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Managing Quality of Life in Tourism and

Hospitality 1st Edition Muzaffer Uysal


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Dans le poste où la Providence l’avait placé, Robert «ajouta beaucoup à
l’idée qu’on avait de sa capacité; en peu de temps il donna une nouvelle face
à son abbaye, dont le temporel et le spirituel avaient également souffert des
derniers troubles.» De toutes parts on accourut se ranger sous sa houlette
paternelle, et le nombre des religieux s’éleva bientôt à soixante: «N’ayant
trouvé que quarante religieux conventuels en ce Mont, dit dom Huynes, il en
receut encor une vingteine, et eust soin que ce nombre de soixante ne
diminuast, afin, par ce moyen, de satisfaire aysément aux dévotions des
pèlerins et que le service

Fig. 36.—Face ouest du Mont-Saint-Michel, construite par Robert de Torigni.—A droite figure un
échafaudage de 62 mètres de hauteur, pour le montage des matériaux nécessaires à la restauration,
commencée depuis 1872.

divin y fut faict honorablement.» En effet, de nombreux étrangers venaient


chaque jour invoquer l’archange saint Michel et admirer la science de
Robert. Dès la seconde année de cette prélature, l’archevêque de Rouen et
les évêques d’Avranches, de Coutances et de Bayeux visitèrent le Mont-
Saint-Michel et y passèrent quatre jours, tant étaient grands les charmes de la
conversation de Robert; dans ce voyage, Hugues, archevêque de Rouen,
consacra l’autel érigé dans la crypte de l’Aquilon. Deux ans plus tard, en
1158, Henri II, dans son expédition contre la Bretagne, accomplit un
pèlerinage au mont Tombe, en compagnie de l’évêque d’Avranches qui
l’avait réconcilié avec son rival, Conan IV; le monarque dîna au réfectoire à
côté des moines et combla Robert de ses faveurs; la même année, il retourna
au Mont une deuxième fois avec le roi de France, Louis VII, quatre abbés,
plusieurs personnages illustres et un grand nombre de pieux fidèles. Ce
pèlerinage est un des plus imposants de tout le moyen âge. Ces deux
monarques avec ces abbés et ces moines, cette foule de pèlerins qui se
déroule sur les grèves, monte en spirale sur le flanc de la montagne et
remplit la vaste enceinte de la basilique, présentent un spectacle que nous
avons peine à nous figurer, même après les grandes manifestations de notre
époque.
«La reine d’Angleterre, disent les auteurs de l’Histoire littéraire de la
France, ne céda point à son époux en estime pour l’abbé du Mont-Saint-
Michel. Elle lui en donna un gage bien marqué;» car, ayant mis au monde,
«l’an (1161), à Domfront, une fille nommée comme elle, Éléonore, elle
voulut qu’il la tînt sur les fonts de baptême avec l’évêque d’Avranches.»
A l’extérieur, l’influence des religieux s’étendit au loin. Henri II choisit
Robert pour conseiller intime, et lui confia la garde du château de Pontorson,
dont il avait destitué le gouverneur sur les plaintes des habitants du pays;
quelques années plus tard, l’illustre abbé fit le voyage d’Angleterre pour
assister à la translation des reliques de saint Edouard; et, après le meurtre de
Thomas Becket, il joua un rôle important au concile d’Avranches, à la suite
duquel Henri II se fit relever des censures de l’Église; il prit part également
au concile de Tours et contribua sans doute par ses conseils à l’extirpation du
schisme d’Octavien. De son côté le seigneur de Fougères venait alors rendre
hommage à l’abbé du Mont, et chaque année, le jour de la Saint-Michel, il
sonnait les premiers coups de cloche pour l’office solennel. Les bénédictins
n’étaient pas moins honorés à la cour de Rome, et Alexandre III leur donna
plus d’une marque de sa haute protection. En un mot, la renommée du
monastère ne connut point de bornes. Il en fut ainsi de la prospérité
matérielle; car, d’après les anciennes archives, Robert ne reçut pas moins de
cent chartes de donation.
A l’intérieur du cloître, les sciences et les arts florissaient avec un éclat
jusqu’alors inconnu, et saint Michel, l’ange de la lumière, le prince éthéré,
comme on disait souvent, n’avait jamais compté un plus
Fig. 37.—Moine présentant un manuscrit à saint Michel. Dessin colorié d’un ms. du Mont-Saint-
Michel: Sancti Clementis recognitiones. Onzième siècle. Conservé à la bibliothèque d’Avranches.
D’après une photographie de MM. Maquerel et Saillard.

