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Jaubert - CFAI-CENTRE
Séries
Soit u n n∈N une suite à termes réels ou complexes. Etudier la série de terme général
u n , c’est étudier la suite des sommes partielles :
n
Sn ∑ uk
k0
Si la suite S n converge et a pour limite S, on dit que la série converge (ou est
convergente) et a pour somme S. Sinon on dit que la série diverge. On notera la série
u 0 u 1 u n , ou
∑ uk
k0
Application du critère de Cauchy. Théorème : Pour que la série ∑ k0 q n converge, il
faut et il suffit qu’elle satisfasse au critère de Cauchy, c’est-à-dire que, pour tout 0, il
existe un rang N tel que pour tout n ≥ N et tout p ≥ 0, on ait
|S np − S n | |u np u np−1 u n1 | ≤ . (on a appliqué le critère de Cauchy à la suite
S n
Exemple : La série ∑ n1 1n diverge, comme cela a été établi dans le chapitre sur les
suites : |S 2n − S n | 2n
1
2n−2
1
n1
1
≥ 2nn
12 ; cette série est dite harmonique,
2
parceque trois termes consécutifs satisfont à la relation : u n1 u1n u n2
1
. La condition
nécessaire de convergence u n → 0 montre dans cette exemple qu’elle n’est pas suffisante.
Convergence absolue. La série ∑ n0 u n est dite absolument convergente si la série
∑ n0 |u n | converge.
comme on a
|u n1 u n2 u np | ≤ |u n1 | |u n2 | |u np |
le critère de Cauchy montre que :
Théorème : Toute série absolument convergenten est convergente.
La réciproque n’est pas vraie. Exemple : u n −1
n1
, n ≥ 0.
bien la suite S n est majorée et a une limite finie, ou bien S n → . Une série à termes ≥ 0
ne peut donc diverger que si S n → .
Lemme fondamental de comparaison : Soient deux séries ∑ n0 u n , ∑ n0 v n , à termes
≥ 0, telles que, pour tout n, u n ≤ v n . Si la série ∑ n0 v n converge, il en est de même de la
série ∑ n0 u n . Et réciproquement si la série ∑ n0 u n diverge, la série ∑ n0 v n diverge.
Exemple très important : Série de Riemann. Soit 0. La série ∑ n1 u n , avec
u n n1 − 1 , converge et à pour somme 1. Or
n1
1
un 1 1
n −1 , quand n →
n 1 n 1
Donc la série ∑ n1 n 1
1
converge. Posant 1 , on voit que la série de Riemann
1
∑ n1 n converge si 0 ; on a vu qu’elle diverge si 1 ; elle diverge a fortiori si
1, puisqu’alors n1 ≥ 1n .
Formation de critères de convergence. On obtient des critères de convergence en
utilisant une série ∑ n0 v n dont la nature est connue, et en appliquant le lemme
fondamental de comparaison.
Exemple : si u n 1
n
, n u n → 1 : Or il y a convergence si 1, divergence sinon.
Règle n u n . La série de comparaison est la série de Riemann, ∑ n0 u n est toujours une
série à termes ≥ 0.
S’il existe A 0 et 1 tels que, à partir d’un certain rang, u n ≤ nA ou n u n ≤ A,
la série converge ; s’il existe A 0 tel que, à partir d’un certain rang, u n ≥ An , la série
diverge.
u n ≤ kv n n p
d’où le résultat.
On en déduit :
Règle de d’Alembert. On utilise comme série de comparaison la série géométrique.
Si les u n sont 0, et s’il existe k ∈ 0, 1 tel que à partir d’un certain rang uun1
n
≤ k, la
u n1
série converge ; si, à partir d’un certain rang, u n ≥ 1, la série diverge. On peut aussi
énoncer :
lim sup uun1
− Si n→ n
1 la série converge
v n1 − u n1 − o 1
vn un n n
si ≠ , on en déduit que pour n assez grand, vvn1
n
− uun1
n
est du signe de − .
- Si 1, nous pouvons choisir tel que 1 : la série ∑ v n est alors
convergente, et l’inégalité
u n ≤ v n (valable pour n assez grand) montre que ∑ u n converge.
u n1 v n1
par addition, si m n :
m
fn 1 fn 2 fm ≤ n fxdx ≤ fn fm
prenons n 0, et m variable : si la série converge, le troisième membre est majoré, donc
m
aussi fxdx, ce qui entraîne que l’intégral converge. Inversement si l’intégrale
0
converge, le deuxième membre est majoré donc le premier aussi, et la série converge.
