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Loups Cookies et Catastrophes Agence

événementielle pour surnaturels 3 1st


Edition Jupiter Phaeton
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Tome 3
Crédits
Ce livre est une fiction. Toute référence à des événements historiques, des
comportements de personnes ou des lieux réels serait utilisée de façon fictive. Les
autres noms, personnages, lieux et événements sont issus de l’imagination de
l’auteur, et toute ressemblance avec des personnages vivants ou ayant existé
serait totalement fortuite.
Les erreurs qui peuvent subsister sont le fait de l’auteur.
Le piratage prive l’auteur ainsi que les personnes ayant travaillé sur ce livre de
leur droit.

Crédits
Design de couverture : ©Hannah-Sternjakob-Design.com
Design de page : ©adobe stock
Relecture et corrections du texte : Audrey Lancien
Contrôle qualité : Julie Goubin
Maquette : Châtaigne

Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être reproduite ou


transférée d’aucune façon que ce soit ni par aucun moyen, électronique ou
physique sans la permission écrite de l’éditeur, sauf dans les endroits où la loi le
permet. Cela inclut la photocopie, les enregistrements et tout système de stockage
et de retrait d’information. Pour demander une autorisation, et pour toute autre
demande d’information, merci de contacter Jupiter Phaeton Éditions 35 rue
Fonbalquine 24100 Bergerac.

