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1954-1986
BEL/LUX : 9 € - CH : 13.30 FS – CAN : 14.10 $cad –
Au combat
ESP/ITA/GR/PORT CONT/ANDORRE : 9.40 € -
8,20 € mensuel DOM/S : 9.20 € -
N CAL/S : 1230 xpf – POL/S : 1350 xpf –
MAR : 62 DH – Ile Maurice : 9.30 €
avec le Noratlas
Les paras racontent
L 19853 - 639 - F: 8,20 € - RD
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En bref
Nouvelle livrée pour le Piper Le collectionneur belge
Eric Vormezeele nous a quittés
du French Wing de la CAF Le collectionneur belge Eric Vormezeele, un des pionniers
Le 27 décembre dernier, le Piper Spirit of Lewis immatriculé de la préservation de warbirds en Europe, est décédé le
F-GHLQ du French Wing [branche française] 18 décembre dernier. Ayant fait carrière dans l’armée belge,
de la Commemorative Air Force s’est posé sur l’aérodrome le colonel aviateur Eric Vormezeele avait commandé à
du Plessis-Bellevile, au nord de Paris, de retour d’une restauration Brasschaat l’École d’aviation légère de l’armée belge. Il se fit
réalisée par l’atelier Aéro Services Restauration à Libourne. aussi connaître comme leader des Blue Bees, une patrouille
Le moteur a été révisé par VF Aero Maintenance au Plessis- de présentation sur hélicoptère “Alouette” II. Eric Vormezeele
Belleville. Les travaux ont permis de transformer ce Piper J-3C-65 vola également quelque temps pour Aviation sans Frontières.
“Cub” de 1946 en Piper NE-1 de l’US Navy. Peu après son Il avait commencé à collectionner les avions anciens il y a
acquisition en 2003, un concours du plus beau projet de décoration environ 50 ans. On se souvient de lui pour avoir présenté dans
avait été lancé par le French Wing, et avait été gagné par le peintre les années 1980 un Douglas “Skyraider”, un T-6, ou encore
américain Roy Grinnell, peintre des as, et membre du French Wing. un Fiat G.46 lors des Salons des avions de légende dans
Son œuvre picturale dépeint en vol le Piper NE-1 BuAer 26359 les années 1990. On lui doit aussi la préservation du Hispano
(NE-1 étant la désignation du Piper J-3 “Cub” dans l’US Navy) HA-1112-M1L “Buchón” immatriculé OO-MAF, entre autres.
dans les couleurs qu’il portait entre décembre 1942 et juin 1943, Le Piper J-3 Très vite, il avait transmis le virus de la collection à son fils
baptisé The little Blue Cloud, lorsqu’il était affecté à l’Airship Patrol du French Wing Frédéric qui, dès l’âge de 6 ans, avait fait ses premiers pas de
Squadron ZP-32 de l’US Navy à Moffett Field dans la baie de la mécanicien aéronautique sur un “Sea Fury” ; depuis, Frédéric
de San Francisco. Le ZP-32 mettait en œuvre depuis cette base Commemorative Vormezeele a fondé en 2005 la société Flying Aces Services
des ballons dirigeables pour des missions de patrouilles maritimes, Air Force rend and Training (Fast Aero), spécialisée dans la restauration
d’escorte de navires et de lutte anti-sous-marine. désormais et l’entretien d’avions de collection.
hommage
Le Piper F-GHLQ était auparavant baptisé Spirit of Lewis
aux peu connus
en hommage à Lewis Bateman, membre anglais du French Wing
Piper NE-1
décédé en 2000.
de l’US Navy.
découvrir le riche patrimoine du musée ou n° 71 fut le dernier livré à la Marine nationale, en 1982.
s’orienter dans les métiers aéronautiques L’avion fut retiré du service en France en 2016.
et spatiaux, déchiffrer un mot secret composé Le n° 71 était jusqu’à récemment entreposé sur la base
de lettres glanées en actionnant sept dispositifs de l’Aéronautique navale (BAN) de Hyères-Le Palyvestre.
ludiques, et exprimer sa perception de l’univers
aéronautique sur un mur participatif et évolutif.
DR
5
ACTUALITES
DR
Le F7U-3
Depuis la fin de l’année dernière, Au sein de l’US Navy, le “Cutlass” accumula le Navy Memorial Park du Johnston County “Cutlass”
un chasseur à réaction naval les “premières” : premier avion sans Industrial Airport en 1978. BuAer
des plus rares est exposé à empennage horizontal construit aux L’USS Hornet Sea, Air & Space Museum, n° 129565 est
bord de l’ancien porte-avions de la marine États-Unis, premier jet à ailes en flèche à Alameda, dans la baie de San Francisco, désormais
américaine USS Midway transformé en de l’US Navy, premier avion à être doté d’une en fit l’acquisition pour l’exposer, mais exposé sur
musée, à quai dans le port de San Diego, postcombustion. Il fut aussi le premier jet à estima rapidement que sa restauration l’USS Midway,
en Californie : le Chance Vought F7U-3 équiper la fameuse patrouille des Blue Angels. dépassait ses capacités, et le transféra à San Diego.
“Cutlass” BuAer n° 129565 a été hissé le Sujet à de nombreux accidents et incidents à la base de l’US Navy de North Island.
14 décembre 2022 à bord du porte-avions à ses débuts – qui lui valurent faussement Puis il fut confié pour restauration en 2011
décommissionné, qui lui offre un écrin une réputation de tueur d’enseignes – à un groupe de retraités de la Vought Un F7U-3
parfait au sein de l’une des plus grandes le “Cutlass” demeura néanmoins très Aircraft Heritage Foundation à Dallas, au “Cutlass” sur
attractions culturelles et touristiques populaire parmi ses pilotes. Il réalisa Texas, en 2011. Il revint en 2019 sur la le pont de
de San Diego. Le “Cutlass” souffre ses premiers appontages et catapultages base de North Island où sa restauration fut l’USS Midway
en août 1952
d’une réputation sulfureuse injustifiée sur le Midway en juillet 1951. achevée, notamment grâce à la fabrication
lors des
si on se penche en détail sur sa carrière. Le F7U a servi avec des escadrons de flotte de nombreuses pièces manquantes.
épreuves
Conçu en 1946, il était un avion dans la Marine de 1953 à 1957. Seulement sept Vought F7U “Cutlass” sur
de qualification
extraordinairement en avance sur son Construit par Chance Vought Aircraft et les 307 construits existent encore.
à l’appontage.
temps avec son aile en flèche à 38°, réceptionné par l’US Navy le 29 octobre
des élevons assistés et une double dérive. 1953, le Chance Vought F7U-3 “Cutlass”
Le prototype vola le 29 septembre 1948, BuAer n° 129565 fut initialement affecté au
propulsé par deux réacteurs Westinghouse Fleet Air Service Squadron 12 (Fasron-12)
J34 de 1905 kgp avec postcombustion, le 24 novembre 1954 puis transféré le
qui furent remplacés sur les 16 premiers 2 avril 1955 au Fleet Composite Squadron 3
exemplaires du F7U-3 par des Allison (VC-3) au sein duquel il fut piloté, entre
J35-29. Les 288 appareils suivants furent autres, par le futur astronaute, alors
propulsés par des Westinghouse J46-8B lieutenant, Walter Schirra. Il vola également
de 2 722 kgp avec postcombustion. au sein de l’Attack Squadron 212 (VA-212)
À partir de juin 1954, le “Cutlass” équipa depuis le Bon Homme Richard (CVA 31)
13 flottilles de l’US Navy et du Marine et la base d’Atsugi au Japon. Il termina
Corps, basées à terre ou embarquées. sa carrière au sein de la Naval Air Reserve
Les 98 derniers exemplaires (F7U-3M) Training Unit sur la base d’Olathe, à partir
furent les premiers chasseurs à réactions de mai 1957, avant d’être exposé sur
de l’US Navy à être équipés de missiles, des pylônes dans le parc de la Harrison
notamment les fameux AIM-7C “Sparrow”. Street à Olathe, puis d’être déplacé dans
DR/US NAVY
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En bref
Le légendaire Joe Kittinger
n’est plus
Le colonel (ER) Joseph William “Joe” Kittinger est décédé
le 9 décembre dernier ; il était âgé de 94 ans. Ce natif du
centre de la Floride était entré dans la légende en sautant
en parachute, depuis un ballon, le 16 août 1960 (photo
ci-dessous) d’une altitude 102 800 pieds (31 333 m). Ce
saut historique était l’aboutissement de plus de 10 ans
d’expériences aérospatiales pour tester ce que le corps
humain pouvait supporter. Kittinger dut endurer des
températures inférieures à - 70 °C ; il fut en chute libre
pendant plus de 4 minutes, atteignant près de 960 km/h
avant de déployer son parachute principal à 14 000 pieds
(4 267 m) et d’atterrir sous les acclamations de son équipe à
White Sands, au Nouveau-Mexique. L’ensemble du saut dura
DR
des “Bronco” à la Nasa un MiG-21 mais fut lui-même abattu et capturé à peine
quatre jours avant son départ prévu. Il passa près d’un an
En novembre dernier, le CAL Fire (California Wildfire & Forest comme prisonnier de guerre.
Resilience Task Force, force de lutte contre les incendies
de forêt de l’État de Californie) a acquis un OV-10A et trois OV-10D Duxford rend hommage au
“Bronco” auprès de la Nasa. Ils ont été convoyés en vol depuis Deux “Hurricane”, le “héros méconnu”
le Langley Research Center, près de Hampton en Virginie, jusqu’à des quatre
McClellan Park, près de Sacramento, en Californie, où CAL Fire “Bronco” acquis Jusqu’au 19 février, l’Imperial War Museum de Duxford, près
par CAL Fire de Cambride en Grande-Bretagne, consacre une exposition
a sa base de maintenance. Les biturbines seront utilisés pour
au départ temporaire au “Unsung Hero”, le héros méconnu, en
les missions de contrôle aérien avancé dans la lutte contre
de Langley, l’occurrence le Hawker “Hurricane”. Sur les 17 exemplaires
les feux de forêts. CAL Fire utilisait déjà 15 OV-10 “Bronco”.
en novembre en état de vol dans le monde, il est possible d’en voir pas
Ceux récemment acquis seront a priori des avions de réserve.
CAL FIRE
dernier. moins de six dans la partie avant de l’immense hangar
AirSpace, avec à leurs côtés deux biplans, un Hawker
“Nimrod” et un Hawker “Hind”, ainsi que le “Spitfire” Mk I
N3200 – pour comparaison – qui est mis en œuvre par
l’Imperial War Museum.
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ACTUALITES
Face aux réalités du terrain, le nouvel
arrêté meeting a besoin d’être revu…
Lors de la convention annuelle contraignant les directeurs des vols à une activité aérienne s’étalant de 6 h 00 à
de France Spectacle Aérien (FSA) produire des études d’analyse des risques 20 h 00, des créneaux de départs-arrivées,
2021, le nouveau patron de la pour lesquelles ils n’ont jamais été formés, des créneaux de vols de constructeurs pour
Direction général de l’aviation civile (DGAC), ce qui a considérablement alourdi non des clients potentiels et des créneaux de
Damien Cazé, était venu en personne seulement leur charge de travail, mais aussi présentations en vol mais sans évolutions
devant le milieu du spectacle aérien français le poids des responsabilités qu’on leur fait de voltige, un seul DV et son adjoint ne
assurer qu’il serait possible de corriger porter. FSA avait par ailleurs suggéré que peuvent gérer l’ensemble de l’activité,
certains points du nouvel arrêté les “règles alternatives” soient référencées, répartie sur deux pistes. Surtout avec six
du 10 novembre 2021 régissant les cataloguées, archivées de façon centrale classes d’ULM aux spécificités particulières.
meetings à l’issue de la saison 2022 si – choisissez le mot qui vous convient – afin Il a donc fallu “faire en dehors des règles”
des problèmes étaient rencontrés. Et les de faciliter le travail et des directeurs en matière de direction des vols, avec la
problèmes furent pour le moins nombreux… des vols et des DSAC interrégionales. sécurité comme élément clef. Mais cela
Une réunion a donc eu lieu le 7 novembre FSA a également porté à l’attention de la n’a pas été sans mal pour l’organisateur,
dernier entre la direction de la Sécurité DSAC que depuis la parution du nouvel confronté à une DSAC locale pour le moins
de l’aviation civile (DSAC) et neuf arrêté, il n’existe plus de définition de “vol peu réceptive. Et peut-être aussi figée par
représentants de FSA. Ces derniers avaient en formation”, encore moins en patrouille, la complexité de la rédaction de l’arrêté,
compilé les doléances des organisateurs mais seulement une définition de “vols qui multiplie les renvois entre articles,
de meetings, des pilotes de présentation et coordonnés”, qui ne fait mention que du paragraphes et pages dans le texte, ce qui
des directeurs des vols (DV), qui, quelle que “commandant de bord”. Tout pilote ayant ne permet pas une lecture simple et une
soit leur région, avaient rencontré les mêmes peu ou prou pratiqué cet art sait que compréhension des éléments définis.
problèmes. Au sortir de cette réunion, l’évolution coordonnée de plusieurs avions Dans une autre région, la DSAC locale
la délégation de FSA avait le sentiment maintenant une position relative se fait sous a “souhaité” obtenir toutes les fiches
d’avoir été entendue. Et la DSAC a rédigé le commandement d’un “leader”, mot que de présentation d’un spectacle aérien,
dans la foulée un projet d’amendement de FSA souhaite voir apparaître dans l’arrêté, formulaire rédigé à l’intention du directeur
l’arrêté… qui laisse pour le moins perplexe, pas pour le plaisir d’utiliser du jargon des vols par le pilote présentateur ou
et pose nettement la question de savoir aéronautique, mais bien parce que le leader le leader d’une patrouille, alors que l’arrêté
si ceux de ses membres qui ont participé a une fonction et des responsabilités bien ne prévoit pas cela ainsi.
à cette réunion ont bien compris les précises, et très différentes de celle du seul L’arrêté prévoit qu’un compte rendu soit
problèmes posés par le nouvel arrêté, et si commandant de bord. Par ailleurs, on peut rédigé à l’issue des manifestations par le
– surtout – ils ont réellement la volonté de voir dans nombre de meetings des tableaux directeur des vols et adressé à la DSAC
faire avancer les choses de façon positive. lors desquels plusieurs “formations locale. Il s’est avéré que dans au moins un
La réalité du terrain a montré que le ou groupes d’aéronefs” sont menés par des cas, la DSAC locale a rédigé également de
nouvel arrêté n’est pas appliqué de la leaders différents qui volent simultanément son côté un compte rendu, transmis à la
même façon partout en France, et que les – il serait bon dans la définition préfecture sans même que le directeur des
interprétations qui peuvent en être faites de mentionner qu’il peut y avoir un ou vols et l’organisateur aient été informés,
ne sont pas toujours partagées d’une DSAC plusieurs leaders de groupes d’aéronefs. ni de la rédaction de ce compte rendu
interrégionale à l’autre. Ainsi, on a pu noter Dans sa lettre à la DSAC, FSA exprime ni de son envoi et encore moins de son
que les contraintes imposées dans une son désaccord sur le fait que tous les contenu… En d’autres mots, “dans le dos”
même région ne sont pas toujours identiques “rassemblements d’aéronefs” sans du directeur des vols et de l’organisateur. Ce
dans deux départements différents pour présentations en vol (comprendre cas pose le problème de la transparence car
deux événements distants seulement de “Fly’in”, c’est-à-dire simple assemblée il est difficilement concevable de nos jours
50 km… Le préfet dont dépendait le premier de pilotes venus avec leurs machines), que des entités et personnes concernées,
a imposé des gendarmes et des équipes mais faisant l’objet d’une communication impliquées directement par un tel document
de secours en nombre, et même jusqu’à extérieure, deviennent des manifestations ne soient destinataires d’une copie d’un tel
un hôpital de campagne ; le préfet dont aériennes régies par le nouvel arrêté. compte rendu qui vise à ce que leurs actions
dépendait le second n’imposa rien Cette nouvelle disposition est en l’état soient jugées et commentées.
de tout cela. Les plateaux étaient du même pour le moins décourageante, car elle Nombre d’organisateurs ont eu à se plaindre
type (avions militaires, warbirds, avions implique de fait de fortes contraintes des délais imposés pour l’envoi de certains
de voltige) et le directeur des vols était administratives et budgétaires. Ou comment documents tandis qu’en sens inverse, les
le même… kafkaïen, non ? transformer un simple barbecue entre délais définis par l’arrêté de 2021 ne sont pas
Par ailleurs, le recours aux “règles copains en usine à gaz… Et que signifie toujours respectés par les préfectures.
alternatives” (expression administrative “communication extérieure” ? Est-ce que Cela ne contribue pas à l’organisation sereine
“moderne” remplaçant le mot pourtant créer un “événement Facebook” est une d’un meeting, qui nécessite d’engager
français “dérogation”) est devenu la règle communication extérieure ? Dans l’arrêté plusieurs semaines, et même des mois
pour quasiment tous les spectacles aériens, précédent, c’est la notion d’appel au public à l’avance, d’importantes sommes d’argent.
faute de quoi, de spectacle ils n’auraient qui différenciait le spectacle aérien du simple D’évidence, le nouvel arrêté n’a pas bien
eu que le nom. Et pourtant, pas un mot rassemblement. résisté à sa mise à l’épreuve sur le terrain.
sur ces règles alternatives dans le projet Le cas du MULM (Mondial de l’ULM) à Blois Reste à espérer que la DSAC a la réelle
d’amendement proposé par la DSAC. Le a été le parfait exemple du fait que volonté de l’améliorer et de lever toute
sujet est néanmoins loin d’être négligeable, le nouvel arrêté n’est pas adapté à tous les ambiguïté sur son champ d’application…
puisqu’il a concerné quasiment tous les types de spectacle aérien public. Etalé sur ce dont on peut douter au vu des
spectacles aériens de cette année passée, quatre jours, avec 500 aéronefs participant, “améliorations” proposées.
