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17 août 1943
Ratisbonne
Au cœur du raid
avec les équipages
L 19853 - 645 S - F: 8,20 € - RD
Le Dornier 217
Espace Clichy, immeuble SIRIUS
4 Actualités 48
9, allée Jean-Prouvé. 92587 CLICHY CEDEX
E-mail : redac_fana@editions-lariviere.com
De toutes les missions
PRÉSIDENT DU CONSEIL DE SURVEILLANCE
sur tous les fronts
10 Courrier
Patrick Casasnovas
PRÉSIDENTE DU DIRECTOIRE
Stéphanie Casasnovas
DIRECTEUR GÉNÉRAL Deuxième partie. Les raids contre
Frédéric de Watrigant l’Angleterre se poursuivent alors que
50 ans de Ferté-Alais
DIRECTEUR DE LA PUBLICATION
ET RESPONSABLE DE LA RÉDACTION : 12 le Do 217 traque les navires avec une
Patrick Casasnovas Nos lecteurs nouvelle arme redoutable : le missile.
ÉDITEUR : Karim Khaldi
RÉDACTION
Tél. : 01 41 40 34 22
se souviennent Première Guerre mondiale
Rédacteur en chef : Alexis Rocher 1985 : un P-40 récalcitrant ne veut pas 56
Rédacteur en chef adjoint : Xavier Méal
Rédacteur graphiste : François Herbet, décoller. Un mécanicien trouve la solution La mission militaire
Secrétaire de rédaction : Antoine Finck pour le plus grand plaisir des spectateurs.
Secrétariat : Nadine Gayraud française
SERVICE DES VENTES
(réservé aux diffuseurs et dépositaires)
Jennifer John-Newton
14 Livres en Roumanie
Tél. : 01 41 40 56 95
Deuxième partie. Suite d’une
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Papier issu de forêts d’opérations loin des esprits
gérées durablement.
Origine du papier : de l’état-major en 1917.
Allemagne. Taux
17 août 1943 : le raid sur Ratisbonne
de fibres recyclées :
63 %. Certification : 20 Les F-16A “Netz”, 1980-1982
PEFC/EU ECO LABEL. Du brouillard au sable 68
Eutrophisation :
0,003 kg/tonne.
L’offensive de bombardement prend
Le faucon israélien
de l’ampleur à l’été 1944 quand attaque
les B-17 mènent alors le plus long Troisième partie. Le F-16 termine
raid de l’histoire, sur Ratisbonne. la guerre du Liban en 1982 avec
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Printed in France/Imprimé en France
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Un destin contrarié 76
Le centenaire
de la force aérienne italienne
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Au milieu des années 1930,
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Tél. : 01 41 40 34 22 les constructeurs français s’affrontent Trois jours de liesse
pour fournir un nouveau chasseur Le ban et l’arrière-ban des avions
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sous la seule initiative de leurs expéditeurs. SNIAS
ACTUALITES
Un nouveau Messerschmitt 109
a repris l’air
KAI ARNOLD
Charlie Brown
Le 19 juin dernier, le pilote sur le banc de la société Dirk Bende GmbH, reconnaissable, entre autres, par l’absence pose le
britannique Charlie Brown a motoriste renommé, en juin 2022, puis des attaches permettant de monter le Bf 109 E-4
effectué avec succès le vol a été monté de nouveau sur le chasseur, support pour un réservoir supplémentaire, D-FEML
inaugural du Messerschmitt E-4/N Werk et le pilote d’essais allemand Klaus Plasa a des tuyauteries internes pour le réservoir de à l’issue
Nummer 1983, désormais immatriculé effectué des essais au sol. Il a encore fallu carburant supplémentaire, et d’un réservoir de son vol
D-FEML, depuis l’aérodrome d’Hangelar, de nombreux mois pour finaliser la mise d’huile supplémentaire. Il a été recouvert inaugural, le
près de Bonn, en Allemagne. Le chasseur en ordre de vol. Tout le travail de mise de sa livrée originale de la 5./ JG 5 19 juin dernier,
appartient au collectionneur allemand au point et de mise en ordre de vol a avec le code de fuselage “12 rouge”. sur la piste
Eberhard Thiesen. Un second vol a été été réalisé par une équipe de la société La Jagdgeschwader 5 fut créée en 1942 ; de l’aérodrome
effectué dès le lendemain. allemande Dirk Bende GmbH. son II./JG 5 était basé à Petsamo pour d’Hangelar,
L’épave de cet avion avait été récupérée Le chasseur a été restauré dans sa combattre les forces soviétiques près en Allemagne.
près de Mourmansk (Titowka), en Russie, en configuration originelle E-4 et non pas de la frontière finlandaise ; il n’était
1993, où il s’était écrasé le 24 janvier 1942, E-7. Par rapport à la E-7, la version E-4 est composé que de deux Staffeln (les 4. et 5.).
abattu par des “Hurricane”. Il appartenait
à la 5./ JG 5 lorsqu’il fut perdu et désigné
dans les documents faisant état de sa
perte comme Bf 109 E-7. Mais la plaque
constructeur indique qu’il est un Bf 109 E-4.
Le fuselage a été restauré par le spécialiste
britannique Craig Charleston dans ses
ateliers de Craig Charleston Services
– l’avion a alors été immatriculé G-EMIL –
et a été livré en 2012. Les ailes ont été
reconstruites par la société Hartmair
Leichtbau, à Freising, en Allemagne, à partir
de 2015. Le V12 Daimler-Benz 601 a été
refait par les spécialistes allemands du Charlie Brown
type, Sigi Knoll et Karl Vogt. Les premiers au retour
essais de roulage ont été effectués à l’été d’un vol d’essai
2017, et ont permis de déceler un défaut en juin dernier,
de fonctionnement du moteur, qui est donc sur l’aérodrome
retourné en atelier. Le V12 a subi des essais d’Hangelar.
VOLKER SCHNEIDER
4
En bref
Le Breguet 904 “Nymphale” Le “Wildcat” G-INKL est passé
n° 4 F-CCFN retrouve le ciel sur le dos à l’atterrissage
Le 6 juillet dernier, le Grumman FM-2 “Wildcat” immatriculé
Le 28 juin dernier, l’Espace Air Passion d’Angers a inauguré G-KINL (BuAer n° 86690) est passé sur le dos alors qu’il
officiellement son planeur historique Breguet 904 “Nymphale” se posait à Heveningham Hall, une grande propriété
n° 4 restauré, immatriculé F-CCFN, en présence des élus locaux, appartenant à l’homme d’affaires britannique Jon Hunt, près
du corps enseignant du lycée des métiers de Narcé, des équipiers d’Halesworth, au Royaume-Uni. Le pilote et l’avion étaient
de l’escadrille Air Jeunesse d’Angers et de la fondation des Ailes invités à participer au Heveningham Concours, un festival de
de France qui ont tous contribué aux travaux. Pour ce vol officiel, voitures de collection et de warbirds. Le pilote, grièvement
l’équipage du Breguet était constitué de Paul Dessertenne, 17 ans blessé, a été héliporté jusqu’à l’hôpital le plus proche dont
et cadet du musée, pilote de planeur (300 heures de vol), il est depuis sorti. L’avion a subi des dommages importants.
et de François Bourgeon, instructeur examinateur planeur ; Benoît
Blattlin était aux commandes du remorqueur MS 505 “Criquet”.
Le Breguet 904 est un planeur biplace dessiné par l’Angevin
Jean Cayla, dérivé du monoplace Breguet 901 vainqueur des
championnats du monde de vol à voile en 1954 et 1956. 18 appareils
de ce type ont été construits. Le n° 4 F-CCFN a été fabriqué en 1958
et livré au Centre national de Challes-les-Eaux. De 1963 à 1980, il fut
utilisé au Centre national de Saint-Auban sur Durance (04). En 1982,
il avait été cédé à l’association qui allait devenir l’Espace Air Passion, DR
qui le restaura. Il vola régulièrement à partir de 1983 et jusqu’en
2010. Sa nouvelle restauration avait débuté en 2012. Ce “Wildcat” est un FM-2 construit par General Motors.
Il avait effectué son premier vol le 12 octobre 2022
Le Breguet 904
après une restauration de six ans, et avoir été repeint
“Nymphale”
n° 4 F-CCFN
aux couleurs du “Martlet” III de Royal Navy matricule AX733
lors de son vol du NAS 805 de la Fleet Air Arm.
inaugural le
28 juin dernier. Le Fokker D.XXI PH-XXI a reçu
son certificat de navigabilité spécial
Le 19 juin dernier, la CAA-NL, l’autorité de l’aviation civile
néerlandaise, a accordé son certificat de navigabilité spécial
ESPACE AIR PASSION à la reproduction de Fokker D.XXI immatriculée PH-XXI
construite par une équipe menée par Jack van Egmond au
Un Lockheed 12 vole sein de la société Egmond Vintage Wings sur l’aérodrome
de Hoogeveen, aux Pays-Bas. Aucun exemplaire de ce
désormais en Suisse chasseur, qui défendit les Pays-Bas contre l’invasion nazie,
en mai 1940, n’a survécu. Les premiers éléments de cette
reproduction avaient été assemblés le 6 mai 2014 et le tout
Le 12 juin dernier, le Lockheed 12A “Electra Junior”
premier vol avait eu lieu le 22 mai 2022. Le programme
immatriculé NC18125 s’est posé en Suisse, sur l’aéroport
des essais en vol s’est achevé en avril dernier.
d’Altenrhein, en provenance des États-Unis via Reykjavík,
Wick en Écosse et Duxford en Grande-Bretagne.
Son nouveau propriétaire est le Suisse Ariel Luedi.
Construit en 1937, le bimoteur a d’abord servi avec Continental
Airlines jusqu’en octobre 1940, puis avec l’Aviation royale
canadienne pendant cinq ans à partir de décembre 1940,
avant de connaître une succession de propriétaires, dont Texaco
et le médecin Dr Colgate W. Darden III, qui en fut propriétaire
de 1966 à 1998. Exporté au Canada, le Lockheed 12 fut
immatriculé CF-LKD de 2007 à 2020, puis revint aux États-Unis.
On compte donc désormais cinq “Electra Junior” en Europe, avec Le Lockheed 12
“Electra Junior”
les F-AZLL de la famille Chabbert à Andernos, NC14999 de Luc
immatriculé
Hellings à Genk-Zwartberg en Belgique, NC18130 de Art Deco
NC18125 est DR
Aviation à Hanovre en Allemagne, et G-AFTL de Fighter Aviation
désormais basé
Engineering à Sywell en Grande-Bretagne.
en Suisse. Le B-17 Sally B autorisé à voler
Le 22 juin dernier, l’opérateur du B-17 Sally B, basé à Duxford
en Grande-Bretagne, a annoncé que l’autorité de l’aviation
civile britannique (CAA) a autorisé le bombardier à reprendre
ses vols. Les inspections et réparations rendues obligatoires
par une consigne de navigabilité émise par la Federal Aviation
Administration américaine le 17 mai dernier (lire Le Fana
de l’Aviation n° 644) ont été effectuées et validées par
les autorités. Sally B sera une des vedettes du spectacle
aérien Air Legend, à Melun, les 9 et 10 septembre prochains.
5
DR
ACTUALITES
Me 262, MiG-15, F-86, Rafale Solo Display,
P-38 et B-17 en vedettes du Air Legend !
Les 9 et 10 septembre prochains accompagné de son trio de Beech 18,
sur l’aérodrome de Melun- tandis que la collection Flying Bulls
Villaroche, le spectacle aérien dépêchera aussi ses P-38 “Lightning”
Air Legend offrira six heures d’histoire et B-25 “Mitchell”. Le théâtre
de l’aviation vivante dans le ciel, des opérations du Pacifique sera évoqué
avec une pléiade de vedettes comme avec le PBY-A “Catalina” de Plane Sailing
on en voit rarement dans un meeting Co., venu de Grande-Bretagne, qu’on
dédié aux warbirds. espère voir évoluer lors d’un ballet
Si l’affiche indique clairement que l’invité avec le “Corsair ” des Flying Bulls.
de marque sera le B-17 “Flying Fortress” De Suisse viendra également le Morane 406,
Sally B, le seul qui vole en Europe et qu’on l’unique en état de vol dans le monde.
ne voit que très rarement en France, Un tableau sera consacré au Viêtnam,
un examen rapide de la liste des avions avec “Skyraider” et OV-10 “Bronco”.
d’ores et déjà annoncée ne peut que faire Le spectacle sera aussi au sol, avec
saliver tout amateur de warbirds. de nombreuses animations pour petits
Le terme est à prendre au sens large, car et grands (simulateurs de vol entre autres),
le Air Legend est un des rares meetings et de nombreux stands commerciaux.
à mêler de façon aussi intime warbirds à Les reconstitueurs seront présents en
hélices et warbirds à réaction. nombre pour donner à voir et quasiment
En ce qui concerne ces derniers, la liste à vivre l’ambiance de campements
est à ce jour ainsi établie : Hawker “Hunter”, de la RAF ou des US Army Air Forces
MS.760 “Paris”, CM.175 “Zéphyr”, F-86 pendant la Deuxième Guerre mondiale,
“Sabre” de Frédéric Akary, MiG-15 avec des animations immersives.
du Norwegian Air Force Historical Squadron, La liste des avions participants n’est à ce
DH.100 “Vampire”, Aero L39 “Albatros” jour pas encore bouclée, et il n’est pas
de la patrouille Fun & Fly, et… roulement impossible que quelques surprises viennent
de tambour… le Messerschmitt 262 s’y ajouter. Potentiellement, une grosse et
de la Fondation Messerschmitt/Airbus énorme nouveauté pourrait venir enrichir
Heritage ! Rien que ça ! le plateau, si les autorités de l’aviation civile
britannique font preuve de diligence…
AVIATION PHOTOCREW
Un trio de “Spitfire”
à moteurs “Griffon”
Une partie plus moderne verra évoluer
dans le ciel melunais l’A400M Tactical
Display – une des présentations favorites
du grand public –, le Rafale Solo Display Le B-17
– autre présentation favorite –, la Patrouille Sally B est
de France, mais aussi des “Rafale” M et un la seule “Flying
E-2C “Hawkeye” de l’Aéronautique navale. Fortress”
Si l’édition 2023 de ce spectacle aérien en état de vol
– désormais une référence européenne – en Europe.
aura définitivement un parfum de kérosène,
elle n’en sera pas moins richement pourvue
en warbirds à moteurs à pistons et hélices.
La crème de la crème sera présente avec
le P-40N de France’s Flying Warbirds,
le Yak-3 F-AZOS résident, un “Skyraider”,
plusieurs P-51 venus d’Allemagne,
de Belgique ou encore d’Autriche comme
le Nooky Booky des Flying Bulls, et l’écurie
britannique Ultimate Fighters avec ses
Hawker “Fury”, HA-1112 “Buchon”,
et “Spitfire” Mk XIV. Ajoutez à ce dernier
le “Spitfire” Mk XIV de W AirCollection, venu
en voisin de La Ferté-Alais, et le PR XIX
de Christophe Jacquard venu de Dijon,
et vous avez la promesse d’un trio
de “Spitfire” à moteurs “Griffon”…
du jamais vu et jamais entendu en France !
Du côté des multimoteurs du temps jadis,
le superbe DC-3 suisse viendra
HARRY MEASURES
6
En bref
Christian Ravel fête
ses 80 ans en T-33
Samedi 30 juin, Christian Ravel a fêté ses 80 ans
de la plus belle manière grâce à ses amis : un vol en place
arrière du Lockheed T-33 de Top Gun Voltige. Christian Ravel
avait effectué son dernier vol sur T-33… en 1968 !
Le Me 262 En 1981, il a été l’élément moteur qui a fondé le Groupement
de la fondation pour la préservation du patrimoine aéronautique,
Messerschmitt sur le défunt aérodrome d’Angers-Marcé, puis développé
est sans doute le musée régional de l’Air dénommé depuis 2013 Espace
le warbird le
Air Passion, implanté sur l’aéroport d’Angers Loire,
plus attendu
dont il aura été le président pendant 25 ans. Et encore
du spectacle.
aujourd’hui il ne compte pas son temps et son énergie
pour la sauvegarde du patrimoine aéronautique.
