un peu « too much » le tir des grands animaux. C’est à
max). La cartouche fait exactement dans les express légers. Il y a deux peu près tout ce qu’il est facile de
Le cas du 7 x 57 R
Bien que peu fréquent et 735 m/s ou une SPCE de simple qui travaillent bien sur Sauvestre, avec deux Fip de
pas proposé en série par 11,2 g à 725 m/s développent tous les gibiers communs chez 9,55 et 9,4 g. Brenneke dispose
les fabricants de carabines en gros l’énergie des DWM à nous, y compris les cervidés. d’une remarquable gamme,
doubles, le 7 x 57 R peut encore balles blindées de 11,2 g du Le recul réduit et l’existence dont une Tig Nature et une
se rencontrer dans des armes 7 x 57 Mauser qui ont rendu de munitions peu onéreuses Tag pour les « écolos » mais
du siècle précédent comme célèbre Karamojo Bell. Dans donne envie de s’entraîner. aussi une Tog. La maison de
les Brno ZH344. Toujours très un express bien réglé, employé Sellier & Bellot propose neuf Langenhagen propose sa
apprécié en Europe centrale, par un chasseur qui sait ce chargements dont deux sans Tig de 11,5 g, toujours jeune
en particulier dans les qu’il fait, la petite cartouche plomb. RWS en offre trois, dont et performante, qui devrait
armes combinées, le calibre est encore plus efficace une Evo Green, Norma trois théoriquement simplifier les
n’inspirera que mépris d’une aujourd’hui qu’en 1900. aussi, dont l’excellente Tip réglages des anciens express
majorité de chasseurs français Les traqueurs et postés qui Strike de 10,4 g, et Geco deux, de ce calibre. Il y a de quoi
et tous ceux qui pensent que emploient des mixtes dans ce dont une Zero sans plomb. faire. Bien entendu, comme
seule la vitesse compte ou que calibre ne s’en plaignent pas, Ajoutons à ces marques, PPU pour tous les calibres cités
plus c’est gros, mieux c’est. bien au contraire. Munition à la Partizan et surtout les français dans cet article, chacun devra
Pourtant une Sellier & Bellot vitesse assez modeste, elle se Sologne, avec une GPA et une contrôler convergence et
à balle SBT de 11,35 g à contente de balles à structure Barnes de 9,7 g et 10,4 g, et groupements dans son arme.

Étrangement,
se procurer dans ce calibre puissant, des express Baikal. Réglé au départ la KS a disparu le rechargeur avisé et patient pourra
qui s’intercale parfaitement entre le pour la balle classique de 300 grains, de la liste des améliorer la puissance « des fois qu’on
.30-06 et le .300 Winchester Magnum il est très facile de l’optimiser pour cartouches vienne à manquer ».
quand tous les paramètres sont égaux. la 325 grains FTX d’Hornady, la RWS en Beaucoup plus récent, le .444 Marlin
convergence étant ajustable. Si, sur .30 R Blaser. a été proposé dans certains express.
Les munitions le papier, le calibre semble anémique, Sologne en
revanche
Là encore, la cartouche trouve une
sur le terrain, aux distances de battue utilisation à sa mesure bien que
américaines et d’express, il reste redoutable, les en propose souvent employée avec une balle
Je terminerai en parlant de muni- utilisateurs d’armes à levier le confir- huit, dont de 240 grains un peu trop fragile.
deux GPA.
tions qui me tiennent à cœur et qui meront. Les express Baikal étant d’une Aux distances de battue, le calibre
conviennent bien aux express pour grande solidité et chambrés pour des est très efficace. Si les chargements
la chasse du grand gibier en battue. calibres développant plus de pression, disponibles sont moins nombreux
Après que Théodore Roosevelt eut aujourd’hui, Sologne le propose, tout
fait connaître, dans son ouvrage Afri- comme le .45-70 et le .405 WCF. Ses
can Game Trails, le .405 WCF qu’il Baikal et chargements sont raisonnables pour
utilisa au cours de son célèbre safari, le calibre russe les trois calibres, et dans la fourchette
les Belges et les Français mais aussi Baikal, aujourd’hui difficile à trouver du fait de l’embargo, basse pour le .405 WCF.
les Anglais ont chambré des express a offert ses express juxtaposés et superposés dans le J’ai évité ou laissé de côté les .30-06
dans ce calibre puissant. On se sou- bon vieux calibre réglementaire russe : le 7,62 x 54 R. et .308 Winchester, voire .270 Win-
viendra entre autres des express Ideal Cette vénérable munition est une excellente cartouche de chester et .300 Winchester Magnum,
de la Manu… Si vous trouvez un chasse qui a abattu et abat toujours nombre de grands qui n’ont rien à faire dans un express
express dans ce calibre, Winchester et gibiers, dont les grands ours sibériens, les élans géants de battue sauf pour faire plaisir aux
Hornady proposent des chargements du Kamtchatka mais aussi sangliers et cervidés de Russie. marchands, ainsi que les calibres
proches de celui d’origine. Facile à En Finlande, il jouit d’une excellente réputation de précision anecdotiques ou trop anciens, comme
et de létalité. Si vous trouvez un express dans ce calibre,
recharger, le calibre lance une balle n’écoutez pas les rabat-joie, il fera tout aussi bien que le
le 9,3 x 72 ou le 8 x 51 R Lebel. Je n’ai
de 19,4 g de 620 à plus de 670 m/s. Ne .30-06 dont on vous rebat les oreilles en étant plus fiable pas voulu non plus dérouler une suite
riez pas de cette vitesse, la cartouche à l’extraction ou l’éjection, même s’il est un peu moins de tables balistiques, vous savez où
est puissante, avec plus de 3 000 J à puissant. Les munitions ne sont pas pléthoriques, mais les trouver et comment les lire intel-
100 m. Sangliers et grands cervidés disponibles chez Sellier & Bellot, Norma, Partizan PPU. ligemment. En allant à l’essentiel,
n’apprécient pas. Les étuis se rechargent très bien et il est facile de dupliquer j’espère avoir réussi à vous donner
Autre calibre américain considéré par les valeurs usine. Les balles de calibre .308 donnent un envie de dépoussiérer vos vieilles
certains spécialistes comme désuet bon résultat dans la plupart des express même si elles carabines doubles ! Q
et à réserver au chevreuils (ce dont sont théoriquement sous-calibrées (.310/.311 à l’origine).
je doute, vous l’aurez compris), le Lapua proposait un chargement avec l’excellente Mega Dominique Czermann,
vénérable .45-70 est chambré dans en 7,62 x 53 R (7,62 x 54 R en .308/.309), hélas arrêté. photos Bruno Berbessou
Chapitre 4
Les raisons de chasser en battue

à l’arme lisse restent nombreuses,
les balles offertes aussi !

© B. Berbessou

Et l’arme lisse 12 magnum ou pas
Le fusil
de chasse
aussi
Balles sans plomb :
bientôt la norme ?
Les politiques, les scientifiques, la Commission
européenne et bien sûr les écologistes, tous poussent
pour l’interdiction du plomb à la chasse. Cela
concernera la grenaille, les balles de carabines mais
aussi celles de nos fusils de chasse. Voici donc un
état des lieux de ce que vous pouvez d’ores et déjà
tirer dans un canon lisse ou boyaudé.
A
u train où va l’évolu- puisé dans les tests réalisés par des
tion de la réglementa- armuriers de différentes régions à la
tion et les menaces qui sortie de ces cartouches. La réunion
pèsent sur le plomb, de tous ces résultats nous donnant
chasser le grand gibier un bon aperçu des performances de Désignation
avec son fusil préféré avec des muni- ces sans-plomb, nous allions pouvoir
tions classiques ne sera sans doute répondre à la question qui taraude pas
plus possible à l’horizon 2023- mal d’entre vous : leurs performances Prevot V12 S
2024. Alors, pour ne pas que vous sont-elles, sinon comparables à celles Sauvestre BFS
vous retrouviez démuni quand la d’une carabine, au moins suffisantes Ddupleks Hexolit
bise [sera] venue, nous avons étudié pour la pratique de la battue quelles Solognac Speed Brenneke
douze cartouches à balle sans plomb qu’en soient les conditions ?
pour fusils de chasse. Des munitions Le premier de nos critères de com- Federal Barnes Expander Sabot
de calibre 12 pour lesquelles nous paraison est la sacro-sainte énergie. Baschieri & Pelagri Lead Free
avons eu l’occasion de mener des Pour évaluer nos cartouches à balles Hornady SST Shooting Slug
essais au cours des dernières années sans plomb pour fusil, nous avons Solognac Speed
et donc accumulé un certain nombre pris pour étalon un calibre très en
Winchester XP3
de mesures, à commencer par la vogue depuis une bonne vingtaine
vitesse, l’énergie et le groupement. d’années, le 8 x 57 JRS, choisi par la Tunet Super Sabot
Outre la banque de données que majorité des chasseurs qui acquièrent Remington Copper Solid
constitue la revue, nous avons aussi un express. Nous avons mesuré les Fier Expansive Nature

12 balles de calibre 12 sans plomb
Vitesse Poids de Groupement Énergie Poids Largeur
à 2,50 m la balle H+L Pénétration en joules restant Énergie de cavité Prix
Types de balle (en m/s) (en g) (en cm) (en cm) à 2,50 m (en g) à 35 m (en cm) d’une boîte
Pour canons lisses
Sous-calibrée sans plomb 622 18 3485 19 €
Sous-calibrée sans plomb 575 19,86 4,8 28 3283 15,14 2127 4,5 28,90 €
Ddupleks 425 32 6,4 20 2890 27,18 2086 4,5 14,90 €
Sous-calibrée sans plomb 550 19 2870 18,90 €
Pour canons rayés
Slug BP 545 22,9 5,6 3401 24,90 €
Slug SST 579 19,45 3259 21 €
Sous-calibrée sans plomb 550 24,73 9,5 3259 18,90 €
Sous-calibrée sans plomb 575 19,42 8,6 25 3210 19,12 2845 5,7 24,50 €
Brenneke Super Sabot 415 35,25 9,8 3035 23 €
Fier 445 24 4,6 2390 21 €