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En bref
Le RAF Museum cède un P-51D Flying Legends de retour
à une collection australienne cette année ?
Les équipes de présentation de l’USAF ont publié leur
Le North American P-51D “Mustang” matricule 44-73415 calendrier au début de cette année. Pour ce qui concerne
a quitté l’établissement de Cosford du RAF Museum, en le F-35, il est prévu pour apparaître le week-end
Grande-Bretagne, le 11 novembre dernier, à destination de l’Australie, du 15-16 juillet dans le cadre d’un Heritage Flight lors
où il intégrera la Hunter Fighter Collection basée sur l’aérodrome de Le North d’un meeting nommé… Flying Legends ! Mais le lieu n’est
Scone. L’ancien chasseur des US Army Air Forces et Royal Canadian American pas précisé. Nous avons par ailleurs appris que plusieurs
Air Force avait été obtenu par le RAF Museum à la fin des années P-51D collectionneurs européens ont été approchés pour que leurs
1980 dans le cadre d’un échange contre le Supermarine “Spitfire” XVI “Mustang” avions participent à un Flying Legends 2023. Du côté
matricule SL574, depuis exposé au Air and Space Museum de San matricule de The Fighter Collection, organisateur du mythique
Diego. Plusieurs musées et collections au Royaume-Uni ont exprimé 44-73415
spectacle aérien, la discrétion est de mise pour le moment.
leur surprise face à la décision du RAF Museum de faire don en cours de
Le dernier Flying Legends avait eu lieu en 2019, les éditions
démontage
de ce P-51D à une organisation à l’autre bout du monde… 2020, 2021 et 2022 ayant été annulées.
à Cosford
La Hunter Fighter Collection a également reçu du RAF Museum
en novembre
le De Havilland “Vampire” FB5 matricule WA346.
dernier. Yong-Man Kwon expose au
restaurant de l’Aéro-Club de France
Jusqu’au 20 mars, le peintre de l’Air et de l’Espace (et de la
marine, et de l’armée de Terre, et de la gendarmerie) Yong-
Man Kwon expose quelques-unes de ses toiles aéronautiques
au restaurant de l’Aéro-Club de France, 6 rue Galilée, à Paris.
RAF MUSEUM
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THE KENT BATTLE OF BRITAIN MUSEUM
HOMMAGE
Bernard Chabbert, 21 avril 1944 - 15 décembre 2022
Voler, c’est se payer
un acompte de paradis !
L’auteur de cette phrase passée à la nautique jamais prise en défaut, des
anecdotes toujours pertinentes… La
postérité – parmi tant d’autres – nous Rolls des journalistes, écrivains,
commentateurs.”
a quittés sans prévenir le 15 décembre “(…) immense conteur du monde
dernier, à l’âge de 78 ans, alors que aéronautique, Monsieur Loyal émé-
rite des meetings aériens tricolores,
nous venions de boucler le numéro auteur d’un St-Ex fantastique.
Bernard, c’était les tontons flingueurs
de janvier. La soudaine disparition du à qui on aurait ajouté des ailes…”
trésor national qu’il était a soulevé une “(…) la tirade de la blanquette de
veau… elle commençait par “Le xxx,
vague d’émotion considérable. Plutôt c’est onctueux, onctueux comme une
blanquette…”
que de retracer sa riche vie, nous avons “(…) ce Bernard était capable de
préféré emprunter à quelques-uns qui, faire vivre pleinement un meeting
aérien à un non-voyant. Combien de
à l’instar de leur muse, ont assemblé les fois me suis-je dit qu’en fermant les
yeux et en écoutant le timbre de sa
mots de façon harmonieuse, comme on voix décrire l’avion, ses manœuvres,
assemble les ingrédients de la fameuse ses anecdotes, je pouvais vivre le mee-
ting intensément.”
blanquette de veau à l’ancienne à “Il n’avait pas la langue dans sa
poche quand il avait quelque chose à
laquelle le griot de l’aviation française dire, surtout quand il s’agissait de
aimait à comparer le pilotage d’un défendre l’aviation. Au meeting Des
étoiles et des Ailes, en septembre der-
Bücker “Jungman” ou d’un Stampe. nier à Francazal : quelques jours
avant le meeting, pour protéger leurs
avions parqués au sol d’éventuels
L
e griot est une personne haute de pilote et contribué à faire brûler la accidents, certains exploitants de la
ment révérée en Afrique, spé- flamme de ma passion pour cet uni- plateforme ont par exemple exigé des
cialiste de la louange et de la vers magique. primes d’assurance de 50 millions
déclamation des récits histo- Quel immense honneur et quelle d’euros. Pas de souci pour les appa-
riques qui font la part belle aux chance d’avoir pu échanger réguliè- reils de l’armée de l’Air et de l’Espace,
héros fondateurs et au merveilleux. Et rement avec toi pendant ces 12 der- garantis par l’État. En revanche,
Bernard Chabbert en était une incar- nières années. impossible pour la plupart des pro-
nation paroxystique – sans doute l’un Ce soir, je cherche ton étoile dans priétaires privés d’avions de légende
de ces sorciers des mots s’était-il pen- le ciel mais je ne vois pas, j’entends… de trouver rapidement une compa-
ché sur son berceau quand il était né, J’entends si distinctement ta voix, gnie capable d’assurer un tel montant,
à Casablanca… Au-delà des commen- une voix douce et apaisante, la voix et bien sûr de payer la prime corres-
taires de meetings et des reportages, de l’histoire de l’aéronautique. pondante. Au dernier moment, une
au-delà de la regrettée émission Elle restera irremplaçable…” bonne douzaine d’appareils my-
Pégase et de son mythique numéro sur thiques, “Bronco”, “Skyraider” ou
le “Spitfire”, les mots bienveillants de Un tonton flingueur Yak ont été cloués au sol ou n’ont pu
Bernard Chabbert ont touché… des venir. Commentateur du meeting, le
âmes… parfois de façon très profonde.
avec des ailes journaliste Bernard Chabbert, spé-
Voici donc un florilège d’hommages “Une voix s’est éteinte. Elle a mar- cialiste de l’aéronautique depuis plus
glanés ici et là, que nous avons volon- qué la carrière de pas mal de pilotes de 50 ans, a fustigé entre autres “un
tairement rendus anonymes. Mais que de ligne, voltigeurs, baroudeurs, ap- comportement jamais vu et imbécile.”
leurs auteurs en soient remerciés. prentis pilotes, tous passionnés. Elle “Avec lui les meetings étaient
“Si la passion de l’aviation avait a marqué la mienne. Nous sommes Historiques, Passionnants, Vivants et
un père, il se nommerait Bernard nombreux à avoir volé en ayant cette Poétiques”.
Chabbert. petite musique dans un coin de la tête. “Bernard Chabbert, c’était
De l’épopée Pégase aux meetings Une langue fleurie, un enthou- l’homme qui vous donnait envie
aériens, tu auras accompagné ma vie siasme non feint, une culture aéro- d’aimer l’aviation.” ■
10
ERWAN GAREL
LE COURRIER
Un petit
musée
en Chine
Je suis un très vieux lecteur
ayant commencé avec le
n° 1 ! Et je continue mois
après mois à me régaler ! Mon fils,
qui travaille en Chine, est passé par
Chengdu et a pris deux photos d’avions
dans une galerie commerciale qu’il m’a
envoyées et que je vous transmets
car je les trouve intéressantes. Je crois
reconnaître un MiG-15 UTI et un An-2,
sauce chinoise, qui font de la pub pour
un petit musée aéronautique, que mon
fils n’a pas eu le temps de visiter,
hélas ! Peut-être le connaissez-vous.
Paul Biarez
BIAREZ
L’entrée
En fait il s’agit du LCA
du LCA Aviation Museum, Aviation
un musée privé qui est ouvert Museum
depuis 2016 dans un centre à Chengdu,
d’affaires de Chengdu. Y sont en Chine, avec
exposés plusieurs avions chinois un splendide
et occidentaux. À l’entrée un JJ-2 Nanchang Y-5
(MiG-15 biplace fabriqué en tigré…
Chine) monte la garde avec un
Nanchang Y-5 (Antonov 2
chinois). Un lecteur globe-trotteur … et un JJ-2
a peut-être visité ce musée – MiG-15 biplace
et pourra nous en dire plus. chinois.
BIAREZ
12
Le retour du “Baroudeur”
Je reviens sur le “Baroudeur”
(Le Fana n° 636), qui voulait
intéresser les jeunes lecteurs
britanniques du journal “Eagle” au
milieu des années 1950. Un dessin
(ci-joint) fait état de quatre “moteurs-
fusées” installés sur le chariot. Un rêve ?
Eddie Slack
Pas de poisson
à l’horizon ! Vous voyez bien un
“Tempest” ! En effet le moteur
Bristol “Centaurus” lui donne
un air de “Sea Fury”… mais
c’est un “Tempest” Mk II, version
du chasseur que nous connaissons
principalement avec son Napier
“Sabre” de 24 cylindres en ligne.
Le “Tempest” FB Mk II fut
vendu avec le Bristol “Centaurus”
et ses 18 cylindres en double
étoile à l’Inde et au Pakistan
XAVIER MÉAL
après une courte série de 136 Le “Sea Fury”
exemplaires pour la RAF. furent conçus par Hawker d’erreur ici. Rendez-vous de Christophe
Pour faire court, le “Fury” et sa comme une version allégée en avril pour chercher du poisson Jacquard.
version embarquée “Sea Fury” du “Tempest” II. Donc point dans Le Fana…
Faites-nous
vivre vos Ferté !
Rendez-vous cette année
les 27 et 28 mai pour célébrer
la 50e édition du meeting aérien
Le Temps des Hélices à Cerny-La Ferté
Alais. Dans cette perspective, Le Fana
vous propose chers lecteurs de publier
dans le numéro de juin vos plus belles
photos des avions marquants,
de vos souvenirs impérissables
Le EFW C-3605 vu
lors des précédentes éditions.
à La Ferté en 1992.
À vos albums, à vos cartons d’archives.
Faites-nous vivre vos Ferté !
HENRY CHERO
13
À LIRE, À VOIR
L’Évangile connue sous le nom de En ce moment, le dossier du mouvement, des de chasseurs à hautes
L’Évangile selon Saint-Yan, n’est pas simple, mais cadrages soignés, bref, performances, jusqu’au
qui reste une référence. le défi a été relevé. un gros travail d’esthétique. Su-35. Au sommaire aussi,
Ceux qui passèrent par Une idée se dégage de la Côté textes, l’écriture s’est la version export Su-30 MK.
Saint-Yan en gardent un démarche : l’alliance intime appuyée sur des rencontres On l’attendait tous, le voici,
souvenir éternel tant l’état et paradoxale entre l’art avec les ingénieurs, les il s’agit bien du Su-57,
d’esprit qui y flottait était et la technologie. Ce tout pilotes et une abondante ex-T-50, avion d’arme
particulier. Il fallait raconter nouveau livre a donc une documentation fournie multirôle de nouvelle
tout ceci pour la postérité. saveur toute particulière par le constructeur. génération. Les ingénieurs
Ce fort bel ouvrage au regard de l’actualité. Nous avons aimé aussi au russes travaillent déjà
nous plonge dans Des dizaines de photos fil des pages, en encadrés, pour l’avenir : ce sera le
l’ambiance de l’époque, des avions russes et les rencontres avec les Su-75. Un livre généreux et
de la discipline du vol, ukrainiens proposés dans pilotes ou les focus sur les luxueux à la hauteur d’une
Mes biens chers frères le tout avec de belles Sukhoï ont été saisies points forts technologiques légende de l’aéronautique.
aviateurs, au tout début photos sur Stampe. Une par l’auteur avant que des appareils. Pour Philippe Wodka-Gallien
des années 1950, des excellente publication toute la guerre ne soit lancée la séquence historique,
apôtres de l’art du à la gloire du pilotage. à l’initiative de Vladimir l’auteur revient sur
pilotage se retrouvèrent à Poutine aux marges de la réussite de Sukhoï
Saint-Yan, en Saône-et- L’Évangile l’Europe, il y a un an déjà. pour s’imposer dans
Loire, et y enseignèrent selon Saint-Yan Sillonnant meetings et un secteur soviétique
leur discipline, diffusant Par Jean-Loup, bases aériennes, Nikon en très exigeant. Forcément,
inlassablement leur Patrice Notteghem, bandoulière, notre confrère en ouverture, nous avons
message au fil des Philippe Dubois s’est taillé une solide le T-4, prodigieux
passages des promotions 416 pages, 44 € réputation dans le circuit intercepteur trisonique
d’élèves. Ce n’était pas ISBN 978-2-9569076-1-9 international avec Les développé dans les années
seulement des règles Patrouilles acrobatiques du 1960 avec l’idée de stopper
de pilotage, mais surtout
un état d’esprit autour La légende monde paru chez le même
éditeur. Ses articles très
les B-70 “Valkyrie” en
projet dans l’USAF.
de la préparation des vols,
de la sécurité. Chaque
Sukhoï documentés dans la presse
aéronautique et défense
Le T-4 a forgé la légende
du bureau d’études Sukhoï.
Sukhoï,
du Su-27 au Su-57
élève breveté partait avec François Brévot s’attaque s’avèrent fort utiles pour On découvrira, c’est inédit, Par François Brévot
une culture aéronautique. à l’un des sujets mieux saisir l’actualité le T-10, le prototype qui a Éditions ETAI
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Peintre de l’Air
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l’Aviation n° 555 le travail du designer Philippe représentés. Cet ouvrage format italien regroupe
Charbonneaux. Il fut connu dans le monde de plus de 300 illustrations. Ébauches au crayon
l’automobile pour ses nombreux dessins qui de papier, aquarelles et peintures permettent
inspirèrent les lignes des Delahay, des Renault 8, d’avoir une excellente idée du talent de Philippe
Du dessin aux nuages 16, sans oublier les camions Berliet. C’était aussi Charbonneaux, dont le style est assurément dans
Par Philippe Charbonneaux un passionné d’aviation. Cet autodidacte prolifique la même veine que celui de Paul Lengellé. À n’en
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PHILIPPE CHARBONNEAUX
14
MONOGRAPHIE
Nord 2501 “Noratlas”
Le “taxi”
des paras français
Première partie.
Le “Noratlas” a parcouru le globe, du Groenland
à la Polynésie française, en larguant ses troupes
aéroportées sous toutes les latitudes pendant près
de 30 ans. Retour sur une aventure à nulle autre pareille
grâce aux archives et aux témoignages qu’ont bien
voulu nous accorder certains acteurs de l’époque.
