Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Gymnase de Morges
Frank Dayen
Michel Ducret
Christian Bertschi
Nous tenons à remercier ici toutes les personnes ayant collaboré avec nous à la
réalisation de ce travail de diplôme interdisciplinaire :
Mme von Holzen pour l’aimable interview et les documents mis à
disposition qui nous ont été très utiles ;
M. Dayen, professeur de français ;
M. Ducret, professeur d’économie et droit ;
Introduction
Dans le cadre de ce travail interdisciplinaire personnel de culture générale, nous
avons décidé de vous présenter la presse écrite en Suisse romande, car nous lisons
quotidiennement le journal et nous voulions nous pencher sur son avenir face au
web. A travers les chapitres suivants, nous étudierons les raisons qui ont plongé la
presse dans la crise et nous tenterons également de répondre à notre
problématique : la presse écrite a-t-elle un avenir face au web ?
Tout d’abord, nous allons parler de l’histoire de la presse écrite, depuis sa création
jusqu’à aujourd’hui. Nous continuerons avec l’évolution d’un groupe de presse
ainsi que les facteurs et les conséquences de la crise. Ensuite nous parlerons des
stratégies de la presse écrite pour faire face à cette dernière.
Pour finir, nous répondrons à notre problématique et cela sera notre conclusion.
1
Publication annuelle contenant des renseignements divers.
2
Le terme désigne les imprimés qui furent diffusés à partir du XVIe s. dans les villes et les
campagnes par des marchands ambulants.
Les premiers périodiques avaient pour but d’informer les lecteurs de l’époque. La
plupart du temps ils paraissaient chaque mois, c’étaient donc des mensuels. Mais
il existait plusieurs types de périodiques : le quotidien, l’hebdomadaire, le
bimensuel, le bimestriel, le trimestriel, le semestriel et l’annuel. Le tout premier a
été imprimé à Strasbourg par Jean Carolus en 1605. Ce journal a été intitulé
« Relation ».
L’âge d’or de la presse écrite est au XIXe siècle. Pendant cette période la presse
est une véritable industrie grâce à la Révolution industrielle qui a amené le
progrès de l’imprimerie. On a vu apparaître le métier de journaliste et les agences
de presse. La presse a également connu une montée en puissance considérable
favorisée par les progrès techniques tels que la création de la presse rotative3 en
1860. À la fin du XIXe siècle, les journaux avaient le monopole mais l’apparition
des nouveaux médias : tels que la radio et la télévision ont perturbé la progression
de la presse écrite. De nos jours, elle est en crise à cause d’Internet et son
émancipation. Sur le web tout est gratuit par conséquent on a très peu de modèle
où le consommateur achète l’information.
3
Matériel permettant d’imprimer sur des bobines de papier mais également sur des films
plastiques ou autre.
2.1 Edipresse
Edipresse est un groupe international de médias créé en 1988. Son siège est situé à
Lausanne, ses activités sont l’édition de journaux et de magazines ainsi que
l’exploitation de sites web.
Le groupe est actif dans plusieurs pays dont la Suisse, la France, l’Espagne, le
Portugal, la Russie, l’Ukraine, la Pologne, la Roumanie et aussi dans plusieurs
pays asiatiques comme la Chine. Il édite plus de 180 magazines, quotidiens, sites
web et emploie 2800 collaborateurs. Le groupe s’est fixé une stratégie de
développement qui repose sur trois principes. Premièrement concentrer leurs
ressources humaines et financières sur les activités et les pays où l’acquisition
d’une part de marché significative est possible. Deuxièmement, créer des contenus
de qualité destinés à informer et à distraire. Ces contenus sont mis sur le marché
sous différentes formes, support écrit et plateforme digitale. Enfin, assumer les
responsabilités particulières qui découlent de leur métier d’éditeur.
"Edipresse est structuré avec un département éditorial qui regroupe les
publications écrites et un département digital qui actuellement gère tout ce qui est
développement et site web. On a déjà au départ une structure qui est héritée de
l’histoire de la presse. En soi on pourrait avoir un seul département qui s’occupe
du contenu".4
Concernant ses activités exercées en Suisse, le groupe est leader sur le marché de
la presse en Suisse romande. Il publie des journaux payants dont « Le Matin », le
« 24 Heures », « Le Matin Dimanche », « Le Temps », « La Tribune de Genève »
ainsi que le quotidiens gratuits le « 20 Minutes » et quelques journaux locaux
comme « la Broye » et « le Journal de Morges ».
Le groupe a été racheté par Tamedia qui va devenir le plus grand groupe de presse
helvétique suite à l’accord du 17 septembre 2009. Le gendarme de la concurrence
a donné le feu vert pour la reprise des activités suisses du groupe Edipresse. Il y a
eu plusieurs conséquences par exemple, la fusion de leurs quotidiens gratuits.