Et l’arme lisse 12 magnum ou pas
performances de ce calibre avec une cartouche de carabine 8 x 57 JRS. de 100 m. Prix : 29,90 € la boîte de 5.
balle Norma Vulcan de 12,7 g. Cette Elle est par conséquent adaptée pour O Baschieri & Pellagri Lead Free :
munition grande chasse pour express le tir de sangliers mi-lourds et lourds poids 22,9 g, vitesse 545 m/s, énergie
développe une énergie à la bouche jusqu’à une cinquantaine de mètres. 3 401 J. Une sans-plomb dotée d’une
de 3 385 J et de 2 950 J à 50 m. Le Prix : 19 € la boîte de 10. énergie impressionnante, avec une
diamètre de la balle est de 8,2 mm et O Sauvestre BFS (cf. Armes de surface frontale qui va foudroyer
nous pouvons considérer qu’il double Chasse n° 60, 2016, « 8 balles nou- les plus beaux gorets jusqu’à 50 m.
lors du champignonnage. velles pour fusil », p. 76) : poids 20 g Prix : 24,90 € la boîte de 10.
(310 grains), vitesse 480 m/s, énergie O Hornady SST Shooting Slug :
Douze balles 3 283 J. Groupement parfait à 50 m, poids 19,45 g, vitesse 579 m/s, éner-
avec une H + L (hauteur + largeur) de gie 3 259 J. Dans un fusil à canon
et deux familles 4,5 cm. Très bonne balle pour tout rayé, cette balle peut, comme la
Face à ce calibre et sa balle Vulcan, gibier jusqu’à 70 m, à condition de Federal, vous permettre des tirs loin-
nous avons donc douze balles sans vous appliquer ! Prix : 28,90 € la tains jusqu’à 100 m à condition que
plomb pour fusil, que nous avons boîte de 6. votre arme soit équipée d’un point
réparties en deux familles, celles O DDupleks Hexolit : (cf. Armes rouge ou d’une lunette et que vos
préconisées pour le tir dans des canons de Chasse n° 60, ibdm) : poids 32 g, départs soient suffisamment souples
rayés et celles recommandées dans des vitesse 425 m/s, énergie 2 890 J. Une et nets. Prix : 21 € la boîte de 5.
canons lisses. Dans l’équipe « canons balle à l’expansion intéressante avec O Solognac Speed : poids 24,73 g,
lisses », nous comptons quatre muni- des groupements H + L de 6,4 cm à vitesse 550 m/s, énergie 3 259 J. Le
tions : Prévôt V12, Sauvestre BFS, 50 m. Prix : 14,90 € la boîte de 10. très bon groupement à partir d’un
DDupleks Hexolit et Solognac Speed O Solognac Speed Brenneke sans canon rayé vous permettra de réaliser
Brenneke. Dans l’équipe « canons plomb : cette balle de 19 g devrait des tirs lointains précis à même de
rayés », elles sont huit : Federal Barnes arriver prochainement en armurerie, rivaliser avec ceux des carabines
Expander Sabot, Baschieri & Pellagri vitesse 550 m/s, 2 870 J. Elle vous express. Prix : 18,90 € la boîte de 5.
Lead Free, Hornady SST, Winchester permettra d’arrêter net des sangliers O Winchester Supreme XP3 (cf.
XP3, Tunet Super Sabot, Solognac de belle pointure à condition de bien Armes de Chasse n° 25, 2007, « Bren-
Speed, Fier Expansive et Remington placer votre tir. Prix : 20,90 € la neke et Cie », p. 40) : poids 26 g
Copper Solid. boîte de 10. (403 grains), vitesse 485 m/s, énergie
L’énergie de toutes ces munitions 3 058 J. À n’utiliser que dans un
est comprise dans une fourchette de Les balles pour canon rayé Supra, car tirées dans un
2 613 à 3 567 J à 2,50 m, ce qui est canon lisse, les balles arrivent dans
inférieur aux performances de notre canons rayés la cible de profil. Prix : 24,50 € la
8 x 57 JRS. Disons que les résultats O Federal Barnes Expander Sabot : boîte de 5.
des premières à 25 m sont du même poids 21 g (326 grains) ; vitesse à O Tunet Super Sabot (cf. hors-série
ordre que ceux de la seconde à 50 m. 2,50 m 579 m/s, énergie 3 567 J (à n° 12, 2019, « 9 nouvelles balles de
Mais outre l’énergie, la masse et le 25 m, 553 m/s et 3 248 J ; à 100 m, calibre 12 », p. 50) : poids 35,25 g,
diamètre du projectile importent éga- 479 m/s et 2443 J) ; surface frontale vitesse 415 m/s, énergie 3 035 J.
lement. L’énergie fait la part belle à après expansion 185 mm2. Une balle Bien que nous nous attendions à
la vitesse – registre où l’arme rayée parfaite si vous possédez un canon une énergie encore plus importante
domine – au détriment de la masse rayé Supra, avec un système de visée pour cette balle, cette énergie et le
et de la surface frontale – où cette équivalent à celui d’une carabine système ingénieux de
fois la balle sans plomb de calibre (point rouge ou lunette), jusqu’à plus masse percutante mis
12 l’emporte. Passons au détail des
résultats (tirs à 2,50 m, présentés par
ordre de puissance décroissante), où
des surprises vous attendent.
Les balles pour

canons lisses
O Prevot V12S : poids 18 g, vitesse
622 m/s, puissance 3 485 J. Cette
cartouche développe une vitesse
impressionnante pour une calibre 12,
son énergie est supérieure à notre

précise dans votre arme, groupera ses fusil ne permettant pas des tirs précis
impacts dans un cercle équivalent au-delà de 30 m. Il est toujours pos-
à un pigeon d’argile à une quaran- sible de tuer un beau sanglier passé
taine de mètres tout en conservant cette distance, mais le fait relève plus
l’énergie nécessaire pour tuer net les de la chance que de la maîtrise du
plus gros spécimens.Il n’est certes tir. Comme le montrent nos chiffres,
pas question de faire les tirs à avec certaines munitions, il faudra
grandes distances que permet même s’abstenir de tirer un grand
une carabine, ou une kipplauf, animal au-delà de 25 m. Et bien que
pour la chasse en montagne, mais d’autres se montrent capables de
si vous allez traquer le sanglier ou si performances surprenantes à 50 m
au point par Brenneke en font une vous êtes posté dans une battue où et plus, la distance du tir de battue
munition redoutable en battue dans les allées ne dépassent pas les deux reste comprise entre 15 et 35 m pour
un canon rayé. Avec un peu d’entraî- mètres de large, votre fusil vous un posté. Quant au traqueur, il tire
nement, vous allez faire pâlir les apportera beaucoup plus qu’une entre 5 et 15 m maxi lorsqu’il en a
carabiniers ! Prix : 23 € la boîte de 5. carabine ou un express. Une arme l’autorisation, ce qui n’est pas le cas
O Remington Copper Solid : poids lisse vous permet en effet de souvent dans de nombreuses chasses.
28 g (435 grains), vitesse 432 m/s, mieux viser et doubler. L’habitude, Votre fusil et la munition sans plomb
énergie 2 613 J. À n’utiliser que dans l’équilibre et la vivacité sont des que son canon porte le mieux vous
un canon rayé Supra, dans un canon arguments qui plaident en sa faveur. donneront entière satisfaction pour
lisse, les balles arrivent dans la cible Dans des conditions où le tir instinc- la traque ou la battue de chevreuil
de profil. Prix : 21,90 € la boîte de 5. tif au coup d’épaule s’impose, vous et de sanglier. Le plus important
O Fier Nature Expansive : poids 24 ferez la différence avec votre super- est de placer la balle correctement
g, vitesse 445 m/s, énergie 2 390 J. posé ou votre juxtaposé. Certaines pour un effet foudroyant et ne pas
Une balle à expansion contrôlée de nos douze balles développent endommager la venaison. Au-delà
dont le groupement vous permettra une énergie suffisante pour arrêter de 50 m, une carabine équipée d’une
de réaliser des tirs sur tous les gros un gros sanglier de 150 kg, même lunette ou d’un point rouge reste la
gibiers jusqu’à 50 m. Prix : 21 € la à moyenne distance. À plus longue règle pour des tirs précis, sûrs et
boîte de 5. distance en revanche, si la mon- donc efficaces. Q
tée à l’épaule reste un avantage, la
De quoi aller chasser précision de la visée ne sera pas au José Nogent,
rendez-vous, le grain d’orge de votre photos Bruno Berbessou
grand et gros
Cette présentation aurait pu être
encore étoffée avec d’autres balles
moins répandues, mais nous avons
préféré limiter notre panel à des réfé-
Les balles plomb rences courantes. Ces douze « calibre
et notamment
12 » sans plomb constituent déjà
les Brenneke,
à droite, ont une offre assez large dans laquelle
trouvé de bonnes vous êtes sûr de trouver de quoi
remplaçantes aller chasser le gros gibier avec votre
avec les douze fusil favori quand le sans-plomb sera
sans-plomb de devenu la règle générale. Il y a assu-
notre article. rément parmi elles une balle qui sera
Et l’arme lisse Bonnes feuilles
Fusil Idéal Colonial N° 120 R calibre 12 de 1903. Canons en damas Éclair éprouvés
à la poudre pyroxylée, bande plume, quadruple verrou. Bascule avec renforts
latéraux. Pistons ciselés de feuilles d’acanthe. Devant glissant. Crosse demi-pistolet
avec renforts latéraux de premier type. Bretelle automatique. Pontet lunettes,
sûreté de second type, levier d’ouverture ajouré de troisième type.
L’Idéal,
du Colonial à l’Express
Calibres 10 et 8 Paradox,
.450 et .375
L’Idéal n’est pas seulement le plus célèbre des fusils de chasse
de la Manufrance. Il fut aussi une arme de grande chasse
en version Colonial, dans de gros et puissants calibres lisses,
mais aussi en version Express. Dans son ouvrage, Le fusil Idéal,
le plus parfait et le plus beau fusil du monde, Frédéric Vergne
aborde les deux facettes de cette arme décidément à l’aise
partout et face à tous les gibiers.
E
n 1903, le marché des sont des armes lourdes, 3,400 kg Des tests effectués en 1903 prou-
colonies est en pleine pour l’Idéal, et déséquilibrées vers vèrent qu’effectivement les canons
expansion et la Manufac- l’avant à cause du poids important conservaient une dispersion accep-
ture y est présente depuis des canons, utilisables seulement table avec les plombs et une remar-
plusieurs années par ses pour un type de chasse particu- quable précision avec le tir à balle
agences. Sur le chiffre d’affaires de la lier. Par conséquent, le chasseur de jusqu’à 150 m.
Manufacture de 8 millions de francs, brousse était contraint de s’équiper
2 millions sont réalisés à l’export, d’un second fusil à canon lisse pour Succès dans
soit 25 %. La série des Idéal Express, la facilité d’approvisionnement des
en calibre .500 puis .50, a été créée cartouches pour tirer le petit gibier. les colonies
Vue en coupe
pour ces marchés afin de répondre du choke C’est pourquoi la Manufacture pré- Ces Idéal, fabriqués dans les calibres
aux besoins des colons et des explo- Paradox, sente en 1903 l’Idéal Colonial, équipé 16, 12 et 10, n’avaient certes pas la
rateurs pour la chasse aux fauves et les rayures du fameux système de canons Paradox, puissance de l’Idéal Express ou la
aux pachydermes. Mais les express occupent breveté le 27 août 1885 sous le n° 7 568 qualité de groupement des fusils à
les derniers par le colonel Fosbery et initialement canons lisses. Cependant, le poids
centimètres commercialisé par Holland & Holland. et l’équilibre, identiques à ceux des
des canons. Le principe consistait à rayer les der- armes de chasse traditionnelles, auto-
niers centimètres du canon au niveau risant un tir rapide avec une visée
du reforage afin de pouvoir tirer des instinctive firent leur succès dans
plombs, comme avec n’importe quel les chasses coloniales. De plus, les
fusil de chasse, et des balles de gros munitions en calibres 12, 16 et 10
calibre avec une précision avoisinant étaient disponibles dans tous les
celle d’une carabine. pays du monde, à un prix acces-
Et l’arme lisse Bonnes feuilles
sible. Il suffisait de s’équiper