Par Paul Villatoux
N
om de code : “Nord tées et sur les déficiences françaises
2501”, nom d’usage : en la matière. La question des capa-
“Noratlas”, surnoms : cités de l’aviation de transport pour
“le Nord”, “la Grise”, “le faire face aux besoins de ces troupes
Nord à glace”… L’avion se pose en effet dès l’immédiat après-
de transport français emblématique guerre, alors que ces dernières
des années 1953-1980 a laissé un sou- viennent de passer sous la coupe de
venir impérissable aux générations l’armée de Terre.
de parachutistes qu’il a transportées
et larguées. Le bruit caractéristique Des moyens jugés
de ses moteurs, l’odeur particulière
des vapeurs du carburant émanant
sous-dimensionnés
de ses moteurs, les vibrations de sa Créé le 21 mai 1945, le Groupe-
carlingue, sa manière de voler, ont ment des moyens militaires de trans-
ainsi durablement marqué les esprits port aérien (GMMTA) est alors
de ceux qui ont eu la chance de fran- constitué majoritairement de trimo-
chir sa porte ou tout simplement d’y teurs Jun kers 52, dont certains
prendre place dans le cadre d’une sortent des chaînes de montage fran-
mission de liaison. çaises sous le nom d’AAC.1 “Tou-
Comprendre la place qu’occupe can”, et de bimoteurs Douglas
le “Noratlas” au sein des unités para- C-47/“Dakota” (indifféremment
chutistes, c’est d’abord s’interroger appelés “Dakota”, lire Le Fana de
sur les liens indissociables qui l’Aviation n° 638 pour les différen-
unissent avions et troupes aéropor- cier, NDLR). Il s’agit d’appareils,
▲
Juin 1954,
Indochine :
transformation
d’un équipage
de l’Anjou
sur Nord 2501
sous l’œil vigilant
d’un responsable
technique de
l’Operational
Training Unit
(OTU).
20
DR/COLL. PAUL VILLATOUX
À la suite de Diên Biên Phu,
les bataillons parachutistes sont
décimés et de nouvelles unités
doivent être formées et entraînées.
Ici l’un des premiers sauts en
“automatique” depuis un “Noratlas”
dans le ciel d’Indochine.
21
NORD 2501 “NORATLAS”
22
“ Peu à peu, les de Saigon vers Haiphong ou Hanoi à
pleine charge et sans ravitaillement,
équipages découvrent ce qui est particulièrement appré-
ciable dans un contexte de désenga-
gement français de la péninsule qui
les capacités de ce gros se prolonge jusqu’en mai 1955.
23
NORD 2501 “NORATLAS”
appelés enlevaient les tendeurs, n’en d’un ventral afin de sauter par la
et d’un canon de 120 laissant que deux par sécurité. Quand tranche arrière, sous les ordres du
Les largages de conteneurs et tout était OK, le sous-officier infor- sous-officier. Face au vide, juste un
autres charges lourdes depuis la mait les pilotes qui prenaient l’axe de pas et c’était l’ouverture…”
tranche arrière sont, quant à eux, largage ; un signal sonore nous indi-
réalisés alors que la porte cargo à quait qu’il fallait retirer les deux der- Une lente
battants en coquille a été ôtée avant niers tendeurs. Pour ma part, je me
le décollage et remplacée par une tenais près d’une poignée pour inter-
mutation
“casquette” formant une sorte d’au- venir manuellement au cas où le para- Paradoxalement, la carrière opé-
vent. Michel Sonjon, appelé en chute extracteur ne s’ouvrirait pas. rationnelle du “Noratlas” au cours de
Algérie au sein du 3e groupement de Mais c’était magnifique ; le parachute la guerre d’Algérie est à la fois spec-
livraison par air de Blida, se souvient faisait son travail, les charges rou- taculaire – l’avion prenant part aux
ainsi avoir participé à “des largages laient dans l’avion puis chutaient dans deux grandes opérations aéroportées
parfois impressionnants, comme une le vide. Parfois, après le largage du de l’époque (Suez et Bizerte) – et très
Jeep et un canon de 120 depuis le matériel, l’avion reprenait de la hau- méconnue pour ce qui concerne son
“Noratlas” : nous fi xions des che- teur et, pendant ce temps, nous nous rôle au quotidien dans le conflit. Il
mins de roulement, nous chargions équipions d’un parachute dorsal et convient à cet égard de préciser que
à l’intérieur la Jeep et le canon que DR/COLL. HARALAMBON
▲
l’époque sous administration française.
DR/COLL. HARALAMBON
25
NORD 2501 “NORATLAS”
26
tue le saut, les parachutistes sont lour-
dement chargés : deux parachutes,
ventral et dorsal, armes et munitions
prenant parfois place dans un leg-bag
(sac attaché au harnais), un peu de
change dans la musette, une trousse
Ces parachutistes
de toilette, des rations pour deux de la
jours, le casque lourd… Il n’est pas 4e compagnie
rare qu’un parachutiste dépasse les du 3e RPC, assis
120 kg avant l’embarquement. épaule contre
Celui-ci se fait soit par la porte de épaule, vont être
droite, soit par celle de gauche, et peut largués dans
d’ailleurs prendre un certain temps quelques instants
dans la mesure où il répond à des pro- à la verticale
cédures strictes. Après le “pipi de la des combats
peur” pour arroser le talus et la distri- de Timimoun,
bution des parachutes, des faisceaux participant
sont formés, en colonne, composant ainsi à l’un des
un alignement d’armes, de musettes, rares sauts OPS
de sacs, de gaines TAP [troupes aéro- (opérationnels)
portées], de caisses de munitions… de la guerre
Au signal du chef largueur, les d’Algérie.
DR/COLL. BRUSCHI
hommes s’équipent en dorsal comme
en ventral et les dernières consignes ment retirées afin de faciliter le saut. 1 200 m. Arrivés au sol, les hommes
sont promulguées, en même temps Une fois en l’air, le parachutiste n’a défont leur harnachement et brassent
que la fixation du casque et des guère le temps d’apprécier le pay- la voilure que d’autres viendront
sangles (“croisées entre les jambes et sage, les largages en SOA se faisant récupérer. Dans le cas où l’ordre de
fixées à la barrette derrière le ventral” à une altitude comprise entre 300 et partir immédiatement à l’assaut est
témoigne Michel Sonjon) est contrô- 180 m tandis que les sauts “comman- donné, les paras sont tenus d’aban-
lée. Le nombre d’hommes embar- dés” – le parachutiste commande donner aussi sacs et musettes.
qués varie en fonction de la place lui-même l’ouverture – ont lieu à des À différentes reprises au cours du
prise par les équipements, mais on altitudes comprises entre 4 000 et conflit, les parachutistes sont placés
compte généralement deux sticks en alerte, généralement dans le cadre
(groupes de combat chez les para- d’une “réserve aéroportée” suscep-
chutistes) par avion (une trentaine
de paras), certains hommes pouvant “ De nombreuses tible d’intervenir aussi bien sur le ter-
ritoire algérien que sur ceux du Maroc
prendre place directement sur le
plancher de la soute, le dos appuyé
opérations ponctuelles ou de Tunisie. L’attente est souvent
interminable pour les hommes qui
contre la cabine de pilotage, faute de
banquette libre. (…), menées notamment attendent de passer à l’action et dont
l’espoir est souvent déçu à la levée de
Le vol s’effectue, le plus souvent,
sans les portes latérales préalable- au profit du 11e Choc ” l’alerte, parfois plusieurs jours après
le déclenchement de celle-ci.
27
NORD 2501 “NORATLAS”
28
DR
Largage
11e Choc (l’équivalent d’une compa- de paras depuis qui présente le double intérêt de limi- Blanche ou de Blida, avec armes,
gnie) au sud de Port-Saïd (groupe- un “Noratlas” ter le temps de descente sous voile, munitions et équipements complets,
ment Est), l’autre moitié du 2e RPC dans le ciel donc l’exposition aux tirs égyptiens, les formations de paras désignées
(524 hommes) devant sauter en dé- d’Algérie, et de réduire les risques de dérive. pour y participer.”
but d’après-midi sur Port-Fouad, au début des Cet assaut aéroporté est alors
situé sur l’autre rive du canal (grou- années 1960. loin de constituer une affaire consi- Le ventral conservé, mais
pement Ouest). Quelque 40 dérée comme allant de soi, notam-
Nord 2501 de transport, issus non ment en raison du manque d’entraî-
inutile à cette altitude…
seulement du S/GMMTA, mais nement et de pratique depuis Le plan se déroule comme prévu.
aussi des escadrons 1/61, 3/61 et 2/63, l’Indochine. Le gén. Barthélémy Le 2e RPC est rassemblé au camp X
ont été rassemblés à Tymbou, au rapporte ainsi : “Le transport a dû à 00 h 30, le 5 novembre, avec armes
plus près des parachutistes. Pourvus se réentraîner au travail avec les et munitions, et prend dans l’obscu-
de plaques de blindage, ils portent Déchargement paras. En effet, en 1956, aucun exer- rité le chemin de l’aérodrome de
tous le marquage de reconnaissance de véhicules cice aéroporté à l’échelon du batail- Tymbou à bord des camions GMC.
comprenant trois bandes jaunes et à Chypre lon parachutiste n’a eu lieu depuis La perception des parachutes s’effec-
deux bandes noires alternées peint depuis un 2 ans. C’est pourquoi, dans les tue vers 1 h 30 puis, à 3 h 30, c’est
sur les ailes et le fuselage. Nord 2501 en 2 mois qui ont précédé le déclenche- l’embarquement dans les appareils.
octobre 1956,
Décision est prise de larguer les ment de l’opération, des Nord 2501 16 Nord 2501 appartenant aux esca-
dans
hommes à 150 m, faible altitude du S/ GMMTA ont été mis à la dis- drons Touraine et Poitou trans-
le cadre
– 30 m en dessous de la limite – qui ne position de la 10e DP pour faire sau- portent le personnel et quatre autres
de l’opération
pardonne aucune défaillance, mais sur Suez.
ter “à tour de bras”, de Maison- embarquent le matériel lourd (Jeep,
artillerie, mortiers, etc.), ces derniers
chargés chacun à 3,8 t. Les visages
sont graves sous le casque et la ten-
sion est à son comble lorsque les
hommes reçoivent l’ordre de s’équi-
per. Écrasés par le poids des para-
chutes – le ventral a été conservé
pour des raisons psychologiques bien
qu’inutile à cette altitude – et encom-
brés par leurs gaines, certains para-
chutistes ont même du mal à se mou-
voir. À 4 h 40, les Nord 2501
transportant chacun 30 parachu-
tistes et deux largueurs s’arrachent
l’un après l’autre du sol et se mettent
en formation avec intervalle à 8 se-
condes, cap au Sud.
Les différentes opérations de lar-
gage se déroulent globalement sans
histoire, les coupoles se déployant
sous les tirs nourris des armes auto-
matiques adverses. Seule perte à
déplorer, le sergent Bellon tué avant
même de toucher le sol. On relève
▲
DR/COLL. SALBERT
29
NORD 2501 “NORATLAS”
male. À 12 h 30, conformément au ramener à bord sans succès. À l’issue 7 novembre pour des raisons poli-
plan établi, les avions décollent en de longues minutes d’angoisse, il tiques et diplomatiques, cette opéra-
direction de Port-Fouad. À 15 h 15, parvient enfin à se libérer et à utiliser tion aéroportée fait l’objet d’un dé-
ils survolent leur objectif et les paras son parachute ventral de secours. briefi ng complet qui met en avant
s’élancent au-dessus de la zone de Porté disparu après avoir été aperçu Antenne l’excellence de sa préparation et de
saut depuis une hauteur de 150 m. en vie par les aviateurs non loin du mobile son exécution, au-delà des prévisions
Après le bruit assourdissant des rivage, son corps sera retrouvé le chirurgicale les plus optimistes. Moins de dix ans
de la 10e DP
moteurs, c’est le silence du ciel. 11 novembre 1956 sur la lagune, dé- après le constat morose de 1947, dans
embarquée sur
Incident rarissime, le parachutiste lesté de ses équipements, sans bles- lequel le commandement déplorait
un “Noratlas”
Gabrielli reste accroché à l’avion sure apparente. une instruction parachutiste insuffi-
lors
sans doute à cause d’une mauvaise Si l’action des parachutistes est
de l’opération
sante en raison de moyens aériens
sortie. Les largueurs tentent de le stoppée nette dans son élan dès le sur Suez.
surannés et trop peu nombreux,
DR l’armée française fait ainsi la preuve
de sa capacité à mettre en œuvre des
moyens aéroportés à une grande
échelle, principalement grâce au
développement d’un appareil, le
“Noratlas”, dont la disponibilité s’est
révélée remarquable.
Tirant les leçons fi nales de cet
épisode, le gén. Barthélémy constate
ainsi : “Jusqu’à Suez, les étrangers,
et particulièrement les Anglais,
avaient tendance à nous juger
comme des minus, contraints d’avoir
recours pour notre équipement à des
matériels étrangers et vétustes, dont
le trop célèbre Junkers 52, universel
objet de risée, qui a sillonné pendant
des années les routes d’Afrique et
d’Extrême-Orient, sans rechanges,
sans support technique, ne vivant
que d’expédients et de mendicité…
Suez a été un choc : la révélation de
la qualité de notre industrie aéro-
nautique et de la valeur de nos équi-
pages, en un mot, de la renaissance
de l’aviation française.” ■
À suivre
31
ANNIVERSAIRE
25 février 1963,
premier vol du “Transall”
L’alliance franco-
allemande décolle
AIRBUS HERITAGE
L
a succession du “Noratlas”
Allemands et Français s’entendent à la fin s’ouvre en France à partir de
des années 1950 pour concevoir en commun 1956. Sa fabrication bat son
plein ; c’est un succès com-
un avion de transport. Les pressions politiques mercial pour Nord-Aviation.
Que faire après ? L’armée de l’Air
et industrielles rendent le projet difficile à mener. s’intéresse plutôt à un avion-cargo
Son premier vol marque une étape décisive. stratégique, afin de relier la métro-
pole aux colonies. Au même mo-
Par Alexis Rocher ment, les Allemands se penchent sur
32
Le premier
prototype du
C160 “Transall”
avec le Nord 262
en arrière-plan
– 160 pour
la surface
de son aile.
un appareil assez similaire, mais maritime (futur “Atlantic”). Au Chez Nord-Aviation, l’étude d’un
plutôt à vocation tactique. Ils printemps 1958, Allemagne, Italie successeur au “Noratlas” commence.
construisent sous licence le et France s’entendent sur un cahier Un ingénieur du bureau d’études
“Noratlas” ; le futur avion est l’occa- des charges concernant un avion- raconte dans l’excellente publication
sion de relancer leur industrie aéro- cargo capable de transporter 8 t sur Mémoire d’usine : “L’étude de cet
nautique qui renaît tout juste. 4 500 km en atterrissant sur une avion-cargo s’est avérée difficile. J’en
L’heure est à la coopération. piste de 600 m, et d’effectuer un al- conserverai un assez mauvais souve-
L’Otan promeut en effet des pro- ler-retour sur 1 200 km en utilisant nir. Pendant deux ans on a cafouillé
grammes en commun, notamment une piste sommairement aménagée à chercher comment faire cet avion.
pour lancer un avion de patrouille d’également 600 m. Pourtant il y avait le “Hercules”
▲
33
PREMIER VOL DU “TRANSALL”
AIRBUS HERITAGE
Les deux
comme modèle. Mais je n’arrivais pas le coup pour notre nouveau cargo, premiers nouveau l’impasse. Alors j’ai dit à
à avoir un avion qui se tienne. c’est vital pour notre plan de charge “Transall” Bonte qu’il avait mal misé avec son
Heureusement on a eu une petite et les possibilités de notre armée de sont présentés garçon et je l’ai convaincu qu’il fallait
éclaircie. On a dû faire le projet d’un l’Air sont limitées.” au Salon non pas passer par leur ministère,
avion de surveillance maritime – le Un ingénieur militaire détailla du Bourget mais par les industriels allemands,
projet dérive du [Nord] 2500 – avec plus tard dans Un demi-siècle d’aéro- de 1963. pour les convaincre que leur renou-
tous les équipements dans une grande nautique en France, publié en 2007, Le premier veau dans le domaine des fabrica-
salle de travail. Mais au lieu d’un la difficulté des négociations : « Notre avait été tions de série devait avoir une suite.
avion bipoutre, j’ai cherché une autre plan de charge était dans une im- assemblé C’était ça l’idée de base ! Leur propo-
solution bilobée : lobe cabine et lobe passe dont il fallait absolument sor- en France, le ser la suite, mais en les impliquant
soute indépendants, section moins tir. C’est pour cela que je suis allé voir second réellement en tant que véritables par-
importante et une aile au milieu. Louis Bonte, directeur de la DTI en Allemagne. tenaires. J’ai dit à Bonte : “Laisse-
Tout de suite on a fait une ma- (Direction technique et industrielle), moi faire. Qu’est-ce que je risque ! ?”
quette, et notre projet a été retenu. pour lui proposer de convaincre à Il m’a donné carte blanche.
