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N° 645 Août 2023

17 août 1943
Ratisbonne
Au cœur du raid
avec les équipages
L 19853 - 645 S - F: 8,20 € - RD

Loire 250 C1 Flying Legends F-16A “Netz” Centenaire

À la découverte Le renouveau Le faucon La grande fête


d’un chasseur d’un meeting maître du ciel de l’Aeronautica
inconnu historique au Liban en 1982 Militare
8,20 € mensuel DOM/S : 9.20 € - BEL/LUX : 9 € - CH : 13.30 FS – CAN : 14.10 $cad – ESP/ITA/GR/PORT CONT/ANDORRE : 9.40 € - N CAL/S : 1230 xpf – POL/S : 1350 xpf – MAR : 62 DH – Ile Maurice : 9.30 €
SOMMAIRE N° 645/AOÛT 2023
Un souffle nouveau ?
L
e volontarisme était de mise pour cette 54e édition du Salon
du Bourget. Loin d’être abattu ou démoralisé, l’ensemble
du secteur de l’aéronautique exposait ses travaux dans la
perspective de la décarbonation du secteur. À l’heure des géants
Airbus et Boeing, on ne compte plus les petites structures qui
se lancent avec enthousiasme. Il n’était pas rare de croiser un
entrepreneur animant une équipe autour d’un projet innovant.
Pour un peu on retrouvait l’état d’esprit des pionniers lors des
premiers salons de l’aéronautique il a plus de 100 ans. Le public
s’est déplacé en grand nombre, manifestant ainsi son intérêt. Le
Les B-17 dans le ciel tout fait penser que l’aéronautique n’a décidément pas perdu
de l’Allemagne en 1943. l’esprit d’innovation qui l’anime depuis toujours.
Composition de Julien Camp. Je vous souhaite une bonne lecture ! Le Fana
ALEXIS ROCHER

Le Dornier 217
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4 Actualités 48
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sur tous les fronts
10 Courrier
Patrick Casasnovas
PRÉSIDENTE DU DIRECTOIRE
Stéphanie Casasnovas
DIRECTEUR GÉNÉRAL Deuxième partie. Les raids contre
Frédéric de Watrigant l’Angleterre se poursuivent alors que
50 ans de Ferté-Alais
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
ET RESPONSABLE DE LA RÉDACTION : 12 le Do 217 traque les navires avec une
Patrick Casasnovas Nos lecteurs nouvelle arme redoutable : le missile.
ÉDITEUR : Karim Khaldi
RÉDACTION
Tél. : 01 41 40 34 22
se souviennent Première Guerre mondiale
Rédacteur en chef : Alexis Rocher 1985 : un P-40 récalcitrant ne veut pas 56
Rédacteur en chef adjoint : Xavier Méal
Rédacteur graphiste : François Herbet, décoller. Un mécanicien trouve la solution La mission militaire
Secrétaire de rédaction : Antoine Finck pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Secrétariat : Nadine Gayraud française
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Deuxième partie. Suite d’une
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Avenue Berthelot 60200 Compiègne.
Papier issu de forêts d’opérations loin des esprits
gérées durablement.
Origine du papier : de l’état-major en 1917.
Allemagne. Taux
17 août 1943 : le raid sur Ratisbonne
de fibres recyclées :
63 %. Certification : 20 Les F-16A “Netz”, 1980-1982
PEFC/EU ECO LABEL. Du brouillard au sable 68
Eutrophisation :
0,003 kg/tonne.
L’offensive de bombardement prend
Le faucon israélien
de l’ampleur à l’été 1944 quand attaque
les B-17 mènent alors le plus long Troisième partie. Le F-16 termine
raid de l’histoire, sur Ratisbonne. la guerre du Liban en 1982 avec
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Un destin contrarié 76
Le centenaire
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Tél. : 01 41 40 34 22 les constructeurs français s’affrontent Trois jours de liesse
pour fournir un nouveau chasseur Le ban et l’arrière-ban des avions
ABONNEMENTS à l’armée de l’Air. de l’Aeronautica Militare étaient réunis
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ACTUALITES
Un nouveau Messerschmitt 109
a repris l’air

KAI ARNOLD
Charlie Brown
Le 19 juin dernier, le pilote sur le banc de la société Dirk Bende GmbH, reconnaissable, entre autres, par l’absence pose le
britannique Charlie Brown a motoriste renommé, en juin 2022, puis des attaches permettant de monter le Bf 109 E-4
effectué avec succès le vol a été monté de nouveau sur le chasseur, support pour un réservoir supplémentaire, D-FEML
inaugural du Messerschmitt E-4/N Werk et le pilote d’essais allemand Klaus Plasa a des tuyauteries internes pour le réservoir de à l’issue
Nummer 1983, désormais immatriculé effectué des essais au sol. Il a encore fallu carburant supplémentaire, et d’un réservoir de son vol
D-FEML, depuis l’aérodrome d’Hangelar, de nombreux mois pour finaliser la mise d’huile supplémentaire. Il a été recouvert inaugural, le
près de Bonn, en Allemagne. Le chasseur en ordre de vol. Tout le travail de mise de sa livrée originale de la 5./ JG 5 19 juin dernier,
appartient au collectionneur allemand au point et de mise en ordre de vol a avec le code de fuselage “12 rouge”. sur la piste
Eberhard Thiesen. Un second vol a été été réalisé par une équipe de la société La Jagdgeschwader 5 fut créée en 1942 ; de l’aérodrome
effectué dès le lendemain. allemande Dirk Bende GmbH. son II./JG 5 était basé à Petsamo pour d’Hangelar,
L’épave de cet avion avait été récupérée Le chasseur a été restauré dans sa combattre les forces soviétiques près en Allemagne.
près de Mourmansk (Titowka), en Russie, en configuration originelle E-4 et non pas de la frontière finlandaise ; il n’était
1993, où il s’était écrasé le 24 janvier 1942, E-7. Par rapport à la E-7, la version E-4 est composé que de deux Staffeln (les 4. et 5.).
abattu par des “Hurricane”. Il appartenait
à la 5./ JG 5 lorsqu’il fut perdu et désigné
dans les documents faisant état de sa
perte comme Bf 109 E-7. Mais la plaque
constructeur indique qu’il est un Bf 109 E-4.
Le fuselage a été restauré par le spécialiste
britannique Craig Charleston dans ses
ateliers de Craig Charleston Services
– l’avion a alors été immatriculé G-EMIL –
et a été livré en 2012. Les ailes ont été
reconstruites par la société Hartmair
Leichtbau, à Freising, en Allemagne, à partir
de 2015. Le V12 Daimler-Benz 601 a été
refait par les spécialistes allemands du Charlie Brown
type, Sigi Knoll et Karl Vogt. Les premiers au retour
essais de roulage ont été effectués à l’été d’un vol d’essai
2017, et ont permis de déceler un défaut en juin dernier,
de fonctionnement du moteur, qui est donc sur l’aérodrome
retourné en atelier. Le V12 a subi des essais d’Hangelar.
VOLKER SCHNEIDER

4
En bref
Le Breguet 904 “Nymphale” Le “Wildcat” G-INKL est passé
n° 4 F-CCFN retrouve le ciel sur le dos à l’atterrissage
Le 6 juillet dernier, le Grumman FM-2 “Wildcat” immatriculé
Le 28 juin dernier, l’Espace Air Passion d’Angers a inauguré G-KINL (BuAer n° 86690) est passé sur le dos alors qu’il
officiellement son planeur historique Breguet 904 “Nymphale” se posait à Heveningham Hall, une grande propriété
n° 4 restauré, immatriculé F-CCFN, en présence des élus locaux, appartenant à l’homme d’affaires britannique Jon Hunt, près
du corps enseignant du lycée des métiers de Narcé, des équipiers d’Halesworth, au Royaume-Uni. Le pilote et l’avion étaient
de l’escadrille Air Jeunesse d’Angers et de la fondation des Ailes invités à participer au Heveningham Concours, un festival de
de France qui ont tous contribué aux travaux. Pour ce vol officiel, voitures de collection et de warbirds. Le pilote, grièvement
l’équipage du Breguet était constitué de Paul Dessertenne, 17 ans blessé, a été héliporté jusqu’à l’hôpital le plus proche dont
et cadet du musée, pilote de planeur (300 heures de vol), il est depuis sorti. L’avion a subi des dommages importants.
et de François Bourgeon, instructeur examinateur planeur ; Benoît
Blattlin était aux commandes du remorqueur MS 505 “Criquet”.
Le Breguet 904 est un planeur biplace dessiné par l’Angevin
Jean Cayla, dérivé du monoplace Breguet 901 vainqueur des
championnats du monde de vol à voile en 1954 et 1956. 18 appareils
de ce type ont été construits. Le n° 4 F-CCFN a été fabriqué en 1958
et livré au Centre national de Challes-les-Eaux. De 1963 à 1980, il fut
utilisé au Centre national de Saint-Auban sur Durance (04). En 1982,
il avait été cédé à l’association qui allait devenir l’Espace Air Passion, DR
qui le restaura. Il vola régulièrement à partir de 1983 et jusqu’en
2010. Sa nouvelle restauration avait débuté en 2012. Ce “Wildcat” est un FM-2 construit par General Motors.
Il avait effectué son premier vol le 12 octobre 2022
Le Breguet 904
après une restauration de six ans, et avoir été repeint
“Nymphale”
n° 4 F-CCFN
aux couleurs du “Martlet” III de Royal Navy matricule AX733
lors de son vol du NAS 805 de la Fleet Air Arm.
inaugural le
28 juin dernier. Le Fokker D.XXI PH-XXI a reçu
son certificat de navigabilité spécial
Le 19 juin dernier, la CAA-NL, l’autorité de l’aviation civile
néerlandaise, a accordé son certificat de navigabilité spécial
ESPACE AIR PASSION à la reproduction de Fokker D.XXI immatriculée PH-XXI
construite par une équipe menée par Jack van Egmond au
Un Lockheed 12 vole sein de la société Egmond Vintage Wings sur l’aérodrome
de Hoogeveen, aux Pays-Bas. Aucun exemplaire de ce

désormais en Suisse chasseur, qui défendit les Pays-Bas contre l’invasion nazie,
en mai 1940, n’a survécu. Les premiers éléments de cette
reproduction avaient été assemblés le 6 mai 2014 et le tout
Le 12 juin dernier, le Lockheed 12A “Electra Junior”
premier vol avait eu lieu le 22 mai 2022. Le programme
immatriculé NC18125 s’est posé en Suisse, sur l’aéroport
des essais en vol s’est achevé en avril dernier.
d’Altenrhein, en provenance des États-Unis via Reykjavík,
Wick en Écosse et Duxford en Grande-Bretagne.
Son nouveau propriétaire est le Suisse Ariel Luedi.
Construit en 1937, le bimoteur a d’abord servi avec Continental
Airlines jusqu’en octobre 1940, puis avec l’Aviation royale
canadienne pendant cinq ans à partir de décembre 1940,
avant de connaître une succession de propriétaires, dont Texaco
et le médecin Dr Colgate W. Darden III, qui en fut propriétaire
de 1966 à 1998. Exporté au Canada, le Lockheed 12 fut
immatriculé CF-LKD de 2007 à 2020, puis revint aux États-Unis.
On compte donc désormais cinq “Electra Junior” en Europe, avec Le Lockheed 12
“Electra Junior”
les F-AZLL de la famille Chabbert à Andernos, NC14999 de Luc
immatriculé
Hellings à Genk-Zwartberg en Belgique, NC18130 de Art Deco
NC18125 est DR
Aviation à Hanovre en Allemagne, et G-AFTL de Fighter Aviation
désormais basé
Engineering à Sywell en Grande-Bretagne.
en Suisse. Le B-17 Sally B autorisé à voler
Le 22 juin dernier, l’opérateur du B-17 Sally B, basé à Duxford
en Grande-Bretagne, a annoncé que l’autorité de l’aviation
civile britannique (CAA) a autorisé le bombardier à reprendre
ses vols. Les inspections et réparations rendues obligatoires
par une consigne de navigabilité émise par la Federal Aviation
Administration américaine le 17 mai dernier (lire Le Fana
de l’Aviation n° 644) ont été effectuées et validées par
les autorités. Sally B sera une des vedettes du spectacle
aérien Air Legend, à Melun, les 9 et 10 septembre prochains.

5
DR
ACTUALITES
Me 262, MiG-15, F-86, Rafale Solo Display,
P-38 et B-17 en vedettes du Air Legend !
Les 9 et 10 septembre prochains accompagné de son trio de Beech 18,
sur l’aérodrome de Melun- tandis que la collection Flying Bulls
Villaroche, le spectacle aérien dépêchera aussi ses P-38 “Lightning”
Air Legend offrira six heures d’histoire et B-25 “Mitchell”. Le théâtre
de l’aviation vivante dans le ciel, des opérations du Pacifique sera évoqué
avec une pléiade de vedettes comme avec le PBY-A “Catalina” de Plane Sailing
on en voit rarement dans un meeting Co., venu de Grande-Bretagne, qu’on
dédié aux warbirds. espère voir évoluer lors d’un ballet
Si l’affiche indique clairement que l’invité avec le “Corsair ” des Flying Bulls.
de marque sera le B-17 “Flying Fortress” De Suisse viendra également le Morane 406,
Sally B, le seul qui vole en Europe et qu’on l’unique en état de vol dans le monde.
ne voit que très rarement en France, Un tableau sera consacré au Viêtnam,
un examen rapide de la liste des avions avec “Skyraider” et OV-10 “Bronco”.
d’ores et déjà annoncée ne peut que faire Le spectacle sera aussi au sol, avec
saliver tout amateur de warbirds. de nombreuses animations pour petits
Le terme est à prendre au sens large, car et grands (simulateurs de vol entre autres),
le Air Legend est un des rares meetings et de nombreux stands commerciaux.
à mêler de façon aussi intime warbirds à Les reconstitueurs seront présents en
hélices et warbirds à réaction. nombre pour donner à voir et quasiment
En ce qui concerne ces derniers, la liste à vivre l’ambiance de campements
est à ce jour ainsi établie : Hawker “Hunter”, de la RAF ou des US Army Air Forces
MS.760 “Paris”, CM.175 “Zéphyr”, F-86 pendant la Deuxième Guerre mondiale,
“Sabre” de Frédéric Akary, MiG-15 avec des animations immersives.
du Norwegian Air Force Historical Squadron, La liste des avions participants n’est à ce
DH.100 “Vampire”, Aero L39 “Albatros” jour pas encore bouclée, et il n’est pas
de la patrouille Fun & Fly, et… roulement impossible que quelques surprises viennent
de tambour… le Messerschmitt 262 s’y ajouter. Potentiellement, une grosse et
de la Fondation Messerschmitt/Airbus énorme nouveauté pourrait venir enrichir
Heritage ! Rien que ça ! le plateau, si les autorités de l’aviation civile
britannique font preuve de diligence…
AVIATION PHOTOCREW
Un trio de “Spitfire”
à moteurs “Griffon”
Une partie plus moderne verra évoluer
dans le ciel melunais l’A400M Tactical
Display – une des présentations favorites
du grand public –, le Rafale Solo Display Le B-17
– autre présentation favorite –, la Patrouille Sally B est
de France, mais aussi des “Rafale” M et un la seule “Flying
E-2C “Hawkeye” de l’Aéronautique navale. Fortress”
Si l’édition 2023 de ce spectacle aérien en état de vol
– désormais une référence européenne – en Europe.
aura définitivement un parfum de kérosène,
elle n’en sera pas moins richement pourvue
en warbirds à moteurs à pistons et hélices.
La crème de la crème sera présente avec
le P-40N de France’s Flying Warbirds,
le Yak-3 F-AZOS résident, un “Skyraider”,
plusieurs P-51 venus d’Allemagne,
de Belgique ou encore d’Autriche comme
le Nooky Booky des Flying Bulls, et l’écurie
britannique Ultimate Fighters avec ses
Hawker “Fury”, HA-1112 “Buchon”,
et “Spitfire” Mk XIV. Ajoutez à ce dernier
le “Spitfire” Mk XIV de W AirCollection, venu
en voisin de La Ferté-Alais, et le PR XIX
de Christophe Jacquard venu de Dijon,
et vous avez la promesse d’un trio
de “Spitfire” à moteurs “Griffon”…
du jamais vu et jamais entendu en France !
Du côté des multimoteurs du temps jadis,
le superbe DC-3 suisse viendra
HARRY MEASURES

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En bref
Christian Ravel fête
ses 80 ans en T-33
Samedi 30 juin, Christian Ravel a fêté ses 80 ans
de la plus belle manière grâce à ses amis : un vol en place
arrière du Lockheed T-33 de Top Gun Voltige. Christian Ravel
avait effectué son dernier vol sur T-33… en 1968 !
Le Me 262 En 1981, il a été l’élément moteur qui a fondé le Groupement
de la fondation pour la préservation du patrimoine aéronautique,
Messerschmitt sur le défunt aérodrome d’Angers-Marcé, puis développé
est sans doute le musée régional de l’Air dénommé depuis 2013 Espace
le warbird le
Air Passion, implanté sur l’aéroport d’Angers Loire,
plus attendu
dont il aura été le président pendant 25 ans. Et encore
du spectacle.
aujourd’hui il ne compte pas son temps et son énergie
pour la sauvegarde du patrimoine aéronautique.
Ancien instituteur, instructeur avion et planeur, et pilote
de ligne qui a fini sa carrière à Air France, commandant
de bord sur Boeing 747, Christian a choisi d’arrêter de voler
en 2021, à l’âge de 77 ans, après plus de 23 000 heures
de vol. Chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la
Médaille aéronautique, il a reçu en 2021 de la Fédération
aéronautique internationale (FAI) le diplôme Paul Tissandier
qui reconnaît au niveau international une vie passée
à défendre le patrimoine aéronautique.
Joyeux anniversaire, Christian !

ESPACE AIR PASSION

L’authentique Blériot XI de 1909


d’Old Rhinebeck vole à nouveau
L’authentique Blériot XI n° 56 de 1909 du fameux Old
Rhinebeck Aerodrome Museum, musée volant situé à Old
Rhinebeck, dans l’État de New York aux États-Unis, s’est
envolé à nouveau le 12 juin dernier. Il faisait l’objet d’une
restauration complète depuis janvier 2022. Il a reçu un
entoilage neuf et son moteur à 3 cylindres Anzani a été révisé.
L’antique monoplan vole à Old Rhinebeck pratiquement tous
les week-ends durant la saison des spectacles aériens.

Le Rafale
Solo Display
sera une des
nombreuses
vedettes
d’un plateau
très riche.
OLD RHINEBECK AERODROME
LAURENT CASAERT

7
ACTUALITES

MICHAEL NEVIN

L’historique VC-121 “Constellation”


Bataan a retrouvé le ciel
Le 20 juin, le Lockheed pendant la guerre de Corée, recevant Dothan dans l’Alabama, Addison Le VC-121
C-121A “Constellation” le nom de Bataan. Devenu VC-121A, il fut au Texas, et finalement Avra Valley, “Constellation”
de la collection Lewis Air ensuite transféré au QG du Commandement en Arizona, où il demeura exposé. Bataan en
Legend de l’Américain Rod Lewis aérien du Pacifique en tant que transport En avril 2015, le quadrimoteur fut acquis finale sur
a effectué son premier vol après une VIP jusqu’à la fin de 1965, puis fut rayé par le Texan Rod Lewis pour sa collection l’aéroport
restauration de huit ans par Fighter des cadres de l’USAF en janvier 1966. Lewis Air Legends de San Antonio. de Chino à
Rebuilders à Chino, en Californie. La Nasa l’utilisa jusqu’en 1969, avant Le 14 janvier 2016, il fut rapatrié en vol l’issue de son
L’équipage était composé de pilotes de le confier au musée de Fort Rucker. sur Chino, après avoir été révisé. premier vol
et de restaurateurs de warbirds Le Planes of Fame Museum en fit Les mécaniciens de Fighter Rebuilders d’essai post-
expérimentés : le capitaine était Stewart l’acquisition le 7 mai 1993 ; il fut remis ont depuis travaillé sur les ailes, restauration.
Dawson, le premier officier Steve Hinton, en état de vol à Fort Rucker avant d’être les surfaces de queue, les moteurs
le mécanicien naviguant Jeff Whitesell, convoyé à différents endroits, notamment et le câblage, et ont traité la corrosion.
le superviseur de la sécurité Jim “JD” Dale USAF

et l’observateur sécurité John Hinton. Le general


Le Bataan a commencé sa vie en tant que McArthur
C-121A, une version militarisée du L 749 descend
du Bataan en
“Constellation” livrée à l’USAF en janvier
1950 en Corée.
1949 avec le matricule 48-613, pour être
utilisée au sein du Service de transport
aérien militaire (MATS) nouvellement créé.
Les C-121A différaient de leurs homologues
civils par leur plancher renforcé pour le
transport de marchandises et une porte
de soute à l’arrière du fuselage. Dans la
pratique, cependant, les C-121A étaient
généralement utilisés pour le transport de
personnel avec 44 sièges. Pendant le pont
aérien de Berlin, le 48-613 fut utilisé pour
transporter du personnel et du matériel
de la base aérienne de Westover dans
le Massachusetts à la base aérienne
de Rhein-Main en Allemagne de l’Ouest.
De septembre 1950 à avril 1951, il servit
d’avion personnel au general MacArthur,
commandant suprême des forces alliées
8
En bref
Arrêté manifestations aériennes : Le Military Aviataion Museum
encore un coup pour rien acquiert le C-46F Tinker Belle
Début juillet, le Military Aviation Museum du collectionneur
Un amendement à l’arrêté du 10 novembre 2021 relatif aux américain Jerry Yagen, à Virginia Beach, en Virginie, a
manifestations aériennes a été publié ce 2 juillet au Journal annoncé l’acquisition du Curtiss-Wright C-46F “Commando”
officiel. Il devait corriger un certain nombre des lacunes dont faisait connu sous le nom de The Tinker Belle auprès de la ville
preuve l’arrêté original. Las… la Direction générale de l’aviation
civile a ignoré 90 % du retour d’expérience qui lui a été fait à l’issue
de la première saison d’application d’un texte dont on se demandait
à sa publication s’il avait une intention bienveillante pour les
spectacles aériens. L’amendement ne fait – essentiellement – que
corriger ou préciser certains termes. Les organisateurs de spectacles
aériens doivent donc continuer à pondre des listes de “règles
alternatives” – qui sont devenues la norme… Allez comprendre –
pour produire un spectacle qui soit digne de ce nom.
Un collectionneur très impliqué s’est ouvert de son désarroi à la
rédaction du Fana de l’Aviation : “Le nouvel arrêté du 15 mai 2023 sur
les manifestations aériennes signe l’arrêt de mort de nos meetings
traditionnels. […] Plus de 80 pages pour une présentation publique DR
d’un seul avion de collection par exemple. Nous, collectionneurs
de ces vieilles machines, sommes explicitement visés : le fait de Monroe, en Caroline du Nord, et de l’organisation à but
de présenter un seul avion de collection fait en sorte que le meeting non lucratif Warriors and Warbirds qui l’entretenait et le faisait
ne puisse pas être un Spectacle aérien public (SAP) simple ! voler. The Tinker Belle était depuis de nombreuses années
Cela veut dire quoi ? Que nos avions de collection sont moins bien une pièce maîtresse du spectacle aérien Warbirds Over
entretenus que les avions de l’aviation générale ? Je conteste Monroe sur l’aéroport de Charlotte-Monroe, où il était basé.
fortement cette discrimination ; les avions de collection sont très Le Military Aviation Museum possède, expose et fait voler une
souvent beaucoup mieux et régulièrement entretenus que ceux trentaine de warbirds de la Deuxième Guerre mondiale, dont
de l’aviation générale. Qu’il y ait une distinction en fonction un “Mosquito” et une reproduction de Messerschmitt 262,
de la vitesse ou de la puissance, ou du type de présentations et une quinzaine d’avions de la Première Guerre mondiale.
(voltige ou non), cela paraîtrait normal, mais stop à la bêtise !”
Le “Spitfire” LF IXe de l’Historic
Flight Foundation accidenté
Le collectionneur américain à Deer Park
Paul Ehlen décède Le 7 juillet dernier, le Supermarine “Spitfire” LF IXe matricule
SL633 de l’Historic Flight Foundation du collectionneur
dans l’accident de son P-40 américain John Sessions a terminé sa course d’atterrissage
sur le nez sur l’aérodrome de Deer Park, dans l’État
Le 27 juin dernier, le P-40E “Warhawk” “AK753”, immatriculé de Washington, aux États-Unis. John Sessions, qui était
N4420K, familièrement désigné par le sobriquet Desert aux commandes, n’a été que très légèrement blessé.
Shark (requin du désert), s’est écrasé peu après avoir décollé Un problème de frein serait à l’origine de l’accident.
de l’aéroport de la petite ville d’Hamilton, dans le Montana, victime
d’une panne mécanique au décollage, selon un communiqué de
la société Precision Lens. Son pilote et propriétaire Paul Ehlen, qui
avait fondé Precision Lens, et était aussi un membre éminent du
musée/collection Wings of the North, sur l’aéroport Flying Cloud Paul Ehlen à
son arrivée à
de Minneapolis, dans le Minnesota, est décédé dans l’accident.
Minnepolis aux
Collectionneur enthousiaste, Paul Ehlen possédait un Stearman N2S,
commandes de
un T-6, un TBM-3 “Avenger”, le P-51D Sierra Sue II et ce P-40E qu’il
son nouveau
avait acquis l’année dernière, et faisait reconstruire par la société
P-40 en juillet
AirCorps Aviation un P-51B (lire Le Fana de l’Aviation n° 641). dernier.