Ancien instituteur, instructeur avion et planeur, et pilote
de ligne qui a fini sa carrière à Air France, commandant
de bord sur Boeing 747, Christian a choisi d’arrêter de voler
en 2021, à l’âge de 77 ans, après plus de 23 000 heures
de vol. Chevalier de la Légion d’honneur et titulaire de la
Médaille aéronautique, il a reçu en 2021 de la Fédération
aéronautique internationale (FAI) le diplôme Paul Tissandier
qui reconnaît au niveau international une vie passée
à défendre le patrimoine aéronautique.
Joyeux anniversaire, Christian !
Le Rafale
Solo Display
sera une des
nombreuses
vedettes
d’un plateau
très riche.
OLD RHINEBECK AERODROME
LAURENT CASAERT
7
ACTUALITES
MICHAEL NEVIN
DR
9
LE COURRIER
Les Anglais
à Dijon
Voici quelques repiquages
du vieil album de mon père.
Le lieu est Longvic, en 1949.
Les “Spitfire” doivent être des FR 18
et les “Mustang” des F-6D du II/33 Deux “Spitfire” FR 18
Savoie. Mon père était aide mécanicien de la RAF en 1949.
à l’ELA 41 [escadrille de liaison]
(“La Trottinette”) à l’arrivée des DH.100
“Vampire”. Il m’avait dit avoir embarqué
plusieurs fois à bord d’un “Goéland”
DR/COLL. JEAN-PIERRE CROPSAL
pour aller chercher des pièces de
réacteur “Goblin” en Angleterre, à
Farnbourough. Il avait ajouté que la RAF
disposait d’un bureau à Longvic. Cela
représentait à peu près la mi-distance
entre le sud de l’Angleterre et Malte…
et une fameuse étape gastronomique.
Jean-Pierre Cropsal
La 2e escadre
de chasse fut la première unité
de l’armée de l’Air dotée
de chasseurs à réaction avec
le “Vampire”. Les premiers
exemplaires arrivèrent en
Bourgogne fin avril 1949. Deux Gloster “Meteor”
Ils restèrent sur la base 102 de passage à Dijon.
de Dijon-Longvic jusqu’en 1953.
DR/COLL. JEAN-PIERRE CROPSAL
10
DR/COLL. JEAN-PIERRE CROPSAL
Des F-6D
du II/33
Savoie
et un
Nord 1101
“Ramier”
à droite.
Les F-80
de la patrouille
des “Skyblazers”.
DR/COLL. JEAN-PIERRE CROPSAL
Un “Baroudeur” italien ?
Je viens de lire avec un certain et fut vite arrêtée après la victoire du G.91.
retard le n° 636 du Fana, Ferrero conserva de très bons souvenirs
et j’ai bien apprécié l’excellent l’article de ses rapports avec ses collègues
d’Alexis Rocher sur le “Baroudeur”, français. Le 5091, inspiré du “Baroudeur”,
dont il décrit admirablement les avait un train classique avec pneus à
phases du développement et les basse pression et, bien qu’en maintenant
difficultés de mise au point d’une la configuration aérodynamique, il était
formule opérationnelle discutable très agrandi afin d’assurer les capacités
et poursuivie avec un entêtement d’emport et d’autonomie requises par
excessif, même quand ses limites le programme et que le petit “Baroudeur”
furent bien évidentes. La formule ne pouvait pas atteindre.
et la gracieuse silhouette de l’avion Giulio Valdonio Le “Baroudeur” et son concurrent,
lui assurèrent l’intérêt et la sympathie le Fiat G.91 (ci-dessous).
des observateurs, mais les limites Les archives évoquent
SNCASE
opérationnelles de la formule bien un projet de SE.5091,
ne pouvaient que le condamner. un des nombreux dérivés du
J’ajoute une suite peu connue : “Baroudeur”. Mais selon le plan
l’ingénieur Mario Ferrero, qui devint trois vues du projet, l’avion
directeur technique de Fiat Aviazione conserve ses skis d’origine. En fait,
dans les années 1970, me raconta les ingénieurs multiplièrent les
ses débuts de carrière, qui le virent versions, modifiant la configuration
transféré en 1956 de son bureau générale de l’avion, adaptant tel
à Turin à un bureau d’études “très ou tel réacteur. Pas de trace
secret” à Milan, où une équipe franco- dans les archives que nous avons
italienne étudiait le 5091, un hybride consultées d’un projet franco-
entre le “Baroudeur” et le G.91, pour italien autour du “Baroudeur”,
présenter au concours Otan LWTSF ni d’un hybride avec le G.91.
(Light Weight Tactical Strike Fighter, Début 1958, le chasseur italien
chasseur léger polyvalent) une fut déclaré vainqueur
alternative “tous terrains”. L’activité de la compétition, mettant fin
était couverte par un secret absolu, aux études du “Baroudeur”.
OTAN
11
CERNY-LA FERTÉ-ALAIS
50 ans de meeting (*)
De l’électricité
dans l’air
Marc Lecocq se souvient de beaucoup
d’éditions de La Ferté. Il raconte un
épisode de 1985 : le P-40E Sneak Attack
était bloqué au sol suite à une panne
mécanique, jusqu’à ce que…
Par Marc Lecocq
(*) Suite de la rubrique parue dans le n° 644.
M
eeting de mai 1985 : Le enlever le capot moteur, des vis ré-
Curtis P-40E “Kitty- sistent. Il faut les forer à la chignole.
hawk 1” Sneak Attack La confirmation arrive, le moteur
RCAF 1057 (SU-E électrique de la pompe est grillé ! Il
AK933 N94466 de la faut attendre qu’un mécanicien
Old Flying vienne d’Angleterre le
Machine Com- lundi avec un moteur
pany) était an- pour le remplacer… Marc Lecocq
noncé comme ve- J’avais lu récemment une (à gauche)
DR/COLL. MARC LECOCQ
dette au meeting. revue américaine sur les et Ray Hanna
Le 24 mai, il se warbirds qui expliquait cherchent trique que la pompe à essence… Je
pose en douceur et que ce P-40 avait couru à à résoudre lui propose de croiser les moteurs
gagne le parking Reno et qu’il était équipé le problème électriques pour faire un test. Et mi-
avion. Ray Hanna d’un système d’injection qui immobilise racle, la pompe à essence fonctionne :
descend et vient d’eau. J’en parle à Ray et Sneak Attak. l’avion est bon de vol pour le meeting !
vers nous. Il nous lui demande son accord Dimanche 26 mai, peu avant son cré-
DR/C . M L
OLL ARC ECOCQ
apprend que c’est pour ouvrir la porte d’ac- neau de présentation, Ray m’appelle
foutu pour les présentations au mee- cès sur le côté du fuselage. Le réser- et m’installe sur le siège arrière.
ting, pompe à essence électrique en voir d’eau est toujours en place avec Moteur en route et décollage pour 15
panne. La mécanique commence à sur la pompe le même moteur élec- minutes de pur bonheur ! De la vol-
12
Passage de Sneak
Attack avec Ray Hanna
aux commandes.
Ci-contre
et en dessous,
Marc Lecocq
à bord de Sneak
Attack après
avoir résolu
la panne.
DR/COLL. MARC LECOCQ
DR/COLL. MARC LECOCQ
Recherche
de la panne
sur Sneak Attack
le 24 mai.
DR/COLL. MARC LECOCQ
À LIRE, À VOIR
Le “Mirage” 4000
à la fin de sa campagne
de promotion en 1987.
L
e “Super Mirage” vole de- Phantom, avec la différence que son 4000 dont il n’existe qu’un proto-
puis pratiquement deux ans rayon d’action à basse altitude est de type, alors qu’au cours de ces der-
quand, le 8 janvier 1981, 1 050 km alors qu’il n’est que de nières semaines deux F-18 se sont
Marcel Dassault écrit à 780 km pour le F-15. Les pilotes du cassés en l’air.”
Robert Galley, nouveau mi- Centre d’Essais et de l’Armée de Le gouvernement français ne
nistre de la Défense. Il lui expose les l’Air ont trouvé en tous points remar- donna pas suite. Dassault poursuivit
performances et le coût du finance- quables ses performances et ses qua- sa promotion à l’exportation jusqu’en
ment d’une présérie de “Super lités de vol. C’est aujourd’hui le meil- 1988. Le “Super Mirage” 4000 est
Mirage” 4000 et précise : “Étant bi- leur appareil occidental de sa désormais exposé au musée de l’Air
moteur, il va naturellement plus loin catégorie. Évidemment, le prix de et de l’Espace.”
l’Espac ■
et emporte plus de charge . chaque appareil dépend de l’impor-
Notamment, son rayon d’action à tance de la commande de série, mais
basse altitude avec trois réservoirs et si l’on envisage une commande de Super Mirage 4000,
S
l’engin ASMP est de 1 050 km, plus quinze appareils seulement, l’opéra- le rêve inachevé.
le parcours effectué par l’engin, et tion devant durer sept ans compor- Pil
Pilotes et ingénieurs
son autonomie de vol à haute alti- terait un financement d’un peu plus racontent
rac
tude est de 4 100 km qui, avec un seul d’un milliard de francs par an. le SSuper Mirage 4000
ravitaillement en vol, est portée à Pendant cette période de sept ans, il Par AAlexis Rocher
8 400 km. Ses performances sont serait réalisé au cours des trois pre- Chez Skyshelf.eu
égales ou supérieures à celles de mières années : le développement et 152 ppages, 29 €
l’avion américain McDonnell la mise en série ainsi que la construc- ISBN : 9789083330129
Douglas F-15, successeur du tion de deux prototypes, puis trois À comm
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14
HISTOIRE
17 août 1943 : le raid sur Ratisbonne
Du brouillard
au sable
Ce 17 août, les B-17 de la 8th Air Force
se lancèrent dans deux raids : attaquer
l’usine Messerschmitt de Ratisbonne
et celle de roulements à billes de
Schweinfurt, en Allemagne, en principe
hors de portée depuis l’Angleterre (*).
Un plan ingénieux, contrarié par le
brouillard, devait semer la confusion dans
les défenses ennemies : rejoindre l’Afrique
du Nord après les bombardements…
Dans cet épisode nous suivons le destin
de trois équipages du 4th Bomb Wing
lancés sur Ratisbonne.
Par Grégory Pons
(*) Lire Le Fana de l’Aviation nos 527 et 528.
E
n août 1943, les unités de rement audacieuse car elle constitue
bombardiers lourds de la la première mission Shuttle (navette)
8th Air Force ne sont pas de la 8th Air Force, dont le modèle
encore regroupées en divi- sera ensuite repris en 1944 pour les
sions, mais seulement en opérations Frantic via l’URSS. Les
Wings [escadres]. Le 4th Bomb Wing deux objectifs retenus sont l’usine de
qui va consti- roulements à
tuer le noyau de billes de
la future 3rd Schwein furt et Nick Criscito,
Bomb Division l’usine Messer- mitrailleur de
regroupe pour schm itt de sabord à bord
le ra id du Ratisbonne de Miss Mac.
17 août 1943 (Regensburg en C’est à lui que
plusieurs Bomb allemand). nous devons
Groups (94th, L’ u s i n e d e plusieurs des
95th, 9 6th, Ratisbonne en clichés présentés
100th, 385th, Bavière est à dans cet article.
388th, 390th l’époque la deu- Il pose à son
BG), identifiés x ième plus poste avant
par un mar- grosse unité de la mission
quage en carré production de sur Ratisbonne.
blanc sur la dé- chasseurs mo-
rive de leurs nomoteurs der-
DR/C . P
OLL ONS
appareils au rière celle de
sein duquel une lettre identifie le Wiener Neustadt en Autriche. Sa
Group. Ces unités du 4th BW seront production est estimée à 200 chas-
ensuite intégrées à la 3rd Bomb seurs Bf 109 par mois, ce qui repré-
Division qui conservera ce marquage sente entre 25 et 30 % de la produc-
carré. Chaque Bomb Group mobilise tion totale de l’Allemagne.
21 B-17 à l’exception du 390th BG. L’usine de roulements à billes
La mission du 17 août est particuliè- de Schweinfurt va constituer la cible
▲
US NARA
20
Des B-17 du 385th BG passent
les Alpes pour rejoindre l’Afrique
du Nord après avoir bombardé
Ratisbonne.
21
17 AOÛT 1943: LE RAID SUR RATISBONNE
groupent au point de rendez-vous Au passage du dernier flanc des Deux des trois derniers moteurs
prévu et mettent le cap sur Bône, en Alpes, il essaie de mettre le moteur ayant rendu l’âme, il est 16 heures
Algérie. Miss Mac est passé à travers en drapeau mais l’hélice tourne quand le B-17 se retrouve sur un seul
l’enfer et file ver l’Algérie. encore à 2 950 tr/min. Le B-17 se moteur, contraint d’amerrir. D’après
trouve encore au-dessus du Nord de le dernier relevé du navigateur, il se
Le tragique destin l’Italie lorsque le bloc-moteur se trouve approximativement à la posi-
détache de l’appareil. tion suivante : 39°10’ latitude nord et
du Paddlefoot Le s/sgt Floyd E. Wood est cré- 07°00’ longitude est, ce qui signifie
Alors qu’il se trouve encore dans dité d’un chasseur ennemi détruit, le en pleine mer, à environ 30 km de la
le secteur de Ratisbonne, le B-17 mitrailleur de tourelle supérieure, le côte ouest de la Sardaigne, mais à
Paddlefoot du 2nd lt John W. Parker technical sergeant Livingston, est près de 200 km des côtes de l’Afrique.
Jr. est touché à plusieurs reprises. La crédité d’une victoire probable, tout
tourelle ventrale de l’appareil est comme le mitrailleur ventral La nuit en mer
endommagée et le staff sergeant Peterson avant que sa tourelle ne soit
George A. Peterson est contraint de hors service. Parker parvient à dé-
dans deux canots
quitter sa position pour grimper passer la Sardaigne jusqu’à se retrou- Leur position risque de se révé-
dans le fuselage, le système d’oxy- ver à court de carburant. Tout ce qui ler rapidement fragile en raison de
gène de la tourelle étant hors peut alléger est jeté par-dessus bord : leur proximité avec les côtes sardes.
d’usage. Le système hydraulique est mitrailleuses, bandoulières de muni- Trois autres B-17 se sont mis en
également endommagé, ce qui a tions, équipement radio, etc., pour orbite au-dessus d’eux afi n de re-
pour effet de dérégler le train d’at- alléger l’appareil au maximum et layer leurs coordonnées aux ser-
terrissage. Et pour couronner le gagner de précieux kilomètres. vices de secours alliés en Afrique
▲
23
17 AOÛT 1943: LE RAID SUR RATISBONNE
FRANÇOIS HERBET
17 août 1943 :
les premières
bombes
viennent de
toucher l’usine
Messerschmitt
de Ratisbonne.
Le 17 août
1943, les B-17
du 4th CBW
de la 8th Air
Force survolent
Ratisbonne
noyée sous
les colonnes
US NARA
de fumée
autres appareils ont été contraints membres d’équipage ont été bles- pel leur demandant d’installer plu- qui montent
de se poser sur des terrains d’ur- sés, dont le lt F. Tierney, navigateur sieurs appareils photo sur différents de l’usine
gence à côté de Constantine, car ils de l’équipage du lt Nagorka, qui avions pour la mission du lende- Messerschmitt.
étaient à court de carburant. C’est perdit son bras droit. main. Mais cette fois-ci, c’est le Le Danube qui
là que Miss Mac se pose pour être major Leonard en personne à l’autre contourne la
accueilli par des auxiliaires de la L’odyssée bout de la ligne qui demande au pho- ville facilita
la tâche des
Croix-Rouge américaine qui tographe navigant William A. Van
servent aux membres d’équipage de
du Little Minnie II Steenwyk de le rejoindre immédia- navigateurs et
des opérateurs
quoi reprendre des forces. Tard dans la soirée du 16 août tement au bureau S-2 (services de
bombardier
Dix B-17 du 388th BG ont été 1943, les techniciens du laboratoire renseignements). Il est presque mi-
pour localiser
endommagés par la Flak et deux photo du 94th BG reçoivent un ap- nuit et Van Steenwyk enfourche sa
▲
l’objectif.