Finalement il a été donné à Breguet, nouveau les Allemands de s’y inté- J’ai alors pris le train pour aller
qui présentait des solutions origi- resser. Pour nous il fallait sauver dire aux industriels allemands que le
nales en structure “nida” (nid l’avion en doublant les commandes. projet Calvy était à leur portée, non
d’abeille). Mais ça nous a redonné Pourquoi est-ce que l’on ne leur de- pas comme licence mais comme pro-
de la confiance pour ce “Transall”. manderait pas s’ils ont vraiment sou- jet en coopération. J’ai vu Blohm,
C’était la même voilure, le même pesé le problème du successeur du Pohlmann, et le professeur Blüme.
tonnage, les mêmes moteurs.” “Noratlas”, premier avion fabriqué
en série par les Allemands grâce à
L’importance une licence française ?
Il a alors envoyé un de ses ingé-
d’une coopération nieurs, charmant garçon au demeu- Les projets
Nord-Aviation travaille sur le rant, mais qui n’était pas du tout fait
projet C40 (lire encadré ci-contre). pour une négociation de ce genre. Il de “Transall”
Jean Calvy, directeur du bureau est revenu bredouille. Il était allé ta- En juin 1958 la fiche programme pour
d’études du constructeur, souligne per à la porte de ses homologues, au un avion de transport destiné à équiper
en 1966 dans Air & Cosmos l’impor- ministère de l’Air allemand, qui lui l’Allemagne, la France et l’Italie suscita
tance de la coopération : “Le déve- avaient dit qu’ils n’étaient toujours l’intérêt des bureaux d’études.
loppement de nouveaux types pas intéressés du fait de leurs Les Allemands de Hamburger Flugzeugbau
d’avions devient de plus en plus coû- contraintes budgétaires. C’était à et Weser Flugzeugbau alignèrent des
teux et, lorsqu’on observe l’évolution projets, de même que Nord-Aviation en
de l’aéronautique, on constate qu’au- France avec le C40. Sud-Aviation proposa
cun pays de la taille des pays euro-
péens ne pourra dans un proche “ Il faut être ferme, entre autres le SA 84M, quadrimoteur
assez proche de ses concurrents.
avenir se permettre d’être indépen-
dant dans ce domaine. La coopéra-
il faut être clair (…). Sud-Aviation s’associa finalement
avec Hurel-Dubois sur le SA HD 120.
tion s’impose donc… Et pour nous,
le partenaire désigné par la nature, Mais ne dépassez jamais Ce fut le C40 de Nord qui l’emporta.
AIRITAGE
35
PREMIER VOL DU “TRANSALL”
la motorisation se porte sur la turbine ler le bruit selon lequel il est possible
“Tyne” du britannique Rolls-Royce. de monter la turbine “Tyne” à la
Elle a le mérite d’être déjà adoptée place de l’Allison T56 sur le C-130,
sur l’“Atlantic” et contribue égale- ce qui offre une tonalité européenne
ment à la dimension européenne du à son champion. Finalement, le gou-
projet. Le 1er décembre 1959, un vernement allemand opte pour le
contrat entre les gouvernements sur “Transall”, fermant la porte à
la phase d’étude offre au programme Lockheed. Dès mars 1960, malgré
de bonnes perspectives d’avenir. la concurrence du “Hercules”, la
fabrication de trois prototypes V1 à
“Transall” V3 (versuchsmuster, modèle d’essai)
est lancée. L e groupement
face à “Hercules” “Transall” dispose d’un comité di-
P ourtant à cette époque le recteur en charge des grandes orien-
“Transall” affronte la vive concur- tations et d’un bureau central qui
rence du Lockheed C-130 “Hercu- coordonne les travaux. Des groupes
les” américain (lire encadré ci-des- de travail réunissent ingénieurs alle-
sus). Ainsi en juillet 1959, en pleine mands et français, de même que des Le C160D 9525 (plus tard YA+052) a volé
négociation autour du “Transall”, militaires de deux pays. pour la première fois en août 1965.
l’un des administrateurs de Nord- La conception n’est pas simple à Ce fut l’un des premiers “Transall”
Aviation souligne au conseil d’admi- mener comme le souligne un respon- de série fabriqués en Allemagne.
nistration : “La menace est très sé- sable de Nord-Aviation alors qu’il
rieuse et le récent échec du explique à son bureau d’études la
“Mirage” III en Allemagne constitue façon dont se répartissent les tra-
un précédent fort inquiétant.” En vaux, notamment la conception du
1958, l’Allemagne a en effet opté fuselage que les Allemands récla-
36
Le Lockheed C-130A “Hercules”
DR/COLL. JACQUES GUILLEM est entré en service en 1956.
Allemands la perte du fuselage. Du senté une étude de train “Jockey” “On a pensé à un autre projet de
genre : “Nous sommes bien gentils, [adapté aux bosses et inégalités des train qui semble plus intéressant.
mais si vous insistez fort, on va voir !” pistes en herbe, NDLR] qui sem- – Ça ne nous intéresse pas. Nous
C’était passionnant ! Et puis la blait intéressant par certains côtés, tenons à avoir le marché. Les Alle-
partie était gagnée ! À partir de ce mais qui ne s’adaptait pas au projet mands sont maîtres d’œuvre. Votre
moment, la coopération ne pouvait que nous avions. truc est peut-être très bien, mais nous
être qu’une réussite.” En travaillant avec deux ingé- ne voulons rien savoir. Allez vous
nieurs de Nord-Aviation, spécia- rhabiller ! Nous conservons le projet
Le train d’atterrissage listes des problèmes de train, et établi par les Allemands.”
l’ingénieur de chez Messier, nous
Messier refusé… sommes arrivés à définir le train … puis finalement
Un ingénieur relate un autre d’atterrissage du “Transall” actuel,
épisode : “Le projet pour le train avec tous ses avantages pour un
accepté par les Allemands
d’atterrissage, dans le fuselage, avion tout terrain, à roues tirées [la Ensuite il y a eu à Châtillon la
était du côté allemand, réalisé par fourche qui maintient la roue est réunion de définition de l’avion, avec
Hambourg. En regardant ce projet, libre par rapport au pivot, la roue est les responsables des études et les ser-
j’avais trouvé que le train d’atter- libre en direction, NDLR], et aussi vices de contrôle officiels, et les ser-
rissage se présentait mal ; les points avec ses possibilités de raccorde- vices de l’armée. On a fait le tour de
d’accrochage ne correspondaient ment à la structure, pour l’introduc- tous les problèmes, et la question des
pas avec les points forts de la fabri- tion des efforts. Nous sommes allés gains est arrivée. Après la présenta-
cation du fuselage. Bref, c’était très chez Hispano, voir le directeur tech- tion du projet Hispano, le patron de
gênant. Messier nous avait pré- nique, en lui expliquant : Messier a dit :
▲
37
PREMIER VOL DU “TRANSALL”
38
DR/COLL. JACQUES GUILLEM
Le premier
sard (!), Mathieu passe sur les lieux, premiers essais de roulement sont “Transall” donc pas rentrés. Au terme de 55 mi-
s’informe du stand-by et dit : “Je m’en effectués les 16 et 17 février 1963. au Bourget nutes de vol à une altitude maximale
occupe”. Le transporteur, incrédule, “Ils sont l’occasion d’effectuer en juin 1963. de 2 500 m, l’avion se pose sans pro-
prépare le bivouac nocturne du quelques sauts de puce”, rapporte Il avait volé blème. Pour la petite histoire, l’appa-
convoi, laissant entendre que son la presse de l’époque. pour la reil vole avec une immatriculation
expérience et ses relations… Trois première fois allemande (D-9507) puisqu’il ap-
quarts d’heure après, retour de Premier vol le 25 février. partient au gouvernement allemand.
Mathieu et à la cantonade : Le deuxième prototype est as-
“Allez les enfants, en route, on
sous la neige semblé en Allemagne à Lewerder,
passe. J’ai téléphoné au préfet ; les Dernier contrôle au sol le 24 fé- et vole pour la première fois le
voitures de police récupèrent les ef- vrier. Le lendemain la matinée se 24 mai 1963. Il est présenté avec le
fectifs à leur domicile personnel : top passe à procéder aux derniers ré- premier avion au Salon du Bourget
départ, 20 heures ! glages. L’après-midi Jean Lanvario de 1963. Le dernier prototype est
– Eh bien, celui-là, a commenté (pilote), Jean Caillard (ingénieur assemblé à Hambourg-Finken-
le transporteur lyonnais, il a le bras navigant), Lucion Goypieron et werder par HFB et vole pour la pre-
En 1963, le
long.” » Louis Bonfand, mécaniciens, em- mière fois le 19 février 1964. Dès lors
“Transall”
Le prototype est assemblé dans barquent à bord de l’avion qui dé- le “Transall” est lancé ; plus de
incarnait la
les ateliers de Melun-Villaroche, colle. La piste étant enneigée, marche arrière possible. Suivent les
coopération
puis il est pris en compte par l’équipe craint des dégâts provoqués avions de présérie, puis l’entrée en
aéronautique
l’équipe des essais en vol sous la par des projections de neige dans les entre la France
service à partir de 1967 (lire à ce
direction d’Henri Mangeot. Les logements des trains, qui ne sont et l’Allemagne. propos Planète Aéro n° 3). ■
39
REPORTAGE
XAVIER MÉAL
Craig Hutain
aux commandes
du Bell P-39Q
du Centex Wing
de la CAF, non
loin d’Oshkosh,
en août
dernier.
41
BELL P-39Q OLD CROW
V
ous blaguez ? Tout le plai-
sir est pour moi, je suis
très honoré que vous vou-
liez faire ça, c’est très ex-
citant !” répond douce-
ment, en riant malicieusement
devant sa webcam, Clarence Emil
Anderson. C’était en mars 2022, lors
d’une vidéoconférence organisée
par le Centex [Central Texas] Wing
de la Commemorative Air Force ;
John P. Cyrier venait de faire sa de-
mande en direct, aussi ému qu’un
jeune homme demandant la main de
sa belle… tout député du Texas et
PDg d’une très grosse entreprise de
construction qu’il était.
Son projet pouvait officiellement
être lancé, et il lui fallait le gérer de
la façon la plus serrée possible pour
espérer le voir aboutir quelques se-
maines plus tard à Oshkosh, dans le
Wisconsin, lors de l’EAA AirVenture
2022, la grande messe annuelle de
l’Experimental Aircraft Association.
▲
Tout au long de son séjour, il ac- quelque chose à voir avec l’action
cueillit de nouveaux pilotes envoyés de boire… parce que c’est ce que
grossir les rangs de la nouvelle unité, nous faisions alors !, aime raconter
parmi lesquels un certain “Chuck” le vénérable as avec un petit sourire
Yeager. “Bud” Anderson obtint sa gourmand en coin. Tous mes com-
qualification de chef de pagnons de boisson
patrouille, pilotant des savent que j’ai baptisé
“Airacobra” des sous- mes avions d’après un
types D et plus tard Q, whisky Bourbon du
tandis que le nouvel Kentucky.” Le Ken-
escadron fut envoyé à tucky Straight
Santa Rosa puis à Bourbon Whiskey Old
Oroville, en Califor- Crow avait l’immense
nie, et finalement à avantage… d’être très
Casper, dans le Wyo- bon marché.
ming, avant d’être ex-
pédié en Angleterre Le P-39 selon
en novembre 1943.
Avant que “Bud”
“Bud” Anderson
n’embarque pour le “Comme c’était mon
théâtre européen des premier chasseur, je John Cyrier
opérations, il eut n’avais aucun point de met la touche
l’opportunité de comparaison, raconte finale à la
personnaliser “Bud” Anderson. Je le livrée du Old
l’avion qui lui avait DR trouvais plutôt bien et Crow avant de
été assigné en tant j’aimais le piloter. Mais il s’envoler pour
que chef de patrouille. “Je voulais lui n’aurait pas valu grand- Oshkosh.
donner un nom en lien avec l’action chose au combat en Europe parce
de voler, mais je voulais aussi qu’il ait que son moteur n’était équipé que
TENNYSON MORENO
43
BELL P-39Q OLD CROW
44
ce Old Crow… et que ce serait carré-
ment phénoménal de réussir à faire
voler ensemble notre P-39 en Old
Crow, le P-51B Old Crow de Jack
Roush et le P-51D Old !”
45
BELL P-39Q OLD CROW
XAVIER MÉAL
“Bud”
gea légèrement l’hélice et le bord Anderson Stear man “Kaydet” de 1941, plus
d’attaque d’une aile. Une fois réparé, devant le 800 heures aux commandes d’autres
il reçut une nouvelle livrée, cette fois P-39Q du types d’avions ainsi que les qualifi-
celle du P-39N du 2nd lt Bill Fiedler Centex Wing cations multimoteurs, commer-
du 347th FG basé à Guadalcanal, le de la CAF, ciales et vol aux instruments
seul pilote qui parvint au statut d’as à Oshkosh lorsqu’il eut l’idée de rendre hom-
sur P-39, en abattant cinq avions japo- l’été dernier, mage au premier des Old Crow.
nais – trois chasseurs A6M “Zero” et qu’il vient 1 500 heures constituent déjà une
deux bombardiers en piqué D3A de dédicacer. expérience considérable, mais pas
“Val” – entre janvier et juin 1943. suffisante pour piloter un warbird,
De gauche à en particulier un aussi rare que
Approuvé par “Bud” droite : Mark l’“Airacobra”. Pour concrétiser son
Cyrier, “Bud” rêve, John Cyrier débuta donc un
Anderson lui-même Anderson,
entraînement spécifique.
John Cyrier,
John Cyrier avait plus de Ses centaines d’heures de
Tennyson
700 heures de vol sur son Boeing Stearman constituaient une fonda-
Moreno.
