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sur l'analogie et/ou la substitution. C'est un type particulier d'image sans outil de comparaison qui associe
un terme à un autre appartenant à un champ lexical différent afin de traduire une pensée plus riche et
plus complexe que celle qu'exprime un vocabulaire descriptif concret.
Ainsi dans l'expression de Julien Gracq (Un balcon en forêt), « Son rire de pluie fraîche », l'auteur décrit
le rire de la jeune fille rencontrée dans les bois un jour pluvieux en l'associant à une pluie
aux connotations particulières (bruit, pureté, nature) faisant du personnage féminin une nymphe qui
séduit le jeune lieutenant cantonné dans la forêt des Ardennes. La métaphore constitue ainsi une
utilisation suggestive et expressive de la langue.
De façon plus générale, la métaphore recouvre par sa forme raccourcie tous les usages de l'image en se
différenciant de la comparaison (entendue au sensstylistique) par l'absence d'outil de rapprochement
(« comme, ressembler à, pareil à... ») qui rend plus forte l'association des deux termes et souligne une
équivalence dans la métaphore annoncée avec comparé et comparant, (par exemple : « Bergère, ô tour
Eiffel », Apollinaire, Zone), ou emploi du verbe être, (« La nature est un
temple », Baudelaire, Correspondances), qui peut aller jusqu'à la substitution dans la métaphore
directe avec le comparant seul qui rend l'explicitation plus difficile et fait appel au contexte (« Ceux qui
sont chauves à l'intérieur de la tête », Prévert Dîner de têtes - « J'ai vu l'enfer des femmes là-
bas », Rimbaud Une saison en enfer).
Elle est aussi fréquente dans la représentation graphique (peinture, sculpture, caricature...), souvent sous
la forme codifiée de l'allégorie comme Cupidon figurant l'amour.
La PNL (programmation neuro linguistique) utilise aussi beaucoup les métaphores à visée de prise de
conscience. Le langage métaphorique est un langage imagé. L¶idée est que la métaphore a un sens
apparent et un sens caché. C¶est le sens caché qui aurait toute sa force. Milton Erickson utilise la
métaphore thérapeutique.
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Principe et fonctionnement
V Un trope
V Métaphore et discours
V La métaphore en stylistique
V La métaphore annoncée
V La métaphore directe
La métaphore filée
La métaphore heuristique
V Formes de la métaphore
V Différence morphologique
V Différence sémantique
La métaphore en littérature
V À l'oral
V Métaphore et neurologie
V Métaphore et psychologie
] Références
V Notes
m Voir aussi
V m Figures proches
V m Articles connexes
m Rhétorique
m Sciences Humaines
V m Liens externes
V m Bibliographie
m Ouvrages utilisés
Principe et fonctionnement[modifier]
Le procédé de langage appelé « métaphore » est étudié à la fois par la linguistique et par la rhétorique.
La métaphore est en effet, historiquement, une figure de style. Sa spécificité tient dans le fait qu'elle
produit d'innombrables rapprochements de sens et d'images et ce en fonction de la distance entre ces
deux pôles, ainsi que le note le poète français Pierre Reverdy dans ce Gant de crin :« L'image est une
création pure de l'esprit (...). Plus les rapports des deux réalités rapprochées sont lointains et justes, plus
l'image sera forte, plus elle aura de puissance émotive et de réalité poétique ».
Le philosophe grec Aristote est le premier, dans sa oétique (certainement vers -347), à évoquer la
métaphore comme procédé majeur de la langue. Il explique ainsi l'origine de l'étymologie de la figure, qui
renvoie à la notion de transport : « La métaphore consiste à transporter le sens d'un mot différent soit du
genre à l'espèce, soit de l'espèce au genre, soit de l'espèce à l'espèce, soit par analogie »1.
Plus tard, le rhétoricien français Pierre Fontanier, qui a contribué à dénombrer et classifier les figures de
style, la définit dans son Traité général des figures du discours (1821), comme un « trope par
ressemblance » : « Les Tropes par ressemblance [c'est-à-dire les métaphores] consistent à présenter
une idée sous le signe d'une autre idée plus frappante ou plus connue, qui, d'ailleurs, ne tient à la
première par aucun autre lien que celui d'une certaine conformité ou analogie » explique-t-il2. Comme
Aristote, Fontanier confirme en effet l'étroit rapport entre la figure comme action sur les mots et le rapport
d'analogie qu'elle instaure.
