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p. 29-34
p. 14-17
grèce
p. 74-83
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p. 12-13
SOMMAIRE
06 – CHRONOLOGIE Décembre 2009-janvier 2010
08 – CHRONOLOGIE Janvier-février 2010
10 – NEWS Regard de l’OSCE sur les Élections en Ukraine
11 – ZOOM SUR… Le pavillon de la France à l’exposition universelle de Shangai
12 – FOCUS Retour sur la crise politique malgache
14 – FOCUS Comment les images satellites peuvent sauver des vies
20 – NEWSMED Le thon rouge de Méditerranée, l’occasion pour l’Europe d’exercer sa diplomatie ?
21/PoINTs cHAuDs
22 – ANALYSE Combien coûte la conquête spatiale ?
Chine
p. 10
59/sTRATÉGIEs
60 - ANALYSE Guerre impossible vs terrorisme. Les deux visages d’un personnage historique ?
65 - CARTOGRAPHIE Afghanistan, une guerre régionale
66 - ENTRETIEN Les enjeux du développement des entreprises militaires et de sécurité privées :
le cas spécifique de l’Afghanistan
73/GÉoPoLITIQuE
74 - ANALYSE L’influence de Thucydide et de Démosthène
sur la politique étrangère des USA
77 - CARTOGRAPHIE Le monde vu de la Maison Blanche
85/ALERTEs DE sÉcuRITÉ
86 - CARTOGRAPHIE Alertes de sécurité dans le monde
Diplomatie 43
Affaires stratégiques et relations internationales 5
analyse
L’éternel retour de l’Amérique latine
Par alain Musset,
directeur d’études à
l’EHESS, membre du
conseil scientifique de
l’Institut des Amériques.
Auteur de Géopolitique
des Amériques (dir.), Paris,
Après deux décennies de mutations diverses et de consolidation
Nathan, 2009 (2e édition). à la fois économique, culturelle et démocratique, l’Amérique
Photo ci-dessus :
latine est de retour sur la scène internationale – mais ce retour
Le président mexicain, Felipe
Calderon (au centre), arrive à
est marqué par de très grandes ambiguïtés.
Brasilia le 16 août 2009,
A
pour une visite officielle lors que le Mexique et surtout le Brésil s’affirment dénoncer l’hégémonisme yankee et tenter d’imposer sa vision du
destinée à évoquer l’accord comme des puissances émergentes capables de ri- socialisme bolivarien à l’ensemble du sous-continent.
de libre-échange prévu valiser ou de discuter d’égal à égal avec l’Europe et C’est donc une Amérique latine plus que jamais divisée sur le
entre les deux puissances les États-Unis, tout en approfondissant leurs échanges et leur plan économique et idéologique qui doit établir un nouveau
d’Amérique latine (à elles coopération avec l’Inde et la Chine, les modèles économiques partenariat avec les États-Unis, choisir entre libéralisme et
deux, 70 % du PIB de la
libéraux qui ont triomphé dans les années 1980-1990 sont de socialisme pour lutter contre la pauvreté, et résoudre le faux
région) et le renforcement
plus en plus contestés par des nations dites « progressistes » dilemme posé par les contradictions qui semblent opposer sta-
des relations sur le plan
énergétique. À cette qui dénoncent l’hégémonie et l’impérialisme de la Maison bilité constitutionnelle et usage démocratique du pouvoir.
occasion, le président Blanche, comme au bon vieux temps de la guerre froide.