DR

Le Flying Heritage & Combat Armor


Museum a rouvert
Le Flying Heritage & Combat Armor Museum, à Everett
dans l’État de Washington, a rouvert le 27 mai dernier, après
un changement de propriétaire et trois ans de fermeture
déclenchés par le début de la pandémie de Covid-19.
Le musée appartenait au défunt cofondateur de Microsoft,
Paul Allen. En août dernier, l’héritier de Walmart, Steuart
Walton, qui siège aux conseils d’administration de Walmart
et du Smithsonian National Air and Space Museum,
a acquis le musée pour un montant non divulgué.
XAVIER MÉAL

9
LE COURRIER
Les Anglais
à Dijon
Voici quelques repiquages
du vieil album de mon père.
Le lieu est Longvic, en 1949.
Les “Spitfire” doivent être des FR 18
et les “Mustang” des F-6D du II/33 Deux “Spitfire” FR 18
Savoie. Mon père était aide mécanicien de la RAF en 1949.
à l’ELA 41 [escadrille de liaison]
(“La Trottinette”) à l’arrivée des DH.100
“Vampire”. Il m’avait dit avoir embarqué
plusieurs fois à bord d’un “Goéland”
DR/COLL. JEAN-PIERRE CROPSAL
pour aller chercher des pièces de
réacteur “Goblin” en Angleterre, à
Farnbourough. Il avait ajouté que la RAF
disposait d’un bureau à Longvic. Cela
représentait à peu près la mi-distance
entre le sud de l’Angleterre et Malte…
et une fameuse étape gastronomique.
Jean-Pierre Cropsal

La 2e escadre
de chasse fut la première unité
de l’armée de l’Air dotée
de chasseurs à réaction avec
le “Vampire”. Les premiers
exemplaires arrivèrent en
Bourgogne fin avril 1949. Deux Gloster “Meteor”
Ils restèrent sur la base 102 de passage à Dijon.
de Dijon-Longvic jusqu’en 1953.
DR/COLL. JEAN-PIERRE CROPSAL

La soufflerie La soufflerie aérodynamique S1-Ch


conçue par l’ingénieur Lepresle a été édifiée dans
de Chalais-Meudon le parc de Chalais-Meudon entre 1932 et 1934.
Elle permettait d’expérimenter des avions de 12 m
La lecture du Fana de l’Aviation n° 501, qui manquait Les d’envergure, avec moteur en marche et pilote à bord.
à ma collection, me donne l’opportunité de vous envoyer installations Ses dimensions exceptionnelles en ont fait la plus
cette photo du prototype du Morane 472 dans la veine de la de la souffle- grande soufflerie dans le monde au moment
grande soufflerie de Chalais-Meudon. Mon père, Supaéro 1936, rie de Chalais- de sa construction. Récupérée après la guerre et
était à l’époque (1948) à l’Onera adjoint de Pierre Rebuffet. Meudon utilisée par l’Onera et les constructeurs de l’époque,
permettaient
Quand nous étions enfants, il nous emmenait parfois sur son elle fut remplacée par d’autres souffleries
d’installer
lieu de travail (photo). Qu’est devenue cette soufflerie dont j’ai plus modernes, notamment celle de Modane.
un avion
des photos sous tous ses aspects ? À ma connaissance elle Les bâtiments, classés dans les monuments
pour essais,
aurait été démolie, j’ignore en quelle année.
comme ce
historiques, existent toujours et sont réhabilités
Jean-François Lebrun
Morane 472.
avec d’autres installations de Chalais-Meudon.

DR/COLL. JEAN-FRANÇOIS LEBRUN


DR/COLL. JEAN-FRANÇOIS LEBRUN

DR/COLL. JEAN-FRANÇOIS LEBRUN

10
DR/COLL. JEAN-PIERRE CROPSAL
Des F-6D
du II/33
Savoie
et un
Nord 1101
“Ramier”
à droite.

Les F-80
de la patrouille
des “Skyblazers”.
DR/COLL. JEAN-PIERRE CROPSAL

Un “Baroudeur” italien ?
Je viens de lire avec un certain et fut vite arrêtée après la victoire du G.91.
retard le n° 636 du Fana, Ferrero conserva de très bons souvenirs
et j’ai bien apprécié l’excellent l’article de ses rapports avec ses collègues
d’Alexis Rocher sur le “Baroudeur”, français. Le 5091, inspiré du “Baroudeur”,
dont il décrit admirablement les avait un train classique avec pneus à
phases du développement et les basse pression et, bien qu’en maintenant
difficultés de mise au point d’une la configuration aérodynamique, il était
formule opérationnelle discutable très agrandi afin d’assurer les capacités
et poursuivie avec un entêtement d’emport et d’autonomie requises par
excessif, même quand ses limites le programme et que le petit “Baroudeur”
furent bien évidentes. La formule ne pouvait pas atteindre.
et la gracieuse silhouette de l’avion Giulio Valdonio Le “Baroudeur” et son concurrent,
lui assurèrent l’intérêt et la sympathie le Fiat G.91 (ci-dessous).
des observateurs, mais les limites Les archives évoquent
SNCASE
opérationnelles de la formule bien un projet de SE.5091,
ne pouvaient que le condamner. un des nombreux dérivés du
J’ajoute une suite peu connue : “Baroudeur”. Mais selon le plan
l’ingénieur Mario Ferrero, qui devint trois vues du projet, l’avion
directeur technique de Fiat Aviazione conserve ses skis d’origine. En fait,
dans les années 1970, me raconta les ingénieurs multiplièrent les
ses débuts de carrière, qui le virent versions, modifiant la configuration
transféré en 1956 de son bureau générale de l’avion, adaptant tel
à Turin à un bureau d’études “très ou tel réacteur. Pas de trace
secret” à Milan, où une équipe franco- dans les archives que nous avons
italienne étudiait le 5091, un hybride consultées d’un projet franco-
entre le “Baroudeur” et le G.91, pour italien autour du “Baroudeur”,
présenter au concours Otan LWTSF ni d’un hybride avec le G.91.
(Light Weight Tactical Strike Fighter, Début 1958, le chasseur italien
chasseur léger polyvalent) une fut déclaré vainqueur
alternative “tous terrains”. L’activité de la compétition, mettant fin
était couverte par un secret absolu, aux études du “Baroudeur”.
OTAN

11
CERNY-LA FERTÉ-ALAIS
50 ans de meeting (*)
De l’électricité
dans l’air
Marc Lecocq se souvient de beaucoup
d’éditions de La Ferté. Il raconte un
épisode de 1985 : le P-40E Sneak Attack
était bloqué au sol suite à une panne
mécanique, jusqu’à ce que…
Par Marc Lecocq
(*) Suite de la rubrique parue dans le n° 644.

M
eeting de mai 1985 : Le enlever le capot moteur, des vis ré-
Curtis P-40E “Kitty- sistent. Il faut les forer à la chignole.
hawk 1” Sneak Attack La confirmation arrive, le moteur
RCAF 1057 (SU-E électrique de la pompe est grillé ! Il
AK933 N94466 de la faut attendre qu’un mécanicien
Old Flying vienne d’Angleterre le
Machine Com- lundi avec un moteur
pany) était an- pour le remplacer… Marc Lecocq
noncé comme ve- J’avais lu récemment une (à gauche)
DR/COLL. MARC LECOCQ
dette au meeting. revue américaine sur les et Ray Hanna
Le 24 mai, il se warbirds qui expliquait cherchent trique que la pompe à essence… Je
pose en douceur et que ce P-40 avait couru à à résoudre lui propose de croiser les moteurs
gagne le parking Reno et qu’il était équipé le problème électriques pour faire un test. Et mi-
avion. Ray Hanna d’un système d’injection qui immobilise racle, la pompe à essence fonctionne :
descend et vient d’eau. J’en parle à Ray et Sneak Attak. l’avion est bon de vol pour le meeting !
vers nous. Il nous lui demande son accord Dimanche 26 mai, peu avant son cré-
DR/C . M L
OLL ARC ECOCQ
apprend que c’est pour ouvrir la porte d’ac- neau de présentation, Ray m’appelle
foutu pour les présentations au mee- cès sur le côté du fuselage. Le réser- et m’installe sur le siège arrière.
ting, pompe à essence électrique en voir d’eau est toujours en place avec Moteur en route et décollage pour 15
panne. La mécanique commence à sur la pompe le même moteur élec- minutes de pur bonheur ! De la vol-

Dimanche 26 mai 1985,


le P-40E Sneak Attack
est prêt pour le meeting.
DR/COLL. MARC LECOCQ

12
Passage de Sneak
Attack avec Ray Hanna
aux commandes.

tige douce comme du Vivaldi sans


aucune contrainte physique. Je
m’étais fait une amitié qui a perduré
jusqu’à son départ pour le paradis des
pilotes de meeting… Il adorait écou-
ter du Vivaldi à longueur de journée,
ce qui lui donnait sans doute ce calme
et cette douceur de pilotage sans
contrainte pour la machine qu’il pilo-
tait. Inoubliable ! ■

Ci-contre
et en dessous,
Marc Lecocq
à bord de Sneak
Attack après
avoir résolu
la panne.
DR/COLL. MARC LECOCQ
DR/COLL. MARC LECOCQ

Recherche
de la panne
sur Sneak Attack
le 24 mai.
DR/COLL. MARC LECOCQ
À LIRE, À VOIR

Le “Mirage” 4000
à la fin de sa campagne
de promotion en 1987.

Le “Super Mirage” pour la France ?


L “S
Le “Super Mi
Mirage”” 4000 ne fut
f t jamais
j i construitt it en série.
éi
Pourtant Marcel Dassault avait une idée derrière la tête
quand il lança le programme à la fin des années 1970.
Des documents inédits permettent de mieux comprendre
ce qui se passa en coulisse dans ce grand projet raconté
dans ce livre par ses acteurs. Extrait. Par Alexis Rocher
DASSAULT AVIATION

avions de série la quatrième année,


ensuite quatre avions par an. Sans
dire dès à présent que ces avions
constitueront le vecteur aérien de la
force de dissuasion, on peut toujours
dire qu’il s’agit d’une commande de
quinze chasseurs-bombardiers que
De gauche à l’armée de l’Air a toujours la possi-
droite Benno bilité de commander sous réserve de
Claude Vallières, recevoir les crédits nécessaires. Les
PDg de Dassault, commandes éventuelles à l’exporta-
Jean-Marie tion seront toujours susceptibles de
Saget, pilote relayer ces crédits en tout ou partie.
d’essais, Valéry Cette commande montrera aux
Giscard d’Estaing, clients étrangers que la France s’in-
et Serge Dassault téresse au Mirage 4000 et permettra
au Salon un démarrage plus rapide de leurs
du Bourget 1979. commandes à l’exportation, tout en
DASSAULT AVIATION
assurant la pérennité du Mirage

L
e “Super Mirage” vole de- Phantom, avec la différence que son 4000 dont il n’existe qu’un proto-
puis pratiquement deux ans rayon d’action à basse altitude est de type, alors qu’au cours de ces der-
quand, le 8 janvier 1981, 1 050 km alors qu’il n’est que de nières semaines deux F-18 se sont
Marcel Dassault écrit à 780 km pour le F-15. Les pilotes du cassés en l’air.”
Robert Galley, nouveau mi- Centre d’Essais et de l’Armée de Le gouvernement français ne
nistre de la Défense. Il lui expose les l’Air ont trouvé en tous points remar- donna pas suite. Dassault poursuivit
performances et le coût du finance- quables ses performances et ses qua- sa promotion à l’exportation jusqu’en
ment d’une présérie de “Super lités de vol. C’est aujourd’hui le meil- 1988. Le “Super Mirage” 4000 est
Mirage” 4000 et précise : “Étant bi- leur appareil occidental de sa désormais exposé au musée de l’Air
moteur, il va naturellement plus loin catégorie. Évidemment, le prix de et de l’Espace.”
l’Espac ■
et emporte plus de charge . chaque appareil dépend de l’impor-
Notamment, son rayon d’action à tance de la commande de série, mais
basse altitude avec trois réservoirs et si l’on envisage une commande de Super Mirage 4000,
S
l’engin ASMP est de 1 050 km, plus quinze appareils seulement, l’opéra- le rêve inachevé.
le parcours effectué par l’engin, et tion devant durer sept ans compor- Pil
Pilotes et ingénieurs
son autonomie de vol à haute alti- terait un financement d’un peu plus racontent
rac
tude est de 4 100 km qui, avec un seul d’un milliard de francs par an. le SSuper Mirage 4000
ravitaillement en vol, est portée à Pendant cette période de sept ans, il Par AAlexis Rocher
8 400 km. Ses performances sont serait réalisé au cours des trois pre- Chez Skyshelf.eu
égales ou supérieures à celles de mières années : le développement et 152 ppages, 29 €
l’avion américain McDonnell la mise en série ainsi que la construc- ISBN : 9789083330129
Douglas F-15, successeur du tion de deux prototypes, puis trois À comm
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14
HISTOIRE
17 août 1943 : le raid sur Ratisbonne
Du brouillard
au sable
Ce 17 août, les B-17 de la 8th Air Force
se lancèrent dans deux raids : attaquer
l’usine Messerschmitt de Ratisbonne
et celle de roulements à billes de
Schweinfurt, en Allemagne, en principe
hors de portée depuis l’Angleterre (*).
Un plan ingénieux, contrarié par le
brouillard, devait semer la confusion dans
les défenses ennemies : rejoindre l’Afrique
du Nord après les bombardements…
Dans cet épisode nous suivons le destin
de trois équipages du 4th Bomb Wing
lancés sur Ratisbonne.
Par Grégory Pons
(*) Lire Le Fana de l’Aviation nos 527 et 528.

E
n août 1943, les unités de rement audacieuse car elle constitue
bombardiers lourds de la la première mission Shuttle (navette)
8th Air Force ne sont pas de la 8th Air Force, dont le modèle
encore regroupées en divi- sera ensuite repris en 1944 pour les
sions, mais seulement en opérations Frantic via l’URSS. Les
Wings [escadres]. Le 4th Bomb Wing deux objectifs retenus sont l’usine de
qui va consti- roulements à
tuer le noyau de billes de
la future 3rd Schwein furt et Nick Criscito,
Bomb Division l’usine Messer- mitrailleur de
regroupe pour schm itt de sabord à bord
le ra id du Ratisbonne de Miss Mac.
17 août 1943 (Regensburg en C’est à lui que
plusieurs Bomb allemand). nous devons
Groups (94th, L’ u s i n e d e plusieurs des
95th, 9 6th, Ratisbonne en clichés présentés
100th, 385th, Bavière est à dans cet article.
388th, 390th l’époque la deu- Il pose à son
BG), identifiés x ième plus poste avant
par un mar- grosse unité de la mission
quage en carré production de sur Ratisbonne.
blanc sur la dé- chasseurs mo-
rive de leurs nomoteurs der-
DR/C . P
OLL ONS
appareils au rière celle de
sein duquel une lettre identifie le Wiener Neustadt en Autriche. Sa
Group. Ces unités du 4th BW seront production est estimée à 200 chas-
ensuite intégrées à la 3rd Bomb seurs Bf 109 par mois, ce qui repré-
Division qui conservera ce marquage sente entre 25 et 30 % de la produc-
carré. Chaque Bomb Group mobilise tion totale de l’Allemagne.
21 B-17 à l’exception du 390th BG. L’usine de roulements à billes
La mission du 17 août est particuliè- de Schweinfurt va constituer la cible

US NARA

20
Des B-17 du 385th BG passent
les Alpes pour rejoindre l’Afrique
du Nord après avoir bombardé
Ratisbonne.

21
17 AOÛT 1943: LE RAID SUR RATISBONNE

des B-17 du 1st Bomb Wing, tandis


que ceux du 4th Bomb Wing emme-
nés par le colonel Curtis LeMay
vont attaquer l’usine de chasseurs
de Ratisbonne. Cet objectif est en
principe hors de portée à partir de
l’Angleterre, mais les équipes de
planification des raids de la 8th Air
Force ont eu l’idée ingénieuse de
diriger les B-17 vers l’Afrique du
Nord après leur bombardement, de
manière à surprendre les Allemands
et tromper leurs défenses. Afin de
perturber au maximum ces der-
nières, les deux raids doivent se
dérouler simultanément.
Malheureusement, le brouillard
retarde la vague de B-17 du 1st BW,
tandis que ceux du 4th BW dé-
collent à l’heure prévue. Les chas-
seurs de la Luftwaffe vont donc s’en
prendre à eux, et vont même pou-
voir se payer le luxe de se poser, se
réarmer, se ravitailler pour redécol-
ler et attaquer la deuxième vague se
dirigeant vers Schweinfurt. Sans mitrailleurs de sabord – au cours du ger en piqué vers les formations de
escorte pendant une grosse partie Le 1st lt Henry raid ainsi qu’en Afrique du Nord B-17 qui se trouvent plus bas. Les
du trajet, les bombardiers vont de- Spohrer, constituent un témoignage excep- passes frontales débutent à environ
voir affronter seuls les chasseurs navigateur tionnel autour d’un équipage ayant 500 à 800 m de distance. L’équipage
allemands, vague après vague. de l’équipage participé à cette mis- du lieutenant Bliss
Bien que ce raid ait causé d’im- du capt. Dennis à sion historique. rapporte que cer-
portants dégâts sur les deux usines, son poste dans le C oncernant le tains chasseurs se
sur les 376 bombardiers mobilisés nez de leur B-17 388th BG, ce raid sont rapprochés
pour l’opération, 60 furent abattus, Miss Mac su r R at i sbon ne jusqu’à 100 m, voire
ce qui représente un taux de perte de au cours du raid constitue sa 11e mis- 50 m. Ces attaques
plus de 15 % ! À l’issue de cette jour- sur Ratisbonne. sion. 21 B-17 accom- se déroulent tout au
née, près de 600 aviateurs améri- La légende pagnés de trois long du trajet, entre
cains sont tués, portés disparus ou portée au appareils de rem- Eupen en Belgique
capturés. La vague de B-17 du dos du cliché placement décollent et la cible. Si cer-
4th BW comptabilise la perte de 24 indique qu’il de leur base de tains B-17 sont mal-
B-17, soit 240 hommes, le 100th BG vient d’annoncer Knettishall entre gré tout endomma-
essuyant la perte de neuf appareils, des chasseurs 06 h 45 et 07 h 02. Ils gés, elles n’ont pas
soit près de 90 hommes d’équipage. ennemis en se regroupent sans vraiment d’effets.
Le 388th BG ne perd quant à lui approche. trop de difficultés Quant à la Flak,
qu’un seul B-17, tout comme le À noter qu’il a avant de prendre le les B-17 la ren-
pris soin de fixer DR/C . P
OLL ONS
94th BG, les deux équipages étant cap vers l’Europe. contrent à travers 13
son parachute
tous deux récupérés en mer sains et Après un certain temps, comme zones différentes d’Anvers à Ratis-
ventral sur son
saufs. Le 390th BG perd six appa- aucun appareil ne signale de pro- bonne, en passant par Nuremberg
harnais.
reils, le 95th BG, quatre, et le 385th blèmes mécaniques, les trois avions et Cologne. Elle n’est pas très in-
BG, trois. Seul le 96th BG ne déplore de remplacement abandonnent la tense, et sa précision est jugée
aucune perte. Tous les hommes du formation et font demi-tour. Tout au moyen ne. Di x appareils du
100th BG qui ont participé au raid long de leur trajet, la formation de 388th BG subissent des dégâts,
se voient décerner la Distinguished B-17 du 388th BG est attaquée à mais ils ne sont pas suffi samment
Flying Cross. plusieurs reprises par environ 30 à sérieux pour les empêcher de pour-
50 chasseurs allemands, Fw 190 et suivre leur mission.
Des photos historiques Me 109, qui ont comme principal Les 21 B-17 du 388th BG ar-
avantage d’avoir le soleil dans le dos. rivent sur l’objectif à 11 h 48 et
prises depuis Miss Mac Leur technique est simple : attaque larguent leurs bombes de 500 livres
Pour les membres de l’équipage frontale et demi-tonneau pour déga- (227 kg). Une bombe reste accro-
du captain Thomas A. Dennis du chée dans la soute de l’appareil du
561st BS/388th BG, le raid sur lt Bliss, deux autres dans celui du
Ratisbonne constitue la deuxième
mission de combat. Leur première a “ À court de carburant, lt Nagorka – elles finiront par être
décrochées après la cible. La visibi-
eu lieu la veille sur le terrain de la
Luftwaffe d’Abbeville en France à
tout ce qui peut alléger le lité sur l’objectif est bonne et les
photos prises au cours du bombar-
bord de leur B-17 baptisé Miss Mac
sur lequel ils vont effectuer plus de la B-17 est jeté par-dessus dement montrent que la totalité de
l’usine Messerschmitt a été détruite.
moitié de leur tour d’opérations. Les Après avoir effectué le largage de
clichés pris par Nick Criscito – un des bord : mitrailleuses, etc. ” leurs bombes, les appareils se re-
22
VINCENT DHORNE

B-17F Miss Mac du 561st BS/388th BG matricule 42-3291 réussit


à rejoindre l’Algérie après le raid sur Ratisbonne le 17 aout 1943.

groupent au point de rendez-vous Au passage du dernier flanc des Deux des trois derniers moteurs
prévu et mettent le cap sur Bône, en Alpes, il essaie de mettre le moteur ayant rendu l’âme, il est 16 heures
Algérie. Miss Mac est passé à travers en drapeau mais l’hélice tourne quand le B-17 se retrouve sur un seul
l’enfer et file ver l’Algérie. encore à 2 950 tr/min. Le B-17 se moteur, contraint d’amerrir. D’après
trouve encore au-dessus du Nord de le dernier relevé du navigateur, il se
Le tragique destin l’Italie lorsque le bloc-moteur se trouve approximativement à la posi-
détache de l’appareil. tion suivante : 39°10’ latitude nord et
du Paddlefoot Le s/sgt Floyd E. Wood est cré- 07°00’ longitude est, ce qui signifie
Alors qu’il se trouve encore dans dité d’un chasseur ennemi détruit, le en pleine mer, à environ 30 km de la
le secteur de Ratisbonne, le B-17 mitrailleur de tourelle supérieure, le côte ouest de la Sardaigne, mais à
Paddlefoot du 2nd lt John W. Parker technical sergeant Livingston, est près de 200 km des côtes de l’Afrique.
Jr. est touché à plusieurs reprises. La crédité d’une victoire probable, tout
tourelle ventrale de l’appareil est comme le mitrailleur ventral La nuit en mer
endommagée et le staff sergeant Peterson avant que sa tourelle ne soit
George A. Peterson est contraint de hors service. Parker parvient à dé-
dans deux canots
quitter sa position pour grimper passer la Sardaigne jusqu’à se retrou- Leur position risque de se révé-
dans le fuselage, le système d’oxy- ver à court de carburant. Tout ce qui ler rapidement fragile en raison de
gène de la tourelle étant hors peut alléger est jeté par-dessus bord : leur proximité avec les côtes sardes.
d’usage. Le système hydraulique est mitrailleuses, bandoulières de muni- Trois autres B-17 se sont mis en
également endommagé, ce qui a tions, équipement radio, etc., pour orbite au-dessus d’eux afi n de re-
pour effet de dérégler le train d’at- alléger l’appareil au maximum et layer leurs coordonnées aux ser-
terrissage. Et pour couronner le gagner de précieux kilomètres. vices de secours alliés en Afrique

tout, le moteur n° 2 commence à


émettre de la fumée noire… Sack Time
L’équipage demeure convaincu du 549th BS/
qu’il ne s’agit pas d’un éclat de Flak 385th BG, piloté
mais plutôt d’un problème méca- par le lt Leslie
nique. Parker se décale alors à Richard
l’arrière de la formation de manière le 17 août 1943,
fut abattu par la
à ne pas endommager un autre ap-
chasse allemande
pareil au cas où des pièces se déta-
au cours
cheraient de son B-17. Le moteur
du trajet aller.
semble pouvoir continuer de fonc- Les membres
tionner et Parker décide de ne pas d’équipage
le mettre en drapeau tout de suite parvinrent
afi n de conserver un peu de puis- à sauter
sance et ne pas se retrouver isolé, mais furent
ce qui risquerait de rameuter les capturés par
chasseurs allemands qui, néan- les Allemands.
moins, en profitent pour passer à Ils terminèrent la
l’attaque. Grâce au sang-froid de guerre en camp
Parker et l’habileté de ses mitrail- de prisonniers,
leurs, les avions ennemis sont main- auquel ils
tenus à distance. survécurent.
DR/COLL. PONS

23
17 AOÛT 1943: LE RAID SUR RATISBONNE

du Nord. Les membres d’équipage Dear Mom,


ont eu le temps de gonfler les deux affecté au
canots pneumatiques et, une heure 331BS/94BG, fut
plus tard, un B-26 de la Royal Air abattu au-dessus
Force les survolent. Pour autant, les de la Belgique
hommes vont devoir passer la nuit le 17 août
en mer. À 3 h 30, un autre appareil 1943. Sur les
les survole et leur indique avec une 10 membres
lumière en morse qu’un bateau est d’équipage, il n’y
en route pour venir les récupérer. eut que quatre
Au lever du soleil, toujours rien. survivants.
À 7 heures, un “Wellington” les
survole à nouveau. Quelques mi-
nutes plus tard, deux hydravions
“Catalina” escortés par deux chas-
seurs P-38 “Lightning” arrivent sur
les lieux. Un des “Catalina” tente de
se poser malgré une mer agitée. Un
de ses flotteurs en bout d’aile s’ar-
rache et endommage la voilure. Les
10 membres d’équipage du B-17
grimpent à bord du “Catalina” qui
US NARA
n’est pas en mesure de redécoller : le
ventre de l’appareil a été endom- Le trajet des Bône. En cours de route, elle s’ar- l’équipage du lt Parker on compte
magé à plusieurs endroits lors d’un bombardiers rête pour récupérer 10 autres trois blessés légers lors de l’amer-
raid la nuit précédente et prend l’eau. entre membres d’équipage d’un B-17 du rissage. Tous sont convaincus qu’ils
À l’aide de ses moteurs, le “Ca- l’Angleterre et 385th BG. Il s’agit de l’équipage du auraient pu atteindre l’Algérie si
talina” met le cap vers le sud, espé- leurs objectifs, lt Keeley qui volait à bord du leur formation n’avait pas perdu
rant pouvoir écoper un peu d’eau Schweinfurt Pregnant Portia. Tout est bien qui autant de temps au-dessus de l’An-
et Ratisbonne,
de sa carlingue. Il est 9 h 30 quand finit bien pour ses 20 membres gleterre en début de mission.
puis l’Afrique
une vedette rapide de l’Air Sea d’équipage qui vont pouvoir célé- Concernant le reste de la forma-
du Nord
Rescue les trouve. Les hommes de brer leurs sauvetages à terre comme tion du 388th BG, seulement trois
et leur retour
l’équipage de Parker grimpent à il se doit au cours de la soirée du B-17 réussissent à se poser sur le
à leurs bases
bord de la vedette qui les ramène à de départ.
18 août. Parmi les membres de terrain initialement prévu. Les 17

FRANÇOIS HERBET
17 août 1943 :
les premières
bombes
viennent de
toucher l’usine
Messerschmitt
de Ratisbonne.

Le 17 août
1943, les B-17
du 4th CBW
de la 8th Air
Force survolent
Ratisbonne
noyée sous
les colonnes
US NARA
de fumée
autres appareils ont été contraints membres d’équipage ont été bles- pel leur demandant d’installer plu- qui montent
de se poser sur des terrains d’ur- sés, dont le lt F. Tierney, navigateur sieurs appareils photo sur différents de l’usine
gence à côté de Constantine, car ils de l’équipage du lt Nagorka, qui avions pour la mission du lende- Messerschmitt.
étaient à court de carburant. C’est perdit son bras droit. main. Mais cette fois-ci, c’est le Le Danube qui
là que Miss Mac se pose pour être major Leonard en personne à l’autre contourne la
accueilli par des auxiliaires de la L’odyssée bout de la ligne qui demande au pho- ville facilita
la tâche des
Croix-Rouge américaine qui tographe navigant William A. Van
servent aux membres d’équipage de
du Little Minnie II Steenwyk de le rejoindre immédia- navigateurs et
des opérateurs
quoi reprendre des forces. Tard dans la soirée du 16 août tement au bureau S-2 (services de
bombardier
Dix B-17 du 388th BG ont été 1943, les techniciens du laboratoire renseignements). Il est presque mi-
pour localiser
endommagés par la Flak et deux photo du 94th BG reçoivent un ap- nuit et Van Steenwyk enfourche sa


l’objectif.