Cette participation coûtera 226 millions de francs à Tamedia.
4
Information obtenue pendant l’entretien avec Mme von Holzen.
On
5
Citation de Mme von Holzen, Directrice éditoriale adjointe.
Le second facteur de cette crise est le web. Au début des années 90, ce média est
devenu très populaire. Selon Netcraft6, depuis sa création jusqu’au mois de juillet
2009, on compte plus de 240 millions de sites web. Ce média rivalise aussi bien
avec la télévision, la musique, le cinéma que la communication. Aujourd’hui, il
est facile d’avoir accès à Internet et parcourir une multitude de sites web. C’est
devenu simple de s’informer en tout temps de l’actualité mondiale. La simplicité
d’accès à l’information par Internet et les prix plutôt stimulant ont ainsi amené
bon nombre de personnes à arrêter d’acheter des journaux payants. De plus,
Internet est devenu un média formidable pour les annonceurs.
Dans la plupart des sites web, une publicité est imposée pour accéder au site. Pour
trouver ce que l’on recherche, il faut passer par des choses qu’on n’a pas
forcément envie de voir.
6
Entreprise spécialisée dans les technologies Internet.
Finalement ces journaux ne sont pas destinés à informer le lecteur mais plutôt à
attirer les annonceurs. Il faut savoir qu’ils dépendent d’un système de financement
restrictif, les recettes publicitaires.
La première stratégie pour contrer le web, c’est d’être présent dans tous les
médias électroniques comme le web et les applications mobiles. Par exemple sur
l’iPhone on peut télécharger gratuitement l’application « LEMATIN.CH ». Sur
cette application on a accès aux résultats sportifs, à la météo, l’actualité suisse et
mondiale, people etc… On voit par cet exemple qu’il est très facile d’obtenir des
informations en tout temps. Pour les éditeurs, le gros problème c’est de gagner de
l’argent c’est pourquoi ils cherchent une solution en Suisse et à l’étranger mais
personne ne l’a encore trouvée. C’est pareil pour les journaux gratuits car si
Edipresse ne s’y lance pas, ils perdent le potentiel de revenu. Il faut savoir
qu’Edipresse publie le « 20 Minutes » pour justement être présent sur ce marché.
Finalement la meilleure stratégie pour un journal payant reste la qualité. Elle doit
répondre aux attentes du lectorat.
La stratégie serait de faire des offres d’essais mensuels pour inciter les lecteurs à
s’abonner. Cette stratégie est prévue pour les jeunes, mais le succès ne sera pas
garantit car beaucoup de personnes ont pris l’habitude de lire des journaux gratuits
et ne vont pas forcément conclure un abonnement.
L’iPad est une tablette informatique qui a été présentée le 27 janvier 2010 et sa
sortie est prévue en mars 2010. Avec cet outil on peut exécuter la plupart des
140'000 applications de l’App Store. On peut aussi surfer sur le web, écrire un e-
mail ou regarder un film sur un superbe écran Multi-Touch.
Au départ nous pensions que l’iPad aurait un effet négatif sur la presse écrite,
mais selon Mme von Holzen, "la presse attend des effets plutôt positifs. Edipresse
aimerait un support qui permettra de commercialiser leurs journaux. À ce stade, le
groupe ne le voit pas comme une menace mais a l’espoir qu’on pourra faire payer
les accès aux journaux pour autant que le contenu soit mis en valeur, c’est-à-dire
bien présenté et qui cumuleront les avantages du print et du web. Si c’est le cas,
ils pourront vendre des abonnements avec des autres modèles économiques, et
dans ce cas on retrouverait la démarche d’abonnement de consommation d’un
journal".
Précédemment, on a constaté que les coûts de production d’un journal ont
augmenté considérablement. "Il faut savoir que l’impression représente environ
40% des coûts. Si on arrive à réduire ces coûts de production sur une tablette et
qu’on puisse vendre du contenu moins cher qu’aujourd’hui, ça sera beaucoup plus
facile pour les groupes de presse. C’est intéressant de pouvoir économiser sur la
diffusion de l’information mais tout en gardant cette fois un revenu pour payer la
production d’informations qu’il y a aujourd’hui sur le web." 7
Pour certains c’est un produit formidable qui est en avance sur la concurrence,
mais pour d’autres il reste trop sophistiqué pour le grand public, l’iPad sera un
flop commercial.
7
Information obtenue pendant l’entretien avec Mme von Holzen.
6 Conclusion
Nous allons répondre à notre problématique : Est-ce que la presse écrite a un
avenir face au web ?
