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planification de l’éducation
École et
décentralisation :
le cas du Sénégal
Cheikh Diakhaté
avec
Issakha Guèye,
El Hadj Ngom, Claire Ta
Cheikh Diakhaté
Avec
Issakha Guèye, El Hadj Ngom, Claire Ta
Les appellations employées dans ce volume et la présentation des données qui y figurent n’impliquent de la part de
l’UNESCO ou de l’IIPE aucune prise de position quant au statut juridique des pays, territoires, villes ou zones, ou de
leurs autorités, ni quant à leurs frontières ou limites.
Cette série de documents vise à diffuser rapidement auprès des spécialistes et professionnels de la planification
de l’éducation les résultats des programmes de recherche de l’IIPE.
a.de-grauwe@iiep.unesco.org
c.lugaz@iiep.unesco.org
Tous les documents de cette série peuvent être téléchargés gratuitement à partir de :
www.unesco.org/iiep/fre/publications/pubs.htm
Réf. : iiep/web/doc/2008/04
© IIPE 2008
Table des matières
1. Aïssatou Dieng Sarr, El Hadj Malick Dia et Mafakha Toure (Ministère de l’éducation, Sénégal), ainsi que Ndahirou
Mbaye (Plan Sénégal) ont également participé à la préparation de cette introduction.
2 Lugaz, C. De Grauwe, A . 2006. École et décentralisation. Résultats d’une recherche en Afrique de l’Ouest
francophone. Paris : IIPE-UNESCO.
Le Sénégal possède un réseau ferroviaire composé de deux lignes principales pour le transport
de marchandises et de voyageurs. La première relie les villes suivantes : Dakar, Thiès, Louga,
Saint-Louis, et la seconde ligne, assurant un trafic international vers le Mali, relie Dakar à Bamako
via Thiès, Diourbel, Tambacounda, et Kaolack. Il convient de noter que l’essentiel du transport des
produits miniers et des carburants, et une partie du transport des produits agricoles, est assuré
par le chemin de fer.
Caractéristiques démographiques
Le profil démographique du Sénégal est caractérisé par :
– un taux de croissance de la population élevé, qui avoisine 2,8 % par an, ceci s’expliquant par
la baisse du taux de mortalité ainsi que par le niveau élevé du taux de fécondité (5,7 % par
femme en âge de procréer en 1997). Ce rythme de croissance devrait se maintenir jusqu’en
2005, avant de connaître un ralentissement qui pourrait intervenir sous l’effet des politiques
de population mises en œuvre en 1988 ;
– Une population résidente de près de sept millions d’habitants en 1988 (année du dernier
recensement) contre trois millions en 1960 et environ cinq millions en 1976. La population
estimée à 9 300 000 habitants en 1999 devrait doubler tous les 25 ans si le taux
d’accroissement actuel se maintient.
– Une inégale répartition de la population. Celle-ci reste concentrée à l’ouest, dans les régions
de Dakar, Thiès et Diourbel où la densité varie de 3660 à 50 habitants au km², sur des terres
épuisées, où le problème de l’eau se pose. Ceci, alors que les régions les plus avantagées en
potentialités hydrauliques (Tambacounda et Kolda) enregistrent les densités les plus faibles
(30 à 7 habitants au km2).
– L’existence de différentes ethnies. Selon les résultats du dernier recensement de 1988,
la société sénégalaise est constituée de plusieurs ethnies - au moins neuf - dont les plus
importantes sont les Wolof, les Pulaar, les Sereer, les Joola, les Manding et les Soninkés. Les
religions les plus répandues sont l’islam (presque 94.3 % de la population) et le christianisme
(4,3 %). Jusqu’à présent, toutes ces micro-cultures ont su vivre de manière ouverte, intégrant
harmonieusement les apports des peuples voisins, mais aussi ceux de la puissance
colonisatrice française et des arabo-berbères.
– Un taux d’urbanisation qui croit rapidement : il est passé de 23 % en 1960 à 42% en 1966
(le Sénégal est un des pays les plus urbanisés en Afrique, au sud du Sahara) et à près de
46 % aujourd’hui. La taille de l’agglomération dakaroise témoigne de ce déséquilibre et pose
le problème plus global des migrations.
– Une population jeune qui est un atout et un défi : 56 % de cette population a moins de 20 ans
(50 % de moins de 16 ans), ce qui pose le problème de la scolarisation, de l’emploi et du
chômage.
La langue officielle est le français.
Régime politique
Au plan politique, le Sénégal se caractérise par un processus de démocratisation avancé, avec
plus de 52 partis politiques. La liberté de la presse aussi bien écrite que parlée est une réalité.
La société civile (ONG, mouvements associatifs, etc.) participe à la gestion du pays, en particulier
dans le domaine éducatif.