US NARA

25
17 AOÛT 1943 : LE RAID SUR RATISBONNE

17 août 1943, cette formation de B-17 du 388th BG


arrive sur l’Algérie. Deux appareils effectuent leur break.
DR/COLL. PONS

bicyclette pour se rendre au bara-


quement du S-2 où il prend connais- Autour de la formation
“des
Le briefing débute et les hommes
découvrent leur objectif : Ratis-
sance des ordres du quartier général bonne… en Allemagne… une usine
qui viennent d’arriver. Il est informé
que tous les membres du service
Me 110, Me 210, de construction de chasseurs
Messerschmitt Bf 109 qui représente
photographique qui ont reçu une
formation de mitrailleur figurent sur
Me 109 et Fw 190, près de 30 % de la production alle-
mande. On leur explique que la des-
la liste des équipages qui vont parti-
ciper à cette mission. et en retrait un Ju 88 ” truction de cette usine devrait vrai-
semblablement enrayer l’action des
chasseurs de la Luftwaffe à l’avenir,
L’équipage s’interroge membres d’équipage qui discutent à et qu’après leur bombardement ils
bâtons rompus en essayant de devi- vont devoir poursuivre leur route
sur l’objectif ner l’objectif sur lequel on les envoie, vers l’Afrique du Nord via l’Autriche,
En sa qualité de sous-officier en ainsi que la durée de la mission. Au le col du Brenner, l’Italie, la Sicile,
charge de la section photo, Van moment du briefing, ils découvrent tout en survolant la Méditerranée,
Steenwyk n’a encore effectué au- la partie de l’Afrique du Nord qui a avant de se poser sur différents ter-
cune mission de guerre ; sa princi- été rajoutée au bas de la carte de rains en Afrique du Nord.
pale fonction consiste à diriger le l’Europe. Les hommes se de-
laboratoire et transmettre des ti- mandent où on les envoie et ce qu’ils Les B-17 noyés
rages aux officiers du renseignement peuvent bien aller faire là-bas sans
chargés de l’interprétation des cli- chasseurs d’escorte. Quelle peut
dans le brouillard
chés. Après avoir suivi sa formation bien être l’importance de l’objectif Le plan prévu est expliqué en
de photographe aérien, il a effecti- sur lequel on les envoie ? détail aux équipages. Les B-17 du 4th
vement suivi un entraînement de Bomb Wing regroupant sept Bomb
mitrailleur à l’école d’instruction de Groups ont pour objectif Ratisbonne,
Las Vegas. Il se retrouve donc à Vague d’attaques sur Ratisbonne tandis que la formation du 1st BW
devoir assister à la hâte au briefing Group Base de départ B-17 déployés Pertes doit attaquer l’usine de roulements à
sur le statut de prisonnier de guerre 96th BG Snetterton Heath 21 0 billes de Schweinfurt avec 12 Bomb
au cours duquel on lui dispense les 388th BG Knettishall 21 1 Groups. Le 1st BW doit décoller
dernières recommandations, avant 390th BG Framlimgham 20 6 d’Angleterre en même temps que le
de boucler son paquetage avec tout 94th BG Bury St. Edmunds 21 1 4th BW. Les deux formations doivent
un tas d’affaires supplémentaires. 385th BG Grat Ashfield 21 3 ensuite converger vers Liège, puis
Le petit-déjeuner est servi à par- 95th BG Horham 21 4 survoler l’Allemagne en une seule et
tir de 1 heure. On leur sert des œufs 100th BG Thorpe Abbotts 21 9 même vague, avant que le 1st BW
frais, ce qui intrigue un peu les n’effectue un virage à 90° pour re-
26
commence et ce n’est qu’à 6 h 40
qu’une éclaircie se fait sur la base du
94th BG à Bury St. Edmunds – mais
ce n’est pas encore suffisant. Comme
il est prévu que les appareils aillent
se poser en Afrique, le décollage va
devoir tout de même avoir lieu car si
le retard est trop important, ils ne
pourront plus bénéficier de la lu-
mière du jour pour pouvoir se poser.
Le 1st BW ne parvient pas à décoller,
mais le col. Curtiss Le May, qui a
particulièrement bien entraîné ses
hommes du 4th BW, notamment au
vol aux instruments, parvient à les
faire décoller. La vague de
Schweinfurt se retrouve coincée et il
va s’écouler plusieurs heures avant
qu’elle puisse décoller. L’effet de sur-
prise qui devait être un des princi-
paux éléments de cette mission se
retrouve totalement anéanti. Le
4th BW va attirer toute la Luftwaffe
contre elle, et même par la suite au-
dessus de l’Italie où une autre forma-
tion de chasseurs ennemis est censée
l’attendre également.

La première mission de
combat du photographe
Les équipages du 94th BG re-
joignent leurs appareils. Le photo-
DR/COLL. PONS
Arrivée sur graphe navigant Van Steenwyk doit
monter sur Schweinfurt et que la seule variable susceptible de pertur- Constantine, voler sur le B-17 Dear Mom matri-
formation du 4th BW poursuive sa ber la mission reste la météo. en Algérie, le cule 42-30389 avec le lt Bernard W.
route vers le sud sur Ratisbonne. Les Et c’est bien ce qui va se pro- 17 août 1943. Nayovitz (pilote) et le lt James F.
stratèges de la 8th Air Force sont duire. Le décollage est prévu à 5 h 50. Ce cliché a été Smith (copilote). Leur appareil a été
convaincus que cette manœuvre va Le temps paraît dégagé sur plusieurs pris par Nick équipé du seul appareil photo K-17
semer la confusion du côté des secteurs de l’Angleterre, mais plu- Criscito depuis dont dispose l’unité, lequel permet
Allemands et les obliger à diviser sieurs bases de B-17 se retrouvent Miss Mac. d’obtenir des clichés en 30 x 30 cm
leurs formations de chasseurs. La noyées dans le brouillard. L’attente avec une bonne définition. Au mo-
ment où il grimpe à bord de l’appa-
Miss Mac reil, Van Steenwyk apprend qu’il n’y
du 561st BS/ aura pas assez d’oxygène pour un
388th BG en membre d’équipage supplémentaire.
Algérie juste
Il lui faut donc trouver un autre B-17
après le raid
équipé d’un appareil photo : ce sera
du 17 août 1943,
Little Minnie II piloté par le
photographié
par Nick Criscito.
lt Sweeley du 332nd BS.
Les bombes Ce B-17 est équipé d’un appareil
encore équipées photo K-20 de plus petite focale, ins-
de leurs cerclages tallé dans un logement spécifique
de transport, dans le compartiment radio. Le
qui ont été décollage a lieu enfin à 7 h 30.
déposées au pied L’appareil traverse la couche nua-
de leur appareil, geuse à environ 1 000 pieds (305 m)
indiquent que et commence sa lente ascension
les préparatifs pour se regrouper avec les autres
du vol retour avions et traverser la Manche. Pour
vers l’Angleterre Van Steenwyk, il s’agit de sa toute
sont en cours. première mission de combat. Il est
particulièrement excité car tout ceci
est nouveau pour lui, mais dix mi-
nutes après avoir franchi la côte en
Europe, la Luftwaffe entre en action
et attaque la vague de B-17 avec une
centaine de chasseurs. Au niveau
d’Anvers, deux B-17 font demi-tour

DR/COLL. PONS

27
17 AOÛT 1943: LE RAID SUR RATISBONNE

Le s/sgt Ricard avec plusieurs chasseurs ennemis à


W. Rowan, leurs trousses.
mitrailleur Quelques minutes plus tard, Van
de queue de Miss Steenwyk jette un œil par la petite
Mac, pose à côté fenêtre du compartiment radio et
de l’impact au assiste à la fin du Dear Mom qui est
niveau du poste en feu et vire vers la gauche après
de tir occupé avoir reçu un coup direct au niveau
par Nick Criscito. du cockpit. Le manque d’oxygène
sur cet appareil lui a sauvé la vie.
Dear Mom explose en vol ; les quatre
officiers qui se trouvent à bord et
deux mitrailleurs sont tués sur le
coup. L’opérateur radio et le mitrail-
leur de queue réussissent à sauter
– ils seront faits prisonniers –, tandis
que les deux mitrailleurs de sabord
Jake Dalinsky et Beverley G. Geyer
sont plus chanceux. Ils seront cachés
par la résistance belge et parvien-
dront à regagner l’Angleterre où ils
recevront la Distinguished Flying
Cross pour leur exploit.

Seuls sans les chasseurs


d’escorte
Little Minnie II survole mainte-
nant la Belgique. Van Steenwyk
s’interroge sur son sort quant aux
sept heures qui arrivent, d’autant plus
qu’il n’y a plus de chasseurs d’escorte
DR/COLL. PONS
DR/COLL. PONS et qu’il aperçoit un autre B-17 en
Le 17 août 1943, flammes qui abandonne la formation
ces auxiliaires de en traînant un long panache de fu-
l’American Red mée. Le 94th BG a réussi à maintenir
Cross distribuent
une formation serrée pour repousser
du pain et
les assauts répétés des chasseurs alle-
de la confiture
mands qui s’en prennent à d’autres
de fraises
aux aviateurs
groupes. Van Steenwyk regarde sa
du 388th BG
qui viennent
de se poser
à Constantine.

Shackeroo ! II
(matricule
42-3319)
DR/COLL. PONS
du 333BS/94BG
succéda au
premier du nom
abattu le 13 juin
1943. Cette
décoration fut
jugée trop osée
par la censure
et l’assise de
la balançoire
fut recouverte
afin de cacher
le fessier de la
demoiselle.
DR/COLL. PONS
montre ; il est exactement 11 heures,
et une quinzaine de chasseurs alle- Plusieurs B-17 sont
“contraints
mands s’alignent pour effectuer une
passe frontale sur la formation qui se
trouve juste derrière son appareil.
d’amerrir.
Dix minutes plus tard, il aperçoit
trois B-17 en feu. À l’approche de
Little Minnie II poursuit
l’objectif, il ouvre la trappe du loge-
ment de l’appareil photo. Un éclat de sa route vers l’Afrique ”
Flak a endommagé une des trappes,
mais tout semble en ordre ; à travers Nick Criscito montrera jamais. Il leur reste encore
le viseur il aperçoit bien le sol et la singe un soldat environ cinq heures de vols et près
zone de l’objectif recouverte allemand. de 1 400 km avant d’atteindre
d’épaisses nappes de fumée dues aux La chasse l’Afrique. Plusieurs B-17 endomma-
explosions des bombes larguées par aux souvenirs gés sont contraints d’amerrir. Little
les formations précédentes. Il est était une des Minnie II poursuit sa route, volant
principales
possible qu’ils doivent effectuer une de plus en plus bas au fur et à mesure
préoccupations
deuxième passe comme on leur a que ses réserves de carburant dimi-
des soldats
expliqué lors du briefing. L’opérateur nuent. Le lt Sweeley parvient à se
américains.
bombardier en chef du 94th BG ne DR/COLL. PONS poser sur le terrain de Berteaux, en
parvenant pas à trouver une fenêtre clichés à travers un des petits hublots Algérie : ils ont réussi !
de tir, la formation est effectivement du compartiment radio avant de se Un repas à base de pain, de Spam
contrainte d’effectuer un deuxième retrouver brutalement plaqué au sol. (jambon en conserve), de corni-
passage. Elle largue ses bombes en Le lt Sweeley vient d’effectuer un chons, et de fruits en conserve est
plein sur la zone noyée sous la fu- piqué pour échapper à l’assaut des servi aux aviateurs par des prison-
mée. Les photos de reconnaissance chasseurs. Les manœuvres évasives niers italiens visiblement ravis que la
prises par la suite montreront que le vont se succéder tout au long de la guerre soit finie pour eux. Après
bombardement a été particulière- traversée des Alpes. Le B-17F quoi Van Steenwyk s’occupe des
ment efficace, l’usine étant quasi- Thunderbird appareils photo et fait le point avec
ment détruite. Et Van Steenwyk a Le terrain de Berteaux, (matricule les autres photographes du 94th BG.
réussi à prendre une bonne série de 42-30453) Quand il revient au pied de Little
clichés tout au long du largage.
en Algérie : ils ont réussi ! à Berteaux Minnie II il est 2 heures du matin.
La carlingue de l’appareil est sou- Les B-17 qui se trouvent en tête le 20 août Les membres de l’équipage dorment
dain secouée par des vibrations. C’est se mettent en orbite autour du lac de 1943. tous, soit à l’intérieur de l’appareil,
le mitrailleur de tourelle ventrale qui Garde afin de permettre aux retar- Il fut perdu au soit dehors sous les ailes. Au cours
cours du raid
tire plusieurs rafales. Van Steenwyk dataires de rattraper le groupe et de de la nuit, des équipes de “rampants”
sur Schweinfurt
identifie autour de la formation des reformer une formation serrée car viennent ravitailler l’avion en carbu-
le 14 octobre
Me 110, Me 210, Me 109 et Fw 190, une nouvelle vague de chasseurs rant pour leur permettre de regagner
1943 avec
et plus en retrait un Ju 88 qui semble ennemis est censée leur barrer la l’équipage
leur prochaine destination : le ter-
équipé d’un canon. Il prend quelques route. Heureusement, elle ne se rain de Telergma.


du lt Davidson.

29
17 AOÛT 1943: LE RAID SUR RATISBONNE

Le 20 août 1943, Little Minnie II fut victime


d’un malheureux accident. Un membre
d’équipage enclencha la commande du train
d’atterrissage au lieu de relever les volets
abaissés afin d’offrir plus d’ombre aux
aviateurs qui dormaient sous les ailes.

DR/COLL. PONS

Plusieurs habitants du voisinage d’autres se promènent autour du ter- membres d’équipage de Little
v ien nent rendre v isite au x Ramené en rain d’aviation et prennent quelques Minnie II a l’idée d’abaisser les volets
Américains et se font photographier Angleterre, photos. On leur distribue des melons de l’appareil pour pouvoir augmenter
autour des B-17. Les hommes ont un morceau d’eau [pastèques] juste avant qu’une la zone d’ombre le matin et prolonger
l’opportunité de prendre une douche de dérive tempête de sable n’arrive. Nombreux leur sommeil réparateur. Mais le len-
à base d’eau sableuse avant de décol- d’un appareil sont ceux qui seront atteints de dy- demain matin, quelqu’un se trompe
ler pour Telergma où les préparatifs allemand senterie et perdront du poids au de levier dans le cockpit et enclenche
pour le trajet retour vont devoir être dont le cours de leur séjour en Afrique… le système de rentrée des trains d’at-
effectués : faire le plein de carburant matricule a été À Telergma, les équipages per- terrissage. L’appareil s’affaisse dou-
des appareils avec des pompes à partiellement çoivent des lits de camp, ce qui amé- cement sur son ventre et son fuselage
main, nettoyer les armes de bords, effacé pour liore un peu leur confort car, comme se brise au niveau de la tourelle ven-
charger les bombes dans les soutes rajouter devant à Berteaux, ils sont obligés de dormir trale. C’est la triste fin du Little
des B-17. Certains hommes en pro- “Compliments au pied de leurs avions. Rien n’a été Minnie II. Cet incident aboutira à
fitent pour aller visiter Constantine, de l’équipage prévu pour leur hébergement. Un des l’installation d’un dispositif de sécu-
n° 38”.
US NARA US NARA

US NARA
Ci-dessus le maj. Gale W.
Cleven du 350th BS.
Ci-dessus à gauche,
le maj. John Kidd
du 418th BS.

Ci-contre le capt. William


W. Veal, pilote au sein
du 349th BS.
DR/COLL. PONS

30
Le 29 août 1943,
les membres
de l’équipage
du lt Keeley
(accroupi, 2e en
partant de la
droite), de retour
en Angleterre,
exhibent
fièrement les
souvenirs qu’ils
ont rapporté
de leur séjour
en Afrique du
Nord après leur
amerrissage
en Méditerranée
le 17 août 1943.
DR/COLL. PONS

rité sur les lignes de production du se retrouve en tête de la formation 17 août 1943. Toutefois, les condi-
B-17. En attendant l’appareil est can- lors du trajet vers l’Angleterre au tions d’accueil et de maintenance des
nibalisé. Les hommes retirent tout ce cours duquel les “Flying Fortress” B-17, ainsi que les conditions d’hé-
qu’ils peuvent de la forteresse qui ne du 4th BW bombardent les installa- bergement de leurs équipages en
pourra plus jamais prendre l’air. La tions de Bordeaux-Mérignac. Trois Afrique du Nord, n’ayant pas du tout
plupart des membres de l’équipage B-17 sont perdus lors de ce raid. été à la hauteur des attentes, il n’y eut
de Little Minnie II sont envoyés à pas d’autres missions “navette” de ce
Marrakech où ils attendront de pou- Les conditions du raid type via l’Afrique du Nord. Il faudra
voir rentrer en Angleterre avec un attendre juin 1944 pour que d’autres
avion de transport. De son côté, le
remises en cause missions de ce type soient effectuées
photographe navigant Van Steenwyk T ous les Bomb Groups du via la Russie par la 8th Air depuis
regagne Bury St. Edmunds avec 4th BW reçurent une Distinguished l’Angleterre et par la 15th Air Force
l’équipage du capt. Kirk à bord du Unit Citation pour leur action au à partir de l’Italie, dans le cadre de
Shackeroo II le 24 août 1943. Ce B-17 cours du raid sur Ratisbonne le l’opération Frantic. ■

l’appareil en vol, Cleven parvint à galvaniser ses hommes


Les héros du 100th Bomb Group qui défendirent leur appareil jusqu’à l’objectif où ils réussirent
Le 100th Bomb Group fut particulièrement éprouvé à larguer leurs bombes pour ensuite atteindre l’Afrique.
le 17 août 1943, l’unité ayant perdu neuf appareils, Malgré la recommandation par son officier supérieur
soit 90 membres d’équipage. Tous les survivants ts DR pour la médaille d’honneur du Congrès, Cleven
du raid furent décorés de la Distinguished Flyingg se vvit décerner la Distinguished Service Cross
Cross. Trois officiers pilotes se distinguèrent (deuxième plus haute distinction).
(deu
plus particulièrement. Deux d’entre eux reçurentt Le 17 août 1943, le maj. John Kidd, affecté au
la Distinguished Service Cross (DSC) (photo), 418th BS, dirigeait la formation du 100th BG.
418t
le troisième reçut la plus haute distinction était âgé de seulement 24 ans et le raid sur
Il éta
américaine : la médaille d’honneur du Congrès. Ratisbonne
Ratis constituait sa quatrième mission
Le maj. Gale W. Cleven du 350th BS se trouvait à la de com
combat. Kidd se vit décerner la DSC pour héroïsme
tête de la formation basse du 100th BG qui attiraa et le sang-fro
sang-froid dont il a fait preuve tout au long
la majorité des chasseurs allemands pendant de la mmission. Le capt. William W. Veal, pilote au sein
près de deux heures. À peine avoir passé Anvers, s, du 349t
349th BS, dirigeait la formation haute du 100th BG.
sa formation perdit un groupe entier de trois Juste
Jus avant d’entamer le largage de ses bombes,
B-17 et maintint malgré tout une position le moteur n° 3 de son B-17 prit feu après avoir
particulièrement vulnérable. 30 minutes avant été
ét touché par un obus de Flak. Il y eut également
d’atteindre l’objectif, son appareil fut touché une panne d’oxygène. Au lieu de se diriger
par un premier obus de 20 mm qui explosa justee à vers la Suis
Suisse qui se trouvait à environ 100 km, il parvint
côté de lui. Plusieurs autres obus de 20 mm tuèrent
rent son à mettre l’hé
l’hélice en drapeau et à maintenir sa position au
opérateur radio, endommagèrent le nez de l’appareil
pareil et sein de la for
formation malgré les assauts répétés
blessèrent l’opérateur bombardier à la tête et à l’é
l’épaule,
l des
d chasseurs
h allemands. Il réussit à larguer ses bombes,
anéantirent le système hydraulique, sectionnèrent des câbles traversa les Alpes et finit par atteindre l’Afrique du Nord
de gouverne et incendièrent un moteur. Au lieu d’abandonner avec seulement trois moteurs.

31
MONOGRAPHIE
L’avion de chasse Loire 250 C1
Un destin
contrarié
La publication de l’ouvrage Les avions
et hydravions Loire – Saint-Nazaire 1923-
1940 offre l’occasion mettre en lumière
la courte carrière du Loire 250 C1,
chasseur dont l’histoire mouvementée
était jusque-là relativement méconnue.
Par Gérard Bousquet

D
ans le cadre d’un vaste Au niveau de l’armement, on
programme de réarme- demandait deux mitrailleuses d’aile
ment aérien ministériel de 7,5 mm avec un canon de 20 mm
appelé Plan I, l’état-ma- “tirant à travers l’hélice”. La présen-
jor de l’armée de l’Air tation aux essais des prototypes
définit le 13 juillet 1934 les caracté- devait s’effectuer en juillet-août
ristiques générales d’un nouvel 1935. Neuf constructeurs répon-
avion de chasse monoplace (catégo- dirent par la suite à ce programme
rie C1) dont la mission principale en déclinant plus d’une dizaine de
était “l’attaque et la destruction de projets : Blériot 710, Bloch 150-151,
l’aviation enne- Dewoi tine 513,
mie (sic)”. Ce der- Caudron 710-713-
nier devait rem- 714, Les Mureaux
placer les avions 190, Loire 250,
d’ancienne géné- Morane 405-406,
ration de type Nieuport 160-161,
Dewoitine D.500, Rom a no 1 3 0 .
Spad 510 ou Paradoxalement,
Loire 46 en ser- le Loire 250 C1,
vice ou sur le prévu avec un
point de l’être. moteur en étoile,
Cette demande se retrouvait en
des militaires se concurrence di-
c o n c rét i s a l e recte avec le
1er septembre sui- Nieupor t 16 0,
vant par l’édition pourtant issu du
du programme même consortium
technique i ndustr iel et
MTCPT.4 dont le équipé d’un mo-
cahier des charges teur à refroidisse-
était le suivant : ment par eau. Le
moteur de 800 à journal Les Ailes
1 000 ch, vitesse DR/C . MAE
OLL en donnait par
supérieure à 400 km/h à 4 000 m à ailleurs la raison : “Cette firme,
l’altitude de rétablissement du mo- jouant sur les deux tableaux, présen-
teur [altitude à laquelle la puissance tera deux appareils de la même for-
décroît, NDLR] (détail qui aura son mule, mais de conception et de
importance dans le sort du construction différentes, qui ne se
Loire 250), autonomie de 2 h 30 min concurrenceront que dans la mesure En médaillon : vues d’ensemble du Loire 250
à la vitesse de croisière, plafond de où l’emploi des moteurs en ligne ou (plan d’usine de la deuxième version).
11 500 m et temps de montée à en étoile, à eau ou à air, prévaudra
8 000 m inférieur à 15 minutes. auprès des utilisateurs.”

DR/COLL. GÉRARD BOUSQUET

32
Le Loire 250 à Villacoublay au tout début
de ses essais en vol, avec une hélice bipale.

33
LE LOIRE 250 C1

Le dessin général du Loire 250 L’empennage du


– monoplan à voilure surbaissée can- Loire 250 en cours
tilever et train rentrant – tranchait de fabrication
nettement avec celui du Loire 46 à à Issy-les-
train fixe et aile PZL [aile “mouette” Moulineaux.
rendue célèbre par la série des chas- Le raccord Karman
seurs polonais PZL, NDLR], aux entre la dérive
caractéristiques désormais obso- et le stabilisateur
lètes. En ce sens, le bureau d’études horizontal n’a
Loire entrait dans la modernité. pas sa forme
Cette configuration devenait d’ail- définitive.
leurs un concept standard pour les
Raccordement de
avions de chasse à travers le monde DEFR
OY
l’aile au fuselage J. GAU
en cette période d’avant-guerre. du Loire 250
La structure de ce nouveau chas- (première version).
seur était métallique, y compris le L’emplacement
revêtement de la voilure et de l’em- du tuyau
pennage. Rappelons qu’il était de d’échappement
plus le premier avion Loire équipé ne sera pas
d’un train d’atterrissage rentrant. retenu sur le
Considéré au moment de sa sor- prototype (croquis
tie comme très fortement armé, on du dessinateur
prévoyait de l’équiper de deux ca- industriel
nons de 20 mm couplés à deux mi- J. Gaudefroy
trailleuses d’aile de 7,5 mm. paru dans
OY
L’Aéronautique en J. GA
DEFR
U

Un pari risqué avec novembre 1936).


n’hésitaient pas à encourager l’emploi Les premiers essais en vol de ce
l’Hispano-Suiza 14 Ha de ce moteur Hispano pour contre- moteur Hispano tout juste homolo-
Le bureau d’études avions du balancer la suprématie de Gnome & gué avaient seulement débuté en avril
constructeur Loire à Saint-Nazaire, Rhône dans le domaine des moteurs 1935 sur un avion Potez 50. La mai-
sous la direction de l’ingénieur Alfred à refroidissement par air. son Loire prenait donc un pari risqué
Asselot, opta pour un moteur d’envi- en retenant uniquement pour ce pro-
ron 1 000 ch de conception récente, jet un type de moteur aux essais en
du type Hispano-Suiza 14 Ha série vol inachevés et monté pour la pre-
79-04 de 14 cylindres refroidis par air
et disposés en double étoile. Le choix “ L’avion volait depuis mière fois sur un avion de chasse…
La fabrication du prototype
d’un moteur à refroidissement par air
et non à eau permettait, selon l’avion-
près de cinq mois sans Loire 250, construit sans marché
d’État sur fonds privés, s’effectua à
neur, “d’éliminer la problématique
des radiateurs aux surfaces toujours jamais avoir relevé son l’usine Loire-Nieuport d’Issy-les-
Moulineaux. Les hangars de l’usine
trop vulnérables en combat”. De plus, de Saint-Nazaire étaient en effet en-
à cette époque, les services officiels train d’atterrissage ! ” combrés à ce moment-là par la chaîne

Montage du Loire 250 (première


version) à l’usine Loire-Nieuport d’Issy-
les-Moulineaux, en 1935. Le moteur est
un Hispano-Suiza 14 Ha en étoile
de 980 ch (puissance nominale).