XAVIER MÉAL
46
Craig
suivie par “Bud” Anderson au début Hutain, aux lement assuré que le P-39 du Central Virginia Beach, dont le P-39F venait
des années 1940. Et que personne commandes Texas Wing était dans le meilleur de reprendre les airs après restaura-
n’avait plus suivie depuis la Deuxième du P-39Q, état mécanique possible avant de tion. Ce dernier avait été équipé de
Guerre mondiale. Qui, en effet, de mène Paul s’envoler à ses commandes. Les freins modernes de la marque
nos jours, peut dire que le premier Draper dans le avions de la CAF ont ceci de parti- Redline et de moyeux de roue en alu-
chasseur qu’il a piloté est un P-39 ? P-51B Old Crow culier qu’ils sont soutenus financiè- minium. John Cyrier put ainsi
John Cyrier a également bénéfi- de Jack Roush rement par des bénévoles et des converser directement avec Dan
cié de la disponibilité du T-28C de et Ray Fowler donateurs, et des sponsors comme Kumler, qui avait à l’origine fondé la
son frère Mark, seul warbird à train dans le P-51D John Cyrier. Ce dernier a lancé une société Redline ; “Dan a pu repro-
tricycle de grosse puissance qui res- Old Crow de campagne de dons qui a rassemblé duire le même type de freins à disque
semble à certains égards à un P-39. Jim Hagedorn, une somme permettant de rempla- qu’ils mettent habituellement sur les
“C’était une excellente préparation. non loin cer au début de 2022 les compo- P-40, les Stearman et les T-6 et a fa-
Si quelqu’un veut piloter un P-39, je d’Oshkosh, en santes freins et roues d’origine, dif- briqué de belles roues en aluminium
lui recommande fortement de passer juillet dernier. ficiles à utiliser et entretenir, par des toutes neuves pour nous”.
par le T-28, comme cela m’a été re- “Bud” ensembles plus modernes. Si la préparation du P-39 et celle
commandé. Avec ses 1 400 ch, il a Anderson est Pour ce faire, le Central Texas de John Cyrier avançaient bien, il
largement contribué à ce que je me en place arrière Wing et John Cyrier prirent conseil manquait encore au projet un ingré-
sente bien préparé.” Ce faisant, le du “Mustang” auprès du Military Aviation Museum dient clef. En octobre 2021, John
député de l’État du Texas s’est éga- biplace gris. du collectionneur Jerry Yagen, à Cyrier contacta donc le fils de “Bud”,
▲
47
BELL P-39Q OLD CROW
XAVIER MÉAL
Jim Anderson, et lui exposa son idée de la bouche ou de la main même du Commença alors pour John
de donner au P-39 du Central Texas triple as. Et c’est ainsi qu’il fit sa de- Cyrier une véritable course contre la
Wing la livrée du tout premier Old mande en direct en mars dernier, montre. Grâce aux photos d’époque
Crow. “Jim m’a répondu dès le len- lors d’une vidéoconférence organi- prise par “Bud” Anderson, il fit réali-
demain, très enthousiaste, et m’a sée par le Centex Wing. Après avoir ser par la société Aero Graphics les
envoyé des tonnes de photos de gracieusement accepté, Bud “décals” nécessaires. Puis, avec son
l’avion, se souvient John Cyrier. Je Anderson ajouta “Oh là là ! Cela frère Mark et son jeune chef d’avion
n’en ai pas cru mes yeux. À l’époque, donnera l’occasion de faire de Tennyson Moreno – un bénévole du
Bud avait un appareil photo chouettes photos au sol. Mais si on Centex Wing – et un peintre local,
“Brownie” fabriqué par Eastman arrivait à mettre les trois avions [le appliqua la nouvelle livrée un mois à
Kodak et avait pris toutes ces pho- P-39, le P-51B et le P-51D, NDLR] peine avant le grand rendez-vous
tos !” Mais avant toute chose, John ensemble en l’air, ce serait carrément d’AirVenture. Il ne fit son lâcher sur
Cyrier voulait obtenir la permission quelque chose !” l’“Airacobra” que le 12 juillet, sous la
48
Craig
supervision de Craig Hutain, le chef Hutain aux en place arrière. Les étoiles s’ali- éduquer – ce que nous avons fait à pro-
pilote du Centex Wing qui l’accompa- commandes gnèrent parfaitement, et tous les Old pos du P-39 et des hommes et femmes
gna aux commandes d’un T-28. du P-39Q du Crow se retrouvèrent sur le parking qui ont servi durant la Deuxième
Centex Wing d’Oshkosh, puis en l’air, sous les yeux Guerre mondiale –, inspirer – je sais
Grands moments lors de la de “Bud” Anderson en place arrière que nous avons inspiré un grand
mission photo d’un “Mustang” biplace. Et ceux de nombre de personnes à Oshkosh –,
d’émotions “Special Old John Cyrier qui avaient pris place dans honorer. Mais tout cela n’est pas tant
Puis il s’entraîna à piloter le chas- Crow” un des avions caméra. une histoire d’avion que celle d’un
seur presque tous les jours jusqu’à ce organisée lors “Amener notre P-39Q jusqu’à grand homme… d’un héros !” ■
que soit venu le moment de le convoyer d’AirVenture Oshkosh après en avoir fait le Old
jusqu’à Oshkosh. Un voyage sans pro- 2022. Crow concrétise la mission de la CAF, À la mémoire de Craid Hutain
blème, accompagné de son frère Mark expliqua John Cyrier après être rentré décédé dans un accident d’avion
dans son T-28 avec Tennyson Moreno avec le P-39 sur sa base de San Marcos : le 12 novembre 2022.
49
UN DESSIN, UNE HISTOIRE
Le X-15,
un hybride entre avion
et navette spatiale.
50
1963, le X-15 à la conquête en 83 secondes. L’ajout de deux
réservoirs supplémentaires porte à
Vers l’infini
l’appareil, qui part depuis un B-52
pour réserver toute son énergie dans
la recherche de performance. Trois
X-15 sont assemblés.
A
vec le X-15 Romain neux. En résumé : allez le plus vite mai 1960. En octobre 1961, ce sont
Hugault nous ouvre tout et le plus haut possible. La puissance les 200 000 pieds (60 960 m) qui sont
grand les portes de la se trouve dans un moteur emprunté atteints. Le 17 juillet 1962, Robert
conquête de l’espace. Un au monde des fusées. Il faut désor- White traverse la frontière avec
av ion ? mais se passer de l’espace avec 96 km (314 750 pieds).
Plus tout à fait. l’oxygène comme “Joe” Walker est à 82,7 km le
Une navette spa- comburant et trou- 17 janvier 1963, Robert Rushworth
tiale ? Pas encore. Il ver un substitut pour le dépasse avec 86,7 km le 27 juin.
“Joe” Walker
trouve néanmoins le mélanger à un car- Moins d’un mois plus tard, le X-15
devint astronaute
toute sa place dans burant. Les chimistes est à 100 km d’altitude. “Joe” Walker
le 19 juillet 1963
une époque où la se livrent à des expé- atteint 106,1 km le 19 juillet pour le
en dépassant
recherche aéronau- riences dangereuses les 100 km
vol n° 90 et pour le suivant emmène
tique américaine est en mélangeant avec d’altitude.
le X-15 à 108 km, le 22 août. Record
littéralement galva- des pincettes des absolu pour un avion !
nisée par la compé- liquides corrosifs ou À chaque fois l’appareil dépasse
tition technologique à très basse tempéra- les Mach 5,5. À huit reprises le X-15
avec l’adversaire N ASA ture. Les Allemands excède les 80 km d’altitude. Le
communiste. ouvrent la voie avec l’oxygène liquide 15 novembre 1967, Michael James
Avec le recul, le cahier des à - 183 °C comme comburant pour Adams perd le contrôle du X-15 n° 3
charges du X-15 paraît insensé, propulser le V2 en le combinant et trouve la mort quand l’appareil se
voire téméraire. Le mur du son est avec l’éthanol. Avec le X-15, l’oxy- désintègre après avoir affiché 81 km
tombé en 1947. En plein milieu des gène liquide rencontre comme car- sur l’altimètre. C’est le seul pilote tué
années 1950, quand le plus rapide burant l’ammoniac. Sa fusée XLR99 sur X-15. Le chiffre de 80 km a son
des avions peine à atteindre Mach 3, poussera fort, mais pas longtemps. importance dans la mesure où l’US
Le X-15 fut
les ingénieurs de North American Elle consomme 4,5 t d’ergols par Air Force place précisément ici la
mesuré
qui dessinent le X-15 visent Mach 6 minute et fournit une poussée de limite de l’espace et considère donc
à Mach 6,7
et partent vers les étoiles avec en 25,8 t au sol. Dans un premier temps Robert White, Robert Rushworth,
et 108 km
perspective des plafonds vertigi- la XLR99 épuise les ergols du X-15 d’altitude.
“Joe” Engle (85,5 km), “Pete”
Knight (85,5 km) et Michael James
Adams comme des astronautes.
Problème : la Nasa retient comme
limite de l’espace la convention in-
ternationale des 100 km de la ligne
de Kármán. “Joe” Walker, “Jack”
McKay (90 km d’altitude le 28 sep-
tembre 1965) et Bill Dana (93,5 km
le 1er novembre 1966), qui appar-
tiennent à l’agence, ne sont donc pas
classés parmi ses astronautes.
Une sorte d’injustice par rap-
port aux pilotes militaires qui est
seulement réparée le 23 août 2005,
quand la Nasa leur décerne fi na-
lement le titre d’astronaute. C’est
malheureusement à titre posthume
pour “Joe” Walker, tué quand son
F-104 percuta l’XB-70 “Valkyrie”
le 8 juin 1966, et “Jack” McKay,
mort de maladie le 27 avril 1975.
Pilotes, astronautes, qu’importe,
ils avaient tous l’étoffe des héros
en volant sur X-15. ■
USAF
51
MONOGRAPHIE
Boeing 727
La naissance
d’un chef-d’œuvre
D
ans les années 1950, aux turbopropulseurs pour opérer ces
États-Unis, la croissance liaisons courtes. C’était le cas chez
ce qui va devenir l’un du trafic aérien était ra- Lockheed qui fondait de grands
pide. Les lignes inté- espoirs sur son L.188 “Electra”. En
de ses chefs-d’œuvre, le 727. rieures se développaient dépit de pertes importantes sur le
Pourquoi ce triréacteur et se multipliaient. Alors que les
premiers jets permettaient d’accélé-
programme 707, alors que la produc-
tion des B-52 pour l’USAF battait
a marqué l’histoire ? rer les vols internationaux, les avion- son plein, Boeing réfléchissait néan-
Par Frédéric Marsaly neurs développaient des appareils à moins à un court-courrier à réac-
52
Le premier
Boeing 727
lors de son vol
inaugural
en février 1963
ne dérogea pas
à la tradition de
la photo avec
le mont Rainier,
volcan qui
domine Seattle
et sa région
du haut
de ses 4 392 m,
en arrière-plan.
BOEING
tion. Personne ne l’imaginait encore, que beaucoup d’autres cherchaient à sous licence avant d’en abandonner
mais les ingénieurs de Seattle étaient suivre. Chez le californien Douglas, l’idée et de concevoir le DC-9 qui s’en
sur le point de concevoir un chef- on travailla un temps sur un éphé- inspirait, quoi qu’on en dise.
d’œuvre ! mère projet Model 2067, une version Du côté de Boeing, la situation
Faire franchir le cap de la réaction juste raccourcie du DC-8 qui ne dé- était contrastée. La production des
aux court-courriers n’était pas l’apa- clencha qu’une indifférence polie des B-52 pour l’USAF permettait à l’en-
nage des seuls constructeurs améri- compagnies aériennes. Le construc- treprise d’ouvrir plusieurs chaînes
cains. Sud-Aviation et la Caravelle teur se tourna alors vers la France et d’assemblage entre Seattle et
avaient quelque peu tracé une voie envisagea de produire des Caravelle Wichita, mais si les qualités du 707
▲
53
BOEING 727
Des analyses
optimistes
Les projections commerciales
semblaient propices. Selon les ana-
lystes de Boeing, l’investissement
consenti pour ce court-courrier
pourrait être rentabilisé en un peu
moins d’une décennie en atteignant
entre 200 et 240 exemplaires vendus
sur un marché estimé à 500 avions
pour 1965. Surtout, la taille de ce
marché pourrait doubler d’ici la fin Jack Steiner
de la décennie et les analyses les plus (à droite) est
optimistes indiquaient qu’un Boeing considéré comme
court-courrier pourrait alors viser le père du 727.
les 400 exemplaires. Il œuvra aussi
Néanmoins, pour concevoir un sur le 737 dont
tel appareil, il fallait, au préalable, il fut ingénieur
prendre un compte un certain en chef en fin de
nombre de paramètres et surtout les carrière, autre
contraintes des grandes compagnies. chef-d’œuvre.
BOEING
En ce milieu des années 1950, les
infrastructures aéroportuaires fut finalement la formule triréacteur taires signées l’année suivante lui
étaient encore sommaires. L’appa- qui fut retenue. Le motoriste Rolls- donnèrent raison !
rition des jets sur certains aéro- Royce fut initialement choisi pour Au cours de son développement,
dromes mettait généralement en équiper le nouveau jet, mais Pratt & le 727 avait connu plusieurs configu-
tension les approvisionnements de Whitney présenta son projet de réac- rations. Certaines étaient très clas-
carburant. Sur les aéroports de New teur à double flux JT8D qui emporta siques avec un réacteur sous chaque
York, par exemple, les pistes s’avé- le marché, alors même qu’il ne s’agis- aile et un troisième sous la dérive,
raient un peu courtes. À La Guardia, sait que d’un projet s’appuyant sur les mais certaines études avaient même
elles ne faisaient que 1 500 m de long ; modèles produits jusqu’alors. envisagé de mettre ce réacteur cen-
à l’aéroport international d’Idlewild tral sur le côté du fuselage, en confi-
(qui ne fut rebaptisé John F. Kennedy 80 commandes pour guration asymétrique. Finalement,
qu’en décembre 1963), la piste la plus les ingénieurs optèrent pour rassem-
longue ne mesurait que 2 900 m, ce
un objectif fixé à 100 bler les trois réacteurs tout à l’arrière :
qui ne permettait pas aux jets de Le 5 décembre 1960, Boeing or- “L’installation des réacteurs à l’ar-
décoller à pleine charge. Le prolon- ganisa une conférence de presse rière était plus restrictive, surtout si
gement des pistes était parfois pos- pour annoncer que, forte d’une com- on envisageait des versions allongées,
sible, mais à 3 000 dollars le mètre mande de 80 avions – 40 pour mais les gains aérodynamiques
(environ 33 797 dollars de 2022), les Eastern Airlines et autant pour étaient sensibles”, explique un ingé-
opérateurs ne s’y précipitaient donc United – le futur 727 allait être lancé. nieur, et d’ajouter : “Nous avions des
pas – d’autant plus que le trafic des Ce contrat, pour un montant total de indicateurs qui nous laissaient penser
jets était encore minoritaire. 350 millions de dollars, soit 4,3 mil- que rassembler les réacteurs à l’ar-
Il s’agissait des défis à relever par lions par avion, était alors l’opération rière serait moins onéreux, notam-
une équipe à laquelle on mit à la tête commerciale la plus importante de ment parce qu’un grand nombre de
Jack Steiner (1917-2003), ingénieur toute l’histoire de l’aviation civile. systèmes seraient plus concentrés.”
entré chez Boeing pour travailler sur Cependant, en coulisse, les choses Cette configuration laissait donc
les B-29 et qui poursuivait là une n’étaient pas aussi roses que l’avion- les ailes “propres” et cette voilure
brillante carrière. En mai 1957, il se neur l’annonçait. Lors des diffé- allait être l’atout maître du 727 dans
vit donc chargé d’analyser les rentes étapes préliminaires, le but à sa conquête des marchés intérieurs.
concepts utilisables pour ce futur atteindre pour pouvoir lancer le 727 L’objectif était d’avoir un avion
court-courrier. Quelque 150 projets était de 100 appareils. Avec les com- capable d’utiliser des pistes courtes,
furent avancés dont 68 firent l’objet mandes des deux compagnies, il en notamment celle de La Gardia à
d’essais en soufflerie pendant que manquait 20. Lors d’une réunion New York, qu’il devait pouvoir utili-
l’équipe grandissait au point de quelques semaines plus tôt, Bill ser au décollage à pleine charge pour
compter environ un millier d’ingé- Allen, le patron de Boeing, assurer certaines missions longues
nieurs au tournant des années 1960. convaincu par les arguments de sans ravitailler sur place, et monter
Pour convenir aux besoins expri- Steiner, prit seul la décision : “On y assez vite pour se conformer aux
més par les compagnies aériennes, ce va !”, et 37 commandes supplémen- procédures antibruit de la plate-
54
Le premier 727
est sorti de
l’usine de Renton
le 27 novembre
1962.
BOEING
forme déjà imbriquée dans une zone puis des becs à fente sur le reste de des systèmes de freinage et celle des
fortement urbanisée. l’envergure. En arrière de l’aile se inverseurs de poussée qui équipent
On lui demandait aussi de pou- trouvent des volets “Fowler” à triple les deux réacteurs extérieurs.
voir décoller de l’aéroport de Denver fente qui augmentent la surface por- Le fuselage du 727 reprit la sec-
pour rejoindre Chicago avec 75 pas- tante de l’aile de 36 m2. Ainsi le 727 tion, à quelques adaptations près, du
sagers à bord, et ceci en tenant compte dispose d’une vitesse de croisière fuselage du 707 ce qui permit d’ac-
d’une densité-altitude élevée au dé- élevée mais parvient à des vitesses commoder avec un confort conve-
part, l’aéroport étant situé à 1 640 m d’approches basses qui le rendent nable six sièges de front autour d’une
d’altitude, ce qui dégrade les perfor- compatible avec les pistes courtes. allée centrale. Il conservait égale-
mances des avions au décollage, situa- Des déflecteurs rétractables courant ment de son prédécesseur long-cour-
tion encore aggravée par la chaleur. le long de l’envergure sur l’extrados rier le même principe de commandes
servent d’aérofreins en vol et de des- pour le roulis et le lacet mais innovait
Des ailes tructeurs de portance lorsque l’avion pour le tangage avec une dérive en T
est au sol, ce qui renforce l’efficacité dont la surface horizontale est entiè-
▲
incroyables
Les ailes du 727 sont une mer- L’incroyable
veille d’ingénierie et d’une com- aile du 727 et
plexité folle. Elles permirent au 727 ses dispositifs
hypersustenta-
de répondre à la demande des com-
teurs, en bord
pagnies pour que l’avion se conforme
d’attaque comme
aux aérodromes exigeants mais sur-
en bord de fuite,
tout, elles permettaient à l’avion de permirent
conserver l’atout maître des jets, la à l’avion
vitesse de croisière élevée. Au dé- d’atteindre
part, United souhaitait un appareil les performances
disposant d’une aile en flèche à seu- attendues.
lement 30° pour assurer des perfor-
mances à basse vitesse acceptables,
mais Boeing opta pour une flèche
prononcée de 32°, et surtout un sys-
tème de dispositifs hypersustenta-
teurs complexes.