Économie
À l’indépendance en 1960, le Sénégal a hérité d’une infrastructure matérielle et sociale relativement
favorable, comparée aux pays de la sous région. Pourtant la croissance de son PIB a été l’une des
plus faibles de tous les pays africains. II a connu une croissance de 3,8 % entre 1979 et 1983
avant que celle-ci ne retombe à 2,6 % durant la période 1984-1988 et à 1,7 % entre 1989 et
1992. Ces faibles performances ont conduit, en janvier 1994, à une dévaluation du franc CFA de
50% par rapport au franc français.
À la suite de cette dévaluation, le PNB par habitant est passé de 710 dollars US à 456 en 1994
(il a été estimé à 551 dollars en 1997). Le Sénégal est alors passé du statut de pays à revenu
intermédiaire à celui de pays à faible revenu.
Malgré les efforts considérables de modernisation et les progrès réalisés ces dernières années
(l’accroissement du PIB est estimé à plus de 5,1 % en 1999), l’économie sénégalaise continue à
reposer sur la production d’arachide, destinée à l’exportation, ainsi que sur la culture du mil et
l’élevage de bétail, destinés à la consommation locale. Le Sénégal est un pays pauvre en ressources
minérales. Ceci constitue un handicap qui limite les perspectives de croissance économique du
pays.
Un autre trait important de l’économie sénégalaise réside dans la forte concentration à Dakar
et sur le littoral de la plupart des emplois du secteur moderne, des installations commerciales
et des services sociaux. Cette situation crée de grandes disparités entre les zones urbaines et
rurales, ainsi qu’entre les régions, en ce qui concerne les possibilités d’emploi et les structures
de consommation.
La faiblesse de la croissance économique a limité l’épargne intérieure et prolongé la dépendance
déjà lourde de l’économie par rapport à l’aide extérieure.
Avec les cycles de sécheresse, la détérioration des termes de l’échange et les difficultés du pays
à s’adapter au nouvel échiquier international, l’économie nationale a traversé des crises de plus
en plus profondes. Malgré l’apport de secteurs comme la pêche, les phosphates et le tourisme, le
contexte généralement défavorable des richesses intérieures, le caractère extraverti de l’économie
et une politique financière inadaptée conduisent le gouvernement à négocier avec les institutions
de Bretton Woods un programme d’ajustement structurel.
Découpage administratif
• L’organisation administrative
Composé de sept régions en 1960, le Sénégal en compte aujourd’hui 11. Chaque région comprend
trois départements exceptée la région de Dakar qui en compte quatre. Les départements sont
constitués d’arrondissements (il en existe 99), eux mêmes composés de communes (60) et de
communautés rurales (320). La cellule administrative de base est le village. On en comptait
12 000 au recensement de 1988.
L’État a développé une politique de décentralisation visant à favoriser la participation des
populations à la gestion des affaires publiques. Entrée en vigueur depuis 1972, cette politique a
été renforcée par la loi 96-06 du 22 mars 1996 portant code des collectivités locales. De par la loi
96.07 du 22 mars 1996, l’État du Sénégal a transféré aux collectivités locales (région, commune
et communauté rurale) des compétences dans le domaine de l’éducation et de la formation.
• L’administration locale
La loi n° 96-06 du 22 mars 1996 portant code des collectivités locales a créé trois ordres de
collectivités locales : la région, la commune et la communauté rurale.
La région est administrée par un conseil régional élu au suffrage universel direct, selon l’article 18
du code des collectivités locales. Les principaux organes de la région sont le président du conseil
régional, le conseil régional, le secrétaire général ainsi que le comité économique et social qui lui
est rattaché. Le président du conseil régional est élu au scrutin secret et à la majorité absolue par
le conseil régional, parmi ses membres pour une durée de cinq ans.
Les organes de la commune sont le maire (élu par le conseil municipal parmi ses membres au
scrutin secret et à la majorité absolue pour une durée de cinq ans), le conseil municipal et le
secrétaire municipal.
Les organes de la communauté rurale sont le président du conseil et le conseil rural. Le président
du conseil rural est l’organe exécutif de la communauté rurale. Il est élu par le conseil rural dans
les mêmes conditions que le maire.
• Accès
Jusqu’en 2000, la prise en charge de la petite enfance ne concernait que les enfants âgés de
3 à 6 ans. Aujourd’hui, la notion de petite enfance est élargie et elle concerne les enfants de 0 à
6 ans. Il s’agit d’une approche holistique qui prend en charge la santé, la nutrition et l’éducation
préscolaire des enfants. La prise en charge se fait dans les garderies d’enfants privées formelles,
les écoles maternelles et les garderies d’enfants communautaires.
L’éducation préscolaire a vu ses effectifs passer de 19 233 à 31 650 entre 1995-1996 et
2000-2001 soit un taux d’accroissement moyen annuel de 10,5 %. Sur la même période, la part
du privé est passée de 62 % à 74 %.