DR

34
fut unilatéralement portée par les
services techniques à 450 km/h, soit
un bond de 50 km/h par rapport aux
clauses initiales ! Il était bien évi-
demment trop tard pour modifier les
Loire 250, Morane MS 405 ou
Nieuport 160 afin de les rendre
conformes à cette nouvelle exigence,
car ils avaient déjà commencé leurs
essais à cette date.
Le MS 405 fut le seul des six
avions de chasse concurrents du pro-
gramme de 1934 à respecter la date
butoir d’août 1935 pour sa présenta-
tion aux essais, en exécutant juste-
ment son vol inaugural le 5 de ce
mois-là. Mais le Loire 250 fut le se-
cond, prenant théoriquement un sé-
rieux avantage sur ses autres adver-
saires. Jusqu’au 29 décembre, Pierre
Nadot assura divers essais de stabilité
et de maniabilité en totalisant une
vingtaine de vols dont la plupart
n’excédèrent pas une demi-heure.

DR
De sérieuses maladies de
d’assemblage d’avions Bloch 200 et
Le Loire 250 à
quelques lignes droites habituelles
jeunesse pour le moteur
Villacoublay
d’hydravions Loire 102 ou 501 notam- pendant ses pour évaluer son comportement au A u début, le moteur His-
ment. En mai 1935, son montage se premiers essais roulage. Cette opération se déroula pano 14 Ha série 79-04 d’une puis-
poursuivait et on estimait un peu pré- (première sans incident, train d’atterrissage sance nominale de 980 ch sembla
maturément qu’il serait terminé dans version à maintenu sorti par mesure de pru- donner satisfaction, mais courant
un délai de trois mois à peine. verrière non dence. Le lendemain, ce fut au tour décembre il fallut déjà le démonter
renforcée et de Pierre Nadot d’exécuter le deu- pour révision. Rappelons que ce
Le prototype décolle hélice bipale). xième vol, d’une durée d’un quart type de moteur, conçu au départ
d’heure. Les premiers vols avec une pour concurrencer le Gnome &
à Villacoublay hélice en bois bipale laissèrent une Rhône 14K également en étoile,
Le 12 septembre 1935, la presse bonne impression à ces deux pilotes commençait à peine sa carrière opé-
L’empennage
signala que ce prototype était arrivé très expérimentés, bien que de lé- rationnelle. Son utilisation allait ra-
du Loire 250
au terrain de Villacoublay. Le chef gères modifications des gouvernes pidement montrer ses limites, car il
en cours de
pilote Joseph Sadi-Lecointe le fit fussent nécessaires. souffrait encore de sérieuses mala-
fabrication
décoller pour son vol inaugural le à Issy-les-
Mais le 16 novembre suivant, la dies de jeunesse, telles une sur-
jeudi 26 septembre suivant, après Moulineaux. vitesse du programme technique C1 chauffe chronique, des fuites d’huile,
voire des ruptures de vilebrequin
(lire encadré page 36).
U n premier changement de
moteur eut lieu durant cette pre-
mière période d’essais. Ce fut l’oc-
casion d’appliquer à l’appareil une
intéressante innovation technique
sous la forme de suspensions élas-
tiques Dynaflex montées sur le bâti
moteur, censées diminuer les vibra-
tions parasites, les risques de
criques du métal, mais également la
fatigue des pilotes (1).
Le 10 janvier 1936, le ministre de
l’Air, Victor Denain, se rendit à

(1) Le système Dynaflex de suspension


élastique des moteurs, testé avec
efficacité dès février 1936 sur un
bombardier bimoteur Bloch MB.200
au Cema de Villacoublay, avait permis
de réduire de façon notable
les vibrations de résonance des
moteurs. Ce dispositif était constitué
d’attaches élastiques, en métal
et caoutchouc, venant s’interposer
entre les boulons de fi xation du moteur
et le bâti servant à le supporter.
DR

35
LE LOIRE 250 C1

l’aérodrome de Villacoublay pour


une démonstration spéciale des der-
niers prototypes d’avions de chasse
en cours d’évaluation. Le Morane-
Saulnier 405 lui fut présenté en vol
par le chef pilote Michel Détroyat, le
Nieuport 160 par Pierre Nadot, et
enfin le Loire 250 par Arthur Surtel,
durant cinq minutes.

Le compresseur du moteur
loin d’être à la hauteur
Le 5 mars, après un mois et demi
d’immobilisation du Loire 250, Le poste
Pierre Nadot essaya pour la pre- de pilotage
mière fois le compresseur du moteur, du Loire 250
mais cet organe essentiel n’était pas très fourni
encore le modèle idéal car il portait en instruments
l’altitude de rétablissement du mo- de vol.
DR
teur à seulement 1 500 m et non 4 000
comme espéré. C’est dire si le était donc de mise aux essais en vol montrait que le temps de montée à
Loire 250 allait se trouver démuni de ce constructeur… 8 000 m en moins d’un quart d’heure
pour affronter ses futures épreuves Courant mars également, un troi- exigé par le programme C1 ne pou-
de montée en altitude… sième pilote, Fernand Lefebvre, vint vait être respecté en l’état. En mai, le
Le lendemain, ce même pilote participer aux essais du Loire 250, en moteur Hispano, rebaptisé entre-
effectua un premier vol de 20 mi- alternance avec Pierre Nadot qui temps 14 AA et non plus 14 Ha, dut
nutes “avec le train escamoté”, atteignit bientôt 400 km/h lors de subir de nouvelles modifications,
comme en fait foi son carnet de vol. bases de vitesse à Villacoublay le après seulement quelques heures
Étonnamment, l’appareil volait 12 avril. Cela était conforme au pre- d’utilisation. Sa fiabilité était plus que
depuis près de cinq mois sans jamais mier cahier des charges, mais bien en jamais discutable…
avoir relevé son train d’atterrissage, deçà des nouvelles spécifications, En juin, l’appareil reçut une hé-
pourtant très pénalisant en termes d’autant que le constructeur s’était lice tripale métallique Hispano-
de traînée ! Cette particularité avait déjà engagé sur une vitesse maximale Suiza (licence Hamilton) à pas va-
d’ailleurs été relevée par le chroni- de 485 km/h pour ce prototype… riable automatique, remplaçant la
queur du journal L’Intransigeant un Le 17 avril, Pierre Nadot emmena bipale en bois des premiers vols
mois plus tôt. La prudence ou la le Loire 250 à 4 500 m d’altitude en d’essais, mais également une pre-
crainte d’un incident technique 20 minutes. Cette performance dé- mière hélice métallique à pas fi xe

Deux vues
frontales
Le désastreux
du Loire 250 Hispano-Suiza 14 AA
à Villacoublay Pour mémoire, le moteur Hispano-Suiza 14 AA
montrant se révéla un échec technique et fut abandonné
la première par le motoriste dès 1936 au profit d’une version
version à moins puissante jugée plus fiable, du type 14 AB.
hélice bipale Ce groupe motopropulseur 14 AA allait fortement
en bois perturber les essais de plusieurs prototypes
et la deuxième français. Ainsi, le bombardier LeO 45 connut une
version à panne des deux moteurs en vol en décembre 1937
hélice tripale
et “ne consomma” pas moins de 13 moteurs
métallique.
de ce type durant ses 50 premières heures de vol
À noter
d’essais constructeur ! De même, le bombardier
DR la grande
Farman 223.3 Bn5 subit également une panne
largeur
du train (voie
des quatre moteurs en vol en janvier 1938.
de 3,06 m), Enfin, les trois groupes Hispano du seul hydravion
gage “Breguet-Bizerte” de la Marine qui en était équipé
d’une bonne chauffaient anormalement ou perdaient de l’huile
stabilité à tel point qu’ils durent être changés au profit de
durant Gnome & Rhône 14 K en 1939. Toutefois, ce type
les phases de problèmes techniques n’était pas propre aux
de décollage et seuls motoristes français et touchait également
d’atterrissage. les avionneurs étrangers. À titre d’exemple, il faut
savoir que les moteurs Wright du prototype Boeing
B-29 furent changés 16 fois et leurs carburateurs
22 fois au cours des 26 premières heures de vol
d’essais de ce bombardier américain en 1942 !
DR

DR/COLL. GÉRARD BOUSQUET

36
AA 06. Notons qu’une pancarte de
présentation officielle indiquait que
la vitesse maximale du Loire 250
était de 470 km/h. En réalité, cette
performance prometteuse s’avérait
bien supérieure à celle effectivement
constatée lors des essais en vol…
Comme l’attestent les clichés
Rare cliché d’époque du Loire 250, le montage de
du pilote ses deux canons et des deux mitrail-
Sadi-Lecointe leuses d’aile n’était pas encore exécuté
devant le fin 1936. Rappelons que l’absence
Loire 250 d’armement sur ce prototype repous-
à Villacoublay, sait d’autant son admission au sein du
probablement Cema [Centre d’essais du matériel
pris le premier aérien] dans cette formule inachevée.
jour des essais
en vol, Un imbroglio
le 26 septembre
1935.
juridique
DR/COLL. GÉRARD BOUSQUET
En début d’année 1937, au mo-
montée temporairement. Exté- deux ans auparavant dans les mêmes ment de la création de la SNCAO, la
rieurement, le capot Naca n’était plus conditions. Pour un public non averti, question du devenir de plusieurs
lisse et présentait désormais des bos- cette firme profitait visiblement de prototypes, anciennement Loire-
sages protégeant les têtes de culbu- l’évènement pour exhiber deux de ses Nieuport (Nieuport 161 et 541, Loire
teur. Cette modification avait permis plus belles réalisations. En réalité, le 102 et 250, LN.20), se posa avec
de conserver un diamètre minimal Loire 46 était obsolescent et le acuité. En ce qui concernait le
au capot moteur. Loire 250 n’avait pas jusque-là suscité Loire 250 et bien qu’il eût été faus-
un grand intérêt de la part de l’armée sement annoncé à deux reprises dans
Exposé au 15e Salon de l’Air… Le Loire 250 était dans une la presse en 1936 comme étant “bien-
configuration deuxième version : tôt affecté au C.E.M.A pour ses es-
de l’aéronautique hélice tripale Hamilton, saumon de sais officiels”, il n’était pas encore
Au 15e Salon de l’aéronautique dérive modifié, montants de la ver- présenté au Service technique du
qui se déroula au Grand Palais à rière renforcés, capot moteur avec ministère de l’Air.
Paris, du 13 au 29 novembre 1936, le des bossages, train d’atterrissage L’État n’avait jusque-là pas inté-
Loire 250 fut exposé sur le stand muni de trappes, stabilisateur hori- gré le rachat de cet appareil dans le
Loire-Nieuport en compagnie du zontal contreventé et un moteur processus complexe des nationalisa-
prototype Loire 46, déjà présenté Hispano-Suiza de 980 ch du type 14 tions qui avait brutalement inter-

Le Loire 250 à Villacoublay en septembre 1935,


au début des essais en vol. De dos et en combinaison
blanche, on distingue le pilote Sadi-Lecointe.

37
LE LOIRE 250 C1

Le Loire 250 (deuxième version)


exposé sur le stand Loire-Nieuport,
à côté du prototype du Loire 46,
au 15e Salon de l’aéronautique
du Grand Palais à Paris,
en novembre 1936.
DR

rompu sa livraison prochaine au poirs sur le Loire 250, décida tou- décision à intervenir et en attendant
Cema. D’un point de vue purement tefois d’achever sa mise au point la régularisation de la situation de
légal, il était même censé toujours – mais également celle du chasseur ces appareils.”
appartenir au groupe Loire-Nieuport LN.20. Elle en fit part à Loire-
– encore actif –, jusqu’à ce que les Le Loire 250
(première
Nieuport, tout en précisant : Une autorisation…
autorités aient approuvé son transfert “Quoique ces appareils n’aient pas
à la SNCAO. Cet épisode met en version), avec encore fait l’objet de marchés, le
suivie d’un refus
l’hélice bipale
lumière un détail singulier. En effet, conseil (d’administration) décide L’avionneur devait préciser ulté-
en bois utilisée
l’intégration en janvier 1937 du grou- de poursuivre provisoirement le rieurement ses intentions au sujet du
pour les
pement Loire-Nieuport au sein de la travail sur ces appareils, soit au Loire 250 : “Étant donné l’intérêt
premiers essais,
SNCAO, par le jeu des nationalisa- et sans trappes
compte de la Sté Loire-Nieuport, technique que présente cet appareil
tions, n’entraîna pas pour autant la de train.
soit au compte de l’État suivant la pour la SNCAO, nous serions dési-
disparition de la société Loire-
Nieuport. À telle enseigne que cette
entreprise était encore en activité
courant 1938 sous la dénomination
société anonyme Loire-Nieuport
dont le siège social se trouvait au 4,
rue de Téhéran à Paris. C’est la raison
pour laquelle la SNCAO s’adressa
directement à cette dernière pour
finaliser le règlement de cette affaire
du Loire 250, puisque cet avion de
chasse était toujours supposé appar-
tenir au groupement Loire-Nieuport.
En somme, personne ne voulait
récupérer ce prototype d’une ma-
nière ou d’une autre, tant que sa si-
tuation juridique, tributaire des
mesures d’expropriation, ne serait
pas totalement éclaircie.
Le 20 janvier 1937, la direction
de la SNCAO, qui fondait des es-
DR

38
“duLehangar
garer à l’extérieur
reux de le présenter en vue de la dé- gramme 1936. Équipés des mêmes
termination officielle de ses perfor- groupes motopropulseurs, mais avec
mances et de ses qualités de vol.”
F inalement, le 22 janvier, le (…) pour des cellules encore affinées, ils
doivent facilement dépasser le cap
Service technique du ministère de des 500 km à l’heure.” À l’évidence,
l’Air autorisa la poursuite provi-
soire du travail de mise au point sur
démontage de son le Loire 250 se situait encore bien en
deçà de cette performance…
cet appareil par la SNCAO. Mais
en février, le ministère de l’Air si-
moteur avec son hélice ” Le 6 mai 1937, l’hebdomadaire
Les Ailes donna brièvement des nou-
gnifia à cette société son refus de velles de ce prototype : “Il vole de-
signature d’un marché d’achève- était “le même que celui qui a puis dix-huit mois et sa mise au point
ment des essais du Loire 250, inter- construit et mis au point l’appareil”. est, à présent, complètement ache-
disant ainsi à la maison Loire- À cet effet, elle demandait la signa- vée. (...) Il se trouve dans un hangar
Nieupor t de récupérer son ture d’un marché spécifique de de Villacoublay, en ordre de marche,
investissement fi nancier de départ. l’ordre de 250 000 francs (près de prêt à exécuter les vols de perfor-
147 000 euros) pour couvrir les frais mances contrôlées qui pourraient
“Au champ prêt d’achèvement et de mise au point de fournir, ainsi que le demande le
ce prototype qui était alors “au constructeur, d’utiles enseignements
à reprendre ses vols” champ prêt à reprendre ses vols”. sur la valeur du modèle.”
À ce moment-là, Fernand En avril 1937, la presse annonça Puis le ministère de l’Air sembla
Lefebvre et Pierre Nadot avaient que le Loire 250 avait été finalement à nouveau accéder à la demande de
seulement accumulé une dizaine de rejeté par les services officiels, reprise de la campagne d’essais en
vols d’essais supplémentaires depuis confirmant en cela l’information vol de l’appareil en passant com-
début janvier 1937. Au total, entre le selon laquelle le ministère de l’Air mande à la SNCAO d’un “marché
27 septembre 1935, date de son pre- avait refusé de reprendre dans les d’expérimentations” destiné à ce
mier vol à bord du Loire 250, et le actifs des sociétés nationales plu- dernier. Par ailleurs, cette société
3 février 1937, dernier test de cet sieurs prototypes dont la mise au proposa le 21 juillet de porter la
appareil figurant dans son carnet de point n’était pas encore terminée. prime de ce marché spécifique à
vol – vraisemblablement aussi le der- Dans le cas du Loire 250, certaines 300 000 francs (176 600 euros) pour
nier exécuté par cet avion de chasse – objections précises concouraient Le Loire 250 couvrir les frais d’assurance.
Pierre Nadot n’avait totalisé que 49 manifestement à justifier le manque (deuxième
vols sur ce prototype. d’empressement du ministère de version), avec Définitivement
Quant à Arthur Surtel, sa prise l’Air à investir du temps et de l’argent un nouveau
en mains de l’avion se limitait uni- dans ce prototype inachevé. capot moteur cloué au sol
quement à deux courts vols le 10 jan- À commencer par le fait que le à bossages, En octobre 1937, le Loire 250
vier 1936. Le nombre d’essais assurés Loire 250 se trouvait alors en concur- une hélice était toujours maintenu en état de
par Fernand Lefebvre n’est pas rence au sein du même groupe avec tripale vol, cellule et moteur révisés. À tel
connu avec certitude faute d’élé- le Nieuport 161 et constituait de la métallique point que la SNCAO prorogea la
ments probants. sorte un doublon pas forcément né- à pas variable validité de la police d’assurance pour
Le 23 mars 1937, la SNCAO pro- cessaire du point de vue militaire. Hamilton une période de quatre mois encore,
posa à la Direction des constructions Un autre argument plaidait en faveur et une verrière de septembre à décembre, le temps
aériennes du ministère de l’Air de de l’abandon de ce prototype, à montants d’exécuter le programme d’essais.
présenter tout de même le Loire 250 comme le soulignait notamment le renforcée. La situation paraissait évoluer
Les barres
au Service technique, comme elle en journal L’Intransigeant en mai 1937 : favorablement dans le sens d’une
en métal
avait déjà fait la demande deux mois “Le Loire 250 appartient, rappelons- reprise des essais en vols, mais cette
triangulaires
auparavant. La société mettait en le, au programme des monoplaces affaire ne connut pas d’autres avan-
rigidifient
avant un élément supposé incitatif de chasse de 1934 et, bientôt, nous l’ensemble du
cées significatives. Et le Loire 250
en rappelant que son bureau d’études allons avoir les prototypes du pro- resta définitivement cloué au sol…

capot moteur.

DR

39
LE LOIRE 250 C1

JOSÉ FERNA
NDEZ

Le Loire 250 (deuxième version),


avec une hélice tripale métallique.

Entre-temps, deux canons longs compresseur amenant l’altitude de En raison du manque d’implica-
type IX avaient été montés dans les rétablissement à seulement 2 800 m. tion de l’État et de la société Loire-
ailes, non sans difficulté d’ailleurs, De plus, comme auparavant, ce Nieuport dans le règlement à
en raison de l’obligation d’utiliser de groupe motopropulseur chauffait l’amiable de cette affaire, la
nouveaux organes de fi xation ab- exagérément (température de 140 °C). SNCAO envisagea même un temps
sents à l’origine. de les assigner en justice pour récu-
En février 1938, la SNCAO rédi- Devenu sans objet, pérer la somme de 421 000 francs
gea une note interne sur “les (environ 227 735 euros), d’ores et
exemples de retards apportés à la
rapidement ferraillé déjà engagée dans ce programme
sortie des prototypes pour des rai- En mai 1938, le Loire 250 se trou- d’essais du Loire 250 depuis la na-
sons indépendantes de l’avionneur”. vait toujours abrité dans l’un des han- tionalisation. Puis la direction de la
En ce qui concernait le Loire 250, gars de la SNCAO sur le terrain de SNCAO finit par abandonner l’idée
elle attribuait principalement l’ori- Villacoublay, lorsque le motoriste d’un tel recours visant au rembour-
gine de ses problèmes au motoriste : Hispano-Suiza se manifesta auprès de sement de ses frais, bientôt relégué
“Le moteur prévu d’après le marché cette société en sollicitant le renouvel- à la rubrique profits et pertes.
doit être à compresseur rétablissant lement du contrat de prêt du moteur Devenu sans objet, il est probable
à 4 000 m. 26 septembre 1935 : pre- 14 AA. Cette demande fut transmise que le Loire 250, ne valant plus
mier vol, mais avec un moteur avec à la société anonyme Loire-Nieuport désormais que son poids de métal,
compresseur 1 500 m seulement. Le qui s’en désintéressa sous le prétexte fût alors rapidement ferraillé. On ne
10 janvier 1937 : le moteur définitif à que l’État était désormais propriétaire sait si la firme Hispano-Suiza récu-
compresseur 4 000 m n’avait pas été du Loire 250 depuis l’expropriation de péra pour finir ce moteur défaillant
monté (il est actuellement encore en janvier 1937. En conséquence, ce avec son hélice de valeur…
cours d’essai de mise au point sur un n’était plus son affaire… Ni celle, d’ail- Le Morane MS.406, évolution du
avion d’une société nationale). Entre leurs, de la SNCAO qui affirmait : “La type 405, sortit finalement vainqueur
les deux dates ci-dessus, soit pendant question du moteur est spécifiquement de cette confrontation générale et
15 mois, les essais eurent lieu avec un Hispano-L.N (sic)”. Elle prenait deviendra l’un des avions de chasse
moteur provisoire, sur lequel on d’autre part une mesure de rétorsion parmi les plus répandus au sein de
n’était pas arrivé à refroidir convena- en menaçant la société Loire-Nieuport l’armée de l’Air. Quant au Loire 250,
blement l’huile – sortie moteur “de garer l’appareil à l’extérieur du il avait été réduit à un simple banc
130 °C pour une sortie radiateur de hangar dès fin mai pour démontage de d’essai volant pour un moteur pré-
60 °C – et les cylindres ; température son moteur avec son hélice”, confor- tendument novateur dont le choix
des culasses 300 °C.” mément aux exigences du motoriste s’était révélé calamiteux pour l’ave-
Hispano-Suiza. nir de ce prototype… ■
Un constat simple
et navrant Les avions
Pour la SNCAO, le constat était et hydravions Loire
simple et quelque peu navrant au Retro
Retrouvez le Loire 250 et les autres réalisations
terme de cette réflexion : “Un moteur du m même constructeur dans
à compresseur 4 000 m disponible fin le ppremier livre consacré au sujet.
1935 aurait donné à l’appareil des Les avions et hydravions Loire -
performances telles que l’on aurait Sa
Saint-Nazaire 1923-1940
peut-être bénéficié d’une commande Par Gérard Bousquet
Pa
de série, malgré quelques défauts res- 376 pages, 65 €
37
tant à corriger sur le planeur.” José Fernandez/Les Ailes Françaises/
Jo
Notons enfin que le dernier mo- La Confrérie des Aérophiles
teur 14 AA utilisé avant l’arrêt des ISBN : 9782919231126
IS
vols du Loire 250 était équipé d’un
40
AIRSHOW
Flying Legends
Retour gagnant
Après trois années d’absence, le mythique
spectacle aérien Flying Legends a fait son
retour. Plus à Duxford, mais sur l’ancienne
base de Church Fenton, près de Leeds,
dans le Nord de l’Angleterre. Et il n’a rien
perdu de sa magie. Par Xavier Méal

Le “Quatuor Curtiss”
(P-40F, P-40C, P-36 et H-75)
comportait deux pilotes
français :
Patrice Marchasson dans le
P-36 (en bas) et Baptiste Salis
dans le H-75 “Hawk”
(en haut).

JEAN-PIERRE TOUZEAU
O
uverture en “Spitfire”
majeur, Balbo final,
présentations pleines
de maestria, ambiance
sans égal, rien n’a man-
qué au Flying Legends nouveau, de
retour après trois trop longues an-
nées d’absence. L’Imperial War
Museum de Duxford ne souhaitant
plus accueillir cet évènement pour-
tant mythique, bien que The Fighter
Collection soit basée dans ses han-
gars, Nick Grey, qui a succédé à son
père Stephen aux commandes de la
fameuse collection, s’est lancé dans
une longue et exigeante quête d’un
aérodrome.
Et son choix s’est fi xé sur l’an-
cienne base de la Royal Air Force de
Church Fenton. Le pari était osé, car
déplacer un événement aussi étroite-
ment associé à Duxford aussi loin au
Nord comportait le risque de décou-
rager une partie des fans. Par la route,
Church Fenton (aujourd’hui appelé
Leeds East Airport) est à trois heures
de Duxford. Le lieu est historique, il
a vu l’entrée en service dans la RAF
en 1937 du Gloster “Gladiator”
– avion cher au cœur de Nick Grey.

Des avions plus proches


du public
Le pari était également risqué.
Déplacer plusieurs flottes de warbirds
aussi loin de leur base habituelle, c’est-
à-dire sans avoir le confort rassurant
de disposer de ses propres ateliers et
bureaux, impose une énorme logis-
tique. Qui a été totalement maîtrisée.
De l’avis des aficionados qui
avaient fait le déplacement, Church
Fenton offre un axe de présentations

Nick Grey observe ▲


d’un œil attentif les
évolutions des warbirds,
en compagnie de son
père Stephen.

XAVIER MÉAL

43
FLYING LEGENDS

des avions qui paraît beaucoup plus


proche du public. Plusieurs photo-
graphes nous ont fait part de leur sa-
tisfaction de voir les appareils remplir
le viseur avec “seulement” un téléob-
jectif de 400 mm. Et sous des angles
très variés, même en étant positionné
au point central, car la disposition de
la piste par rapport au public fait que
les avions sont inclinés plus long-
temps lors de leurs passages.

Un important
contingent français
The Fighter Collection avait in-
vité nombre d’avions du continent.
Malheureusement, quelques-uns ont
été bloqués par une météo épouvan-
table le vendredi… Néanmoins, les
P-38 et B-25 des Flying Bulls étaient
présents, ayant été convoyés à
l’avance, tout comme le F4U-5N de
la collection Salis et le “Spitfire”
Mk XIV de W Air Collection venus
de La Ferté-Alais, ou le C-47
F-AZOX d’Un Dakota sur la
Normandie venu de Melun. Et de
fait, comme le veut la tradition de
Flying Legends, un contingent fran- Le P-38 des Flying Bulls
çais était présent, avec Patrice a offert une superbe
Marchasson aux commandes du présentation aux mains
Curtiss P-36 de The Fighter d’Eskill Amdal.
Collection, Baptiste Salis invité à
piloter le H-75 “Hawk” de TFC,
HARRY MEASURES
Edmond Salis aux commandes du
“Corsair” F-AZEG et Brice Ohayon
aux commandes du “Spittfire”
Mk XIV RM927.
Le samedi, les choses n’ont été
faciles ni pour le public, ni pour le
directeur des vols, ni pour les pilotes.
Une météorologie exécrable, comme
on en a jamais vue dans ce coin de
l’Angleterre à cette époque, a rythmé
la journée de coups d’orages et de
sautes de vent. Le spectacle a pour-
tant eu lieu, en version réduite certes, Le Royal Navy Historic
mais a eu lieu. Le Gloster “Gladiator” Flight avait dépêché un de
de The Fighter Collection est néan- ses Fairey “Swordfish”.
moins resté au sol, tout comme le duo
JEAN-PIERRE TOUZEAU
de P-51 The Horsemen, la force du
vent excédant les limites de sécurité
tant pour le biplan que pour un duo
dont les “Mustang” évoluent à moins
de 2 m l’un de l’autre. Le public des
passionnés a fait le gros dos, se réfu-
giant dans les hangars, ce qui lui a
donné l’occasion de “briefer” nombre
de spectateurs locaux qui assistaient
à leur tout premier spectacle aérien !
Avec le dimanche est venu le so-
leil, mais le vent fort est demeuré bien
présent. Si ce n’est pour le “Gladiator”
et les Horsemen, donc, un spectacle
quasi complet a eu lieu. Avec un bal-
let de huit “Spitfire” en ouverture, un
quatuor de chasseurs Curtiss (P-40F,
P-40C, P-36 et H-75 “Hawk”) somp-

44
JEAN-PIERRE TOUZEAU
Chaque pilote
participant a
reçu en cadeau
une paire du
fameux modèle
de gants blancs
de la RAF, siglés
The Fighter
Collection,
produits pour
l’occasion par
Barnstormer.