du moule à balle adapté pour
pouvoir recharger soi-même ses
munitions dans n’importe quelle
contrée éloignée.
Ces fusils Idéal, très rares
aujourd’hui, sont des armes
magnifiquement réalisées qui
portent en elles toute la puissance
de l’Afrique ou l’Asie sauvage de
l’époque. Taillées pour résister
à toutes les situations, elles sont
extrêmement robustes.
Outre le canon spécial Paradox en
acier Hercule trempé cinq palmes,
ces fusils, uniquement à extracteur,
comportent un quadruple verrou,
des oreilles de renforts relevées
sur la bascule ainsi que des ren-
forts de crosse spécialement déve-
loppés pour ce fusil. Il s’agit de
deux armatures formées par deux Le Colonial poignée pistolet. Elles sont reliées
plaques d’acier forgées et encastrées Idéal, entre elles par des vis en acier qui
extrait du
de chaque côté de la poignée. Ces traversent la poignée.
Tarif-album
deux plaques s’étendent depuis la de 1903. Quatre modèles sont proposés,
bascule dont elles forment le pro- deux en calibres 16 et 12, et deux
longement jusqu’à l’extrémité de la en calibre 10. Il s’agit respectivement
des Idéal N°120 R et 130 R, et des
Idéal N° 125 R et 135 R. Les modèles
N°130 et 135 sont d’une finition
sobre mais exemplaire et comportent
le poinçon « MDF » des directeurs de
la Manufacture.
Les Idéal Colonial de 1903 ne com-
portent pas de hausse et la bande
est identique aux Idéal classiques.
Ceux fabriqués à partir de 1904
comportent une bande droite suré-
levée sur le premier tiers du canon
avec une hausse à trois planchettes
identique à celle des Idéal Express,
ainsi qu’un guidon dérivable. Les
modèles N°130 et 135 sont appelés
Excelsior à partir de 1904 et com-
portent des coquilles ciselées. À par-
tir de 1908, la hausse ne comporte
plus que deux planchettes. Dans tous
les cas, ces réalisations sont de pures
merveilles d’armurerie.
placée par deux nouveaux modèles
Cinq ans plus tard, à pontet classique : l’Idéal Express
N° 8 et N°16.
l’Express Il ne s’agit pas seulement d’une nou-
Le Tarif-album 1908 marque l’avè- velle numérotation ni d’un change-
nement de certaines nouveautés et ment de forme du pontet mais bien
y apparaissent les nouveaux Idéal d’une toute nouvelle gamme Express
Express, complètement revus. C’est d’une très grande qualité et d’un
l’abandon des N° 30, 35, 40 et 45, grand aboutissement technique.
Fusil Idéal Express N° 8 calibre .450 de 1910. Hausse mais surtout de l’ancien calibre L’Idéal Express N° 8 est chambré
à trois planchettes rabattables et une planchette fixe. de .50 qui propulsait une balle de pour la très puissante cartouche de
Guidon dérivable. Devant glissant. Crosse demi-pistolet 19,44 g à la vitesse de 468 m/s. Cette .450 qui propulse une balle de 31 g
avec renforts latéraux et réserve de quatre cartouches. série d’Idéal Express est donc rem- à 629 m/s avec une charge de cor-
Pour en savoir
plus : le livre
Frédéric Vergne est tombé
amoureux de l’Idéal lorsqu’il
était enfant, à l’instant de sa
rencontre avec un « simple »
modèle N° 2 ou 3 de calibre 16
appartenant à son grand-père, qui
suscitait l’admiration de toute la
famille. Le fruit de cette passion
d’enfance, devenue objet de curiosité puis plus tard
de collection, est un magnifique livre de 400 pages
richement illustré et nourri de l’étude approfondie
d’archives, de documents d’époque, de catalogues
mais aussi et surtout de l’examen poussé de tous les
modèles d’Idéal réalisés par Manufrance. Cet ouvrage,
dont vous découvrez ici un extrait consacré aux modèles
Colonial et Express deuxième mouture, est construit de
manière chronologique, de 1885 à 1985, et rassemble
non seulement tous les modèles fabriqués mais leurs
déclinaisons, les accessoires et tout ce qui de près ou
de loin se réfère au fusil de Manufrance. Vous l’aurez
compris, il est de ces ouvrages essentiels pour l’amateur
d’armes de chasse ! (L. B.)
Format 31 x 24 cm, 400 pages,
plus de 300 illustrations, 84 € (port compris).
À commander sur le site des Editions La Manu,
www.lamanu-armes-edition.com,
paiement par CB (ou par chèque à envoyer à :
Éditions La Manu, La Goutte,19260 Veix).
autres continents, à savoir le calibre

.375 Anglais et le .303 Lee Metford.
Deux calibres plus « légers » que le
redoutable .450 Anglais et surtout
plus polyvalents. Les caractéris-
tiques sont pratiquement identiques
à celles du N° 8 mais la plaque de
couche est métallique et les poids
sont ramenés à 3,350 ou 3,550 kg
en fonction du calibre. Une version
luxe est aussi proposée.
Ces fusils Idéal Express ne com-
portent pas de bretelle automatique
Idéal Excelsior Colonial N° 130 R pour des raisons évidentes de résis-
calibre 12 de 1908. Canons en acier tance de la crosse, seule une réserve
Hercule trempé cinq palmes. Bande de quatre cartouches peut être amé-
spéciale avec hausse à deux feuillets (50 nagée sous la crosse sur demande
et 100 m). Quadruple verrou. Marquage
spéciale. Ils ne comportent pas non
MDF. Extracteurs. Bascule avec renforts
latéraux. Devant glissant. Marquages pour plus d’indicateurs de chargement
le tir à balle sur la table des canons. pour éviter les projections vers le
visage du tireur en cas de rupture
d’amorce ou de douille. À partir
dite de 4,20 g. C’est une munition forts de crosse solidement encastrés de 1910, les Idéal Express seront
exclusivement destinée à la chasse dans la bascule, ce qui en fait une dotés de canons en acier Hercule
aux grands fauves et pachydermes véritable arme de brousse, capable trempé cinq palmes.
d’Afrique. Le fusil est construit en de résister aux pires conditions. Une Ces magnifiques fusils ont été
conséquence et son poids est de version luxe est toutefois proposée fabriqués en très petite quantité,
4 kg. Il est équipé d’une plaque- avec de très belles gravures et cise- quelques dizaines d’exemplaires
amortisseur pour supporter le fort lures qui en font un fusil express de tout au plus, et sont aujourd’hui
recul de la munition, d’une détente grande classe. extrêmement recherchés. Q
droite articulée, d’un canon en acier À côté de ce fusil de « spécialistes »
Hercule trempé quatre palmes avec est également proposé le nouvel Frédéric Vergne,
des rayures progressives. Il comporte Idéal Express N° 16 chambré dans extrait du « Fusil Idéal,
une hausse à planchettes, des renforts deux calibres différents, très popu- le plus parfait et le plus beau
relevés sur le canon ainsi que des ren- laires et faciles à se procurer sur les des fusils du monde »
Chapitre 5
À de rares exceptions près, il n’existe

pas de balles « spéciales battues
de sangliers ». C’est à vous de faire
le tri parmi l’offre du marché.
Pas simple… Alors nous
l’avons fait pour vous.
Avec ou sans plomb !