grand nombre de dévots serviteurs, ou plutôt d’ardents disciples. Dès le


huitième et le neuvième siècle, avons-nous dit plus haut, les chanoines de
Saint-Aubert s’étaient livrés à l’étude avec succès; dans les siècles suivants,
le Mont-Saint-Michel possédait une école où l’on cultivait toutes les
branches des connaissances humaines. L’Écriture Sainte et les principaux
écrits des Pères, surtout de saint Grégoire le Grand et de saint Augustin, la
physique et la philosophie d’Aristote, les œuvres de Cicéron, de Sénèque, de
Marcien et de Boëce, la grammaire, l’éloquence, le calcul, l’astronomie,
l’histoire, la jurisprudence, la poésie, la musique, la peinture et
l’architecture, la médecine elle-même et l’art de gouverner les peuples
étaient étudiés et enseignés par les

Fig. 38.—Saint Augustin écrivant sous la dictée d’un ange.


Fig. 39.—Lettre B historiée.
Fig. 40.—Saint Michel terrassant le démon.
Dessins au trait coloriés d’un ms. du Mont-Saint-Michel: Sancti Augustini super psalmos. Onzième
siècle. Bibliothèque d’Avranches. D’après une photographie de MM. Maquerel et Saillard.

enfants de Saint-Benoît. Tous, maîtres et élèves, vénéraient l’Archange


comme leur guide et leur patron. C’est ainsi que, dès la plus haute antiquité,
saint Michel exerce sa mission de protecteur des lettres et de propagateur des
saines doctrines.
Parmi les moines du Mont-Saint-Michel, un grand nombre comme
Hilduin, Scoliand, Gautier, Raoul et Fromond, transcrivaient et enluminaient
les manuscrits précieux dont la révolution a dépouillé l’abbaye (fig. 37 à 44);
d’autres composaient de pieux commentaires sur les livres saints, ou
annotaient les ouvrages des Pères de l’Église et des philosophes de
l’antiquité; au premier rang brillaient les Anastase, les Robert de
Tombelaine, et les autres dont il a été parlé dans le cours de cette histoire.
Les travaux exécutés par ces humbles religieux ont été dans ces derniers
temps l’objet d’études sérieuses, et ont fixé l’attention de plusieurs érudits,
en tête desquels nous pouvons placer M. l’abbé Desroches, Ravaisson,
Bethmann, Taranne et Léopold Delisle. En parcourant ces vieux parchemins
que le temps a épargnés, on voit revivre le moyen âge avec ses traits les plus
saillants. La littérature est simple et naïve, comme il convient à son berceau;
les récits historiques sont accompagnés de pieuses légendes où la poésie a
une large part; la pensée a presque toujours quelque chose d’élevé, et, à
chaque page, une note, une réflexion, une prière nous révèle les sentiments
du copiste ou du lecteur. La méditation des saintes Lettres était la principale
occupation des bénédictins; venait ensuite l’étude des Pères de l’Église et
des auteurs profanes; les arts libéraux et la linguistique elle-même
occupaient les moments de loisirs. Ainsi, pour en fournir des exemples, un
manuscrit du dixième ou onzième siècle renferme des cantiques composés à
la gloire de saint Michel et notés en musique; un autre du onzième siècle
contient un passage intéressant sur les divers alphabets. Les couleurs
employées pour les titres et les initiales, les miniatures dont les majuscules
sont ornées, les dessins qui accompagnent les récits ou les controverses,
l’écriture gothique avec ses variétés, nous fournissent des détails importants
sur le progrès des arts à la fin du dixième siècle et dans le cours des deux
siècles suivants. Les sujets qui sont choisis de préférence et représentés dans
ces enluminures appartiennent le plus souvent à l’histoire du Mont; par
exemple, c’est l’Archange saint Michel avec le dragon sous ses pieds (fig. 37
et 40). Nous trouvons aussi dans le volume des œuvres choisies de saint
Jérôme, de saint Augustin et de saint Ambroise, une scène où l’évêque
d’Hippone dispute avec un hérétique, pendant que Notre-Seigneur, placé au-
dessus dans une tribune, semble assister à la discussion et y prendre un vif
intérêt. Tous ces ouvrages avaient une grande valeur à une époque où les
livres étaient rares; aussi les bénédictins les regardaient comme l’une de
leurs principales richesses, vouaient à l’anathème quiconque oserait les
dérober et les plaçaient sous la garde de l’Archange lui-même. Le volume de
l’Exposition morale de saint Grégoire contient la note suivante: «Ce livre
appartient à saint Michel;..... Si quelqu’un le dérobe, qu’il soit anathème.
Amen. Fiat. Fiat. Amen dans le Seigneur.»
La construction de la basilique et les travaux entrepris par les Roger
avaient favorisé ce progrès des sciences et des arts en attirant au
Fig. 41.—Saint Augustin discutant contre Fauste. Miniature d’un ms. du Mont-Saint-Michel:
Augustinus contra Faustum. Onzième ou douzième siècle. Bibliothèque d’Avranches. D’après une
photographie de MM. Maquerel et Saillard.