XAVIER MÉAL

Les “Spitfire”
étaient
au nombre
de 12, du Mk I
au Mk XIV, en
passant par le
plus rare Mk XI
(premier plan).

Baptise Salis
en pleine visite
prévol du Curtiss
H-75 “Hawk“
de The Fighter
Collection.
HARRY MEASURES

45
FLYING LEGENDS

Pete Kinsey menait


le Balbo aux commandes du F8F
“Bearcat” de TFC.

JEAN-PIERRE TOUZEAU

Brice Ohayon fait décoller


son “Spitfire” Mk XIV RM927.

JEAN-PIERRE TOUZEAU

46
JEAN-PIERRE TOUZEAU
Le Lockheed 12
G-AFTL a tueux, un duo B-25 et P-38 non moins
été présenté majestueux, une présentation super-
de façon bement énergique du Lockheed 12
somptueu- G-AFTL récemment restauré, les
sement présentations d’un Fairey “Swordfish”
énergique. de la Royal Navy et du “Lancaster”
du Battle of Britain Memorial Flight,
Le “Spitfire” d’un trio composé du “Bearcat” de
Mk IX MH415 The Fighter collection emmenant
n’a été que dans ses ailes un FG-1D “Corsair” et
rament vu dans un F4U-5NL “Corsair”, des P-47 et
les spectacles “Hawker “Fury” des Ultimate
aériens. Fighters, de plusieurs “Hurricane” et
JEAN-PIERRE TOUZEAU
d’une paire de H-1112 “Buchón”. Et
bien sûr du Balbo final, le défilé en
formations des chasseurs présents.

Le “Flying Legends Spirit”


est bien vivant !
Nous n’en doutions guère, mais
Le P-47 nous en avons eu confirmation : le
des Ultimate “Flying Legends Spirit”, l’atmosphère
Fighters, unique si particulière à cette institution du
exemplaire spectacle aérien, est bien vivant, et n’a
volant rien perdu malgré son déracinement.
en Europe. Alors 1 000 mercis à Nick et Stephen
NIGEL HITCHMAN
HARRY MEASURES Grey d’avoir pris des risques en tous
genres pour faire vivre cette légende,
1 000 mercis à celles – elles ne sont
que deux – qui ont multiplié les jour-
Le B-25 nées doubles et les nuits courtes pour
des Flying Bulls, que les rouages de cette grosse ma-
à la fois délice chine se remettent en action après
et cauchemar des trois ans de sommeil. Même si la
photographes météo a joué les trouble-fêtes et si le
quand le soleil public n’a pas été en nombre comme
joue à cache- à Duxford, le retour de Flying
cache… Legends est un retour gagnant ! ■
47
MONOGRAPHIE

Le Dornier 217
De toutes les missions
sur tous les fronts

DR/COLL. C. GOSS

ham, dans le Kent, entraînant dans


Deuxième partie. la mort son équipage.
Durant l’année 1943, les attaques aériennes Une seule autre perte fut enre-
gistrée en janvier 1943 lors d’une
allemandes se poursuivirent contre les ports deuxième attaque sur Londres dans
la nuit du 20 janvier ; un chasseur
et les villes de la côte Est du Royaume-Uni, de nuit du Sqn 141 ou de la Fighter
puis en Méditerranée, avec l’arrivée de nouvelles Interception Unit abattit un
Do 217E-4 du 4./KG 2 au-dessus de
armes : les bombes planantes. la Manche. Le 3 février 1943,
Par Chriss Goss. Traduit de l’anglais par Xavier Méal. l’oberfeldwebel Karl Müller du
3./ KG 2, décoré de la Ritterkreuz,
fut abattu par le Sqn 219 alors qu’il

L
a première perte du mois de la nuit du 15 janvier 1943. Deux nuits attaquait Sunderland.
janvier 1943 fut à déplorer plus tard, un changement majeur de Entre le 9 et le 12 février, les
lors d’une attaque contre cible se produisit lorsque, pour la deux Geschwader effectuèrent une
Hull dans la nuit du 3 – un première fois depuis mai 1941, et en série d’attaques jusque sur l’estuaire
avion du 9./KG 2. Deux opé- réponse à une attaque majeure du Wash, au nord, et même jusqu’à
rations de largage de mines eurent contre Berlin la nuit précédente, 118 Dartmouth, à l’ouest ; le II./KG 40
lieu la nuit suivante, la principale sur avions attaquèrent Londres en deux s’était installé à Évreux au début du
la Tamise et le cap Dungeness. Un vagues ; les seuls dommages sérieux mois. Un équipage du 4./KG 40
équipage du 4./KG 40 effectuait à concernèrent une centrale élec- enregistra sa première attaque
cette occasion sa première mission ; trique. Les chasseurs de nuit britan- contre Woking le 9 février et contre
alors que son avion rasait le haut niques revendiquèrent six avions Reading le lendemain, cette der-
d’une falaise, il s’écrasa contre un détruits et trois endommagés ; un nière entraînant la mort de 41 civils.
bungalow à Fairlight. seul Do 217 fut revendiqué détruit Le 10 février fut un jour noir pour
Le KG 2 perdit deux avions du par un pilote du Sqn 29 – qui avait le II./KG 40 ; un avion rentra d’une
fait de la chasse de nuit britannique par ailleurs abattu un appareil du attaque contre Winchester avec des
alors qu’ils attaquaient Lincoln dans 7./ KG 2 qui s’était écrasé à Wester- blessés tandis que deux furent vic-
48
Un Do 217 avec une bombe planante téléguidée
Henschel Hs 293 sous l’aile. Elle fut en particulier
utilisée pour attaquer les navires.

Particularités
times de la défense antiaérienne. Le tourelle dorsale, après quoi le bom- bord ; un réservoir de carburant
du Do 217 dans
premier, du 5./KG 40, attaquait la bardier s’écrasa. Le second, du explosa, l’avion percuta le sol et sa
un manuel
base de la RAF de Tangmere quand 5./ KG 40 également, fut touché par charge de bombe explosa.
pour pilotes
la défense antiaérienne toucha la la défense antiaérienne à l’aile bâ- britanniques.
Des attaques
depuis la Normandie
Les deux Geschwader opéraient
désormais depuis des aérodromes en
Normandie, attaquant d’abord
Plymouth dans la nuit du 13 février
– sans aucune perte – puis Swansea
trois nuits plus tard. Lors de cette der-
nière mission, deux avions du II./ KG 2
furent perdus, victimes du Sqn 125.
L’un se perdit, un autre fut victime
d’une panne moteur, et un dernier
tomba sous les coups des “Boston” du
Sqn 605 et s’écrasa à Évreux. La fin
de février 1943 fut plus calme avec
principalement des missions de lar-
gage de mines – un équipage du
Sqn 29 abattit deux “poseurs de
mines” du 2./KG 2 dans la nuit du
26 février. Pendant ce temps, plus à
l’est, les essais et l’entraînement au tir
de bombes planantes Hs 293 se dé-
roulaient lentement tandis qu’un
certain nombre de Nacht auf-

DR/COLL. C. GOSS

49
LE DORNIER 217

klärungsstaffel (escadrons de recon-


naissance de nuit) avaient été trans-
formés sur Do 217E-4 à la fin de
1942, puis sur Do 217K-1 au début de
1943. Au début de février 1943, les 1.
et 4. Nachtaufklärungsstaffel rappor-
taient avoir exploité le Do 217 mais
uniquement au-dessus de l’Union
soviétique, la première perte au com-
bat étant un Do 217E-4 du 2. Nacht-
aufklärungsstaffel le 29 janvier 1943.

Trois raids déferlent


sur Londres
Si février s’était terminé tran-
quillement, tout allait changer à par-
tir du 3 mars. Cette nuit-là, trois
vagues d’attaques déferlèrent sur
Londres. Aucun dégât majeur ne fut
infligé, mais un accident tragique fit
178 morts et 60 blessés graves parmi
les civils lorsque le tir d’une salve de
DR/COLL. C. GOSS
roquettes défensives sema la panique Le Do 217 fut
dans un groupe de personnes réfu- Saint-Aubin avec trois membres la cheville Northumberland. Pour aggraver les
giées dans une station de métro. Le d’équipage blessés et un tué. Deux ouvrière choses, un autre appareil du 6./ KG 2
KG 2 perdit quatre avions du fait de nuits passèrent avant que les Do 217 de la percuta un mât radio et s’écrasa près
la défense antiaérienne, sans aucun ne repartent, cette fois sur Newcastle, campagne de de Katwijk, tuant tout l’équipage.
survivant, et il semblerait qu’un attaquée deux nuits de suite ; la RAF bombardement Dans la nuit du 28 mars, à la suite
avion du 4./KG 2 eût été abattu par revendiqua cinq Do 217 détruits et sur les îles d’une attaque sur Norwich, des
un “Boston” du Sqn 418. deux probablement. Le KG 2 en per- britanniques avions des 4./KG 2 et 6./KG 40 ne
Quatre jours plus tard, la cible de dit deux au combat et le 6./KG 40, un. en 1942 rentrèrent pas, victimes des Squa-
nuit était Southampton Docks. et 1943. drons 68 et 157. Le mois de mars
L’attaque fut en quelque sorte un De lourdes pertes 1943 avait été coûteux pour le Do 217
désastre ; deux équipages du Sqn 604 et coïncidait avec la nomination de
affirmèrent chacun avoir détruit un
pour le KG 2 l’oberstleutnant Dietrich Peltz
Do 217. Un du 9./KG 2 fut abattu au Durant les nuits qui suivirent, le comme Angriffsführer England,
sud de l’île de Wight tandis qu’un KG 2 perdit des avions en attaquant dont le travail était de coordonner et
autre du 1./KG 2 le fut par le Sqn 29 Sunderland, Grimsby, Norwich et d’intensifier le bombardement de la
près de Midhurst. Hartlepool. La nuit du 24 mars 1943, Grande-Bretagne. Le KG 2 avait
Deux nuits plus tard, le KG 2 s’en Édimbourg fut la cible des Do 217 du perdu au total 25 Do 217, le II./
prit à Hull et le II./KG 40, resté à KG 2 et des Ju 88 du KG 6. Encore Ce Do 217 E-2 KG 40 quatre, avec 76 tués ou dispa-
Évreux, à Portsmouth. Le KG 2 si- une fois, les pertes furent lourdes du KG 2 fut rus et 13 capturés pour le KG 2, et 13
sévèrement
gnala un avion de son 3./KG 2 man- pour le KG 2 avec un avion du 3./ KG 2 tués ou disparus pour le II. KG 40.
endommagé à
quant et deux autres perdus dans des percutant une colline et deux autres Dès le 11 mars 1943, les équipages
l’atterrissage
accidents, tandis que le II./KG 2 rap- du 7./KG 2 s’écrasant respectivement capturés avaient déclaré que les
à Vannes, le
porta un appareil s’étant écrasé à à la frontière écossaise et dans le 11 août 1943.
pertes jusque-là avaient été lourdes,
DR/COLL. C. GOSS

50
À partir du printemps 1943, le Do 217
laissa sa place en première ligne
à des bombardiers plus modernes.

DR/COLL. C. GOSS

que peu ou pas de remplacements mitrailleur, fut tué. Bradel, titulaire


avaient été reçus et que de nombreux
équipages avaient peu ou pas d’expé- “ Des missions de la Ritterkreuz, fut remplacé par le
major Karl Kessel, ancien komman-
rience opérationnelle. Les choses
allaient s’aggraver pour le KG 2 d’intrusions ennemies deur du I./ KG 2.
Il semblerait que les deux unités
lorsqu’à la mi-juin 1943, le II./ KG 40
fut retiré des opérations. de nuit comme de jour de Do 217 eussent ensuite essentiel-
lement effectué du largage de mines,
La litanie des pertes se poursui- les pertes suivantes survenant lors
vit la nuit du 3 avril 1943 lorsqu’un
Do 217 du 3./ KG 2 fut endommagé
contre le KG 2 ” d’une telle mission le 11 mai 1943.
Un avion 3./KG 2 s’écrasa en mer
par un chasseur de nuit non identifié Le mois d’avril 1943 se révéla après que le pilote eut été apparem-
et qu’il se posa en catastrophe à moins coûteux en avions (huit du ment aveuglé par des projecteurs,
l’ouest de Vlissingen ; le pilote fut le KG 2 et trois du II./KG 40) et en tandis qu’un bombardier du
seul survivant. Puis un équipage du équipage (32 tués et trois capturés 6./ KG 40 ne rentra pas. Puis une
I./KG 2 s’entraînant depuis Saint- du KG 2 ; neuf tués et trois capturés attaque majeure fut menée sur
André entra en collision avec un du II./KG 40). Mai 1943 débuta mal Chelmsford dans la nuit du 13 mai,
“Boston” du Sqn 418 près de Dreux pour le KG 2 et serait le dernier mois qui entraîna la perte d’un avion du
le 9 avril 1943. complet d’opérations avec des 2./KG 2, d’un du 4./KG 2 et d’un
Les pertes s’enchaînèrent par la Do 217 pour le II./KG 40. Durant ce autre du 6./KG 2.
suite. Dans la nuit du 11 avril 1943, mois furent observés les premiers
deux avions du 5./KG 2 et un du accidents de Do 217K-2 du Cardiff visée depuis
5./ KG 40 ne rentrèrent pas d’une III./ KG 100 et la poursuite de l’uti-
mission de largage de mines. Quatre lisation des Do 217E-5 exploités par
Rennes et Vannes
autres furent perdus en attaquant le Lehr-und-Erprobungskommando Deux nuits plus tard, une attaque
Chelmsford dans la nuit du 14 avril, 15 (escadron d’éclaireurs). Les diffé- sur Sunderland se solda par la perte
deux du 6./KG 2, un du 4. et un du rentes unités de chasse de nuit d’un Do 217K-1 du 6./KG 2 sous les
5./KG 40 – sans doute du fait de deux – principalement NJG 3 et 4 – eurent coups d’un chasseur du Squa-
équipages des Squadrons 85 et d’un à déplorer un certain nombre d’acci- dron 604, tandis qu’un Do 217E-4 du
autre du 157. Ce serait les dernières dents mais aucune perte au combat. II./KG 40 percuta un obstacle au-des-
pertes du mois malgré la poursuite Après quelques nuits consacrées sus des Pays-Bas et s’écrasa en
des opérations – sur un rythme au largage de mines, la première flammes, tuant ses quatre membres
néanmoins beaucoup plus calme – grande attaque de mai 1943 porta sur d’équipage. Le 17 mai 1943, les
parmi lesquelles une attaque sur la ville de Norwich, avec 43 Do 217 I./ KG 2 et II./KG 2 se dirigèrent res-
Aberdeen dans la nuit du 21 avril, et 36 Ju 88 dans la nuit du 4. Un avion pectivement vers Rennes et Vannes
30 avions des I et II./KG 2 et un du 2/KG 2 fut abattu près d’Eindho- puis, avec le KG 6 et le II./KG 40,
nombre inconnu du II./KG 40 ayant ven par un “Mosquito” du Sqn 605 attaquèrent Cardiff. Encore une fois,
attaqué Stavanger la veille. tandis qu’un Do 217K-1 du 4./KG 2 la ville fut bombardée, et bien que des
L’attaque avait réussi et aucun avion ne rentra pas. Deux autres avions chasseurs de nuit eussent été signalés,
n’avait été perdu, mais lors du vol de furent perdus sur accidents ; le plus il n’y eut aucune revendication de
retour vers les Pays-Bas le 25 avril, sérieux impliqua le lt Ernst Andres Do 217 abattu, ce qui n’explique pas
un avion du 4./KG 2 entra en colli- du Stab./KG 2 : victime de problèmes les pertes de deux appareils du 3./
sion avec un Fw 190. L’attaque sur moteur, son Do 217K-1 s’écrasa près KG 2 et un du 4./KG 40. Pour ne rien
Aberdeen avait vu 127 bombes tom- d’Amsterdam. Parmi son équipe se arranger, un 217K-1 se perdit et, à
ber sur et autour de la ville, tuant 98 trouvait le geschwader kommodore, court de carburant, s’écrasa près de
civils et 27 soldats. le maj. Walter Bradel qui, avec le Grand-Champs, emportant dans la

51
LE DORNIER 217

mort son équipage, tandis qu’un autre


du 2./KG 2 s’écrasa à Romazy, tuant
également l’équipage.
Le 23 mai 1943 fut le jour de la
dernière grande attaque du mois et
de la dernière attaque des Do 217 du
II./KG 40. Un avion du 1./KG 2 et un
autre du 5./KG 40 ne rentrèrent pas.
Un seul Do 217 fut revendiqué abattu,
au large des côtes, par le Squadron 409. VINCENT
DHORN
Juin 1943 fut plus calme pour le E

KG 2, désormais seule unité opéra-


tionnelle Do 217 à l’ouest – le
II./ KG 40 était alors en cours de
transformation sur Me 410.
Seulement trois pertes au combat
furent comptabilisées ce mois-là, en
attaquant Londres dans la nuit du
4 juin, Plymouth le 12 juin et
Grimsby le 13 juin. Deux furent at-
tribués à des chasseurs de nuit.
En avril 1943, le 1./KG 66 fut
formé à Chartres à partir du 15./ KG 6 par la défense antiaérienne, et l’autre raient aux opérations. Le 5 juillet, les
qui lui-même avait été formé sur la du 6./KG 2 qui avait percuté la terre premiers Do 217E-5 du II./ KG 100
base du Lehr-und Erprobungs- du Kent. Presque simultanément, un avaient déménagé à Istres puis peu
kommando 17. Bien qu’il ne fût pas “Mosquito” du Sqn 85 s’était écrasé après à Cognac. Une semaine plus
encore pleinement opérationnel, il à proximité ; il est probable que les tard, les Do 217K-2 du III./KG 100 se
subit sa première perte le 21 juin : un deux avions s’affrontèrent. Lors de déplacèrent vers Istres. Trois avions
Do 217K-1 fut abattu par un “Boston” ces trois accidents, deux aviateurs de furent ensuite positionnés à Foggia le
du Sqn 418 près de Montdidier. la RAF et huit membres d’équipage 17 juillet, après quoi il y a eu une at-
D’autres pertes furent notées en juin, allemands étaient morts. taque inefficace contre la navigation
mais elles semblent être des accidents Si les chasseurs de nuit étaient alliée au large de la Sicile dans la soi-
pour les différents Nachtaufklärungs- une source de problèmes pour le rée du 21 juillet.
staffel sur le front de l’Est et pour les KG 2, les missions d’intrusions enne- Les pertes au combat des Do 217
II. et III./KG 100 toujours en forma- mies de nuit comme de jour en chasseurs de nuit furent très rares
tion pour les opérations avec les étaient une autre. Par exemple, le jusqu’à la nuit du 15 juillet, lorsque
Hs 293. Les pertes en chasseurs de 12 juillet, un P-51 “Mustang” du deux appareils du 5./NJG 4 ne ren-
nuit furent très légères, encore une Sqn 400 abattit un Do 217M-1 du trèrent pas. Le fw Helmut Späte ve-
fois toutes dues à des accidents, tandis 9./ KG 2 près de Chartres. Deux nait d’abattre son premier avion de
qu’une autre fut rapportée par l’ein- membres d’équipage furent blessés, la guerre, un “Halifax” du Sqn 10,
satzstaffel du II./ KG 101. Cette unité le pilote tué. lorsque son Do 217N-1 fut touché par
avait été formée en février 1943 à par- Pendant ce temps, en Méditer- les tirs défensifs d’un second avion
tir de Kampfschulgeschwader 1 et ranée, les II et III./KG 100 se prépa- qu’il attaqua. Son appareil s’écrasa à
effectuait des essais et une évaluation
des bombardements. Elle avait fait La bombe
mouvement de Greifswald à Pskov- planante à
Sud en mai 1943 pour les essais opé- guidage radio
Fx 1400 Fritz X
rationnels de bombardement à haute
entra en service
altitude ; le 8 juin, un Do 217E-4 avait
peu après
été abattu par la défense antiaérienne
le Hs 293.
près de Volkhov.

Les pertes repartent


à la hausse en juillet
Les pertes repartirent à la hausse
en juillet pour le KG 2 : 18 Do 217
furent perdus au combat ou sur acci-
dents, avec 57 membres d’équipage
tués et deux capturés. Les objectifs
furent les mêmes que le mois précé-
dent : Londres, Grimsby, Hull et
largage de mines, mais il y avait
quelques différences. En raison des
mauvaises conditions météorolo-
giques le 9 juillet, huit Do 217 me-
nèrent une attaque à basse altitude
de jour contre Londres ; deux ne
rentrèrent pas : un du 5./KG 2 abattu
NASM

52
Do 217E-5 du KG 100 avec une bombe
planante Hs 293 sous l’aile.

Voisin, le tuant ainsi qu’un membre dont il disposait sauf une, et la mort combat pour le 1./KG 66 dont un
d’équipage. La seconde perte fut plus de 27 membres d’équipage. L’avion Do 217E-4 ne rentra pas.
spectaculaire : l’uffz Heinrich Prinz du kommandeur du III./KG 2 se Août 1943 fut également marqué
entra en collision avec un autre posa en catastrophe près d’Évreux ; par la première attaque réussie du
“Halifax” du Sqn 10. Ce dernier les quatre membres d’équipage II./KG 100 avec des Hs 293. 12
s’écrasa sur la gare de Besançon furent blessés. L’attaque de Lincoln Do 217E-5 dirigés par le geschwader
– l’équipage fut tué –, tandis que le coûta au KG 2 sept autres avions et kommodore, le major Fritz
Do 217N-1 s’abattit à La Barre ; 24 autres membres d’équipage tués Aufhammer, attaquèrent un convoi
l’équipage périt également. et cinq capturés. Trois autres avions maritime au large de la côte espa-
furent endommagés et neuf autres gnole, endommageant les navires de
Attaques majeures contre membres d’équipage blessés. Les guerre Bideford, Waveney et
chasseurs de nuit des Squadrons 256 Landguard. Puis, le 27 août, 14
Portsmouth et Lincoln et 410 de la RAF revendiquèrent Do 217 s’approchèrent des navires de
Août 1943 fut marqué par deux quatre Do 217 détruits sur guerre à l’ouest de Vigo. Sept Hs 293
at t a que s m ajeu re s , c ont re Portsmouth, un probablement dé- furent lancées contre le sloop Egret ;
Portsmouth dans la nuit du 15 et truit et un endommagé, tandis que une bombe fut abattue, cinq tom-
Lincoln dans la nuit du 17. Dans les les Squadrons 68 et 604 affirmèrent bèrent trop court mais la dernière
deux cas, seuls de légers dégâts avoir détruit cinq Do 217 sur toucha les magasins de munitions du
furent causés, mais celle sur Lincoln et en avoir probablement navire, après quoi il explosa. 198
Portsmouth coûta au KG 2 sept abattu trois autres. L’attaque de marins furent tués, 35 furent secou-
Do 217, soit toutes les versions M-1 Lincoln vit la première perte au rus par le destroyer Athabaskan qui

Un Do 217K
du Kampf-
geschwader 100
à Istres en 1943.

DR/COLL. C. GOSS

53
LE DORNIER 217

fut à son tour attaqué et endommagé,


trois de ses membres d’équipage
“ Des attaques À l’époque, le II./KG 100 et ses
Hs 293 rejoignirent le III./KG 100. Le
étant tués. Si le II./KG 100 n’avait
subi aucune perte lors des deux at- à la bombe planante 11 septembre 1943, une bombe pla-
nante Fritz X frappa l’USS Savannah
taques, le même mois, le III./KG 100 et explosa dans la salle inférieure de
perdit des Do 217K-2 de ses 8. Staffel
et 9. Staffel en attaquant Palerme le
Fritz X dans le golfe manutention des munitions.
L’explosion ouvrit un grand trou dans
1er août, puis un autre du Stab
III./ KG 100 sous les coups d’un
de Salerne ” la coque et souffla tous les feux dans
ses chaudières. Le Savannah resta
“Beaufighter” du Sqn 108 le 10 août. immobilisé huit heures avant que ses
Pour la Grande-Bretagne, sep- du maj. Bernhard Jope frappa suffi- chaudières fussent relancées et qu’il
tembre 1943 fut le mois le plus calme samment près pour bloquer, tempo- puisse se diriger vers Malte. 197
en termes de bombardements depuis rairement, le gouvernail du Roma. membres d’équipage furent tués, 15
le début de la guerre. Le KG 2 enre- Lors d’une autre attaque menée par gravement blessées.
gistra la perte de seulement deux l’oblt Heinrich Schmetz, le lt Klaus Le HMS Ouganda fut ensuite at-
avions lors d’opérations de minage. Deumling du 7./KG 100, qui effec- teint par une bombe au large de
Deux autres appareils du 7./KG 2 tuait sa première mission, toucha le Salerne le 13 septembre ; la bombe
entrèrent en collision au-dessus de Roma à tribord. Puis l’ofw Kurt traversa sept ponts, la quille, et explosa
la mer du Nord le 22 septembre. Steinborn du 7./KG 100 rapporta sous l’eau. Le croiseur léger fut remor-
avoir également touché le Roma à qué jusqu’à Malte pour y être réparé.
La reddition italienne tribord. Ce second impact sur le Au cours de l’attaque, trois avions
navire explosa sous la quille. La salle furent perdus, tombés sous les coups
le 8 septembre 1943 des machines fut inondée et plu- des “Spitfire” des Squadrons 81 et 111 ;
Pendant ce temps, en Méditer- sieurs incendies éclatèrent. Perdant un avion du Stab III./KG 100 fut gra-
ranée, l’activité s’était accrue après de la vitesse, le Roma commença à vement endommagé par un “Spitfire”
le débarquement allié à Salerne qui prendre du retard sur le reste de la du Sqn 81, qu’un de ses mitrailleurs
avait débuté le 3 septembre, puis flotte et une autre Fritz X d’une deu- réussit à abattre avant d’être abattu à
suite à la reddition italienne inter- xième vague de sept Do 217 explosa son tour ; le pilote du “Spitfire” sauta
venue le 8 septembre. Les princi- dans la salle des machines avant. Des en parachute en territoire occupé.
paux navires de guerre de la marine incendies et inondations supplémen- Au moins deux navires mar-
italienne auraient dû attaquer les taires s’ensuivirent, puis une explo- chands auraient été touchés par des
débarquements, mais au lieu de cela, sion secoua l’un des magasins de la Hs 293 ou des Fritz X le 14 septembre
le 9 septembre, la flotte constituée tourelle, après quoi le Roma com- – les preuves sont incertaines. Le
des cuirassés Roma, Vittoria Veneto mença à couler par la proue, puis 11 septembre lendemain, deux Do 217 du
et Italia prit le large pour empêcher chavira et se brisa en deux. Il fut 1943 : une III./ KG 100 affirmèrent avoir coulé
que 17 navires tombent aux mains estimé que 593 hommes survécurent Fritz X lancée un cargo avec une Fritz X. Le 16 sep-
des Allemands. mais qu’au moins 1 253 périrent. Au d’un Do 217 tembre, le III./KG 100 obtint un suc-
Le III./KG 100 suivit la flotte même moment, l’Italia fut également vient cès presque spectaculaire alors que
de toucher
jusqu’à ce qu’elle atteigne le détroit attaqué par une Fritz X qui explosa le cuirassé HMS Warspite fournis-
le croiseur
de Bonifacio et 11 avions attaquèrent dans l’eau, en dessous, provoquant sait un soutien par ses tirs, à Salerne.
USS Savannah
en lançant des bombes planantes une fuite importante ; le navire réus- Une première Fritz X traversa six
dans le golfe
Fritz X. Il semble qu’une des bombes sit à se traîner jusqu’à Malte. ponts avant d’exploser tandis qu’une
de Salerne.