Quelles balles pour la bête noire ? À l’ancienne
Les balles
de battue
« classiques »
Leur portrait-robot
et l’offre du marché
Quelles sont les balles de battue et à quoi
ressemblent-elles ? Sujet sans fin, question récurrente
et redondante, dans la presse cynégétique et entre
chasseurs. Au point d’avoir parfois l’impression de
tourner en rond à chaque ouverture. Mais cela dit aussi Les Américains, pourtant
bien éloignés de la battue,
toute l’importance du sujet ! Alors voici un nouvel proposent désormais des
balles remarquables dans
état des lieux, pour cette saison 2021-2022. cet exercice.
Les « anciennes »
L
e choix d’une balle est
bien sûr précédé de
celui de son calibre. Le Certaines balles ont plus de cent ans
minimum que je recom- d’existence et connu une évolution
mande, en termes de dia- constante. Que ce soit les classiques
mètre (calibre), de poids de balle et chemisées à bout rond, comme les
d’énergie résiduelle à 100 m, n’est T-Mantel, les Alaska, voire certaines
pas nécessairement celui légalement Core-Lokt, ou celles plus pointues
autorisé chez nous en battue, l’expé- comme les Power-Point et SPCE,
rience m’ayant convaincu que les elle ont fait et font encore le travail
normes des Scandinaves et des Alle- lorsque le chasseur fait le sien.
mands étaient bien plus pertinentes. Sans frime et économiques, celles
Je parlerai donc uniquement de muni- La bonne balle utilisées en battue sont en général
tions développant au moins 2 000 J à l’employer ? Aucun calibre d’arme de de battue doit lourdes pour le calibre, ce qui leur
100 m avec une balle de 6,5 mm de chasse ne peut garantir la mort d’un expanser, permet de conserver une masse suffi-
diamètre minimum pour 140 grains, cerf ou sanglier si la balle atterrit dans traverser, garder sante pour assurer la pénétration. On
soit 9,1 g plutôt que l’aberration la tripe du gibier ou qu’elle passe sa masse et leur reproche une fragmentation plus
française (encore une) des 1000 J et à côté de lui. Ce qui convient à un délivrer au ou moins importante et, depuis peu,
5,6 mm. Passons ! chasseur expérimenté et dans la force moins 200 J la pollution au plomb du gibier. À ce
Le chambrage de la carabine doit de l’âge ne convient pas à un jeune de à 100 m. sujet, si j’ai enterré des amis chas-
être choisi en fonction du type de 65 kg, qui ne pourra pas s’entraîner seurs, aucun d’entre eux n’a présenté
chasse et du gibier, sous réserve avec une arme trop violente pour lui. de cas de saturnisme aigu. Quoiqu’il
que le chasseur le maîtrise. Si on est Les femmes qui chassent en Europe en soit et jusqu’à nouvel ordre, elles
incapable de gérer recul, bruit et relè- nous démontrent chaque saison la restent efficaces, le gibier n’ayant pas
vement d’un .300 ou .338 Magnum validité de ce qui précède en sachant suivi l’évolution des chars d’assaut.
ou encore d’un 9,3 x 74 R, pourquoi choisir le calibre adapté. Toutefois, dès le début du XXe siècle,
La balle de battue :
mythe ou réalité ?
La balle chemisée pour la battue n’existe pas, même
si certaines s’en approchent ! Il n’existe que des balles
polyvalentes qui se comportent plus ou moins bien en battue
en fonction du tireur, des calibres employés, de leur vitesse
initiale et d’impact (tributaire de la distance), du gibier, de
sa taille, de sa constitution, des distances de tir moyennes,
variables et souvent personnelles, du biotope susceptible
d’interférer au cours de la trajectoire (végétation dense Les Tig et Tug de Brenneke, disponibles désormais chez RWS sous les noms
ou espace ouvert). Je ne parle pas ici d’un tir à travers les d’ID et Uni Classic, ont toujours été de bonnes balles de battue binodales.
buissons (à proscrire totalement) mais de petits branchages
ou rameaux qu’on ne voit pas lors du lâcher. Comme pour des références dans nos battues, leur reprendra l’idée de l’H-Mantel, ce
tout activité associant paramètres techniques et humains, prix élevé n’étant pas jugé rédhibi- qui donnera sa célèbre Partition.
les avis diffèrent et entraînent des débats passionnés, toire au vu de leur efficacité. Conçues Cette balle qui n’a cessé d’évoluer est
souvent biaisés par des bases statistiques inexistantes en 1919 (Tig) et 1935 (Tug), elles une valeur sûre pour la battue et les
ou limitées, où l’exception devient trop vite généralité.
sont toujours chargées par Brenneke, grands animaux et même si elle a dû
ainsi que par RWS sous les noms essuyer elle aussi des reproches pour
des balisticiens ont voulu amélio- ID et Uni. Toutes deux restent une ses dégâts à la venaison et ses éclats.
rer les performances des balles option très valable. La H-Man- Elle combine expansion importante
de chasse, même si la battue tel aussi, mais son éloge et rapide avec pénétration profonde.
n’était pas au premier plan. Les m’expose à la réception de Les balles Interlock de Hornady,
Brenneke Tig puis Tug à double lettres d’insultes, aussi ne disponibles dans sa gamme Whitetail,
noyau, à la chemise complexe m’étendrai-je pas. sont des balles classiques, à l’excep-
au rebord tranchant réalisée en L’Alaska est une balle plomb En 1948, Nosler, pour tion du noyau, maintenu en place par
acier nickelé, ont longtemps été traditionnelle et efficace. limiter la désintégration, un redan interne qui le verrouille.
ciienne
La SPCE, chargée par
Sellier & Bellot et bien d’autres.
La Tug a été créée
en 1935 et reste
aujourd’hui une valeur
sûre en battue.
La gamme Whitetail
d’Hornady est dotée
de balle Interlock dont
le noyau de plomb
est maintenu par un
Les Vulkan et les Plastic Point de Norma redan interne.
continuent de faire la joie des chasseurs qui
les utilisent parfois depuis plus de 30/40 ans.
Hormis leur ogive sécante qui parfois expansion violente et la mort sou-
n’est pas bien acceptée par certaines vent spectaculaire qui s’ensuit, avec
Et les modernes
armes, elles restent des références. des dégâts parfois importants, leur Les balles à noyau soudé sont appa-
Autres balles toujours efficaces, valent des critiques dans certaines rues aux États-Unis au début des
les Norma Vulkan continuent de chasses. Si elles fonctionnent pour années 1960 pour résoudre les pro-
faire les beaux jours de nombreux vous, continuez à les employer et blèmes créés par l’augmentation
utilisateurs d’express réglés avec, laissez râler ! de la vitesse venant mettre à mal
tout comme les Plastic Point pour les Je vais en rester là, n’ayant pas la l’intégrité des projectiles, entraînant
utilisateurs de semi-automatiques, place pour un inventaire à la Prévert, désintégration, séparation et pénétra-
qui parfois n’avalent que ça. Leur mais vous avez compris l’essentiel. tion trop faible. Elles sont arrivées en
Europe avec la Sako Hammerhead,
© Leica
une « semi-round nose » conçue pour
le tir à moyenne et courte distance
du grand gibier en Finlande et Scan-
dinavie. Mal distribuées, elles res-
taient rares sur le marché français.
Aujourd’hui, la Hammerhead et sa
cadette plus aérodynamique, la Super
Hammerhead, ont trouvé leur place
En 9,3 x 74 R, toutes dans nos battues. Peu d’utilisateurs
les balles (lourdes) sont les critiquent et si critique il y a, elle
bonnes pourvu qu’elles découle d’une erreur du tireur. Dures
soient précises. sur les chevreuils, les deux Sako
limitent les dégâts à la venaison et,
sur les cerfs, biches et sangliers, elles
sont fiables et efficaces, combinant
expansion et pénétration.
Mais c’est Norma, en 2000, qui a
réellement imposé le noyau soudé
avec son excellente Oryx. Bien que
non spécialisée, c’est une excellente
balle pour la battue. Elle le prouve
depuis plus de vingt ans partout où
on pratique les chasses collectives.
Si, comme les Sako, elle ne pos-
sède pas le profil d’un missile, elle
convient bien à des tirs plus longs
que la moyenne suivant les calibres
utilisés. Elle est conçue à l’origine
pour limiter les dégâts à la venai-
son et conserver 85 à 95 % de son
poids suivant calibres, vitesse et zone
d’impact. Elle est bien adaptée aux
munitions rapides et aux vitesses
d’impact importantes mais expanse
bien (mieux que la Hammerhead)
lorsque la vitesse chute. Elle ressort
dans la grande majorité des cas, ce
qui facilite la recherche.
Malgré l’automatisation de la fabrica-
tion et la numérisation des contrôles,
La Tip Strike est une des rares
balles du marché présentée
comme une balle de battue.
Norma propose désormais La Speed Tip Pro de

son Oryx en version Silencer, RWS est une bonne
pour canons courts et/ou balle de battue qui
armes dotées d’un silencieux. existe elle aussi en
version canon court.
la production des balles à noyau acier nickelé, la gorge de sertissage

soudé reste onéreuse et complexe. joue le rôle de « coupe-poils » associé
Chez Norma, elle nécessite entre dix au culot V-tail (évolution du culot
et douze opérations successives, ce des Lapua D46 des années 30) et à
qui en explique le coût. la coiffe Speed Tip (évolution des
coiffes de Nosler BT et dérivés).
Les jeunes Tout cela donne une balle complexe,
onéreuse à fabriquer mais hautement
inclassables efficace. Conçue pour un emploi
La recherche pour le projectile ultime polyvalent, elle est redoutable en
continue, la quête est sans fin. Si le battue. On la retrouve dans certains
marché n’avait pas été façonné à ce chargements Short Rifle bien adaptés
point par les produits américains, aux carabines de battue.
la prédominance de la chasse en La Speed Tip peut être considérée
battue en Europe, qui ne fait que comme l’équivalent d’une Nosler
gagner du terrain, y compris dans BT Hunting. Comme cette dernière,
le nord du continent, aurait sans elle fera le travail mais reste considé-
nul doute décidé les fabricants à rablement plus fragile que la Speed
développer une vraie balle de battue. Tip Pro pour des tirs à courtes ou
Une balle moins pointue, avec des moyennes distances avec des muni- pour le tir des cerfs de Virginie et La Super
Hammerhead
flancs parallèles plutôt longs – un peu tions rapides. Elle et toutes les balles cerfs mulets à l’approche ou à l’affût
fut la première
comme les balles de grande chasse de ce type seront plus à l’aise pour et pour garantir un effet immédiat balle à noyau
africaine –, qui combinerait expan- des tirs lointains. afin que le gibier ne parte pas chez soudé européenne,
sion rapide mais contrôlée, surface La Tip Strike de Norma est présentée les voisins (il semble que l’américain elle expanse en
d’impact importante – donc pas de par le fabricant comme une balle de soit farceur… et territorial), l’Extreme fonction de la
pointe effilée mais une calotte hémis- battue et pourrait bien supplanter les Point est devenue chez nous une balle vitesse mais aussi
phérique pour protéger la cavité Vulkan et Power Point tout en appor- de battue très économique et specta- de l’animal atteint.
d’expansion –, sans arrière fuyant tant un plus par son noyau bloqué, un culaire lorsqu’elle est bien coffrée.
ou réduit, pour limiter la longueur peu comme une Hornady Interlock.
ou augmenter la masse à longueur Je ne la considère pas comme une
égale, etc. Mais ce type de balle res- balle de battue mais je l’y utilise
S’attendre au pire
terait confidentielle outre-Atlantique, depuis ses premiers tests avec beau- et s’y préparer
sauf peut-être pour les chasseurs des coup de satisfaction. Elle combine Contrairement à l’approche, où le
forêts du Maine ou du Nord-Ouest. La expansion et pénétration avec une chasseur peut se positionner au
tendance est donc aux balles pointues grande précision. C’est une de mes mieux, le tir de battue est déterminé
et, en général, bi-ogivales. balles favorites pour le tir du mouflon par l’emplacement et surtout la course
RWS en propose deux, les Speed et des daims jusqu’à des distances du gibier. Le chasseur peut être amené
Tip et Speed Tip Pro. Bien que leurs très importantes. Elle est disponible à tirer selon un angle qui obligera la
balle à pénétrer profondément et en
noms et leur allure générale les rap- depuis moins d’un an en 9,3 x 62 et
droite ligne pour tuer proprement.
prochent, elles sont très différentes. 74 R. Essayez-la si vous n’êtes pas Que cela plaise ou non aux donneurs
La Speed Tip Pro peut être consi- obsédé par l’échéance du sans-plomb. de leçons d’« éthique ». D’autre part,
dérée comme un croisement très En battue, avec ma .308 Winchester l’état du gibier (poils, graisse, masse
évolué d’une H-Mantel et d’une Tug ou avec une .30-06, j’ai pu prélever musculaire) varie au cours de la
avec quelques gènes de Nosler BT. des grands sangliers, séchés de façon saison, il est sous adrénaline, couvert
L’avant du double noyau, moins spectaculaire. Mes préférées sont de boue et sa course complique le
dense et plus réduit que l’arrière, les 7 et 8 mm. Des chargements placement parfait de la balle, c’est
expanse rapidement, l’arrière, bloqué « Silencer » pour canons courts sont pourquoi il faut tirer court. La balle
par la cloison en H, plus dense et proposés depuis cette année. doit pouvoir travailler même lorsque
plus important, assure une pénétra- Browning, qui commercialise les tous les paramètres jouent contre
elle. Mieux vaut prévoir le pire pour
tion rectiligne et une sortie dans la munitions Winchester, a fait le for-
récolter le meilleur.
majorité des cas ; la chemise est en cing avec une balle atypique. Conçue
Elle se caractérise par sa cavité impor- num ou le 8 x 60, avec un poids com- Il est basé sur des expériences per-
tante, de grand diamètre, protégée par pris entre 10,2 et 12 g. C’est une balle sonnelles, complétées par l’expertise
une coiffe plastique. Elle entraîne une sans compromis sur laquelle on peut et l’expérience des autres. Mais ne
expansion à la limite de l’explosion particulièrement compter lorsque le perdez jamais de vue que le meilleur
lorsque la vitesse d’impact est élevée gibier est puissant et solide. Son prix matériel, la balle la plus technique
ainsi qu’une importante destruction permet d’en acheter plusieurs boîtes dans la cartouche la plus onéreuse
des tissus et une mort rapide. Cette d’un même lot, de s’entraîner et de n’auront jamais raison de cette loi
fragilité peut générer un manque de soigner les réglages sans se ruiner, imparable : le résultat de l’action
pénétration sur de grands et solides c’est un point important. Elle jouit de chasse reposera toujours sur les
animaux, s’ils sont recouverts d’une d’une bonne réputation aux États- épaules du chasseur et la précision
croûte de boue ou si la balle frappe Unis, où elle est vendue sous le nom de son tir. Aucune des balles citées
de gros os ronds. Lorsque la vitesse de Thunder. ne pourra faire mentir cette règle ! Q
tombe, elle se comporte comme une Je termine ici ce petit récapitulatif
bonne balle classique avec une expan- forcément incomplet et non limitatif. Dominique Czermann
sion toujours garantie. En calibre .30,
Winchester a écouté les doléances et
sorti une version de 11,7 g pour le
.30-06 et le .300 Winchester Mag-
num, qui complète les 9,7 g. Cette
approche intelligente augmente l’effi-
cacité, même si le résultat est un peu
moins spectaculaire.
Autre balle atypique, la PPU Partizan
Grom, disponible en 7 et 8 mm ainsi
qu’en calibre .30. Les Serbes savent
faire du matériel et sont chasseurs :
cette balle optimise et améliore le
concept de l’ancienne Hirtenberger
ABC et s’impose comme une des
balles techniques les plus efficaces
et les moins onéreuses du marché,
lorsqu’on en trouve. Elle existe du
7 x 57 R au .300 Winchester Magnum La Deer Season, Extreme Point chez nous, est une balle de battue efficace
en passant par le 7 Remington Mag- qui génère des résultats spectaculaires, avec des animaux séchés nets.
Pourquoi les balles à noyau soudé sont-elles si cotées ?