Exemples :
1) Sur l’intervalle 1 ; , la fonction x fx x1 0 ; on sait que l’intégrale
1 fxdx converge pour 1, diverge pour ≤ 1. Il en est de même de la série de
Riemann ∑ n1 n1 .
2) l’intrégrale xlndxx 0 converge pour 1, diverge pour ≤ 1, puisque
2
1−
une primitive de est ln1−
1
xln x
x
si ≠ 1, lnln x si 1. La série ∑ n2 1
nln n
converge donc pour 1 et diverge pour ≤ 1.
3) Plus généralement posons :
ln 2 x lnln x, ln 3 x lnln 2 x, …
ln 2 est définie pour ln x 0 ou x 1, et ln 2 x est 0 pour ln x 1 ou x e ; ln 3 est
définie pour ln 2 x 0 ou x e, et ln 3 x est 0 pour ln 2 x 1, ou ln x e, ou x e e
; ainsi de suite. Soit p ≥ 2. Considérons, pour x assez grand pour que ln p x 0, la
fonction :
1 0
x ln x ln 2 x ln p−1 x ln p x
une primitive est
ln p x 1−
si ≠ 1 et ln p1 x si 1
1−
on en conclut que la série de terme général :
Remarque :
La fonction décroissante positive f a une limite l ≥ 0 quand x → . Pour que
l’intégrale et la série convergent, il est nécessaire que l 0. Cela n’est pas suffisant
(exemple fx 1x sur 1 ; . Mais sous la seule hypothèse l 0, on obtient des
résultats intéressants. de l’inégalité vue plus haut :
m
fn 1 fn 2 fm ≤ n fxdx ≤ fn fm − 1 m n
il résulte :
m m
fn fn 1 fm ≤ fn fxdx fn fn 1 fn 2 fm − fxdx ≤ fn
n n
et aussi
m m
n fxdx fm ≤ fn fm − 1 fm fm ≤ fn fm − 1 fm − n fxdx
d’où
m
fm ≤ fn fn 1 fm − fxdx ≤ fn
n
Si l 0 quel que soit le choix de m n, le deuxième membre tend vers 0 quand n → .
Exemple : fx 1
x , m 2n, on voit que :
1 ≤ 1 1 1 − 2n dx ≤ 1
2n n n1 m n
x n
1 ≤ 1 1 1 − ln2 ≤ 1
2n n n1 2n n
d’où
1 1 1 → ln 2
n n1 2n
fixons n (par exemple n 1 et considérons la suite m définie par :
m
m f1 f2 fm − fxdx
1
f étant décroissante, on voit, même si l n’est pas égal à 0, que la suite m est décroissante
: en effet
m1
m1 − m fm 1 − fxdx ≤ 0
m
1 1 1
n − ln n
2
a une limite quand n → . Cette limite est appelée constante d’Euler ; sa valeur est
0, 5772... ; on la note souvent .
4/ Séries à termes quelconques.
On suppose ici que le terme général u n est réel quelconque, ou un nombre complexe.
On peut, comme on l’a vue au paragraphe1, étudier d’abord la série à termes ≥ 0 ∑ n0 |u n |.
Par exemple s’il existe k ∈ 0, 1 tel que pour n assez grand , on ait n |u n | ≤ k la série
∑ n0 u n converge absolument ; si pour une infinité de n, n |u n | ≥ 1, la série diverge, son
terme général ne tendant pas vers 0.
S’il existe A 0 et 1 tel que, pour n assez grand, |u n | ≤ nA , la série converge
absolument.
Séries Alternées. une série alternée est une série dont les termes sont réels et
alternativement ≥ 0 et ≤ 0. On l’écrira, quitte à changer tous les signes, ∑ n0 −1 n−1 u n
avec u n ≥ 0 pour tout n.
Théorème : Une série alternée dont le terme général décroît en valeur absolue et tend
vers 0 est convergente.
