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CONSEIL MUNICIPAL DU 12 FÉVRIER 2009

INTERVENTIONS DE PHILIPPE ROSAIRE

Affaire n°6 : Règlement intérieur

Le règlement intérieur est un document très important parce qu'il pose des règles
dans un grand nombre de domaines qui vont d'ailleurs bien au-delà des seules
séances plénières du conseil municipal. La "police" de l'assemblée municipale
c'est la partie visible de l'iceberg mais le champ couvert par le règlement est
bien plus large. Le règlement régit l'organisation des commissions, l'accès à
l'information, le droit à l'expression politique, bref tout un ensemble de choses
qui concourent à la mise en œuvre d'une démocratie locale de qualité.

Le rôle du règlement n'est donc pas seulement d'encadrer les débats pour qu'ils
soient courtois. La courtoisie c'est nécessaire mais ce n'est pas suffisant et
surtout cela ne garantit absolument des délibérations de qualité. Pour que les
délibérations soient de qualité, il faut d'abord que le droit à l'expression ne soit
limité, que toutes les informations soient fournies, que l'accès au personnel
administratif soit facilité, etc….

On est donc bien au-delà du seul encadrement des débats. Quand on est
majoritaire on est très souvent tenté d'encadrer très fermement les débats. Par
souci de rapidité et aussi parce qu'il n'est pas toujours aisé d'avoir à se justifier.
Notre rôle à nous membres de l'opposition c'est de veiller à ce que les droits de
tous les conseillers municipaux soient respectés.

Vous nous avez effectivement sollicité pour établir ce règlement intérieur. Et vous
conviendrez que notre groupe a réagi promptement. Je vous ai remis un projet en
septembre dont découle largement le document que nous avons entre les mains
ce soir. A une réserve près et elle est de taille, vous ave supprimé tous les points
un peu innovant qui y avaient été ajoutés.

Si nous avons joué le jeu, c'est parce que nous avons pensé que vous alliez vous
démarquez de ce qui existait auparavant. Vous disposez d'une majorité
écrasante, 36 sièges sur 49. J'ai pensé que ce rapport de force allait vous rendre
audacieux et que vous auriez à cœur d'organiser le fonctionnement du conseil
municipal de la manière la plus harmonieuse qui soit.

Je vous avais demandé d'augmenter la fréquence des conseils municipaux parce


je considère que la fréquence actuelle n'est pas adaptée aux problématiques de
notre ville. Vous avez refusé…

Je vous avais demandé d'accorder une page à chacun des groupes d'opposition
au titre de l'expression politique. C'est non.

Je vous avais demandé d'accorder d'augmenter la fréquence des conseils


municipaux de manière à réduire le nombre de points à examiner, et donc la
longueur des séances, considérant que la durée actuelle ne permettait pas de
délibérer dans de bonnes conditions. C'est non.

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Je vous avais demandé d'accorder dans le bulletin municipal, au titre de l'expression


politique, une page entière à chacun des groupes d'opposition. C'est ce que font la
plupart des villes voisines (Joinville, Nogent, etc…) ainsi que le Conseil Général. C'est
non.

Je vous avais demandé de prévoir en début de conseil un espace suffisant pour


l'expression de déclarations politiques et de questions orales. C'est non.

Je vous avais demandé d'ouvrir, pour chacun des groupes d'opposition un espace
spécifique sur le site Internet de la ville destiné à informer le public. C'est non.

De tous ces refus, je déduis que vous n'avez pas véritablement envie de changer le
mode de fonctionnement du conseil. Nous ne pouvons donc à notre tour que voter
contre la proposition que vous nous faîtes.

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Affaire n°9 : débat d'orientation budgétaire

L'objectif du débat d'orientation budgétaire, c'est de tracer des perspectives à


partir de trois éléments :

- une description de l'environnement économique et de ses conséquences,


- un chiffrage des actions à réaliser et leur positionnement dans le temps,
- une appréciation de la situation financière de la ville, contraintes et
marges de manœuvre.