US NARA
25
17 AOÛT 1943 : LE RAID SUR RATISBONNE
La première mission de
combat du photographe
Les équipages du 94th BG re-
joignent leurs appareils. Le photo-
DR/COLL. PONS
Arrivée sur graphe navigant Van Steenwyk doit
monter sur Schweinfurt et que la seule variable susceptible de pertur- Constantine, voler sur le B-17 Dear Mom matri-
formation du 4th BW poursuive sa ber la mission reste la météo. en Algérie, le cule 42-30389 avec le lt Bernard W.
route vers le sud sur Ratisbonne. Les Et c’est bien ce qui va se pro- 17 août 1943. Nayovitz (pilote) et le lt James F.
stratèges de la 8th Air Force sont duire. Le décollage est prévu à 5 h 50. Ce cliché a été Smith (copilote). Leur appareil a été
convaincus que cette manœuvre va Le temps paraît dégagé sur plusieurs pris par Nick équipé du seul appareil photo K-17
semer la confusion du côté des secteurs de l’Angleterre, mais plu- Criscito depuis dont dispose l’unité, lequel permet
Allemands et les obliger à diviser sieurs bases de B-17 se retrouvent Miss Mac. d’obtenir des clichés en 30 x 30 cm
leurs formations de chasseurs. La noyées dans le brouillard. L’attente avec une bonne définition. Au mo-
ment où il grimpe à bord de l’appa-
Miss Mac reil, Van Steenwyk apprend qu’il n’y
du 561st BS/ aura pas assez d’oxygène pour un
388th BG en membre d’équipage supplémentaire.
Algérie juste
Il lui faut donc trouver un autre B-17
après le raid
équipé d’un appareil photo : ce sera
du 17 août 1943,
Little Minnie II piloté par le
photographié
par Nick Criscito.
lt Sweeley du 332nd BS.
Les bombes Ce B-17 est équipé d’un appareil
encore équipées photo K-20 de plus petite focale, ins-
de leurs cerclages tallé dans un logement spécifique
de transport, dans le compartiment radio. Le
qui ont été décollage a lieu enfin à 7 h 30.
déposées au pied L’appareil traverse la couche nua-
de leur appareil, geuse à environ 1 000 pieds (305 m)
indiquent que et commence sa lente ascension
les préparatifs pour se regrouper avec les autres
du vol retour avions et traverser la Manche. Pour
vers l’Angleterre Van Steenwyk, il s’agit de sa toute
sont en cours. première mission de combat. Il est
particulièrement excité car tout ceci
est nouveau pour lui, mais dix mi-
nutes après avoir franchi la côte en
Europe, la Luftwaffe entre en action
et attaque la vague de B-17 avec une
centaine de chasseurs. Au niveau
d’Anvers, deux B-17 font demi-tour
▲
DR/COLL. PONS
27
17 AOÛT 1943: LE RAID SUR RATISBONNE
Shackeroo ! II
(matricule
42-3319)
DR/COLL. PONS
du 333BS/94BG
succéda au
premier du nom
abattu le 13 juin
1943. Cette
décoration fut
jugée trop osée
par la censure
et l’assise de
la balançoire
fut recouverte
afin de cacher
le fessier de la
demoiselle.
DR/COLL. PONS
montre ; il est exactement 11 heures,
et une quinzaine de chasseurs alle- Plusieurs B-17 sont
“contraints
mands s’alignent pour effectuer une
passe frontale sur la formation qui se
trouve juste derrière son appareil.
d’amerrir.
Dix minutes plus tard, il aperçoit
trois B-17 en feu. À l’approche de
Little Minnie II poursuit
l’objectif, il ouvre la trappe du loge-
ment de l’appareil photo. Un éclat de sa route vers l’Afrique ”
Flak a endommagé une des trappes,
mais tout semble en ordre ; à travers Nick Criscito montrera jamais. Il leur reste encore
le viseur il aperçoit bien le sol et la singe un soldat environ cinq heures de vols et près
zone de l’objectif recouverte allemand. de 1 400 km avant d’atteindre
d’épaisses nappes de fumée dues aux La chasse l’Afrique. Plusieurs B-17 endomma-
explosions des bombes larguées par aux souvenirs gés sont contraints d’amerrir. Little
les formations précédentes. Il est était une des Minnie II poursuit sa route, volant
principales
possible qu’ils doivent effectuer une de plus en plus bas au fur et à mesure
préoccupations
deuxième passe comme on leur a que ses réserves de carburant dimi-
des soldats
expliqué lors du briefing. L’opérateur nuent. Le lt Sweeley parvient à se
américains.
bombardier en chef du 94th BG ne DR/COLL. PONS poser sur le terrain de Berteaux, en
parvenant pas à trouver une fenêtre clichés à travers un des petits hublots Algérie : ils ont réussi !
de tir, la formation est effectivement du compartiment radio avant de se Un repas à base de pain, de Spam
contrainte d’effectuer un deuxième retrouver brutalement plaqué au sol. (jambon en conserve), de corni-
passage. Elle largue ses bombes en Le lt Sweeley vient d’effectuer un chons, et de fruits en conserve est
plein sur la zone noyée sous la fu- piqué pour échapper à l’assaut des servi aux aviateurs par des prison-
mée. Les photos de reconnaissance chasseurs. Les manœuvres évasives niers italiens visiblement ravis que la
prises par la suite montreront que le vont se succéder tout au long de la guerre soit finie pour eux. Après
bombardement a été particulière- traversée des Alpes. Le B-17F quoi Van Steenwyk s’occupe des
ment efficace, l’usine étant quasi- Thunderbird appareils photo et fait le point avec
ment détruite. Et Van Steenwyk a Le terrain de Berteaux, (matricule les autres photographes du 94th BG.
réussi à prendre une bonne série de 42-30453) Quand il revient au pied de Little
clichés tout au long du largage.
en Algérie : ils ont réussi ! à Berteaux Minnie II il est 2 heures du matin.
La carlingue de l’appareil est sou- Les B-17 qui se trouvent en tête le 20 août Les membres de l’équipage dorment
dain secouée par des vibrations. C’est se mettent en orbite autour du lac de 1943. tous, soit à l’intérieur de l’appareil,
le mitrailleur de tourelle ventrale qui Garde afin de permettre aux retar- Il fut perdu au soit dehors sous les ailes. Au cours
cours du raid
tire plusieurs rafales. Van Steenwyk dataires de rattraper le groupe et de de la nuit, des équipes de “rampants”
sur Schweinfurt
identifie autour de la formation des reformer une formation serrée car viennent ravitailler l’avion en carbu-
le 14 octobre
Me 110, Me 210, Me 109 et Fw 190, une nouvelle vague de chasseurs rant pour leur permettre de regagner
1943 avec
et plus en retrait un Ju 88 qui semble ennemis est censée leur barrer la l’équipage
leur prochaine destination : le ter-
équipé d’un canon. Il prend quelques route. Heureusement, elle ne se rain de Telergma.
▲
du lt Davidson.
29
17 AOÛT 1943: LE RAID SUR RATISBONNE
DR/COLL. PONS
Plusieurs habitants du voisinage d’autres se promènent autour du ter- membres d’équipage de Little
v ien nent rendre v isite au x Ramené en rain d’aviation et prennent quelques Minnie II a l’idée d’abaisser les volets
Américains et se font photographier Angleterre, photos. On leur distribue des melons de l’appareil pour pouvoir augmenter
autour des B-17. Les hommes ont un morceau d’eau [pastèques] juste avant qu’une la zone d’ombre le matin et prolonger
l’opportunité de prendre une douche de dérive tempête de sable n’arrive. Nombreux leur sommeil réparateur. Mais le len-
à base d’eau sableuse avant de décol- d’un appareil sont ceux qui seront atteints de dy- demain matin, quelqu’un se trompe
ler pour Telergma où les préparatifs allemand senterie et perdront du poids au de levier dans le cockpit et enclenche
pour le trajet retour vont devoir être dont le cours de leur séjour en Afrique… le système de rentrée des trains d’at-
effectués : faire le plein de carburant matricule a été À Telergma, les équipages per- terrissage. L’appareil s’affaisse dou-
des appareils avec des pompes à partiellement çoivent des lits de camp, ce qui amé- cement sur son ventre et son fuselage
main, nettoyer les armes de bords, effacé pour liore un peu leur confort car, comme se brise au niveau de la tourelle ven-
charger les bombes dans les soutes rajouter devant à Berteaux, ils sont obligés de dormir trale. C’est la triste fin du Little
des B-17. Certains hommes en pro- “Compliments au pied de leurs avions. Rien n’a été Minnie II. Cet incident aboutira à
fitent pour aller visiter Constantine, de l’équipage prévu pour leur hébergement. Un des l’installation d’un dispositif de sécu-
n° 38”.
US NARA US NARA
US NARA
Ci-dessus le maj. Gale W.
Cleven du 350th BS.
Ci-dessus à gauche,
le maj. John Kidd
du 418th BS.
30
Le 29 août 1943,
les membres
de l’équipage
du lt Keeley
(accroupi, 2e en
partant de la
droite), de retour
en Angleterre,
exhibent
fièrement les
souvenirs qu’ils
ont rapporté
de leur séjour
en Afrique du
Nord après leur
amerrissage
en Méditerranée
le 17 août 1943.
DR/COLL. PONS
rité sur les lignes de production du se retrouve en tête de la formation 17 août 1943. Toutefois, les condi-
B-17. En attendant l’appareil est can- lors du trajet vers l’Angleterre au tions d’accueil et de maintenance des
nibalisé. Les hommes retirent tout ce cours duquel les “Flying Fortress” B-17, ainsi que les conditions d’hé-
qu’ils peuvent de la forteresse qui ne du 4th BW bombardent les installa- bergement de leurs équipages en
pourra plus jamais prendre l’air. La tions de Bordeaux-Mérignac. Trois Afrique du Nord, n’ayant pas du tout
plupart des membres de l’équipage B-17 sont perdus lors de ce raid. été à la hauteur des attentes, il n’y eut
de Little Minnie II sont envoyés à pas d’autres missions “navette” de ce
Marrakech où ils attendront de pou- Les conditions du raid type via l’Afrique du Nord. Il faudra
voir rentrer en Angleterre avec un attendre juin 1944 pour que d’autres
avion de transport. De son côté, le
remises en cause missions de ce type soient effectuées
photographe navigant Van Steenwyk T ous les Bomb Groups du via la Russie par la 8th Air depuis
regagne Bury St. Edmunds avec 4th BW reçurent une Distinguished l’Angleterre et par la 15th Air Force
l’équipage du capt. Kirk à bord du Unit Citation pour leur action au à partir de l’Italie, dans le cadre de
Shackeroo II le 24 août 1943. Ce B-17 cours du raid sur Ratisbonne le l’opération Frantic. ■
31
MONOGRAPHIE
L’avion de chasse Loire 250 C1
Un destin
contrarié
La publication de l’ouvrage Les avions
et hydravions Loire – Saint-Nazaire 1923-
1940 offre l’occasion mettre en lumière
la courte carrière du Loire 250 C1,
chasseur dont l’histoire mouvementée
était jusque-là relativement méconnue.
Par Gérard Bousquet
D
ans le cadre d’un vaste Au niveau de l’armement, on
programme de réarme- demandait deux mitrailleuses d’aile
ment aérien ministériel de 7,5 mm avec un canon de 20 mm
appelé Plan I, l’état-ma- “tirant à travers l’hélice”. La présen-
jor de l’armée de l’Air tation aux essais des prototypes
définit le 13 juillet 1934 les caracté- devait s’effectuer en juillet-août
ristiques générales d’un nouvel 1935. Neuf constructeurs répon-
avion de chasse monoplace (catégo- dirent par la suite à ce programme
rie C1) dont la mission principale en déclinant plus d’une dizaine de
était “l’attaque et la destruction de projets : Blériot 710, Bloch 150-151,
l’aviation enne- Dewoi tine 513,
mie (sic)”. Ce der- Caudron 710-713-
nier devait rem- 714, Les Mureaux
placer les avions 190, Loire 250,
d’ancienne géné- Morane 405-406,
ration de type Nieuport 160-161,
Dewoitine D.500, Rom a no 1 3 0 .
Spad 510 ou Paradoxalement,
Loire 46 en ser- le Loire 250 C1,
vice ou sur le prévu avec un
point de l’être. moteur en étoile,
Cette demande se retrouvait en
des militaires se concurrence di-
c o n c rét i s a l e recte avec le
1er septembre sui- Nieupor t 16 0,
vant par l’édition pourtant issu du
du programme même consortium
technique i ndustr iel et
MTCPT.4 dont le équipé d’un mo-
cahier des charges teur à refroidisse-
était le suivant : ment par eau. Le
moteur de 800 à journal Les Ailes
1 000 ch, vitesse DR/C . MAE
OLL en donnait par
supérieure à 400 km/h à 4 000 m à ailleurs la raison : “Cette firme,
l’altitude de rétablissement du mo- jouant sur les deux tableaux, présen-
teur [altitude à laquelle la puissance tera deux appareils de la même for-
décroît, NDLR] (détail qui aura son mule, mais de conception et de
importance dans le sort du construction différentes, qui ne se
Loire 250), autonomie de 2 h 30 min concurrenceront que dans la mesure En médaillon : vues d’ensemble du Loire 250
à la vitesse de croisière, plafond de où l’emploi des moteurs en ligne ou (plan d’usine de la deuxième version).
11 500 m et temps de montée à en étoile, à eau ou à air, prévaudra
8 000 m inférieur à 15 minutes. auprès des utilisateurs.”
▲
32
Le Loire 250 à Villacoublay au tout début
de ses essais en vol, avec une hélice bipale.
33
LE LOIRE 250 C1
DR
34
fut unilatéralement portée par les
services techniques à 450 km/h, soit
un bond de 50 km/h par rapport aux
clauses initiales ! Il était bien évi-
demment trop tard pour modifier les
Loire 250, Morane MS 405 ou
Nieuport 160 afin de les rendre
conformes à cette nouvelle exigence,
car ils avaient déjà commencé leurs
essais à cette date.
Le MS 405 fut le seul des six
avions de chasse concurrents du pro-
gramme de 1934 à respecter la date
butoir d’août 1935 pour sa présenta-
tion aux essais, en exécutant juste-
ment son vol inaugural le 5 de ce
mois-là. Mais le Loire 250 fut le se-
cond, prenant théoriquement un sé-
rieux avantage sur ses autres adver-
saires. Jusqu’au 29 décembre, Pierre
Nadot assura divers essais de stabilité
et de maniabilité en totalisant une
vingtaine de vols dont la plupart
n’excédèrent pas une demi-heure.
DR
De sérieuses maladies de
d’assemblage d’avions Bloch 200 et
Le Loire 250 à
quelques lignes droites habituelles
jeunesse pour le moteur
Villacoublay
d’hydravions Loire 102 ou 501 notam- pendant ses pour évaluer son comportement au A u début, le moteur His-
ment. En mai 1935, son montage se premiers essais roulage. Cette opération se déroula pano 14 Ha série 79-04 d’une puis-
poursuivait et on estimait un peu pré- (première sans incident, train d’atterrissage sance nominale de 980 ch sembla
maturément qu’il serait terminé dans version à maintenu sorti par mesure de pru- donner satisfaction, mais courant
un délai de trois mois à peine. verrière non dence. Le lendemain, ce fut au tour décembre il fallut déjà le démonter
renforcée et de Pierre Nadot d’exécuter le deu- pour révision. Rappelons que ce
Le prototype décolle hélice bipale). xième vol, d’une durée d’un quart type de moteur, conçu au départ
d’heure. Les premiers vols avec une pour concurrencer le Gnome &
à Villacoublay hélice en bois bipale laissèrent une Rhône 14K également en étoile,
Le 12 septembre 1935, la presse bonne impression à ces deux pilotes commençait à peine sa carrière opé-
L’empennage
signala que ce prototype était arrivé très expérimentés, bien que de lé- rationnelle. Son utilisation allait ra-
du Loire 250
au terrain de Villacoublay. Le chef gères modifications des gouvernes pidement montrer ses limites, car il
en cours de
pilote Joseph Sadi-Lecointe le fit fussent nécessaires. souffrait encore de sérieuses mala-
fabrication
décoller pour son vol inaugural le à Issy-les-
Mais le 16 novembre suivant, la dies de jeunesse, telles une sur-
jeudi 26 septembre suivant, après Moulineaux. vitesse du programme technique C1 chauffe chronique, des fuites d’huile,
voire des ruptures de vilebrequin
(lire encadré page 36).