Preuve : En effet S 2n u 1 − u 2 u 3 − u 4 u 2n−1 − u 2n croît ;
S 2n1 u 1 − u 2 − u 3 − − u 2n − u 2n1 décroît ; d’autre part S 2n1 S 2n u 2n1 ≥ S 2n .
On a donc
S 2 ≤ S 2n ≤ S 2n1 ≤ S 1
La suite S 2n , croîssante et majorée, a une limite S ; comme S 2n1 − S 2n u 2n1 , qui tend
vers 0, la suite S 2n1 tend aussi vers S ; donc la série converge et a pour somme S. On
voit de plus que S 2n ≤ S ≤ S 2n1 , donc si on pose
Rn ∑ un
pn1
Exemples :
−1 n−1 −1 n
1) La série harmonique alternée ∑ n1 n , la série ∑ n1 convergent.
n
n−1 n−1
2) La série ∑ n1 −1n 1
n diverge, puisque ∑ n1 −1
tend vers une limite finie
n
−1 n−1
−1 n−1
et ∑ n1 1
n vers . Pourtant n
1
n n
quand n tend vers . On a ainsi deux
séries à termes équivalents et de nature différente, mais les termes ne restent pas de
même signe à partir d’un certain rang.
Règle d’Abel. Théorème : Soit ∑ n0 u n une série dont le terme général s’écrit
u n n v n n ∈ C, v n ∈ C et satisfait aux hypothèses suivantes : il existe A tel que, pour
tout n ≥ 0 et tout p ≥ 0, on ait |v n v n1 v np | ≤ A ; la série ∑ n0 | n − n1 |
converge et lim n→ n 0. Alors la série ∑ n0 u n converge.
Preuve : On applique le critère de Cauchy, et on évalue pour cela
u n u n1 u np n v n np v np
Notons V n,p la somme v n v n1 v np , et faisons apparaître les V n,p :
u n u n1 u np n V n,0 n1 V n,1 − V n,0 np V n,p − V n,p−1
ou encore
u n u n1 u np n − n1 V n,0 np−1 − np V n,p−1 np V n,p
pour p 0, seul existe au second membre le dernier terme. Les hypothèses faites sur la
suite v n entraînent :
|u n u n1 u np | ≤ A| n − n1 | | np−1 − np | | np |
Soit 0. Il existe N tel que, pour tout n ≥ N, on ait | n | ≤ , et que, pour tout n ≥ N et
tout p ≥ 1, on ait
| n − n1 | | np−1 − np | ≤
Cela résulte des hypothèses sur la suite n . Dans ces conditions on a, pour n ≥ N et
p ≥ 0,
|u n u n1 u np | ≤ 2A
donc la série converge. En faisant tendre p vers , on a une majoration du module du
reste.
Remarques :
1) L’introduction dans u n u n1 u np des sommes partielles V n,p est ce qu’on
appelle la transformation d’Abel.
2) Si n est une suite de nombres ≥ 0, décroissante et tendant vers 0, les hypothèses
relatives aux n sont vérifiées ; de plus comme | n − n1 | n − n1 , | np | np , on
a
| n − n1 | | np−1 − np | | np | n
voici deux exemples de suites v n ayant les propriétés voulues.
|v n v n1 v np | ≤ 2 1
|1 − e i | sin 2
∑ e in
n
n1
converge pour tout non multiple de 2, donc aussi les séries ∑ n1 cosn
n et
sinn
∑ n1 n ; la dernière converge en fait pour tout .
3) Notons que les hypothèses faites dans le théorème d’Abel, comme dans le théorème
des séries alternées, ne fournissent que des conditons suffisantes pour la convergence.
Soit une série ∑ n0 u n , à termes réels ou complexes. I étant une partie finie non vide
quelconque de N, on pose S I ∑ n∈I u n ; on notera toujours S n la somme partielle qui
correspond à I 0, 1, , n.
1) Pour que la série converge, il faut et il suffit que l’ensemble de toutes les sommes S I
soit majoré dans R : en effet toute somme S I est majorée par S n pour n assez grand.
2) Si la série converge, sa somme S est la borne supérieure de l’ensemble des S I .
3) Considérons les séries obtenues à partir de ∑ n0 u n par modification de l’ordre des
termes : ce sont les séries ∑ n0 v n avec v n u fn , f étant une permutation de N ; toutes ces
séries sont de même nature, et dans le cas de convergence, ont la même somme. Cela
résulte de 1) et 2)
Série absolument convergente. Soit maintenant ∑ n0 u n une série à termes réels ou
complexes, absolument convergente, de somme S. Il est facile de ramener à celle de séries
convergentes à termes ≥ 0.