Sur les bords d’attaque, près de
l’emplanture de l’aile, on trouve une
série de becs dits volets “Krüger” qui
s’abaissent à 55° au moment de la
sortie des volets de bords de fuite,
BOEING
55
BOEING 727
56
Le succès des premières versions
du 727 entraîna le lancement
d’une version plus longue de 6 m,
le 727-200, qui fut également
un éclatant succès technique
et commercial.
BOEING
57
BOEING 727
La pureté des
lignes du 727-200
apparaît comme
une évidence
sur cet appareil
d’Olympic
au décollage
d’Athènes.
DR/COLL. J. GUILLEM
La plupart des
727 furent
vendus à des
compagnies
nord-américaines,
comme ici
National Airlines.
DR/COLL. J. GUILLEM
nombreux essais au profit du pro- Le quatrième, immatriculé N68650, comme il le précisa quelques années
gramme 727 pendant une dizaine vola le 22 mai et fut initialement dé- plus tard : “Le programme d’essais en
d’années avant d’être stocké en 1973 dié aux essais de fiabilité et au fonc- vol du 727 fut le plus intensif pro-
et ferraillé deux ans plus tard. tionnement des systèmes lors de gramme de certification civile jamais
L’existence de ce second appareil est 264 heures de vol. C’est sur cet appa- mené par Boeing jusqu’alors !”
souvent à l’origine d’un mauvais dé- reil que la certification fut obtenue le
compte du nombre de 727. Certaines 20 décembre 1963. Au total, les vols Des essais en vol
listes se basant sur les avions effective- d’essais pour la certification totali-
ment livrés par Boeing donnent une sèrent 1 143 heures dont 725 pour
plus que réussis…
production de seulement 1 831 triréac- Boeing et 418 au titre de la FAA. L’avion se montra finalement
teurs. Or, il a bien été construit 1 832 Boeing était allé au-delà de ce que très nettement supérieur aux estima-
appareils de ce type. Le second n’a les autorités réclamaient en termes tions : il était plus rapide de 30 km/h,
juste jamais été livré à une compagnie ! d’analyse de la fatigue structurelle consommait 10 % de carburant en
Le troisième 727 construit, le des appareils. Selon Steiner, “Boeing moins tout en pouvant accepter une
N7002U, fut utilisé pour les essais de considérait que c’était un point essen- charge utile 10 % supérieure à celle
charges et de systèmes au cours de tiel, que ces données étaient impor- que les calculs avaient estimé.
116 heures de vol à partir du 10 avril. tantes à présenter aux clients”. De fait, L’avion était bien né !
58
BOEING
Sur le parking
Si les réacteurs JT8D étaient dégager la piste par la première bre- de Renton livrés aux compagnies. Pour les
gourmands, le gain de consomma- telle située à quelques centaines de dans les quatre premiers avions, seul le se-
tion était surtout important pour la mètres du seuil de piste. Habitué aux années 1960, cond resta dans le giron de son
distance franchissable. Dans les performances des jets militaires de une lignée constructeur ; les deux autres furent
années 1960, le prix du litre de kéro- l’époque, le contrôleur lui précisa de 727-100 bien livrés à United et le quatrième
sène était très stable et surtout très qu’il était autorisé à prendre la bre- juste sortis à All Nippon.
bas, autour de 11 cents le gallon (soit telle centrale située à mi-piste. Qu’à d’assemblage
2,9 cents le litre)… cela ne tienne, l’équipage du 727 ef- et qui … suivis d’un rapide
Pour des raisons météorolo- fectua son atterrissage en moins de attendent de
giques, une partie des essais en vol 500 m et sortit donc par la première rejoindre leurs succès commercial
se déroulèrent en Californie, depuis bretelle à la très grande surprise du compagnies. Le premier vol commercial inter-
la base d’Edward qui disposait alors contrôleur qui n’imaginait pas qu’un vint le 1er février 1964, moins d’un an
d’une piste de 5,1 km. Lorsque le 727 avion de ce volume puisse atteindre après le vol inaugural, lorsqu’un 727
fut convoyé sur place pour la pre- une telle performance à l’époque ! de United effectua la liaison Miami-
mière fois, son pilote, alors bien éta- À l’obtention de la certification, Philadelphie via Washington avec 94
bli en longue finale et avec un appa- près de 20 Boeing 727 avaient alors passagers à bord. Eastern débuta ses
reil très léger, demanda à pouvoir été construits et attendaient d’être opérations avec son nouvel avion
▲
59
BOEING 727
DR/COLL. J. GUILLEM
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Transair
rentable et Fedex, la plus importante produits le furent directement en l’invasion du Koweit par l’Irak, Sweden utilisa
compagnie cargo, en fit son cheval de version cargo et la chaîne s’arrêta au quelques compagnies firent faillite et quatre Boeing
bataille sur de nombreuses lignes 1832e exemplaire en 1984, seulement les avions les plus anciens des majors 727-100 à la
jusque dans les années 2000. 21 ans après le vol inaugural. commencèrent à être stockés dans le fin des années
Las, après 20 ans de production, Après la livraison du dernier désert. Certains 727 avec un bon 1960 avant
la demande commença à décroître. exemplaire, au milieu des années potentiel furent convertis en cargos d’être absorbée
Outre le 757, Boeing proposait aussi 1980, les 727 transportaient encore et continuèrent de voler. Au début des par la SAS.
de nouvelles évolutions du 737 per- plusieurs millions de passagers années 2000, il restait un bon millier
mettant d’assurer les mêmes mis- chaque mois aux États-Unis. d’appareils en service dans le monde.
sions avec un coût opérationnel sen- Une première phase de déclin Les attentats du 11 septembre puis la
siblement inférieur. Les derniers 727 survint en 1990 : en conséquence de guerre en Irak entraînèrent de nou-
▲
Peut-on imaginer
décoration plus
chatoyante que
celle de ce 727-76
de la compagnie
Lanica
du Nicaragua
à la fin des
années 1970 ?
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61
BOEING 727
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En 1979,
velles crises qui éclaircirent encore dernier était produit à environ 1 100 la flotte plus que claire : “Le Trident a été
plus les rangs des triréacteurs. Cette exemplaires. Ce total n’a été dépassé de Transbrasil conçu pour se conformer aux be-
fois, les A320 ou les 737NG, bien plus que par très peu d’avions : l’ensemble était constituée soins d’une seule compagnie et avait
économiques à exploiter, avaient de la famille DC-9/MD-80/Boeing uniquement de un fuselage bien trop étroit.”
définitivement remporté la partie. 717 par exemple, et bien entendu par Boeing 727-100. Néanmoins, si on célèbre le 727
Le dernier vol d’une ligne régu- les Airbus A320. comme une brillante réussite, il vo-
lière à bord d’un 727 fut réalisé par lait à une époque où la sécurité des
Iran Aseman Airlines le 13 janvier Un bilan sécuritaire vols n’était pas aussi avancée qu’au-
2019 lorsque le EP-ASB, un 727 qui jourd’hui. Ainsi quelque 120 avions
avait volé précédemment avec Air
d’un autre temps de ce type furent détruits sur acci-
France, effectua son ultime liaison Avec plus de 1 700 exemplaires dent ou faits de guerre. Le premier
Zahedan-Téhéran. construits fin 2022, le Boeing 777 accident se produisit le 16 août 1965
En décembre 2022, il restait devrait forcément dépasser le total du lorsqu’un avion d’United plongea
quelque 48 Boeing 727 encore imma- 727 dans les années à venir, tout inexplicablement dans le lac
triculés, la plus grande partie en comme l’Airbus A330 – environ 1 600
configuration cargo mais aussi en exemplaires aujourd’hui. En 50 ans de
avions d’affaires. Trois appareils carrière, par contre, et avec “seule- Le détournement aérien
sortent du lot avec des utilisations ment” 1574 exemplaires, le Boeing 747
assez notables : deux 727 parmi les n’est pas parvenu à faire aussi bien. le plus célèbre
derniers construits sont utilisés par Le 727 fut finalement le deu- Comment ne pas évoquer le célèbre détournement du 727
Oil Spills Response comme avions xième round d’une domination des N467US assurant le vol 305 de la Northwest Orient entre Portland
d’épandage de dispersant en cas de airs par Boeing après le coup de et Seattle le 24 novembre 1971, par un homme prétendant
marée noire ; ils sont immatriculés et tonnerre du 707, juste avant le coup se nommer Dan B. Cooper et prétextant disposer d’une bombe
basés en Grande-Bretagne. Un der- de maître du 747 et le coup de génie dans sa mallette ? À Seattle il se fit livrer 200 000 dollars
nier est utilisé par une société privée que fut le 737. et quatre parachutes. Les passagers furent débarqués et le plein
pour des vols zéro G, à vocation Pour Steiner, le succès du 727 de l’avion refait, pour, semble-t-il, se rendre au Mexique.
scientifique parfois, mais surtout n’était que pure logique. “Le 727 a Alors que l’appareil évoluait à faible vitesse et basse altitude –
pour des missions à sensations. Il été un succès en raison de ses qualités environ 10 000 pieds (3 048 m) –, il évacua le Boeing par
opère ainsi depuis la Floride et peut propres, mais aussi parce qu’il n’a la rampe arrière avec son butin grâce à un des parachutes.
se déployer en Californie. pas eu de concurrence à sa hauteur. Il ne donna ensuite plus jamais signe de vie et personne
Nous avions estimé le marché de ne sait si ce saut lui fut fatal ou s’il parvint à profiter du reste
Une place cette classe d’appareil avec une de sa vie avec sa nouvelle fortune. On retrouva quelques billets
bonne précision et avons obtenu une très abîmés sur une berge de la rivière Columbia en 1980,
dans l’histoire part de ce marché supérieure à celle mais D. B. Cooper ne fut jamais identifié ni retrouvé, et aucun
Avec 1 832 exemplaires produits, prévue. Une des raisons de ce succès autre billet de la rançon ne réapparut.
le 727 se hisse parmi les succès de fut le choix d’une configuration Pour éviter toute récidive, les 727 furent équipés de la “Cooper
Boeing. Il fut même le premier jet à pourtant peu populaire, le triréac- Vane”, un loquet qui bloque l’ouverture de la rampe arrière
dépasser 1 000 exemplaires et le plus teur.” Et si on compare le 727 à son en pivotant pour se mettre dans le lit du vent relatif lorsque
vendu au monde jusqu’en 1990 concurrent le plus direct, le britan- l’avion est en vol.
lorsque le 737 le dépassa – en 1984 ce nique “Trident”, l’explication est
62
expérience menée en 2012 avec le
XB-MNP (ex-N293AS) lors d’un
essai d’écrasement volontaire au
Mexique. L’avion décolla avec un
équipage qui évacua ensuite l’appa-
reil par parachute depuis la rampe
d’accès arrière. Il fut pris en compte
par un pilote embarqué dans un
Cessna 337 et disposant d’un sys-
tème de pilotage à distance, qui
guida le vieux triréacteur jusqu’à
l’impact à 120 nœuds (222 km/h) et
un taux de descente de 460 m/min.
L’avion se brisa en trois parties et la
Un Boeing 727 démonstration fut faite que les pas-
fut sagers situés à l’avant étaient ceux
temporairement qui risquaient le plus leur vie en cas
affecté au d’atterrissage en catastrophe. Le site
Dryden Research de l’accident fut ensuite nettoyé et
Center de l’épave de l’appareil étonnamment
la Nasa pour reconnaissable est toujours visible à
des études sur la sortie sud de Mexicali !
les tourbillons
marginaux Une solidité approuvée
en bouts d’ailes par le roi Hassan II
et les turbulences
de sillage De cette solidité légendaire,
en 1974. c’est le roi Hassan II du Maroc qui
NASA
pouvait en témoigner le plus sincè-
Michigan alors qu’il était en ap- si l’équipage avait sélectionné les rement du monde. En août 1972, son
proche de Chicago O’Hare, faisant volets à 30° plutôt que 25, la ma- 727-200 fut intercepté par six F-5A
30 morts. Le dernier eut lieu en 2016 nœuvre se fût bien mieux passée ! de son aviation alors en rébellion.
lorsqu’un 727-200 cargo de la com- L’histoire du 727 est effectivement Les putschistes tentèrent d’abattre
pagnie Aerosucre s’envola de Puerto riche d’anecdotes comme ces avions le jet commercial près de Rabat.
Carreno en Colombie avec 10 t de équipés de fusée d’assistance “Jato” Heureu sement, leurs avions
fret. Il s’écrasa trois minutes après pour pouvoir décoller de Mexico. n’étaient armés que d’obus d’exer-
son décollage au cours duquel il avait Que dire aussi de ces missions effec- cice et, s’ils fi rent mouche à de mul-
arraché la barrière d’enceinte de tuées par les avions d’Eastern tiples reprises et provoquèrent
l’aérodrome, un petit bâtiment désaf- Airways qui conduisaient les équi- d’importants dégâts, l’avion résista
fecté, puis un arbre. L’avion était en pages à se poser sur la piste en glace et parvint à se poser. Le roi eut la
surcharge sur une piste trop courte de Thulée au Groenland ! vie sauve ; les conjurés les plus ac-
avec un mauvais calcul pour la vitesse Comme témoignage sur la soli- tifs, dont les trois pilotes qui avaient
de rotation. L’enquête démontra que dité du 727, on peut parler de cette ouvert le feu sur le 727 puis sur
DR/COLL. J. GUILLEM
63
BOEING 727
Providence” est aujourd’hui exposé puis 25 ans ses lignes, son élégance mais aussi fruit du hasard, c’est juste que l’appa-
de restauration,
au musée de la Royal Air Maroc à son histoire dense et, paradoxale- reil avait été bien conçu, bien
le premier 727
Casablanca, là où se trouvait l’an- ment, son importance dans l’histoire construit et bien exploité. Avoir la
a gagné, en vol,
cien aéroport d’Anfa. de la démocratisation des lignes aé- chance d’en voir voler en 2022 a le
le Museum
60 ans après son premier vol, le riennes. Si certains volent encore goût délicieux d’un temps qui semble
of Flight en
727 fascine encore par la pureté de mars 2016.
aujourd’hui, ce n’est pas seulement le désormais révolu et bien lointain ! ■
MOF F. MARSALY
64
CE JOUR-LÀ… 14 février 1943
Difficile début du “Corsair” au combat
Le massacre de
la Saint-Valentin
Début février 1943, les Marines engagent
pour la première fois le “Corsair”
au combat dans l’enfer de Guadalcanal.
Une mauvaise expérience riche
en enseignements. Par Henry Stone
P
longeons ici dans l’enfer de successeurs du “Wildcat”. Grumman
la campagne de Guadal- peaufine son “Hellcat”, alors que
canal qui voit Japonais et Vought à du mal avec son “Corsair”.
Américains lutter pour Ce dernier vole depuis mai 1940.
la supré- Ses performances
matie dans les Salo- sont très bonnes, mais
mon. Depuis août ses essais sur porte-
1942, chacun des avions sont mauvais ;
adversaires tente de le chasseur rencontre
prendre l’avantage des difficultés, en
(lire à ce sujet les Fana particulier à l’appon- Harold Stewart,
de l’Aviation nos 519 tage. Qu’importe, les l’un de deux
et 520). L’aviation chaînes d’assemblage pilotes disparus
américaine a fort à tournent déjà à plein lors du combat
faire avec le “Zero” ; régime. Dans un pre- du 14 février.
les “Wild cat”, les mier temps, l’avion
“Airacobra”, et même sera déployé à terre.
les “Lightning”, sont à L es prem ières
la peine face à l’agile unités entament leur
chasseur japonais. passage sur “Corsair”
Pourtant en ce dé- US NAVY
pendant l’hiver 1942. US NAVY
but 1943, les Américains savent qu’ils C’est le cas de la VMF-124 des part de ses pilotes dépassent à peine
vont bientôt pouvoir compter sur une Marines qui touche ses chasseurs les 20 heures de vol quand tombe
nouvelle génération de chasseurs. à Camp Kearny en Californie – la l’ordre de partir pour le Pacifique ; la
L’US Navy attend beaucoup des future Miramar de Top Gun. La plu- situation est critique à Guadalcanal.