Les balles à noyau soudé sont dans la zone des 300 m, le désavantage
d’excellentes balles de battue, théorique des Oryx, Hammerhead, Super
particulièrement sur les grands animaux Hammerhead ou Power Core pénalise
tirés de près ou lorsqu’on emploie un peu le chasseur qui utilise le bon calibre,
« petit calibre » trop rapide, en limite a effectué le bon réglage et s’entraîne.
de son domaine d’application. Elles Aux Oryx, Hammerhead, Power Max, Evo,
permettent l’utilisation de balles plus BXC s’ajoutent les Trophy Bonded, sorte
légères à calibre donné en raison de leur de croisement entre une chemisée et
excellente conservation de masse. Leur une monolithique, et les Swift A-Frame
pénétration est sans faille, même après partitionnées et soudées. Il faut, lorsqu’on
impact sur de gros os, et, en comparaison s’intéresse aux balles, déterminer ses
aux monométalliques, leur expansion reste besoins en sachant qu’on peut se passer
maîtrisée et contrôlée lorsque la vitesse des missiles à pointes plastique et que
chute. Leur conception génère moins les balles plus classiques remplissent
d’efforts lors de la prise de rayure, donc parfaitement leur office si on touche la impact à vitesse élevée, la Fusion possède
moins de pression que les monolithiques. zone vitale, y compris à plus de 200 m, ce un pouvoir d’expansion important lorsque
Elle sont parfois plus longues à poids qui nous éloigne de la battue. La Fusion la vitesse tombe. Ce n’est pas une balle
égal que des balles standard, mais cet de Federal, excellente en battue, constitue de match, mais la précision reste bonne.
accroissement de longueur ne pose pas de un cas à part. Elle fonctionne de façon Toutes ces balles sont modernes,
problèmes de stabilisation. C’est un point quasi semblable à une noyau soudé et efficaces, bien conçues, sans compromis,
trop souvent négligé par les défenseurs est considérée comme telle bien qu’elle presque « écolo » car elles réduisent les
du sans-plomb.Les balles de cette n’en soit pas une. Son noyau de plomb éclats de plomb. Elles travaillent sur une
famille diffèrent sensiblement par leurs durci, matricé, reçoit une couche d’alliage plage de vitesse relativement étendue.
conceptions. Une Oryx n’a rien à voir avec cuivreux par processus électrochimique Leurs pointes résistent aux manipulations
une Bond Strike et une Hammerhead qui solidarise les deux métaux. En jouant et chambrages répétés et elles passent
avec une Sirocco. Les balles européennes sur le temps de déposition, on obtient des dans toutes les armes. Elles sont
ainsi que les Power Max Bonded sont épaisseurs variables, établies en fonction onéreuses surtout pour certains calibres,
souvent critiquées pour leur profil des plages de vitesses, des balles et de mais constituent une valeur sûre pour qui
« obtus ». En battue, même de montagne, leurs usages. Indestructible lors d’un chasse le grand gibier en battue.

Quelles balles pour la bête noire ? C
Cuivre,
uivre, eetc.
tc.
Balles de battue
sans plomb
Les spécialistes sont là !
La GPA de
Cartouches Sologne
est la première balle
de chasse sans
plomb française
et même mondiale.
© B. Berbessou

S’il n’existe pas de balles chemisées
spécialement conçues pour la chasse en battue,
ce n’est pas le cas des balles monolithiques en
alliage cuivreux. Par « battue », nous parlons de
chasses traditionnelles où les distances admises
dépassent rarement 100 ou 120 m et sont dans
les faits inférieures ou égales à 50 ou 60. La balle D du capitaine Desaleux
dans une cartouche de 8 x 50 R
Lebel a constitué les débuts
du sans-plomb moderne.
P
our ceux qui prennent
le train en marche, rap-
pelons que la balle en et n’engendrent pas les problèmes
« cuivre » (en réalité un de « collage » rencontrés avec ces
alliage cuivreux) est une Les Barnes, de la
dernières. Si elles n’avaient pas été
invention française. Elle s’appelait plus ancienne à françaises et leurs inventeurs moins
balle D et fut conçue, pour faire la la plus moderne, indifférents à l’international sans
guerre, par le capitaine Desaleux en ou les débuts des doute ces balles auraient-elles connu
1896/1898. Elle exista en plusieurs balles de chasse un succès mondial ! Bien que leurs
poids et longueurs et fut chargée dans monométalliques. structures et leurs alliages diffèrent,
la cartouche de 8 x 50 R Lebel. Éton- les GPA et Fip étaient les seules
namment élaborée pour l’époque, son – jusqu’à l’arrivée en 2007 de la
arrière fuyant et ses performances Les balles Brenneke Tag – à avoir été conçues
balistiques entraîneront, en 1905, la blindées peuvent pour optimiser la létalité lors des
modification du 8 x 57 I en 8 x 57 IS être considérées tirs à courtes et moyennes distances
par les Allemands. comme des sur un gibier lancé, de poids et de
monométalliques, résistance variable.
Un jour dont elles
reprennent
en Alaska… les formes. La Sologne GPA
En simplifiant, on pourrait dire que La balle de Sologne est une balle
l’idée ressurgit aux États-Unis à la elles encuivrent fortement les tubes, expansive à fragmentation contrô-
fin des années 1970 pour un emploi ce qui fait monter encore davantage lée. Sa cavité frontale possède des
chasse avec les premières Barnes les pressions lors des tirs. cannelures internes qui commandent
Solid. Au début des années 1980, Après une série de déboires due à des l’expansion jusqu’à la fragmenta-
Randy Brooks, le propriétaire de lots de cuivre non conformes, Barnes tion. Les pétales ainsi créés, de poids
Barnes Bullets, connaît une mésa- corrige le tir en 2003 avec les TSX. modeste, se répartissent autour du
venture en Alaska avec un très gros La cavité frontale a été redessinée noyau principal engendrant quatre
ours brun et des balles classiques. et trois cannelures de délestage font canaux lésionnels supplémentaires
Rentré, sain et sauf, de son voyage, leur apparition afin de réduire pres- avec autant de cavités permanentes.
il se penche sur la conception d’une sions et encuivrage. À ce sujet, on
balle expansive monométallique. peut se demander si les mormons
De nombreux essais plus tard, il de chez Barnes ne sont pas tombés
retourne en Alaska et tire un énorme sur une ou deux balles fabriquées
ours brun avec une .375 H & H et depuis 1997/2000 par deux petites
une balle de 270 grains à base plate. entreprises françaises, Sologne et
En 1989, cela donne les premières Sauvestre. La forme bi-ogivale (boat
balles X commercialisées comme tail) qui se généralise entraîne une
éléments de rechargement. Elles diminution des poids pour conserver
conservent certes leur masse et une longueur raisonnable.
pénètrent profondément, causant de Bien plus évoluées techniquement et
gros dégâts internes, mais sont très plus spécialisées que les Barnes, les Des Sako Blade et
loin d’être parfaites. La précision va françaises GPA et Fip en alliage cui-
d’excellent à horrible, l’expansion vreux tournées sur des tours numé-
Eco Strike plus lourdes
reste aléatoire, fortement tributaire riques possèdent déjà cannelures La nouvelle Sako Blade est disponible en 10,7 et 11,7 g
de la vitesse d’impact, et les pres- de délestage, rebords tranchants, en calibres .30. Cette balle, bien qu’étant pensée pour un
sions peuvent monter de façon erra- inserts pour faciliter l’expansion emploi général, apporte des améliorations par rapport aux
tique suivant canons et chambrages. (Fip) ou découpes internes pour une Powerhead (Barnes TTSX) pour renforcer son efficacité tant
Les gens qui les utilisent apprennent pétalisation afin de créer des canaux à courte qu’à longue distance. Il en va de même pour l’Eco
Strike qui passe de 9,7 g à 10,7 g pour une plus grande
à réduire les charges de poudre. lésionnels périphériques (GPA). Elles
efficacité sur des animaux résistants.
Réalisées en cuivre pur matricé, sont plus précises que les américaines
Cuivre,
uivre, eetc.
tc.
La Sauvestre Fip deux poids, 8,76 et, à la demande