Cette année plus encore que les autres années, le budget va être difficile à
boucler. Nous connaissons actuellement une crise financière et économique
d'une ampleur sans précédent. Cette crise n'est pas seulement économique ou
financière, elle est d'abord politique, sociale et je dirai même morale. Nous
sommes au cœur d'une crise de système qui trouve sa source dans
l'accroissement des inégalités et l'acceptation des bas salaires. Plutôt que
d'accepter de discuter sur l'augmentation du pouvoir d'achat, les gouvernements
de nombreux pays ont préféré autoriser le recours au crédit dans des proportions
incompatibles avec le taux de croissance de l'économie. Ces gouvernements ont
mis en place les conditions de la crise actuelle : la crise des subprimes.

C'est évidemment aux états-unis que l'on est allé le plus loin. Mais Nicolas
Sarkozy proposait lui-même pendant la campagne présidentielle, et encore il y a
quelques semaines, le développement de crédits hypothécaires de type
"subprimes" fondés sur la progression des prix immobiliers. On l'a échappé belle !

Cette crise, elle a maintenant contaminé l'économie réelle et elle retentit sur
toutes les villes et toutes les collectivités. Mais si on ne veut pas accentuer ses
effets récessifs, il faut gérer les choses de manière intelligente. Je ne crois pas
que l'augmentation des impôts que vous préconisez soit la solution.

Je le crois d'autant moins que le gouvernement que vous soutenez a une part de
responsabilité importante dans les difficultés. Depuis des années, il n'a eu de
cesse d'asphyxier les collectivités locales en leur transférant des charges sans
leur transférer pour autant des ressources équivalentes.

A la fin de l'année 2008, vous avez, monsieur le maire, en tant que député, voté
la loi de Finances 2009 sans états d'âme particuliers. Or cette loi de finances, elle
comportait à nouveau un certain nombre de reculs que vous ne pouviez ignorer.
En la votant, vous avez accepté la baisse de la DGF puisque le FCTVA est
maintenant intégré dans l'enveloppe normée. L'évolution réelle de la DGF n'est
donc que de 0,9 %, une évolution inférieure à l'inflation.

Vous avez accepté la diminution des crédits de la mission Ville et logement (7%)
et pourtant lors de la cérémonie des vœux, vous avez demandé au Préfet de vous
aider. Mais même s'il le voulait, le Préfet, il ne pourrait pas vous aider, vous lui
avez refusé les moyens.

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Il y a un an et demi, vous avez également voté la loi Tepa et le paquet fiscal : 15


milliards d'euros de cadeaux fiscaux. Cette loi Tepa qui renchérit le coût des
heures supplémentaires et va à l'encontre de l'emploi. Vous votez des réductions
d'impôt au niveau national et ensuite vous demandez aux Saint-Mauriens de
payer l'addition.
Pis encore, il y a une semaine maintenant, M. Sarkozy, sans concertation aucune,
a annoncé la suppression de la taxe professionnelle en 2010 mesure que vous
allez voter bien sur alors que cela va handicaper encore un peu plus Saint-Maur
puisque cela va nous faire perdre plus de 10 M€. Vous êtes pour la baisse des
impôts à Paris et pour leur augmentation à Saint-Maur. Il y a quelque chose que
je ne comprends pas (un dédoublement de la personnalité) et que les Saint-
Mauriens ne comprendront pas.

Lors de la campagne municipale, tous les candidats se sont engagés à ne pas


augmenter les impôts. Cette position, forte, avait été prise en pleine
connaissance de cause, car aucun des candidats, n'ignorait la situation financière
de la ville. Parmi les candidats présents, vous êtes sans doute celui qui a le plus
affirmé qu'il ne toucherait pas à la fiscalité. Vous êtes également celui qui a le
plus critiqué la pression fiscale existante et les augmentations faites par
l'ancienne équipe en 2001 et 2005. Le même Jacques Leroy qui propose
aujourd'hui d'augmenter les impôts hurlait au scandale hier lors de
l'augmentation de la cotisation minimale de TP que paient les commerçants (qui
avait doublé du fait du changement du local de référence.

