Les locataires sont-ils victimes d’une nouvelle

forme de discrimination?
Lawrence Griffin
Paru dans Presse-toi à gauche 29 Août 2006

L’entrée en vigueur, au Québec, de la loi interdisant aux personnes de

fumer dans les lieux publics, dont les bars et les restaurants, a donné des idées
aux propriétaires d’immeubles à logements. Certains d’entre eux ont donc
décidé de louer leurs logements aux non fumeurs, en prétextant que les fumeurs
pouvaient endommager leurs logements (peinture jaunie, meubles et tapis
brûlés, etc.).

Certains fumeurs se sont insurgés dans les médias et ont accusé les
propriétaires de faire de la discrimination contre eux. Mais est-ce vraiment de la
discrimination envers les fumeurs ? Les propriétaires ne peuvent-ils pas décider
des conditions de location de leurs logements ou tout au moins négocier avec le
locataire des conditions de location ? Mais en autant que les conditions soient
conformes aux conditions du bail officiel et des diverses conditions du Code civil
du Québec.

Bien entendu, il existe des cas de discrimination dans la location de

logement. On les voit surtout lorsque les propriétaires refusent de louer un
logement à des personnes assistées sociales, à des familles monoparentales,
où encore à des gens d’origine ethnique autre. Dans ces cas, des plaintes
devraient être déposées contre les propriétaires. Mais qui a juridiction dans les
cas de discrimination pour une location de logement ?

La Régie du logement, qui a juridiction sur la Loi du logement mais qui n’a
pas nécessairement les connaissances nécessaires sur la Charte des droits et
libertés de la personne pour porter un jugement, ou bien la Commission des
droits de la personne et de la jeunesse, qui a le mandat d’appliquer la Charte
des droits et libertés de la personne mais qui, par contre, ne connaît peut-être
pas grand chose aux lois du logement du Québec ?

Ce n’est pas évident. Et même si une plainte était déposée, est-ce que ça
donnera le logement convoité au locataire lésé, ou est-ce que ce dernier ne se
sera pas tenu entre temps de trouver un logement ailleurs ? Tout ce que le
locataire lésé peut espérer, c’est d’obtenir une indemnisation monétaire pour
dissuader les propriétaires de recommencer.