ISBN : 978-2-38401-491-0
Jupiter Phaeton Éditions
Première édition : Août 2023
Dépôt légal : Août 2023
Copyright © 2023 Jupiter Phaeton
www.jupiterphaeton.com
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Attention
Bienvenue à Charlotte, une ville des États-Unis, avec laquelle j’ai
pris hum… quelques libertés, c’est le moins qu’on puisse dire. Si tu
as visité Charlotte, ou si tu comptes visiter Charlotte, ne t’étonne pas
de ne pas trouver certains bâtiments que je décris dans ce livre, ou
bien de les trouver à une distance qui n’est pas la même que celle
que j’indique. Ce serait un peu comme chercher la voie 9 ¾ à King’s
Cross Station. Coller à la réalité ne m’arrangeait pas du tout, voilà la
vérité. Et comme ce livre est une fiction, j’ai décidé que Charlotte,
bien que ce soit le nom d’une ville qui existe vraiment aux États-
Unis, sortirait aussi tout droit de mon imagination.
Un autre point important : si tu te mets à rire en lisant dans les
transports et que les gens te regardent de manière bizarre, c’est tout
à fait normal. Dans les transports, il faut faire la tête de ce que j’ai
compris, c’est la règle. Te voir rire parce que tu lis les intriguera
sûrement, ou les rendra fous de jalousie. « Quoi ? Elle rit ! Mais… on
n’a pas le droit de faire ça dans les transports ! »
J’ai des idées bien arrêtées sur les transports en commun, je sais.
Et comment ça, ça n’a strictement AUCUN rapport avec ce livre ?
C’est vrai. Et pourquoi je t’en parle ?
Parce que mon cerveau est dérangé.
Maintenant, tu es prévenu. Bonne lecture !
Jupi
Précédemment
Luna, notre héroïne, a vécu des tas de péripéties palpitantes. Il
faut noter qu’elle tient une agence événementielle pour surnaturels,
dont la spécialité est d’organiser des mariages, des anniversaires,
bref des célébrations pour les surnaturels, qui ont fait leur coming
out il y a quinze ans environ. Avant ça, le grand public n’avait pas
connaissance de leur existence, mais un petit incident du côté de
Toronto, qui impliquait une certaine September, et un certain Kyle, a
un peu changé la donne. Alors qu’elle poursuivait ses études, Luna
s’est dit qu’une agence événementielle, c’était un bon plan, et qu’il
fallait savoir se démarquer, dans la vie. Elle a donc choisi de ne
s’occuper que d’une clientèle surnaturelle, vu qu’il n’y avait que très
peu de services pour eux. Il faut noter que la plupart des gens ont
encore peur des surnaturels.
Bref, Luna a ouvert son agence à Charlotte, et elle a fini par
embaucher un ami d’enfance, Matthew, après une soirée un peu
trop arrosée. C’était une de ces réunions de lycées où tout le monde
se retrouve, se juge intérieurement, et parfois même ouvertement,
et c’est la compétition pour savoir qui a le mieux réussi. Matthew et
Luna n’étaient pas très fans de ce principe, alors ils se sont isolés,
ont bu shots de tequila après shots de tequila, et apparemment, au
cours de la soirée, dont Luna ne se souvient plus trop, elle aurait
promis un job à Matthew.
En tout cas, c’est la version officielle que Matthew, qui se souvient
apparemment de cette folle nuit, lui a racontée. Peut-être qu’elle
aurait dû mettre en doute sa parole, mais bon, en excellente amie,
elle l’a cru, et lui a proposé de devenir son assistant multitâches
pour son agence.
Récemment, ils ont organisé un mariage plutôt important : celui de
Marcus Blackwood, et d’Amber Moonstone. Il s’agit de deux loups-
garous, appartenant à des clans jusque-là ennemis, qui ont décidé
de sceller leur alliance en se mariant. Je te passe les péripéties qu’il
a fallu traverser pour que ce mariage ait réellement lieu, l’important
est qu’ils ont réussi, et que les meutes unies se sont installées à trois
heures de route environ de Charlotte. Il y a encore des tensions,
parce que bon, on n’éteint pas une rivalité qui dure depuis des
années en quelques jours, mais les choses ont l’air de se tasser.
À ce mariage, Luna a rencontré un certain Aston, oui il a un nom
de voiture, ses parents sont fans d’Aston Martin. Bref, cet Aston était
le témoin de Marcus et sans son aide, le mariage serait tombé à
l’eau. Aston et Luna se sont beaucoup rapprochés, au point de se
déclarer leur flamme. Ils sont ensemble, vivent un amour passionné
et légèrement à distance, car Aston doit aider les meutes à
fusionner, à trois heures de route donc. Pas super pratique pour
vivre un amour torride.
Après le mariage, Luna avait en ligne de mire l’anniversaire de
Diego, le vampire qui gère l’essaim de la ville. Il fêtait son premier
millénaire, autant dire qu’il a voulu faire les choses en grande
pompe. L’anniversaire a été quelque peu perturbé par une rivalité
entre les Monteverde. Qui sont les Monteverde ? C’est une famille de
vampires qui a été réveillée récemment. Gerald, qui est à la tête de
cette famille, a débarqué en ville avec son frère et sa sœur, et a
commencé à éprouver un vif intérêt pour Luna. Intérêt non
réciproque, précisons-le.
De fil en aiguille, les problèmes allèrent bon train :
– Séraphin a souffert d’un sort qui l’empêchait de dormir, sinon il
se retrouvait à la merci de zébrures sur le visage, comme si
quelqu’un lui ouvrait la peau au couteau
– La mère de Luna s’est mise à s’excuser à tout-va, pour toutes les
atrocités commises dans sa vie, autant te dire qu’elle aurait pu en
avoir jusqu’à sa mort et un jour après encore.
– Des personnes se sont pointées à l’agence pour organiser… leur
enterrement, alors qu’ils étaient bien vivants. Mais ils avaient déjà
prévu le jour et l’heure de leur mort. Intrigant, non ?
Après avoir cherché des tas de solutions pour résoudre ces
problèmes, c’est finalement à l’anniversaire de Diego que Luna a
compris qui se cachait derrière ces sorts : un magicien embauché
par le frère et la sœur de Gerald. Ils étaient jaloux que leur aîné
s’intéresse autant à Luna, et ils la testaient. C’est charmant, ce que
les vampires, qui ont deux millénaires d’âge, peuvent faire pour
occuper leur temps.
Notons que si Gerald Monteverde s’intéressait à Luna, c’est parce
qu’il a connu son grand-père, qui était chasseur de vampires, et ils
étaient très bons amis, au point que Gerald a promis de veiller sur sa
descendance et de protéger ses enfants et petits-enfants des
surnaturels.
Côté surnaturels, il n’y a quasiment que ça qui vivote autour de
Luna, si on oublie Matthew, et sa mère ; mais bon vu à quel point
elle est frappée du cerveau, sa mère, on pourrait songer qu’elle est
une extraterrestre. Du coup, c’est un peu raté pour protéger Luna,
mais comme elle l’a fait si bien remarquer à Gerald : elle s’est trouvé
une famille parmi les surnaturels, et ils sont tous là pour la protéger,
elle n’a pas besoin d’un vampire surpuissant dans les pattes en plus,
il ferait mieux d’aller gérer la malédiction qui accable sa famille.
Car les Monteverde sont forcés de rester ensemble depuis qu’une
sorcière, il y a des siècles de ça, leur a jeté un sort pour les
empêcher de se séparer. C’est simple : s’ils s’éloignent l’un de
l’autre, BIM, douleurs atroces assurées. D’où le fait que la sœur et le
frère de Gerald sont toujours dans les parages, et ils commençaient
à en avoir marre de devoir suivre les ordres de leur aîné, alors ils ont
fait des bêtises. D’ailleurs, ils voulaient aussi renverser Diego,
récupérer son essaim et régner sur Charlotte.
Ils tirent tout ça au clair et après une petite bataille, les sorts sont
levés, Séraphin peut dormir tranquillement, plus personne ne veut
organiser son enterrement, tout s’arrange.
Enfin, presque tout.
La mère de Luna continue de s’excuser, et ça devient même
dangereux pour sa sécurité quand elle décide de partir à pied
rejoindre son fils, pour lui présenter des excuses, alors qu’il vit à des
kilomètres de là.
Et d’un seul coup, elle n’est plus la seule à agir de la sorte : le
présentateur du journal télévisé se met à s’excuser en direct, des
gens dans la rue autour d’eux le font aussi, et il y a même une sorte
de manifestation d’excuses à Washington.
Les indices semblent indiquer que Phillie, la sœur de Luna, enfin
demi-sœur si on veut être exact, semble être la cause de tout ce
remue-ménage. Qu’a-t-elle fait ? Pourquoi ? Et y a-t-il des
catastrophes en prévision ?
Tout à fait.
Chapitre 1
— Ils ne peuvent pas aller plus vite ? m’agacé-je. Il y a des
magiciens dans toutes les villes !
J’éteins la télévision, bientôt ils diffuseront des images du président
en train de s’excuser auprès de la nation pour je ne sais quel secret
qu’il a gardé, ou erreur qu’il a commise. C’est à croire que le monde
entier est en train de passer aux aveux !
— Il faut qu’ils identifient le sort, qu’ils trouvent le moyen de le
contrecarrer, ou de le mettre en pause, répond Aston.
Je tente de garder mon calme. Tout le monde est rentré chez soi,
un couvre-feu a été décrété pour protéger la nation de ce qu’ils
appellent un « virus ». Selon eux, une maladie se répand à travers le
pays. Bien sûr, déjà quantité de personnes ont indiqué que c’était
plus probablement un coup des magiciens, ou des surnaturels, mais
les autorités refusent d’inciter à la haine tant qu’ils n’ont pas de
preuves, ce qui est très bien. Mais ça n’empêche pas les gens de
balancer des messages outrageux sur les réseaux sociaux et de
créer des mouvements contre les surnats.
— Il faut qu’on y aille, Luna. La meute a besoin de moi.
Mon père et ma mère sont rentrés à l’hôtel, Tiffany est chez elle,
Kristin est partie bosser, parce qu’elle a de quoi faire avec tous les
troubles que ce sort crée, et surtout, il faut qu’elle traque ma sœur.
Phillie. Phillie peut-elle vraiment être à l’origine de tout ça ?
Nous quittons l’appartement et filons jusqu’à ma voiture, il y a trois
heures de route jusqu’à la meute et je ne sais pas ce que nous
allons y trouver. Les messages qu’Aston a reçus sont tous plus ou
moins alarmants. Déjà que les Blackwood et les Moonstone ne
s’entendent pas encore très bien, si en plus des secrets éclatent au
grand jour, je n’ose imaginer la situation.
Dans la voiture, Aston est silencieux. Je glisse ma main sur sa
cuisse pour lui montrer que je le soutiens, et que nous allons nous
tirer de cette histoire. Ensemble, nous pouvons tout surmonter. Nous
avons bien réussi à sauver le mariage le plus important du siècle, à
déjouer le complot des Monteverde, et à obtenir la paix entre un
clan de magicien et un clan de loups qui se disputaient un territoire.
Nous pouvons aussi régler ce problème, j’en suis persuadée. Je
suis obligée de l’être, parce que sinon… sinon dans quel monde
vivrons-nous ?
— Pourquoi a-t-elle fait ça ?
Je murmure toute seule, et Aston m’a certainement entendue,
mais il est dans ses propres pensées et ne relève pas ma phrase.
Est-il en train d’anticiper tous les problèmes qui l’attendent une fois
arrivé à la meute ?
J’ai beau tenter de me concentrer sur ce sujet, Phillie, ma sœur,
revient toujours dans mes pensées. Elle n’a pas eu une enfance
tendre, et pour une bonne raison : nous avons été élevées par la
même mère. Mais de là à lancer un sort… et comment a-t-elle pu
lancer un sort ? La magie est héritée de génération en génération, et
ni mon père ni ma mère ne sont des magiciens.
Je vérifie mon téléphone et réponds rapidement aux messages
pour rassurer Tiffany, Matthew, Séraphin et même Kristin qui
s’inquiètent.
Puis nous arrivons. Je comprends alors le silence d’Aston, ses
inquiétudes et pourquoi je n’ai pas réussi à le faire parler.
C’est le chaos. Il n’y a pas d’autres mots pour décrire la situation.
Des loups sous forme animale courent dans tous les sens, se
battent, et d’autres sous forme humaine mènent aussi des combats.
Nous descendons du véhicule et je ne sais pas où donner de la tête.
Un incendie s’est déclenché dans les bois juste à côté. Des
projectiles sont jetés, j’entends des insultes, dont certaines que je
ne comprends pas. Aston m’attrape et me recule de quelques pas
juste avant qu’une brique passe à quelques centimètres de mon
visage.
— Je…
Je ne sais même pas quoi dire ! Qu’est-on supposé faire face à une
telle scène de bagarre ? Je ravale ma peur, la panique qui monte, ma
sensation d’être inutile, d’être un poids qu’Aston va devoir protéger,
parce que je suis incapable de me défendre contre un seul de ces
loups s’ils décident de s’en prendre à moi, et je lâche :
— Qu’est-ce que je peux faire pour aider ?
Il n’y a aucune raison qu’on m’attaque. Je ne suis pas une
Moonstone, je ne suis pas une Blackwood. Je n’ai pas pris parti,
même si je sors avec Aston. Non, ils ont d’autres chats à fouetter. Je
dois rassurer mon homme et lui faire comprendre que je peux être
utile.
Mais il n’a pas la réponse. Il observe lui aussi la scène, jusqu’à ce
que je lui serre les doigts et qu’il revienne à lui :
— On peut encore arranger les choses. Trouvons Amber et Marcus,
d’accord ?
Ils sont décisionnaires, leur voix pourrait tout changer. Aston me
pousse en direction du chalet où ils ont normalement établi leur nid.
Nous évitons quelques projectiles, le loup grogne quand on tente de
s’approcher de nous, il tente de calmer un allié, essaie de séparer
deux personnes, puis il jette l’éponge. Nous courons jusqu’à la
cabane, dont la porte est entrouverte et nous sommes accueillis par
des couteaux, un flingue et un loup qui grogne, et dont de la bave
dégouline de ses babines.
— C’est moi ! crie Aston en apercevant Marcus, recroquevillé dans
un coin de la pièce et sous haute surveillance.
Je cherche Amber, mais elle n’est pas là. Aston connaît les loups
autour de nous, et on nous laisse finalement passer. Il se rue jusqu’à
Marcus, qui est en train de marmonner, et je comprends aussitôt ce
qu’il s’est passé.
— Il est victime du sort, n’est-ce pas ?
Je pose la question aux autres loups autour de nous, qui
acquiescent. J’en repère un que je connais, mais les parents de
Marcus ne sont pas dans les parages. Sont-ils en train de se battre
dehors, ou de proférer des excuses eux aussi ?
— Et Amber ? ajouté-je.
— Elle a tenté de l’aider, mais ses propres troupes l’ont tirée loin de
lui, et la protègent.
— Qu’est-ce qu’il a dit ?
Ils n’osent pas répondre à cette question, ce qui me fait craindre le
pire. Je m’approche d’Aston, qui tapote la joue de Marcus en
espérant le faire revenir à lui. Mais ça ne change rien. De toute
façon, j’ai déjà essayé maintes techniques avec ma mère.
— Un magicien est en route ? continué-je à l’intention de ceux qui
montent la garde.
— Je ne sais pas. Peut-être, on a tenté d’appeler…
Il ne termine pas sa phrase, car quelqu’un pénètre dans le chalet
et attaque aussitôt. Ils doivent se battre pour l’empêcher d’atteindre
Marcus. Des poils apparaissent sur les bras d’Aston tandis que ses
yeux virent au doré, je me précipite pour le calmer :
— Tu seras d’une plus grande aide sous forme humaine.
Il lui faut tout son sang-froid, je pense, pour ne pas se transformer
et aider les autres à défendre le chalet.
— Je suis gay, je n’aime pas les femmes, je ne pourrais jamais faire
l’amour à Amber, j’en suis incapable. J’ai menti sur mes relations
précédentes, je n’ai pas été honnête et ce mariage est purement
politique. Je ne serai pas capable de vous donner des enfants et de
créer une génération unie. J’ai failli à ma mission. Je ne suis pas un