de chasseurs européens, 11,26 g – un
Le principe de fonctionnement de la chiffre étonnant quand on songe que
balle de Sauvestre (Thifan Industrie), les balles pour .300 Magnum et .30 R
l’autre française élaborée pour la Blaser pèsent 10,6 g.
battue, repose sur un alliage cui- Leur conception dote les Fip et GPA
vreux spécialement élaboré pour sa d’une précision match, ce qui en fait
conception par Jean-Claude Sau- accessoirement d’excellentes balles
vestre. Elle est présentée comme polyvalentes. Sauvestre propose aussi
une balle bimétallique en raison de une Fip Approche. Le principe de la
sa « Flèche Interne Portée » (Fip) GPA a inspiré de nombreux fabri-
qui lui donne son nom, mais, pour cants et « inventeurs », contrairement
les coupeurs de cheveux en quatre, à la Fip, plus onéreuse à produire
cette petite pièce en acier inoxydable et protégée par plusieurs brevets.
ne transforme en aucune manière la Sologne comme Sauvestre commer-
Fip en balle perforante. cialisent leurs balles en éléments pour
Cette petite tige d’inox est contenue le rechargement.
dans une cavité d’expansion rela-
tivement profonde et parfaitement
concentrique et joue deux rôles :
Le modèle allemand
Une GPA
Bien que de petits diamètres, celles-ci modélisée celui d’accélérateur et de régulateur Arrivée plus tard sur le marché
augmentent l’efficacité terminale et entière et de l’expansion, une fois que le pro- (2007), la Brenneke Tag est une
les dégâts aux organes vitaux. Défor- en coupe. Les jectile a passé poils, peau et graisse bimétallique avec coiffe en alliage
més et légers, les pétales perdent cannelures et le cas échéant os et qu’il a com- léger lorsqu’elle est chargée du
pratiquement toute leur énergie dans limitent mencé à se déformer, et d’aide à la .270 Winchester au 9,3 x 74 R mais
le gibier et ne ressortent que très l’encuivrage pénétration en cas de heurt avec un une monométallique sans coiffe en
rarement. Contrairement à ce que et réduisent os solide. Sauf exceptions, elle reste calibre 6,5 mm. Pensée pour la battue
font entendre certains esprits dogma- les pressions. intégrée à la balle, l’alliage cuivreux ou les poussées silencieuses, elle
tiques ou des sornettes de comptoir spécifique champignonnant de façon n’est pas destinée à tirer loin (au-delà
d’après-chasse, ces munitions ne très concentrique par rapport à l’axe de 300 m), mais est une spécialiste
posent aucun problème en battue. de la balle sans générer d’éclats. La des distances courtes à moyennes.
Un pétale (s’il ressort) restera tou- balle conserve près de 100 % de sa Comme la GPA, dont elle reprend
jours moins dangereux que toutes les masse et pénètre sans dévier dans le un peu le principe, c’est une balle
monolithiques ou les balles à noyau corps du gibier. La sortie est quasi à fragmentation rapide et contrôlée.
soudé qui passent au travers du gibier certaine, l’écoulement
comme une aiguille chauffée dans le sanguin important. Le
beurre. J’ai réalisé des tests sérieux, à corps de la balle est
courte distance, en utilisant de la géla- tourné sur machine
tine calibrée, des épaules de porcs, CNC, ses gorges de
des peaux de chevreuils tués la veille délestage aident à
et de puissantes cartouches (9,3 x 62, contrôler la montée en
7 mm Remington Magnum) et n’ai pression tout en limi-
constaté aucune sortie de pétales. La tant l’encuivrage.
trajectoire de la balle, même après En calibre .30-06, la
avoir traversé un obstacle ligneux, a Fip Battue existe en
toujours été rectiligne.
La Sologne GPA reste une des balles
les plus adaptées à nos battues. À
la différence de certaines améri-
caines, elle expanse complètement
et pétalise comme prévu même à La Fip de Sauvestre est
distance « de montagne ». Sologne une bimétallique puisque
propose souvent plusieurs poids son insert est fait d’acier.
dans le même calibre, ce qui la rend Il assure une forte expansion
encore plus polyvalente. et une sortie.
La Lapua Naturalis
n’a pas percé
dans notre pays.
L’importation
aléatoire est sans
doute responsable
de cet échec,
table à vitesse réduite et sans générer
en aucun cas d’éclats, la Naturalis a vu sa forme
sa conception, devenir plus aérodynamique avec
remarquable. une ogive davantage profilée et un
arrière boat tail, ce qui a accru sa
polyvalence tout en respectant les
diktats du marketing, gagnant aussi
deux gorges de délestage et sertis-
sage, toutefois moins prononcées
que celles des Fip, GPA et TSX. Elle
demande un peu plus d’entretien
(désencuivrage) que les balles en
tombac ou recouvertes de nickel.
Je n’ai jamais connu un seul déboire
Une recette avec cette balle, que j’ai beaucoup
venue du Nord utilisée sur grands sangliers et
biches. Dommage qu’elle soit si
Créée entre 2000 et 2002 et amélio- mal distribuée ! Elle est disponible
rée ensuite, la Naturalis n’a pas été du calibre .224 à .366 (5,56 à 9,3)
pensée spécifiquement pour la battue encartouchée ou en éléments de
mais elle y excelle. Pour avoir parti- rechargement. Bien qu’il sorte du
cipé à l’élaboration de son cahier des domaine de la battue, vous note-
charges, je peux témoigner qu’elle rez l’intéressant chargement en
possède tous les atouts pour cela. .222 Remington.
Réalisée en cuivre pur d’excellente
qualité, son efficacité repose sur Une alternative
sa cavité d’expansion en plusieurs
La Brenneke Tag
Après l’impact et avoir passé la peau est une balle diamètres (2 ou 3) et sa coiffe en américaine
et la graisse, elle perd sa partie avant bimétallique polymère (dénommé « polymer- Depuis quelques années, Hornady
qui pétalise, créant des cavités secon- chargée du valve » par les Finnois) qui se com- est le fabricant américain qui s’inté-
daires. Le noyau continue et ressort .270 Winchester porte plus comme un piston que resse le plus au marché européen et
dans presque tous les cas alors que au 9,3 x74R. comme un coin (la pointe polycar- français en particulier – mais où ses
les éclats restent le plus souvent dans Elle fragmente bonate des balles américaines). Lors productions restent paradoxalement
le gibier. En calibre 6,5 mm, la balle rapidement de l’impact, la « valve » compresse méconnues et mal représentées. Il y a
et de manière
de 8,4 g, sans coiffe alu, possède un l’air emprisonné dans la quatre ans, il a sorti une
contrôlée.
large méplat et une cavité d’expan- cavité, forçant le cuivre balle en alliage cuivreux
sion importante. Sa conception la à expanser. La forme optimisée pour nos
rend efficace même dans les char- de la balle lorsqu’on la chasses et pour les tirs
gements « légers » (6,5 x 57, 6,5 x 55, récupère (très rarement) à courtes et moyennes
etc.) et elle devrait bien fonctionner ressemble au champi- distances : l’ETX
en .260 Remington et 6,5 Creedmoor. gnon d’une Fip mais (Extreme Terminal
Les bords de la cavité d’expansion sans l’insert en acier. Performance). La balle
ne sont pas protégés par la coiffe, Conçue pour travailler est parfaite pour les
ils coupent poils et peau comme un de 1 000 à 490 m/s, au semi-autos de battue,
rasoir circulaire. Le cuivre pur de minimum, en offrant rarement employées
grande qualité est recouvert d’un film une expansion accep- pour faire du sniping,
antifriction limitant l’encuivrage et et disponible dans cer-
l’usure des canons. Les cannelures tains calibres .30 et 6,5.
de délestage servent aussi de guides Sa forme a été étudiée
pour la prise de rayures. Notez enfin L’ETX d’Hornady à pointe
que Brenneke propose sa balle en ronde a été quasiment pensée
8,5 x 63. C’est une balle moderne pour l’Europe. Elle convient
digne de son génial inventeur, redou- parfaitement à nos armes
table en battue mais hélas assez mal et à leur pas de rayures.
distribuée. Elle est disponible en
éléments de chargement, y compris Légère et américaine
en calibre .338 (8,5 mm). Dans les chargements courants, une balle sécher les cerfs mulet et à queue blanche avec des
Bien qu’elles n’aient pas été conçues américaine sort de l’ordinaire : la Winchester tirs derrière l’épaule, comme l’annonce son nom
spécifiquement pour la battue, quatre Copper Impact. Légère à calibre donné (9,7 g en américain, Deer Season. Ceux qui s’en servent en
autres balles en alliage de cuivre .30), elle possède une cavité d’expansion profonde, battue en sont très satisfaits. Tout comme avec
peuvent briguer le titre de balles dont la surface d’entrée, protégée par une coiffe l’Extreme Point, je parie qu’une version plus lourde
de battue en vertu d’une concep- polycarbonate basée sur l’Extreme Point, est très ne tardera pas à arriver pour un emploi plus général
tion proche de celle qui caractérise importante. Aux distances de battue, elle s’avère (cerfs et ours en Amérique du Nord). La vitesse ne
théoriquement les projectiles spécia- redoutable malgré un manque de masse en raison fait pas tout, une efficacité terminale régulière et
de son expansion violente et destructrice. Elle a fiable repose sur l’équilibre des paramètres. En
lisés. La première est finlandaise :
été pensée pour la chasse nord-américaine, pour 11,7 g, elle serait encore plus efficace en battue.
la Lapua Naturalis.
Cuivre,
uivre, eetc.
tc.
Sellier & Bellot eXergy
Comme la Naturalis, l’ETX et la Star, l’eXergy n’a pas