DR/COLLECTION OF ADMIRAL H. KENT HEWETT, USN. U.S. NH 95562 NAVAL HISTORY AND HERITAGE COMMAND

54
il rapporta huit avions détruits ou
endommagés lors d’une attaque aé-
rienne contre Kalamaki, les survi-
vants rejoignant le II./KG 100 à
Toulouse-Blagnac à la mi-décembre
1943. En octobre 1943, le II./KG 2
commença sa transformation sur
Ju 188E-1 ; les deux Gruppen res-
tants volèrent alors sur une flotte
La Fritz X toucha mixte de Do 217E-4, K-1 et M-1.
la troisième
tourelle Première perte recensée
du Savannah
(flèche).
sur le front de l’Est
Elle était guidée Les pertes en octobre 1943 furent
par un opérateur légères, la première étant un
installé à bord Do 217M-1 du 3./ KG 2 le 7 octobre
du Do 217. abattu par des “Spitfire” du Sqn 68,
NAVAL HISTORY AND HERITAGE COMMAND NH 97959
puis un Do 217M-1 du 7./ KG 2 et un
deuxième rata le navire de peu, mais entre le 13 et le 17 septembre 1943 : Do 217K-1 du 9./KG 2 dans la nuit du
explosa si près qu’une brèche fut sept Do 217E-5 et trois K-2. Les deux 23 octobre. Les pertes des autres uni-
ouverte dans la coque. La première Gruppe restèrent dans le Sud de la tés des Do 217 en octobre 1943
avait été lancée par l’oblt Heinrich France jusqu’à la mi-novembre 1943, semblent avoir été limitées aux chas-
Schmetz du 9./KG 100 ; deux autres perdant quatre autres Do 217E-5, et seurs de nuit, le 5./NJG 3 perdant un
coups sûrs furent revendiqués par les le premier Do 217K-3, en opérations Do 217N-1 le 18 octobre (touché aux
équipages de deux autres avions. et dans des accidents. Le II./KG 100 deux moteurs par un “Lancaster” du
Bien que les dégâts fussent considé- perdit trois avions le 30 septembre Sqn 101 qui s’écrasa à Weetzen ;
rables, le Warspite ne déplora que lors de l’attaque du débarquement à l’équipage allemand sauta en para-
neuf tuées et 14 blessées ; il fut re- Ajaccio, en Corse, au cours de la- chute et leur avion s’écrasa à
morqué jusqu’à Malte puis rentra en quelle les Hs 293 endommagèrent le Barsinghausen) et les 4. et 6./ NJG 101
Grande-Bretagne et demeura hors destroyer français Le Fortuné et cou- Les Do 217 perda nt respectivement u n
service pendant près de neuf mois. lèrent la barge de débarquement attaquèrent Do 217N-1 et un J-1 le 22 octobre.
LST 79. Les trois pertes allemandes plusieurs La première perte recensée sur le
Des raids sur le furent attribuées aux “Spitfire” du navires dans front de l’Est intervint le 23 octobre,
GC 2/7 Nice. Le 5./ KG 100 du hptm le golfe lorsque le Do 217J-1 du fwb Walter
débarquement en Corse Wolfgang Vorpahl déménagea à de Salerne, Schienbein s’écrasa près de
La dernière attaque à la Fritz X Kalamaki en Grèce à la fin d’octobre dont le Toltoschina, victime d’une panne
sur Salerne endommagea légèrement 1943 ; il mena des attaques avec des Savannah moteur, le pilote et un membre
(photo), et le
le croiseur léger USS Philadelphie, Hs 293 en mer Égée, endommageant d’équipage étant blessés, les deux
13 septembre,
deux bombes planantes explosant le Rockwood et coulant le Dulverton, autres membres d’équipage tués.
le croiseur
très près le 17 septembre. Dix 217 respectivement les 11 et 13 no- Novembre 1943 fut un mois des
britannique
furent perdus par les II et III./ KG 100 vembre. Cependant, le 15 novembre, plus calmes pour les I. et III./KG 2,
Ouganda.
avec une seule perte : un Do 217 du
9./KG 2 lors d’une attaque sur
Norwich le 6 novembre. La seule
autre perte au combat fut un
Do 217N-1 du Stab II./NJG 101 qui
s’écrasa en raison de l’action enne-
mie le 26 novembre, tuant trois
membres d’équipage.
Décembre 1943 commença mal
pour le KG 2. Le 4, des “Typhon” des
Squadrons 198 et 609 attaquèrent les
aérodromes d’Eindhoven et de Gilze-
Rijen ; le Sqn 198 revendiqua avoir
détruit quatre Do 217, le Sqn 609,
sept. Quatre Do 217 du 3./KG2 furent
détruits, un endommagé, et un du
7./ KG 2 détruit. 11 membres d’équi-
pages furent tués et neuf blessés. Les
seules autres pertes se produisirent
dans la nuit du 10 décembre lors
d’une attaque contre Chelmsford : un
Do 217M-1 du Stab./ KG 2, deux M-1
du 2./KG 2 et un Do 217K-1 du 8./
KG 2 furent perdus, un pilote du
Sqn 410 en revendiquant trois, un
autre du Sqn 68, un. ■
À suivre
ARMY SIGNAL CORPS/COLLECTION SC 364342

55
HISTOIRE
Première Guerre mondiale
La mission
militaire française
en Roumanie
Deuxième partie et fin.
En infériorité technique, l’aviation
roumaine et ses 70 pilotes français
affrontent les armées allemandes
et austro-hongroises lors des grandes
Nieuport 11
batailles de l’été 1917. Par David Méchin du sergentul Nicolae
Manescu, de l’escadrille N.1.
Cet appareil était un avion
reconditionné livré
à la Roumanie.

T
rès vite, le matériel fran- Le journal de marche de l’esca-
çais montre ses insuffi- drille N.3 l’illustre parfaitement en
sances : les avions livrés Pilotes de la N.3 narrant leurs mésaventures : “[Le
sont des modèles périmés en mars 1917. 14 janvier 1917]. À 13 h 20, nos pi-
ayant facilement un an de De g. à d. : lotes étaient à table et quelques mé-
retard par rapport à ceux en service sgt Manchoulas caniciens rôdaient autour des appa-
sur le front français. La Roumanie (3 victoires), reils quand ils virent un avion arriver
DR/COLL. JACK HERRIS

est loin d’être un front prioritaire adj. Revol-Tissot tout doucement au ralenti sur Breguet-Michelin BM 4
pour le GQG de France… Les chas- (2 victoires + Tecuci. Cet appareil avait une forme (n° 256) tout juste remonté
seurs Nieuport 11 (dits “13 mètres” 1 en France), bizarre et déjà les mécaniciens dans les hangars de la
– leur surface alaire) et Nieuport 21 cne Gond croyaient voir un Spad. L’avion des- réserve générale d’aviation
(dits “15 mètres”) ont une puissance (2 victoires), cendait toujours et, passant à 20 m roumaine à Iasi, d’où
adj. Texier
fort limitée avec leur moteur de 90 ch au-dessus des hangars, il avait coupé il va être confié au chef
(3 victoires),
qui ne leur permet pas de rejoindre son moteur et atterrissait quand on de l’escadrille BM.9,
cap. Théron
en vol horizontal les meilleurs appa- s’aperçut que c’était un boche, un le cne Armand Delas.
(1 victoire),
reils de l’aviation ennemie. boche pas malin qui se croyait chez

sgt Terry.

SHD SHD

56
57
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE

lui ! Mais il faut croire que les boches


ont un “vieux bon Dieu” qui veille
“ Le front rompu et 6 e armées russes. Le nouveau
matériel livré permet la création de
sur eux car, au moment où il allait
toucher le sol, on vit distinctement
l’observateur boche qui avait proba-
grâce à la collaboration quatre nouvelles escadrilles, les F.9
d’observation, N.10 et N.11 de chasse
ainsi que la C.12 sur Caudron G.4
blement aperçu les cocardes de nos
appareils gesticuler comme un
des forces aériennes bimoteurs dont l’effectif est réduit.
On compte au mois de juillet 1917 un
perdu. Le pilote, s’apercevant de sa
bévue, remit les gaz et leur animal roumaines ” total de 165 appareils livrés et 82 en
service (22 Nieuport 11, huit
de “vieux bon Dieu” ayant permis Nieuport 21, 40 Farman, sept Breguet
que son moteur reprît, ils repartirent d’être systématiquement le cas en et Breguet-Michelin, et cinq Caudron
avec la vitesse du zèbre. Entre- raison des faibles disponibilités en G.4), plus 19 autres tenus en réserve
temps, nos pilotes n’avaient pas chasseurs. De plus, les moteurs ou en réparations, avec 150 pilotes
perdu leur temps et au cri mille fois De Dion qui équipent le modèle 46 brevetés dont 42 Français, ainsi que
répété de “un ont une fiabilité li- 104 observateurs dont 20 Français.
boche !” ils avaient mitée, défaut que n’a Ce changement des effectifs en-
sauté de table dans pas le modèle 42 à traîne une nouvelle répartition des
leurs coucous. La moteur Renault li- moyens aériens sur le front : la 2e ar-
pou r s u i t e c om - vré ultérieurement. mée roumaine et la 4e armée russe
mença. Nos pilotes Quant aux pilotes conservent leurs moyens aériens
avaient à peu près de bombardement Le cne Maurice (respectivement escadrilles N.1, F.2
800 m de retard ; le sur Breguet V ou Gond, chef de et F.6 pour la première, et N.3, F.4
boche “gazait” ter- Breguet-Michelin l’escadrille N.3, pour la seconde), tandis que la 1re ar-
riblement et il put (lire Le Fana de devant son mée roumaine se voit affecter l’esca-
regagner sa tanière l’Aviation n° 614), le Nieuport décoré drille de chasse N.10 plus les esca-
sans être rejoint.” chef de la mission d’un archer. drilles de reconnaissance F.7 et F.9.
Cela n’empêche française note à leur La 6e armée russe, en plus de ses
pas les pilotes fran- sujet : “[Ils] ne nous escadrilles propres, reçoit le renfort
çais, et tout particu- ont donné que des des N.11 et F.5. La BM.8 de bombar-
lièrement ceux de déboires : moteurs dement et la C.12 de grande recon-
l’escadrille N.3 de fonctionnant mal, naissance sont placées sur les ordres
SHD
Tecuci, de rempor- casses nombreuses directs de l’état-major. L e
ter plusieurs succès quand ils ont et très faible rendement. Leur utili- Le cap. William lt-col. de Vergnette, largement ap-
l’avantage de l’altitude. Le 12 février sation a été presque nulle et leur ré- Billon du Plan, puyé par le gén. Berthelot, a réclamé
1917, le sgt Henri Manchoulas rem- forme s’impose à bref délai.” de l’escadrille à Paris des appareils plus modernes,
porte la seconde victoire de l’esca- F.7 (2e en des chasseurs Spad pour la chasse ou
drille en descendant un LVG au sud Montée en puissance partant de tout du moins des Nieuport 17, et des
de Marasesti, à 5 km dans les lignes la g.) pose en biplaces Sopwith pour l’observation,
ennemies – la victoire est homolo-
et actions offensives compagnie le tout afin d’obtenir au moins une
guée après que l’épave de l’appareil Au mois d’avril 1917, le travail de de camarades parité technique avec l’aviation ad-
ennemi a été photographiée par un la mission Berthelot de réorganisa- d’escadrilles verse, au demeurant relativement
français et
Farman. Deux jours plus tard, le tion de l’armée roumaine porte ses peu mordante car pour beaucoup
roumains
14 février, Manchoulas récidive en fruits et permet l’introduction sur le constituée d’escadrilles austro-hon-
devant le
tombant sur un avion ennemi qu’il front d’une nouvelle 1re armée rou- groises. Le GQG en France accédera
Farman F.40
abat en collaboration avec le maine, qui vient s’insérer entre les 4e n° 3233.
à sa demande au mois de mai, mais,
s/ lt Charles Revol-Tissot. Le 23 fé-
vrier 1917, c’est au tour de l’adj. James
Texier d’ajouter une pièce à son ta-
bleau de chasse… Malgré leur maté-
riel, les pilotes de la N.3 du cne Gond
remportent un total collectif de 10
victoires homologuées durant l’an-
née 1917, qui leur vaudra une citation
collective, la seule escadrille de
Roumanie ainsi distinguée.

La vulnérabilité
du Farman F.40
Leurs collègues de l’observation
ne sont guère mieux lotis avec le
Farman F.40, un appareil à qui les
équipages reprochent sa vulnérabi-
lité aux attaques venues de l’arrière
en raison du moteur placé dans la
nacelle derrière le pilote et l’obser-
vateur. Ils doivent ainsi être escortés
de chasseurs pour pouvoir travailler
en toute sécurité, ce qui est loin
DR

58
DR
Nieuport du
du fait des difficultés logistiques, il concours des réglages effectués par sgt Manchoulas mètres et sur une vingtaine de kilo-
faudra attendre le mois de septembre les Farman des escadrilles F.2 et F.6 en patrouille mètres de profondeur, au prix de la
pour qu’ils soient effectivement livrés qui redoublent d’activité, en étant le long de la perte de 5 000 soldats roumains
à l’aviation roumaine. Soit après les protégés par les quelques appareils rivière Putna, contre des pertes ennemies deux fois
grandes batailles de l’été 1917. de chasse de la N.1. Malgré la fai- le 23 mai 1917, supérieures. Malheureusement, cet
blesse des effectifs, l’utilisation des photographié important succès tactique ne peut
La bataille moyens aériens est optimum comme par un Farman être exploité par la 4e armée russe qui
le note le général austro-hongrois qu’il escortait. devait attaquer dans la plaine : le gou-
de Marasti Friedrich von Gerok : “L’artillerie Peu après, vernement russe lui interdit de passer
La première d’entre elle, dite roumaine est très active dans l’at- attaqué par à l’offensive et prélève des éléments
bataille de Marasti, se déroule du taque. Grâce à la collaboration de ses un ennemi, pour les affecter sur d’autres fronts.
22 juillet au 1er août 1917. L’état-major forces aériennes, avec un fort bom- Manchoulas
roumain ordonne à la 2e armée une bardement, elle a exécuté toutes les fut blessé à la L’initiative russe
attaque dans les montagnes des brèches juste avant l’attaque. Notre tête et eut sa
Carpates, face aux troupes de la artillerie, compte tenu de la trop mitrailleuse tourne au désastre
1re armée austro-hongroise, qu’ils grande activité de l’aviation ennemie, détruite mais En effet, deux semaines plus tôt
réussissent à bousculer. L’artillerie n’est plus en mesure de réduire au resta assurer a eu lieu en Ukraine la dernière of-
roumaine, bien instruite et encadrée silence les batteries ennemies.” sa mission. Il fensive de l’armée russe, dirigée par
par des officiers français, peut faire Le front est ainsi rompu sur une fut décoré de le chef du gouvernement Alexandre
la médaille
un travail très efficace avec le longueur d’une trentaine de kilo- Kerenski, qui a pris les rênes du pays
militaire pour
après l’abdication du tsar. Son offen-
cet exploit.
sive, après quelques succès initiaux,
a rapidement tourné au désastre et
entraîné de graves mutineries dans
l’armée où les soldats, épuisés par
L’adj. Revol-
trois années de guerre et travaillés
Tissot tenant par
par la propagande bolchevique,
l’épaule un pilote
quittent en masse leurs unités pour
roumain, devant
un Nieuport 11
rentrer chez eux en exécutant quel-
qui pourrait quefois leurs officiers… Les troubles
être celui gagnent toute l’armée russe de la
de ce dernier. Baltique à la mer Noire, et la 4e ar-
En effet, mée russe du front roumain com-
dans une mandée par le gén. Alexandre
correspondance Ragoza n’y fait pas exception, bien
écrite dans les que parvenant à maintenir sa cohé-
années 1960, sion et tenant au moins son secteur.
Revol-Tissot L a 9 e armée allemande du
indiquait que gén. August von Mackensen, qui
son Nieuport occupe la plaine du Danube et qui
personnel était a dû intervenir durant la bataille de
décoré d’une Marasti pour voler au secours de
étoile rouge à l’armée austro-hongroise, compte
cinq branches. bien profiter de la faiblesse russe.

DR

59
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE

ÉCHIN
DAVID M

Nieuport 11 n° 1143 de l’adj. James Texier


(escadrille N.3, trois victoires, ), le seul
pilote français de la mission roumaine
tué en combat aérien.

Dès le 6 août 1917, elle lance une s’approche de la nacelle et lui fait de roumaines qui se battent pour
offensive dans la plaine le long de la nombreux signes amicaux. Mais le conserver ce qui reste de leur pays :
rivière Sereth, précisément sur le “saucisman”, qui avait été attaqué la 2e armée à l’ouest, et la 1re armée
secteur de la 4 e armée russe à la le matin par un boche, se tenait sur à l’est, étendent toutes les deux leur
combativité toute relative. la défensive et ne comprenait pas ligne de front pour remplacer les
l’urbanité de Théron. Il saisit sa troupes russes et parvenir à déjouer
Le “saucisman”, paniqué, mitrailleuse et envoie une bordée de l’attaque allemande après plus de
balles à notre pilote dont 14 arrivent quatre semaines d’une bataille in-
Carte du front tire sur l’avion de Théron dans l’appareil. Théron n’a pas tense qui se termine le 8 septembre.
Roumain à Le journal de marche de l’esca- encore compris et se figure que c’est L’histoire retient celle-ci sous le
partir du mois drille N.3, qui multiplie les missions encore une conséquence de la révo- nom de bataille de Marasesti, vil-
d’avril 1917, sur le champ de bataille, en té- lution.” Von Mackensen espère lage devenu le Verdun roumain au
les cocardes moigne par un incident tragico- réaliser une percée décisive et liqui- prix de 27 000 soldats roumains et
montrant
mique survenu le 8 août : “A der le front roumain… 25 000 russes qui ont mis hors de
l’emplacement
16 heures, Théron part faire un ac- Son attaque rencontre des suc- combat 65 000 soldats allemands.
des 12
compagnement de Farman. Au re- cès initiaux en mettant en déroute
escadrilles
franco-
tour, voulant témoigner de l’amitié la 4e armée russe. Mais c’est comp- Le seul pilote français
au locataire d’une saucisse russe, il ter sans la résistance des troupes
roumaines. tué en combat aérien
C’est aussi lors de cette bataille
que tombe le seul pilote français tué
en combat aérien, l’adj. James Texier
titulaire de trois victoires homolo-
guées. Le 15 août 1917, en patrouille
avec l’adj. Manchoulas, il rencontre
un biplace ennemi sur lequel il pique
à l’attaque. Le mitrailleur ennemi
est adroit et l’atteint d’une balle dans
le ventre, le forçant à rompre le com-
bat et à se poser d’urgence dans un
champ d’où il est conduit à l’hôpital
de Tiganesti. Le journal de l’esca-
drille note à son sujet, le 16 août :
“Beau temps. Journée de peine et de
deuil pour l’escadrille, notre pauvre
petit Texier qui a été blessé au ventre
au cours du combat de la veille et qui
a été transporté à l’hôpital de
Tiganesti y meurt le soir d’une hé-
morragie interne. Chacun de nous,
sauf Théron qui est à Iasi, a été pas-
ser un moment à son chevet et a pu
lui dire adieu. Le soir à 10 heures,
alors que le col. de Vergnette venait
lui remettre sa médaille militaire
enfin accordée, Texier est mort tout
doucement comme un petit oiseau.”
DAVID MÉCHIN
Le roi de Roumanie lui-même se
60
déplace le lendemain pour épingler
sur son lit de mort la médaille de la
vertu militaire (Virtutea Militara)
en or, avant qu’il ne soit inhumé au
cimetière de Tiganesti.

Un armistice contraint
par la défection russe
Ce que l’armée allemande n’a pu
obtenir par la force, l’empire russe va
l’obtenir par sa défaite. L’armée russe
en Roumanie achève de se déliter
durant l’automne 1917 au fur et à
mesure des soubresauts qui agitent la
Russie, la vague de désertions consé-
cutives à l’échec de l’offensive
Kerenski en juillet, puis la tentative
de coup d’État du gén. Kornilov en
septembre. La prise du pouvoir par
les bolcheviques le 7 novembre 1917 Ce pilote
entraîne d’une part l’écroulement de roumain loge
ce qui restait de cohésion à l’armée chez l’habitant,
et d’autre part la sortie officielle de à Borcesti, durant
guerre de l’ancien empire russe. La l’automne 1917.
DANIEL NEMOZ/COLL. PASSOT-SEGUIN
Roumanie voit non seulement partir
les troupes russes qui sont sur son décide de jeter l’éponge et signe avec 1A2, deux Caudron G.4 et un
territoire, mais perd également son les empires centraux l’armistice de Morane-Saulnier.
unique voie de ravitaillement vers les Focsani le 9 décembre 1917. Le retour en France des aviateurs
pays occidentaux… Cette décision conduit au rapa- français s’effectue non sans difficul-
De plus, les troupes allemandes triement de toute la mission militaire tés, car ils empruntent le même che-
profitent du chaos et progressent en française de Roumanie, dont le pen- min qu’à l’aller à travers la Russie,
Ukraine sans rencontrer de résis- dant aérien qui quitte le pays au mois qui est maintenant en pleine guerre
tance, menaçant le territoire contrôlé de février 1918 en laissant ses appa- civile. Le cne Maurice Gond, qui
par la Roumanie d’un encerclement reils sur place, soit 78 avions en état quitte le front un peu avant l’armis-
complet. Aussi, malgré les exhorta- de vol, dont 18 Nieuport 110 ch tice de Focsani, se retrouve à Saint-
tions du gén. Berthelot qui se fait fort (type 17 ou 23), 16 Nieuport 80 ch Pétersbourg en décembre 1917 et se
d’organiser la résistance en Mol- (type 11 ou 21), 26 Farman F.40, un fait dépouiller de toutes ses écono-
davie, le gouvernement roumain Henri-Farman HF 27, 14 Sopwith mies par les douaniers bolcheviques ▲
DR
Le Farman F.40
n° 3197 de
l’escadrille F.5
est décoré d’une
figure légendaire
de la nation
roumaine,
Michel 1er
le Brave (Mihai
Viteazul), prince
de Valachie et
héros de la lutte
contre les Turcs
à la fin
du XVIe siècle.

61
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE

HIN
ID
MÉC
DAV

Nieuport 11 (n°inconnu) du cne Maurice


Gond, chef de l’escadrille N.3 et titulaire
de deux victoires aériennes.

lors de son passage en Finlande bande de soldats russes conduite par


– une somme rondelette de 11 000 lei
roumains, dont 2 000 de primes pour
un officier, qui lui dérobent son por-
tefeuille, son arme et ses provisions. “ Le chaos après
ses deux victoires aériennes homo-
loguées. Le 16 janvier 1918, le
Les officiers roumains présents dans
le train connaissent d’ailleurs le
la prise de pouvoir à
cap. Claude Veau, mécanicien de-
vant se rendre à l’école de pilotage
même sort…
En une année de combats aé- Moscou et Pétrograd
d’Odessa qui sera plus tard évacuée, riens, les 70 pilotes français ont
voit son train arrêté et pillé par une constitué l’ossature de l’aviation rou- par les bolcheviques ”
difficultés et son observateur, le sgt Dumitru Badulescu,
Le marquis chevaleresque ! peut prendre ses photos. Mais le voyage du retour est bien
Issu d’une vieille famille de l’aristocratie française, plus mouvementé puisqu’ils croisent la route d’un biplace
le marquis Joseph Costé de Triquerville est également ennemi, un Oeffag C.II (n° 52.63) de l’aviation austro-
maire de la petite commune de Triquerville et propriétaire hongroise, qui les surprend et leur tire une rafale de sa
des haras du même nom. Quand éclate la guerre, c’est un mitrailleuse avant. Le Farman est criblé mais l’équipage
père de famille de 34 ans que l’armée a refusé lors est indemne, secouru par son ange gardien : le Nieuport
du service militaire pour faiblesse et bronchite. de Mihailescu se glisse derrière l’Oeffag et l’abat entre les
Il veut néanmoins servir et s’engage volontairement lignes, où il fait un atterrissage
au mois d’août 1914, se d’urgence en brisant son train À gauche,
retrouvant conducteur d’atterrissage. De son poste le marquis
automobile au centre avant, Badulescu voit l’avion Joseph Costé
d’aviation de Saint-Cyr ennemi prendre feu alors de Triquerville.
près de Versailles, où que l’équipage semble coincé
il apprend à piloter un Ci-contre,
dans le fuselage. le sergentul
avion sur le tas et y Il échange un regard avec Dumitru
devient moniteur en son pilote… Le sgt Costé Badulescu,
1915 et 1916. Il obtient de Triquerville comprend et observateur en
le grade de caporal tente un sauvetage unique Farman et seul
puis son brevet de dans l’histoire de la Première as de l’aviation
pilote militaire au mois Guerre mondiale : il se roumaine avec
de septembre 1916, pose à côté de son ennemi, cinq victoires
régularisant une situation R OL DR sachant que l’opération n’a homologuées.
de fait. Deux semaines rien d’évident sur les collines boisées de Transylvanie,
plus tard, il est affecté à la mission aérienne de Roumanie qui plus est à portée de tir des troupes austro-hongroises
qu’il rejoint via la Russie. Promu au grade de sergent, il est comme roumaines ! Personne n’ose tirer sur le Farman
affecté à l’escadrille d’observation F.6 basée à Onesti où on qui redécolle aussitôt après avoir laissé à terre Dumitru
lui confie le Farman F.40 n° 3236, qu’il baptise La Trique en Badulescu qui, constatant la mort du pilote ennemi,
référence à son patronyme, le décorant d’un poing tenant parvient à sauver du brasier l’observateur qui a les deux
fermement un gourdin… Le 9 août 1917, pendant la bataille jambes cassées. Il le hisse sur son dos et le porte jusqu’aux
de Marasesti, il reçoit l’ordre d’effectuer une mission de lignes roumaines où les médecins parviendront
reconnaissance à longue distance en allant photographier à lui sauver ses jambes. De Triquerville et Badulescu
le terrain d’aviation de Târgu Secuiesc, à 50 km à l’intérieur iront rendre visite à l’hôpital de Iasi à leur prisonnier,
des lignes ennemies, en Transylvanie hongroise. Pour le le leutnant Francisc Xavier Schlarbaum, dont l’aviation
protéger de toute mauvaise rencontre, un Nieuport 11 ennemie vient demander des nouvelles le lendemain en
de chasse de l’escadrille N.1 piloté par le lt Gheorghe jetant un message lesté sur le terrain d’Onesti. L’équipage
Mihailescu l’accompagne. Le voyage aller s’effectue sans franco-roumain leur répondra personnellement en jetant

62
DR/COLL. B. TOSCHINGER VIA BORIS CIGLIC
Un terrain
maine, forte de 12 escadrilles dont front et l’indispensable réglage d’ar- d’aviation près des troupes allemandes et aus-
quatre de chasse, sept de reconnais- tillerie qui a permis le succès des d’une Flieger- tro-hongroises, l’aviation comme
sance et une de bombardement. Ils batailles de Marasti et de Marasesti, kompagnie l’armée roumaine restent sur le pied
ont remporté 19 victoires homolo- avec des pertes très légères puisque de l’aviation de guerre contre un nouvel ennemi :
guées, plus une trentaine d’autres l’on compte seulement trois pilotes austro- tout le territoire sous contrôle direct
revendiquées par les pilotes rou- français perdus en combat (deux hongroise en du gouvernement roumain est oc-
mains dont environ 120 ont été bre- tués, un prisonnier) et deux autres Transylvanie cupé par des troupes russes livrées à
vetés. Malgré l’infériorité technique, lors d’accidents. durant elles-mêmes et s’adonnant au bandi-
cette petite aviation a rempli sa mis- Si les Français ont quitté le pays l’été 1917. tisme pour survivre. Les avions rou-
sion en assurant la surveillance du et qu’un cessez-le-feu est effectif au- mains continuent d’effectuer des vols


HIN
DAVID MÉC

Le Farman F.40
n° 3236 de l’escadrille
F.2, à Onesti,
à l’été 1917.