vrai loup, je ne devrais pas être ici, à tenter de vous diriger. Je suis
terrorisé et je vous présente mes excuses, je vais abdiquer…
— Dis-moi qu’il ne répète pas ça en boucle depuis des heures,
murmuré-je.
Je m’adresse à Aston, mais les autres m’entendent et, après avoir
bouté l’ennemi hors de là, me répondent :
— Si. C’est ce qui a tout déclenché.
Amber le savait, elle n’est donc pas à l’origine du problème.
J’imagine que les loups se sont échauffés entre eux, outrés de
découvrir les préférences sexuelles de leur chef. Pourquoi les loups
vivent-ils encore au siècle dernier ? J’ai très envie de leur faire la
morale, mais je me retiens, parce qu’ils sont bien plus forts que moi
et surtout, personne ne m’écoutera.
— Quelles vont être les conséquences ? demandé-je à Aston.
Il hésite un instant avant de me répondre :
— Tu les vois, les conséquences, tu en es témoin. Les loups
estiment qu’on leur a menti, ils vont se retourner les uns contre les
autres, la guerre va reprendre, et à présent, il n’y a pas d’alpha qui
pourra unir les deux meutes.
— Et toi ? soufflé-je.
— Quoi moi ?
— Tu ne prends pas mal cette histoire.
— Qu’est-ce que j’en ai à faire qu’il soit gay, Luna ? Il est mon
chef, mon alpha, il devrait pouvoir être avec celui qu’il aime. Tout
comme je le suis.
Je sais que je ne devrais pas ressentir de soulagement en cet
instant, mais malgré tout, tout mon corps se détend. Savoir qu’Aston
m’aime a le pouvoir d’envoyer une dose d’ocytocine exceptionnelle
dans mes veines.
— Ils ne suivront pas Amber, poursuit Aston. Ils la protégeront,
parce qu’elle est la fille de leur ancien alpha, mais ils n’accepteront
pas une femme au pouvoir.
— On a vu un exemple où…
— Un exemple où la meute est de petite taille, les responsabilités
sont différentes et les membres ont apparemment eu le temps de se
faire à l’idée. Ce n’est pas la même chose ici, Luna. Ça ne
fonctionnera pas, ce modèle ne peut pas être reproduit.
J’inspire avant de passer à ma prochaine proposition, qui m’arrache
presque la gorge parce que je sais ce qu’elle signifie :
— Et toi ?
— Moi quoi ?
— Tu es un alpha, tu es puissant, la seule raison pour laquelle tu
ne diriges pas cette meute, c’est parce que Marcus est aussi un
alpha et qu’il est le fils de l’ancien alpha. Mais tu aurais très bien pu
le provoquer en duel et prendre sa place. Ils ne veulent plus
l’écouter, lui, mais peut-être qu’ils entendront ce que tu as à dire.
Je le sens peser le pour et le contre, puis il secoue finalement la
tête :
— Non, ce serait le trahir. Il est mon chef.
La loyauté est un sujet difficile chez les loups et les vampires.
— C’est pour la meute, Aston. Ce n’est pas trahir ton chef. C’est
faire en sorte d’arrêter la bataille qui a lieu dehors.
— Je n’en serai pas capable. Je n’ai pas été élevé pour prendre ce
poste.
— Tu as été avec Marcus constamment, tu as passé ton temps à
l’épauler et l’accompagner aux différents événements. Tu en sais
autant de lui.
— Je ne pense pas que…
— Aston !
Au moment où je crie, une brique passe à travers la fenêtre, des
bris de verres sont projetés aux alentours et je me protège le visage.
Un loup s’engouffre par la fenêtre d’un saut souple et est à deux
doigts de me sauter dessus quand Aston pousse un grognement
intense, qui me cloue sur place.
— RECULE ! ordonne-t-il.
Il ne doit même pas s’apercevoir que ses alliés reculent en même
temps qu’il crie, tant il dégage une puissance phénoménale. Je
tombe à genoux, incapable de rester debout.
Le loup adverse se couche au sol, puis recule en rampant. Aston
tourne alors la tête vers moi, son visage colérique prend un air
inquiet et il m’aide à me relever tout en se confondant en excuses :
— Je suis désolé, je n’ai pas pensé que…
— C’est très bien, Aston. Tu as fait ce que tu devais faire. Va
dehors, use de ton autorité et fais cesser cette bataille, d’accord ? Je
reste avec Marcus.
Le chef de meute n’a pas bougé, il continue de marmonner. Je
m’installe à côté de lui et je me mets à lui murmurer des paroles
rassurantes. Je ne sais pas quoi faire d’autre, et je ne sais même pas
s’il m’entend à travers sa litanie.
— Tout va bien se passer, d’accord ? Aston va aller dehors, il va
régler les problèmes un à un, et tout va rentrer dans l’ordre. On va
leur faire comprendre qu’il n’y a pas de problèmes. Enfin si, il y a un
gros problème : leur mentalité. Mais même ça, ça peut changer, j’en
suis persuadée. En tout cas, il faut essayer Marcus, on ne peut pas
vous laisser vivre au siècle dernier. Tu n’es pas le seul à avoir des
attirances sexuelles différentes de ce que la société vous a martelé,
et tu ne devrais pas en souffrir. Ça ne te diminue pas. Tu es toujours
leur alpha et tu es aussi valeureux que n’importe quel autre loup, tu
l’es même plus. Amber le sait. Aston le sait. Je le sais.
Il répète en boucle son discours, puis se met à s’excuser pour des
faits qui semblent dater d’il y a vingt ans : un jouet qu’il aurait piqué
à un camarade et qu’il n’a jamais rendu, une bêtise qui a causé un
accident non mortel, la manière dont il s’est cassé le bras…
Je me sens comme une intruse tandis qu’il me déballe sa vie. Ai-je
le droit d’entendre tout ça alors qu’il n’est pas en pleine possession
de ses moyens ? Se rend-il compte des informations qu’il me confie
?
Je ne peux pas me poser de questions plus longtemps, car une
vague de puissance autoritaire me coupe le souffle. Aston a marché
jusqu’au perron du chalet et je l’entends hurler :
— STOP !
Son cri résonne dans mes entrailles, me fait trembler et frissonner
de peur. Je dois me forcer à inspirer et gonfler les poumons, et
l’effort auquel je consens pour y parvenir est incroyable. Son « stop
» semble avoir indiqué à mon corps de tout arrêter. Même mon cœur
paraît avoir des ratés, en tout cas c’est l’impression que j’en ai.
Je me concentre pour ne pas flancher. Je ne dois pas être un poids,
je ne dois pas l’empêcher d’user de son autorité. Je ferme les yeux
en attendant que la vague passe, mais elle est toujours là.
— Stoppez les combats, ajoute-t-il. Nous ne sommes pas là pour
nous entretuer alors qu’un fléau est en train de dévaster ce pays et
que les surnaturels seront bientôt en ligne de mire de tous les
humains qui ont peur. Transformez-vous, lavez-vous et habillez-vous.
Je veux tout le monde dans la clairière dans dix minutes. Et ceux qui
n’auront pas obéi seront exilés de cette meute, suis-je clair ?
Je n’entends aucune protestation, et je suppose donc que tout le
monde obtempère. Enfin, j’espère.
Ma respiration redevient normale, je vérifie l’état de Marcus, il n’a
même pas l’air d’avoir été sensible à l’énergie déployée. Tant mieux,
il n’est déjà pas très bien.
Aston revient dans le chalet et je le rassure d’un sourire. Il
m’embrasse sur le front, puis m’aide à installer Marcus dans une
position plus confortable, sur le lit. Il donne ensuite quelques ordres
pour protéger le chalet, puis me tire vers l’extérieur.
— Tu sais ce que tu vas leur dire ? murmuré-je.
Il n’y a quasiment plus personne. Je suppose que les loups ont fait
leur choix : rester ou partir, et qu’ils sont en train d’exécuter les
ordres.
— Aucune idée.
À ces mots, j’aperçois Amber et je lui fais un signe de la main. Elle
nous rejoint, escortée par trois loups auxquels elle fait signe de
déguerpir. Ils hésitent à la laisser seule, mais son entêtement a
raison de leur insistance.
— Merci, Aston, lâche-t-elle.
Ils s’observent tous deux et j’imagine la discussion intérieure à
laquelle ils doivent se livrer. Logiquement Amber devrait prendre la
suite, si Marcus est hors-jeu. Elle l’a épousé, elle est l’alpha de sa
meute, a hérité du pouvoir de son père…
Mais dans les faits, ce n’est pas possible, même moi je l’ai compris.
Les Blackwood n’accepteront pas une femme au pouvoir, ils n’y sont
pas prêts.
— J’abdiquerai en ta faveur, décrète-t-elle en rompant le silence.
Aston s’apprête à protester, mais elle enchaîne :
— C’est la seule solution. Je refuse d’être responsable d’une guerre
parce que je n’ai pas su reculer pour laisser la place à quelqu’un
qu’ils respecteront. Tu dois devenir l’alpha, au moins le temps que
les problèmes soient réglés. Et peut-être que plus tard, nous
pourrons trouver d’autres solutions. Mais nos meutes ont besoin d’un
pouvoir supérieur, Aston.
Après un instant d’hésitation, je sens l’alpha se résigner. Je glisse
mes doigts dans les siens pour lui donner la force d’endosser son
rôle pour la suite.
Il se dirige vers la clairière où il compte donner son discours. Que
va-t-il dire ? Comment expliquer à ces loups que même si le mariage
était basé sur un mensonge, il n’a jamais été question d’amour, de
toute façon ? Comment leur faire rentrer dans le crâne que les
préférences sexuelles de Marcus sont de son ressort et qu’elles ne
devraient avoir aucune importance sur sa valeur, son statut ou
l’image qu’ils ont de lui ?
Aston patiente près de la clairière, en attendant que les autres se
rassemblent. Les murmures vont bon train, j’entends les
conversations à droite et à gauche. Les uns parlent de quitter la
meute et d’aller en fonder une autre. Certains défendent Marcus, car
il est leur alpha, et je ressens un immense élan de sympathie pour
eux. D’autres le critiquent ouvertement, tout autant qu’Amber, qui
est considérée comme complice dans cette histoire.
Je ne sais pas si je dois me tenir proche d’Aston, ou rester un pas
en arrière, car ma simple présence peut diminuer son autorité. Ce
n’est pas bien vu qu’un loup s’entiche d’une humaine, car
l’imprégnation entre deux personnes de race différente n’est pas
possible chez les loups. Pour tous ceux présents ici, je ne peux pas
être la femme de la vie de cet alpha. Je ne suis qu’une amourette de
passage, dont il se lassera rapidement.
Quand les loups sont rassemblés, il s’avance, et je reste dans mon
coin, à l’ombre des arbres. Amber le suit et à la seconde où Aston se
met à parler, le silence s’installe parmi les deux meutes.
— Je crois qu’aucun d’entre vous n’a compris la situation. Ce
mariage n’était pas un mariage d’amour. C’était un mariage pour
sceller une alliance entre nos deux clans et pour stopper ces
combats incessants que nous menons les uns contre les autres, pour
une querelle vieille de plusieurs années. Amber et Marcus ont
sacrifié leur bonheur pour pouvoir vous offrir une meilleure vie, unie,
pour que les générations suivantes ne subissent pas la même guerre
civile que celle que nous vivons. Et voilà comment vous les
remerciez ? Ils ont renoncé à l’imprégnation, ils ont accepté leur
destin, endossé un rôle extrêmement lourd pour vous tous. C’est ce
que fait un vrai chef, vous devriez les applaudir, les soutenir et les
encourager, plutôt que de vous retourner contre vos leaders à la
moindre opportunité.
Il s’humecte les lèvres et tourne la tête vers Amber, pour vérifier
qu’elle n’a pas changé d’avis. Personne n’a encore parlé dans
l’assemblée, tous l’écoutent religieusement.
— En attendant de régler la situation et de trouver un terrain
d’entente qui calmera tout le monde, Amber a décidé de remettre
son pouvoir entre mes mains.
La louve s’avance d’un pas et confirme les propos d’Aston avant de
reculer.
— Elle le fait pour le bien de la communauté, ajoute-t-il. Elle le fait
parce que certains parmi vous pensent encore qu’une femme ne
peut pas diriger une meute, même quand elle dispose d’une
puissance extraordinaire et a été formée depuis sa naissance pour
gérer les problèmes. Elle se sacrifie, encore une fois, pour vous tous,
pour éviter de nouveaux combats, pour vous laisser le temps
d’accepter la situation. De vous tous, elle est la plus forte, la plus
courageuse et la plus intelligente. Elle ne réagit pas en fonction de
ses émotions, pourtant toutes aussi fortes que les vôtres, elle fait
appel à la partie rationnelle de son cerveau qui lui dit qu’il y aura
plus de sang versé si elle s’entête, que si elle délègue le pouvoir
temporairement.
Il marque un temps de pause pour observer les réactions.
— J’ai dit « temporairement », insiste-t-il. Parce que je refuse de
vivre dans une société arriérée de ce genre. Marcus et Amber
devaient représenter le vent du renouveau, le vent du changement,
le vent de l’évolution. Ils vous faisaient confiance pour suivre le
mouvement, et voilà comment vous les récompensez. Je suis déçu,
déçu de votre attitude, déçu même de votre manque de recul, déçu
de…
Il s’arrête en fronçant les sourcils et braque son regard vers le
chemin qui mène à la clairière. Tous les loups tournent également la
tête et quand je tends l’oreille, je perçois enfin, quelques secondes
après tout le monde, le bruit de pas dans la forêt. Un groupe d’une
vingtaine de loups, que je n’ai jamais vu auparavant, débarque alors.
— Qui êtes-vous ? demande Aston.
Un homme d’une trentaine d’années s’avance pour répondre :
— La meute Baltria, affiliée aux Moonstone.
Amber confirme qu’elle les connaît.
— Nous sommes venus célébrer le mariage, indique l’homme, mais
je vois que les hostilités ont déjà repris.
Aston esquisse un sourire pour désamorcer la situation, puis son
regard se porte sur la femme aux longs cheveux blonds, tenus par
une natte qui est juste derrière le chef de la meute Baltria. Le regard
de mon alpha vire aussitôt au doré, et je me demande s’il la connaît.
Il grimace, puis se rend compte que tout le monde l’observe et
reprend une expression neutre.
— La crise que vit Marcus est liée à un sort jeté par un magicien,
ou une magicienne…
Son regard glisse sur moi. Je le remercie d’un signe de tête de ne
pas préciser qu’il s’agit de ma sœur. Personne n’a besoin de le savoir.
— … et nous devons contacter tous les alliés possibles pour éviter
que ça se reproduise et endiguer le sort. Je suppose que d’autres en
ont été victimes ici.
Certains lèvent la main, ce qui fait soupirer Aston.
— Nous ignorons quasiment tout sur ce sort à l’heure actuelle :
combien de temps dure-t-il, quand se lance-t-il, pourquoi se lance-t-
il, qui vise-t-il et comment l’enrayer. Nous devons donc être vigilants
les uns avec les autres, et veiller sur l’ensemble de nos meutes, de
notre meute, car nous sommes unis. Si vous voyez un
comportement étrange, protégez la personne. Certains peuvent
devenir violents, d’autres se mettre à marcher pour retrouver
quelqu’un auprès de qui ils ressentent le besoin de s’excuser, peu
importe si cette personne se trouve à des milliers de kilomètres.
Alors à partir de maintenant, je veux des groupes de cinq à six
personnes, qui seront chargés de veiller les uns sur les autres.
Cette fois, les murmures reprennent. Les nouveaux venus
s’insèrent à l’arrière du groupe qui écoute Aston.
— Et si je vois une seule altercation, une seule provocation en
duel, c’est moi que vous combattrez, ajoute l’alpha. Est-ce que j’ai
été clair ?
L’autorité qu’il met dans ses dernières paroles me cloue sur place.
J’imagine que le message est bien passé auprès de tout le monde.
Aston fend alors la foule, accompagné d’Amber, puis il me rejoint :
— Peux-tu appeler Brestnoff ?
— Je l’ai déjà fait, il n’a aucune idée de ce que c’est.
— Mais il a des contacts, il peut activer un réseau pour nous aider.
J’acquiesce, et attrape mon téléphone, mais juste avant d’appeler
le magicien, je demande :