mexicain propose de créer L’année 2009 s’est ainsi déroulée dans un contexte politique de Les relations États-unis - Amérique latine :
« un grand G2 latino- plus en plus tendu, marqué non seulement par un coup d’État un retour de bâton ? (1)
américain ». (© AFP photo/ au Honduras suivi d’élections contestées par l’ensemble de la Dans ce contexte difficile, les relations entre les États-Unis
Presidencia/Francisco Santos) communauté internationale, de fortes tensions sur la frontière et leurs partenaires latino-américains ont été soumises à de
entre la Colombie et le Venezuela, des plaintes pour espionnage grandes fluctuations. Dans un premier temps, les attentats du
formulées par le Pérou contre le Chili, mais aussi par l’effet négatif 11 septembre 2001 ont provoqué une radicalisation des secteurs
de la crise économique mondiale sur les économies de la région, les plus hostiles à l’ouverture vers le sud de la forteresse nord-
largement dépendantes de la consommation nord-américaine. Ces américaine, au nom de la « Homeland Security » et de la « Ho-
conditions défavorables ont favorisé un durcissement de l’axe anti- meland Defense ». Cette nouvelle politique a été matérialisée en
impérialiste incarné par Hugo Chavez, président charismatique octobre 2006 par la décision de l’administration Bush d’ériger un
et contesté du Venezuela, qui a pris le relais de Fidel Castro pour véritable mur le long de la frontière avec le Mexique, frontière
42 Diplomatie 43
Mars - Avril 2010
que certains Nord-Américains considèrent désormais comme une représenter pour eux l’élection d’un président démocrate noir, PARLE DOUCEMENT
ligne de front. Au total, trois gigantesques tronçons formés de supposé plus sensible aux aspirations des populations pauvres ET PORTE UN GROS
plaques en béton, de clôtures en métal et de fils de fer barbelés et des pays en voie de développement. Cependant, la première BÂTON
sont en cours de construction à des endroits considérés comme année du gouvernement Obama n’a pas été caractérisée par de La doctrine du « Big Stick »
stratégiques : entre Calexico (Californie) et Douglas (Arizona), profonds changements dans ce domaine. L’idéologie de la « Ho- renvoie à la politique étrangère
entre El Paso (Texas) et Colombus (Nouveau-Mexique) et en- meland Security » est toujours d’actualité et les contrôles sur la de Roosevelt au début du
XXe siècle visant à faire assumer
tre Nuevo Laredo et Brownsville (Texas), l’ensemble couvrant frontière sud n’ont pas été relâchés. On peut même dire que le
aux États-Unis un rôle de police
1 132 kilomètres. L’armée a Mexique a intégré une par-
internationale. Le principal
été appelée en renfort pour tie de cette stratégie dans objectif était de protéger les
assurer la surveillance de la sa propre conception de la intérêts économiques du pays en
limite internationale et tous défense nationale, en partie Amérique latine, à commencer
les habitants de la zone fron- pour justifier sa lutte contre par la zone des Caraïbes. Par voie
talière peuvent désormais se des narcotrafiquants dont de conséquence Washington
brancher via Internet sur les l’emprise sur l’économie, la renforce ses forces navales.
caméras de télésurveillance société et le monde politique Théodore Roosevelt utilisa
braquées en permanence vers est de plus en plus forte. ce proverbe africain « Parle
doucement et porte un gros
le pays voisin afin de signaler La crise hondurienne dé-
bâton » au Minnesota State Fair,
aux autorités les passages clenchée le 28 juin 2009 par
le 2 septembre 1901.
sporadiques de clandestins. la destitution du président
Dans de nombreuses villes Manuel Zelaya aurait pu
de Géorgie, du Kentucky ou être l’occasion de manifes-
du Tennessee, de nouvelles ter une nouvelle orientation
lois ont interdit aux migrants Photo ci-dessus : de la politique étrangère
de louer des appartements À Managua (Nicaragua) le 19 juillet 2009, les partisans du Front nord-américaine vis-à-vis
sandiniste de libération nationale (FSLN) participent aux célébrations du de ses voisins du sud. De
s’ils ne disposent pas d’un
30e anniversaire du renversement de la dictature de Somoza en 1979.