Mont des artistes habiles et des savants distingués; mais Robert de


Torigni contribua plus à lui seul que tous ses prédécesseurs à la gloire
littéraire du Mont-Saint-Michel. En effet, quelle plume fut alors aussi
féconde que la sienne? Outre les manuscrits précieux dont la bibliothèque se
trouva enrichie en peu d’années, plusieurs ouvrages furent composés par les
bénédictins eux-mêmes. L’abbaye mérita le beau titre de cité des livres, et
Robert, le plus savant, le plus laborieux de tous les moines, reçut le nom de
grand libraire du Mont-Saint-Michel. On lui doit en particulier l’Histoire du
roi d’Angleterre, Henri Iᵉʳ, qui est

Fig. 42.—Charte de donation de Gonnor.


Fig. 43.—Charte de donation de Robert.
Dessins à la plume d’un ms. du Mont-Saint-Michel: Cartularium monasterii montis sancti Michaelis.
Douzième siècle. D’après une photographie de MM. Maquerel et Saillard.

la continuation du travail de Guillaume de Jumièges sur les ducs de


Normandie, l’Appendice à la Chronique de Sigebert, moine de Gembloux,
un Traité sur les ordres religieux, une Histoire du monastère du Mont-Saint-
Michel, un Prologue sur l’exposition des épîtres de saint Paul, d’après saint
Augustin. Ces ouvrages et les autres du même auteur ont un mérite sérieux;
la chronique surtout a obtenu un grand et légitime succès. Robert du Mont y
corrige avantageusement les défauts de Sigebert de Gembloux; son style
calme, grave, simple, naïf parfois, est plus en rapport avec la dignité de
l’histoire; sa critique est plus impartiale, plus judicieuse, plus sûre, sans être
pourtant à l’abri de tout reproche; il suit une méthode plus rigoureuse dans
l’arrangement des faits, ce qui le rend agréable, clair et facile à suivre. Les
auteurs de l’Histoire littéraire de la France en ont porté ce jugement: «C’est,
depuis la mort d’Orderic Vital, le seul historien français que nous puissions
opposer au grand nombre d’historiens anglais qui, à la même époque,
écrivaient leurs chroniques.»
Sous la prélature de Robert du Mont, Guillaume de Saint-Pair, nommé «le
moine jovencel» ou «la kalandre de la solitude,» composait son Roman du
Mont-Saint-Michel. Il ne le cède pas à l’auteur du Roman de Rou pour
l’exactitude historique, et comme poète il lui est supérieur. Rien n’est plus
attachant que le récit des événements accomplis au mont Tombe jusqu’au
règne de Robert Courte-Heuse! Le but qu’il se propose d’atteindre, son nom
et celui de l’abbé sous lequel il écrit, nous sont révélés en tête du poème:

«Molz pelerins qui vunt al Munt,


«Enquierent molt, e grant dreit unt,
«Comment l’igliese fut fundée
«Premierement, et estorée.
«Cil qui lor dient de l’estoire
«Que cil demandent, en memoire
«Ne l’unt pas bien, ainz vunt faillant
«En plusors leus, e mespernant.
«Por faire-la apertement
«Entendre à cels qui escient
«N’unt de clerzie, l’a tornée
«De latin tote et ordenée
«Par veirs romieus novelement
«Molt en segrei, par son convent,
«Uns jovencels; moine est del Munt,
«Deus en son reigne part li dunt!
«Guillelme a non de Seint-Paier,
«Cen veit escrit en cest quaier.
«El tens Robeirt de Torignié
«Fut cil romanz fait e trové.»