— Cette fille, tu la connais ?
Je désigne d’un geste de la tête la blonde au milieu de l’assemblée.
— Non, répond-il aussitôt.
Je fronce les sourcils. Je ne doute pas qu’il me dise la vérité,
mais…
— Tes yeux sont devenus dorés quand tu l’as vue.
— Elle me rappelle quelqu’un.
Il m’embrasse rapidement sur les lèvres pour clore la conversation
puis part en direction du chalet où se trouve Marcus.
Je reste sur place, persuadée qu’il ne m’a pas tout dit.
Chapitre 2
Après plusieurs appels, d’abord à Brestnoff, puis à un contact que
Brestnoff a bien voulu me céder, qui lui-même connaissait quelqu’un
dans les parages, que j’ai appelé, qui a contacté les quelques
magiciens qu’il connaissait, l’aide est enfin arrivée. Les loups sont
très réticents à l’idée de se laisser ensorceler par des magiciens, qui
en plus ne sont pas capables d’identifier la nature du sort qui sévit
ici, et partout ailleurs.
— On dirait quelque chose lié aux émotions profondes.
— Il faut une sacrée dose de magie pour lancer un tel sort sur une
personne, alors sur tous ces gens ? Et pourquoi de manière aléatoire
?
— Il n’y a rien d’aléatoire dans la magie, et tu le sais.
Ils parlent entre eux, et ne prennent pas la peine de nous
expliquer quoi que ce soit. Néanmoins, quand ils ont fini, Marcus et
les quelques personnes qui avaient subi le sort, paraissent sonnées,
mais ont cessé de s’excuser à tout-va.
— Un peu de repos et elles iront mieux, indique l’un des magiciens.
— Et si ça se reproduit ? demandé-je.
— Alors il faudra qu’on revienne. Nous devons étudier le sort pour
comprendre comment faire en sorte de le prévenir. Ce n’est pas si
simple.
Je ne peux que leur faire confiance, ce n’est pas comme si j’y
connaissais quelque chose en magie, contrairement à Phillie,
apparemment.
Aston est très occupé, je me glisse au milieu du groupe avec lequel
il discute, serre son bras pour lui indiquer que je dois y aller et après
un bref échange de regard, je file. Pas de doux baiser, pas d’étreinte
sensuelle et passionnelle. Il a pris sa place d’alpha. Suis-je de trop ?
Suis-je un poids mort maintenant qu’il doit assumer ce rôle ?
Je ne peux pas penser comme ça. Il a dit qu’il m’aimait, ce n’était
pas des paroles en l’air, et ce n’est pas parce qu’il a accepté,
temporairement, d’endosser le rôle de chef, que ça va foutre en l’air
notre relation.
C’est tout du moins ce dont j’essaie de me convaincre en
m’installant derrière le volant. Comme mon cerveau ne cesse de
tourner en boucle sur le sujet, je me décide à passer des appels
pour réorienter mes pensées. Même s’il fait jour, je contacte
Séraphin, pour savoir où il en est. Aux dernières nouvelles, tous les
membres de l’essaim qui avaient filé parce qu’ils avaient trahi leur
chef, étaient revenus pour s’excuser auprès de Diego.
— Luna ? lance le vampire en décrochant.
— En chair et en os. Enfin, à travers le téléphone.
— Vous vous en sortez ?
Je soupire. Aston s’en sort. Moi, je suis exclue de l’équation sur ce
sujet. Mais peut-être qu’il parle de ma mère.
— Le démon est sous surveillance, réponds-je.
— Et par démon, tu veux dire ta mère, je suppose ?
— Exactement. Et de ton côté ?
— Les vampires n’ont pas les mêmes capacités que ta mère, nous
avons été forcés d’en enfermer certains, pour leur propre bien.
— Enfermés, carrément ?
Je réfléchis à tout ce qu’un vampire pourrait faire, et finalement ça
ne me paraît pas absurde du tout d’enfermer ceux qui ne se
contrôlent plus. Peut-être que je devrais demander à Aston de
procéder de la même manière.
— Disons qu’après Diego, ils voulaient aussi s’excuser auprès de
certaines victimes, dont ils ont bu le sang.
De ce que je sais des vampires, ce n’est pas autorisé. Pas à
Charlotte en tout cas, et pas sous la surveillance de Diego.
— Et les empêcher de faire quoi que ce soit requiert beaucoup
d’effectifs. Un vampire peut se déplacer à une vitesse
impressionnante.
J’en sais quelque chose pour avoir vu les Monteverde se battre.
— Gerald est parti ?
— Ils ont considéré que c’était mieux de filer, si jamais le sort les
atteint, on aurait eu un paquet de problèmes sur les bras.
— Et Diego ?
Un soupir s’échappe de la gorge de Séraphin.
— C’est la difficulté. Il est le plus vieux d’entre nous ici, maintenant
que les Monteverde ont décampé. Si le sort le touche, le garder sous
contrôle nécessitera plusieurs personnes, il faudra l’enfermer et je ne
suis même pas certain que nous soyons capables de l’enfermer.
— Ma mère était dans un état plutôt calme, enfin, on pouvait lui
faire faire ce qu’on voulait.
— Ta mère, oui. Ça ne s’est pas passé comme ça pour les
vampires. Le besoin impérieux qu’ils avaient de s’excuser était…
agressif. Ils se sont battus entre eux pour être les premiers à parler
à Diego.
Je n’en reviens pas de toutes les conséquences de ce sort.
— Tu rentres, là ?
— Oui, je vais à l’agence.
— Je vais essayer de me reposer un peu, fais attention à toi et
appelle-moi si tu as besoin d’aide.
— Prends soin de l’essaim.
— Je ferai mon possible.
Il raccroche, et cet appel a eu l’effet escompté, puisqu’à présent
toutes mes pensées sont orientées vers Phillie et ses potentielles
motivations. Est-ce vraiment elle qui a déclenché cette catastrophe ?
J’ai tellement de mal à l’imaginer magicienne. Et s’en prendre à
notre mère ?
Quand j’arrive à l’agence, mon cerveau est déjà revenu à Aston, ce
qui n’est pas étonnant. Je pousse la porte, prête à déballer tous mes
problèmes à Matthew. Finalement, je n’ai pas besoin d’aller voir un
psychologue, j’ai Matthew.
Mais je découvre que mon père et ma mère sont sur place, ce qui
me coupe l’envie de raconter ma vie. Et ils ne sont pas seuls, il y a
Matthew bien sûr, mais aussi un type que je ne connais pas qui
discute avec mon père.
— Magicien, indique Matthew. J’ai appelé tout notre répertoire
jusqu’à ce qu’on me donne un numéro, qui m’a conduit à un numéro
qui… enfin bref, j’ai trouvé un magicien pas trop loin pour s’occuper
de ta mère.
Je le remercie d’un signe de tête. La démone est installée sur une
chaise, le regard fixe.
— Elle est encore un peu sonnée, explique Matthew, mais ça
devrait rapidement se dissiper. Je suppose que quand elle te
balancera l’une de ses précieuses « complinsultes », nous saurons
que tout est revenu à la normale.
« Complinsultes » est un mot que nous avons inventé, issu de la
contraction de compliment et insulte. Ma mère a toujours le don
pour sortir des phrases du type « Tu t’en sors quand même avec ton
agence, bon pas aussi bien que bidule chouette, qui génère des
dizaines de millions à l’année, mais je suppose que c’est mieux que
rien. »
Je reconnais qu’il faut chercher parfois un long moment pour
trouver le compliment, et que ça relève plus du rabaissement
qu’autre chose, mais c’est typique de ma mère.
Elle ne cille même pas à la phrase de Matthew.
— Elle nous entend ? demandé-je.
— Je ne sais pas.
Il hausse les épaules et continue à tapoter sur son ordinateur.
— Je la surveille, me rassure-t-il. Va voir ce qu’il en est avec ton
père et le magicien.
Ils ont tous deux intégré mon bureau pour pouvoir discuter
tranquillement. Je les rejoins, mais le magicien a l’air d’en avoir fini.
Je le remercie, il file et je me retrouve seule avec mon père.
Il faut savoir que le dialogue n’a jamais été le fort de mon père. Le
silence, il maîtrise. Le manque de courage, il maîtrise. Mais parler
des choses qui fâchent, ce n’est pas une compétence qu’il a acquise.
Peut-être qu’il l’avait, avant de tromper ma mère, et qu’il l’a perdue
le jour où elle a découvert mon existence.
— Alors ? soufflé-je.
— Alors elle devrait revenir à la normale, mais rien ne dit que ça ne
va pas recommencer prochainement.
— C’est ce qu’il se passe aussi du côté des meutes.
— Il faut retrouver Phillie.
Je ne l’ai jamais entendu être aussi assertif.
— Je suis d’accord, confirmé-je en tentant de masquer ma
surprise.
— J’ai tenté de l’appeler, mais elle ne répond pas, je suis tombé sur
son mari.
— Oui, moi aussi.
— Il m’a donné un autre numéro, pas de réponse non plus. A-t-elle
vraiment fait ça ? Et pourquoi ? Je sais que ta mère n’est pas la plus
douce et n’est pas douée en démonstration affective. Mais elle vous
aime.
Elle nous aime. Ces mots auraient dû me percuter, faire monter les
larmes dans mes yeux, tant ils ont été rares dans mon existence
quand il était question de ma famille. Pourtant, ils glissent sur moi.
C’est le signe que j’ai tourné la page.
— Je vais rappeler Nicolas et essayer d’obtenir des informations
supplémentaires. Tu lui as posé des questions ?
Il fait non de la tête. Au moins, il a essayé quelque chose, ce qui
est déjà surprenant de sa part. J’attrape mon téléphone et je
compose le numéro de portable personnel de Phillie, auquel Nicolas
n’a aucun mal à répondre comme sa femme l’a oublié chez elle.
Pourvu qu’il ne me parle pas de Natty, leur fille. J’ai eu ma dose, la
dernière fois. Je n’ai pas besoin d’un échange en visio pour voir
qu’elle sait jouer aux Lego.
— Nicolas ?
— Décidément, toute la famille m’appelle ! s’exclame-t-il en
répondant. J’ai eu ton père tout à l’heure. Vous n’arrivez pas à
joindre Phillie ? Pourtant je l’ai eue au téléphone tout à l’heure. Je lui
ai dit que vous aviez essayé d’appeler.
— Tu l’as eue ?
Je m’étrangle presque d’excitation.
— Oui, bien sûr. Elle voulait des nouvelles de Natty. Sa petite
pupuce va très bien, elle a commencé un puzzle aujourd’hui et…
— Formidable, le coupé-je. Elle t’a dit où elle était ?
— À sa conférence, à Washington, comme prévu, rétorque-t-il.
Pourquoi ?
Elle lui a menti à lui aussi. Oh bon sang. Mais peut-être y est-elle
vraiment allée ? Ça expliquerait les manifestations d’excuses là-bas.
— Elle n’est pas là-bas, Nicolas.
— Comment ça, elle n’est pas là-bas ? Elle avait une réunion, et
ensuite elle devait assister à une conf…
— Il n’y a pas de conférence. Elle t’a menti.
Il glousse à l’autre bout du téléphone. Bien sûr, il ne me croit pas.
Et je le comprends : si on me disait qu’Aston m’avait menti, je ne le
croirais pas non plus, et ça ne fait pas des années que je suis avec,
alors que Nicolas et Phillie sont mariés, ont un enfant, partagent le
même foyer…
— Ce n’est pas parce que tu n’arrives pas à la joindre qu’elle a
menti, Luna. Ce n’est pas comme si vous étiez proches. Même tes
parents n’appellent pas souvent. Il ne faut pas s’étonner ensuite si
elle ne répond pas.
Il marque un point, bien sûr, mais il n’a pas l’information
essentielle :
— Tu as vu le journal télévisé récemment ?
Ma question le prend par surprise, et il hésite avant de répondre :
— Oui, pourquoi ?
— Tu as vu les fameuses manifestations à Washington ? Le
présentateur qui a dû être coupé au journal parce qu’il se confondait
en excuses ?
— J’en ai parlé à Phillie, elle me dit que tout va bien, elle n’est pas
de ce côté de la ville et elle ne risque rien.
— Ce n’est pas le sujet, Nicolas. Bien sûr que Phillie n’est pas en
danger, elle n’est pas à Washington. Elle était à Charlotte.
— Hein ? Non, Phillie n’est pas à…
— Je ne vais pas chercher à te convaincre pendant des heures,
parce que je n’ai pas de temps à perdre. Ce qu’il se passe à
Washington se produit ici aussi. Et la première victime semble être
notre mère.
— Votre m…
— Et Phillie a quelque chose à voir dans l’affaire.
Cette fois, il éclate de rire.
— Phillie ? Vraiment ? Et qu’a-t-elle fait, elle a lancé un sort ?
Je reste silencieuse le temps qu’il encaisse l’information.
— Non, lâche-t-il après quelques instants. Phillie n’est pas une
magicienne.
— Et Phillie n’est pas non plus à Washington. Et Phillie ne t’a pas
prévenu qu’elle était à Charlotte. Et Phillie refuse de répondre à nos
appels. Et j’ai des images de caméras de surveillance qui montrent
que Phillie était présente à l’hôtel juste avant que la crise d’excuses
se déclenche chez ma mère. Il t’en faut encore ?
C’est son tour d’être silencieux. Je sens bien que j’y suis allée un
peu fort, alors j’adoucis mon ton et poursuis :
— Nicolas, je ne te demande pas de la trahir. Peut-être qu’elle n’y
est pour rien, mais elle est notre seule piste. Si tu sais où elle se
trouve, j’ai besoin de le savoir.
— N-n-non, elle m’a dit Washington, et elle ne ment pas. C’est
Phillie, ce n’est pas…
Il n’a pas les mots pour trouver quelqu’un à qui la comparer.
— As-tu observé un changement de comportement chez elle, ces
derniers temps ?
— Rien de spécial, tout va bien. Elle aime Natty, elle s’occupe
d’elle, c’est vrai qu’on ne sort plus beaucoup tous les deux, mais
c’est la vie quand on a un enfant. Pour tenter de retrouver du temps
pour elle, elle a rejoint le club de gym du coin, elle dit qu’elle s’y est
fait des copines.
Je tente d’imaginer Phillie, qui déteste le sport, en train de faire de
la gym. Et ça n’a pas mis la puce à l’oreille de Nicolas ?
— De la gym ?
— Je sais ce que tu vas me dire. Elle s’est motivée quelques mois
après l’accouchement, parce qu’elle voulait se remuscler, et depuis
elle s’y tient.
— Tu as l’adresse de ce club de gym ?
— N… non, pourquoi je l’aurais ?
— Tu sais où il est ?
— En ville, je suppose.
— Tu ne l’as jamais accompagnée ?
— Non, pourquoi est-ce que j’irais à un cours de gym pour femmes
?
— Tu n’es pas allée la chercher à la fin ?
— Non. Luna, il n’y a rien derrière ce club de gym.
— Tu as rencontré ses copines de là-bas ?
— N…
— Elle t’a montré des photos ?
— N…
— Ce club n’existe pas, Nicolas. C’est autre chose, c’est quasi
certain.
J’y suis allée trop fort, parce qu’il pète un plomb :
— De la gym, Luna ! Elle est allée dans un club de gym ! Ça ne fait
pas d’elle une terroriste ou je ne sais ce dont tu l’accuses !
— Je ne dis pas qu’elle est une terroriste, même si certains
pourraient utiliser ce terme, vu comment les choses dérapent. Je dis
juste qu’elle n’était pas à un club de gym. Tu es sûre qu’elle n’a pas
eu de changements dans son comportement ?
— Non.
— Pas de sorties qu’elle ne faisait pas avant ?
— Si, mais avec ses copines de la gym.
— Ces fameuses copines que tu n’as jamais vues.
— Luna ! Son comportement n’a pas changé, ses habitudes n’ont
pas changé, et il est parfaitement normal de vouloir entretenir son
corps en allant à la gym, de s’y faire des copines et d’aller boire un
verre avec elle de temps en temps. Tu te trompes de cible. Tu as un
tel mal-être dans cette famille que ça te ferait plaisir de te dire que
pour une fois, le problème ne vient pas de toi, mais de ta sœur.
Navré de te décevoir : tu te fais des idées.
Et il raccroche.
— Alors ? demande mon père.
— Ne fais pas comme si tu n’avais pas entendu ou compris ce que
je viens de dire. Il ne sait rien, il jure que ce n’est pas elle.
— Mais l’histoire du club de gym te paraît suspecte ?
Je prends le temps de me calmer avant de répondre, histoire de
m’assurer que je ne fonce pas dans des conclusions hâtives. Que
dirait Kristin à ma place ?
— Tu imagines Phillie faire du sport ? Avec d’autres filles qui plus
est ? Elle déteste les femmes, elle les critique sans cesse.
— Elle préfère travailler avec des hommes, confirme mon père.
— Alors, aller dans un cours de gym pour femmes ?
— Ça ne colle pas au caractère.
— Mais on ne la connaît pas aussi bien que Nicolas, et lui a l’air de
dire que ça lui ressemble, que c’était une volonté de sa part…