visa de travail en règle. Les fait, en soutenant le prési-
La bannière présente les portraits (de gauche à droite) des présidents Photo ci-dessus :
contrôles policiers dans les du Honduras évincé Manuel Zelaya ; de l’Équateur, Rafael Correa ; de
dent déchu, l’administration
Affiche de campagne des
entreprises ont par ailleurs Cuba, Fidel Castro ; du Nicaragua, Daniel Ortega ; du Venezuela, Hugo américaine a d’abord tourné
élections de 1900 du Parti
dissuadé de nombreux Chavez et de Bolivie, Evo Morales, surmontés de la devise « Les peuples le dos à ses alliés naturels (li-
républicain portant cette
employeurs d’embaucher des unis ne seront jamais vaincus » et de « Vive l’unité latino-américaine ». béraux et nationalistes hon- phrase du président McKinley :
clandestins. Cette situation (© AFP photo/Mayerling Garcia) duriens) et s’est retrouvée « Le drapeau américain n’a pas
est d’autant plus difficile à de manière paradoxale dans été planté sur le sol étranger
supporter pour les Latino-Américains qu’ils forment désormais le camp des partisans de Chavez, de Daniel Ortega et de Fidel pour acquérir plus de territoire,
la principale minorité ethnique des États-Unis (44 millions de Castro. Les congressistes républicains, avides de revanche après mais pour l’amour de
membres reconnus), avant la communauté noire. la défaite de leur candidat à l’élection présidentielle de 2008, ont l’humanité. » Côté gauche de
Les « remesas » (transferts bancaires) que les Mexicains installés alors rappelé qu’il ne fallait pas se tromper d’ennemi et qu’on l’affiche, la situation en 1896
de l’autre côté du Rio Bravo effectuent chaque année au profit de avait eu tort de se déclarer trop vite en faveur d’un dictateur (avant la victoire de McKinley)
présente une panique bancaire
leurs familles ont atteint en 2007 la somme record de 24 milliards potentiel hostile aux intérêts américains. Le changement de po-
et la domination espagnole de
de dollars. Ils dépassent désormais en valeur les revenus du tou- sition de la Maison Blanche est sans doute le résultat de cette Cuba. Côté droit, la situation
risme international. Ces capitaux font vivre des familles entières prise de conscience. Après avoir appuyé l’accord mort-né de San en 1900 montre que les
dont les membres sont restés dans les villages du Guerrero ou José-Tegucigalpa qui supposait le retour provisoire de Manuel banques fonctionnent de
du Michoacán. Cependant, en 2008, la crise économique provo- Zelaya à la tête de l’État hondurien, l’administration américaine nouveau tandis que l’autorité
quée par l’effondrement d’une partie du système financier nord- a préféré soutenir un processus électoral contesté qui a abouti à des USA s’étend sur Cuba à
américain a touché de plein fouet des secteurs où les migrants l’élection du candidat du parti national, Porfirio Lobo (29 novem- la suite de la guerre hispano-
mexicains exerçaient leur activité (en particulier le bâtiment). bre 2009) – ce qui permettait de limiter l’influence croissante américaine de 1898. (© DR)
Les envois de dollars au Mexique ont alors commencé à chuter du trublion Hugo Chavez dans la région de l’isthme. Dans ce
et, au début de 2010, le mouvement ne s’est pas encore inversé. contexte, on notera l’incapacité de l’OEA à jouer un véritable rôle
Cette évolution a touché aussi les pays centraméricains où plus de dans le traitement et la résolution d’une crise majeure qui a fait
quatre millions de familles dépendent des « remesas » pour payer réapparaître les vieux démons du sous-continent : démocraties
leurs factures et acheter des produits alimentaires ou des biens de factices, putschs militaires et dictatures bananières.
consommation courante. C’est ainsi que pour le seul Honduras,
selon la Banque centraméricaine d’intégration économique, les De cuba à caracas :
envois de fonds venus des États-Unis ont représenté en 2007 près l’ALBA et le socialisme du XXIe siècle
de 2,5 milliards de dollars, soit 25 % du PIB. Par ailleurs, le revirement de la Maison Blanche a donné des ar-
L’arrivée au pouvoir d’Obama a suscité beaucoup d’expectati- guments à ceux qui utilisent la vieille rhétorique anti-impérialiste
ves de la part des Latino-Américains installés aux États-Unis et, pour dénoncer l’ingérence des États-Unis en Amérique latine. Dès
de manière générale, la communauté hispanique a soutenu sa la fin des années 1990, le retour au pouvoir de la gauche dans de
candidature, car elle pouvait représenter une rupture avec l’ère nombreux pays latino-américains a été la marque d’un véritable
Bush. De la même manière, de nombreux États latino-américains retournement de tendance après une décennie de libéralisme éco-
ont accueilli très favorablement le changement que pouvait nomique (retrait de l’État, privatisations, dérégulation, abandon des
Diplomatie 43
Affaires stratégiques et relations internationales 43
programmes sociaux) et de frustrations politiques. En 1998, l’instau-
ration au Venezuela de la république bolivarienne, sous l’autorité
d’Hugo Chavez (réélu en 2006), a ouvert la voie à d’autres victoires Les chefs d’État de l’ALBA
des forces dites « progressistes ». En 2003, l’ancien syndicaliste
Luiz Inácio da Silva (dit Lula) devient président du Brésil. Malgré
ont accusé l’armée
un bilan mitigé et quelques scandales largement exploités par la des États-Unis de vouloir profiter
presse d’opposition, il est réélu triomphalement en 2006. 2003 est
aussi l’année où Nestor Kirchner obtient le pouvoir en Argentine,
du désastre pour s’emparer
avant de voir sa femme, Cristina Fernandez de Kirchner, lui succé- de l’île en contrôlant par la force
der en 2007 pour suivre la même ligne politique de centre gauche.