Robert du Mont ne travailla pas avec moins d’ardeur au progrès de l’art


chrétien qu’au développement des lettres et des sciences divines ou
humaines. Sous sa direction, les moines copièrent plusieurs volumes dont un
certain nombre sont regardés comme des chefs-d’œuvre de calligraphie et
renferment des enluminures précieuses pour l’histoire du Mont-Saint-
Michel. Dans le beau Cartulaire qui remonte à cette époque, on trouve la
troisième apparition de saint Michel au bienheureux Aubert; l’Archange aux
ailes déployées s’incline vers le pontife et le touche à la tête, tandis que des
personnages mystérieux jouent de divers instruments de musique en signe de
réjouissance; le lit et la chambre de l’évêque, l’édifice qui est représenté au-
dessous, la vivacité du coloris, les différentes ornementations des dessins
nous offrent autant de particularités à la fois originales et instructives (fig. 42
à 44).
L’illustre abbé joignit à son titre de libraire celui d’architecte du Mont-
Saint-Michel. D’après les indications de M. Corroyer, on lui doit, à
l’extrémité de la façade romane de la basilique, les deux anciennes tours et le
porche qui servait à les unir; à l’ouest, les bâtiments adossés aux
substructions primitives; et, au sud, les corps de logis que les modernes ont
désignés sous les noms d’hôtellerie et d’infirmerie du Mont-Saint-Michel.
Ces édifices, dont les uns ont disparu et les autres sont restés debout comme
des témoins éloquents de la puissance et du génie de nos pères (fig. 45 et
46), appartiennent à cette belle époque où le roman, parvenu à son plus haut
degré de perfection, s’élance, se dégage en quelque sorte des entraves du
plein-cintre pour se transformer bientôt en ogive élégante et gracieuse.
La carrière de Robert était remplie. Son âme, disent les annalistes, se
détacha de son corps et alla jouir de la vie bienheureuse, avec le saint
Archange dont «il avait si honorablement gouverné l’abbaye;» sa dépouille
mortelle reçut la sépulture sous le portique de l’église, au pied de l’une des
tours qu’il avait élevée lui-même pendant sa vie. Il était âgé de quatre-vingts
ans, dont trente-deux s’étaient écoulés depuis sa nomination à l’abbaye du
Mont-Saint-Michel. Les religieux l’inhumèrent
Fig. 44.—Troisième apparition de saint Michel à saint Aubert. Dessin au trait colorié d’un ms. du
Mont-Saint-Michel: Cartularium monasterii montis sancti Michaelis. Douzième siècle. Bibliothèque
d’Avranches. D’après une photographie de MM. Maquerel et Saillard.

avec sa crosse et ses ornements pontificaux, et placèrent dans le sarcophage


un disque de plomb portant les inscriptions suivantes:
✠ HIC. REQVIESCIT. ROBERTUS. DE. TORIGNEIO.
ABBAS. HVIVS. LOCI.
✠ QVI. PREFVIT. HVIC. MONASTERIO. XXX. II.
✠ VIXIT. VERO. LXXX ANNIS.

Fig. 45.—Constructions de Robert de Torigni. Coupe longitudinale, de l’est à l’ouest.


Plans et Détails des Bases de la Façade romane.
Fig. 46.—Constructions de Robert de Torigni. Coupe transversale, du nord au sud.

Ici repose Robert de Torigni, abbé de ce lieu. Il gouverna ce monastère


trente-deux ans et en vécut quatre-vingts (fig. 47 et 48).
C’est au 23 ou au 24 juin 1186, qu’il faut rapporter la mort de l’illustre
abbé. Le Mont-Saint-Michel perdait en lui un savant et un saint; Robert, en
effet, était un théologien profond, un érudit remarquable, un historien
consciencieux, un architecte habile, et par-dessus tout un moine régulier,
pieux et zélé, en un mot l’une des plus belles figures du cloître à cette
époque si féconde en grands hommes. Jamais cette double auréole de la
science et de la vertu ne devait briller avec autant d’éclat sur le front des
religieux qui portèrent la crosse dans la suite; cependant les hommes d’une
telle valeur impriment à leurs œuvres une forte impulsion qui se ralentit
d’ordinaire, mais ne s’arrête pas au moment où ils descendent dans la tombe;
c’est pourquoi, après la mort de Robert, le Mont-Saint-Michel compta des
années et même des siècles de prospérité.
Un religieux du monastère, dom Martin, désigné dans une inscription de
l’époque sous le nom de Martin «de Furmendeio,» fut élu en 1187, treize
mois après la mort de Robert de Torigni. Ce long délai prouve que les
bénédictins, avant de procéder à une élection canonique, prirent toutes les
mesures de prudence nécessaires pour ne pas éveiller les susceptibilités de
Henri II. Leur choix ne pouvait tomber sur un sujet plus digne de succéder à
Robert; Martin, en effet, gouverna l’abbaye avec sagesse, défendit
énergiquement les droits de ses religieux et montra une grande habileté dans
la gestion des biens temporels; mais sa prélature devait être de courte durée.
Il mourut le 19 février 1191, et reçut la sépulture à côté de son prédécesseur;
un disque de plomb fut aussi placé dans son sarcophage, avec l’inscription
suivante:
✠ HIC. REQVIESCIT. DOM. MARTIN. DE.
FVRMENDEIO. ABBAS. HVIVS LOCI:
Ici repose dom Martin «de Furmendeio,» abbé de ce lieu (fig. 49).
Dans cette dernière moitié du douzième siècle, le culte de l’Archange dut
principalement son extension en France et chez les nations voisines à