U n premier changement de
moteur eut lieu durant cette pre-
mière période d’essais. Ce fut l’oc-
casion d’appliquer à l’appareil une
intéressante innovation technique
sous la forme de suspensions élas-
tiques Dynaflex montées sur le bâti
moteur, censées diminuer les vibra-
tions parasites, les risques de
criques du métal, mais également la
fatigue des pilotes (1).
Le 10 janvier 1936, le ministre de
l’Air, Victor Denain, se rendit à
▲
35
LE LOIRE 250 C1
Le compresseur du moteur
loin d’être à la hauteur
Le 5 mars, après un mois et demi
d’immobilisation du Loire 250, Le poste
Pierre Nadot essaya pour la pre- de pilotage
mière fois le compresseur du moteur, du Loire 250
mais cet organe essentiel n’était pas très fourni
encore le modèle idéal car il portait en instruments
l’altitude de rétablissement du mo- de vol.
DR
teur à seulement 1 500 m et non 4 000
comme espéré. C’est dire si le était donc de mise aux essais en vol montrait que le temps de montée à
Loire 250 allait se trouver démuni de ce constructeur… 8 000 m en moins d’un quart d’heure
pour affronter ses futures épreuves Courant mars également, un troi- exigé par le programme C1 ne pou-
de montée en altitude… sième pilote, Fernand Lefebvre, vint vait être respecté en l’état. En mai, le
Le lendemain, ce même pilote participer aux essais du Loire 250, en moteur Hispano, rebaptisé entre-
effectua un premier vol de 20 mi- alternance avec Pierre Nadot qui temps 14 AA et non plus 14 Ha, dut
nutes “avec le train escamoté”, atteignit bientôt 400 km/h lors de subir de nouvelles modifications,
comme en fait foi son carnet de vol. bases de vitesse à Villacoublay le après seulement quelques heures
Étonnamment, l’appareil volait 12 avril. Cela était conforme au pre- d’utilisation. Sa fiabilité était plus que
depuis près de cinq mois sans jamais mier cahier des charges, mais bien en jamais discutable…
avoir relevé son train d’atterrissage, deçà des nouvelles spécifications, En juin, l’appareil reçut une hé-
pourtant très pénalisant en termes d’autant que le constructeur s’était lice tripale métallique Hispano-
de traînée ! Cette particularité avait déjà engagé sur une vitesse maximale Suiza (licence Hamilton) à pas va-
d’ailleurs été relevée par le chroni- de 485 km/h pour ce prototype… riable automatique, remplaçant la
queur du journal L’Intransigeant un Le 17 avril, Pierre Nadot emmena bipale en bois des premiers vols
mois plus tôt. La prudence ou la le Loire 250 à 4 500 m d’altitude en d’essais, mais également une pre-
crainte d’un incident technique 20 minutes. Cette performance dé- mière hélice métallique à pas fi xe
Deux vues
frontales
Le désastreux
du Loire 250 Hispano-Suiza 14 AA
à Villacoublay Pour mémoire, le moteur Hispano-Suiza 14 AA
montrant se révéla un échec technique et fut abandonné
la première par le motoriste dès 1936 au profit d’une version
version à moins puissante jugée plus fiable, du type 14 AB.
hélice bipale Ce groupe motopropulseur 14 AA allait fortement
en bois perturber les essais de plusieurs prototypes
et la deuxième français. Ainsi, le bombardier LeO 45 connut une
version à panne des deux moteurs en vol en décembre 1937
hélice tripale
et “ne consomma” pas moins de 13 moteurs
métallique.
de ce type durant ses 50 premières heures de vol
À noter
d’essais constructeur ! De même, le bombardier
DR la grande
Farman 223.3 Bn5 subit également une panne
largeur
du train (voie
des quatre moteurs en vol en janvier 1938.
de 3,06 m), Enfin, les trois groupes Hispano du seul hydravion
gage “Breguet-Bizerte” de la Marine qui en était équipé
d’une bonne chauffaient anormalement ou perdaient de l’huile
stabilité à tel point qu’ils durent être changés au profit de
durant Gnome & Rhône 14 K en 1939. Toutefois, ce type
les phases de problèmes techniques n’était pas propre aux
de décollage et seuls motoristes français et touchait également
d’atterrissage. les avionneurs étrangers. À titre d’exemple, il faut
savoir que les moteurs Wright du prototype Boeing
B-29 furent changés 16 fois et leurs carburateurs
22 fois au cours des 26 premières heures de vol
d’essais de ce bombardier américain en 1942 !
DR
36
AA 06. Notons qu’une pancarte de
présentation officielle indiquait que
la vitesse maximale du Loire 250
était de 470 km/h. En réalité, cette
performance prometteuse s’avérait
bien supérieure à celle effectivement
constatée lors des essais en vol…
Comme l’attestent les clichés
Rare cliché d’époque du Loire 250, le montage de
du pilote ses deux canons et des deux mitrail-
Sadi-Lecointe leuses d’aile n’était pas encore exécuté
devant le fin 1936. Rappelons que l’absence
Loire 250 d’armement sur ce prototype repous-
à Villacoublay, sait d’autant son admission au sein du
probablement Cema [Centre d’essais du matériel
pris le premier aérien] dans cette formule inachevée.
jour des essais
en vol, Un imbroglio
le 26 septembre
1935.
juridique
DR/COLL. GÉRARD BOUSQUET
En début d’année 1937, au mo-
montée temporairement. Exté- deux ans auparavant dans les mêmes ment de la création de la SNCAO, la
rieurement, le capot Naca n’était plus conditions. Pour un public non averti, question du devenir de plusieurs
lisse et présentait désormais des bos- cette firme profitait visiblement de prototypes, anciennement Loire-
sages protégeant les têtes de culbu- l’évènement pour exhiber deux de ses Nieuport (Nieuport 161 et 541, Loire
teur. Cette modification avait permis plus belles réalisations. En réalité, le 102 et 250, LN.20), se posa avec
de conserver un diamètre minimal Loire 46 était obsolescent et le acuité. En ce qui concernait le
au capot moteur. Loire 250 n’avait pas jusque-là suscité Loire 250 et bien qu’il eût été faus-
un grand intérêt de la part de l’armée sement annoncé à deux reprises dans
Exposé au 15e Salon de l’Air… Le Loire 250 était dans une la presse en 1936 comme étant “bien-
configuration deuxième version : tôt affecté au C.E.M.A pour ses es-
de l’aéronautique hélice tripale Hamilton, saumon de sais officiels”, il n’était pas encore
Au 15e Salon de l’aéronautique dérive modifié, montants de la ver- présenté au Service technique du
qui se déroula au Grand Palais à rière renforcés, capot moteur avec ministère de l’Air.
Paris, du 13 au 29 novembre 1936, le des bossages, train d’atterrissage L’État n’avait jusque-là pas inté-
Loire 250 fut exposé sur le stand muni de trappes, stabilisateur hori- gré le rachat de cet appareil dans le
Loire-Nieuport en compagnie du zontal contreventé et un moteur processus complexe des nationalisa-
prototype Loire 46, déjà présenté Hispano-Suiza de 980 ch du type 14 tions qui avait brutalement inter-
37
LE LOIRE 250 C1
rompu sa livraison prochaine au poirs sur le Loire 250, décida tou- décision à intervenir et en attendant
Cema. D’un point de vue purement tefois d’achever sa mise au point la régularisation de la situation de
légal, il était même censé toujours – mais également celle du chasseur ces appareils.”
appartenir au groupe Loire-Nieuport LN.20. Elle en fit part à Loire-
– encore actif –, jusqu’à ce que les Le Loire 250
(première
Nieuport, tout en précisant : Une autorisation…
autorités aient approuvé son transfert “Quoique ces appareils n’aient pas
à la SNCAO. Cet épisode met en version), avec encore fait l’objet de marchés, le
suivie d’un refus
l’hélice bipale
lumière un détail singulier. En effet, conseil (d’administration) décide L’avionneur devait préciser ulté-
en bois utilisée
l’intégration en janvier 1937 du grou- de poursuivre provisoirement le rieurement ses intentions au sujet du
pour les
pement Loire-Nieuport au sein de la travail sur ces appareils, soit au Loire 250 : “Étant donné l’intérêt
premiers essais,
SNCAO, par le jeu des nationalisa- et sans trappes
compte de la Sté Loire-Nieuport, technique que présente cet appareil
tions, n’entraîna pas pour autant la de train.
soit au compte de l’État suivant la pour la SNCAO, nous serions dési-
disparition de la société Loire-
Nieuport. À telle enseigne que cette
entreprise était encore en activité
courant 1938 sous la dénomination
société anonyme Loire-Nieuport
dont le siège social se trouvait au 4,
rue de Téhéran à Paris. C’est la raison
pour laquelle la SNCAO s’adressa
directement à cette dernière pour
finaliser le règlement de cette affaire
du Loire 250, puisque cet avion de
chasse était toujours supposé appar-
tenir au groupement Loire-Nieuport.
En somme, personne ne voulait
récupérer ce prototype d’une ma-
nière ou d’une autre, tant que sa si-
tuation juridique, tributaire des
mesures d’expropriation, ne serait
pas totalement éclaircie.
Le 20 janvier 1937, la direction
de la SNCAO, qui fondait des es-
DR
38
“duLehangar
garer à l’extérieur
reux de le présenter en vue de la dé- gramme 1936. Équipés des mêmes
termination officielle de ses perfor- groupes motopropulseurs, mais avec
mances et de ses qualités de vol.”
F inalement, le 22 janvier, le (…) pour des cellules encore affinées, ils
doivent facilement dépasser le cap
Service technique du ministère de des 500 km à l’heure.” À l’évidence,
l’Air autorisa la poursuite provi-
soire du travail de mise au point sur
démontage de son le Loire 250 se situait encore bien en
deçà de cette performance…
cet appareil par la SNCAO. Mais
en février, le ministère de l’Air si-
moteur avec son hélice ” Le 6 mai 1937, l’hebdomadaire
Les Ailes donna brièvement des nou-
gnifia à cette société son refus de velles de ce prototype : “Il vole de-
signature d’un marché d’achève- était “le même que celui qui a puis dix-huit mois et sa mise au point
ment des essais du Loire 250, inter- construit et mis au point l’appareil”. est, à présent, complètement ache-
disant ainsi à la maison Loire- À cet effet, elle demandait la signa- vée. (...) Il se trouve dans un hangar
Nieupor t de récupérer son ture d’un marché spécifique de de Villacoublay, en ordre de marche,
investissement fi nancier de départ. l’ordre de 250 000 francs (près de prêt à exécuter les vols de perfor-
147 000 euros) pour couvrir les frais mances contrôlées qui pourraient
“Au champ prêt d’achèvement et de mise au point de fournir, ainsi que le demande le
ce prototype qui était alors “au constructeur, d’utiles enseignements
à reprendre ses vols” champ prêt à reprendre ses vols”. sur la valeur du modèle.”
À ce moment-là, Fernand En avril 1937, la presse annonça Puis le ministère de l’Air sembla
Lefebvre et Pierre Nadot avaient que le Loire 250 avait été finalement à nouveau accéder à la demande de
seulement accumulé une dizaine de rejeté par les services officiels, reprise de la campagne d’essais en
vols d’essais supplémentaires depuis confirmant en cela l’information vol de l’appareil en passant com-
début janvier 1937. Au total, entre le selon laquelle le ministère de l’Air mande à la SNCAO d’un “marché
27 septembre 1935, date de son pre- avait refusé de reprendre dans les d’expérimentations” destiné à ce
mier vol à bord du Loire 250, et le actifs des sociétés nationales plu- dernier. Par ailleurs, cette société
3 février 1937, dernier test de cet sieurs prototypes dont la mise au proposa le 21 juillet de porter la
appareil figurant dans son carnet de point n’était pas encore terminée. prime de ce marché spécifique à
vol – vraisemblablement aussi le der- Dans le cas du Loire 250, certaines 300 000 francs (176 600 euros) pour
nier exécuté par cet avion de chasse – objections précises concouraient Le Loire 250 couvrir les frais d’assurance.
Pierre Nadot n’avait totalisé que 49 manifestement à justifier le manque (deuxième
vols sur ce prototype. d’empressement du ministère de version), avec Définitivement
Quant à Arthur Surtel, sa prise l’Air à investir du temps et de l’argent un nouveau
en mains de l’avion se limitait uni- dans ce prototype inachevé. capot moteur cloué au sol
quement à deux courts vols le 10 jan- À commencer par le fait que le à bossages, En octobre 1937, le Loire 250
vier 1936. Le nombre d’essais assurés Loire 250 se trouvait alors en concur- une hélice était toujours maintenu en état de
par Fernand Lefebvre n’est pas rence au sein du même groupe avec tripale vol, cellule et moteur révisés. À tel
connu avec certitude faute d’élé- le Nieuport 161 et constituait de la métallique point que la SNCAO prorogea la
ments probants. sorte un doublon pas forcément né- à pas variable validité de la police d’assurance pour
Le 23 mars 1937, la SNCAO pro- cessaire du point de vue militaire. Hamilton une période de quatre mois encore,
posa à la Direction des constructions Un autre argument plaidait en faveur et une verrière de septembre à décembre, le temps
aériennes du ministère de l’Air de de l’abandon de ce prototype, à montants d’exécuter le programme d’essais.
présenter tout de même le Loire 250 comme le soulignait notamment le renforcée. La situation paraissait évoluer
Les barres
au Service technique, comme elle en journal L’Intransigeant en mai 1937 : favorablement dans le sens d’une
en métal
avait déjà fait la demande deux mois “Le Loire 250 appartient, rappelons- reprise des essais en vols, mais cette
triangulaires
auparavant. La société mettait en le, au programme des monoplaces affaire ne connut pas d’autres avan-
rigidifient
avant un élément supposé incitatif de chasse de 1934 et, bientôt, nous l’ensemble du
cées significatives. Et le Loire 250
en rappelant que son bureau d’études allons avoir les prototypes du pro- resta définitivement cloué au sol…
▲
capot moteur.