— Nicolas vit dans un monde de bisounours, et il a une telle
adoration pour Phillie qu’elle pourrait le tromper sans qu’il en sache
quoi que ce soit.
Ouah. La réplique de mon père me scotche sur place. Depuis
quand formule-t-il à voix haute ce qu’il pense tout bas ? C’est
surprenant, et rafraîchissant. S’est-il acheté une armure de courage
pendant que j’étais à la meute ?
Mon téléphone vibre, et je reçois un message d’Aston, qui me
promet de rentrer ce soir, que les choses se sont tassé et qu’il
pourra être là. Tout mon corps frémit de soulagement. Cette histoire
de prendre la place de chef de meute ne me dit rien qui vaille pour
notre relation.
— Il n’y a qu’un seul moyen de savoir si cette affaire de club de
gym est vraie ou non, lâché-je alors.
Mon père hausse les sourcils, car il ne suit pas mon raisonnement.
— Le moyen le plus simple serait d’obtenir les relevés bancaires de
sa carte de crédit, mais bon, je doute déjà que Nicolas y ait accès, et
il est tellement aveuglé par son amour pour elle, qu’il refuserait de
nous les donner.
J’allume mon ordinateur portable, m’installe et fais signe à mon
père de prendre place sur le siège en face de moi.
— Ce qui veut dire que nous sommes bons pour appeler tous les
clubs de gym de sa ville.
— Elle habite Boston.
— Je sais.
— Il doit y avoir plus de cinq cents clubs de gym dans la ville.
— Je sais.
J’effectue une recherche internet pour obtenir une carte de
l’emplacement des clubs de gym autour du domicile de Phillie.
— On va commencer par ceux qui sont le plus proche, ceux qui
sont facilement accessibles à pied ou en transport, décrété-je.
— Et qu’est-ce qu’on dit ? Ils ne vont pas accepter de nous
balancer le nom d’un adhérent comme ça, non ?
— Non, je vais me faire passer pour Phillie et dire que j’ai oublié
ma carte d’adhérent, et demander à ce qu’on m’en refasse une. Ils
vont devoir vérifier dans leur base que j’existe bien.
— Et moi ?
— Fais-toi passer pour Nicolas, dis que tu veux faire une surprise à
ta femme et lui offrir le renouvellement de son abonnement annuel
pour son anniversaire ? Pareil, ils devront vérifier qu’elle est dans la
base.
Il acquiesce. La supercherie fonctionnera probablement pour moi,
mais je ne sais pas pour mon père. Sa voix fait tout de même plus
âgée que quelqu’un que Phillie aurait épousé. Pourtant, dès le
premier appel, je suis surprise de l’entendre se défendre :
— Et vous avez décidé de juger l’amour des autres ? On n’a pas le
droit d’épouser quelqu’un de plus vieux, c’est ça ?
Je souris. C’est la première fois que je le vois dans ce rôle de
personne capable de se défendre et de tout mettre en œuvre pour
atteindre son but. Ce n’est pas du tout l’image que j’ai de lui, et je
n’imaginais même pas qu’il en était capable.
Le téléphone de l’entreprise n’arrête pas de sonner tandis que nous
passons nos appels. Je laisse Matthew répondre à chaque fois.
Quand nous arrivons au centième club, le soleil commence à se
coucher, et nous sommes bredouilles.
— Elle n’est référencée nulle part, indique mon père.
— On pourrait en appeler cent de plus, mais je suppose qu’on
aurait le même résultat.
— Si elle n’est pas à ce club de gym, que fait-elle quand elle dit à
Nicolas qu’elle y va ?
— Elle apprend la magie ? proposé-je. Ou bien elle embauche des
magiciens pour créer des potions, ou des sorts qu’elle pourra utiliser
même si elle n’est pas magicienne. Je ne sais pas si une telle chose
est possible, mais je peux poser la question.
J’écris un texto à Brestnoff. Le pauvre doit déjà être débordé de
son côté, et je le harcèle de questions en l’utilisant comme un
dictionnaire de la magie.
— Je pense qu’on en a assez fait pour aujourd’hui.
J’ai surtout hâte de rentrer et de retrouver Aston après cette
journée éprouvante.
— Rentre à l’hôtel avec maman, surveille-la au cas où.
Mon père acquiesce, nous rejoignons Matthew. Ma mère a l’air un
peu plus alerte, mais pas complètement elle-même encore. Je fais
un signe de la main à mes parents quand ils quittent le bureau, puis
pousse un énorme soupir en m’affalant dans le fauteuil réservé aux
clients.
— Tu vas me dire que tu n’as pas arrêté, que tu es débordée et
blabla, commence Matthew. Mais avant que tu prononces un seul
mot, je te présente la liste de nos prospects.
Il fait pivoter son ordinateur portable pour que je puisse observer
la liste qu’il a créée dans un fichier Excel. Je fais défiler les lignes,
jusqu’à atteindre la vingt-sixième.
— Juste aujourd’hui ? m’étonné-je.
Il acquiesce, et ajoute :
— Tous vampires. Apparemment Diego a fait de la publicité pour
toi, ou a établi une règle comme quoi les événements vampires du
coin doivent passer par toi.
— Rentrons, on gérera ça demain.
Il range ses affaires et nous fermons le bureau. En bas de
l’immeuble, nous échangeons un regard qui en dit long sur notre
état mental, un regard de fatigue et de lassitude. Le monde
tournera-t-il encore demain quand nous nous réveillerons ? Parce
qu’à la vitesse où les choses vont, ce n’est pas impossible que nous
soyons victimes du sort nous aussi.
Je finis par m’engouffrer dans ma voiture et rentrer chez moi. J’ai
cet espoir stupide qu’Aston sera déjà sur place. Je lui ai donné un
jeu de clés, tout comme à Séraphin, d’ailleurs. Mais non, il n’est pas
là. Il n’y a que le vide de mon appartement, le vide de mon frigo
aussi. Mon estomac crie quand j’ouvre la porte du réfrigérateur et
que je découvre qu’il n’y a rien sur les étagères, à part une sauce
barbecue périmée.
Et même plus de tortillas dans mes placards. Je commande trois
pizzas, une pour moi et deux pour Aston, qui finira aussi
probablement la mienne au passage. J’espère juste que le livreur ne
se confondra pas en excuses pour je ne sais quelle raison. Je suis
assez persuadée que quand cette affaire sera tassée, mes poils de
bras se hérisseront dès que quelqu’un s’excusera.
J’hésite à allumer les news, mais si c’est pour découvrir que le sort
a gagné une nouvelle partie du pays, ça ne m’intéresse pas. En proie
au désespoir, je tente encore une fois de joindre Phillie sans succès,
évidemment. J’appelle alors Tiffany. Elle décroche après deux
sonneries :
— Luna, je suis désolée pour tout ce que je t’ai fait. Ce sandwich
dans notre frigo à l’université, c’est bien moi qui l’ai mangé, il n’a
pas disparu et…
— Tiffany, dis-moi que c’est une blague et que tu n’es pas victime
du sort toi aussi.
— C’est une blague, me confirme-t-elle. Tu as perdu ton sens de
l’humour au cours de la journée ?
Je lui résume rapidement tout ce qu’il s’est passé et elle émet un
long sifflement.
— Et toi ?
— Oh, j’ai pris un malin plaisir à rédiger un article sur le sujet en
revenant sur les dissensions entre les surnaturels et les humains, et
le manque d’entraide, qui conduit à des situations de ce type. Si les
rapports entre les autorités locales et les surnaturelles étaient
meilleurs, sûrement que ce type de situation ne dégénérerait pas
autant.
Je lui pose quelques questions, mais elle sent bien que le cœur n’y
est pas.
— Que se passe-t-il ? demande-t-elle au bout d’un moment.
— Rien.
— Luna, crache le morceau.
— Aston n’est pas rentré.
— Et il devait rentrer ?
— Oui.
— Il va arriver.
— Oui.
— Pourquoi il n’y a pas d’enthousiasme dans ta voix ?
— J’ai un mauvais pressentiment.
On sonne à la porte et je vais ouvrir au livreur de pizza, qui n’est
pas le livreur de pizza.
Aston.
Tous mes doutes s’envolent en un clin d’œil.
— Tiffany, il faut que je te laisse.
— Il est là, n’est-ce pas ?
— Oui.
— Ne faites pas trop de folie.
Elle raccroche, je glisse mon téléphone dans ma poche et j’observe
l’homme qui a ravi mon cœur en quelques jours à peine.
— Tu t’en es sorti ?
Il retient un soupir, entre dans mon appartement et dépose ses
clés sur la table.
— Ce n’est pas en un jour que les choses vont se régler.
Je lui propose de s’installer dans le canapé, et le livreur sonne,
cette fois-ci. Je lui laisse un pourboire et attrape les pizzas. L’odeur
semble ravir Aston qui esquisse enfin un sourire.
— Merci, lâche-t-il.
Il mange en silence, et je sens bien que son cerveau tourne à plein
régime.
— Je vais devoir repartir, et je ne pourrais pas revenir tout de suite,
indique-t-il quand il a fini.
J’acquiesce. Je m’en doutais. Trois heures de route aller, trois
heures de route retour, ça bouffe une journée. Il ne peut pas faire ça
souvent, et il est l’alpha de la meute, à présent. Ils s’attendent tous
à ce qu’il soit constamment sur place.
— Marcus n’est pas en état de faire quoi que ce soit. Il est encore
sonné, même s’il a cessé de s’excuser à tout-va. Amber… Amber est
pointée du doigt par sa propre meute et est traitée de menteuse.
Ses parents ont tenté d’apaiser les choses, mais comme ce sont eux
qui ont organisé le mariage, ils sont tout autant fautifs, selon les
autres.
— Je suis désolée, Aston.
Je pose ma main sur sa cuisse.
— Est-ce que tu peux passer la nuit au moins ? ajouté-je.
Il me sourit, je l’embrasse, et il se laisse faire. Je bascule à
califourchon sur lui, notre baiser devient plus passionnel, et tout
mon corps se met à brûler de désir pour lui. Jamais je n’ai ressenti
ça pour quelqu’un d’autre. C’est comme si chacune de ses caresses
m’électrifiait.
Je soulève son T-shirt et il lève les bras pour m’aider à l’enlever. Je
retire mon haut, il ne reste que mon soutien-gorge, et je plonge à
nouveau vers sa bouche pour l’embrasser. J’ai envie de le dévorer. Je
défais la ceinture de son pantalon, puis glisse ma main sur son
entrejambe.
Ce n’est pas comme d’habitude. Je ne sais pas si c’est la fatigue, si
ce sont les nouvelles responsabilités qui pèsent sur ses épaules, le
trajet en voiture, la digestion, je suis prête à lui inventer toutes les
excuses possibles.
Il n’a pas envie de moi. Je suis sur lui, en train de me démener
pour rendre cet instant magique, à moitié à poil, et son membre
n’est même pas dur.
— Tout va bien ? soufflé-je.
Il n’y a pas de mal à être fatigué, et je ne lui en veux absolument
pas, j’essaie juste de comprendre.
Il grogne, retire ma main de son pantalon, puis me bascule sur le
côté pour se libérer de mon poids.
— Tout va bien. Je dois y retourner.
— Hein ?
Il récupère son T-shirt, le renfile, reboutonne sa ceinture, tout ça
sans même me jeter un coup d’œil.
— Merci pour les pizzas, ajoute-t-il.
— Aston ?
Enfin, il tourne la tête vers moi.
— Qu’est-ce que j’ai fait ? demandé-je.
— Rien, absolument rien.
Même la tête tournée, il n’ose pas me regarder. Je tente de
l’arrêter, de l’interroger, je le poursuis même dans les escaliers
quand il quitte l’appartement, et j’ai bien conscience du ton
désespéré de ma voix :
— Que se passe-t-il Aston ? Parle-moi, tu sais que tu peux tout me
dire.
— Luna, il ne se passe rien, d’accord ? J’ai du boulot, j’ai deux
meutes à gérer, qui ne veulent pas en devenir une. Tu peux
comprendre ça ?
Je m’arrête dans le hall et je hoche la tête pour confirmer que oui,
bien sûr je peux comprendre ça. Mais a-t-il besoin de presque me
crier dessus pour m’expliquer ?
Il quitte l’immeuble et je reste pantelante dans le hall. Le fait que
je ne porte que mon soutien-gorge en guise de haut ne me saute au
visage que quand une résidente au rez-de-chaussée ouvre la porte
de son appartement pour sortir sa poubelle et me lâche :
— C’est la nouvelle mode chez les jeunes ? Bientôt ce sera quoi ?
Vous vous baladerez à poil dans la rue ?
Je marmonne une excuse en retenant mes larmes et remonte dans
mon appartement. Me cacher sous un plaid me paraît tout à coup
une excellente idée.
Chapitre 3
— Qu’est-ce que je fais des costumes Barbie ?
J’entends la question de Matthew, mais lui répondre est presque
au-dessus de mes forces. Je ne fais que fixer mon téléphone
portable, avec l’espoir qu’Aston réponde. Je ne l’ai pas harcelé de
messages, parce qu’il est débordé et que je me doute qu’il n’a pas
que ça à faire de me répondre, mais j’en ai quand même écrit trois :
Luna : Qu’est-ce que j’ai fait ?
Luna : Quel est le problème ?
Luna : Dis-moi s’il te plaît…
— Luna ?
— Hmm ?
— Les costumes Barbie ! crie-t-il depuis son bureau.
Il a fallu débarrasser tout ce qui était resté chez Diego suite à son
anniversaire. Nous avons un hangar plein d’affaires inutiles, que
nous conservons et archiverons dans l’espoir de nous en resservir un
jour, ou de pouvoir les vendre, les donner, n’importe quoi plutôt que
de les jeter.
— On en fait don à une école pour un carnaval ? Ou un spectacle
de fin d’année ?
— Ils voudront de ça tu crois ?
— Archive-les alors, et sors la liste des archives, à l’occasion.
— Le hangar est plein, Luna. Il va falloir se mettre à la liste des
archives dès demain si tu veux que je puisse tout ranger.
Je soupire. Pourquoi le monde continue-t-il de tourner alors que le
temps s’est arrêté pour moi tant qu’Aston ne répond pas. L’appeler ?
Ne pas l’appeler ?
— Très bien. Prépare la liste, fais des propositions pour chaque
décor, costume, accessoire qu’il nous reste, et on validera ensemble
demain.
Entre les appels de mon père, mes tentatives de joindre Phillie, et
le boulot classique, ma journée aurait dû passer vite.
Sauf qu’Aston n’a pas répondu.
J’inspire pour le chasser de mes pensées. Je suis plus forte que ça,
ma vie et mon bonheur ne dépendent pas d’un homme. Il est
occupé, ne peut pas me répondre, et était perturbé hier soir. Ça n’a
rien à voir avec moi, et je ne devrais pas m’en formaliser. Une bonne
copine ne lui ferait aucune remarque, ne le relancerait pas et le
laisserait gérer les choses à sa façon.
Mais je crois que j’ai raté la master class pour être une copine au
top, parce que je lui écris quand même :
Luna : Tu t’en sors ?
Au moins, je ne reviens pas sur ce qu’il s’est passé hier soir. Je n’ai
même pas osé en parler à Matthew, parce que j’ai trop peur de ce
qu’il va me dire. C’est moi le problème, non ? J’ai fait quelque chose
qu’il n’a pas apprécié, je ne vois pas d’autres raisons.
— Je te préviens, la liste fait quatre-vingt-quatre pages, et ce n’est
pas une exagération !
J’acquiesce et je m’apprête à le rejoindre pour l’aider, parce qu’au
moins, ça occupera mon cerveau qui est en train de devenir fou,
mais pile à cet instant, mon écran de portable s’allume, mon
téléphone vibre et je l’attrape avec une vitesse si spectaculaire que
je me dis que je dois me faire soigner.
Décidément, j’en reviens toujours à cette histoire de psychologue.
Mais ce n’est pas le nom d’Aston qui s’affiche, c’est celui de mon
frère, que j’ai essayé de joindre plus tôt dans la journée et qui n’a
pas répondu.
— Luna ? lance-t-il quand je décroche.
Sa voix est hésitante, comme si me parler n’était pas normal.
— Hello Aaron.
— Tu as essayé de me joindre ?
Je ne lui ai pas laissé de message, parce que je ne voyais pas
comment lui expliquer toute l’histoire.
— Tu as eu des nouvelles de Phillie ?
— Non, pas plus que toi, je ne communique avec elle que dans
notre conversation commune.
— OK, désolée de t’avoir dérangé.
— Luna, qu’est-ce qu’il se passe ?
C’est si étrange de l’avoir en ligne. Je crois que nous ne nous
sommes pas parlé de vive voix depuis sept ans.
— Ça n’a pas d’importance, si tu as des nouvelles de Phillie,
préviens-moi d’accord ? Et essaie de savoir où elle se trouve.
— Elle a disparu ? Tu as appelé Nicolas ?
