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TD n°17
Marquée par une forte tradition jacobine, la France a connu aux cours
de ces deux derniers siècles d'importantes modifications de son
administration interne amenant à s'interroger sur les menaces réelles
ou fictives qui planent sur l'unité de l'État.
La notion d'État nécessite une étude approfondie. Toutefois, il est
possible de dégager quelques traits principaux. L'Etat est en effet
composé d'une population, d'un territoire ainsi que d'une organisation
politique. Cette organisation politique peut se manifester de plusieurs
manières. Les deux principales formes d'État sont aujourd'hui l'État
fédéral et l'État unitaire.
Si le premier est constitué d'un système politique à double niveau, le
second est constitué d'un pouvoir central fort dominant.
La France depuis la fin de l'époque féodale a toujours été un État
unitaire marqué par une vision Jacobine d'un pouvoir central
dominateur. Les tentatives de modification de cette tradition par les
girondins lors de la révolution les a conduit à un sanglant échec.
Malgré tout, l'organisation politique de l'État français a
considérablement évolué depuis.
Des mouvements successifs tels que la déconcentration puis plus
récemment, la décentralisation ont conduit à modifier en profondeur
l'organisation politique du pays.
Ces deux phénomènes pouvant sembler proches ne s'expriment
pourtant pas de la même manière et ne conduisent pas au même
résultat.
La déconcentration consiste à déléguer des pouvoirs au sein même
d'une personne publique, selon la célèbre formule d'Odilon Barrot
« c'est le même marteau qui frappe mais on en a raccourci le
manche ».
La décentralisation en revanche entame profondément le système
politique français. Contrairement à la déconcentration, il s'agit d'un
transfert de compétence d'une personne publique vers une autre
personne publique. Cette abandon de compétence de l'État central au
profit de nouvelles personnes publiques a contribué à la multiplication
de ces dernières.
Cette diversité donne l'impression d'un État à plusieurs visages et
brouille dans l'esprit de l'administré le sentiment d'unité de l'État. En
parallèle cette diversité est nécessaire pour l'efficacité du pouvoir, de
la réponse publique aux besoins privés.
L'étude des personnes publiques en charge exclusivement d'un
service public n'a pas d'intérêt pour les besoins de cette étude car leur
diversification ne remet pas en cause l'unité de l'État.
Cette question d'unité de l'État est au coeur du débat politique actuel.
La volonté de l'actuel président Sarkozy de rendre l'État plus proche
des citoyens se manifeste par de nombreuses initiatives. Dans les
dernières semaines, plusieurs ministères ont été déplacés en province
périodiquement. Ces actions témoignes d'une volonté publique de
redonner le sentiment d'un État fort, à la fois central et proche des
préoccupations quotidiennes des citoyens.
Comment la diversité des personnes publiques peut-elle se concilier
avec l'unité de l'État ? En d'autres termes, comment s'articule le souci
contemporain d'une plus grande efficacité des pouvoirs publics avec le
principe constitutionnel d'indivisibilité de l'État ?
Si l'unité de l'État reste aujourd'hui préservée grâce à une vision
historique de l'État unitaire ainsi que d'un mouvement de
déconcentration permettant une meilleure administration, la diversité
des personnes publiques demeure néanmoins un outil de l'efficacité
des pouvoirs publics.
I) L'unité de l'État préservée