DR
39
LE LOIRE 250 C1
JOSÉ FERNA
NDEZ
Entre-temps, deux canons longs compresseur amenant l’altitude de En raison du manque d’implica-
type IX avaient été montés dans les rétablissement à seulement 2 800 m. tion de l’État et de la société Loire-
ailes, non sans difficulté d’ailleurs, De plus, comme auparavant, ce Nieuport dans le règlement à
en raison de l’obligation d’utiliser de groupe motopropulseur chauffait l’amiable de cette affaire, la
nouveaux organes de fi xation ab- exagérément (température de 140 °C). SNCAO envisagea même un temps
sents à l’origine. de les assigner en justice pour récu-
En février 1938, la SNCAO rédi- Devenu sans objet, pérer la somme de 421 000 francs
gea une note interne sur “les (environ 227 735 euros), d’ores et
exemples de retards apportés à la
rapidement ferraillé déjà engagée dans ce programme
sortie des prototypes pour des rai- En mai 1938, le Loire 250 se trou- d’essais du Loire 250 depuis la na-
sons indépendantes de l’avionneur”. vait toujours abrité dans l’un des han- tionalisation. Puis la direction de la
En ce qui concernait le Loire 250, gars de la SNCAO sur le terrain de SNCAO finit par abandonner l’idée
elle attribuait principalement l’ori- Villacoublay, lorsque le motoriste d’un tel recours visant au rembour-
gine de ses problèmes au motoriste : Hispano-Suiza se manifesta auprès de sement de ses frais, bientôt relégué
“Le moteur prévu d’après le marché cette société en sollicitant le renouvel- à la rubrique profits et pertes.
doit être à compresseur rétablissant lement du contrat de prêt du moteur Devenu sans objet, il est probable
à 4 000 m. 26 septembre 1935 : pre- 14 AA. Cette demande fut transmise que le Loire 250, ne valant plus
mier vol, mais avec un moteur avec à la société anonyme Loire-Nieuport désormais que son poids de métal,
compresseur 1 500 m seulement. Le qui s’en désintéressa sous le prétexte fût alors rapidement ferraillé. On ne
10 janvier 1937 : le moteur définitif à que l’État était désormais propriétaire sait si la firme Hispano-Suiza récu-
compresseur 4 000 m n’avait pas été du Loire 250 depuis l’expropriation de péra pour finir ce moteur défaillant
monté (il est actuellement encore en janvier 1937. En conséquence, ce avec son hélice de valeur…
cours d’essai de mise au point sur un n’était plus son affaire… Ni celle, d’ail- Le Morane MS.406, évolution du
avion d’une société nationale). Entre leurs, de la SNCAO qui affirmait : “La type 405, sortit finalement vainqueur
les deux dates ci-dessus, soit pendant question du moteur est spécifiquement de cette confrontation générale et
15 mois, les essais eurent lieu avec un Hispano-L.N (sic)”. Elle prenait deviendra l’un des avions de chasse
moteur provisoire, sur lequel on d’autre part une mesure de rétorsion parmi les plus répandus au sein de
n’était pas arrivé à refroidir convena- en menaçant la société Loire-Nieuport l’armée de l’Air. Quant au Loire 250,
blement l’huile – sortie moteur “de garer l’appareil à l’extérieur du il avait été réduit à un simple banc
130 °C pour une sortie radiateur de hangar dès fin mai pour démontage de d’essai volant pour un moteur pré-
60 °C – et les cylindres ; température son moteur avec son hélice”, confor- tendument novateur dont le choix
des culasses 300 °C.” mément aux exigences du motoriste s’était révélé calamiteux pour l’ave-
Hispano-Suiza. nir de ce prototype… ■
Un constat simple
et navrant Les avions
Pour la SNCAO, le constat était et hydravions Loire
simple et quelque peu navrant au Retro
Retrouvez le Loire 250 et les autres réalisations
terme de cette réflexion : “Un moteur du m même constructeur dans
à compresseur 4 000 m disponible fin le ppremier livre consacré au sujet.
1935 aurait donné à l’appareil des Les avions et hydravions Loire -
performances telles que l’on aurait Sa
Saint-Nazaire 1923-1940
peut-être bénéficié d’une commande Par Gérard Bousquet
Pa
de série, malgré quelques défauts res- 376 pages, 65 €
37
tant à corriger sur le planeur.” José Fernandez/Les Ailes Françaises/
Jo
Notons enfin que le dernier mo- La Confrérie des Aérophiles
teur 14 AA utilisé avant l’arrêt des ISBN : 9782919231126
IS
vols du Loire 250 était équipé d’un
40
AIRSHOW
Flying Legends
Retour gagnant
Après trois années d’absence, le mythique
spectacle aérien Flying Legends a fait son
retour. Plus à Duxford, mais sur l’ancienne
base de Church Fenton, près de Leeds,
dans le Nord de l’Angleterre. Et il n’a rien
perdu de sa magie. Par Xavier Méal
Le “Quatuor Curtiss”
(P-40F, P-40C, P-36 et H-75)
comportait deux pilotes
français :
Patrice Marchasson dans le
P-36 (en bas) et Baptiste Salis
dans le H-75 “Hawk”
(en haut).
JEAN-PIERRE TOUZEAU
O
uverture en “Spitfire”
majeur, Balbo final,
présentations pleines
de maestria, ambiance
sans égal, rien n’a man-
qué au Flying Legends nouveau, de
retour après trois trop longues an-
nées d’absence. L’Imperial War
Museum de Duxford ne souhaitant
plus accueillir cet évènement pour-
tant mythique, bien que The Fighter
Collection soit basée dans ses han-
gars, Nick Grey, qui a succédé à son
père Stephen aux commandes de la
fameuse collection, s’est lancé dans
une longue et exigeante quête d’un
aérodrome.
Et son choix s’est fi xé sur l’an-
cienne base de la Royal Air Force de
Church Fenton. Le pari était osé, car
déplacer un événement aussi étroite-
ment associé à Duxford aussi loin au
Nord comportait le risque de décou-
rager une partie des fans. Par la route,
Church Fenton (aujourd’hui appelé
Leeds East Airport) est à trois heures
de Duxford. Le lieu est historique, il
a vu l’entrée en service dans la RAF
en 1937 du Gloster “Gladiator”
– avion cher au cœur de Nick Grey.
XAVIER MÉAL
43
FLYING LEGENDS
Un important
contingent français
The Fighter Collection avait in-
vité nombre d’avions du continent.
Malheureusement, quelques-uns ont
été bloqués par une météo épouvan-
table le vendredi… Néanmoins, les
P-38 et B-25 des Flying Bulls étaient
présents, ayant été convoyés à
l’avance, tout comme le F4U-5N de
la collection Salis et le “Spitfire”
Mk XIV de W Air Collection venus
de La Ferté-Alais, ou le C-47
F-AZOX d’Un Dakota sur la
Normandie venu de Melun. Et de
fait, comme le veut la tradition de
Flying Legends, un contingent fran- Le P-38 des Flying Bulls
çais était présent, avec Patrice a offert une superbe
Marchasson aux commandes du présentation aux mains
Curtiss P-36 de The Fighter d’Eskill Amdal.
Collection, Baptiste Salis invité à
piloter le H-75 “Hawk” de TFC,
HARRY MEASURES
Edmond Salis aux commandes du
“Corsair” F-AZEG et Brice Ohayon
aux commandes du “Spittfire”
Mk XIV RM927.
Le samedi, les choses n’ont été
faciles ni pour le public, ni pour le
directeur des vols, ni pour les pilotes.
Une météorologie exécrable, comme
on en a jamais vue dans ce coin de
l’Angleterre à cette époque, a rythmé
la journée de coups d’orages et de
sautes de vent. Le spectacle a pour-
tant eu lieu, en version réduite certes, Le Royal Navy Historic
mais a eu lieu. Le Gloster “Gladiator” Flight avait dépêché un de
de The Fighter Collection est néan- ses Fairey “Swordfish”.
moins resté au sol, tout comme le duo
JEAN-PIERRE TOUZEAU
de P-51 The Horsemen, la force du
vent excédant les limites de sécurité
tant pour le biplan que pour un duo
dont les “Mustang” évoluent à moins
de 2 m l’un de l’autre. Le public des
passionnés a fait le gros dos, se réfu-
giant dans les hangars, ce qui lui a
donné l’occasion de “briefer” nombre
de spectateurs locaux qui assistaient
à leur tout premier spectacle aérien !
Avec le dimanche est venu le so-
leil, mais le vent fort est demeuré bien
présent. Si ce n’est pour le “Gladiator”
et les Horsemen, donc, un spectacle
quasi complet a eu lieu. Avec un bal-
let de huit “Spitfire” en ouverture, un
quatuor de chasseurs Curtiss (P-40F,
P-40C, P-36 et H-75 “Hawk”) somp-
▲
44
JEAN-PIERRE TOUZEAU
Chaque pilote
participant a
reçu en cadeau
une paire du
fameux modèle
de gants blancs
de la RAF, siglés
The Fighter
Collection,
produits pour
l’occasion par
Barnstormer.
XAVIER MÉAL
Les “Spitfire”
étaient
au nombre
de 12, du Mk I
au Mk XIV, en
passant par le
plus rare Mk XI
(premier plan).
Baptise Salis
en pleine visite
prévol du Curtiss
H-75 “Hawk“
de The Fighter
Collection.
HARRY MEASURES
45
FLYING LEGENDS
JEAN-PIERRE TOUZEAU
JEAN-PIERRE TOUZEAU
46
JEAN-PIERRE TOUZEAU
Le Lockheed 12
G-AFTL a tueux, un duo B-25 et P-38 non moins
été présenté majestueux, une présentation super-
de façon bement énergique du Lockheed 12
somptueu- G-AFTL récemment restauré, les
sement présentations d’un Fairey “Swordfish”
énergique. de la Royal Navy et du “Lancaster”
du Battle of Britain Memorial Flight,
Le “Spitfire” d’un trio composé du “Bearcat” de
Mk IX MH415 The Fighter collection emmenant
n’a été que dans ses ailes un FG-1D “Corsair” et
rament vu dans un F4U-5NL “Corsair”, des P-47 et
les spectacles “Hawker “Fury” des Ultimate
aériens. Fighters, de plusieurs “Hurricane” et
JEAN-PIERRE TOUZEAU
d’une paire de H-1112 “Buchón”. Et
bien sûr du Balbo final, le défilé en
formations des chasseurs présents.
Le Dornier 217
De toutes les missions
sur tous les fronts
DR/COLL. C. GOSS
L
a première perte du mois de la nuit du 15 janvier 1943. Deux nuits attaquait Sunderland.
janvier 1943 fut à déplorer plus tard, un changement majeur de Entre le 9 et le 12 février, les
lors d’une attaque contre cible se produisit lorsque, pour la deux Geschwader effectuèrent une
Hull dans la nuit du 3 – un première fois depuis mai 1941, et en série d’attaques jusque sur l’estuaire
avion du 9./KG 2. Deux opé- réponse à une attaque majeure du Wash, au nord, et même jusqu’à
rations de largage de mines eurent contre Berlin la nuit précédente, 118 Dartmouth, à l’ouest ; le II./KG 40
lieu la nuit suivante, la principale sur avions attaquèrent Londres en deux s’était installé à Évreux au début du
la Tamise et le cap Dungeness. Un vagues ; les seuls dommages sérieux mois. Un équipage du 4./KG 40
équipage du 4./KG 40 effectuait à concernèrent une centrale élec- enregistra sa première attaque
cette occasion sa première mission ; trique. Les chasseurs de nuit britan- contre Woking le 9 février et contre
alors que son avion rasait le haut niques revendiquèrent six avions Reading le lendemain, cette der-
d’une falaise, il s’écrasa contre un détruits et trois endommagés ; un nière entraînant la mort de 41 civils.
bungalow à Fairlight. seul Do 217 fut revendiqué détruit Le 10 février fut un jour noir pour
Le KG 2 perdit deux avions du par un pilote du Sqn 29 – qui avait le II./KG 40 ; un avion rentra d’une
fait de la chasse de nuit britannique par ailleurs abattu un appareil du attaque contre Winchester avec des
alors qu’ils attaquaient Lincoln dans 7./ KG 2 qui s’était écrasé à Wester- blessés tandis que deux furent vic-
48
Un Do 217 avec une bombe planante téléguidée
Henschel Hs 293 sous l’aile. Elle fut en particulier
utilisée pour attaquer les navires.
Particularités
times de la défense antiaérienne. Le tourelle dorsale, après quoi le bom- bord ; un réservoir de carburant
du Do 217 dans
premier, du 5./KG 40, attaquait la bardier s’écrasa. Le second, du explosa, l’avion percuta le sol et sa
un manuel
base de la RAF de Tangmere quand 5./ KG 40 également, fut touché par charge de bombe explosa.
pour pilotes
la défense antiaérienne toucha la la défense antiaérienne à l’aile bâ- britanniques.
Des attaques
depuis la Normandie
Les deux Geschwader opéraient
désormais depuis des aérodromes en
Normandie, attaquant d’abord
Plymouth dans la nuit du 13 février
– sans aucune perte – puis Swansea
trois nuits plus tard. Lors de cette der-
nière mission, deux avions du II./ KG 2
furent perdus, victimes du Sqn 125.
L’un se perdit, un autre fut victime
d’une panne moteur, et un dernier
tomba sous les coups des “Boston” du
Sqn 605 et s’écrasa à Évreux. La fin
de février 1943 fut plus calme avec
principalement des missions de lar-
gage de mines – un équipage du
Sqn 29 abattit deux “poseurs de
mines” du 2./KG 2 dans la nuit du
26 février. Pendant ce temps, plus à
l’est, les essais et l’entraînement au tir
de bombes planantes Hs 293 se dé-
roulaient lentement tandis qu’un
certain nombre de Nacht auf-
▲
DR/COLL. C. GOSS
49
LE DORNIER 217
50
À partir du printemps 1943, le Do 217
laissa sa place en première ligne
à des bombardiers plus modernes.
DR/COLL. C. GOSS
51
LE DORNIER 217
52
Do 217E-5 du KG 100 avec une bombe
planante Hs 293 sous l’aile.
Voisin, le tuant ainsi qu’un membre dont il disposait sauf une, et la mort combat pour le 1./KG 66 dont un
d’équipage. La seconde perte fut plus de 27 membres d’équipage. L’avion Do 217E-4 ne rentra pas.
spectaculaire : l’uffz Heinrich Prinz du kommandeur du III./KG 2 se Août 1943 fut également marqué
entra en collision avec un autre posa en catastrophe près d’Évreux ; par la première attaque réussie du
“Halifax” du Sqn 10. Ce dernier les quatre membres d’équipage II./KG 100 avec des Hs 293. 12
s’écrasa sur la gare de Besançon furent blessés. L’attaque de Lincoln Do 217E-5 dirigés par le geschwader
– l’équipage fut tué –, tandis que le coûta au KG 2 sept autres avions et kommodore, le major Fritz
Do 217N-1 s’abattit à La Barre ; 24 autres membres d’équipage tués Aufhammer, attaquèrent un convoi
l’équipage périt également. et cinq capturés. Trois autres avions maritime au large de la côte espa-
furent endommagés et neuf autres gnole, endommageant les navires de
Attaques majeures contre membres d’équipage blessés. Les guerre Bideford, Waveney et
chasseurs de nuit des Squadrons 256 Landguard. Puis, le 27 août, 14
Portsmouth et Lincoln et 410 de la RAF revendiquèrent Do 217 s’approchèrent des navires de
Août 1943 fut marqué par deux quatre Do 217 détruits sur guerre à l’ouest de Vigo. Sept Hs 293
at t a que s m ajeu re s , c ont re Portsmouth, un probablement dé- furent lancées contre le sloop Egret ;
Portsmouth dans la nuit du 15 et truit et un endommagé, tandis que une bombe fut abattue, cinq tom-
Lincoln dans la nuit du 17. Dans les les Squadrons 68 et 604 affirmèrent bèrent trop court mais la dernière
deux cas, seuls de légers dégâts avoir détruit cinq Do 217 sur toucha les magasins de munitions du
furent causés, mais celle sur Lincoln et en avoir probablement navire, après quoi il explosa. 198
Portsmouth coûta au KG 2 sept abattu trois autres. L’attaque de marins furent tués, 35 furent secou-
Do 217, soit toutes les versions M-1 Lincoln vit la première perte au rus par le destroyer Athabaskan qui
▲
Un Do 217K
du Kampf-
geschwader 100
à Istres en 1943.