Nous pensons qu’au vu de la situation actuelle à court et à moyen terme, la presse
écrite a un avenir face au web à condition qu’elle reste proche de ses lecteurs et
qu’elle trouve une complémentarité entre les différents supports. Comme vu
précédemment, souvenons-nous que dans les années 70 la presse écrite a perdu le
monopole au profit de la télévision mais a réussi à résister.
De nos jours, c’est encore plus difficile car les coûts de l’industrie (rédaction,
fabrication et distribution) ont augmenté et les recettes (publicité, ventes &
abonnements et petites annonces) sont en baisse. Malgré cela, les groupes de
presse essaient d’être compétitifs, en étant présents dans tous les médias
électroniques. Ce qui leur permet d’assurer les rentrées publicitaires qui servent à
financer les coûts de production des journaux.
Selon Mme von Holzen : "La presse écrite gardera toujours ses avantages par
rapport à une tablette (iPad). Peut-être le jour où on se retrouve avec une feuille
électronique que l’on peut plier, la presse écrite sera menacée".
En conclusion nous ne pensons pas que la presse écrite disparaîtra car tant qu’il y
aura le plaisir de lire il y aura toujours des journaux.
7 Sources
Sites Internet et illustrations
Etudes REMP
http://www.wemf.ch/fr
(Site de recherches et études des médias publicitaire en Suisse, consulté en janvier
2010).
Edipresse,
http://www.edipresse.ch
(Site officiel du groupe Edipresse, télé charger le logo de la page d’accueil,
consulté en janvier 2010).
La Tribune de Genève
http://www.tdg.ch/matin-bleu-cessera-paraitre-vendredi-25-septembre-2009-09-18
(Article sur la fusion du Matin Bleu et le 20 Minutes, consulté en janvier 2010)
Le Matin
http://www.lematin.ch/flash-info/high-tech/ipad-redonne-espoir-presse-ecrite-
crise
(Article sur l’iPad tiré du site officiel lematin.ch, consulté en janvier 2010).
Télévision Suisse romande
http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=200001&sid=11181331
(Vidéo sur la progression des journaux payants, consulté en janvier 2010).
Radio Suisse romande
http://www.rsrinfo.ch/fr/news/La_presse_ecrite_tient_bon_la_rampe.html?
siteSect=2010&sid=11181331&cKey=1252423019000
(Site officiel de la RSR, télécharger l’illustration des journaux, site consulté en
janvier 2010).
Telecom Sia Conseil
http://telecom.sia-conseil.com/index.php/acteurs/0907007-01-la-presse-ecrite-en-
crise
(Schéma tiré de ce site, consulté en février 2010).
Gralon
http://www.gralon.net/articles/news-et-media/magazines/article-histoire-de-la-
presse--des-premiers-journaux-a-nos-jours-1339.htm
(Histoire de la presse, site consulté en janvier et février 2010)
Dictionnaire historique de la Suisse
http://hls-dhs-dss.ch/textes/f/F28705.php
(Définition du colportage et l’almanach, consulté en février 2010).
Netcraft
http://news.netcraft.com/archives/web_server_survey.html
(Nombre de sites web sur Internet, consulté en février 2010).
Presses online
http://presses.online.fr/info/web/pre.html
(Débat entre Internet et la presse écrite, consulté en février 2010).
Apple
http://www.apple.com/fr/ipad
(Site officiel d’Apple, description et image de l’iPad, consulté en février 2010).
Illustration d’un almanach
http://www.laviedenosancetres.fr/Mon%20aide/almanach%201833%201.jpg
(Consulté en février 2010).
Illustration des sources
http://fgimello.free.fr/masterEMC/images/Bibliographie.jpg
(Consulté en février 2010).
Arsim Kalimashi
Benjamin Sosolic
Ch. Buvelot 11
1110 Morges
Morges, le 18 janvier 2010
akalimashi@gmail.com
076 207 19 06
EDIPRESSE
A l’attention de Mme
Madeleine von Holzen
33, av. de la Gare
1001 Lausanne
Demande d’entretien
Madame,
Arsim Kalimashi
Benjamin Sosolic
Ch. Buvelot 11
1110 Morges
Morges, le 10 février 2010
akalimashi@gmail.com
076 207 19 06
EDIPRESSE
A l’attention de Mme
Madeleine von Holzen
33, av. de la Gare
1001 Lausanne
Madame,
Figure 3 - PV décisionnel
PV décisionnel
Septembre 2009 Début du travail interdisciplinaire (TIP) et choix
Lundi 7
du sujet (UEFA).