Fig. 47.—Épitaphe de Robert de Torigni.—Face.


Fig. 48.—Épitaphe de Robert de Torigni.—Revers.

l’influence du mont Tombe, et aussi à l’institution de l’ordre de Saint-Michel


en Portugal, sous le règne d’Alphonse Henriquez. Cet ordre fondé en 1167,
avait pour but de combattre l’erreur et de défendre la foi; les membres
devaient en outre réciter chaque jour les mêmes prières que les convers de
Cîteaux, donner l’exemple de la douceur et de l’humilité,

Fig. 49.—Crosse de Robert de Torigni.


Fig. 50.—Crosse de dom Martin.

réprimer les superbes et protéger les faibles. Cette institution, si noble dans
sa fin, était née sur un champ de bataille, à Santarem, où Alphonse
Henriquez, à la tête d’une poignée de braves, tailla en pièces l’armée
formidable d’Albrac, roi musulman de Séville, et reprit l’étendard du
royaume que l’ennemi lui avait enlevé au plus fort du combat.
Robert et ses moines, en se livrant à l’étude avec ardeur, avaient honoré
celui qu’ils appelaient leur maître et dont ils se disaient les disciples; leur
maison était devenue «la cité des livres,» et leur école «un phare lumineux»
qui jetait un vif éclat au milieu de la société féodale. A mesure que l’Église
ouvrit de nouveaux asiles aux sciences et aux lettres, et posa les fondements
de ces mille universités libres qui se disputèrent l’honneur de répandre en
tous lieux le bienfait de l’éducation,

Fig. 51.—Épitaphe de dom Martin.

l’Archange fut choisi pour veiller sur ces chères espérances de l’avenir; il
partagea cette noble mission avec la sagesse éternelle, avec Charlemagne,
sainte Barbe et sainte Catherine d’Alexandrie, avec saint Augustin, saint
Louis, saint Thomas d’Aquin, le bienheureux Albert le Grand, et tant
d’autres qui avaient allié le culte des lettres à l’amour et à la pratique de la
vertu; les grandes villes, à l’exemple de Paris et de Bruxelles, bâtirent des
collèges sous le nom et le vocable de saint Michel; dans les ordres militaires
eux-mêmes, spécialement en celui de France, les dignités étaient souvent la
récompense des travaux intellectuels. En 1771, les chevaliers, au nombre de
soixante-dix-sept étaient presque tous des savants distingués; c’est sous le
même patronage qu’une société s’est établie de nos jours pour la diffusion
des bons livres.
Porte-drapeau du Christ et vainqueur de l’Islam, protecteur des lettres et
propagateur des saines doctrines; tels sont les principaux titres que la piété
donnait de préférence à saint Michel à la mort de Robert de Torigni. Des
circonstances ménagées par la Providence allaient resserrer les liens qui
unissaient l’Archange avec la France du moyen âge.

VI.