DR/COLL. C. GOSS
53
LE DORNIER 217
DR/COLLECTION OF ADMIRAL H. KENT HEWETT, USN. U.S. NH 95562 NAVAL HISTORY AND HERITAGE COMMAND
54
il rapporta huit avions détruits ou
endommagés lors d’une attaque aé-
rienne contre Kalamaki, les survi-
vants rejoignant le II./KG 100 à
Toulouse-Blagnac à la mi-décembre
1943. En octobre 1943, le II./KG 2
commença sa transformation sur
Ju 188E-1 ; les deux Gruppen res-
tants volèrent alors sur une flotte
La Fritz X toucha mixte de Do 217E-4, K-1 et M-1.
la troisième
tourelle Première perte recensée
du Savannah
(flèche).
sur le front de l’Est
Elle était guidée Les pertes en octobre 1943 furent
par un opérateur légères, la première étant un
installé à bord Do 217M-1 du 3./ KG 2 le 7 octobre
du Do 217. abattu par des “Spitfire” du Sqn 68,
NAVAL HISTORY AND HERITAGE COMMAND NH 97959
puis un Do 217M-1 du 7./ KG 2 et un
deuxième rata le navire de peu, mais entre le 13 et le 17 septembre 1943 : Do 217K-1 du 9./KG 2 dans la nuit du
explosa si près qu’une brèche fut sept Do 217E-5 et trois K-2. Les deux 23 octobre. Les pertes des autres uni-
ouverte dans la coque. La première Gruppe restèrent dans le Sud de la tés des Do 217 en octobre 1943
avait été lancée par l’oblt Heinrich France jusqu’à la mi-novembre 1943, semblent avoir été limitées aux chas-
Schmetz du 9./KG 100 ; deux autres perdant quatre autres Do 217E-5, et seurs de nuit, le 5./NJG 3 perdant un
coups sûrs furent revendiqués par les le premier Do 217K-3, en opérations Do 217N-1 le 18 octobre (touché aux
équipages de deux autres avions. et dans des accidents. Le II./KG 100 deux moteurs par un “Lancaster” du
Bien que les dégâts fussent considé- perdit trois avions le 30 septembre Sqn 101 qui s’écrasa à Weetzen ;
rables, le Warspite ne déplora que lors de l’attaque du débarquement à l’équipage allemand sauta en para-
neuf tuées et 14 blessées ; il fut re- Ajaccio, en Corse, au cours de la- chute et leur avion s’écrasa à
morqué jusqu’à Malte puis rentra en quelle les Hs 293 endommagèrent le Barsinghausen) et les 4. et 6./ NJG 101
Grande-Bretagne et demeura hors destroyer français Le Fortuné et cou- Les Do 217 perda nt respectivement u n
service pendant près de neuf mois. lèrent la barge de débarquement attaquèrent Do 217N-1 et un J-1 le 22 octobre.
LST 79. Les trois pertes allemandes plusieurs La première perte recensée sur le
Des raids sur le furent attribuées aux “Spitfire” du navires dans front de l’Est intervint le 23 octobre,
GC 2/7 Nice. Le 5./ KG 100 du hptm le golfe lorsque le Do 217J-1 du fwb Walter
débarquement en Corse Wolfgang Vorpahl déménagea à de Salerne, Schienbein s’écrasa près de
La dernière attaque à la Fritz X Kalamaki en Grèce à la fin d’octobre dont le Toltoschina, victime d’une panne
sur Salerne endommagea légèrement 1943 ; il mena des attaques avec des Savannah moteur, le pilote et un membre
(photo), et le
le croiseur léger USS Philadelphie, Hs 293 en mer Égée, endommageant d’équipage étant blessés, les deux
13 septembre,
deux bombes planantes explosant le Rockwood et coulant le Dulverton, autres membres d’équipage tués.
le croiseur
très près le 17 septembre. Dix 217 respectivement les 11 et 13 no- Novembre 1943 fut un mois des
britannique
furent perdus par les II et III./ KG 100 vembre. Cependant, le 15 novembre, plus calmes pour les I. et III./KG 2,
Ouganda.
avec une seule perte : un Do 217 du
9./KG 2 lors d’une attaque sur
Norwich le 6 novembre. La seule
autre perte au combat fut un
Do 217N-1 du Stab II./NJG 101 qui
s’écrasa en raison de l’action enne-
mie le 26 novembre, tuant trois
membres d’équipage.
Décembre 1943 commença mal
pour le KG 2. Le 4, des “Typhon” des
Squadrons 198 et 609 attaquèrent les
aérodromes d’Eindhoven et de Gilze-
Rijen ; le Sqn 198 revendiqua avoir
détruit quatre Do 217, le Sqn 609,
sept. Quatre Do 217 du 3./KG2 furent
détruits, un endommagé, et un du
7./ KG 2 détruit. 11 membres d’équi-
pages furent tués et neuf blessés. Les
seules autres pertes se produisirent
dans la nuit du 10 décembre lors
d’une attaque contre Chelmsford : un
Do 217M-1 du Stab./ KG 2, deux M-1
du 2./KG 2 et un Do 217K-1 du 8./
KG 2 furent perdus, un pilote du
Sqn 410 en revendiquant trois, un
autre du Sqn 68, un. ■
À suivre
ARMY SIGNAL CORPS/COLLECTION SC 364342
55
HISTOIRE
Première Guerre mondiale
La mission
militaire française
en Roumanie
Deuxième partie et fin.
En infériorité technique, l’aviation
roumaine et ses 70 pilotes français
affrontent les armées allemandes
et austro-hongroises lors des grandes
Nieuport 11
batailles de l’été 1917. Par David Méchin du sergentul Nicolae
Manescu, de l’escadrille N.1.
Cet appareil était un avion
reconditionné livré
à la Roumanie.
T
rès vite, le matériel fran- Le journal de marche de l’esca-
çais montre ses insuffi- drille N.3 l’illustre parfaitement en
sances : les avions livrés Pilotes de la N.3 narrant leurs mésaventures : “[Le
sont des modèles périmés en mars 1917. 14 janvier 1917]. À 13 h 20, nos pi-
ayant facilement un an de De g. à d. : lotes étaient à table et quelques mé-
retard par rapport à ceux en service sgt Manchoulas caniciens rôdaient autour des appa-
sur le front français. La Roumanie (3 victoires), reils quand ils virent un avion arriver
DR/COLL. JACK HERRIS
est loin d’être un front prioritaire adj. Revol-Tissot tout doucement au ralenti sur Breguet-Michelin BM 4
pour le GQG de France… Les chas- (2 victoires + Tecuci. Cet appareil avait une forme (n° 256) tout juste remonté
seurs Nieuport 11 (dits “13 mètres” 1 en France), bizarre et déjà les mécaniciens dans les hangars de la
– leur surface alaire) et Nieuport 21 cne Gond croyaient voir un Spad. L’avion des- réserve générale d’aviation
(dits “15 mètres”) ont une puissance (2 victoires), cendait toujours et, passant à 20 m roumaine à Iasi, d’où
adj. Texier
fort limitée avec leur moteur de 90 ch au-dessus des hangars, il avait coupé il va être confié au chef
(3 victoires),
qui ne leur permet pas de rejoindre son moteur et atterrissait quand on de l’escadrille BM.9,
cap. Théron
en vol horizontal les meilleurs appa- s’aperçut que c’était un boche, un le cne Armand Delas.
(1 victoire),
reils de l’aviation ennemie. boche pas malin qui se croyait chez
▲
sgt Terry.
SHD SHD
56
57
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE
La vulnérabilité
du Farman F.40
Leurs collègues de l’observation
ne sont guère mieux lotis avec le
Farman F.40, un appareil à qui les
équipages reprochent sa vulnérabi-
lité aux attaques venues de l’arrière
en raison du moteur placé dans la
nacelle derrière le pilote et l’obser-
vateur. Ils doivent ainsi être escortés
de chasseurs pour pouvoir travailler
en toute sécurité, ce qui est loin
DR
58
DR
Nieuport du
du fait des difficultés logistiques, il concours des réglages effectués par sgt Manchoulas mètres et sur une vingtaine de kilo-
faudra attendre le mois de septembre les Farman des escadrilles F.2 et F.6 en patrouille mètres de profondeur, au prix de la
pour qu’ils soient effectivement livrés qui redoublent d’activité, en étant le long de la perte de 5 000 soldats roumains
à l’aviation roumaine. Soit après les protégés par les quelques appareils rivière Putna, contre des pertes ennemies deux fois
grandes batailles de l’été 1917. de chasse de la N.1. Malgré la fai- le 23 mai 1917, supérieures. Malheureusement, cet
blesse des effectifs, l’utilisation des photographié important succès tactique ne peut
La bataille moyens aériens est optimum comme par un Farman être exploité par la 4e armée russe qui
le note le général austro-hongrois qu’il escortait. devait attaquer dans la plaine : le gou-
de Marasti Friedrich von Gerok : “L’artillerie Peu après, vernement russe lui interdit de passer
La première d’entre elle, dite roumaine est très active dans l’at- attaqué par à l’offensive et prélève des éléments
bataille de Marasti, se déroule du taque. Grâce à la collaboration de ses un ennemi, pour les affecter sur d’autres fronts.
22 juillet au 1er août 1917. L’état-major forces aériennes, avec un fort bom- Manchoulas
roumain ordonne à la 2e armée une bardement, elle a exécuté toutes les fut blessé à la L’initiative russe
attaque dans les montagnes des brèches juste avant l’attaque. Notre tête et eut sa
Carpates, face aux troupes de la artillerie, compte tenu de la trop mitrailleuse tourne au désastre
1re armée austro-hongroise, qu’ils grande activité de l’aviation ennemie, détruite mais En effet, deux semaines plus tôt
réussissent à bousculer. L’artillerie n’est plus en mesure de réduire au resta assurer a eu lieu en Ukraine la dernière of-
roumaine, bien instruite et encadrée silence les batteries ennemies.” sa mission. Il fensive de l’armée russe, dirigée par
par des officiers français, peut faire Le front est ainsi rompu sur une fut décoré de le chef du gouvernement Alexandre
la médaille
un travail très efficace avec le longueur d’une trentaine de kilo- Kerenski, qui a pris les rênes du pays
militaire pour
après l’abdication du tsar. Son offen-
cet exploit.
sive, après quelques succès initiaux,
a rapidement tourné au désastre et
entraîné de graves mutineries dans
l’armée où les soldats, épuisés par
L’adj. Revol-
trois années de guerre et travaillés
Tissot tenant par
par la propagande bolchevique,
l’épaule un pilote
quittent en masse leurs unités pour
roumain, devant
un Nieuport 11
rentrer chez eux en exécutant quel-
qui pourrait quefois leurs officiers… Les troubles
être celui gagnent toute l’armée russe de la
de ce dernier. Baltique à la mer Noire, et la 4e ar-
En effet, mée russe du front roumain com-
dans une mandée par le gén. Alexandre
correspondance Ragoza n’y fait pas exception, bien
écrite dans les que parvenant à maintenir sa cohé-
années 1960, sion et tenant au moins son secteur.
Revol-Tissot L a 9 e armée allemande du
indiquait que gén. August von Mackensen, qui
son Nieuport occupe la plaine du Danube et qui
personnel était a dû intervenir durant la bataille de
décoré d’une Marasti pour voler au secours de
étoile rouge à l’armée austro-hongroise, compte
cinq branches. bien profiter de la faiblesse russe.
▲
DR
59
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE
ÉCHIN
DAVID M
Dès le 6 août 1917, elle lance une s’approche de la nacelle et lui fait de roumaines qui se battent pour
offensive dans la plaine le long de la nombreux signes amicaux. Mais le conserver ce qui reste de leur pays :
rivière Sereth, précisément sur le “saucisman”, qui avait été attaqué la 2e armée à l’ouest, et la 1re armée
secteur de la 4 e armée russe à la le matin par un boche, se tenait sur à l’est, étendent toutes les deux leur
combativité toute relative. la défensive et ne comprenait pas ligne de front pour remplacer les
l’urbanité de Théron. Il saisit sa troupes russes et parvenir à déjouer
Le “saucisman”, paniqué, mitrailleuse et envoie une bordée de l’attaque allemande après plus de
balles à notre pilote dont 14 arrivent quatre semaines d’une bataille in-
Carte du front tire sur l’avion de Théron dans l’appareil. Théron n’a pas tense qui se termine le 8 septembre.
Roumain à Le journal de marche de l’esca- encore compris et se figure que c’est L’histoire retient celle-ci sous le
partir du mois drille N.3, qui multiplie les missions encore une conséquence de la révo- nom de bataille de Marasesti, vil-
d’avril 1917, sur le champ de bataille, en té- lution.” Von Mackensen espère lage devenu le Verdun roumain au
les cocardes moigne par un incident tragico- réaliser une percée décisive et liqui- prix de 27 000 soldats roumains et
montrant
mique survenu le 8 août : “A der le front roumain… 25 000 russes qui ont mis hors de
l’emplacement
16 heures, Théron part faire un ac- Son attaque rencontre des suc- combat 65 000 soldats allemands.
des 12
compagnement de Farman. Au re- cès initiaux en mettant en déroute
escadrilles
franco-
tour, voulant témoigner de l’amitié la 4e armée russe. Mais c’est comp- Le seul pilote français
au locataire d’une saucisse russe, il ter sans la résistance des troupes
roumaines. tué en combat aérien
C’est aussi lors de cette bataille
que tombe le seul pilote français tué
en combat aérien, l’adj. James Texier
titulaire de trois victoires homolo-
guées. Le 15 août 1917, en patrouille
avec l’adj. Manchoulas, il rencontre
un biplace ennemi sur lequel il pique
à l’attaque. Le mitrailleur ennemi
est adroit et l’atteint d’une balle dans
le ventre, le forçant à rompre le com-
bat et à se poser d’urgence dans un
champ d’où il est conduit à l’hôpital
de Tiganesti. Le journal de l’esca-
drille note à son sujet, le 16 août :
“Beau temps. Journée de peine et de
deuil pour l’escadrille, notre pauvre
petit Texier qui a été blessé au ventre
au cours du combat de la veille et qui
a été transporté à l’hôpital de
Tiganesti y meurt le soir d’une hé-
morragie interne. Chacun de nous,
sauf Théron qui est à Iasi, a été pas-
ser un moment à son chevet et a pu
lui dire adieu. Le soir à 10 heures,
alors que le col. de Vergnette venait
lui remettre sa médaille militaire
enfin accordée, Texier est mort tout
doucement comme un petit oiseau.”
DAVID MÉCHIN
Le roi de Roumanie lui-même se
60
déplace le lendemain pour épingler
sur son lit de mort la médaille de la
vertu militaire (Virtutea Militara)
en or, avant qu’il ne soit inhumé au
cimetière de Tiganesti.
Un armistice contraint
par la défection russe
Ce que l’armée allemande n’a pu
obtenir par la force, l’empire russe va
l’obtenir par sa défaite. L’armée russe
en Roumanie achève de se déliter
durant l’automne 1917 au fur et à
mesure des soubresauts qui agitent la
Russie, la vague de désertions consé-
cutives à l’échec de l’offensive
Kerenski en juillet, puis la tentative
de coup d’État du gén. Kornilov en
septembre. La prise du pouvoir par
les bolcheviques le 7 novembre 1917 Ce pilote
entraîne d’une part l’écroulement de roumain loge
ce qui restait de cohésion à l’armée chez l’habitant,
et d’autre part la sortie officielle de à Borcesti, durant
guerre de l’ancien empire russe. La l’automne 1917.
DANIEL NEMOZ/COLL. PASSOT-SEGUIN
Roumanie voit non seulement partir
les troupes russes qui sont sur son décide de jeter l’éponge et signe avec 1A2, deux Caudron G.4 et un
territoire, mais perd également son les empires centraux l’armistice de Morane-Saulnier.
unique voie de ravitaillement vers les Focsani le 9 décembre 1917. Le retour en France des aviateurs
pays occidentaux… Cette décision conduit au rapa- français s’effectue non sans difficul-
De plus, les troupes allemandes triement de toute la mission militaire tés, car ils empruntent le même che-
profitent du chaos et progressent en française de Roumanie, dont le pen- min qu’à l’aller à travers la Russie,
Ukraine sans rencontrer de résis- dant aérien qui quitte le pays au mois qui est maintenant en pleine guerre
tance, menaçant le territoire contrôlé de février 1918 en laissant ses appa- civile. Le cne Maurice Gond, qui
par la Roumanie d’un encerclement reils sur place, soit 78 avions en état quitte le front un peu avant l’armis-
complet. Aussi, malgré les exhorta- de vol, dont 18 Nieuport 110 ch tice de Focsani, se retrouve à Saint-
tions du gén. Berthelot qui se fait fort (type 17 ou 23), 16 Nieuport 80 ch Pétersbourg en décembre 1917 et se
d’organiser la résistance en Mol- (type 11 ou 21), 26 Farman F.40, un fait dépouiller de toutes ses écono-
davie, le gouvernement roumain Henri-Farman HF 27, 14 Sopwith mies par les douaniers bolcheviques ▲
DR
Le Farman F.40
n° 3197 de
l’escadrille F.5
est décoré d’une
figure légendaire
de la nation
roumaine,
Michel 1er
le Brave (Mihai
Viteazul), prince
de Valachie et
héros de la lutte
contre les Turcs
à la fin
du XVIe siècle.