Questionnaire
Parcours professionnel
Tous les éditeurs dans le monde vivent d'une part un changement structurel
important, c'est-à-dire que le business change. Si vous chercher une maison, un
emploi, vous allez probablement sur le web, vous payez très peu pour insérer une
annonce et vous trouvez très facilement un nombre d'annonce et dans ce type de
revenu était la presse écrite. Là il y a des transferts énormes, on sait qu’on ne peut
pas revenir en arrière et on n’a pas de l'autre côté des revenus pour compenser ces
pertes sur le web. Côté lecteur, les changements de consommation où les gens
n'ont plus aussi besoin de la presse écrite comme auparavant. On a accès à des
informations illimitées sur le web. Idéalement on fait de la presse écrite et
électronique parce qu'il y a une vraie complémentarité et je ne crois pas à la
disparition de la presse écrite parce que le support que vous utilisez a des qualités
et des défauts qui resteront. Un journal papier a de grandes qualités, le fait de
pouvoir le plier, le transmettre à quelqu'un d'autre, écrire dessus, c'est enfaite un
média hyper mobile. Le web a aussi beaucoup de qualités, en fonction du moment
de la journée et de son besoin de consommation on aura des gens qui vont préférer
l'un ou l'autre.
Est-ce que vous pensez que les licenciements qui ont eu lieu ces derniers
temps à Edipresse sont les conséquences de la presse électronique ?
Quelles sont les stratégies de la presse écrite pour faire face à la montée en
puissance des médias électroniques ?
Madeleine von Holzen : Tout d'abord, être présent dans tous les médias
électroniques, d'être sur le web, de lancer des applications mobiles (iPhone), et au
niveau de la télévision être aussi présent, par exemple Edipress a lancé une chaîne
régionale, « La Télé ». Maintenant ce qui est difficile c'est de gagner de l'argent.
Pensez vous que la mise sur le marché de l'iPad peut avoir un effet négatif sur
la presse écrite ?
Madeleine von Holzen : Non, on attendait des effets plutôt positifs de l'Ipad
parce que la presse écrite, Edipresse attend un nouveau support, une tablette qui
permet de commercialiser leurs journaux et là aussi de proposer encore une autre
expérience de lecture que ce que l'on a aujourd'hui. On ne le voit pas comme une
menace à ce stade, on est encore dans l'espoir qu'on pourra faire payer les accès
aux journaux pour autant qu'on soit dans un contenu bien mis en valeur, bien
présenté, qui cumule les avantages du print et du web. Si c'est le cas, on peut
vendre des abonnements avec des autres modèles économiques mais on
retrouverait la démarche de l'abonnement de consommation d'un journal. Ce qui
est lourd dans l'économie des journaux papiers, c'est l'industrie, l'impression. Si on
arrive à réduire les coûts de production sur une tablette et qu'on se retrouve avec
un coût bien inférieur à cette production-là qu'on a dans le journal papier et qu'on
puisse vendre du contenu moins cher que ce que l'on vend aujourd'hui, un
abonnement papier. C'est intéressant de pouvoir économiser sur la diffusion de
l'information mais tout en gardant cette fois un revenu pour payer la production
d'informations qu'il y a aujourd'hui sur le web.
Les jeunes lisent plus les journaux gratuits, avez-vous une stratégie pour les
intéresser à lire vos journaux ?
La presse écrite a été le média le plus touché par la crise en 2009, c’est le seul
secteur qui a subi une baisse de son chiffre d’affaires, comment expliquez-
vous cela ?
Madeleine von Holzen : La crise structurelle et conjoncturelle. La crise
structurelle qui fait qu'il y a des transferts de revenus vers d'autres supports, vers
les médias électroniques et du coup les autres supports en profitent, il y a quand
même une augmentation du chiffre d'affaires. La presse écrite a cette baisse plus
la problématique conjoncturelle qui va plus fortement la toucher parce que les prix
sont plus élevés, c'est plus cher de mettre une annonce dans un journal écrit. Du
coup en période de crise, le reflexe des entreprises c'est de tailler dans le budget
des communications. On va supprimer les grosses dépenses.
Est-ce que vous pensez que la presse écrite a encore un avenir face à la presse
électronique ?
Madeleine von Holzen : Oui, je pense que la presse écrite a un avenir. Je fais
partie des gens plus optimistes par rapport à cela parce que c'est à nous de trouver
les moyens de faire de cette démonstration, d'être toujours meilleur, plus juste, ce
que les lecteurs attendent. De trouver cette complémentarité entre les différents
supports. On doit répondre au besoin du public et je pense que la presse écrite
gardera toujours ses avantages même par rapport à une tablette, peut-être le jour
où on se retrouve avec une feuille électronique que l'on peut plier, mais on n’en
n’est pas encore là. Tant qu'il y aura le plaisir de lire, il y aura toujours une presse
écrite très qualitative qui répond à la demande des lecteurs qui ne couvre pas
l'ensemble du spectre de l'information qui était couverte même aujourd'hui « Le
Temps ». En conclusion je ne vois pas la presse écrite disparaître.