Néanmoins, la définition la plus couramment admise reste celle que le philosophe Michel
Meyer dans rincipia rhetorica : Une théorie générale de l'argumentation3 expose, reprenant les
conceptions issues de l'histoire de la rhétorique et qui se centre sur la fonction substitutive de la
figure : « La métaphore est la substitution identitaire par excellence, puisqu'elle affirme que A est
B. ». Patrick Bacryprécise également : « substitution, dans le cours d'une phrase, d'un mot à un autre mot
situé sur le même axe paradigmatique ± ces deux mots recouvrant des réalités qui présentent certaine
similitude, ou qui sont données comme telles »4 comme dans : « (..) une mélancolie secrète et profonde
régnait dans cette volière striée de rires » (Albert Cohen) ou dans « S'envoler, sous le bec duvautour
aquilon » » (Victor Hugo). La figure fait donc passer une réalité pour une autre et joue sur la fonction
référentielle du langage. Le contexte est souvent nécessaire pour en comprendre la portée.
0 trope[modifier]
La métaphore constitue la « figure de sens » ou « trope »5 (ou « métasémème » dans la terminologie
du Groupe µ) la plus vaste et la plus protéiforme du langage, avec la métonymie. À ce titre, nombre
d'auteurs ont tenté de donner une définition rendant compte de sa complexité6. Son intégration à la
classe des tropes date des débuts des traités rhétoriques français, chez Pierre Fontanier ouCésar
Chesneau Dumarsaisnote 1 . Pour Pierre Fontanier elle consiste à employer « un mot dans un sens
ressemblant à, et cependant différent de son sens habituel7. » : par exemple le verbe « dévorer », dont le
sens premier est « manger en déchirant avec les dents », ou « manger avidement », prend un autre sens
dans le vers suivant :
Un trope est ainsi une figure spécifique qui consiste à détourner un mot de son sens habituel (ou propre),
et la métaphore est l'une des plus puissantes figures de ce type de détournement sémantique, qui peut
parfois concerner un texte entier. Ainsi, en rhétorique, la métaphore est considérée comme une figure
« microstructurale » : son existence est manifeste et isolable au sein d'un énoncé et n'en dépasse pas
souvent les limites formelles (la phrase), sans quoi on parle alors plutôt de « métaphore filée ».
Michel Meyer dans son rincipia rhetorica : Théorie générale de l'argumentation y voit une faculté de
symbolisation unique : « La métaphore exprime ainsi l'énigmatique : ce qu'elle dit ne peut être pris au
pied de la lettre. Elle est une façon de dire le problématique au sein du champ propositionnel. Elle se
situe à mi-chemin entre l'ancien, qui n'a plus à être énoncé puisque connu, et le nouveau, qui est
irréductible aux données dont on dispose, puisque nouveau. Bref, la métaphore négocie l'intelligibilité des
situations et des émotions nouvelles par rapport aux anciennes, dont elle modifie le sens tout en le
préservant: et c'est cette dualité que l'on retrouve dans les expressions métaphoriques. »
Néanmoins la métaphore est un procédé rhétorique, et, en cela, elle conserve une certaine portée
argumentative, car elle présuppose la coopération des interlocuteurs, et des enjeux de persuasion et
conviction9.
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La stylistique a pour objet d'étudier les effets du discours dans l'énoncé et en communication.
Le contexte14 littéraire, énonciatif et culturel seul permet de cerner la nature et la portée de la métaphore,
qui mélange deux champs sémantiques, parfois suivis d'une comparaison. La métaphore repose ainsi
souvent sur des clichés, des lieux communs ou des allusions qui se retrouvent à toute époque. Dès lors,
elle produit des effets affectifs qui apparaissent dans lapoésie, les jeux du langage, et en rhétorique ; en
cela sa réception dépend d'une connivence entre le locuteur et l'interlocuteur. Le transfert qu'elle permet
entre deux termes fut souvent à l'origine de la « théorie de l'écart », qui ambitionnait d'expliquer
le style par un écart envers la norme ou envers l'usage minimal du langage. Cette vision fut abandonnée,
notamment lorsque les recherches modernes établirent que ce transfert sémantique a une fonction
stylistique destinée à amplifier le discours15 . Ainsi, une telle connivence est très utilisée dans des genres
ironiques (chez Voltaire par exemple), dans les journaux, et dans les jeux de mots. En poésie, le pacte de
connivence (que Gérard Genette étudia, surtout dans le genre autobiographique16 ) est beaucoup plus
ambigu, et nécessite de la part du lecteur un effort de décodage qui fait toute la spécificité littéraire et
symbolique des images poétiques.