Si les u n sont réels, on pose
|u n | u n |u | − u n
vn ; wn n
2 2
on a donc
0 ≤ v n ≤ u n , 0 ≤ w n ≤ |u n |, u n v n − w n , |u n | v n w n
Les séries à termes ≥ 0 ∑ n0 v n et ∑ n0 w n convergent ; si leurs sommes sont S ′ et S ′′
respectivement, on a S S ′ − S ′′ ; on a aussi ∑ n0 |u n | S ′ S ′′
u 1 u 3 u 2n−1 1 1 1 1 1 1 1 1 1 1
n
3 2n − 1 2 4 2n 2 2
donc la série des termes d’indice impair diverge ; de même pour la série des termes
d’indice pair. Ceci se généralise comme suit.
Séries semi-convergente à termes réels. ∑ n0 u n étant une telle série, soient
S n ∑ p0 u p , n ∑ p0 |u p | ; notons y n la somme de u p ≥ 0 d’indice ≤ n et −z n la
n n
les suites y n et z n sont croissantes et tendent toutes les deux vers , car, si y n par
exemple avait une limite finie, il en serait de même de z n puisque y n − z n → S, et la série
∑ n0 u n serait absolument convergente, ce que nous avons exclu. On a ainsi obtenu deux
séries formées avec des u n et qui divergent : la série des termes ≥ 0, et la série des termes
0 ; il ne peut être question de calculer S en répartissant les termes en ces deux séries.
De plus par modification de l’ordre des termes, on peut obtenir une série convergente
ayant une somme donnée V ; on peut également obtenir une série divergente.
Soit en effet un réel V. Formons une série ∑ n0 v n comme suit : on prend pour
v 0 , v 1 , … les u n ≥ 0, dans l’ordre où ils figurent dans ∑ n0 u n , en nombre juste suffisant
pour que la somme partielle correspondante de la série ∑ n0 v n soit ≥ V (c’est possible
puisque y n → ; on prend alors des u n 0, dans l’ordre où ils figurent dans la série
∑ n0 u n , jusqu’à ce que la somme partielle de la série ∑ n0 v n devienne V, puis des
u n ≥ 0 jusqu’à ce qu’elle redevienne ≥ V et ainsi de suite. Comme ∑ n0 u n converge, le
terme général u n → 0 ; ∑ p0 v p − V est majoré pour m assez grand, par la valeur absolue
m
d’un terme de la série ∑ n0 u n dont l’indice tend vers avec m.
Donc ∑ n0 v n converge et à pour somme V.
De même on peut former une série ∑ n0 v n dont les sommes partielles tendent par
exemple vers : on prend les u n ≥ 0 jusqu’à dépasser 1, puis le premier u n 0, puis des
u n ≥ 0 jusqu’à dépasser 2, puis le second u n 0, … etc.
−1 n−1
Exemple : La série ∑ n0 u n 1 − 1
2
n converge et a pour somme S.
On a d’ailleurs
1 − 1 − 1 1 1 1 1 − 2 1 1 1
2 2n 2 3 2n 2 4 2n
ou
S 2n 1 1 1 1 − 1 1 1 1
n
2 3 2n 2 3
comme 1 12 13 1n ln n n constante d’Euler ; n → 0, on voit que
S ln 2.
Considérons la série formée en prenant, dans l’ordre ou ils apparaissent, un terme 0,
deux termes 0, un terme 0, deux termes 0,... Groupons les termes par paquets de trois ;
on obtient :
1 − 1 − 1 1 − 1 − 1
2 4 2n − 1 4n − 2 4n
(le n − ième nombre impair est en effet 2n − 1, le n − ième nombre pair 2n. Or
1 − 1 − 1 1 − 1 1 1 − 1
2n − 1 4n − 2 4n 4n − 2 4n 2 2n − 1 2n
donc
1 − 1 − 1 1 − 1 − 1 1 1 − 1 1 − 1
2 4 2n − 1 4n − 2 4n 2 2 2n − 1 2n
ln 2
qui tend vers 2
.