En 2000-2001 les filles représentent 52,5 % de l’effectif du préscolaire. Ces effectifs sont restés
concentrés dans trois régions que sont Dakar, avec 194 établissements et 16514 élèves, Thiès,
avec 64 établissements pour 4 722 élèves, et Ziguinchor, avec pour un effectif de 2 680 élèves.
La plupart des écoles se trouvent en zone urbaine. En 2000-2001, 91 % des écoles (soit 357) se
trouvent en zone urbaine. Le taux de pré scolarisation est de 3 % en 2000-2001.
En 2001-2002 on a dénombré 367 établissements dont 256 privés. Ces établissements sont
fréquentés par 28 663 enfants dont 20 048 dans le privé. Les filles représentent 53% des effectifs
aussi bien au niveau du public, du privé qu’au niveau global (voir tableau 1.1).
Pour les établissements, le taux annuel moyen d’accroissement (TAMA) est plus important dans le
public que dans le privé. S’agissant des effectifs, les filles enregistrent un TAMA supérieur à celui
des garçons, aussi bien dans le public que dans le privé.
Les facteurs limitant l’accès à l’éducation préscolaire sont :
– le fait quelle ne soit pas une priorité pour l’État qui, dans le contexte du Plan décennal
de l’éducation et de la formation (PDEF), qui est bien plus placée sur l’accélération du
taux brut de scolarisation (TBS) à l’élémentaire en vue de l’atteinte des objectifs de
l’éducation pour tous en l’an 2010;
– le caractère luxueux et coûteux du modèle actuel (un établissement préscolaire de trois
classes coûte 15 000 000 FCFA), ainsi que son inadaptation aux réalités socioculturelles
des familles.
Ces dernières années, on relève une tendance à la baisse des effectifs des écoles maternelles
publiques notamment dans les régions de Dakar et la commune des Mines de phosphates-ville.
• Qualité
Ce secteur est caractérisé par la diversité des types d’éducateurs, des profils de sortie des enfants,
de l’adoption tardive des programmes, de l’insuffisance du matériel, des équipements et des
moyens logistiques.
La diversité des profils de sortie des enfants résulte du médium d’enseignement. Dans le privé
c’est le français qui constitue le médium dans les trois sections que compte le préscolaire. Au
niveau du public en revanche, ce sont les langues nationales qui sont utilisées dans les deux
premières sections et le français à la dernière section.
Ce n’est qu’en 1987 qu’un programme scolaire officiel a été élaboré. Celui-ci a connu des limites
à cause de son approche, de son inadaptation aux réalités socioculturelles, et de sa faiblesse de
diffusion. Le curriculum qui est en cours d’élaboration, tente de prendre en compte toutes ces
faiblesses en vue de répondre aux exigences multidimensionnelles du développement des enfants
et à l’attente des familles.
Sur le plan du matériel didactique et de moyens logistiques, la situation est loin d’être reluisante.
Si dans le privé, matériel et équipement sont en quantité suffisante, il n’en est pas de même
dans les écoles maternelles publiques, où les éducateurs recourent au matériel de récupération
pour combler le déficit. Le manque de moyens logistiques entrave de façon très aiguë les tâches
d’encadrement, de suivi et de contrôle des inspecteurs sur le terrain.
L’enseignement élémentaire
• Accès
Taux brut d’admission (TBA) au CI
Le TBA a connu une chute en 2000-2001 par rapport à 1999-2000. On note toutefois un
relèvement du TBA en 2001-2002, mais il reste inférieur au taux de 1999-2000 (voir tableau 1.2).
La caractéristique la plus marquante du TBA est la parité quasiment atteinte entre les garçons et
les filles.
Au vu du tableau 1.3, il apparaît de manière générale que le taux brut de scolarisation (TBS) s’est
accru, passant de 62 % en 1997-1998 à près de 72 % en 2001-2002, le TAMA se situant autour
de 3 %. L’évolution du TBS est due dans un premier temps à la redynamisation des classes à
double flux (CDF) et des classes multigrades (CMG) et, dans un second temps, au recrutement des
volontaires de l’éducation (VE) (en moyenne 2000 par an) ainsi qu’à la construction massive de
salles de classe (en moyenne 2000 par an). Cette situation illustre la sensibilité des contraintes
liées à la disponibilité du personnel et aux mesures de coût efficacité (CDF et CMG) dans la
scolarisation.
Une analyse plus détaillée par région permet d’observer qu’en général, le TAMA du TBS est
supérieur à celui observé dans le pays, excepté à Dakar où on a enregistré un TAMA négatif. Il
convient de noter à cet égard, que bien que le TAMA du TBS soit en régression dans cette région,
le TBS en 2001-2002 est encore parmi les plus élevés, s’élevant à plus de 83 %, ce qui est
largement supérieur à la moyenne nationale qui a enregistré un TBS se chiffrant à 71 % pour la
même période.
