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Superman ou simple JD ??

Comment concilier engagement, vie


professionnelle, vie familiale, vie sociale et vie personnelle ?

Michel Filippi
28/04/2008

Un titre, un vaste programme. Déjà, chacun l’écoutant ploie sous le fardeau.

De telles questions sont à la mode et notre société les reprend à qui mieux-mieux soit pour valoriser
l’humain protéiforme soit pour le plaindre. Elle reprend ces questions pour nous montrer comment elle
nous permet d’y répondre ou pour nous dire que notre monde s’effondre dans la folie.

Nous sommes alors bien en peine de choisir parmi ces interprétations et, aux questions posées, nous
devons rajouter celles concernant l’état de la société.

De nombreux experts tentent de nous apporter des réponses à ces questions, mais nous cherchons
non pas des réponses générales mais des réponses particulières car on ne peut nier que ces
questions manifestent une part de la réalité de chacun.

Les experts de l’individu vont nous parler de notre souffrance ou de notre plaisir, ceux de la société
des lendemains qui chantent ou qui pleurent.

Le philosophe que je suis lui va vous demander plutôt, dans ces quelques, mots de quels mondes
parlez-vous ? A quelles connaissances sur vous, sur l’humanité en générale faites vous référence ?
Que cherchez-vous à comprendre ou à obtenir ?

Il ne faut pas attendre en effet de la philosophie qu’elle vous apporte quelques réconforts, quelques
paroles sages. Pour le philosophe c’est du papotage inutile. Du philosophe vous ne pouvez attendre
qu’une exigence : « Comprenez ce que vous avez voulu dire. ». Et il rajoutera, « je vous empêcherai
de prendre assise sur des vérités confortables ».

C’est pourquoi, si vous ne le savez pas, je vais vous dire que vous n’êtes pas les premiers à vous
poser ces questions, elles sont vieilles comme la civilisation gréco-romaine dont nous sommes issus.
Les réponses apportées nous paraissent simples, mais elles ont suscité des débats, de beaux textes
dont quelques uns nous sont parvenus comme ceux du stoïcisme. On tranche, il y a ceux qui sont
engagés dans la société et qui la gèrent et ceux qui participent à la société et l’approvisionnent. Il y a
ce monde du courbé, de l’action pénible qu’il faut fuir pour celui du corps droit, de la contemplation. Il y
a les femmes qui s’occupent des enfants, du foyer, les hommes du travail, de la direction, de l’argent.
Il y a les hommes d’arme, il y a la religion.
Ces deux catégories se disputent les engagements des individus.

Puis la conduite de la cité va interpeller les marchands, tous ceux dont ce n’était pas le rôle. Et puis
l’individu va être appelé, interpeller en tant que tel au nom du devoir moral d’être engagé. Le XXème
siècle va voir la famille demander à l’homme de s’engager. Bien sûr le XIXème avait préparé cela,
mais c’était chez les ouvriers, les intempérants, les gens de mauvaises mœurs. Mais voilà, maintenant
ce sont les cadres, les dirigeants à qui l’on prête de mauvaises mœurs, leur absence, leur non-
présence, la répartition des rôles, nuit à leurs enfants, nuit à leurs épouses. Engagez vous dans la
famille, engagez-vous dans votre relation.

Mais les jours n’ont pas changé, ils durent vingt-quatre heures depuis un bon bout de temps. Et
l’homme ne peut se priver de sommeil, de repos.

Alors comment faire ? Comment mener une bonne vie, notre bonne vie ou celle que l’on nous enjoint
d’avoir ?

Lorsque nous nous retournons vers nos ancêtres, nous croyons qu’ils savaient y faire. La vie était
aussi complexe, compliquée pour eux et tout aussi contraignante. Le temps qu’il nous manque chaque
jour pour faire ce que nous croyons devoir, il leur manquait eux pour vivre. On mourrait jeune, on
mourrait d’autant plus jeune qu’il y avait des guerres. Les cimetières sont pleins de ces gens qui
auraient bien voulu être surchargés de travail, de questions sans réponses.

La mort simplifiait l’existence. Il fallait pouvoir vivre avant de devoir mourir. Il fallait que notre
descendance vive mieux. Ce sont des critères sur lesquels une vie pouvait s’organiser, des choix
pouvaient être faits en toute bonne conscience, ou pour le moins sans trop de conflits internes.

Les questions que malgré tout je vous pose dans le document que l’on vous a remis tentent d’orienter
vos débats sur la question du critère à inventer peut-être qui permettrait de vivre ou pour le moins
d’organiser sa vie parce que nous ne pouvons plus utiliser les critères de nos ancêtres, ça ne marche
pas.

Ils ne marchent plus parce que le monde, la société ne sont pas comme avant et cela non plus d’une
génération à l’autre, mais plusieurs fois déjà au cours de notre vie :

1. Le dirigeant est-il dans la survie, se sentant devenir impuissant à


maîtriser les évolutions de la société, du monde?
Alors bien sûr, sans critère stable, efficace durablement ….

2. Le dirigeant cherche-t-il alors, à l’instar des autres humains, à se


débrouiller, et « simple JD » ou le « Super … » sont des solutions,
parmi d’autres.
La société semblait nous donner des critères pour vivre. Le rythme des cloches, la consommation des
biens terrestres. La construction d’un pays, la fidélité à l’entreprise, à la famille, à son rang, à ses
ancêtres, à son nom. Et bien d’autres. Que valent-ils maintenant ? Les bonnes causes, le DD, sont
aussi des critères. Ont-ils cette puissance suffisante pour nous permettre de construire une vie,
question lancinante de l’Humanité.

3. Sachant que ce problème existe de tout temps pour les Hommes, c’est
une « plainte humaine » peut-on le résoudre par un critère partagé de
choix ?

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