61
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE
HIN
ID
MÉC
DAV
62
DR/COLL. B. TOSCHINGER VIA BORIS CIGLIC
Un terrain
maine, forte de 12 escadrilles dont front et l’indispensable réglage d’ar- d’aviation près des troupes allemandes et aus-
quatre de chasse, sept de reconnais- tillerie qui a permis le succès des d’une Flieger- tro-hongroises, l’aviation comme
sance et une de bombardement. Ils batailles de Marasti et de Marasesti, kompagnie l’armée roumaine restent sur le pied
ont remporté 19 victoires homolo- avec des pertes très légères puisque de l’aviation de guerre contre un nouvel ennemi :
guées, plus une trentaine d’autres l’on compte seulement trois pilotes austro- tout le territoire sous contrôle direct
revendiquées par les pilotes rou- français perdus en combat (deux hongroise en du gouvernement roumain est oc-
mains dont environ 120 ont été bre- tués, un prisonnier) et deux autres Transylvanie cupé par des troupes russes livrées à
vetés. Malgré l’infériorité technique, lors d’accidents. durant elles-mêmes et s’adonnant au bandi-
cette petite aviation a rempli sa mis- Si les Français ont quitté le pays l’été 1917. tisme pour survivre. Les avions rou-
sion en assurant la surveillance du et qu’un cessez-le-feu est effectif au- mains continuent d’effectuer des vols
▲
HIN
DAVID MÉC
Le Farman F.40
n° 3236 de l’escadrille
F.2, à Onesti,
à l’été 1917.
DR
à leur tour un message sur le terrain de Târgu Secuiesc,
À g., le Farman
auquel les aviateurs austro-hongrois répondront en
F.40 n° 3236
parachutant une caisse contenant des vêtements
de l’escadrille
et du chocolat à l’attention de Schlarbaum… et des
F.2 à Onesti,
bouteilles de champagne pour leurs ennemis ! Récompensé
au printemps
d’une citation à l’ordre de l’armée par le gén. Berthelot 1917. Il s’agit
pour cet exploit, le sgt Costé de Triquerville finit la guerre de l’appareil
à l’école de pilotage de Chartres, puis retrouve sa mairie du sgt Costé
et ses chevaux après l’armistice. Décoré de la Légion de Triquerville
d’honneur en 1949 pour son activité d’éleveur, il s’éteint qu’il a décoré
à Paris en 1956. Quant à Dumitru Badulescu, il termine d’un insigne
la guerre avec cinq victoires homologuées, toutes personnel, une
remportées en tant qu’observateur, faisant de lui le seul main tenant
“as” de l’aviation roumaine. Resté dans l’armée durant un gourdin,
l’entre-deux-guerres, il sert de nouveau dans l’aviation et baptisé
roumaine durant la Deuxième Guerre mondiale à un poste La Trique
d’encadrant et est emprisonné deux années par le régime en rapport à
communiste durant la guerre froide. Il est décédé en 1978. son patronyme.
63
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE
ÉCHIN
DAVID M
sur la Moldavie pour surveiller le les bolcheviques, plusieurs assem- République démocratique mol-
départ de ces hôtes encombrants. blées locales se constituent aux dave vote la fusion de la province
S’il n’y a plus d’aviateurs français quatre coins de l’empire et gèrent avec la Roumanie.
pour les piloter, il reste néanmoins un leur province en échappant au pou-
discret encadrement supérieur sous voir central. Le parlement qui se Le traité de Bucarest
les ordres du cdt Jean Dufaure de constitue en Bessarabie, le Sfatul
Rochefort, un observateur aérien très Tarii, déclare l’autonomie de la
signé le 7 mai 1918
expérimenté vétéran de la campagne province puis, le 24 janvier 1918, C’est aussi au même moment
de Serbie de 1915, et qui est nommé déclare son indépendance sous le que, suite à l’armistice avec les em- Farman F.40
commandant de l’aviation affectée nom de République démocratique pires centraux, les pourparlers du aux cocardes
aux opérations en Bessarabie. Car moldave. Le jeune État, menacé traité de paix aboutissent sous la roumaines
c’est précisément dans cette pro- par les armées russes débandées, forme du traité de Bucarest signé le passé sur le nez
vince que, durant l’année 1918, va se troupes blanches ou troupes rouges 7 mai 1918. La Roumanie, dont les dans un champ
concentrer toute l’action des avia- qui pillent le pays, appelle à l’aide négociateurs ont su profiter des di- enneigé…
teurs roumains. Partie orientale de la Roumanie qui intervient avec vergences entre l’Allemagne, l’Au- À l’image
la Moldavie historique située entre son armée et son aviation pour les triche-Hongrie et la Bulgarie, s’en de l’aviation
les rivières Pruth et Dniestr, elle en chasser, sous la neutralité bien- sort plutôt bien, car ses pertes terri- roumaine à la
appartient à l’empire russe, mais la veillante de l’armée allemande qui toriales (partie sud de la Drobudja fin de l’année
majorité de sa population est com- progresse en Ukraine et y installe au profit de la Bulgarie, rectification 1917, au départ
des Français,
posée de Roumains. un dictateur local, l’hetman (chef de frontière en Transylvanie au pro-
elle devra
Dans le chaos qui saisit l’ancien cosaque) Pavlo Skoropadsky. La fit de la Hongrie) sont compensées
se débrouiller
empire des tsars après la prise de campagne se termine le 9 avril par le gain de la Bessarabie.
pour tenir sans
pouvoir à Moscou et Pétrograd par 1918 quand le conseil de la Cependant, son économie est mise ravitaillement.
DR/COLL. EMMANUEL DE VACHON
DAVID MÉCHIN
Hansa-Brandenburg KD du Jagd-Flieger
Detachment Nikitsch, à Kezdi-Vasarhely
(actuellement Târgu Secuiesc), à l’été 1917.
en coupe réglée par l’Allemagne et Toutes les minorités du vieil empire nibles se comptent sur les doigts
une force militaire des empires cen- des Habsbourg s’agitent et les d’une main ! Un seul exploit aéronau-
traux occupe le pays conquis tandis Roumains de Transylvanie s’orga- tique est à signaler : le 24 novembre
que l’armée roumaine reste mobili- nisent en comité national. Alors que 1918, le lt Vasile Niculescu, avec pour
sée en Moldavie et Bessarabie. l’Autriche-Hongrie capitule le 4 no- observateur le cne Victor Precup,
La population roumaine conti- vembre 1918, le gouvernement rou- décolle de Bacau sur un Farman F.40
nue de souffrir durement des réqui- main décide de rentrer de nouveau à bout de souffle, dont le plafond est
sitions et ce traité, qui ne sera par en guerre le 7 novembre 1918 et re- limité à 2 500 m, ne lui permettant pas
ailleurs jamais ratifié par le parle- mobilise son armée qui franchit les de survoler les plus hautes montagnes
ment roumain, n’est qu’une situation cols de Transylvanie et occupe cette qu’il doit traverser dans la brume…
transitoire ; au fur et à mesure que région sans véritables combats, alors Il parvient néanmoins à passer et à se
s’écoulent les mois, il apparaît clai- que les troupes austro-hongroises poser à Blaj pour y distribuer des
rement à l’été 1918 que l’Allemagne comme allemandes évacuent le pays. documents du gouvernement adres-
va perdre la guerre… L’aviation roumaine reprend du sés au conseil national des Roumains
Des contacts étroits sont mainte- service lors de cette campagne éclair, de Transylvanie.
nus discrètement avec la France. Le mais dans la seule mesure de ses très
22 octobre 1918, un Breguet 14 piloté faibles moyens car elle a passé plus Contre la Hongrie
par le lt Louis Noël décolle de d’une année coupée de toute pièce
Salonique et se pose à Iasi, emme- de ravitaillement. Sachant que, sur le
communiste en 1919
nant en passager le ministre roumain front français, les avions sont des Si l’armistice de Rethondes du
Victor Antonescu, qui informe le consommables qui ne durent que 11 novembre 1918 met officiellement
gouvernement roumain des perspec- quatre mois en première ligne, on fin à la Première Guerre mondiale,
tives de défaite des empires centraux. peut supposer que les avions dispo- les combats ne s’arrêtent pas pour
▲
Des militaires
français rattachés
aux escadrilles
N.1 et F.2 se
promènent dans
le village de
Borcesti enneigé,
en janvier 1918.
Ils vont très vite
plier bagage,
contraints par
l’armistice signé
par la Roumanie.
65
LA MISSION MILITAIRE FRANÇAISE EN ROUMANIE
67
HISTOIRE
AC
68
Les F-16A “Netz”, 1980-1982
Le faucon israélien
attaque
Troisième partie et fin.
Les “Netz” équipés de missiles air-air régnèrent
en maître dans le ciel libanais face aux MiG
et Sukhoï syriens.
Par Shlomo Aloni. Traduit de l’anglais par Xavier Méal.
L
e 10 juin 1982 – Guerre du orientales. Du matin jusqu’à environ
Liban, jour 5. Sept divisions 16 heures, l’escadron 133 intercepta
israéliennes pénétrèrent le des avions syriens ; les pilotes de
Liban dans le but d’avancer “Baz” furent crédités de 11 victoires.
jusqu’à l’autoroute Beyrouth- Vers 17 heures, des CAP de l’es-
Damas, sur un peu plus de 100 km, cadron 133 “Baz” et du 117 furent
le long de trois routes principales : la guidées pour engager des formations
route ouest le long de la côte médi- syriennes. Une patrouille de “Nezt”
terranéenne, la route est à l’ouest de du 110 en alerte décolla de Ramat
la frontière libano-syrienne et la David pour soutenir l’action et enga-
route médiane entre les deux. gea également des avions syriens.
Le succès de l’opération Cricket-
mole 19 était censé permettre un Cinq victoires
soutien sans opposition et sans res-
triction de la force aérienne israé-
en deux engagements
lienne aux troupes au sol, mais La patrouille Hyena de l’esca-
l’avancée n’en demeura pas moins dron 117 fut créditée de cinq vic-
lente. La force aérienne syrienne fut Le Premier toires en deux engagements. Tout
ministre
active tout au long du jour 5 avec des d’abord, vers 17 heures, Hyena in-
israélien Ariel
avions et hélicoptères d’attaque opé- tercepta deux MiG-21 et deux
Sharon lors
rant contre les divisions israéliennes, MiG-23. Hyena 2 abattit les deux
de la guerre du
en particulier sur les deux routes MiG-23, chacun avec un missile,
▲
Liban en 1982.
ILGOV/DEF
69
F-16, LE FAUCON ISRAÉLIEN
Les Israéliens
utilisèrent
neuf F-16B
biplaces pour
la formation
avancée
des pilotes.
AC
puis abattit un MiG-21 au canon, le dis que celui de tête fut vu entrer dans
tout en seulement 45 secondes. un canyon, mais pas en sortir ;
Hyena 4 fut crédité d’une victoire Gandhi rapporta que le MiG-23
sur un MiG-21 lors du premier en- s’était écrasé dans ce canyon.
gagement et d’une autre sur un héli- Cinq minutes plus tard, Gandhi
coptère “Gazelle” lors de la deu- intercepta de nouveau deux MiG-23
xième interception à 17 h 10. à l’est du lac Qaraun. Gandhi 2 tira
un AIM-9L sur le MiG-23 de tête et
Pris en sandwich revendiqua une victoire ; au moment
où il lançait son missile, il était entre
entre deux MiG les deux MiG-23, avec le second dans
La formation Gandhi du 110 dé- ses six heures. Gandhi 1 l’en avertit,
colla sur alerte de Ramat David, et Gandhi 2 dégagea, permettant
patrouilla pendant un certain temps ainsi à Gandhi 1 de lancer un AIM-9
– relevant probablement les deux sur le second MiG-23. Il lui sembla
CAP de “Baz” et de “Netz” susmen- que l’AIM-9 allait manquer sa cible,
tionnées qui avaient été guidées pour donc il en tira un second. Les deux
engager des avions syriens –, puis fut missiles frappèrent l’avion l’un après
impliquée dans deux engagements l’autre. Amir Nachumi se souvient :
dans des circonstances quelque peu “J’étais en CAP avec mon ailier et j’ai
déroutantes. Lors du premier, à en quelque sorte forcé l’entrée pour
17 h 30, Gandhi intercepta deux participer. J’ai vu les MiG arriver sur
MiG-23 à l’est du lac Qaraun dans la mon écran radar et j’ai fait pression
vallée du Liban. Gandhi 1 lança un sur le contrôleur pour qu’il me laisse
AIM-9L sur le MiG-23 arrière, tan- prendre part au combat. J’ai immé-
Le Premier
ministre israélien
Isaac Shamir
lors de l’arrivée
des premiers AC
F-16C “Barak”
diatement abattu un MiG-23 puis
à Ramat David
le 9 février 1987.
nous avons commencé à poursuivre
Ils remplaçaient les autres MiG et à manœuvrer avec
les “Netz”. eux. J’étais derrière un MiG quand
mon ailier a crié : “1 ! Laisse-moi
l’avoir ! Laisse-moi l’avoir !” et j’ai fait
l’inimaginable. J’ai répondu :
“Tire-le !”. J’ai dégagé et j’ai laissé
mon ailier tirer mais il ne l’a pas
abattu. Il s’est fait prendre en sand-
wich. Au lieu de se mettre derrière le
MiG le plus en arrière, il s’est mis der-
rière le MiG de tête. Je lui ai ordonné
de rompre, je me suis positionné et je
les ai abattus tous les deux [sic].
Après avoir atterri, j’ai reçu un
coup de téléphone du commandant
de la force aérienne israélienne,
David Ivry. Il était furieux. Dans le
cadre du concept de contrôle centra-
lisé, l’intention était d’intercepter les
ILGOV/PO
70
Formation de deux “Netz”
et un “Kurnass” peu après
la guerre du Liban en 1982.
71
F-16, LE FAUCON ISRAÉLIEN
AC
“Netz” 126
route ouest avançait lentement vers était un F-16A créditées sur quatre adversaires Dix minutes plus tard, Screw-
Beyrouth mais ne devait pas at- Block 5 arrivé engagés, deux allant à Comb 1 et driver rencontra de nouveau un
teindre l’autoroute Beyrouth-Damas à Ramat David une à Comb 2. Cette fois, Comb 1 et MiG-21 isolé au-dessus du secteur de
à temps. La poussée dans le secteur le 24 novembre 2 lancèrent trois AIM-9L qui firent Rayak. Screwdriver 2 tira un
central avait été pratiquement blo- 1980 au sein de tous mouche. AIM-9L qui toucha le MiG-21, mais
quée par les forces syriennes. l’escadron 117. ce dernier continua à voler ; Screw-
L’objectif de couper l’autoroute Il fut Un deuxième missile driver 2 tira un second AIM-9L. Le
Beyrouth-Damas à temps, avant le crédité d’un pilote du MiG-21 s’éjecta immédia-
début du cessez-le-feu, reposait donc hélicoptère
pour abattre le MiG-21 tement après le lancement du deu-
sur une réussite sur la route est. Mi-8 le 28 avril La patrouille Screwdriver de xième missile qui détruisit l’appareil
L’aviation syrienne soutint les 1981 et fut l’escadron 117 fut impliquée dans abandonné à lui-même.
efforts de ses troupes au sol pour nommé Magen quatre engagements de 10 h 30 à Cinq minutes plus tard, les F-16
minimiser l’avancée d’Israël vers le (bouclier). 10 h 50 et fut créditée de neuf vic- Screwdriver interceptèrent des
nord jusqu’à ce que le cessez-le-feu toires. Le premier engagement eut avions d’attaque syriens – initiale-
entre en vigueur. La patrouille Seed lieu à 10 h 30 lorsqu’un MiG-21 soli- ment identifiés comme des MiG-23
de l’escadron 110 intercepta quatre taire fut intercepté au-dessus du sec- ou des Su-22 – au-dessus du secteur
Su-22 au-dessus du secteur du lac teur de Rayak. Screwdriver 1 fut de Rayak. Ils lancèrent cinq AIM-9
Qaraun à 08 h 20. Seed 1 fut crédité crédité d’une victoire, au canon. puis tirèrent au canon sur deux
de deux victoires et Seed 2 d’une.