Je me rappelle même l'un d'entre vous, Sylvain Berrios, ou peut-être même vous
monsieur le maire qui brandissait le mensuel Capital classant Saint-Maur parmi
les villes les plus imposées de France. Le revirement est spectaculaire !

Revenir sur ce qui a été promis, alors qu'une année, à peine, s'est écoulée, et
que la crise sévit, c'est commettre une erreur politique majeure. En effet :

- soit, vous avez menti aux électeurs, pour vous faire élire, et c'est très
grave,
- soit, vous avez mal évalué les contraintes existantes, et donc fait preuve
de peu de professionnalisme....

Alors quelles sont les solutions car la situation financière de la ville est
effectivement délicate et les marges de manœuvre peu nombreuses. Ce n'est pas
moi qui vais dire le contraire, j'ai sans doute été le premier à alerter au cours du
mandat précédent répétant sans cesse que la ville n'était pas gérée comme elle
aurait du l'être, que les dépenses de fonctionnement étaient bien au-delà de ce
que nécessitaient les services rendus.

Tout cela est vrai. Mais faire le constat ne vous dédouane pas de vos
responsabilités. Vous cherchez aujourd'hui à instrumentaliser la situation
financière pour justifier les hausses que vous proposez. C'est facile comme
procédé mais pas responsable. Vous ne pouvez pas taper sans arrêt sur
l'ancienne équipe pour justifier vos mesures.

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Alors je vais vous faire un certain nombre de propositions comme cela vous ne
pourrez pas dire que l'opposition ne fait que critiquer :

1/ Cesser les vires volte d'abord et demander au niveau national l'abrogation du


paquet fiscal et l'augmentation des dotations. C'est votre crédibilité, tout
simplement, qui est en cause. Vous ne pouvez pas dire une chose et son
contraire. L'état doit, dans le cadre du plan de relance, donner aux collectivités
locales les moyens de réaliser leurs missions. 75 % de l'investissement public
sont fait par les collectivités locales.
2/ Renoncer à toute augmentation d'impôt. En période de crise, on n'augmente
pas les impôts, le remède est pire que le mal surtout lorsque l'on a juré la main
sur le cœur que l'on ne le ferait pas. Vous allez achever les rares entreprises qui
nous restent alors que nous voulons en attirer de nouvelles. Au plan économique,
c'est une hérésie. Ce serait complètement injuste en plus car les bases locatives
sont archaïques. C'est le président de la cour des comptes qui le dit. La mesure
est économiquement douteuse et inéquitable. Et ne venez pas me dire que cela
se fait dans les collectivités de gauche.

3 / Poursuivre la politique d'économies entreprise. Vous n'avez pas fait la


démonstration que l'on est au bout des choses, vous ne produisez aucun chiffre
et surtout vous devez le faire de manière intelligente en motivant les équipes, en
réorganisant, en introduisant les nouvelles technologies. Ce n'est pas en tapant
sur le personnel que vous lui donnerez envie de faire des efforts
supplémentaires. Si vous continuez comme vous le faîte, vous allez essuyer une
grève. C'est cela que vous voulez, alors continuez, vous allez gagner.

4 / Mobiliser les Saint-Mauriens et au premier rang leurs représentants, chiffrer


les investissements les plus nécessaires et faire une programmation à l'échelle
du mandat. Il y a dix mois (c'était en avril), je vous ai proposé de créer une
commission large associant entreprises, association, élus. J'attends toujours la
réponse. Vous gouvernez autoritairement comme l'ancienne équipe et du coup
vous prenez des mauvaises décisions.

Si vous vous inscrivez dans cette voie, vous pourrez compter sur nous. Je ne fais
pas partie de ceux qui pensent que la baisse des impôts soit l'alpha et l'oméga
d'une politique. Quand l'impôt a une contrepartie visible, quand il est un
investissement sur l'avenir, il est accepté. Par contre, quand les politiques qui
sont menées sont injustes et illisibles, on ne peut que les rejeter. Vous
comprendrez Monsieur le maire que nous ne pouvons pas souscrire aux
perspectives qui sont tracées dans ce document.

5/5

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