La stylistique se donnant comme objet le texte, elle étudie surtout les effets sur l'interlocuteur, et les
moyens mis en œuvre par le locuteur pour cela, dans un cadre macro-structural. La métaphore filée est
ainsi une métaphore privilégiée pour l'analyse de texte : elle peut en effet se fonder sur une gamme plus
variée de moyens linguistiques et stylistiques. Néanmoins, on ne peut parler dans son cas de véritable
métaphore, mais d'une juxtaposition de métaphores. Grâce à cette figure de pensée, l'auteur peut faire
coïncider deux réalités distinctes dans la conscience du récepteur c'est pourquoi, d'après le
linguiste Roman Jakobson, elle est propre au fonctionnement du discours. Pratiquement, la métaphore
permet une concentration du sens et non un véritable changement de sens et il y a donc polysémie (ajout
d'une désignation sur un sens). Elle met en œuvre une activité qui s¶affirme d¶une façon symbolique et
contribue à faire voir quelque chose qui ne se donne pas entièrement par des signes linguistiques. Elle
renseigne donc sur la vision du monde de l'auteur, qui lui est propre, à travers les grandes structures
récurrentes dont il parsème son univers, tels l'isotopie17, les champs sémantiques ou lexicaux.
0e ade à a oepta ato [modifier]
Catherine Fromilhague rappelle que pour la sémantique cognitive, la métaphore est une figure qui peut
être employée au service de la connaissance, « notre système conceptuel ne pouvant formuler certaines
idées abstraites et subjectives que par le biais des métaphores.18 » ; elle permet ainsi de « lever le
voile » de certains phénomènes inconnus ou difficiles à expliquer et à traduire. La
poésie symboliste montre par exemple, par son manifeste esthétique, que la métaphore est au service de
la révélation d¶un inconnu et du mystère de la Nature. Le discours scientifique l'utilise souvent, afin de
représenter, dans un but pédagogique, des concepts ou des modèles.
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Dans celui-ci la métaphore filée fondée sur le torrent de parole (association du débit de l'eau avec celui
des paroles) et finissant son image sur le terme de « mer » s'étend ici sur une phrase seule :
« Adolphe essaie de cacher l'ennui que lui donne ce torrent de paroles, qui commence à moitié chemin
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de son domicile et qui ne trouve pas de mer o se jeter »
Enfin, dans ce troisième exemple le feu est ici comparé à un fauve, souple et bondissant : la métaphore
est filée par un ensemble d'adjectifs et de participes, un verbe et un groupe nominal qui exploitent tous le
même champ sémantique. Les œuvres poétiques sont parfois fondées sur de vastes systèmes
analogiques renvoyant à des métaphores filées ; c'est le cas par exemple de recueils d'Arthur
Rimbaud comme Un Cœur sous une soutane et ce -ateau ivre :
« La bête souple du feu a bondi d¶entre les bruyères comme sonnaient les coups de trois heures du
à
matin. (« ) Comme l¶aube pointait, ils l¶ont vue, plus robuste et plus jo euse que jamais, qui tordait parmi
les collines son large corps pareil à un torrent. C¶était trop tard. »
² Jean Giono
Quand une métaphore passe dans le langage courant, on parle de catachrèse. Le mot ou l'expression
prend alors un sens nouveau, la métaphore est lexicalisée25. Ainsi trouvera-t-on dans le dictionnaire la
définition du « pied » d'un meuble ou de l'« aile » d'un avion. Il s'agit davantage d'un jeu de mots validé
par l'usage populaire, oá le corps est lui-même objet et référence de métaphorisation. On dit
ainsi « un dos d¶âne. » et « a table's leg » en anglais. Ces métaphores sont la plupart du temps des
métaphores directesnote 1â issues des milieux artistiques et intégrées à la langue et au parler populaire,
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telles : « life is a journe » (« la vie est un voyage » également en français). La métaphore « Un grand
ténébreux » (pour désigner un jeune homme mystérieux) naît ainsi sous la plume de Jean Giono, et est
depuis passé dans le parler quotidien.
ca métaphore ée o hé [modifier]
Métaphore passée dans le langage courant et devenue une tournure figée; il s'agit souvent
de métaphores directes comme dans « ce temps c'est de l'argent » ou dans « -ruges, la Venise du
Nord ».
ca trapoto o métaphore hertée [modifier]
Elles sont originales par rapport aux métaphores figées et elles élargissent la définition de la métaphore à
d'autres éléments : aux couleurs (exemple : « des jours noirs »), aux sons (« une injustice criante »),
aux synesthésies (« des couleurs chaudes »), à la personnification (par exemple la représentation
allégorique d'une vertu dans un personnage de théâtre), l'analogie, l'animalisation ou encore
la chosification. C'est notamment le cas de l'oxymore et de toutes les métaphores qui exigent un effort
d'interprétation de la part de l'interlocuteur. Ainsi, dans ce vers de Jean Racine : « Avec quelle
rigueur, Destin, tu me poursuis! » le destin est personnifiée comme une personne pourchassant le
locuteur.