Non, je suis une cruche qui n’a pas songé à appeler son mari avant
de téléphone à mon frère.
— Bien sûr que j’ai appelé Nicolas !
— Et papa ? Et maman ?
— Ils sont avec moi à Charlotte.
— Quoi ?
Dire que j’avais pris la décision de ne pas tout lui expliquer. Je me
retrouve finalement à lui déballer toute l’affaire. Ses questions se
calment à mesure que je lui donne les détails de l’histoire. Il finit
silencieux, au point que c’est moi qui le relance :
— Aaron, tu es toujours là ?
— Oui.
— Bon ben… si tu ne sais pas où elle est…
Je ne lui ai même pas demandé comment il va, si ses enfants sont
en bonne santé, si ça se passe bien avec sa femme. Ce n’est pas le
genre de questions que nous nous posons. Nos échanges se bornent
à un « joyeux anniversaire » ou « joyeux Noël ».
— Tiens-moi au courant si tu obtiens une info, d’accord ? ajouté-je.
— Luna, je…
Je raccroche. Rien dans ce qu’il va dire ensuite ne rattrapera le
temps perdu. C’est abrupt, c’est injuste, et peut-être qu’il veut
prendre le temps de discuter, ou qu’on se donne des nouvelles, mais
je ne m’en sens pas la force. Et surtout : ce n’est pas le moment.
Quand Phillie aura été retrouvée, quand le pays ne sera plus en
proie à une vague d’excuses et de révélations, peut-être que je
prendrai le temps de rappeler Aaron, et d’aller plus loin qu’un «
bonne année ».
On sonne à l’agence et un potentiel client entre. C’est une femme,
qui porte un manteau à capuche alors qu’il fait plus de vingt-huit
degrés dehors. J’en conclus que c’est une vampire. Je laisse Matthew
gérer les présentations, lui poser toutes les questions nécessaires, et
j’envoie un texto de remerciements à Diego. Même si je suis
suffisamment débordée par tout ce qu’il se passe avec ma famille, je
note que le vampire a pensé à mon business, et ça me fait chaud au
cœur.
Luna : Merci pour le défilé de clients. L’agence croule sous les
demandes, et je vais avoir des événements toutes les semaines
si seulement la moitié des gens qui ont mis les pieds ici disent
oui.
Au bout d’une vingtaine de minutes, Matthew et la vampire ont
quelques échanges polis avant qu’elle parte. Je rejoins mon assistant
qui se plaint de la quantité de travail qu’il a pour me présenter tous
ces dossiers.
— Et tu ne rémunères pas les heures supplémentaires, me
rappelle-t-il.
— Tu gagnes autant que moi, Matthew. Je ne vois pas ce que je
peux faire de plus.
Il me taquine, je le sais, mais je ne suis pas d’humeur. Je fais tout
ce que je peux pour que cette entreprise tourne, que nos
fournisseurs soient rémunérés à leur juste valeur. J’augmente même
parfois les tarifs qu’ils me présentent en leur faisant remarquer qu’ils
ne doivent pas gagner grand-chose avec un devis à ce prix-là. Et je
fais très attention au salaire de Matthew, bien sûr, c’est ma
principale préoccupation.
Mais ce soir, je n’arrive pas à le prendre sur le ton de la rigolade.
Ce soir, je suis accablée par la pression, les responsabilités, la non-
réponse d’Aston, la situation de Phillie, les excuses de ma mère dont
je rêvais, adolescente, mais qui ont coulé sur moi, le revirement de
personnalité de mon père, Aaron qui semblait presque vouloir
renouer le contact et Nicolas qui est dans le déni total.
Pourquoi est-ce que je me sens obligée à chaque fois de porter ce
poids sur mes épaules ? Comme si j’étais celle qui devait démêler les
nœuds de tous ces problèmes ? Je ne devrais même pas me sentir
concernée par ce qui arrive à ma mère. Phillie… Phillie peut faire sa
vie si elle le souhaite, nous ne sommes pas proches et je ne lui dois
rien. Mon entreprise tourne, et je devrais arrêter de me mettre une
pression de dingue à chaque nouvel événement. Quelque part, je
me dis que si je ne le fais pas, l’événement sera moins bon. Mais
peut-être que je suis capable de faire tout aussi bien, si ce n’est
mieux, sans me foutre une pression monstrueuse.
Je devrais plutôt prendre le temps d’observer ce que j’ai construit,
de me féliciter et d’en être fière. Je devrais complimenter encore
plus Matthew pour son implication et son travail.
Et pourtant, je suis là, à me sentir accablée par le poids de ce qu’il
y a à faire, comme si c’était moi qui devais effectuer chacune de ces
tâches. Mais si je ne le fais pas, qui le fera ? Qui ira chercher Phillie
au fin fond du désert s’il le faut pour tenter de comprendre ce qu’il
s’est passé et enrayer le phénomène pour de bon ?
On frappe à la porte, et je m’apprête à rembarrer le prochain
vampire qui veut qu’on s’occupe de son anniversaire, ou d’une
quelconque célébration, parce que les heures de bureau sont
terminées depuis un moment, mais quand j’ouvre, ce n’est pas une
inconnue qui m’observe.
— Kristin !
L’agente reste dans l’encadrement, ce qui n’est pas dans ses
habitudes. J’hésite à me confondre en excuses. Je l’ai embarquée
dans un paquet d’aventures récemment, elle a dû ouvrir des dossiers
au bureau, qui n’ont pas pu être fermés comme elle l’espérait. Je
suis certainement responsable de sa non-promotion.
— Comment je peux aider ? demande-t-elle.
J’ouvre la bouche pour répondre, mais la mâchoire m’en tombe.
Derrière ses airs farouches, Kristin a un cœur immense.
— Je…
Non, vraiment, je ne sais pas quoi répondre.
— Le phénomène prend de l’ampleur, ajoute Kristin. Tu as vu les
news ?
Je secoue la tête. Je n’ai pas osé surfer sur un quelconque site
d’actualité.
— La Californie est touchée.
— La Californie ? C’est à l’autre bout du pays.
Elle acquiesce, tapote sur son téléphone et me montre une vidéo
de gens défilant dans la rue en murmurant des excuses.
Qui aurait pu penser qu’un tel sort causerait autant de problèmes ?
Quelqu’un a forcément rêvé qu’un jour, tout le monde s’excuse pour
ses péchés. Je suppose qu’il ne se disait pas que ce serait
dangereux, que ça entraînerait des révélations publiques, des
disputes, des accidents…
Je laisse Kristin entrer, et nous nous installons dans mon bureau.
— Tu as eu des nouvelles de ta sœur ? demande-t-elle.
— Non, j’ai tout essayé, j’ai appelé toute la famille, mais je n’ai
obtenu aucune info.
Un grognement me répond.
— Pas de localisation alors ? poursuit-elle.
— Non.
— C’est une question de sécurité nationale maintenant, soupire-t-
elle.
— Je suppose.
— Ce que je veux dire, c’est que j’ai pu faire passer le dossier en
priorité, et j’ai obtenu l’autorisation de traquer son téléphone.
Je pince les lèvres.
— On a une géolocalisation, mais impossible de savoir si elle est
encore là-bas. Elle pourrait très bien avoir laissé son téléphone en
guise de leurre.
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States medical corps, who was appointed chief sanitary officer, and
with the assistance of local doctors and nurses and those furnished
by the Red Cross, these organizations soon established control of the
entire city in a comprehensive and effective manner.
The Ohio State Board of Health engineers were assigned to assist
in the water works, sewerage, and general cleaning up. Then, in co-
operation with the city board and Major Rhoades, the city was
divided into sixteen sanitary districts, with a physician in charge of
each. These physicians inspected their districts, reported to
headquarters, conditions requiring particular attention, instructed
people in sanitation and followed up all reported cases of illness to
guard against contagion.
The city bacteriologist reestablished his laboratory, which had
been inundated, and took up diagnostic and analytical work. The
state plumbing inspector and the state inspector of workshops and
factories established offices, and joined with the city inspectors in
pushing inspection work rapidly. Men were sent out to trace all
contagious cases that were on the books at the time of the floods, and
the reporting of infectious diseases and deaths were resumed as
rapidly as possible.
Four contagious disease wards were established in addition to the
tuberculosis and small-pox hospitals, two in the St. Elizabeth and
Miami Valley Hospitals in the city and one each in North Dayton and
Riverdale. As fast as infectious cases were reported or discovered,
they were removed to one of these wards, and the houses placarded
and disinfected.
A food inspection office was also opened, and all food arriving on
relief cars was inspected before distribution to relief stations, that
which had already been distributed being inspected at the stations.
The medical corps of the Ohio National Guard established a base
field hospital in the new courthouse, and a supply depot in the
probate court room of the old courthouse. In addition, seven relief
hospitals were established in Dayton View, Miami City, Edgemont,
South Park, the Davis Sewing Machine Company’s plant, North
Dayton, and Riverdale, with a surgeon of the medical corps of the
National Guard and a corps of civilian physicians and Red Cross
nurses in charge of each. These stations had maternity, general, and
infectious wards. Hospital and proved infectious cases were
promptly forwarded to St. Elizabeth’s or the Miami Valley Hospital.
The base hospital received all cases among the companies of the
National Guard on duty; those which would obviously not recover in
time for useful service were returned to their homes. The supply
depot of the field hospital not only furnished the base hospital and
the seven field stations, but supplies were also furnished to the
sixteen stations of the sanitary committee, at the request of Major
Rhoades.
An efficiently manned hospital doing all classes of work was
established by the National Cash Register Company and the
American Red Cross in the administration building at the National
Cash Register Company’s plant, and other medical relief stations
were maintained in the city by the Red Cross.
Up to the close of the first week following the flood no unusual
prevalence of infectious disease had developed. Some cases of
diphtheria, pneumonia, and measles were reported, but the number
was not substantially larger than that previous to the flood. When the
conditions that prevailed during the first three days after the disaster
are considered, with the strain on the entire population during the
first days of reconstruction, it seems impossible that Dayton will
escape without a considerable number of cases of intestinal and
exposure diseases, such as typhoid and pneumonia. But the
complete, efficient, and harmonious system of public health
organization that has been established gives promise that no
epidemic will follow and that the first cases, due to infection before
control was established, will be the last.
THE FRIEDMANN CURE
ALICE HAMILTON, M.D.
As the interest in Dr. Friedrich Franz Friedmann and his
tuberculin increases and a large part of the world is anxiously
waiting to have its hopes confirmed that at last a real cure for
tuberculosis has been discovered, it will be interesting to state what
is positively known about this treatment, to what extent it is a new
discovery and why the medical profession has shown such hostility to
its originator.
In the first place Friedmann’s remedy is not a “serum.” Anti-
toxins, such as those used against diphtheria and lock-jaw are sera.
An antitoxin is the serum of an animal which has been treated with
toxin-forming germs till his blood serum is full of defensive
substances against that toxin. An antitoxin, as its name indicates, is
an antidote to a poison.
Friedmann’s tuberculin belongs to the class which we have of late
begun to call vaccines, a term formerly applied only to the virus of
cowpox but now made to cover all forms of virus which are used to
stimulate the production of defensive substances. The real difference
between an antitoxin and a vaccine is that the first contains an
antidote and is an emergency remedy for an acute disease, while the
second is a weak form of virus which causes the body of the patient
to manufacture its own antidote.
What Friedmann claims as novel in his tuberculin is that it
consists of living tubercle bacilli, while those in general use consist of
dead bacilli or their extractives. It has long been known that living
bacilli would call forth a more rapid production of defensive
substances than dead. Dr. Trudeau of Saranac Lake demonstrated
this twenty years ago, experimenting on rabbits with bacilli of bird
tuberculosis. Later several Americans confirmed his results, using
non-virulent strains of human tubercle bacilli. Von Behring’s famous
experiments on immunizing calves were made with living bacilli. So
far therefore as is yet known, there is nothing new in the principle
Friedmann is following. As to the details of his cure, we are in
ignorance.
It will be long before any dependable word can be given out as to
the results of Friedmann’s work in New York city. Every physician
knows that optimism, eagerness to grasp at every hopeful sign, are
characteristics of a fair majority of consumptives. We shall need a
much longer period of observation before we can be sure that this
tuberculin has any superiority to the many previously tested, almost
all of which have had initial success followed by more or less
disillusionment.
Still greater caution must be used in estimating the immunizing
properties of Friedmann’s tuberculin. Friedmann treated over 300
children eighteen months ago and states that during this interval
none of them have developed tuberculosis. It will be at least fifteen
years before positive statements can be made concerning these
children and then only by comparing them with a similar group of
non-treated children living in conditions as nearly as possible
identical with those of the treated children.
As to the attitude of American physicians to Dr. Friedmann one
can hardly accuse them of unfairness and of narrow-minded
professional jealousy if one realizes that he has violated three of the
fundamental laws of medical ethics and, however impatient the non-
medical world may be of much that comes under this head, no one
can think that secrecy, exclusiveness or self-advertisement are in
accordance with the best traditions of medicine.
A significant contrast could be drawn between the methods
pursued by Dr. Friedmann and those pursued by Paul Ehrlich when
he announced his new cure for syphilis. No charge of charlatanism or
commercialism could ever be brought against Ehrlich. From the first,
the medical world knew all about salvarsan, and knew that it would
be put into everyone’s hands as soon as Ehrlich thought it safe to give
it out for general use. He insisted that it first must be carefully tested,
not by himself alone but by approved clinicians, who would agree to
use it only on patients that could be kept under constant supervision
in hospitals, and who also would agree to make detailed reports of
these cases. After this thorough trying out of the new cure, it was
given unreservedly to the medical profession the world over.
Undoubtedly Ehrlich could have come to America and reaped golden
profits by keeping the cure in his own hands, for thousands of cases
were eager to have it administered.
The Friedmann tuberculin may be what its discoverer claims it is,
but the confidence felt in its promoter can never be the same as that
which Ehrlich has won.
COURSES ON SEX HYGIENE
JANE R. McCRADY

