Miroir

Dialogue avec une fleur

Inspir de la dcouverte d'Ophrys speculum (Ophrys miroir) en mai 2016 Pessac (Gironde,
France).
Photos et textes : Vincent Sennes

"Miroir, mon beau miroir, dis-moi, dans le royaume, qui est la femme la plus belle ?"
Et le miroir lui rpondait :
Vous tes la plus belle du pays, Madame.
Alors la reine tait contente, car elle savait que le miroir disait la vrit.

Extrait de Blanche Neige, de J. et W. Grimm (1812)



Un mois de mai.

Inattendu.

"Miroir, mon beau miroir,
mais que fais-tu,
l dans ce pr ?"








" Je viens du sud,

comment ? L'autan,
ou bien des plumes.
Dpose sur
un toit, de l'eau, ...
presque toujours,
l, condamne,
parfois, ici,
je suis graci."

"Si je suis l,
cest grce un
mycte en sol.

Si jai des graines
cest grce un
insecte dos.

Si tu me vois,
rends grce au tout
cach cis l."

"Trop occups discuter,

vous dplacer motoriss,

quel est le sol que vous foulez,
ce qui y pousse ? Ignors.

Si l jexiste oui je le dois
tes deux yeux qui mont trouv,

si tu navais vu mon miroir
alors seulement je serais l."

"Dans une vision

des fleurs sauvages
emprisonn,

tu tattendais
plus loin des hommes
me trouver ?

Regarde ici, autour de moi,
que des bagnoles et des btisses.

a, du sauvage ? Fi, de lurbain !

Une prairie que pour vos chiens."

"Miroir, mon beau miroir,
que vas-tu faire
dsormais ?"












"Je vais compter sur mes allis,

brunes,
mes orchis et mes graines,

roses,
mes voisines mme grles,

bleue,
ma pupille qui vous hle,

rouge,

votre code qui m'paule."

"Haut patrimoine ?
Contrarit ?

Entendez-vous
cousins sapiens !

Mon sort li
votre sort,

qui est vraiment
dans cet enclos ?"

"Lorsque tu sondes
ma destine,

laisse une place
au temps quil fait,

car ses contours
me gouvernent,

plus que boussole,
il est lanterne."

"Miroir, mon beau miroir,
que retenir
de cette histoire ?"










"Pour m'aimer ainsi,

tu devais m'esprer.

Pour t'allier ainsi,
tu devais esprer.

Pourtant ces esprances,
tu ne les voyais pas,

je ne fais qu'arborer
les couleurs de ton me.1"

1 Cette dernire strophe fait cho la pense de R. W. Emerson, dans son essai Nature (1836), lorsqu'il dit que

"La nature arbore toujours les couleurs de l'esprit".