DR
à leur tour un message sur le terrain de Târgu Secuiesc,
À g., le Farman
auquel les aviateurs austro-hongrois répondront en
F.40 n° 3236
parachutant une caisse contenant des vêtements
de l’escadrille
et du chocolat à l’attention de Schlarbaum… et des
F.2 à Onesti,
bouteilles de champagne pour leurs ennemis ! Récompensé
au printemps
d’une citation à l’ordre de l’armée par le gén. Berthelot 1917. Il s’agit
pour cet exploit, le sgt Costé de Triquerville finit la guerre de l’appareil
à l’école de pilotage de Chartres, puis retrouve sa mairie du sgt Costé
et ses chevaux après l’armistice. Décoré de la Légion de Triquerville
d’honneur en 1949 pour son activité d’éleveur, il s’éteint qu’il a décoré
à Paris en 1956. Quant à Dumitru Badulescu, il termine d’un insigne
la guerre avec cinq victoires homologuées, toutes personnel, une
remportées en tant qu’observateur, faisant de lui le seul main tenant
“as” de l’aviation roumaine. Resté dans l’armée durant un gourdin,
l’entre-deux-guerres, il sert de nouveau dans l’aviation et baptisé
roumaine durant la Deuxième Guerre mondiale à un poste La Trique
d’encadrant et est emprisonné deux années par le régime en rapport à
communiste durant la guerre froide. Il est décédé en 1978. son patronyme.

63
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE

ÉCHIN
DAVID M

Breguet Michelin BM 4 n° 256 du


cne Armand Delas, chef de l’escadrille
BM.8, à Galati, à l’été 1917.

sur la Moldavie pour surveiller le les bolcheviques, plusieurs assem- République démocratique mol-
départ de ces hôtes encombrants. blées locales se constituent aux dave vote la fusion de la province
S’il n’y a plus d’aviateurs français quatre coins de l’empire et gèrent avec la Roumanie.
pour les piloter, il reste néanmoins un leur province en échappant au pou-
discret encadrement supérieur sous voir central. Le parlement qui se Le traité de Bucarest
les ordres du cdt Jean Dufaure de constitue en Bessarabie, le Sfatul
Rochefort, un observateur aérien très Tarii, déclare l’autonomie de la
signé le 7 mai 1918
expérimenté vétéran de la campagne province puis, le 24 janvier 1918, C’est aussi au même moment
de Serbie de 1915, et qui est nommé déclare son indépendance sous le que, suite à l’armistice avec les em- Farman F.40
commandant de l’aviation affectée nom de République démocratique pires centraux, les pourparlers du aux cocardes
aux opérations en Bessarabie. Car moldave. Le jeune État, menacé traité de paix aboutissent sous la roumaines
c’est précisément dans cette pro- par les armées russes débandées, forme du traité de Bucarest signé le passé sur le nez
vince que, durant l’année 1918, va se troupes blanches ou troupes rouges 7 mai 1918. La Roumanie, dont les dans un champ
concentrer toute l’action des avia- qui pillent le pays, appelle à l’aide négociateurs ont su profiter des di- enneigé…
teurs roumains. Partie orientale de la Roumanie qui intervient avec vergences entre l’Allemagne, l’Au- À l’image
la Moldavie historique située entre son armée et son aviation pour les triche-Hongrie et la Bulgarie, s’en de l’aviation
les rivières Pruth et Dniestr, elle en chasser, sous la neutralité bien- sort plutôt bien, car ses pertes terri- roumaine à la
appartient à l’empire russe, mais la veillante de l’armée allemande qui toriales (partie sud de la Drobudja fin de l’année
majorité de sa population est com- progresse en Ukraine et y installe au profit de la Bulgarie, rectification 1917, au départ
des Français,
posée de Roumains. un dictateur local, l’hetman (chef de frontière en Transylvanie au pro-
elle devra
Dans le chaos qui saisit l’ancien cosaque) Pavlo Skoropadsky. La fit de la Hongrie) sont compensées
se débrouiller
empire des tsars après la prise de campagne se termine le 9 avril par le gain de la Bessarabie.
pour tenir sans
pouvoir à Moscou et Pétrograd par 1918 quand le conseil de la Cependant, son économie est mise ravitaillement.
DR/COLL. EMMANUEL DE VACHON
DAVID MÉCHIN

Hansa-Brandenburg KD du Jagd-Flieger
Detachment Nikitsch, à Kezdi-Vasarhely
(actuellement Târgu Secuiesc), à l’été 1917.

en coupe réglée par l’Allemagne et Toutes les minorités du vieil empire nibles se comptent sur les doigts
une force militaire des empires cen- des Habsbourg s’agitent et les d’une main ! Un seul exploit aéronau-
traux occupe le pays conquis tandis Roumains de Transylvanie s’orga- tique est à signaler : le 24 novembre
que l’armée roumaine reste mobili- nisent en comité national. Alors que 1918, le lt Vasile Niculescu, avec pour
sée en Moldavie et Bessarabie. l’Autriche-Hongrie capitule le 4 no- observateur le cne Victor Precup,
La population roumaine conti- vembre 1918, le gouvernement rou- décolle de Bacau sur un Farman F.40
nue de souffrir durement des réqui- main décide de rentrer de nouveau à bout de souffle, dont le plafond est
sitions et ce traité, qui ne sera par en guerre le 7 novembre 1918 et re- limité à 2 500 m, ne lui permettant pas
ailleurs jamais ratifié par le parle- mobilise son armée qui franchit les de survoler les plus hautes montagnes
ment roumain, n’est qu’une situation cols de Transylvanie et occupe cette qu’il doit traverser dans la brume…
transitoire ; au fur et à mesure que région sans véritables combats, alors Il parvient néanmoins à passer et à se
s’écoulent les mois, il apparaît clai- que les troupes austro-hongroises poser à Blaj pour y distribuer des
rement à l’été 1918 que l’Allemagne comme allemandes évacuent le pays. documents du gouvernement adres-
va perdre la guerre… L’aviation roumaine reprend du sés au conseil national des Roumains
Des contacts étroits sont mainte- service lors de cette campagne éclair, de Transylvanie.
nus discrètement avec la France. Le mais dans la seule mesure de ses très
22 octobre 1918, un Breguet 14 piloté faibles moyens car elle a passé plus Contre la Hongrie
par le lt Louis Noël décolle de d’une année coupée de toute pièce
Salonique et se pose à Iasi, emme- de ravitaillement. Sachant que, sur le
communiste en 1919
nant en passager le ministre roumain front français, les avions sont des Si l’armistice de Rethondes du
Victor Antonescu, qui informe le consommables qui ne durent que 11 novembre 1918 met officiellement
gouvernement roumain des perspec- quatre mois en première ligne, on fin à la Première Guerre mondiale,
tives de défaite des empires centraux. peut supposer que les avions dispo- les combats ne s’arrêtent pas pour

DANIEL NEMOZ/COLL. PASSOT-SEGUIN

Des militaires
français rattachés
aux escadrilles
N.1 et F.2 se
promènent dans
le village de
Borcesti enneigé,
en janvier 1918.
Ils vont très vite
plier bagage,
contraints par
l’armistice signé
par la Roumanie.

65
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE

autant en Europe de l’Est du fait des


nombreux soubresauts liés à la révo- Ce Sopwith de
l’escadrille S.5
lution russe. L’ancien empire des
en février 1918
tsars change de drapeau mais garde
est décoré de la
ses réflexes impérialistes : Lénine
devise “Hogne
ordonne au gouvernement roumain qui vonra”
la restitution de la Bessarabie et fait (gronde qui
avancer ses troupes… De plus, en voudra), qui est
Hongrie, un gouvernement commu- celle de la famille
niste dirigé par Bela Kun prend le du lt Augustin de
pouvoir le 21 mars 1919 et entend Mailly et de Nesle
bien contester les frontières issues de (2e à gauche), un
l’armistice. C’est donc une nouvelle des rares officiers
guerre à mener sur deux fronts que restés apporter
doivent affronter la Roumanie et son un encadrement
aviation. L’armée française d’Orient discret à
du gén. Franchet d’Esperey, venue de l’aviation
Salonique, entre en Roumanie dès la roumaine après
fin du mois de novembre 1918 et l’armistice
monte la garde avec sa propre avia- de Focsani du
tion sur la frontière du Dniestr et 9 décembre 1917.
DR
contient la poussée de l’Armée rouge
qui, de toute façon, est incapable de c’est la République ukrainienne qui tion et son ravitaillement depuis
mener une telle offensive. Il y a éga- contrôle encore l’essentiel de la rive Salonique. Seul un chasseur Spad VII
lement des troupes roumaines au nord du Dniestr ! C’est surtout face à est donné à titre symbolique à l’avia-
nord de la Moldavie, dont quelques la Hongrie communiste que va se tion roumaine qui, au mois de mars
appareils lancent des escarmouches concentrer le gros de l’armée rou- 1919, compte officiellement 51 appa-
sur des avions ennemis, sur la rive maine de nouveau conseillée par les reils en ligne, dont plusieurs de l’ar-
nord du Dniestr. Français, puisque le gén. Berthelot mée austro-hongroise capturés sur
revient en Roumanie pour y re- les aérodromes de Transylvanie et
Des appareils bolcheviques prendre du service avec ses officiers remis en service. Dès la nuit du 15 au
d’état-major. Malheureusement il 16 avril 1919, l’armée rouge hongroise
auraient été abattus n’amène pas cette fois-ci une cohorte se lance à l’assaut de la nouvelle fron-
Le 8 avril 1919, un Nieuport 23 d’aviateurs avec lui, ni même de ma- tière roumaine après une courte pré-
piloté par le s/lt Ion Dragomirescu tériel, car l’armée française d’Orient paration d’artillerie. L’armée rou-
revendique un avion à Mohyliv- a de grandes difficultés logistiques maine, un temps bousculée, peut
Podilsky. Puis, le 19 avril 1919, un bi- pour faire convoyer sa propre avia- organiser une contre-offensive et re-
place roumain – probablement un fouler, puis poursuivre ses assaillants
Sopwith 1A2 – piloté par le lt Nicolae qui sont contraints de reculer pour
Drosso avec pour observateur le
lt Aurel Constantinescu revendique
Une maigre poignée
“d’appareils établir le 1er mai une ligne défensive
sur la rivière Tisza, traversant la
également un biplace Anatra tombé
sur la rive est du Dniestr. Tous sont
en état Hongrie du nord au sud.
C’est un bond de 200 km vers
décrits comme étant des appareils
bolcheviques, mais il ne faut jurer de de vol dans l’aviation l’ouest pour l’armée roumaine qui
n’est plus qu’à 100 km de Budapest…
rien, car à ce moment de la guerre La révolte commence à gronder
civile ravageant l’ex-empire russe,
DR/COLL. ZOLTÁN CZIRÓK
roumaine ” contre Bela Kun qui avait initiale-

Hansa-Brandenburg C.I de l’ex-aviation austro-


hongroise, ayant revêtu l’étoile rouge de l’aviation
de la Hongrie communiste lors de la guerre contre
la Roumanie entre les mois d’avril et août 1919.
vière Tisza qu’ils parviennent à fran-
chir en quatre points, mettant en
difficulté l’armée roumaine. Mais
celle-ci va rapidement contre-atta-
quer dès le 25 juillet, épaulée par son
aviation comptant 17 appareils en état
de vol grâce aux livraisons françaises.
En une semaine elle retrouve ses
positions de départ et franchit à son
tour la rivière Tisza, donnant lieu au
dernier combat aérien de la guerre le
31 juillet 1919. Une formation
d’avions hongrois (des Hansa-
Brandenburg C.I) tentant de bombar-
der les pontons de l’armée roumaine
est interceptée par les Nieuport de
l’escadrille N.7 dont l’un d’eux, piloté
par le lt Iosif Racasanu, revendique
avoir abattu un des attaquants tombé
dans les lignes ennemies à Tiszalök.
À peine une semaine plus tard, le
DR/COLL. B. TOSCHINGER
Albatros D.III 6 août 1919, l’armée roumaine entre
ment réussi à s’attirer un important roumaine qui peut reprendre ses du hauptmann dans Budapest et précipite la chute
capital de sympathie parmi la popu- missions de surveillance. Quelques Nikitsch, du régime communiste hongrois ; le
lation et dans l’armée pour contester escarmouches ont lieu sur le front. commandant dirigeant Bela Kun parvient à fuir le
les frontières issues des traités. Cette Le 19 mai 1919, un équipage rou- du Jagd-Flieger pays et devient cadre du régime com-
défaite et la terreur rouge qu’il insti- main composé du lieutenant pilote Detachment muniste russe, se “distinguant” en
tue le lui font perdre et il sait que ses Ioan Sava Campineanu et du lieute- portant son supervisant l’exécution des cadres de
jours sont comptés s’il n’obtient pas nant observateur Ioan Vlad reven- nom, et l’armée blanche capturés en Crimée
de rapides victoires militaires. dique un biplace hongrois près du rassemblant fin 1920 – il sera lui-même exécuté
Avec son armée installée sur la village de Zagyvarékas. Le 12 juin tous les lors d’une purge stalinienne en 1938.
rive est de la rivière Tisza, l’aviation 1919, c’est au tour d’un avion rou- appareils
roumaine ne compte plus que trois main, un UFAG C.I capturé piloté de chasse des Lutte anticommuniste
escadrilles (N 7 de chasse sur par le s/lt Stan Bucur avec le lt Mihail escadrilles
Nieuport, S.2 et S.12 d’observation Hurmuzescu comme observateur, austro- plutôt que reconquête
sur Sopwith). Elles totalisent une qui est abattu sur le village de hongroises Le gouvernement provisoire hon-
maigre poignée d’avions en état de Sajoszöged. Il tombe sous les balles environnantes. grois de Szeged, d’inspiration monar-
vol, si on se base sur un rapport fran- de deux Fokker D.VII hongrois pilo- chiste, prend le pouvoir en Hongrie,
çais datant du début du mois de mai, tés par l’as László Újvári (huit vic- Spad VII des et, plus préoccupé par la lutte anti-
faisant état de deux appareils opéra- toires en 1914-1918) et son équipier surplus français communiste que par la reconquête
tionnels sur le terrain de Debrecen, Géza Keisz. Un biplace hongrois de l’armée du des anciens territoires, accepte de
aucun sur celui d’Oradea et un seul désirant fuir le régime communiste Danube laissés à signer la paix avec la Roumanie, paix
à Békéscsaba ! L’état-major de l’ar- déserte le même jour et se réfugie la Roumanie en qui prévoit la cession au vainqueur
1919. L’appareil
mée française d’Orient, devenue dans les lignes roumaines. de son aviation, soit 150 appareils de
est baptisé
armée du Danube, fait alors en sorte Le 20 juillet 1919, le régime com- l’ex-aviation austro-hongroise dont
Marasesti,
de livrer rapidement un premier lot muniste hongrois joue son va-tout et 107 sont plus ou moins en état de vol.
le Verdun
de cinq Breguet 14 A2 à l’aviation lance ses troupes à l’assaut de la ri- roumain.
C’est également à la même période
DR que l’armée française du Danube
évacue le pays en laissant aux
Roumains tous ses stocks d’appareils
Breguet 14 et Spad.
La Roumanie en a fini avec la
guerre qui a duré trois années et a
permis d’atteindre l’objectif politique
de la création de la “Grande
Roumanie” rassemblant toutes les
populations roumanophones. Mais
elle n’en a pas fini avec ses voisins hon-
grois et russes qui contestent ses fron-
tières, si bien qu’elle développera une
importante force aérienne, la princi-
pale des Balkans, sous l’influence de
la France, en comptant notamment
100 Blériot-Spad 61 et 250 Potez 25 au
milieu des années 1920. Une influence
entamée par la mission aérienne fran-
çaise de 1916… mais vite perdue avec
le déclin industriel aéronautique de la
France des années 1930. ■

67
HISTOIRE

L’escadron 115 utilisa les “Netz”


dans le rôle d’agresseurs
pour entraîner les autres unités
entre 2005 et 2019.

AC

68
Les F-16A “Netz”, 1980-1982
Le faucon israélien
attaque
Troisième partie et fin.
Les “Netz” équipés de missiles air-air régnèrent
en maître dans le ciel libanais face aux MiG
et Sukhoï syriens.
Par Shlomo Aloni. Traduit de l’anglais par Xavier Méal.

L
e 10 juin 1982 – Guerre du orientales. Du matin jusqu’à environ
Liban, jour 5. Sept divisions 16 heures, l’escadron 133 intercepta
israéliennes pénétrèrent le des avions syriens ; les pilotes de
Liban dans le but d’avancer “Baz” furent crédités de 11 victoires.
jusqu’à l’autoroute Beyrouth- Vers 17 heures, des CAP de l’es-
Damas, sur un peu plus de 100 km, cadron 133 “Baz” et du 117 furent
le long de trois routes principales : la guidées pour engager des formations
route ouest le long de la côte médi- syriennes. Une patrouille de “Nezt”
terranéenne, la route est à l’ouest de du 110 en alerte décolla de Ramat
la frontière libano-syrienne et la David pour soutenir l’action et enga-
route médiane entre les deux. gea également des avions syriens.
Le succès de l’opération Cricket-
mole 19 était censé permettre un Cinq victoires
soutien sans opposition et sans res-
triction de la force aérienne israé-
en deux engagements
lienne aux troupes au sol, mais La patrouille Hyena de l’esca-
l’avancée n’en demeura pas moins dron 117 fut créditée de cinq vic-
lente. La force aérienne syrienne fut Le Premier toires en deux engagements. Tout
ministre
active tout au long du jour 5 avec des d’abord, vers 17 heures, Hyena in-
israélien Ariel
avions et hélicoptères d’attaque opé- tercepta deux MiG-21 et deux
Sharon lors
rant contre les divisions israéliennes, MiG-23. Hyena 2 abattit les deux
de la guerre du
en particulier sur les deux routes MiG-23, chacun avec un missile,

Liban en 1982.

ILGOV/DEF

69
F-16, LE FAUCON ISRAÉLIEN

Les Israéliens
utilisèrent
neuf F-16B
biplaces pour
la formation
avancée
des pilotes.
AC

puis abattit un MiG-21 au canon, le dis que celui de tête fut vu entrer dans
tout en seulement 45 secondes. un canyon, mais pas en sortir ;
Hyena 4 fut crédité d’une victoire Gandhi rapporta que le MiG-23
sur un MiG-21 lors du premier en- s’était écrasé dans ce canyon.
gagement et d’une autre sur un héli- Cinq minutes plus tard, Gandhi
coptère “Gazelle” lors de la deu- intercepta de nouveau deux MiG-23
xième interception à 17 h 10. à l’est du lac Qaraun. Gandhi 2 tira
un AIM-9L sur le MiG-23 de tête et
Pris en sandwich revendiqua une victoire ; au moment
où il lançait son missile, il était entre
entre deux MiG les deux MiG-23, avec le second dans
La formation Gandhi du 110 dé- ses six heures. Gandhi 1 l’en avertit,
colla sur alerte de Ramat David, et Gandhi 2 dégagea, permettant
patrouilla pendant un certain temps ainsi à Gandhi 1 de lancer un AIM-9
– relevant probablement les deux sur le second MiG-23. Il lui sembla
CAP de “Baz” et de “Netz” susmen- que l’AIM-9 allait manquer sa cible,
tionnées qui avaient été guidées pour donc il en tira un second. Les deux
engager des avions syriens –, puis fut missiles frappèrent l’avion l’un après
impliquée dans deux engagements l’autre. Amir Nachumi se souvient :
dans des circonstances quelque peu “J’étais en CAP avec mon ailier et j’ai
déroutantes. Lors du premier, à en quelque sorte forcé l’entrée pour
17 h 30, Gandhi intercepta deux participer. J’ai vu les MiG arriver sur
MiG-23 à l’est du lac Qaraun dans la mon écran radar et j’ai fait pression
vallée du Liban. Gandhi 1 lança un sur le contrôleur pour qu’il me laisse
AIM-9L sur le MiG-23 arrière, tan- prendre part au combat. J’ai immé-
Le Premier
ministre israélien
Isaac Shamir
lors de l’arrivée
des premiers AC

F-16C “Barak”
diatement abattu un MiG-23 puis
à Ramat David
le 9 février 1987.
nous avons commencé à poursuivre
Ils remplaçaient les autres MiG et à manœuvrer avec
les “Netz”. eux. J’étais derrière un MiG quand
mon ailier a crié : “1 ! Laisse-moi
l’avoir ! Laisse-moi l’avoir !” et j’ai fait
l’inimaginable. J’ai répondu :
“Tire-le !”. J’ai dégagé et j’ai laissé
mon ailier tirer mais il ne l’a pas
abattu. Il s’est fait prendre en sand-
wich. Au lieu de se mettre derrière le
MiG le plus en arrière, il s’est mis der-
rière le MiG de tête. Je lui ai ordonné
de rompre, je me suis positionné et je
les ai abattus tous les deux [sic].
Après avoir atterri, j’ai reçu un
coup de téléphone du commandant
de la force aérienne israélienne,
David Ivry. Il était furieux. Dans le
cadre du concept de contrôle centra-
lisé, l’intention était d’intercepter les
ILGOV/PO

70
Formation de deux “Netz”
et un “Kurnass” peu après
la guerre du Liban en 1982.

“ Le pilote du MiG-21 dement central donc j’ai finalement


dit “OK…”. Il [s’est ensuite adouci et]
gement et Messiah 1 d’une victoire lors
du second. Les victoires de Messiah 1

s’éjecta immédiatement a demandé : “Alors, les avez-vous tous


abattus ?” et j”ai dû répondre que
et 3 furent obtenues avec des AIM-9L
et celle de Messiah 4 au canon.
nous n’avons réussi à en abattre que Trois formations de “Netz” enga-
après le lancement trois, le quatrième s’étant enfui.”
La force aérienne israélienne
gèrent des avions syriens le 10 juin
1982 et il leur fut crédité 11 victoires :
du deuxième missile ” crédita Gandhi 1 de trois victoires
dont deux par missiles et une par la
huit à l’escadron 117, trois à l’esca-
dron 110 ; huit MiG-23, deux MiG-21
manœuvre – il avait été conclu que et une “Gazelle” ; huit par missile
quatre MiG-23 avec des F-15 venant le MiG-23 de tête du premier enga- AIM-9L, deux au canon et une par
d’une autre direction. Mais comme gement s’était écrasé au sol. Une la manœuvre. Soit 24 au total pour
j’avais forcé mon entrée dans le com- confirmation confuse indiquait un ce seul jour.
bat, les F-15 avaient reçu l’ordre de se MiG-23 abattu lors du premier en-
retirer pour éviter un éventuel inci- gagement et deux MiG-23 abattus Guerre du Liban,
dent de tir ami. J’ai dit à Ivry : “Vous lors du deuxième.
ne pouvez pas vous attendre à ce La patrouille Messiah de l’esca-
jour 6
qu’un pilote de chasse ignore des MiG dron 117 intercepta deux MiG-23 à Le cessez-le-feu devait commen-
à seulement 10 milles [18,5 km] de 18 h 45 et deux MiG-23 à 18 h 50. cer entrer en vigueur à midi le ven-
lui”. Mais il était vraiment en colère Messiah 3 et 4 furent crédités chacun dredi 11 juin 1982. La poussée des
que j’aie fait fi du concept de comman- d’une victoire lors d’un premier enga- troupes israéliennes le long de la