US NAVY
66
L’un des F4U “Corsair” de la VFM-124
au tout début de 1943.
US NAVY
Les pilotes
et le personnel
de la VMF-124
arrivèrent avec
peu d’expérience.
67
LE MASSACRE DE LA SAINT-VALENTIN
“Liberator” de l’US Navy chargés de environ 20 000 pieds [6 096 m]. Les
bombarder des navires japonais au “Zero” l’ont suivi, lui tirant dessus
sud de Bougainville, dans la région en permanence. Il a fait un amer-
de Buin-Shortland. Une poignée de rissage réussi et j’ai cru voir une
“Zero” partis de leur base de Buin tache jaune (son radeau de sauve-
ne s’approchent pas. tage) à côté du cockpit. Cependant,
les “Zero” ont continué à le punir ;
Un combat bref nous n’avons plus jamais entendu
parler de Stewart.”
mais intense C omme souvent dans les
La mission du 14 février est essen- conflits, les premiers rapports
tiellement une répétition de l’opéra- rendent des résultats pour le moins
tion de la veille. Il faut escorter neuf contrastés. Les deux Kokutai reven- de “massacre de la Saint-Valentin”.
PB4Y-1 “Liberator” de la VB-101 diquent des “Corsair”. Les pilotes Il tempère dans le secteur les grands
lors d’une frappe maritime au sud de la VMF-124 sont crédités de trois raids américains mêlant bombar-
de Bougainville. 12 “Corsair” de la “Zero” et d’un “Pete”, tandis que diers et chasseurs. Dans le même
VMF-124 sont de nou- les mitrailleurs des temps, l’activité aérienne japonaise
veau mobilisés avec dix PB4Y affirment se fait moins virulente, de sorte que
P-38G “Lightning” du avoir abattu neuf les “Corsair” sont moins sollicités
339th Fighter Squadron Japona i s , sa n s en première ligne. Les pilotes de la
des USAAF. Cette fois- oublier le cap- Le “Corsair” VFM-124 en profitent pour pour-
ci, les Japonais ripostent. tain Bill Griffith de Gordon Lyon suivre leur entraînement et mettre
Une patrouille du sur “Lightning” fut percuté au point les tactiques de combat
252e Kokutai dirigée par qu i revend ique par un “Zero” les plus appropriées pour affronter
Tamotsu Okabayashi un “ Z e r o ”. lors du combat les “Zero”. Kenneth Walsh, pilote
au-dessus du sud de Cependant, alors du 14 février. au sein de l’unité, raconte ainsi :
Bougainville est la pre- que les Américains “Comme nous étions la première
mière à repérer la for- comptent 14 vic- unité équipée de “Corsair”, nous
mation américaine, et toires, la seule ne savions pas exactement comment
bientôt d’autres A6M US N AVY
perte japonaise l’employer, et nous devions établir
se précipitent depuis l’aérodrome ce jour-là est Yoshio Yoshida, du une doctrine. Beaucoup d’autres
de Ballale. Les pilotes américains 252e Kokutai, qui est en fait entré unités de “Corsair” allaient nous
regardent la poussière s’élever de l’aé- en collision avec le “Corsair” de suivre, et elles allaient certainement
rodrome de Buin alors que 13 “Zero” Lyon pendant la mêlée. Ce combat se baser sur notre expérience pour
du 204e Kokutai décollent avec à leur entre dans les annales sous le nom développer leur propre tactique. J’ai
tête le lt Zenjiro Miyano, un as qui US NAVY
69
HISTOIRE
Golfe Persique, 1980-1991
Les “Roland”
du désert
Deuxième partie et fin.
Après une utilisation intensive pendant
la guerre, les postes de tir “Roland”
irakiens ont besoin d’une sérieuse révision
générale. La perspective d’un gros contrat
de maintenance pour Euromissile…
Par Hugues de Guillebon
F
in 1989, les Irakiens veulent le client à entreprendre une cam-
effectuer une nouvelle cam- pagne de révision générale des postes
pagne de tirs “Roland” pour de tir qui avaient accumulé des mil-
vérifier le niveau du matériel liers d’heures de fonctionnement
et des équipages. Pierre sous des conditions extrêmes. L’idée
Longuet raconte : “Les Irakiens était de remettre intégralement en
nous ont demandé de les aider à état trois postes de tir ; mais on voyait
contrôler trois postes de tir plus loin en mettant en place
avant d’effectuer en Irak des ateliers
leur campagne. de réparation
Puis les tirs des sous-en-
ont eu lieu, sembles
mais ils se dans des
sont mal usines
passés : un existantes.
but et deux Nous vou-
échecs. À lions vrai-
partir de là, ment que le
cela a beaucoup client se prenne
discuté… Les Irakiens DR/C .
OLL PARTICULIÈRE
en main pour effec-
se plaignaient du matériel. tuer les réparations suivant un
Nous avons alors procédé à un exa- véritable processus industriel.
men minutieux des postes en ques-
tion et nous avons mis en évidence Un contrat pour
un mauvais entretien de leur part :
dépannages mal faits sur des cartes
une révision complète
électroniques et matériels sensibles, C ’est ainsi que le contrat
réparations de fortune qui pou- “Overhaul” a été signé début 1990
vaient créer des pannes erratiques, pour la révision complète par l’assis-
radars de tir défectueux, etc. Le tance technique de trois postes de tir,
matériel qui était là depuis 8 ans les MAN nos 813, 835 et 900. Ce
avait été mal entretenu dans l’en- contrat prévoyait à la fin la recette
semble ; il fallait tout contrôler de A des trois postes révisés avec une
à Z. Nous avons également remis en campagne de tirs effectuée conjoin-
cause le principe de leurs cibles lar- tement par les Irakiens et une équipe
guées par avion qui tombaient des essais en vol d’Euromissile.
comme des pierres et que le radar de Nous avons alors monté cette opé-
tir ne pouvait pas accrocher. ration avec tous les secteurs de l’en-
À mon retour en France, j’ai fait treprise concernés : bureaux
mon rapport à Euromissile et Jean- d’études, fabrication, après-vente,
François Dufossé, patron du “sup- essais, expéditions, etc. Tout le
port produit”, a décidé de lancer monde a participé activement, sou-
l’opération “Overhaul” pour inciter tenu en cela par les patrons des dif-
▲
CLAUDE FOUCHER
70
Une photo interdite : les postes
de tir “Roland” 2 en Irak
au lac Razazah début avril 1990.
Trois MAN révisés effectuent leurs
tests avant les tirs. Les équipes
d’Euromissile sont présentes.
Marchant en blouson,
Georges Giglio, chef de mission
des essais en vol.
71
LES “ROLAND” DU DÉSERT
Une position
de tir “Roland”
Des missiles “Roland” 3 irakiens ? sur une butte
En mai 2003, des soldats polonais de la coalition alliée mettent la main sur prise en roulant
des missiles “Roland” à Hilla en Irak. Des missiles “Roland”, comme il en existe du pont
des milliers abandonnés dans toute l’Irak. Ils les identifient comme “des modèles Al-Jadiriah sur
“Roland” 3 fabriqués en 2003” (qui est en fait la date limite d’utilisation pour le Tigre à Bagdad
des missiles fabriqués en 1984). Il n’en faut pas plus à la Pologne, allié en 1990.
des États-Unis, pour accuser la France d’avoir exporté des missiles de dernière C’est
génération à l’Irak l’année même de l’invasion du pays ! Une accusation facile, probablement
faite sans vérification, qui permet d’attaquer la France dans l’affaire irakienne, ce “Roland” qui
un pays qui non seulement s’est opposé à la guerre, mais de surcroît enfreint a abattu l’“Alpha
l’embargo sur les armes… Stupéfaction en France et réaction immédiate et très Jet” égyptien
ferme du président Jacques Chirac lors d’une conférence de presse à l’occasion en 1989.
d’un sommet de l’Union européenne à Rome, rappelant que la France n’a plus La butte est
livré d’armes à l’Irak depuis 1990, que le “Roland” 3 n’est plus fabriqué depuis toujours visible
1993 et que les quelques missiles produits – uniquement pour l’Allemagne – de nos jours
n’ont jamais été exportés. Une mini-crise diplomatique s’ensuit. La Pologne (33°16’52.98”N,
reconnaîtra son erreur et présentera des excuses à la France. 44°22’27.42”E).
CLAUDE FOUCHER
72
Les cibles devaient être
“larguées
en me tapant sur l’épaule et je pus
prendre ainsi toute une série de pho-
par un An-12 tos qui doivent constituer au-
jourd’hui une rareté, le monument
ayant été détruit en 2003.
volant à une altitude de À proximité de notre hôtel, il y
avait un terrain vague et je remarquai
sécurité de 4 000 m ” qu’il ne restait plus que les souches
des arbres qui entouraient ce terrain ;
ces souches étaient pliées à l’équerre,
photos, mais les résidents français au ras du trottoir. J’appris par la suite
Monument
sur place me déconseillèrent de le qu’un missile iranien était tombé sur
à un pilote
faire, m’expliquant qu’il était formel- l’immeuble qui s’élevait à cet endroit,
irakien tué en
1980, construit
lement interdit de faire des photos en faisant 120 victimes. Mes collègues
avec les restes
Irak. Le lendemain, je me rendis de l’assistance technique présents sur
d’un F-14 iranien malgré tout sur place avec mon appa- les lieux pendant la guerre Iran-Irak
sur la place reil photo. Il y avait deux policiers en me racontèrent que chaque soir, les
al-Fateh, uniforme à côté du monument ; je me Iraniens envoyaient un “Scud” sur
à Bagdad, présentai à eux en leur montrant mon Bagdad. Tout le monde attendait la
devant le appareil photo. “No problem !”, me détonation, puis la vie nocturne re-
répondit l’un d’eux, sûrement le chef, prenait son cours.”
▲
ministère de l’Air.
“Conformément
CLAUDE FOUCHER
à l’ordre
de M. le président
Il-76. Par sa taille imposante, l’Il-76 commandant
remplissait toute la lunette de visée ! en chef Saddam
Il y avait aussi d’antiques Percival Hussein,
“Provost” qui faisaient des tours de Dieu le garde,
piste à longueur de journée. Mais ce le monument
qui excitait le plus ma curiosité était du pilote martyr
la rumeur de la présence sur ce ter- Abdullah Al Aibi
rain d’un hangar plein d’Hawker a été construit
“Fury” irakiens. Malheureusement, le 06/01/1990
à cet endroit, je ne pus établir aucun après J.-C.”,
contact avec les aviateurs. indique
la plaque.
Les diverses vérifications
des postes de tir
Après avoir récupéré une Peu-
geot 504 break auprès de l’antenne
Euromissile, nous visitâmes Bagdad. Carte
Près du ministère de l’Air, il y avait de la région
un monument élevé à la gloire d’un de Bagdad et du
pilote irakien. Sa statue en bronze lac de Razazah
foulait aux pieds les débris d’un F-14 avec les lieux
“Tomcat” iranien. Bien entendu, cités dans les
l’envie me démangea d’aller faire des deux articles.
FRANÇOIS HERBET
73
LES “ROLAND” DU DÉSERT
Les tirs de recette des trois postes batterie de missiles SAM-6. À la vais en comprendre plus tard la rai-
de tir doivent avoir lieu en bordure sortie sud-est de Bagdad, nous aper- son. En effet, quand nous leur de-
Une “fine
du lac de Razazah, près de la ville équipe”
cevions aussi au loin une installation mandions de déplacer un véhicule,
sainte de Kerbala, au sud-ouest de de tireurs.
impressionnante qui comportait ils oubliaient systématiquement de
Bagdad. L’équipe d’Euromissile est Claude Foucher d’immenses piliers de 100 m de haut relever les vérins, ce qui leur occa-
composée de 18 personnes : 13 de en pointeur- soutenant des filets en acier. Comme sionnait de sérieuses remontées de
l’assistance technique (hydrauli- tireur dans le nous passions tous bretelles de leurs
ciens, mécaniciens, électroniciens, panier les matins devant, chefs… Il faut savoir
etc.) et les cinq des essais en vol. de tourelle : cette construction que les véhicules de
Après avoir installé les véhicules sur “Tu pointes ou tu “cyclopéenne” nous tir “Roland” “Em-
le champ de tir et raccordé les postes tires ?”, et Gerd intriguait. J’en fis men thal” 2 étaient
de tir avec le camion mesures, les Hilghers dans quelques photos. À vendus autour de
équipes d’Euromissile procèdent le rôle de chef de l’hôtel , nous ap- 30 millions de francs
aux diverses vérifications du bon pièce-radariste. prîmes que c’était la pièce aux Irakiens,
fonctionnement de ceux-ci. Sur la protection de la cen- ce qui en faisait pro-
route qui descend vers le sud du pays, Claude Foucher trale atomique qui bablement le camion
les équipes dépassent le matin et dans la cabine abritait le réacteur le plus cher du
croisent le soir des convois militaires d’un MAN Osirak fourni par la G H /C . C
ERD ILGERS OLL LAUDE FOUCHER
monde à l’époque !”
de toute nature, des porte-chars irakien, au France et qui avait L es tirs seront
chargés de tous les types d’engins poste de chef été en partie détruite réalisés sur des cibles
soviétiques ou de leur copie chinoise, de pièce- par un raid israélien constituées de bidons
des blindés antiaériens quadritubes radariste lors en 1981. de 200 l remplis d’un
ZSU-23/4, dont un exemplaire vien- d’essais au CEL. N otre installa- tiers de ciment. La
dra leur faire une impressionnante 1- Écran du tion sur le champ de société Aérazur a
démonstration sur le champ de tir de radar de tir ; tir de Razazah com- spécialement mis au
Razazah, et beaucoup d’artillerie de 2- Indicateur portait trois véhi- point un système de
campagne et antiaérienne. “La suite panoramique cules de tir, un véhi- trois parachutes en
des événements au mois d’août 1990 du radar cule pour les mesures série. Le premier ex-
conforta l’opinion que les équipes de veille ; et un autre servant
C F
LAUDE OUCHER
trait le parachute
3- Emplacement
avaient sur la destination finale des d’atelier mobile, tous montés sur principal qui assure une descente
vide pour IFF
convois militaires rencontrés au châssis MAN 8x8. Au moment de la lente pour être visible du radar de
russe “Eastern” ;
mois d’avril : le Koweït…”, se rap- mise en place des véhicules, les vé- veille, puis une cartouche pyrotech-
4- Commutateur
pelle Claude Foucher. rins de stabilisation n’avaient pas été nique déclenche son largage et un
accrochage du
radar de tir ;
descendus, et la rotation de l’antenne petit parachute s’ouvre, accélérant la
Le mal de mer 5- Manche du radar de veille, agissant sur les descente de la cible pour permettre
suspensions relativement souples son accrochage par le radar de tir.
à bord des MAN de rotation
des MAN, engendrait un mouve- “Ces cibles devaient être larguées
de la tourelle ;
Il poursuit : “Au cours de nos 6- Pédale pour ment de roulis dans la cabine qui par un turbopropulseur Antonov 12
allers et retours quotidiens, nous autoriser finissait par nous donner le mal de volant à une altitude de sécurité de
passions à côté de positions de mis- le tir en mode mer… J’avais donc demandé aux 4 000 m, la descente sous parachute
siles sol-air de toute nature, en par- “temps clair” pilotes des véhicules de descendre permettant à l’appareil de sortir du
ticulier de SAM russes. J’en profitai ou “tous les vérins, ce qu’ils avaient exécuté domaine de tir du “Roland”, se remé-
pour faire quelques photos d’une temps”. avec beaucoup de réticence. Je de- more Claude Foucher. Nous nous
1 2
3
4
5
6
DR/COLL. CLAUDE FOUCHER CLAUDE FOUCHER
74
C’est un Antonov 12 de ce type qui largua
les cibles au profit des “Roland” au lac
Razazah. Ici, le n° 805 de l’IAF sur la base
de Lynham en Grande-Bretagne.
75
LES “ROLAND” DU DÉSERT
76
gage, mon collègue qui faisait fonc-
tion d’officier de tir, peut-être sous
le coup de l’émotion, nous gratifia
d’un trop rapide “Feu !”... Heu-
reusement la visibilité était excel-
lente et j’avais la cible en visuel à la
lunette ; j’attendis donc. Après avoir
annoncé l’acquisition de celle-ci,
Gerd Hilgers accrocha le radar de
tir dessus et nous attendîmes tran-
quillement le décompte final que
l’avion s’éloigne à distance de sécu-
rité. J’avais décidé de tirer en com-
mutant “tous temps”/“temps clair”.