Les trois victimes tombèrent sous “Netz” 124 en
les coups de missiles AIM-9. Les 2006, alors qu’il
pilotes de Seed avaient en fait lancé servait comme
agresseur avec
quatre missiles.
l’escadron 115.
C omme Gandhi 1 la veille,
Les “Netz” furent
Seed 1 lança deux missiles sur l’un
retirés du service
des Su-22, mais cette fois le lance- en 2016. Certains
ment de l’AIM-9L précéda le lance- furent rachetés
ment de l’AIM-9, et le deuxième par Top Aces
missile ne fut pas lancé avant que le Corporation
premier ait touché au but. Seed 1 vit pour être
son AIM-9L frapper le Su-22 mais employés comme
ce dernier continua de voler, et agresseurs aux
Seed 1 tira alors un AIM-9 qui États-Unis.
acheva le Su-22.
La patrouille Comb de l’esca-
dron 110 intercepta quatre MiG-21
au-dessus du lac Qaraun à 09 h 30 et
obtint le même résultat que Seed
une heure plus tôt : trois victoires
AC
72
le ciel ne suffirent pas à garantir la
réalisation de l’objectif initial qui
était de couper l’autoroute Beyrouth-
Damas. Quand le cessez-le-feu entra
en vigueur à midi le 11 juin 1982,
“Netz” 287 aucune des trois percées israéliennes
partagea avec au nord n’avait atteint l’autoroute
un autre avion Beyrouth-Damas.
une victoire
aérienne L’impact
le 9 juin 1982.
AC du conflit
Selon la force aérienne israé-
lienne, le score des F-16 “Netz” fut
de 43 victoires air-air pendant la
guerre du Liban du 6 au 11 juin 1982.
Les escadrons 110 et 117 s’en attri-
buèrent 19 victoires chacun, le 253
cinq. La plupart des 43 avions enne-
mis furent abattus avec le missile
AIM-9 – 36 dont 34 attribués à
l’AIM-9L ; le solde tomba sous les
coups du canon M61 (cinq) et du fait
de manœuvres agressives (deux).
“Netz” 282 Le succès du F-16 “Netz” en com-
à la fin bat aérien pendant la guerre du
de sa carrière Liban n’engendra cependant pas de
en première ligne nouveaux as au sein de la force aé-
en 2003. rienne israélienne. Les 19 victoires
AC
de l’escadron 117 furent attribuées à
avions ; ils signalèrent qu’un appareil crédité d’un Su-22 et de deux 11 pilotes, les 19 du 110 à neuf, les
ennemi s’était écrasé au sol pendant MiG-23. Enfin, à 10 h 50, Screw- cinq victoires du 253 à quatre pilotes.
le combat et revendiquèrent six vic- driver rencontra un hélicoptère Le seul pilote de “Netz” à avoir été
toires. Cinq leur furent attribuées d’attaque “Gazelle” au sud de crédité d’au moins cinq victoires air-
dans un premier temps, mais plus Rayak. Screwdriver 4 lança un air – le critère minimum accepté
tard le nombre fut porté à six. AIM-9 et la “Gazelle” explosa. pour le statut d’as – fut le comman-
Screwdriver 1 fut crédité d’un Les pilotes de “Netz” furent dant de l’escadron 110 Amir
Su-22 avec un AIM-9, Screwdriver 2 crédités de 15 victoires le 11 juin Nachumi ; ce dernier était déjà un as
d’un Su-22 avec une manœuvre, 1982. Ceux des “Baz” s’en attri- de la guerre d’octobre 1973 avec six
Screwdriver 3 d’un Su-22 au canon, buèrent cinq, un équipage de victoires sur “Kurnass”, auxquelles
Screwdriver 4 de trois victoires. Il “Kurnass” une, et une batterie de s’ajoutèrent donc six victoires sur
semble que trois Su-22 furent initia- missile sol-air “Redeye” une vic- “Netz”. Durant cette guerre, les
lement attribués à Screwdriver 4, les time pour un total ce jour-là de 22 “Netz” 258 fut autres pilotes de “Netz” crédités le
deux premiers avec des AIM-9L et avions ennemis abattus. crédité de deux furent de 4,5 victoires pour l’un,
victoires
le troisième au canon. Cependant, Pourtant, l’engagement d’une quatre pour un autre, trois pour en-
le 11 juin 1982.
la plus récente version de l’histoire puissance terrestre excessive et l’ac- core un autre, deux éliminations
Il était toujours
de l’escadron 117 affirme que quisition par la force aérienne israé- pour six autres, 1,5 élimination pour
en service
Screwdriver 4 – Eytan Stibbe – fut lienne de la supériorité totale dans en 2003.
deux autres, une pour dix d’entre eux
et une demie pour le dernier.
La force aérienne israélienne ne
perdit aucun avion, et ses actions
firent 88 morts ennemis durant les
combats aériens. Néanmoins,
comme indiqué, ce succès dans les
airs ne permit pas d’atteindre les
objectifs militaires fixés par le gou-
vernement. Comme dans de nom-
breux autres conflits, gagner la
guerre dans les airs sans succès équi-
valent au sol s’avéra insuffisant pour
atteindre les objectifs initiaux.
Pourtant, l’impact de la supério-
rité technologique des F-15 et F-16
sur les MiG et les Sukhoï fut si pro-
fond que David Ivry – commandant
de la force aérienne israélienne de
1977 à 1982 – déclara que les 88 tués
pour zéro pertes dans les combats
air-air au-dessus du Liban en juin
▲
AC
73
F-16, LE FAUCON ISRAÉLIEN
AC
“deLacombat
plate-forme air-air
1982, couplées aux résultats de ment – autant que possible – l’expé-
l’opération Cricketmole 19, furent le rience du combat.
premier maillon d’une chaîne d’évé- Les escadrons de “Netz” prirent
nements qui entraînerait la désinté-
gration de l’URSS, la dissolution du
rapproché leur part et effectuèrent également
quelques missions imprévues,
Pacte de Varsovie et la victoire pour
l’Occident dans la guerre froide.
la plus maniable de tous comme celle du 13 juin 1985 : un
“Netz” de l’escadron 117 effectuant
Israël n’acheta pas de F-16A/B
supplémentaires à la suite de Peace les temps ” un vol d’essai de routine après main-
tenance fut dérouté pour intercepter
Marble car IAI développait le une cible qui s’avéra être un avion
“Lavi”. En 1983, il fut décidé que le drons “Netz” basés à Ramat David sans pilote syrien identifié comme
F-16C/D remplacerait le F-16A/B à sur “Barak” et de réduire ensuite la DR-3 – alias Tupolev 143 – et que le
partir de 1984 ; le développement du force de “Netz” de trois à deux esca- “Netz” abattit promptement.
“Lavi” prenait du retard et la force drons basés à Ramon, en réaffectant
aérienne israélienne obtint l’achat de des avions des escadrons 110 et 117 La fin de l’ère
75 F-16C/D. à l’escadron 140 – alors un escadron
d’“Ahit” à Ramon – qui continuerait
des combats air-air
Le “Netz” laisse d’être basé à Ramon aux côtés de Le “Netz” fut considéré par les
l’escadron 253. pilotes de chasse israéliens des an-
sa place au“Barak” Ayant échoué à atteindre les nées 1960, 1970 et 1980 comme la
Ces 75 avions du contrat Peace objectifs fixés par le gouvernement, plate-forme air-air de combat rap-
Marble 2 furent désignés F-16C/D l’armée israélienne se retira vers le proché la plus maniable de tous les
“Barak” ; ils répondaient à une exi- sud, vers la frontière israélo-liba- temps. Si bonne en fait que moins de
gence opérationnelle qui mettait naise, en 1984, et la force aérienne deux ans après son entrée en service
l’accent sur la mission air-sol et re- israélienne en revint à la politique en Israël, l’USAF incita les Israéliens
çurent des modifications structu- d’avant-guerre consistant à mener à mettre en œuvre la combinaison du
relles et des systèmes spécifiques. des attaques occasionnelles contre F-15 “Baz” et du F-16 “Netz” qui
Ayant commandé l’escadron 144 de diverses factions et organisations au s’avéra redoutable. Elle mit pratique-
1977 à 1979 – période au cours de Liban. Ces missions air-sol occa- ment fin à l’ère des combats air-air,
laquelle il était passé du “Nesher” sionnelles – ainsi que les CAP asso- du moins pour la force aérienne is-
au “Kfir” –, Amnon Gourion fut de ciées – furent dévolues en alternance raélienne au cours de ces 40 der-
nouveau impliqué en tant que chef aux escadrons d’avions de combat nières années, et pour le moins dans
des aéronefs de la branche des sys- dans le but de répartir uniformé- un avenir prévisible. ■
tèmes d’armes à partir de 1979 : “Le
“Barak” devait avoir des ailes plus Giora Even
solides pour transporter des réser- revendique 17
voirs de carburant externes plus victoires à bord
de “Mirage” III.
grands, et un train d’atterrissage
Pilote réserviste,
redessiné pour supporter des
il a peint
charges plus lourdes, de sorte qu’il
ses victoires sur
ne devait pas être aussi maniable son “Netz”.
que le “Netz”. Mais le concept du
“Barak” était d’emporter des
charges offensives plus lourdes et
d’effectuer d’autres types de mis-
sions tout en étant équipé d’un radar
amélioré et avec une avionique et
des systèmes israéliens internes qui
manquaient au “Netz”.”
La force aérienne israélienne
décida de transformer les deux esca-
AC
74
ANNIVERSAIRE
Le centenaire
de la force aérienne italienne
Trois jours
de liesse
Les 16, 17 et 18 juin derniers, l’Aeronautica
Militare (la force aérienne italienne) fêtait
en grande pompe ses 100 ans.
Un spectacle haut en couleur.
Par Gregory Allegi
D
u 16 au 18 juin, l’Aero- Mattarella, a coexisté avec des réu-
nautica Militare a célé- nions plus informelles, notamment
bré son 100e anniversaire des promotions de l’Accademia
avec un meeting aérien Aeronautica (l’École de l’air ita-
de trois jours à Pratica di lienne). Les passionnés se retrou-
Mare, juste au sud du principal aéro- vaient dans les longues files d’attente
port commercial de Rome, pour les accès (Pratica di Mare est Formation
Fiumicino. Ce fut une véritable fête un cauchemar logistique bien du “Sabre” de un peu lent. Quel que soit le rythme,
d’anniversaire, avec des amis et la connu !) et se sont mélangés aux VIP Frédéric Akkary les présentations historiques et
famille venus de partout pour célé- arrivés de l’aéroport de Ciampino en avec devant contemporaines étaient impres-
brer le patriarche. réalisant des sauts de dix minutes en le TF-104G sionnantes que ce soit en solo ou en
L aborieusement planifié au KC-767 et C-130J. et le F-35. équipe – le témoignage de plusieurs
cours des deux dernières années, le Les spotters se plaignaient de mois de travail pour trouver des
spectacle a réuni les nombreuses l’angle du soleil ou achetaient des avions et persuader les proprié-
facettes requises pour un événement livres. Comme c’est souvent le cas taires. Le programme a réuni le
aussi important. La dimension offi- dans les spectacles italiens, le pro- passé, le présent et l’avenir de l’Ae-
cielle, avec la visite dominicale du gramme de vol s’est prolongé le ronautica Militare. Le spectre pas-
président de la République, Sergio matin et l’après-midi, à un rythme sait du merveilleux aluminium poli
des P-38 et DC-6 des Flying Bulls
Le Campo 100 au T-33A – venu de France –, sans
regroupait oublier les P-47D, “Sabre” et les
avions et camps chasseurs plus récents tels les
de reconstitueurs
“Starfighter”, “Eurofighter”, F-35.
à Pratica di Mare.
Les avions d’attaque étaient là
La visite
(G.91, AMX, “Tornado”), de même
commençait par
l’Ansaldo SVA
que le drone MQ-9 diffusant des
et se terminait images de la foule alors qu’il lon-
avec le F-35A. geait la piste.
Des avions
qui sortent du lot
Plusieurs avions se sont distin-
gués. Tout d’abord, la reproduction
du Caproni Ca. 3 I-ZA NA,
AERONAUTICA MILITARE
AERONAUTICA MILITARE construite et exploitée par la
Réplique de Fondazione Jonathan Collection, la
Macchi M.C.202 plus grande construite en Italie et le
“Folgore”. seul type multimoteur de la Première
Guerre mondiale en état de vol au
monde. Escorté par une reproduc-
tion du Spad XIII, le Caproni faisait
écho au premier concept de puis-
sance aérienne, et ses virages lents et
plats – “jamais plus de 20° d’incli-
naison”, explique le pilote d’essai
Fabio Consoli – étaient majestueux.
JEAN-PIERRE TOUZEAU
Un T-33
était venu
de France pour
la circonstance.
JEAN-PIERRE TOUZEAU
À l’autre extrémité du spectre, le naire. Le Caproni Ca.3 et le G.91 ont Une formation a proposé un qua-
Fiat G.91R en livrée de la patrouille reçu leurs autorisations de vol lundi, tuor inédit. Frédéric Akary raconte :
Frecce Tricolori, piloté par Maurizio réalisé leurs démonstrations pour “ J’ai été approché par le lieutenant-
Ludovisi en solo et en formation, a validation le lendemain avant de re- colonel Pier Franciso Grassi, ins- La patrouille
rappelé le spectacle offert au même joindre Pratica jeudi, ce qui témoigne tructeur sur “Eurofighter”, bien en des Frecce
endroit en 1973 pour le cinquante- du dévouement de leurs équipes. amont du spectacle, afin de consti-
▲
Tricolori.
AERONAUTICA MILITARE JEAN-PIERRE TOUZEAU
Le G.91R faisait sa
première apparition
publique.
77
LES 100 ANS DE L’AERONAUTICA MILITARE
“Trois vols
d’anthologie”
Le briefing très complet du pre-
mier jour à permis de mettre au point
dans les moindres détails la totalité
de la présentation du décollage à
JEAN-PIERRE TOUZEAU
l’atterrissage avec un minutage très Le trio
précis et des mesures de séparation des “Mustang”
en cas de pertes de contact visuel. Horsemen
Ces vols de 30 minutes compre- Flight Team.
naient un rassemblement pour un
premier passage en diamant, suivi
d’un passage en échelon, d’un pas-
sage individuel à 30 secondes à
grande vitesse avec un virage 360° et
d’un circuit d’atterrissage au break
à également 30 secondes. La posi-
tion du “Sabre” en charognard der-
rière l’“Eurofighter” lors de la for-
mation en diamant à 300 nœuds La réplique
[555 km/h] était assez délicate car la du Caproni Ca.3.
JEAN-PIERRE TOUZEAU
très forte charge alaire des trois
autres générait une turbulence de
sillage très importante, m’obligeant
à voler très en dessous afin de déga-
ger la dérive du “Sabre” de ce sillage.
Le “Sabre” ayant une très grande
aile comparée à celle du “Starfigher”,
les réactions à la turbulence étaient
également totalement différentes et
ont permis d’observer in situ que le
“Starfigher” vole avec les volets en
position décollage accroché à un
moteur alors que le F-86 “pénètre” Le T-346, avion
avec une grande volupté la masse d’entraînement
d’air – sept ans de différence et un actuel de la
concept complètement différent. force aérienne
Cela restera un souvenir mémo- italienne.
JEAN-PIERRE TOUZEAU
AERONAUTICA MILITARE
Aermacchi MB-326E,
l’avion d’entraînement
78
dans les années 1960.
Patrouille de “Tornado”.
JEAN-PIERRE TOUZEAU
79
MAQUETTES Par Hangar 47
Un chameau du tiers état qui labour : Jean Barbaud a les bosses de l’humour anglais.