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un mot très simple peut également créer une métaphore. Par exemple, l'emploi du mot « nuit »
renvoie souvent au plaisir charnel entre deux personnes, ou connote « les faveurs d'une femme »,
comme dans « Ils achetèrent de leur vie une nuit de Cléopâtre » (Jean-Jacques Rousseau, Émile,
IV). Dans ce genre de cas, la polysémie du mot est maximale. Le mot « nuit » peut ainsi renvoyer à
d'autres thèmes et symboliques : l'obscur caché, le secret, la mort entre autres.
La métaphore est par ailleurs l'une des rares figures à être autonymique (qui peut se prendre comme
objet) comme dans cette citation de Robert McKee : « Une histoire est une métaphore de la vie », qui est
² en elle-même ² une métaphore évoquant une métaphore. Raymond Queneau, dans ces Ziau
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appelle ainsi la figure « un double à toute vérité » et joue sur cette spécificité :
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Dans le cas de la comparaison, la manœuvre d'association des concepts est explicite comme dans cet
exemple : « rusé comme un renard »), et laisse intact le contenu de chacun des mots. Par exemple, la
célèbre comparaison de Paul Éluard : « La Terre est bleue comme une orange » peut se transformer en
une métaphore : « La Terre bleue orange ». La figure opère donc un « transport de sens », qui
correspond au sens étymologique de la figure.
Mais l'intérêt de la métaphore est d'attribuer au sens B certaines nuances, et pas n'importe lesquelles, qui
appartiennent au terme A et qu'une simple comparaison ne pourrait expliciter. Ces nuances, ou sèmes,
ajoutent réellement du sens symbolique au langage alors que la comparaison reste sur un plan très
concret. Elle active la polysémie du mot et renvoie souvent à un univers symbolique ou culturel précis. La
confusion entre ces deux figures est courante, et pas seulement dans l'enseignement.
La comparaison met en jeu deux mots, de catégories lexicales homogènes : dans « Jean est un lion »,
« Jean » et « lion » sont respectivement un nom propre et un substantif. L'énoncé « Jean est comme un
lion » lui est ainsi linguistiquement équivalent. Dans la métaphore, et a contrario dans la comparaison, il
n'y a qu'une seule identité visée par le locuteur alors que la comparaison, comme son nom l'indique,
compare deux termes, deux notions, deux réalités. La présence ou non d'un terme comparant ne suffit
donc pas à distinguer ce qui relève de la métaphore de ce qui relève de la comparaison : le contexte et
l'effet recherché par le locuteur renseignent bien davantage sur la portée de la figure. Néanmoins ces
deux figures peuvent se combiner dans une même phrase comme dans: « cet homme (...) mordant et
déchirant les idées et les croyances d'une seule parole [métaphore], comme un chien d'un coup de dents
déchire les tissus avec lesquels il joue [comparaison] » (Maupassant, uprès d'un mort). Pour Patrick
Bacry, le contexte joue en effet un rôle fondamental dans le décodage de la figure34, en raison, d'une part,
de la disparition des mots supports, et à cause de la connotation d'autre part. Le contexte permet par
ailleurs de générer une interprétation. La métaphore étant une figure de l'ambiguïté, elle laisse ainsi un
vaste champ possible de décodages : « [elle] sentait que cette pensée y avait sauté en même temps et
s'installait sur ses genoux, comme une bête aimée qu'on emmène partout » (Marcel Proust, Du côté de
chez Swann).
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Par la métaphore donc le poète permet l'existence d'un sens nouveau, même en apparence absurde
comme dans la métaphore surréaliste qui rapproche deux réalités qui ne possèdent aucun point commun
et qui est, selon le mot de Lautréamont, « la rencontre sur une table de dissection d'un parapluie et d'une
machine à coudre », réalité que peu de figures peuvent exprimer. Gaston Bachelarddit ainsi qu'elle
permet même de rechercher « un avenir du langage »37. D'ailleurs cette fonction de la métaphore se
retrouve dans d'autres disciplines comme les sciences ou la politique.