LE MONT-SAINT-MICHEL A L’ÉPOQUE DE PHILIPPE-AUGUSTE


epuis la mort de dom Martin jusqu’à l’an 1286, quatre abbés
gouvernèrent successivement le Mont-Saint-Michel: Jourdain,
Radulphe des Isles, Thomas des Chambres et Raoul de Villedieu. Tous
se montrèrent les dignes héritiers de Robert du Mont. Les bénédictins
les ayant élus librement, leur obéirent avec le respect et la soumission qu’un
moine doit à son supérieur légitime; aussi, pendant que la France et
l’Angleterre étaient en proie à l’agitation et à la discorde, le monastère jouit
d’une grande prospérité à l’intérieur et opposa une vive résistance aux
attaques du dehors. Il est facile de juger par là avec quelle sagesse les règles
primitives laissaient aux religieux du Mont le libre choix de leurs abbés.
C’est pour avoir méconnu ce droit que les ducs de Normandie et les rois de
France compromirent plus d’une fois les intérêts de l’abbaye.
Jourdain, qui était venu se ranger sous la houlette de Robert à l’exemple
de plusieurs personnages distingués, comme Hamon de Beauvoir, Alfred de
Moidrey, Guillaume de Verdun et Raoul de Boucey, fut élu le 12 mars 1191
et mourut le 6 août 1212, après une prélature de 21 ans. Pour se conformer
au désir qu’il avait exprimé, on l’inhuma dans le prieuré de Notre-Dame-la-
Gisante, sur le rocher de Tombelaine. Il montra une prudence consommée au
milieu des grands événements dont il fut non seulement le témoin, mais
auxquels il dut prendre part, malgré son amour de la vie humble et cachée;
cependant
Fig. 52.—La Merveille.—Bâtiments de l’ouest. Coupe transversale du nord au sud. État actuel.

ses vertus ne le mirent pas à l’abri de tous soupçons, et des esprits


malveillants critiquèrent son administration; ils portèrent même leurs
plaintes au tribunal du souverain Pontife, Innocent III, qui, après un mûr
examen, rendit justice à l’accusé et infligea un blâme sévère à ses indignes
détracteurs.
Radulphe des Isles était également religieux du Mont-Saint-Michel quand
il réunit les suffrages des bénédictins et prit le gouvernement du monastère;
il se fit remarquer par une grande fermeté de caractère, et sa principale
occupation fut de maintenir la discipline dans toute sa vigueur primitive. Au
témoignage des historiens les plus accrédités, il n’occupa la stalle que six
ans, de 1212 à 1218.
Thomas des Chambres montra peut-être moins d’énergie que Radulphe
des Isles; mais, en retour, il se distingua davantage par l’éminence de ses
vertus, la modération de son caractère et la sagesse de ses conseils. Il ne
négligea rien pour inspirer à ses religieux le détachement des biens
périssables de ce monde, ou leur faire comprendre la sublimité de leur
vocation et l’excellence de la vie monastique; dans ce but il rédigea des
constitutions, qui furent approuvées par Théobald, archevêque de Rouen.
Thomas des Chambres étant mort le 5 juillet 1225, Raoul de Villedieu lui
succéda dans la charge d’abbé. Choisi comme ses prédécesseurs parmi les
bénédictins du mont Tombe, il aimait son monastère, et, pendant les onze
années de son gouvernement, il s’occupa sans cesse à défendre les intérêts et
les privilèges de ses religieux. Il se rendit célèbre surtout par les travaux
remarquables qu’il fit exécuter, et mérita d’être appelé par les annalistes l’un
des grands «architectes» du Mont-Saint-Michel.
Les quatre prélatures de Jourdain, de Radulphe des Isles, de Thomas des
Chambres et Raoul de Villedieu, renferment presque un demi-siècle, de 1191
à 1236, et embrassent une grande partie du règne de Philippe-Auguste, le
règne entier de son successeur, Louis VIII, surnommé le Lion, et les
premières années de saint Louis; de plus, elles sont restées célèbres à cause
des événements qui s’y rattachent.
Philippe-Auguste, malgré les fautes qui ont terni une phase de son
existence, a mérité le nom de «Charlemagne capétien;» il opéra de sages
réformes pour remédier aux abus du régime féodal; il dota magnifiquement
l’Université de Paris appelée dès lors la fille aînée des
Fig. 53.—Façades est de la Merveille et des bâtiments formant l’entrée de l’abbaye.—Restauration.

rois de France; il réunit à la couronne la terre d’Auvergne, les comtés


d’Artois, d’Évreux, de Meulan, de Touraine, du Maine, d’Anjou, du Poitou,
de Vermandois, de Valois et d’Alençon, avec le beau duché de Normandie;
en un mot il contribua pour une large part à fonder notre unité nationale.
Sous ce règne, le culte de saint Michel fit de rapides progrès dans toute
l’étendue de la France. Les ducs de Normandie, surtout depuis la fameuse
journée de Mortemer, en 1054, avaient presque toujours vécu en mauvaise
intelligence avec leurs suzerains, et le Mont-Saint-Michel qu’ils tenaient
sous leur domination n’offrait plus à nos rois l’intérêt d’un sanctuaire
national; Louis VII l’avait bien visité, s’y était même réconcilié avec son

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