ELLIS MEMORIAL CLUB, BOSTON


Last spring I attended in Boston a course of lectures on sex
hygiene given expressly for social workers. The course was given at
the request of a number who had been meeting for some time
previously to discuss “what women social workers can do now to
promote a better knowledge of the meaning of sex in life.”
The course was planned by approaching the subject from various
aspects, physiological, psychological, neurological, ideal and simply
human. Talks were given by people whose interest in the subject was
vastly different—physicians, social workers and mothers, and all
showed a spirit of earnestness and willingness to help.
The first few lectures were crowded—overcrowded, in fact—which
showed the great need people feel in being aided and enlightened on
a subject which touches all to some extent.
When the course was over, there was a feeling of disappointment
among some who had attended throughout. Many others had
dropped out because they “could not give the time as they were not
getting out of it what they hoped for.” What did they hope for? The
best answer is that when the opportunity for written questions came,
nearly all the inquiries were “What shall I say to so and so when she
asks so and so?” “What should be said to a young man under such
and such circumstances?” and similar definite demands.
That was the point! People so often want absolute information on
subjects in which “circumstances alter cases!” No human being can
tell any other human being what he or she “should say” to a third
person on any subject at any given time. Each of us has to give of his
knowledge which is fed by his experience and modified by his
temperament. We give this knowledge (if we are wise) to
whomsoever happens to need it in such language as shall appeal to
his knowledge, apply to his experience and adapt itself to his
temperament. We can not learn how to do that at any lecture or set
of lectures, and just as long as we expect it on this or any other
subject, we are sure to be disappointed.
The great importance of a right knowledge of sex is borne in upon
social workers daily, often hourly, on account of the many people
they meet whose lives are exposed to dangers which with either
wrong or incomplete knowledge they are not fitted to meet safely. It
is frequently the duty of the social worker either to supply the
knowledge or help in the situation brought about by lack of it. Often
they feel unequal to the task and become morbid over the sorrows
brought about by ignorance and their own inability to help matters.
Lectures or books on sex hygiene are advertised; to them they turn
for assistance. All too often are they disappointed, gaining no
concrete knowledge of how to give an answer to problems on their
minds at the time. Likewise some people go to a lecture or course
given by some one who has been successful in connecting his or her
knowledge and experience and giving it out. Afterward they come
away thrilled and inspired and proceed to repeat like parrots the
words they have heard.
Bitter disappointment at the lack of interest on the part of the
audience is the result. I knew of some mothers who attended Laura
B. Garrett’s talks in Philadelphia, and came away eager to instruct
their children. In each case the result was wholly unsatisfactory.
They tried to reproduce Miss Garrett’s words, instead of simply
getting knowledge and suggestion from her talks. What they were
imparting was not a part of themselves, not their own, therefore not
theirs to give.
Miss Garrett has worked out her talks from years of patient,
earnest work and hours of thought. She can tell us of her methods
and can illustrate, but if we are going to use her methods we have to
make them our own first. We must adapt them to our own
experience and apply them to the experience of those to whom we
are giving them.
The same is true of any other speaker on this subject. There is no
fixed method by which a right knowledge of sex in life can be
universally taught. We may learn how to teach biology or physiology,
or how to adapt the law of life and of coming to life in plants or
animals to human laws, but that does not necessarily qualify us to
meet the problems of sex in life or to teach others to meet them.
There are a few essentials to the proper teaching of the meaning of
sex in life and if we possess these we ought to be able to deal with our
problems as they come, if we are capable of using our possessions.
First, a real living belief that our bodies are the “temples of the
Holy Spirit,” a belief which applies to all parts and functions of the
body and makes it a sacred duty to keep them healthy and clean and
strong.
Second, an intelligent knowledge of the body as a machine so that
we may use it and not abuse it.
Third, a calm, moderate knowledge of the more common
perversions of sex and their relations to other forms of nervous
troubles, and a belief in human ability to overcome weakness and sin
as well as to cure disease.
These things we can learn and keep on learning at lectures, but
how to give them out from our personality to other personalities is
for each person his or her own individual problem. It must be solved
by bringing his or her own experience of life, plus specific knowledge,
plus sympathy, plus common sense, to bear on each problem and so
to adapt it to the understanding of the person in question that it will
help the existing need.
When the Wise Men of Bethlehem presented gifts, each brought
his own gifts, not another’s. They were wise men. If we social
workers are wise, we shall cease to try to gain from others words in
which to express the knowledge of the meaning of sex in life and will
bend our energies to gaining high ideals, simple workable knowledge
of the use of the body and the evils of its abuse and an understanding
heart and common sense.
Then we shall be able to bring our gifts to this subject and present
it to those who need it in such forms as to be practical and effective.
A PLEA FOR COMFORT STATIONS
RELL M. WOODWARD
Surgeon United States Public Health Service

Travelers from almost all foreign countries describe the public


convenience stations of foreign cities. In London there are many
places where crooked streets converge, leaving perhaps an irregular
open space or plaza. These are not all occupied by statues, as the city
has attempted to provide comfort for the living as well as honor to
the dead. Two modest iron stairways with suitable signs lead to two
rooms below ground, one for women, the other for men, where
toilets and urinals are found.
On the continent the provisions are usually less complete and in
many instances in the eyes of Anglo-Saxon observers seem much too
public. For instance in Paris urinals for men are located at
convenient points, but some of them only cover the user from the
breast to the knees. In Antwerp and Brussels urinals are attached to
posts at the edge of the narrow sidewalk, and some of them have no
screen at all. In Rotterdam at frequent intervals scrolls of sheet iron
shaped somewhat like a letter C are located in the gutters of the
sidewalks; the open side of the scroll facing the street. They reach
from a point above the head to about a foot from the ground. In Italy
there are places, notably Naples, where two slabs of slate set in a wall
at an angle serve the purpose of a urinal. They are usually at the
entrance to a small street or alley, and are not screened. The custom
of ages causes the natives to pass by these without a glance, but to
use them is embarrassing to the tourist.
It is not the intention to advocate such crude contrivances, but to
present a plea for the establishment at frequent intervals of
convenience stations designed for the use of both men and women,
and with such surroundings that one may enter and leave without
feeling the blush of shame.
Many American cities have provided a few such places, for
instance in parks, and some of these are admirable in conception and
in structure; but one cannot always remain near a park, and in
winter when the kidneys are most active, these stations are often
closed. One of the most practical stations of this kind that I have seen
is in the Boston Common. It is underground in a small hill, with a
wide stairway leading to it.
As one approaches it he sees that the room is lighted and is lined
with white tiling. There are urinals, closets, washstands, and a shoe-
blacking establishment. It has the appearance of a toilet room in a
hotel, and the place is well ventilated and kept clean. I do not recall
how it is heated, but such places could be heated with steam from
adjacent buildings or by stoves.
Cities must of course consider the economic side of any new
enterprise. I believe that such stations, outside of the cost of original
construction, could be made almost if not quite self-supporting, in
the following way. Lease the shoe-blacking privilege to an individual
for a good round fee, said individual to be subject to certain rigid
rules and regulations, and the place to be subject to periodical
inspections. The lessee should be required to keep the place in
perfect sanitary condition. In addition to his income from blacking
shoes the lessee might be allowed to rent a few closets, ordinarily
kept locked, and charge a small prescribed fee. If the patronage of
the station in Boston Common is a criterion it would seem to me that
the city could demand a fee from the lessee that would cover all
ordinary running expenses.
A woman attendant in the ladies’ station could be allowed the
privilege of renting closets, and could also be provided with pins,
buttons, and other necessaries such as are kept in the ladies’ waiting
rooms at department stores.
As a public health measure the subject must be considered from
two standpoints, the health of the individual, and the health of the
community.
Physiology teaches us that the normal adult bladder, when fully
distended, holds twenty ounces, but that a discomfort begins when it
contains more than four ounces. As one advances in years prolonged
retention of urine causes ammoniacal decomposition, with
consequent irritation of the bladder. If the retention is frequent,
disease of the kidneys must follow.
At present in most American cities there are few convenience
stations available to the public outside of hotels and saloons. In
nearly all hotels one finds a sign stating that the toilet facilities are
for the exclusive use of the guests. This makes a stranger feel
unwelcome.
Saloons are open to the public, but one dislikes to make use of the
sanitary privileges offered without purchasing something. To a man
of mature age, who is perhaps in the habit of taking an occasional
drink, this phase of the subject has little importance; but for a young
man in a strange city, driven for lack of comfort stations into a saloon
the question assumes a moral side. The only way to avoid the saloon
is to make use of an alley or other dark place, thereby breaking a city
ordinance and creating a nuisance which gives the offence a public
health aspect. The frequency with which this is done is evidenced by
the familiar sign “Commit No Nuisance.” In London I saw a sign that
to my mind was much less objectionable and equally effective; it read
simply “Decency Forbids.”
The establishment of comfort stations at convenient points would I
think contribute greatly to public health.
JOTTINGS

INFANT MORTALITY RATE IN N. Y.

