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Jamais les Grecs n'ont dfini le sentiment du tragique, mais l'volution de la tragdie, de mme que les jugements, apparemment
contraires mais en fait convergents, de Platon et d'Aristote rvlent un effort de toute la pense grecque pour repousser la
conscience tragique telle qu'elle apparat dans l'Iliade. Quand Aristote dclare que le dnouement malheureux d'une tragdie doit
tre imputable une faute du hros, il condamne implicitement des pices comme les Chophores, Antigone, dipe-Roi, o le
hros, ainsi que l'Achille de l'Iliade, est victime d'un destin injuste qui le frappe d'autant plus qu'il est plus noble. Mais Eschyle lui-
mme, la fin de ses trilogies, et Sophocle, dans ses dernires uvres, cherchent un dnouement qui rconcilie destin et
justice, tandis qu'Euripide montre les hommes victimes surtout de leurs propres passions. C'est pourquoi Platon, dont la
philosophie condamne le sentiment du tragique comme une erreur de la sensibilit, concentre son attaque sur Homre, le
premier des potes tragiques .
Ronnet Gilberte. Le sentiment du tragique chez les Grecs. In: Revue des tudes Grecques, tome 76, fascicule 361-363, Juillet-
dcembre 1963. pp. 327-336.
doi : 10.3406/reg.1963.3746
http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/reg_0035-2039_1963_num_76_361_3746
LE SENTIMENT DU TRAGIQUE
tragique.
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(1) On peut objecter qu'il est injuste envers Cron ; mais, outre que sa
conduite s'explique par l'attitude de Tirsias, elle n'a aucune incidence sur
l'action, puisque, sur la prire de Jocaste, tout en continuant croire Cron
coupable, dipe lui fait grce, ce qui prouve sa gnrosit.
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