En 2005, le défenseur des petits producteurs de coca boliviens,
tous ses accès maritimes
Evo Morales, réussit à briser l’hégémonie des partis traditionnels et aériens.
et impose son Mouvement vers le Socialisme à la tête de l’État.
La même année, les Uruguayens choisissent un leader du centre
gauche, Tabaré Vazquez, pour les diriger. C’est un ancien guérillero Si la gauche modérée reste prédominante, les années 2000
du mouvement Tupamaros, José Mujica, qui lui succède en 2009. semblent cependant marquées par l’émergence d’un front du
En 2006, on assiste à la victoire de Michelle Bachelet (Parti socia- refus nationaliste, socialiste et souvent populiste désormais
liste), au Chili, et de Rafael Correa, candidat d’une alliance regrou- incarné par l’axe La Havane-Caracas-La Paz et par l’Alterna-
pant différents partis de gauche, en Équateur. C’est aussi le retour tive bolivarienne pour les Amériques (ALBA), transformée en
au pouvoir du social-démocrate Alan Garcia au Pérou, mais surtout Alliance bolivarienne des peuples d’Amérique en juin 2009.
du sandiniste Daniel Ortega au Nicaragua (et avec lui réapparaît Lancée en 2004 à l’initiative de Fidel Castro et d’Hugo Chavez,
l’ALBA cherche à proposer une autre forme de coopération
économique et sociale au sein des nations latino-américaines,
en suivant la formule altermondialiste « un autre monde est
possible » afin de combattre la pauvreté qui continue à pe-
ser lourdement sur les sociétés latino-américaines malgré
l’application des recettes imposées dans les années 1980 par
le Fonds monétaire international et la Banque interaméricaine
de développement. Ces héros déclarés sont Simon Bolívar (El
Libertador), José Marti et Che Guevara.
Après des débuts difficiles, les dirigeants de l’ALBA ont profité
non seulement des difficultés internationales enregistrées par
l’administration Bush, mais aussi de la montée des prix du pé-
trole (conjoncture favorable aux finances du Venezuela et donc
à ses visées géopolitiques), pour attirer de nouveaux membres :
tout d’abord la Bolivie d’Evo Morales (2006), puis le Nicaragua
de Daniel Ortega (2007), rejoints par trois États de la Caraïbe :
Antigua-et-Barbuda, la Dominique et Saint-Vincent-et-les-
Grenadines. En 2008, le Honduras a adhéré au traité, malgré la
très forte opposition de la droite conservatrice et des entrepre-
neurs du secteur privé, soucieux de préserver leurs liens privi-
légiés avec les États-Unis auxquels les unissait déjà un traité de
Photo ci-dessus : le spectre de la guerre sale menée par l’armée américaine contre libre-échange. Après la déposition du président Zelaya, les dé-
Champs de mines à la les vainqueurs de la dictature Somoza, au cours des années 1980). putés honduriens se sont empressés de faire sortir leur pays de
frontière minée entre le En 2007, Alvaro Colom Caballeros, candidat de l’Union nationale cette alliance contre nature qui risquait de les soumettre au bon
Pérou et le Chili le 10 janvier de l’espérance, devient président du Guatemala. L’année suivante, vouloir du président vénézuélien. En 2009, l’Équateur de Rafael
2008. Le Pérou a présenté Fernando Lugo, ancien évêque défenseur des pauvres, remporte Correa a adhéré à cette alliance qui ne se limite pas à des accords
un recours devant la Cour
les élections au Paraguay. En mars 2009, les électeurs salvado- économiques (énergie, libéralisation des échanges, ouverture
internationale de justice
au sujet de la délimitation riens portent au pouvoir Mauricio Funes, représentant du Frente commerciale, etc.), mais qui cherche à s’imposer comme une
maritime entre les deux Farabundo Marti de Liberación Nacional, ancienne guérilla marxiste véritable alternative politique.