The January Bulletin of the Department of Health in New York city


shows that the downward curve of the death rate during 1910 and
1911 was continued in 1912 and that the lowest point ever recorded in
the city has been reached. In 1911 the death rate was 15.13 for 1,000,
while in 1912 it was 14.11. The difference of 1.02 between the two
years means that 5,276 lives were saved in 1912, for, if the rate of
1911 had prevailed last year, New York’s death roll would have been
larger by just that number. In analyzing the returns it is found that
the decrease has affected those diseases which the Department of
Health seeks to control; namely, the acute infectious diseases,
tuberculosis of the lungs, and the diarrhoea of children. On the other
hand, there is a decided increase in the mortality from those diseases
which seem to be peculiar to our modern society and which are not
under public health control, organic heart disease and Bright’s
disease.
The infant mortality rate is low. Calculated on the basis of reported
births the deaths of children under one year number only 105 per
thousand born, and in all probability this is a little too high, for New
York city does not claim to have more than from 90 to 95 per cent
birth registration. The record is encouraging when compared with
the figures for Great Britain and Germany. The rate for England and
Wales in 1911 was 130; that for Berlin in 1910 was 157.

HEALTH OF LONDON SCHOOL CHILDREN

Only in the last few years has the law required every child
attending an elementary school to be physically examined on
entering and leaving and, therefore, statistics on the health of school
children in England are only now available. About a million and a
half children are now examined annually. The report of Sir George
Newman, chief medical officer of the Board of Education for 1911,
has just been issued. It shows the condition of 186,652 children in
thirteen counties and sixteen urban areas and is far from
satisfactory. Only in one urban area did the percentage of “good”
nutrition reach 45, and from this figure it ranged down as low as 3.8.
Of 200,000 children examined in London more than half were found
to be defective and over 78,000 were recommended for treatment.
According to this report the malnutrition is due in the great majority
of cases to ignorance of the relative value of foodstuffs and the means
of using them economically, and only in the minority to poverty.
About .5 per cent of the children are feeble-minded and of these
about one-seventh are of such low grade as to be uneducable.

INTERNATIONAL CONGRESS ON SCHOOL HYGIENE

The preliminary bulletin of the Fourth International Congress for


School Hygiene announces a meeting, which is to be held in Buffalo,
N. Y., August 23 to 30 next. The three preceding congresses were
held in 1904 in Nuremberg; in 1907 in London, and in 1910 in Paris.
The president of the congress is Charles W. Eliot, president emeritus
of Harvard University; the vice-presidents are: Dr. W. H, Welch,
professor of pathology at Johns Hopkins University and Dr. Henry P.
Walcott, chairman of the Massachusetts Board of Health. The lists of
vice-presidents and members of the international committee
includes the names of some of the foremost men of science in Europe
and Asia. Buffalo has raised $40,000 to meet the expenses of the
Congress and to entertain the delegates.

3 TO 1 FOR TUBERCULOSIS HOSPITAL

That the people are coming to favor taxing themselves for public
measures to control tuberculosis is indicated by a referendum vote
on the establishment of a county tuberculosis hospital in eight towns
of St. Lawrence county, New York. The public health committee of
the board of supervisors failed to draw up a question to be voted
upon in all the towns of the county as instructed by the board. But
eight town supervisors took an informal vote on the question. The
question carried in all eight towns. The ballots stood more than three
to one in the affirmative. This is the first time that this question has
been submitted to a vote of the people in New York state. Three of
the towns are distinctly rural and only one of the eight communities
is a city.
CALENDAR OF CONFERENCES

CONFERENCES
April and May Conferences

Alabama Sociological Congress, Birmingham, Ala. April 22–24,


1913. William M. McGrath, Pres., Associated Charities,
Birmingham.
Baptist Convention, Northern, Detroit, Mich., May 13–20, 1913.
Con. Sec’y. Rev. W. C. Bitting, St. Louis.
Boys, General Assembly of Workers with. Culver, Ind., May 17–30,
1913. Information may be secured from the Boys’ Work Dept., Y.
M. C. A., 124 E. 28th Street, New York.
Charities and Correction, New York City Conference on. May
14–15, 1913. Sec’y, John B. Prest, 287 Fourth Avenue, New York.
Charities and Correction, Semi-annual Conference, Colorado
State Board of. Denver. May 13, 1913. Sec’y, William Thomas,
Capitol Building, Denver.
Charities and Corrections, Arkansas Conference of, Little Rock,
Ark., May 13–15, 1913. Sec’y, Murray A. Auerbach, Little Rock.
City Planning, National Conference On. Chicago, May 5–7, 1913.
Sec’y, Flavel Shurtlett, 19 Congress Street, Boston.
Conservation of Human Life, Conference on. Portland, Ore., May
9–11, 1913. Information can be secured by addressing Reed
College, Portland.
Colored People, Fifth Annual Conference of National Association
for Advancement of. Philadelphia, Pa., April 23–25, 1913. Sec’y,
May Childs Nerney, 26 Vesey St., New York City.
Jewish Social Workers, Third Informal Conference, National
Association of. Atlantic City, N. J. May 29–30, 1913.
Mothers, National Congress of. Boston, May 15–20, 1913. Sec’y,
Mrs. A. A. Birney, 806 Loan and Trust Bldg., Washington, D. C.
Peace Conference, Fourth American. St. Louis, Mo., May 1–4,
1913. James E. Smith, Chairman. St. Louis.
Playground and Recreation Association of America.
Richmond, Va., May 6–10, 1913. Sec’y, H. S. Braucher, 1 Madison
Avenue, New York.
Southern Sociological Congress, Atlanta, Ga., April 25–29,
1913. Gen. Sec’y, J. E. McCulloch, Nashville, Tenn.
Women’s Clubs, New Jersey Federation of Atlantic City, May 2
and 3, 1913. Sec’y, Mrs. Joseph M. Middleton, 46 Prospect St.,
Trenton.
Young Men’s Christian Association, International Conference of.
Cincinnati, May 15–18, 1913.
LATER MEETINGS

International

Blind, Fourth Triennial International Conference on the London,


England, 1914; probably July 20. Sec’y, Henry Stainsby, 206
Great Portland St., London, W.
Children’s Welfare, International Congress for. Amsterdam,
Netherlands, 1914. President, Dr. Treub, Huygenstraat 106,
Amsterdam.
Christian Citizenship Conference, World’s. Portland, Ore., June
29–July 6, 1913. Chairman, Rev. James S. Martin, 209 9th St.,
Pittsburgh, Pa.
Farm Women, International Congress of. Tulsa, Okla., October
22–November 1, 1913. Sec’y, Mrs. John T. Burns, Tulsa, Okla.
Housing, International Congress on. The Hague, Holland,
September 8–13, 1913. Sec’y, M. O. Veighe, director general
Ministry of Agriculture, Brussels. Executive secretary section for
United States, William H. Tolman, 29 West 39th Street, New
York.
Infant Mortality, English-speaking conference on. London,
England. August 4 and 5, 1913. Under auspices of the British
National Association for the Prevention of Infant Mortality and
for the Welfare of Infancy, London.
Prison Congress, Quinquennial. London, Eng., 1915. Sec’y, F.
Simon Van der Aa, Groningen, Holland.
School Hygiene, Fourth International Congress on. Buffalo, N. Y.,
Aug. 25–30, 1913. Sec’y Gen., Dr. Thomas A. Storey, College of
the City of New York.
Student Christian Federation, World’s, Lake Mohawk, N. Y.,
June 2–8, 1913. Gen. Sec’y, John R. Mott, 124 East 28th Street,
New York.
Students (“Corda Fratres”), Eighth International Congress of.
Ithaca, N. Y., August 20–September 13, 1913. Information can be
secured by addressing the Cornell Cosmopolitan Club, Ithaca, N.
Y.
Town Planning and Organisation of Municipal Life, First
International Congress on Art of. Ghent, Belgium, Summer 1913.
General Sec’y, Paul Saintenoy, Brussels.
Unemployment, International Association on. Ghent, Belgium,
September 3–6, 1913. American Section secretary, John B.
Andrews, 121 East 23rd St., New York City.

National

Charities and Correction, National Conference of. Seattle,


Wash., July 5–12, 1913. Sec’y, Alexander Johnson, Angola, Ind.
Home Economics, American Association of. Ithaca, N. Y., June
27–July 4, 1913. Information may be secured from Marguerite B.
Lake, Forest Hill, Md.
Infant Mortality, American Association for Study and
Prevention of. Fourth annual meeting. Kansas City, Mo., Oct.
23–25, 1913. Exec. Sec’y, Gertrude B. Knipp, 1211 Cathedral St.,
Baltimore.
Medicine, American Academy of. Thirty-eighth Annual Meeting.
Minneapolis, Minn., June 13, 14, 1913.
Officials of Charities and Correction, American Association
of. Fourth Annual Meeting. Springfield, Ill., June 24–26, 1913.
Sec’y, W. T. Cross, Columbia, Mo.
Prison Association, American, Indianapolis, Ind., Oct. 11–16,
1913. Sec’y, Joseph P. Byers, Trenton, N. J.
Social Insurance, First American Conference on. Chicago, Ill.,
June 6–7, 1913. Sec’y, John B. Andrews, 131 East 23rd St., New
York City.
State and Local

Charities and Correction, Ohio State Conference of. Akron, O.,


October, 1913. Sec’y, H. H. Shirer, 1010 Hartman Bldg,
Columbus, O.
EXHIBITIONS

International

Panama-Pacific Exposition, San Francisco, Cal., Feb. 20–Dec. 4,


1915. Social Economy Department—Frank A. Wolff, Washington,
D. C.
Panama-California Exposition, San Diego, Cal., Jan. 1–Dec. 31,
1915. Director of Exhibits, E. L. Hewett, San Diego.
Student Christian Federation World’s, Lake Mohawk, N. Y.,
June 2–8, 1913. Exhibits including “social study and service.”
Gen. Sec’y, John R. Mort, 124 East 28th St., New York.
School Hygiene, Fourth International Congress on. Buffalo, N. Y.,
Aug. 25–30, 1913. Chairman. Committee on Scientific Exhibit,
Dr. Fletcher B. Dressler, Bureau of Education, Washington, D. C.

National

Conservation Exposition, National, Knoxville, Tenn., Sept.-Oct.,


1913.

Local

Child Welfare Exhibit, New Britain, Conn., April 25–May 2.


Sec’y, E. W. Pelton.
Taxation in New Jersey. Charts prepared by the Bureau of
Municipal Research will be shown at the New Jersey Federation
of Women’s Clubs. Atlantic City, May 2 and 3. Sec’y, Mrs. Joseph
M. Middleton, 46 Prospect St., Trenton, N. J.
JOTTING

KENTUCKY SCHOOL LAW


A newly enacted state-wide compulsory school attendance law
brings Tennessee into line with its neighbor Kentucky. Attendance at
school is required of all between the ages of eight and fourteen and of
all between fourteen and sixteen who are not “actively and regularly
and lawfully” employed or who are unable to read and write. This
new law takes from the map printed in The Survey of February 15
one of the five gray southern states that have had compulsory
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TRANSCRIBER’S NOTES
1. P. 81, added title “The Survey, Volume XXX, No. 3, Apr
19, 1913.”
2. Silently corrected obvious typographical errors and
variations in spelling.
3. Retained archaic, non-standard, and uncertain spellings
as printed.
*** END OF THE PROJECT GUTENBERG EBOOK THE SURVEY,
VOLUME 30, NUMBER 3, APR 19, 1913 ***

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