Elle est formée d'un nom suivi d'un complément qui exprime ses qualités et appelé
« épithète homérique ». Homère l'utilise beaucoup, à travers des expressions figées depuis et devenues
des topoïlittéraires : « L'Aurore aux doigts de rose. », « Achille au pied léger. », « Ulysse aux mille
ruses. », mais elle peut également être retrouvé dans des textes antiques comme des textes beaucoup
plus modernes, d'inspirations homériques comme ceux du mouvement du Parnasse dont les métaphores
renvoient au domaine de la sculpture comme image du travail artisanal du poète38.
L'oral n'échappe pas, comme l'écrit, au principe métaphorique, qui permet notamment de signifier un
concept ou un état d'esprit rapidement. On y retrouve ainsi la plupart des métaphores lexicalisées ²
ou catachrèses ² décodées selon un contexte bien particulier telles : « Il est encore dans la fleur de
l¶âge » (contexte familial) , « La racine du mal, c¶est l¶iniquité institutionnalisée » (contexte moral), « Ils
ont annoncé un gel des salaires » (contexte social) ou « Mon enfance s¶est déroulée sans
un nuage » (contexte biographique). Selon la situation de communication, il existe d'innombrables
contextes de décodage, la métaphore pouvant même servir à coder un message, de
manière sociolectale, comme dans les jargons ou technolectes.
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La théorie moderne de l'analyse des logiques subjectives est également une tentative mêlant
psychanalyse et linguistique pour définir la métaphore45.
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Avec les découvertes de la psycholinguistique, les sciences voient de plus en plus dans la métaphore
un processus, au lieu d'un résultat esthétique du seul domaine du langage. André Leroi-Gourhan observe
par exemple que lorsqu¶un ou des hommes créent une nouvelle « machine », il y a apparition simultanée
de mots, à travers notamment des technolectes (des jargons propres à un métier ou à une discipline).
Cette création de nouvelle désignation va se faire selon le principe d¶économie : si un mot déjà existant
peut « représenter » l¶élément nouveau, alors il est employé plutôt que de forger un mot nouveau. La
construction d¶un « mot pour dire telle chose nouvelle » se fait de manières différentes selon les
situations. La société est donc la matrice qui conditionne l'apparition et l'emploi des métaphores. Dans ca
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aissance de la Conscience dans leffondrement de lesprit, le psychologue américain Julian
Jaynes soutient que la conscience réflexive, proprement humaine, est permise par un processus
métaphorique enraciné dans le mode de perception visuelle5Q . Jaynes met en place une nouvelle
terminologie pour étudier le phénomène métaphorique d'un point de vue phénoménologique et cognitif.
Pour lui, à la base de tout langage existe la perception brute, qui est le mode de compréhension premier
du monde : il s'agit ensuite de parvenir à une métaphore de cette chose, en lui substituant quelque chose
qui nous soit plus familier.
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La métaphore est un objet cognitif témoignant du processus mental de la conceptualisation. Elle implique
en effet un nouveau rapport à un univers construit, processus cognitif appelé la re-catégorisation51.
On assiste ainsi chez l'enfant pré-langagier au passage du pôle du codage au pôle de l¶invention : par la
métaphore l'enfant exerce une liberté linguistique. L¶enfant doit être aussi capable de renvoi syntaxique,
via les procédés de l'anaphore et de la cataphore.
la capacité de catégorisation
la capacité de généralisation
En psychologie du développement, on observe que jusqu¶à 2 ans l'enfant accuse une absence de
compréhension et de production de métaphore. Ce n'est qu'à partir de 4 ans que les métaphores sont
comprises et produites, mais souvent les interprétations sont au pied de la lettre (une maman dit à son
enfant « tu m¶as laissé tomber », l¶enfant répond « oR ? »), expressions caractéristiques dulangage
enfantin et qui font sourire l'adulte, qui, lui, n'a plus accès à ce monde du sens immédiat. Après 6 ans le
stade du développement de l¶activité métaphorique est lié à l¶émergence de l¶activitémétalinguistique (ou
autonymique). Les composantes sémantiques sont différenciées, la différenciation permettant
l'acquisition pratique des analogies et des images, constituant les réseaux sémantiques et les jeux de
mots. Dès 11-12 ans la manipulation des métaphores conventionnelles et culturelles est acquise. La
psychologie de l'éducation fait ainsi passer l'enfant, par le biais de l'activité symbolique permise par la
métaphore, des activités linguistico-cognitives concrètes (sens immédiat, « au pied de la lettre »)
aux activités linguistico-cognitives formelles, respectant le code syntaxique et les contraintes de la
langue.