États afin de réclamer transformée en parti politique. Cette même année s’est terminée Deux axes soutiennent la proposition des leaders de l’ALBA :
100 000 km² de territoire avec la réélection triomphale d’Evo Morales en Bolivie, malgré l’op- d’abord, la construction nécessaire du socialisme pour combattre
dans l’océan Pacifique position des riches provinces orientales qui ne veulent pas être les méfaits d’un capitalisme présenté comme injuste sur le plan
– territoire sous souveraineté gouvernées par des Indiens aymaras. En 2009, le basculement social et insoutenable sur le long terme (dans une perspective
chilienne. La Bolivie à gauche de l’Amérique latine n’a été contredit qu’au Honduras écologique très englobante) ; ensuite, la lutte contre l’hégémonie
se montre également (élection contestée de Porfirio Lobo) et au Chili, où la victoire du nord-américaine sur l’hémisphère occidental. Dans cette pers-
intéressée par cette frontière
millionnaire Sebastian Piñera est principalement due aux divisions pective, l’administration de Barack Obama apparaît comme
et projette un tunnel de
de la coalition au pouvoir depuis la chute d’Agustin Pinochet et à l’expression d’un impérialisme à visage humain qui, malgré ses
150 km pour accéder à
la mer. (© AFP photo/ l’impossibilité pour la présidente Michelle Bachelet de se représen- appels à la coopération internationale, n’a pas changé les vieilles
Max Fernandez) ter malgré sa grande popularité. pratiques de la Maison Blanche. La crise hondurienne en est un
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Mars - Avril 2010
Photo ci-contre :
À Maracaibo lors d’une
par d’autres militaires), l’armée devenait la cérémonie militaire le
28 décembre 2009, le
seule institution hondurienne dont la stabi-
président du Venezuela,
lité et la continuité étaient assurées. Hugo Chavez, prononce un
En outre, imaginé en d’autres lieux et en discours critiquant vertement
d’autres temps pour interdire aux ap- les autorités colombiennes
prentis dictateurs de se maintenir indé- et accusant les États-Unis
finiment à la tête de l’État, le principe de de violer l’espace aérien de
la « non-réélection » n’a jamais assuré le son pays en faisant survoler
caractère démocratique des institutions, son territoire par des avions
comme l’a montré l’exemple du Mexique espions – ces derniers étant
dès lors menacés de faire
dominé pendant soixante-dix ans par le
l’objet de tirs en cas de
Parti révolutionnaire institutionnel. Dans
récidive. (© AFP photo)
un tel système, les politiciens n’ont pas de
compte à rendre à leurs électeurs puisqu’ils
disparaissent une fois leur mandat achevé.
Leur carrière, déconnectée de la réalité, ne
se joue pas dans les urnes, mais dans les
obscures coulisses de leur parti.
Cependant, Hugo Chavez a réussi à faire
modifier la Constitution vénézuélienne pour
pouvoir se maintenir à la présidence. Son
ennemi intime, Alvaro Uribe, représentant
de la droite traditionnelle et allié incondi-
bon exemple, mais Hugo Chavez a aussi utilisé la signature d’ac- tionnel des États-Unis, a fait de même en
cords stratégiques entre la Colombie et les États-Unis (utilisation
des bases militaires) pour dénoncer des risques d’intervention
Colombie en 2005 (une seule réélection possible après un man-
dat de quatre ans), mais il maintient le doute sur son intention
LEXIQUE
armée contre son régime. Les discours anti-américains ont pris de briguer un troisième mandat présidentiel consécutif (2010- Homeland seCuritY :
Sécurité intérieure.