71
F-16, LE FAUCON ISRAÉLIEN

AC
“Netz” 126
route ouest avançait lentement vers était un F-16A créditées sur quatre adversaires Dix minutes plus tard, Screw-
Beyrouth mais ne devait pas at- Block 5 arrivé engagés, deux allant à Comb 1 et driver rencontra de nouveau un
teindre l’autoroute Beyrouth-Damas à Ramat David une à Comb 2. Cette fois, Comb 1 et MiG-21 isolé au-dessus du secteur de
à temps. La poussée dans le secteur le 24 novembre 2 lancèrent trois AIM-9L qui firent Rayak. Screwdriver 2 tira un
central avait été pratiquement blo- 1980 au sein de tous mouche. AIM-9L qui toucha le MiG-21, mais
quée par les forces syriennes. l’escadron 117. ce dernier continua à voler ; Screw-
L’objectif de couper l’autoroute Il fut Un deuxième missile driver 2 tira un second AIM-9L. Le
Beyrouth-Damas à temps, avant le crédité d’un pilote du MiG-21 s’éjecta immédia-
début du cessez-le-feu, reposait donc hélicoptère
pour abattre le MiG-21 tement après le lancement du deu-
sur une réussite sur la route est. Mi-8 le 28 avril La patrouille Screwdriver de xième missile qui détruisit l’appareil
L’aviation syrienne soutint les 1981 et fut l’escadron 117 fut impliquée dans abandonné à lui-même.
efforts de ses troupes au sol pour nommé Magen quatre engagements de 10 h 30 à Cinq minutes plus tard, les F-16
minimiser l’avancée d’Israël vers le (bouclier). 10 h 50 et fut créditée de neuf vic- Screwdriver interceptèrent des
nord jusqu’à ce que le cessez-le-feu toires. Le premier engagement eut avions d’attaque syriens – initiale-
entre en vigueur. La patrouille Seed lieu à 10 h 30 lorsqu’un MiG-21 soli- ment identifiés comme des MiG-23
de l’escadron 110 intercepta quatre taire fut intercepté au-dessus du sec- ou des Su-22 – au-dessus du secteur
Su-22 au-dessus du secteur du lac teur de Rayak. Screwdriver 1 fut de Rayak. Ils lancèrent cinq AIM-9
Qaraun à 08 h 20. Seed 1 fut crédité crédité d’une victoire, au canon. puis tirèrent au canon sur deux
de deux victoires et Seed 2 d’une.
Les trois victimes tombèrent sous “Netz” 124 en
les coups de missiles AIM-9. Les 2006, alors qu’il
pilotes de Seed avaient en fait lancé servait comme
agresseur avec
quatre missiles.
l’escadron 115.
C omme Gandhi 1 la veille,
Les “Netz” furent
Seed 1 lança deux missiles sur l’un
retirés du service
des Su-22, mais cette fois le lance- en 2016. Certains
ment de l’AIM-9L précéda le lance- furent rachetés
ment de l’AIM-9, et le deuxième par Top Aces
missile ne fut pas lancé avant que le Corporation
premier ait touché au but. Seed 1 vit pour être
son AIM-9L frapper le Su-22 mais employés comme
ce dernier continua de voler, et agresseurs aux
Seed 1 tira alors un AIM-9 qui États-Unis.
acheva le Su-22.
La patrouille Comb de l’esca-
dron 110 intercepta quatre MiG-21
au-dessus du lac Qaraun à 09 h 30 et
obtint le même résultat que Seed
une heure plus tôt : trois victoires
AC

72
le ciel ne suffirent pas à garantir la
réalisation de l’objectif initial qui
était de couper l’autoroute Beyrouth-
Damas. Quand le cessez-le-feu entra
en vigueur à midi le 11 juin 1982,
“Netz” 287 aucune des trois percées israéliennes
partagea avec au nord n’avait atteint l’autoroute
un autre avion Beyrouth-Damas.
une victoire
aérienne L’impact
le 9 juin 1982.
AC du conflit
Selon la force aérienne israé-
lienne, le score des F-16 “Netz” fut
de 43 victoires air-air pendant la
guerre du Liban du 6 au 11 juin 1982.
Les escadrons 110 et 117 s’en attri-
buèrent 19 victoires chacun, le 253
cinq. La plupart des 43 avions enne-
mis furent abattus avec le missile
AIM-9 – 36 dont 34 attribués à
l’AIM-9L ; le solde tomba sous les
coups du canon M61 (cinq) et du fait
de manœuvres agressives (deux).
“Netz” 282 Le succès du F-16 “Netz” en com-
à la fin bat aérien pendant la guerre du
de sa carrière Liban n’engendra cependant pas de
en première ligne nouveaux as au sein de la force aé-
en 2003. rienne israélienne. Les 19 victoires
AC
de l’escadron 117 furent attribuées à
avions ; ils signalèrent qu’un appareil crédité d’un Su-22 et de deux 11 pilotes, les 19 du 110 à neuf, les
ennemi s’était écrasé au sol pendant MiG-23. Enfin, à 10 h 50, Screw- cinq victoires du 253 à quatre pilotes.
le combat et revendiquèrent six vic- driver rencontra un hélicoptère Le seul pilote de “Netz” à avoir été
toires. Cinq leur furent attribuées d’attaque “Gazelle” au sud de crédité d’au moins cinq victoires air-
dans un premier temps, mais plus Rayak. Screwdriver 4 lança un air – le critère minimum accepté
tard le nombre fut porté à six. AIM-9 et la “Gazelle” explosa. pour le statut d’as – fut le comman-
Screwdriver 1 fut crédité d’un Les pilotes de “Netz” furent dant de l’escadron 110 Amir
Su-22 avec un AIM-9, Screwdriver 2 crédités de 15 victoires le 11 juin Nachumi ; ce dernier était déjà un as
d’un Su-22 avec une manœuvre, 1982. Ceux des “Baz” s’en attri- de la guerre d’octobre 1973 avec six
Screwdriver 3 d’un Su-22 au canon, buèrent cinq, un équipage de victoires sur “Kurnass”, auxquelles
Screwdriver 4 de trois victoires. Il “Kurnass” une, et une batterie de s’ajoutèrent donc six victoires sur
semble que trois Su-22 furent initia- missile sol-air “Redeye” une vic- “Netz”. Durant cette guerre, les
lement attribués à Screwdriver 4, les time pour un total ce jour-là de 22 “Netz” 258 fut autres pilotes de “Netz” crédités le
deux premiers avec des AIM-9L et avions ennemis abattus. crédité de deux furent de 4,5 victoires pour l’un,
victoires
le troisième au canon. Cependant, Pourtant, l’engagement d’une quatre pour un autre, trois pour en-
le 11 juin 1982.
la plus récente version de l’histoire puissance terrestre excessive et l’ac- core un autre, deux éliminations
Il était toujours
de l’escadron 117 affirme que quisition par la force aérienne israé- pour six autres, 1,5 élimination pour
en service
Screwdriver 4 – Eytan Stibbe – fut lienne de la supériorité totale dans en 2003.
deux autres, une pour dix d’entre eux
et une demie pour le dernier.
La force aérienne israélienne ne
perdit aucun avion, et ses actions
firent 88 morts ennemis durant les
combats aériens. Néanmoins,
comme indiqué, ce succès dans les
airs ne permit pas d’atteindre les
objectifs militaires fixés par le gou-
vernement. Comme dans de nom-
breux autres conflits, gagner la
guerre dans les airs sans succès équi-
valent au sol s’avéra insuffisant pour
atteindre les objectifs initiaux.
Pourtant, l’impact de la supério-
rité technologique des F-15 et F-16
sur les MiG et les Sukhoï fut si pro-
fond que David Ivry – commandant
de la force aérienne israélienne de
1977 à 1982 – déclara que les 88 tués
pour zéro pertes dans les combats
air-air au-dessus du Liban en juin

AC

73
F-16, LE FAUCON ISRAÉLIEN

Les “Netz” déclinèrent


en nombre à partir des
années 1990. Les biplaces
remplacèrent les “Ahit”
(A-4 “Skyhawk”)
d’entraînement avancé.

AC

“deLacombat
plate-forme air-air
1982, couplées aux résultats de ment – autant que possible – l’expé-
l’opération Cricketmole 19, furent le rience du combat.
premier maillon d’une chaîne d’évé- Les escadrons de “Netz” prirent
nements qui entraînerait la désinté-
gration de l’URSS, la dissolution du
rapproché leur part et effectuèrent également
quelques missions imprévues,
Pacte de Varsovie et la victoire pour
l’Occident dans la guerre froide.
la plus maniable de tous comme celle du 13 juin 1985 : un
“Netz” de l’escadron 117 effectuant
Israël n’acheta pas de F-16A/B
supplémentaires à la suite de Peace les temps ” un vol d’essai de routine après main-
tenance fut dérouté pour intercepter
Marble car IAI développait le une cible qui s’avéra être un avion
“Lavi”. En 1983, il fut décidé que le drons “Netz” basés à Ramat David sans pilote syrien identifié comme
F-16C/D remplacerait le F-16A/B à sur “Barak” et de réduire ensuite la DR-3 – alias Tupolev 143 – et que le
partir de 1984 ; le développement du force de “Netz” de trois à deux esca- “Netz” abattit promptement.
“Lavi” prenait du retard et la force drons basés à Ramon, en réaffectant
aérienne israélienne obtint l’achat de des avions des escadrons 110 et 117 La fin de l’ère
75 F-16C/D. à l’escadron 140 – alors un escadron
d’“Ahit” à Ramon – qui continuerait
des combats air-air
Le “Netz” laisse d’être basé à Ramon aux côtés de Le “Netz” fut considéré par les
l’escadron 253. pilotes de chasse israéliens des an-
sa place au“Barak” Ayant échoué à atteindre les nées 1960, 1970 et 1980 comme la
Ces 75 avions du contrat Peace objectifs fixés par le gouvernement, plate-forme air-air de combat rap-
Marble 2 furent désignés F-16C/D l’armée israélienne se retira vers le proché la plus maniable de tous les
“Barak” ; ils répondaient à une exi- sud, vers la frontière israélo-liba- temps. Si bonne en fait que moins de
gence opérationnelle qui mettait naise, en 1984, et la force aérienne deux ans après son entrée en service
l’accent sur la mission air-sol et re- israélienne en revint à la politique en Israël, l’USAF incita les Israéliens
çurent des modifications structu- d’avant-guerre consistant à mener à mettre en œuvre la combinaison du
relles et des systèmes spécifiques. des attaques occasionnelles contre F-15 “Baz” et du F-16 “Netz” qui
Ayant commandé l’escadron 144 de diverses factions et organisations au s’avéra redoutable. Elle mit pratique-
1977 à 1979 – période au cours de Liban. Ces missions air-sol occa- ment fin à l’ère des combats air-air,
laquelle il était passé du “Nesher” sionnelles – ainsi que les CAP asso- du moins pour la force aérienne is-
au “Kfir” –, Amnon Gourion fut de ciées – furent dévolues en alternance raélienne au cours de ces 40 der-
nouveau impliqué en tant que chef aux escadrons d’avions de combat nières années, et pour le moins dans
des aéronefs de la branche des sys- dans le but de répartir uniformé- un avenir prévisible. ■
tèmes d’armes à partir de 1979 : “Le
“Barak” devait avoir des ailes plus Giora Even
solides pour transporter des réser- revendique 17
voirs de carburant externes plus victoires à bord
de “Mirage” III.
grands, et un train d’atterrissage
Pilote réserviste,
redessiné pour supporter des
il a peint
charges plus lourdes, de sorte qu’il
ses victoires sur
ne devait pas être aussi maniable son “Netz”.
que le “Netz”. Mais le concept du
“Barak” était d’emporter des
charges offensives plus lourdes et
d’effectuer d’autres types de mis-
sions tout en étant équipé d’un radar
amélioré et avec une avionique et
des systèmes israéliens internes qui
manquaient au “Netz”.”
La force aérienne israélienne
décida de transformer les deux esca-
AC

74
ANNIVERSAIRE
Le centenaire
de la force aérienne italienne
Trois jours
de liesse
Les 16, 17 et 18 juin derniers, l’Aeronautica
Militare (la force aérienne italienne) fêtait
en grande pompe ses 100 ans.
Un spectacle haut en couleur.
Par Gregory Allegi

D
u 16 au 18 juin, l’Aero- Mattarella, a coexisté avec des réu-
nautica Militare a célé- nions plus informelles, notamment
bré son 100e anniversaire des promotions de l’Accademia
avec un meeting aérien Aeronautica (l’École de l’air ita-
de trois jours à Pratica di lienne). Les passionnés se retrou-
Mare, juste au sud du principal aéro- vaient dans les longues files d’attente
port commercial de Rome, pour les accès (Pratica di Mare est Formation
Fiumicino. Ce fut une véritable fête un cauchemar logistique bien du “Sabre” de un peu lent. Quel que soit le rythme,
d’anniversaire, avec des amis et la connu !) et se sont mélangés aux VIP Frédéric Akkary les présentations historiques et
famille venus de partout pour célé- arrivés de l’aéroport de Ciampino en avec devant contemporaines étaient impres-
brer le patriarche. réalisant des sauts de dix minutes en le TF-104G sionnantes que ce soit en solo ou en
L aborieusement planifié au KC-767 et C-130J. et le F-35. équipe – le témoignage de plusieurs
cours des deux dernières années, le Les spotters se plaignaient de mois de travail pour trouver des
spectacle a réuni les nombreuses l’angle du soleil ou achetaient des avions et persuader les proprié-
facettes requises pour un événement livres. Comme c’est souvent le cas taires. Le programme a réuni le
aussi important. La dimension offi- dans les spectacles italiens, le pro- passé, le présent et l’avenir de l’Ae-
cielle, avec la visite dominicale du gramme de vol s’est prolongé le ronautica Militare. Le spectre pas-
président de la République, Sergio matin et l’après-midi, à un rythme sait du merveilleux aluminium poli
des P-38 et DC-6 des Flying Bulls
Le Campo 100 au T-33A – venu de France –, sans
regroupait oublier les P-47D, “Sabre” et les
avions et camps chasseurs plus récents tels les
de reconstitueurs
“Starfighter”, “Eurofighter”, F-35.
à Pratica di Mare.
Les avions d’attaque étaient là
La visite
(G.91, AMX, “Tornado”), de même
commençait par
l’Ansaldo SVA
que le drone MQ-9 diffusant des
et se terminait images de la foule alors qu’il lon-
avec le F-35A. geait la piste.

Des avions
qui sortent du lot
Plusieurs avions se sont distin-
gués. Tout d’abord, la reproduction
du Caproni Ca. 3 I-ZA NA,
AERONAUTICA MILITARE
AERONAUTICA MILITARE construite et exploitée par la
Réplique de Fondazione Jonathan Collection, la
Macchi M.C.202 plus grande construite en Italie et le
“Folgore”. seul type multimoteur de la Première
Guerre mondiale en état de vol au
monde. Escorté par une reproduc-
tion du Spad XIII, le Caproni faisait
écho au premier concept de puis-
sance aérienne, et ses virages lents et
plats – “jamais plus de 20° d’incli-
naison”, explique le pilote d’essai
Fabio Consoli – étaient majestueux.
JEAN-PIERRE TOUZEAU

Un T-33
était venu
de France pour
la circonstance.

JEAN-PIERRE TOUZEAU

À l’autre extrémité du spectre, le naire. Le Caproni Ca.3 et le G.91 ont Une formation a proposé un qua-
Fiat G.91R en livrée de la patrouille reçu leurs autorisations de vol lundi, tuor inédit. Frédéric Akary raconte :
Frecce Tricolori, piloté par Maurizio réalisé leurs démonstrations pour “ J’ai été approché par le lieutenant-
Ludovisi en solo et en formation, a validation le lendemain avant de re- colonel Pier Franciso Grassi, ins- La patrouille
rappelé le spectacle offert au même joindre Pratica jeudi, ce qui témoigne tructeur sur “Eurofighter”, bien en des Frecce
endroit en 1973 pour le cinquante- du dévouement de leurs équipes. amont du spectacle, afin de consti-

Tricolori.
AERONAUTICA MILITARE JEAN-PIERRE TOUZEAU

Le G.91R faisait sa
première apparition
publique.

77
LES 100 ANS DE L’AERONAUTICA MILITARE

tuer une patrouille de jets iconiques,


des plus modernes au plus anciens.
Faire voler ensemble un “Euro-
fighter” comme leader, avec comme
ailiers un F-35, un F-104 “Star-
fighter” et un “Sabre” a été une occa-
sion extraordinaire… mais qui mal-
heureusement risque d’avoir été
unique. Trois vols étaient program-
més, du vendredi au dimanche.

“Trois vols
d’anthologie”
Le briefing très complet du pre-
mier jour à permis de mettre au point
dans les moindres détails la totalité
de la présentation du décollage à
JEAN-PIERRE TOUZEAU
l’atterrissage avec un minutage très Le trio
précis et des mesures de séparation des “Mustang”
en cas de pertes de contact visuel. Horsemen
Ces vols de 30 minutes compre- Flight Team.
naient un rassemblement pour un
premier passage en diamant, suivi
d’un passage en échelon, d’un pas-
sage individuel à 30 secondes à
grande vitesse avec un virage 360° et
d’un circuit d’atterrissage au break
à également 30 secondes. La posi-
tion du “Sabre” en charognard der-
rière l’“Eurofighter” lors de la for-
mation en diamant à 300 nœuds La réplique
[555 km/h] était assez délicate car la du Caproni Ca.3.
JEAN-PIERRE TOUZEAU
très forte charge alaire des trois
autres générait une turbulence de
sillage très importante, m’obligeant
à voler très en dessous afin de déga-
ger la dérive du “Sabre” de ce sillage.
Le “Sabre” ayant une très grande
aile comparée à celle du “Starfigher”,
les réactions à la turbulence étaient
également totalement différentes et
ont permis d’observer in situ que le
“Starfigher” vole avec les volets en
position décollage accroché à un
moteur alors que le F-86 “pénètre” Le T-346, avion
avec une grande volupté la masse d’entraînement
d’air – sept ans de différence et un actuel de la
concept complètement différent. force aérienne
Cela restera un souvenir mémo- italienne.
JEAN-PIERRE TOUZEAU
AERONAUTICA MILITARE

Aermacchi MB-326E,
l’avion d’entraînement
78
dans les années 1960.
Patrouille de “Tornado”.

JEAN-PIERRE TOUZEAU

Aliena C-27J SF.260) et quatre autres à réaction


“Spartan”, (Aermacchi MB.326E, MB.326K,
bimoteur MB.339A et T-346A), mettant les
de transport.
pilotes au défi de voler de concert
malgré des performances très diffé-
rentes. T-346, “Eurofighter” et F-35,
les jets les plus rapides, ont réalisé un
100 dans le ciel. Chaque jour, la pa-
trouille des Frecce Tricolori termi-
nait le spectacle, prestation d’autant
plus appréciée que l’équipe volait
avec un plateau remanié au dernier
moment suite à la perte de son n° 5
dans un accident le 30 avril dernier.

Des scènes historiques


très détaillées
En plus du programme de vol et
JEAN-PIERRE TOUZEAU
de l’exposition statique, qui incluait
rable, indélébile et merci au bon également à la tête de l’équipe de tous les types de l’inventaire actuel,
Dieu de m’avoir permis de faire ces football de La Roma (et aussi de l’AS le spectacle comprenait également
trois vols d’anthologie.” Cannes soit dit en passant) a dû faci- Campo 100, un village présentant
L’Aeronautica
Les trois P-51 du Horsemen liter leur venue depuis le Texas… Les des scènes historiques soigneuse-
Militare
Flight Team ont enthousiasmé la deux formations Legend réunis- ment détaillées avec les reconsti-
présentait
foule avec leur parade. Le fait que saient quatre avions d’entraînement son chasseur
tueurs parfaitement équipés. On y
son propriétaire Dan Friedkin soit à hélices (Siai S.208, Fiat G.46, T-6. “Eurofighter”. trouvait un atelier de la Première
JEAN-PIERRE TOUZEAU Guerre mondiale avec un fuselage
Hanriot minutieusement reconsti-
tué, quatre répliques de chasseurs
Macchi en plastique, les derniers
drones de 25 kg et enfin des lourdes
tentes en toile – ont-elles vraiment
été montées à l’époque ? Incroyable !
Campo 100 a été aménagé exacte-
ment comme le logo du centenaire,
avec les chasseurs Ansaldo SVA et
F-35A au début et à la fin.
Ah oui, il faisait chaud, il y avait
d’énormes fi les d’attente à l’exté-
rieur et l’eau a failli manquer le sa-
medi. Mais l’événement ne se pro-
duit qu’une fois par siècle, et le
prochain pourrait bien être sur la
Lune, sinon sur Mars. Bravo l’Aero-
nautica Militare ! ■

79
MAQUETTES Par Hangar 47

Un chameau du tiers état qui labour : Jean Barbaud a les bosses de l’humour anglais.

Sopwith F.1 “Camel” (Clerget) A-20G “Havoc”


Eduard Weekend, 1/48 “Low Altitude Raiders”
Dédiée à Special Hobby, 1/72
la version
équipée Sortie enn
d’un moteur Clergett 2007 et
du célèbre “Camel”, vendue
la boîte contient également sous
exclusivement les la marque Revell,
pièces plastique cette maquette
de cette très belle nous revient avec
maquette et de nouvelles
propose quatre décalcomanies.
options de Rappelons
décoration dont une étonnamment colorée. Pour mémoire simplement la
les surfaces entoilées sont finement reproduites, gravure fine des
le poste de pilotage est parfaitement détaillé et le moteur surfaces et le niveau de détail satisfaisant pour l’échelle dans le poste
est très réaliste. Toutes les gouvernes sont séparées. de pilotage, les logements de train et les capots moteurs.
Les mâts de voilure et du train d’atterrissage sont si finement Les décalcomanies proposent deux types de cocardes, américaines
reproduits qu’il faudra beaucoup de soin pour les détacher ou australiennes, apposées sur le classique camouflage vert olive avec
des grappes. L’armement, bombes et mitrailleuses, les taches vert moyen sur les bords d’attaque et bords de fuite.
est lui aussi bien soigné. De petites pièces transparentes
représentent même les plaques d’acétate qui permettent Notre appréciation : nouvelle édition pour une maquette
d’inspecter les poulies de renvoi des câbles de commandes bien connue.
d’ailerons. La notice inclut un schéma d’haubanage.
Une grande feuille de décalcomanies comporte tous les motifs
nécessaires pour choisir entre trois avions vert kaki
au-dessus et toile écrue dessous décorés
Do 217J-1/2
de marques individuelles variées et un quatrième rayé Revell, 1/48
de blanc et rouge foncé sur l’ensemble de sa voilure,
une machine utilisée pour l’entraînement en 1918. Nous retrouvons sous la marque Revell le récent Do 217
produit par ICM, une très bonne nouvelle au vu des grandes
Notre appréciation : maquette de grande qualité qualités de la maquette. Suivant le standard des productions
et options de décoration très intéressantes, très tentant ! ukrainiennes la gravure est fine et précise ; elle n’inclut pas le rivetage.
80
Le poste de pilotage compris. Les moteurs sont améliorés par une couronne d’allumage.
est bien détaillé, les La soute à bombes bien reproduite avec son chargement peut rester
instruments et harnais sontt ouverte. Les décalcomaniess
repris en décalcomanies. concernent quatre
Les pièces transparentes bombardiers vert olive
limpides permettent de et un cinquième alu.
profiter de cet ensemble En guise de nose art,
très complet. La soute à loups, chauve-souris,
bombes et les logements aigles et pin-ups sont au
de train sont également bien rendez-vous, complétés
aménagés. La soute peut recevoir un gros réservoir supplémentaire. de marquages de dérives
Toutes les gouvernes sont moulées séparées. Les moteurs, très associés.
convenables, restent peu visibles derrière leurs fans de refroidissement.
Les antennes radar de cette version sont assez finement reproduites, Notre appréciation : maquette de grande qualité extrêmement
les plus exigeants pourront les remplacer. La maquette existant dans détaillée grâce aux ajouts Eduard ; livrées colorées, de quoi rendre
sa version équipée de moteurs en ligne, les moteurs, hélices hommage à cet élégant bimoteur magnifiquement illustré sur
quadripales et nacelles correspondantes sont présentes dans la boîte et la boîte… tentant !
pourront servir à d’autres projets. Les décalcomanies offrent le choix
entre deux machines camouflées dans les deux tons de gris classiques,
bleu ciel dessous et sur les flancs mouchetés de gris. Nul doute que
les fabricants de décalcomanies proposeront d’autres livrées.
Ki-84 “Hayate” “Spécial Attack Units”
Arma Hobby, 1/72
Notre appréciation : il existait déjà une très belle maquette
des versions E4 et E5 du Dornier 17 ; cette déclinaison J de chasse Revoici le Ki-84 déjà
de nuit, issue d’un moule différent, vient compléter avec brio la série analysé ici, dans une
des bimoteurs allemands disponible au 1/48. boîte consacrée
cette fois aux appareils
affectés aux attaques
Messerschmitt Bf 109E-1/B kamikazes. On y retrouve
donc la très fine reproduction
“Hit and Run Raiders” du chasseur “Hayate”,
mais dépourvue de pièces
Special Hobby, 1/72 imprimées en 3D. La
maquette est excellente, donc nous nous limiterons à indiquer les options de
Parfaitement
ent décorations proposées pour trois machines camouflées en vert foncé et gris.
détaillé et La plus sobre porte uniquement l’emblème d’un crâne sur la dérive, mais
doté d’une une autre est agrémentée d’une sorte d’éclair jaune sur les flancs, tandis
gravure très fine que la dernière fut le sujet de ma caricature dans Le Fana n° 633 : elle porte
incluant le rivetage, une immense flèche rouge sur les deux côtés du fuselage. Jean Barbaud
le récent 109
Special Hobby est Notre appréciation : des options de décoration inhabituelles
maintenant bien et originales dans cette nouvelle boîte !
connu. Son poste
de pilotage, son
moteur et son armement sont bien reproduits. Idem pour les radiateurs
et logements de train. Les volets et gouvernes sont moulés séparés.
“Spitfire” Mk Vb mid
Dans cette boîte, quatre bombes et leur support caréné sont fournis Eduard Weekend, 1/48
en résine. La verrière en trois pièces peut rester ouverte, tout comme
les capots avant. Les décalcomanies incluent le harnais et les Encore une ne
instruments. Les trois camouflages proposés sont vert et gris-vert 02. superbe
L’un des avions porte des motifs originaux sur les flancs, les deux illustrationn
autres arborent les marques jaunes du front Est. pour cette nouvelle
édition du
Notre appréciation : nouvelle édition d’une très complète maintenant bien
maquette pour reproduire la version chasseur bombardier utilisée connu “Spitfire”
pour harceler les villes côtières britanniques. Eduard. Du type
“Weekend”, c’est-
à-dire plastique
B-25J “Mitchell Strafer” seulement, la
boîte propose
Eduard Profipack, 1/72 quatre choix de
décoration sur la base du classique camouflage vert et gris, trois avions
Dans cette édition Eduard regroupe les grappes plastique britanniques et un américain. Chacun porte un insigne individuel de petite
du B-25 Hasegawa, du métal photodécoupé prépeint, des taille, la discrétion restant de mise dans la Royal Air Force. Inutile de
masques autocollants pour faciliter la peinture et des rappeler les nombreuses qualités qui font de ce très fidèlement détaillé
décalcomanies pour cinq options de décoration choisies parmi les plus “Spitfire” le meilleur disponible au 1/48.
flamboyantes connues pour le B-25. La gravure des surfaces est conforme
au standard de qualité élevé d’Hasegawa. L’aménagement du fuselage est Notre appréciation : nouvelles décorations pour une maquette
complété par de nombreux éléments en métal, harnais et ceintures parfaite, impressionnant !
81

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