Au moment du départ du premier
missile, un jet de flammes rentra
dans le poste de tir, me chauffant la
DR
En mars 1991, peau du dos ! J’avais heureusement
et était placée dans la cabine. Pour chargea sans incident les missiles profitant de revêtu ma combinaison ignifugée et
l’utiliser, il fallait la sortir par un avec la petite grue et nous atten- l’insurrection je compris aussitôt ce qui s’était
tourelleau percé dans le toit de la dîmes l’arrivée de l’Antonov. des chiites passé : le tourelleau sur le toit du
cabine et débouchant derrière la irakiens à poste de tir n’avait pas été verrouillé
tourelle. Pour d’obscures raisons, Un méchoui pour fêter Bassora, des et s’était ouvert sous le jet du propul-
les Irakiens ne l’utilisaient pas. À la soldats iraniens seur de l’engin, cette ouverture étant
place, deux servants lançaient le
les tirs réussis profitent du la seule qui n’était pas sécurisée par
missile de 80 kg à deux autres qui se Celui-ci se présenta correcte- chaos qui règne une interdiction de pointage. Le
trouvaient sur le toit de la cabine de ment, annonça “Ready for drop- pour pénétrer comble est que j’avais déjà signalé
tir et l’attrapaient au vol, 3 m plus ping ! [prêt pour le largage]” et lar- en Irak et cette anomalie en 1983 au cours
haut, toujours avec le sourire ! gua la première cible. À la place du : s’emparer de d’essais effectués à Brétigny… Du
L’assistance technique Euromissile “Go !” qui devait annoncer le lar- MAN intacts. fait de sa brièveté, cet incident ne me
77
LES “ROLAND” DU DÉSERT
perturba pas trop ; reprenant l’initia- elle fut larguée sans parachute… Je
tive en mode “temps clair”, je réali- fus alors obligé d’accélérer la procé-
sai un impact direct sur la cible. dure de tir en secouant l’officier de
Les tirs suivants se déroulèrent tir pour avoir l’autorisation de tirer.
correctement, mis à part une disjonc- Coup au but ! Après nos quatre tirs
tion du radar de veille qui nous obli- réussis, les équipages irakiens réali-
gea au deuxième tir à couper le poste sèrent également quatre tirs qui se
de tir et attendre les 3 minutes de passèrent sans problème. Tout le
préchauffage nécessaire pour que monde était satisfait et le soir, nous
Gerd puisse m’annoncer en alle- fûmes invités à un grand méchoui au
mand : “Waffen System bereit !” mess des officiers à Bagdad.
[“système d’armes prêt”]. L’An-12 Puis ce fut le retour le 6 avril
étant en éloignement à ce moment, 1990. À l’aéroport de Bagdad, nous
personne ne s’aperçut de l’incident. faisions la queue pour embarquer et
Les deuxième et troisième missiles il y avait un contrôle policier. Le
détruisirent leur cible par fusée de préposé à ce contrôle n’avait pas
proximité. Quant à la dernière cible, d’uniforme mais paraissait particu-
Ce soldat
américain lièrement surexcité. Il fit déshabiller
est juché le type qui était devant moi, fouillant
sur l’épave toutes ses affaires. Je commençais à
d’un AMX-30 ne plus être très fier. Mon tour étant
“Roland” 1 venu, il tomba en arrêt devant mon
irakien détruit appareil photo ! Je sentis mon sang
en 1991 dont se glacer, mais il se contenta de reti-
CEL/COLL. CLAUDE FOUCHER
il ne reste plus rer les piles et les jeta avec un air de
que la carcasse. défi dans un grand carton plein de
piles… et je pus rentrer en France
Le “Roland”, un succès d’Euromissile avec les précieuses pellicules ! À cette
Avec le contrat irakien, le “Roland” prend la première place des systèmes sol-air époque, même si j’avais déjà tiré plus
courte portée occidentaux des années 1980, avec 25 500 missiles vendus et 644 de 500 missiles “Roland”, soit plus
postes de tir en service dans dix pays, soit 31,1 % du marché mondial. Il devance que toutes les armées utilisatrices
le “Rapier” de British Aerospace (30,5 %), le “Chaparral” de Ford Aerospace réunies, écoles à feu comprises, la
(24,2 %), le “Crotale/Shahine” de Thomson-CSF/Matra (7,9 %), l’“Aspide” campagne de tirs irakienne restera
de Selenia (3,6 %) et l’“Adats” de Martin Marietta/Oerlikon (2,2 %). sans conteste comme la plus mar-
Le “Roland” est conçu de façon modulaire pour pouvoir être monté sur différents quante de toutes !”
types de châssis : engin chenillé, camion ou remorque. Une version marine,
le “Roland” M, sera testée sur le bâtiment Île d’Oléron. Il a même été envisagé
d’adapter le système sur voie ferrée !
Les dix pays clients : Photographié en 2003,
– Allemagne : “Roland” 2 et 3 sur char SPz “Marder” et camion MAN ; un “Roland” 2 pulvérisé
– Argentine : “Roland” 2 sur remorque (contrats “Éminence” et “Émissaire”) ; par l’aviation alliée sur
– Brésil : “Roland” 1 et 2 sur char SPz “Marder” (contrat “Emma”, premier la route de Bagdad.
contrat export) ;
– Espagne : “Roland” 2 sur AMX-30 (contrat “Émersion”) ;
– États-Unis : “Roland” 2 sur char M-109 et camion International ;
– France : “Roland” 1 et 2 sur AMX-30 et semi-remorque “Carol” (cabine
aérotransportable “Roland”) ;
– Irak : “Roland” 1 sur AMX-30 et “Roland” 2 sur camion MAN (contrats
“Emmenthal”) ;
– Nigeria : “Roland” 2 sur AMX-30 (contrat “Émouchet”) ;
– Qatar : “Roland” 2 sur AMX-30 et camion MAN (contrat “Emclin”) ;
– Venezuela : “Roland” 2 sur remorque (contrat “Embuscade”).
Parmi les espoirs déçus : la Norvège, la Belgique, la Suisse, le Canada, la Corée
du Sud, la Grèce, l’Indonésie, la Turquie et l’Arabie Saoudite.
Parmi les autres projets de châssis, on trouve : AMX-10, “Puma”, “Luchs”,
“Léopard” 1, M1A1 “Abrams” et MLRS (multiple launch rocket system, lance-
roquettes multiple).
78
DR DR
Un MAN après
Pierre Longuet complète : “Les tions sont sur le point d’aboutir la guerre du Profitant du chaos qui règne dans le
quatre tirs de nos équipes furent un quand l’Irak envahit le Koweït le Golfe. À noter sud du pays et de l’insurrection des
succès total et la réussite des tirs sui- 2 août 1990… Tout s’arrête. le panneau Chiites, les Iraniens pénètrent en
vants par les équipages irakiens Durant la guerre du Golfe, en solaire installé Irak et mettent la main sur des MAN
ajouta un très grand bonus à ce résul- dépit de la disproportion considé- par les Irakiens. près de Bassora. Quant aux “Ro-
tat : ce succès redevenait le leur !” rable des forces en présence, les land” 1 sur AMX-30, ils disparais-
“Roland” participent activement à En mars 2003 sent quasiment tous au Koweït.
L’Irak envahit le Koweït ; la défense du territoire et reven- au Kurdistan
les négociations stoppées diquent plusieurs victoires, comme irakien, des 2003 : les rares “Roland”
celle du 19 janvier 1991 obtenue sur Peshmergas
Suite au plein succès de l’opéra- le “Tornado” GR.1 ZA396 près de découvrent ne peuvent plus rien
tion “Overhaul”, l’objectif d’Euro- la base de Talil. Leurs pertes seront des morceaux “Au sujet de l’état des “Roland”
missile est comme on l’a vu de pou- lourdes aussi. Le 17 janvier 1991 par de missiles après la guerre du Golfe, raconte
voir réviser toute la flotte des exemple, dans la nuit, un poste de tir “Roland” Roland Narboux, une anecdote me
“Roland” irakiens. La remise en état “Roland” 2 engage et touche un cachés, fut rapportée par des techniciens
probablement
des 113 postes de tir représenterait avion américain dans le désert près d’Aérospatiale. Ils avaient demandé
en vue
60 % des prévisions de plan de de Nassiriya ; repéré, il est détruit par aux Irakiens s’ils avaient toujours
de commettre
charge de la division. Les négocia- l’aviation et son équipage tué. des “Roland”. La réponse fut posi-
des attentats.
tive, mais la plupart des postes de tir
ne fonctionnaient plus, faute d’assis-
tance technique. La seule chose
qu’ils avaient conservée de ces
“Roland” inutilisés était leurs ca-
bines et les gros climatiseurs qui eux,
tournaient toujours. Quand la cha-
leur devenait insupportable, les
Irakiens se réfugiaient à l’intérieur et
mettaient la clim à fond !” Certains
camions MAN seront aussi réem-
ployés par les Irakiens sans leur ca-
bine “Roland” ; au moins l’un d’entre
eux a été vu équipé d’une batterie de
missiles SA-3 sur son plateau.
En 2003, les rares “Roland” en-
core opérationnels ne peuvent plus
rien opposer à l’armada coalisée qui
déferle sur le pays et ils disparaissent
dans la tourmente de l’occupation.
Mais pour les Irakiens, comme dans
la chanson de “Roland”, “le noble
preux est mort en héros”.” ■
YVES DEBAY DR
79
MAQUETTES Par Hangar 47
Un Bf 110 déguisé en guêpe ? Jean Barbaud vous livre dare-dare un chasseur piquant : ce 110G-2 fut capturé par le 86th FG
qui lui colla généreusement ses marques. Il fut stocké à Constantine, en Algérie.
Bf 110G-4 de pièces en option sont présentes dans la boîte (cinq hélices et cinq
verrières par exemple, de quoi compléter ou améliorer quelques
Eduard Weekend édition, 1/72 maquettes restées dans les placards…). La spécificité de cette boîte,
hormis les éléments photodécoupés prépeints, réside dans les livrées
Sortie il y a proposées sur une grande feuille de décalcomanies : trois avions
neuf ans, cette camouflés dans les vert et gris classiques, l’un portant des bandes
maquette reste d’invasion en bouts
sans conteste la meilleure d’ailes, un américain
reproduction du Bf 110 sable et brun, un
à cette échelle. original français sable
Ses surfaces sont et brun orné de jaune
parfaitement gravées sur les ailes et
avec un très discret la dérive, et enfin
rivetage. Les petites pièces moulées avec finesse et précision incluent un défenseur
de nombreuses options (roues, capotage avant du fuselage, réservoirs de Malte repeint
supplémentaires, échappements, etc.). Le poste de pilotage et en vert et bleu.
son armement sont bien détaillés, des décalcomanies reproduisent
les instruments de bord et harnais. La verrière est proposée ouverte Notre appréciation : intéressantes décorations pour une superbe
ou fermée. Le train d’atterrissage et les radiateurs sont bien maquette au service d’une très belle machine.
reproduits. Deux types de nacelles d’armement peuvent s’installer
sous le fuselage. Trois sortes d’antennes radar sont fournies, les plus
petites en métal photodécoupé. Dans cette version Weekend, les
nombreuses décalcomanies incluent tous les marquages techniques
P-39Q “Airacobra”
nécessaires et offrent quatre options de camouflage : deux avions Arma Hobby, 1/72
bleu clair moucheté de gris sur les surfaces supérieures et
deux autres peints sur le dessus des gris 74 et 75 traditionnels. Le fabricant
Pour chaque type de livrée l’un des avions a l’intrados d’une aile noir. polonais
frappe fort
Notre appréciation : nouvelle édition d’une maquette de grande à nouveau avec
qualité dans une boîte superbement illustrée ; décorations cette magnifique
intéressantes : très tentant. reproduction
qui va expédier
aux oubliettes
“Spitfire” Mk Vc les précédentes
maquettes de P-39.
Eduard Profipack, 1/48 L’illustration
représente un “Airacobra” piloté par l’as Bud Anderson (dont Arma
Le “Spitfire” Eduard et ses nombreuses déclinaisons sont Hobby sort simultanément le P-51B au 1/72). Cette première boîte
maintenant bien connus. La maquette est extrêmement comprend plus de 80 pièces très finement gravées et une verrière
détaillée, ses surfaces sont parfaitement gravées et un tas avec portières séparées. Le niveau de détail du poste de pilotage
80
et des logements de train est extrêmement satisfaisant pour l’échelle logements de train bien aménagés, ailes à géométrie variable mobiles
et vous devrez utiliser vos doigts de fée les plus fins pour en tirer parti. permettant de choisir la configuration, becs, volets et déflecteurs
Un logement pour trois billes d’acier dans le nez permettra à l’avion de séparés, tuyères et coquilles de reverses bien reproduites et charges
reposer sur ses trois roues. La présence de pièces alternatives (6 ou 12 extérieures imposantes. Les éléments ajoutés par Eduard complètent
pipes d’échappement, hélices, armement de capot) laisse présager ou améliorent toutes les zones intéressant les amateurs de détails
d’autres versions à venir. Deux types de bombes ou un réservoir et d’exactitude. Les options de peinture sont étonnamment variées,
viendront se placer sous l’appareil. Des masques adhésifs prédécoupés, à base de différents tons de vert, de bleu, de gris et souvent de noir.
pour faciliter la peinture de la verrière, sont inclus. Côté décorations, Les décalcomanies reprennent tous les motifs de grande dimension
cinq options aux motifs brillants, soigneusement imprimées par portés sur des démonstrateurs ou à l’occasion d’événements
Techmod, vous permettront de représenter trois machines américaines particuliers, entre autres deux tigres et un rapace de dérive, diverses
dans divers camouflages, ou une italienne et une polonaise. Les autres flammes et drapeaux courant sur les flancs, ou encore une arête
possibilités sont innombrables, et d’autres déclinaisons américaines, dorsale zébrée de noir et blanc.
anglaises, françaises ou russes, sont certainement prévues.
Notre appréciation : l’ensemble constitue une maquette
Notre appréciation : cette maquette comporte un niveau de détail très complète et très détaillée pour reproduire une machine peu
habituellement trouvé au 1/48, ce qui semble habituel avec ce gracieuse mais certainement forte en gueule. Les livrées allemandes
fabricant. Une nouvelle réussite pour cette jeune marque polonaise ! sont très variées, une bonne surprise pour ceux qui n’en sont pas
spécialistes.
Fw 190A-3
Eduard Profipack, 1/48
F4F-4 “Wildcat Early”
Eduard Profipack, 1/48
Bien
connu Encore
depuis une
sa sortie il y a magnifi-
cinq ans et que illustration
décliné dans pour la boîte
de nombreuses de cette version
versions, le Profipack
190 Eduard du nouveau
nous revient “Wildcat”
dans une édition Eduard qui
Profipack (avec métal photodécoupé prépeint et masques bénéficie de
autocollants). Il est très détaillé et ses surfaces bénéficient toutes les remarquables qualités des dernières productions de
du rivetage complet et réaliste qui fait la réputation de la marque. la marque : gravure parfaite des surfaces incluant un rivetage
Les décalcomanies offrent le choix entre trois avions camouflés complet très réaliste, finesse et précision du moulage des petites
des deux tons de gris classiques, un quatrième en deux tons de vert pièces, niveau de détail très élevé ici renforcé par des éléments
avec de grandes marques jaunes, et un dernier dont les deux tons photodécoupés prépeints, conception intelligente des divers éléments
de gris sont appliqués d’une manière peu commune. pour faciliter le montage et la peinture (masques autocollants
fournis). Le logement du train dans le fuselage est si détaillé qu’il faut
Notre appréciation : nouvelles décorations pour une maquette beaucoup de soin pour l’assembler correctement. Le poste de
de grande qualité. pilotage est complet et finement reproduit. Les gouvernes sont
moulées séparées. La verrière est prévue en deux versions, ouverte
ou fermée. La planche de décalcomanies offre le choix entre six
“Tornado” IDS options : cinq avions gris moyen uni sur les surfaces supérieures avec
tous les types de marques de nationalité américaines, et un dernier
Eduard Limited, 1/48 camouflé des deux tons de bleu gris utilisés au milieu du conflit.
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