une tonalité encore plus acerbe (peut-être teintée d’une certaine 2014). C’est aussi grâce à une modification de la Constitution
Pour aller plus loin :
paranoïa qui rappelle à nouveau la guerre froide) à l’occasion costaricienne que l’ancien prix Nobel de la paix Oscar Arias
http://www.whitehouse.
du tremblement de terre d’Haïti (janvier 2010), quand les chefs Sanchez a pu se représenter devant les électeurs et exercer un gov/issues/homeland-
d’État de l’ALBA ont accusé l’armée des États-Unis de vouloir deuxième mandat présidentiel (2006). En Bolivie, une nouvelle security/
profiter du désastre pour s’emparer de l’île en contrôlant par la Constitution (la 17e dans l’histoire du pays), donnant plus de
force tous ses accès maritimes et aériens. poids et plus de droits aux communautés indigènes, a permis Homeland defense :
Défense du territoire
à Evo Morales d’acquérir la légitimité qui lui faisait défaut et
américain
Le spectre des présidents à perpétuité ? d’assurer sa réélection à la présidence. En octobre 2009, au Ni-
Ces divisions idéologiques à l’échelle continentale se caragua, Daniel Ortega a obtenu de la Cour suprême de Justice organisation des
superposent à la crise de la légitimité démocratique que tra- un jugement qui lui permettra de se représenter en 2012, alors états amériCains
versent la plupart des pays latino-américains, fragilisés par de qu’il a déjà accompli deux mandats présidentiels. En revanche, (oea) :
Créée le 30 avril 1948 à
profondes disparités socioéconomiques et par des divisions au Chili, la Constitution héritée de Pinochet a interdit à la so-
l’instigation des États-Unis à
ethniques ou politiques tout aussi profondes. Alors que le cialiste Michelle Bachelet de se représenter alors qu’elle aurait
l’occasion de la 9e conférence
temps des dictatures semblait passé de mode, cette crise de la été assurée de battre le représentant de la droite libérale, op- panaméricaine de Bogota,
démocratie se manifeste aujourd’hui par la remise en cause des posé au second tour à un (trop ?) vieux routier de la politique l’OEA regroupe 21 nations
Constitutions chargées de garantir l’exercice de l’autorité dans chilienne, Eduardo Frei. américaines signataires
un cadre légal. La récente crise hondurienne est à cet égard Contrairement aux apparences, ces querelles constitution- de la Charte de Bogota qui
révélatrice des difficultés rencontrées par les dirigeants latino- nelles ne concernent pas seulement un petit monde de affirme leur engagement
américains pour assurer à la fois leur légitimité et leur conti- magistrats, de juristes et de politiciens coupés de la réalité vers la réalisation de buts
nuité au pouvoir. C’est parce qu’il avait envisagé de changer la latino-américaine, bien au contraire. Elles sont au cœur des communs et le respect de la
Constitution hondurienne qui interdit toute réélection du pré- processus politiques en cours dans des pays qui sont toujours souveraineté de chaque pays.
Née de la guerre froide, cette
sident de la République que Manuel Zelaya a été destitué par à la recherche de leur identité collective (en particulier dans
institution reste marquée
l’Assemblée nationale, avec l’aide d’un état-major d’extrême les pays où existent de fortes communautés indigènes) et par sa vocation initiale de
droite hostile au rapprochement avec la république boliva- dont les systèmes démocratiques ne sont pas encore conso- lutte contre la pénétration
rienne du Venezuela. Il faut cependant souligner que l’actuelle lidés. Elles traduisent le malaise d’une Amérique latine plus anticommuniste (Cuba est
Constitution hondurienne, présentée comme un texte sacré que jamais fragilisée par les tensions sociales et les conflits exclue le 31 janvier 1962).
par ses défenseurs, est un texte récent qui a été imposé par ethniques et sur laquelle planent toujours les ombres de
la Maison Blanche en 1982 afin de rendre plus présentable un Somoza, Banzer, Videla, Stroessner ou Pinochet… À LIRE
régime hondurien chargé de défendre les vertus démocratiques Géopolitique
nord-américaines contre le régime sandiniste installé au Nica- Alain Musset
des Amériques
ragua voisin en 1979, après la chute de la dictature Somoza. En Notes : Alain Musset, Paris,
confirmant au nom de la démocratie le caractère éphémère du Nathan, 2009
(1) Ou le retour de la « big stick diplomacy » imaginée par Theodore (2e édition).
pouvoir civil (déjà inscrit dans la Constitution de 1965 imposée Roosevelt à l’occasion de « l’affaire vénézuélienne » de 1902-1903.