été conçue pour être une balle de battue, mais elle en
a toutes les qualités. En cuivre tourné, elle peut être
considérée comme une bimétallique en vertu de sa coiffe
en aluminium. Bien que sa forme extérieure s’approche
de celle de la Naturalis, son fonctionnement s’apparente
davantage à celui d’une Barnes TTSX. La cavité
d’expansion profonde est prédécoupée à l’intérieur et sa
bouche d’un diamètre relativement important est fortement
chanfreinée. La coiffe en aluminium protège la balle tout
en prenant appui sur le chanfrein. Une fois passé poils et
peau, l’expansion est rapide, avec une formation de cinq
segments (pétales) tranchants qui ne sont pas pensés pour
se détacher, contrairement à une GPA. Toutefois, comme
les Barnes tirées de près avec des calibres puissants, il
arrive que les pétales cassent en fin d’expansion mais ils
restent alors dans le gibier. Des gorges de délestage sont
tournées sur le corps de la balle dont l’arrière présente un
chanfrein pour améliorer l’aérodynamisme. Les eXergy sont
disponibles du 6,5 au 9,3 mm. Une version plus moderne,
l’eXergy Blue, vraiment bi-ogivale avec un look de TTSX,
permet des trajectoires plus tendues et des meilleures La Full Boar est une spéciale sanglier
DRO, mais reste inutile pour pratiquement toutes les chargée d’une balle GMX sans plomb
battues traditionnelles. avec une vitesse réduite.
taille. La cavité s’apparente à celle tile à l’impact et sa pénétration sont

de la GMX. Disponible en 125 et importantes. La cavité d’expansion
165 grains en .308 Winchester et est profonde, avec une ouverture de
165 grains en .30-06, l’ETX a prouvé diamètre conséquent pour garantir
son efficacité en battue, en combi- une expansion rapide et réduire les
nant expansion et pénétration sans risques d’obstruction qui limiterait
fragmenter. Elle constitue une belle l’expansion. En calibre .30, elle
alternative américaine aux balles de doit pouvoir expanser aux plages de
battue européennes. vitesses du .308 Winchester comme
du .300 WM. Le corps de la balle
Comme en
pour s’adapter aux chambres des
attestent ces Une nouvelle star possède des évidements de délestage.
armes européennes, certains modèles La partie en contact avec les rayures
ne supportant pas bien l’ogive sécante
champignons des battues ? est importante, l’ogive tangente et
à différentes
typique des balles Hornady. D’autre distances et/ou Retour en Europe, en Allemagne, avec l’arrière fuyant plutôt réduits, ce qui
part, la balle est plus courte à poids vitesses, l’ETX la toute nouvelle Geco Star, dotée de diminue la sensibilité aux divers pas
égal, ce qui la rend moins sensible expanse mais toutes les qualités pour s’imposer de rayures et la rend bien adaptée
aux pas de rayures plus lents que ne fragmente comme une bonne balle de battue. aux chambres standard des carabines
la moyenne. L’orifice d’entrée de pas. Elle est disponible pour l’instant en européennes. Les tests sur le terrain et
la cavité d’expansion est de petite .308 Winchester, .30-06, .300 Win- les résultats obtenus depuis la dispo-
chester Magnum, nibilité des chargements en calibres
7 x 64 et 8 x 57 IS/ .30 tendent à prouver la validité du
IRS. Inspirée libre- concept. Le prix des cartouches en
ment des Barnes fait un choix intéressant pour la bat-
TSX, sans coiffe tue, où on tire plus qu’en chasse indi-
polycarbonate, elle viduelle. La gamme devrait s’étendre
La Star de Geco se destine à des tirs à rapidement pour en faire une incon-
est après la Zero courte ou moyenne tournable de nos battues.
sa deuxième balle distance où le coef- La quatrième candidate pour la bat-
sans plomb, mais ficient balistique tue est l’eXergy, proposée par le
celle qui convient est secondaire mais tchèque Sellier & Bellot (cf. encadré,
le mieux à la battue. la tenue du projec- ci-dessus).
D’autres pistes
Comme les balles chemisées, toutes
les balles « cuivre » peuvent convenir
et faire le travail en battue, certaines
mieux que d’autres, certaines plus La Blade est la balle monolithique mise au point par Sako.
économiquement ou avec plus de
disponibilité. Les contraintes de place
m’empêchent de les lister toutes et
surtout je n’ai pas l’expérience de ter- monter en poids si on affronte des
rain qui me permette de les évaluer, grands sangliers ou des cervidés, que
contrairement à celles qui viennent l’on tire près et que l’on cherche à
d’être présentées. casser les gros os. Mais il faut se sou-
Rappelons toutefois que la légèreté et venir que le principal avantage des
la vitesse tant vantées pour les mono- balles en cuivre réside dans une perte
lithiques ne semble pas la panacée de poids minime après l’impact, ce
dans leur cas, pour bien des raisons, qui permet de tirer un peu plus léger
liées aux lois de la physique. Cela qu’avec des chemisées classiques.
conduit certains fabricants à sortir Comme pour toutes les cartouches et
des versions alourdies de leurs balles, balles, les monométalliques ne rem-
comme Norma avec son Eco Strike, placeront ou compenseront jamais la
ou de proposer des chargements à qualité du tir, le placement de la balle
balles lourdes comme chez Barnes et son adéquation au gibier chassé.
ou Hornady en calibre .30. Pour autant, il existe de rares balles
Pour la battue avec des .30-06, et en alliage cuivreux conçues et opti-
particulièrement le .308 Winchester, misées dès l’origine pour la battue…
les 10,7 g semblent offrir le meilleur Et elles y excellent ! Q Cette Extreme Point Copper Impact est la version
équilibre entre vitesse, masse et éner- sans plomb et tout cuivre de l’Extreme Point.
gie pour nos gibiers types. On pourra Dominique Czermann Elle garde son large insert plastique.
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Chèque à l’ordre de Laurent Bedu – 133, rue de Rome – 75017 Paris (Rens : http:// livres.laurent.bedu.us)
Chapitre 6
© L. Bedu

Ce qu’il faut savoir pour
fabriquer des cartouches
pour sa carabine double
Rechargement Travail par paire
Des cartouches
« express »
Du sur-mesure pour
votre carabine double
On ne recharge pas de la même façon pour un express que
pour une carabine à verrou. Les cartouches à bourrelet,
qui ont souvent été clonées de versions à gorge,
« travaillent » à des pressions plus basses et, surtout,
doivent respecter la sacro-sainte convergence. De l’art
de faire tirer deux canons au même endroit !
D
Le rechargement epuis l’obligation, il y effet différemment : le coup bas d’un
des cartouches a cinquante ans, du tir superposé ou le coup droit d’un juxta-
pour express à balle pour le grand posé chauffe et se dilate au tir, ce qui
n’offre pas autant gibier, la diffusion de influe sur le coup suivant tiré dans le
de solutions que
la carabine express n’a second canon.
pour une carabine
à verrou. À chaque cessé de croître, favorisée par les
arme correspond techniques modernes de fabrication La carabine express,
qui ont permis d’abaisser son prix
un rechargement
idéal qu’il vous de vente. Tout l’intérêt de cette arme une hypersensible !
faudra mettre réside dans la possibilité de doubler Les deux canons, juxtaposés ou
au point. très rapidement le tir sans désépauler. superposés, d’une express semblent
À condition, pour que le second coup parallèles, mais sont en réalité mon-
serve à quelque chose, que la conver- tés de façon à faire converger les
gence des deux canons ait été correc- balles au même point à une distance
tement réalisée. Régler un canon peut donnée. Cette distance est générale-
être considéré comme une opération ment de 50 m, quelquefois 70, soit
simple, mais régler deux canons pour la distance moyenne de tir en battue.
© B. Berbessou
que les balles arrivent au même point On considère excellent un écart de

sur la cible est un peu plus compli- 2 cm à 50 m et encore très bon de 4 à
qué. Les deux canons réagissent en 6 cm, puisque c’est inférieur à la zone
vitale des gros gibiers. Pour l’obtenir,
l’armurier ajuste et soude une cale
Sur la piste de la munition de réglage entre la bouche des canons, vérifie au
Une cible d’essai de tir montrant le modèle. Si ce n’est pas possible, vous devrez stand la taille du groupement obtenu
groupement et mentionnant la distance de rechercher des informations sur les poids de avec la balle choisie, puis retourne
tir et la cartouche utilisée (marque, poids balles et les vitesses initiales des cartouches dans son atelier réajuster le réglage
et type de balle) accompagne toujours une produites à l’époque de la fabrication de votre en fonction de ce résultat.
carabine express neuve. Mais pour une arme arme. La tâche est grandement simplifiée Pour simplifier l’établissement de
d’occasion, il est rare que ce document ait été avec les vieilles express germaniques, qui la convergence, certains fabricants
conservé. Votre armurier pourra vous aider fournissent, par leurs marquages sous les proposent un système de réglage de
en demandant au fabricant la référence de canons, les poids et les types de balles avec la cale, qui n’est plus soudée, en bout
la cartouche utilisée pour le réglage de votre lesquelles leur convergence a été réglée. de canon : un collier fileté ou une vis
© L. Bedu
Une cartouche
pour express doit
chambrer sans effort
afin de ne pas gêner
la fermeture
de la carabine.
Prêt à tirer et à doubler