Diplomatie 43
Affaires stratégiques et relations internationales 45
cARToGRAPHIE
[ litiges et Conflits frontaliers dans les amériQues ]
ALASKA
CHILI
Samoa américaines : Tokelau Chili-Bolivie : le Chili rejette la
incluait les Samoa américaines dans revendication de la Bolivie sur la URUGUAY île Brasilera : île fluviale revendiquée par l’Argentine,
son projet de Constitution en 2006 restitution du corridor d’Atacama, et ARGENTINE l’Uruguay et le Brésil
offre un accès sans restriction
à la côte pour le gaz bolivien et Argentine-Uruguay : litige en cours auprès de la CIJ
d’autres marchandises à propos du fleuve Uruguay
Antarctique : revendications
territoriales de l’Argentine, du Chili
et du Royaume-Uni
Sources : CIA World Factbook 2009 (consulté le 16/11/2009), Cour internationale de justice
Diplomatie HS n° 10 (© AREION/CAPRI)
46 Diplomatie 43
Mars - Avril 2010
PoRTfoLIo
Diplomatie 43
Affaires stratégiques et relations internationales 47
UN AUTRE REGARD SUR LE MONDE... no 8
avril mai 2004
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novembre décembre 2007 janvier février 2008
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ISRAËL, L’HEURE DE VÉRITÉ IRAN, LA NOUVELLE MENACE ? ÉPIDÉMIES, LE RETOUR LA DIPLOMATIE EN GUERRE REGARDS SUR
ANCIENS NUMÉROS
Pays arabes : OGM, ce que l’on vous cache
DES ANCIENNES PEURS ?
Les relations franco-russes
LA PUISSANCE FRANÇAISE CD MILLÉSIMÉS (1 an de Diplomatie au format numérique) (port compris)
guerre des médias
Fragiles cités, villes martyres
France, les vrais chiffres
de l’immigration
L’Europe qui résiste aux
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Espagne :
les fantômes du franquisme
La Chine en Amérique du Sud
L’ombre du nazisme en Europe
❏ France métrop. 30 3 ❏ DOM/TOM Europe 40 3 ❏ Étranger 50 3
Pétrole : querelle des experts Tsunami :
bilan de l’aide humanitaire
L’Italie «américaine» de
Berlusconi
Inde :
les raisons de la puissance
L’humanitaire après le
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Mafias : la véritable menace ?
Canada : ambitions internationales
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janvier février 2007 mars avril 2007 mai juin 2007 juillet août 2007 septembre octobre 2007
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❏ no 15 ❏ no 16 ❏ no 17 ❏ no 18 ❏ no 19 ❏ no 20 ❏ no 21 ❏ no 22 ❏ no 23 ❏ 24 ❏ no 25 ❏ 26 ❏ 27 ❏ no 28
❏ no 29 ❏ no 30 ❏ no 31 ❏ no 32 ❏ no 33 ❏ no 34 ❏ no 35 ❏ no 36 ❏ no 37 ❏ no 38 ❏ no 39 ❏ no 40 ❏ no 41 ❏ no 42
hors-série
ABONNEMENT 1 AN (6 numéros) (port compris) ABONNEMENT 2 ANS (12 numéros) (port compris)
CHINE-AFRIQUE : PILLAGE OU
CODÉVELOPPEMENT ?
LES ENJEUX STRATÉGIQUES
DE LA FRANCE EN EUROPE
TRAFIC D’ARMES : QUI FABRIQUE?
QUI VEND? QUI ACHÈTE?
LES GUERRES DE RELIGION IRAK : LES DÉSASTRES D’UNE
GUERRE PRÉVENTIVE
❏ France métrop. 40 3 ❏ DOM/TOM Europe 50 3 ❏ France métrop. 70 3 ❏ DOM/TOM Europe 90 3
ATLAS les frontières de sang Entretiens exclusifs des
La crise du Darfour
Bush-Poutine : raisons d’un divorce Quel monde en 2036 ? Maîtrise du pétrole et du gaz ❏ Étranger 60 3 ❏ Étranger 110 3
Moyen-Orient : les cartes candidats à la présidentielle Les faux débats des migrations La responsabilité des régimes Influence et diplomatie
interdites
CNN vs Al-Jazeera
La France, puissance maritime
Géopolitique de la Crimée
Les USA et le dro t international communistes culturelle
Russie, conquête de l’Arctique
ANCIENS NUMÉROS HORS SÉRIE
ACHAT AU NUMÉRO (port compris)
❏ France métrop. 11 3 ❏ DOM/TOM Europe 12 3 ❏ Étranger 13 3
n 31 o
n 32o
n 33
o
n 34o
n 35
o
mars avril 2008 mai juin 2008 juillet août 2008 septembre octobre 2008 novembre décembre 2008 ❏ 02 Géopolitique et géostratégie des mers et des pcéans (août 2007) ❏ no 03 Atlas géostratégique 2008 (octobre 2007)
❏ no 04 Menaces contre la planète (décembre 2007) ❏ no 05 Guerre et intelligence économique (avril 2008)
❏ no 06 La politique étrangère de la France du Moyen Âge à nos jours (juin 2008) ❏ no 07 Atlas géostratégique 2009 (décembre 2008)
❏ no 08 Géopolitique de la crise (avril 2009) ❏ no 09 Géopolitique et géostratégie de l’espace (septembre 2009)
❏ no 10 Atlas géostratégique 2010 (novembre 2009)
MÉDITERRANÉE : BALKANS : LE PIÈGE KOSOVAR NARCO-ÉTATS, GUERRE & PAIX : À QUEL PRIX ? PIRATERIE MARITIME QUELLE
hors-série
L’UNION IMPOSSIBLE ?
Australie,
GÉOPOLITIQUE D’UN FLÉAU
La France et le monde par N. Sarkozy
SÉCURITÉ POUR LES MERS ? ABONNEMENT 1 AN (6 + 6 numéros) (port compris) ABONNEMENT 2 ANS (12 + 12 numéros) (port compris)
Tensions
dans le golfe Arabo-Persique
nouvelle grande puissance ?
Géant-2 : le réseau du futur
Géostratégie de la Baltique
Géopolitique
Le Centre de crise du Quai d’Orsay La France en Afghanistan :
comment éviter l’enlisement ?
❏ France métrop. 60 3 ❏ DOM/TOM Europe 80 3 ❏ France métrop. 110 3 ❏ DOM/TOM Europe 150 3
L’inutile guerre des Belges Cyber-guerre de la crise alimentaire
Mongoie : comment échapper à la
Russie et à la Chine ? Science et puissance : des techno-
logies à la conquête du monde
❏ Étranger 100 3 ❏ Étranger 190 3
Le Canada : un colosse La diplomatie tibétaine Comment l’Afrique Armée russe : l illusion de la puissance
énergétique aux pieds d’argile juge le candidat Obama Pétrole : l OPEP et les majors
Défense
Eu ope de la Déf nse : l heure des choix
hoix s’affrontent
no 38 no 39 no 40 no 41 no 42
mai juin 2009 juillet août 2009 septembre octobre 2009 novembre décembre 2009 janvier février 2010
sommaires détaillés sur http://diplomatie-presse.com accompagnées de nombreuses cartes et illustrations, avec MOYEN-ORIENT.
ABONNEMENT 1 AN (6 + 6 numéros) (port compris)
❏ France métrop. 60 3 ❏ DOM/TOM Europe 80 3 ❏ Étranger 100 3
ABONNEMENT 2 ANS (12 + 12 numéros) (port compris)
DIPLOMATIE DIPLOMATIE ❏ France métrop. 110 3 ❏ DOM/TOM Europe 150 3 ❏ Étranger 190 3
aff ires s ratégiques et rel at ons internat on les aff ires s ratégiques et rel at ons internat onales