très rapidement en cas
© Aimpoint
de besoin. L’express est

l’arme reine de la battue !
permettent d’affiner ou de régler la

position de la cale pour rapprocher
les impacts. L’opération s’en trouve
simplifiée, mais reste à confier à un
professionnel, ne serait-ce que pour
économiser la quantité de cartouches
qu’il vous faudrait brûler si vous
vous en chargiez… Et puis, on ne
s’improvise pas armurier, croyez-en
mon expérience.
Aussi fiables soient-ils, ces systèmes
de réglage ne sont pas faits pour être
modifiés sans arrêt. Si vous avez
loupé votre cible, votre arme n’est
pas forcément en cause. Modifier
le réglage de la convergence sur le
terrain après un loupé n’est pas du
tout une bonne idée !
Une carabine express est très sensible
à toute modification. En perturbant
les vibrations et autres harmoniques
des canons, le montage d’une lunette
ou même d’un léger point rouge peut
déplacer les points d’impact et ruiner
la convergence. Lors de l’achat d’une
arme neuve, vous devrez préciser
l’optique que vous envisagez de
monter. Pour une arme d’occasion,
ce montage nécessitera un travail de
réglage par votre armurier, c’est un
surcoût non négligeable à faire entrer
dans votre budget.
Rechargement Travail par paire
1 2 3
1. Des étuis de
4
8 x 57 JRS et
9,3 x 72 R en cours
Le rechargement et la convergence sont au rendez-
vous. Que vous cherchiez une autre
de préparation au entre en scène balle plomb que celle utilisée pour
chargement. Votre express a été conçue pour ne le réglage initial de votre arme ou
2. Ils sont tirer qu’un seul type de cartouches. une monométallique pour remplacer
recalibrés,
Une cartouche du commerce d’une une balle classique, il peut arriver
recoupés à la
bonne longueur, autre marque coiffée d’une balle de que vous n’arriviez pas à trouver
les trous d’évent conception et de poids différents la munition idéale. Une carabine
et les logements peut vous donner une bonne conver- express peut avoir un comportement
d’amorce sont gence… si vous êtes chanceux. Mais de diva capricieuse ! J’ai plusieurs
uniformisés. la chasse n’est pas une loterie et vous fois rencontré des armes de même
Ces opérations devez être absolument sûr de votre calibre qui nécessitaient un type ou
ne seront pas à équipement pour prélever un gibier une charge de poudre différente pour
refaire à chaque le plus proprement et rapidement retrouver la convergence d’origine.
rechargement. possibles. Un tour au stand de tir C’est là que le rechargement peut
3. Des projectiles vous dira si votre arme peut digérer vous sauver la mise.
de poids similaire
d’autres types de cartouches que celle
mais de profils
différents vont pour laquelle elle a été réglée. Tout Les calibres
va pour le mieux lorsque la cartouche
être testés, la
balle retenue dédiée à votre arme reste disponible courants
sera celle qui et que le fabricant n’en n’a pas inter- Nous allons évoquer ici les calibres
donne la meilleure rompu la production sous prétexte classiques que nous rencontrons
convergence. de moderniser sa gamme. S’ajoute dans les chasses européennes. Nous On ne doit pas effacer le nouvel
désormais un nouveau paramètre, laisserons de côté les gros calibres, épaulement créé au tir. Il est descendu
la disparition annoncée des balles principalement britanniques, qui dans la presse (un demi-tour),
traditionnelles à noyau de plomb requièrent un rechargement spéci- l’étui doit chambrer sans effort.
qui nous oblige à préparer leur rem- fique en raison de leur étui à grande
placement. Certains encartoucheurs contenance du fait de leur naissance verrou ou à bloc tombant. Il faudra
proposent d’ores et déjà des car- à l’époque de la poudre noire. donc redoubler d’attention et ne pas
touches pour express avec des balles Les calibres les plus courants des intervertir les tables chargement. Les
homogènes, monométalliques et carabines express, qui font l’objet de canons d’une vieille express germa-
sans plomb. Elles méritent d’être la troisième partie de ce numéro (p. 58 nique en 8 mm doivent être jaugés,
essayées et adoptées si la précision à 82), sont les 6,5 x 57 R, 7 x 57 R, car bon nombre, fabriqués jusque
7 x 65 R, 8 x 57 JRS, 9,3 x 72 R, le dans les années 1930, sont étroits
Le « Guide pratique .30 R Blaser et le 9,3 x 74 R. Cer- (.318 au lieu de .323). La munition
du rechargement » tains sont le clone d’une cartouche 8 x 57 JR peut être rechargée selon les
enfin enrichi et réédité ! à gorge. Tous les étuis précités ont tables du 8 x 57 JRS mais à condition
un bourrelet qui permet le réglage d’utiliser les balles « étroites » de
Les tableaux de chargements présentés de la feuillure et une extraction ou .318. Dans le cas contraire, vous
ci-contre, qui vous serviront à construire
éjection aisée. Le chambrage d’un risquez au minimum une prise de jeu
votre escalier, sont issus du nouveau
Guide pratique du rechargement, écrit par étui à gorge dans une express néces- rapide de votre arme et une absence
notre cher et regretté Alain Gheerbrant et site un extracteur ou un éjecteur de de précision due à une montée et une
mis à jour et enrichi par votre serviteur. construction particulière, plus com- courbe de pression fort différentes de
L’ouvrage compte 250 calibres, soit près de 60 de plus que la pliquée et moins fiable que pour une ce que l’arme est habituée à absorber.
précédente édition, dont les « militaires » légalisés en 2013, cartouche à bourrelet. Les charges Quant au bon vieux 9,3 x 72 R, le
et 2 700 recettes, soit 200 de plus. Vous y trouverez aussi d’un couple cartouche à gorge/car- diamètre interne des canons (.364)
des données pour le 7 x 65 R et le 30 R Blaser. Le premier, touche à bourrelet, tel le 8 x 57 JS et est plus faible que les balles qu’on
que l’on rencontre plus souvent dans des armes basculantes le 8 x 57 JRS, ne sont pas identiques. trouve sur le marché (.366). Votre
ou à bloc tombant à un coup, a été jugé trop rapidement Une cartouche à bourrelet destinée à vénérable express fabriqué au début
inapte à la battue. Le guide et sa clé USB (en forme de balle !) une express sera toujours plus faible, du siècle dernier dans des aciers
contenant toutes les recettes seront disponibles à partir du
la fermeture de ce type d’arme étant moins résistants que ceux produits
premier trimestre 2022 au prix de 65 €.
moins rigide que celle d’une arme à aujourd’hui pourrait ne pas apprécier.
Les tables de rechargement pour calibres d’express
Le 7x57 R - Barnes X FB 150 grains
Le 8x57 R - Sologne GPA 196 grains
Le 9,3x72 R - RWS SPFP 193 grains
Le 9,3x74 R - Barnes X FB 286 grains

© L. Bedu
Tous les paramètres du rechargement

sont déterminés, le rechargement
de vos cartouches peut commencer.
Les étuis et
la procédure librage des étuis. Pour la première Une cartouche différente
Un lot homogène d’étuis neufs utilisation, vous vissez le recalibreur pour chaque canon ?
vous permet d’avoir des chambres dans la presse jusqu’au contact avec Fausse bonne idée !
à poudre de même contenance. Des le support d’étui en position haute.
étuis ramassés au stand ou qui vous Pour la réutilisation d’étuis tirés dans Une arme qui a déjà bien vécu peut avoir un canon plus
ont été donnés par un partenaire de votre arme, vous pouvez pratiquer usé que l’autre, en général celui du premier coup, qui a
chasse peuvent avoir des caractéris- un recalibrage partiel pour préserver été beaucoup plus utilisé. Vous pouvez alors être tenté
de recharger des cartouches différentes pour chacun
tiques différentes, voire avoir subi un leur durée de vie. L’épaulement de
des canons. Ça semble être une bonne idée… en théorie.
grand nombre de rechargements. La l’étui est certainement remonté au Dans la pratique et dans l’action, le risque est grand
précision sera aléatoire et la tension tir, ce qui procure, avec le bourrelet, de mélanger les cartouches ou de ne pas les charger
du collet ne sera pas identique d’un un deuxième point d’appui de votre dans le bon canon. Une meilleure solution est d’inverser
étui à l’autre. La structure de l’étui cartouche dans la chambre. Si vous l’ordre de tir des deux canons, mais encore faut-il que
se modifiant au fur et à mesure des descendez l’épaulement à sa position la dilatation des canons le tolère, ce qui est rarement le
rechargements successifs, les varia- d’origine, le laiton sera inutilement cas car ils ont été prévus pour une dilatation « droite puis
tions de tension des différents collets fatigué. Remontez le recalibreur de gauche ». Si votre arme accepte toutefois ce changement
pourront être ressenties lors du sié- quelques millimètres et, en vous de circulation, un armurier compétent pourra inverser
geage de la balle. Réservez ces étuis servant de votre faisceau de canons le rôle de deux détentes.
« d’occasion » à l’entraînement, tout comme jauges, introduisez l’étui
comme des étuis neufs rechargés trois dans la chambre. Si le bourrelet de parfaitement en place, vissez par
ou quatre fois. La longueur des étuis, l’étui ne se positionne pas au fond sécurité le recalibreur d’un demi-
le trou d’évent et le puits d’amorce des drageoirs de l’extracteur, vis- tour supplémentaire et bloquez sa
seront uniformisés. sez le recalibreur d’un demi-tour bague de fixation. Vous pouvez alors
La première opération est le reca- et recommencez. Lorsque l’étui est recalibrer votre lot d’étuis.
Rechargement Travail par paire La convergence obtenue
est prometteuse. Un
réglage de la hausse, de la
lunette ou du point rouge
La procédure pour pour décaler le centre
vérifier la convergence du groupement vers la
Vous tirerez toujours en premier le gauche, et on ne change
coup droit d’un juxtaposé et le coup plus rien. À vouloir faire
bas d’un superposé, c’est ainsi que encore mieux, on risque de
l’arme a été réglée. Le canon tiré va perdre les bons résultats
se dilater sous l’effet de la chaleur obtenus, et de devoir
générée par la combustion des gaz reprendre toute
et, du fait de sa liaison intime avec le la procédure de
second canon, en perturber le tir. La rechargement.
cadence de tir influe également sur la
précision : plus les tirs se succèdent
rapidement, plus l’échauffement et
la dilatation des canons faussent le
réglage initial de la convergence. La
cadence pour laquelle l’arme a été
ajustée est de 5 secondes entre le
premier et le deuxième coup. Pour
une précision optimale, une deuxième
série de deux coups pourra être tirée
après une pause d’environ 5 minutes
– là encore, c’est le délai qui a été
respecté lors du réglage initial. Si vous
tirez la seconde série sans attendre
que les canons refroidissent, les
balles risquent fort de ne pas toucher
la cible au point visé. Connaître les
points d’impact d’une deuxième série
permet de devancer les aléas qui se
présenteront en action de chasse. Une
séance d’entraînement vous informera
sur les écarts produits par des tirs à
cadence plus élevée que la normale,
les mémoriser vous sera utile sur le
terrain. Menez toujours vos tirs d’essai
dans des canons désencuivrés,
nettoyés puis dégraissés.
La sélection de la
balle et de la poudre
© L. Bedu
La balle doit se rapprocher du projec-
tile monté sur les cartouches d’usine
qui ont servi à régler la convergence
des canons, qu’il s’agisse du poids on ne sait jamais à l’avance ce que drez la bonne convergence. Si la
de la balle, de son diamètre, de sa vont subir les cartouches au fond de première poudre essayée ne groupe
longueur et de la surface portante vos poches, la prudence et la sécurité pas les impacts près du point visé,
sur ses rayures. C’est le point de doivent vous inciter à en pratiquer une autre pourra sans doute amé-
départ de votre sélection. En parallèle un malgré tout. De plus, certaines liorer les choses.
d’une balle classique à noyau plomb, poudres requièrent un sertissage fort Ceux qui prétendent qu’une carabine
vous trouverez une grande variété de pour une bonne rétention de la balle express n’est pas précise confondent
balles techniques sans plomb dont les dans le collet de l’étui afin de déve- souvent les notions de précision et
caractéristiques (bonne pénétration lopper une inflammation régulière de de convergence. La précision de
couplée à une expansion contrôlée et la charge. La longueur hors tout de chaque canon d’une express tiré
une grande rétention de poids) vous la cartouche dépend de la longueur séparément peut être aussi bonne
garantiront la même réussite. Seul le du vol libre de votre arme et de la que celle obtenue avec l’unique
9,3 x 72 R est handicapé, il n’existe nature des projectiles employés. canon d’une carabine à verrou. La
pas de balles techniques (200 grains) Une balle technique homogène ou à grande variété de balles techniques
pour ce calibre au diamètre différent chemise épaisse doit être placée plus offertes au rechargeur permet de
des 9,3 actuels. Il serait surprenant loin de la prise de rayures qu’une produire des cartouches plus perfor-
qu’un encartoucheur se lance dans balle classique. mantes sans pour autant augmenter
leur production alors que tous les Une poudre de vivacité moyenne les pressions à un niveau préjudi-
fabricants d’armes ont cessé de cham- à lente sera requise, à l’exception ciable pour le tireur et l’arme. La
brer ce calibre depuis des années. du 9,3 x 72 R qui semble systémati- carabine express possède toutes les
Le sertissage n’est pas strictement quement préserver la bonne conver- qualités d’une reine de la battue et
nécessaire si la tension du collet est gence d’origine lorsqu’il est chargé mérite bien les efforts que vous lui
assez forte pour bien maintenir la en Tubal 3000. C’est en obtenant une consacrerez pour mettre au point sa
balle en place et l’empêcher d’avan- vitesse initiale de vos rechargements cartouche idéale ! Q
cer par l’inertie causée par le coup sensiblement égale à celle des car-
de feu de l’autre canon. Mais comme touches d’origine que vous obtien- Jean Kwiatek

Armes de Chasse HS #14

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