Les régions de Thiès, Saint Louis, et Kaolack sont marquées par de fortes disparités au regard
du TBS. Si Saint Louis et Thiès comptent parmi les régions les plus performantes avec un TBS
s’élevant respectivement à 80 % et 76 % en 2001-2002, en revanche, le TBS n’atteint que 47,5 %
dans la région de Kaolack. En outre, le TAMA du TBS est d’environ 4,5 % pour St Louis et Thiès, et
ne se situe qu’à 2,4 % pour la région de Kaolack. Ces taux restent cependant relativement corrects
comparativement à la moyenne nationale.
Le réseau scolaire
En 2002, le réseau scolaire compte 5 405 écoles, dont 480 dans le privé (voir tableau 1.4), et
24 112 salles de classe, dont 3 332 dans le privé. Le système éducatif sénégalais est donc marqué
par la prépondérance du secteur public (près de 91 % des écoles sont des écoles publiques). En
outre, près de 78 % des écoles et 55 % des salles de classe se trouvent en zone rurale. Enfin,
le réseau scolaire est caractérisé le volume important de structures incomplètes et un besoin
important de réhabilitation de salles de classe, ainsi que des blocs administratifs et d’hygiène. Pour
les établissements, le TAMA est plus important dans le public que dans le privé (respectivement
4,26 % et 1,36 %).
Les effectifs des élèves enregistrés pour l’année 2001-2002 se chiffrent à 1 197 081 élèves dont
132 039 dans le privé, autrement dit près de 89 % des élèves inscrits le sont dans le secteur
public. Par ailleurs, 48 % des effectifs se trouvent en zone rurale. Le pourcentage de filles est de
47 %.
Les filles enregistrent un TAMA supérieur à celui des garçons aussi bien dans le public (5,4 %
contre 3,3 %) que dans le privé (1,99 % contre 0,8 %). Ces derniers résultats apparaissent ainsi
• Diagnostic de la qualité
Le ratio élève/maître est passé de 49 en 1998-1999 à 55 en 2001-2002. Ce ratio élevé ne
favorise pas la qualité de l’éducation dispensée. Cependant la situation est très contrastée d’une
région à une autre : si à Dakar le ratio est de 65 il n’est que de 37 à Louga. Le ratio apparaît plus
élevé en zone urbaine qu’en zone rurale.
Pour les manuels scolaires, on enregistre globalement en 2002 un ratio de deux livres par élève.
Dans le cadre du PDEF il est prévu trois livres par élève.
Le taux de redoublement est supérieur ou égal à 10 % à tous les niveaux de l’élémentaire en
2002. Il augmente du CI au CM2 en passant de 10,5 % à 26 %. Comparé à 2001 on note des
améliorations au CP, au CM1 et au CM2 où il est passé respectivement de 12,5 % à 11 %, de
16,2 % à 15,3 % et de 29,5 % à 26 % (voir tableau 1.5).
Les taux d’abandon restent élevés au CI et au CM1, comme en témoigne le tableau 1.6. En
2002, on a enregistré des taux de 12,4 % et de 10,5 % respectivement à ces deux niveaux
d’enseignement. Très souvent les taux d’abandon et de redoublement des filles sont supérieurs
à ceux des garçons.
Pour une cohorte de 1 000 enfants inscrits au CI, en supposant le rendement interne de l’élémentaire
en 2002 inchangé au cours des huit prochaines années, il apparaît que seulement 303 élèves
arriveront au CM2 sans redoubler, et que 153 seront diplômés. Avec deux redoublements,
564 atteindront le CM2 et 359 auront leurs diplômes. Le nombre d’années/élèves pour former
un diplômé de l’enseignement élémentaire, estimé à 14,6 en 2002, reste très élevé et constitue
une limite au développement de la scolarisation élémentaire.
Bien que souvent réformés suite au constat de leur manque de pertinence (en 1962, 1969,
1972, 1987), les programmes d’enseignement n’ont pas changé fondamentalement le visage de
l’école. Deux types de programmes existent actuellement : les programmes traditionnels et les
programmes pilotes, basés sur des approches et des contenus différents. Un nouveau curriculum
est en cours d’élaboration depuis octobre 2000.
Le taux de réussite au Certificat de fin d’études élémentaires (CFEE) reste encore faible, ne s’élevant
qu’à 50,4% en 2001. Malgré l’émergence de dispositifs d’évaluation centralisés (SNERS, PASEC), il
faut noter la quasi-inexistence d’une culture d’évaluation aux niveaux les plus pertinents : écoles,
départements, régions. Ceci amoindrit le pilotage de la qualité au niveau local.
Enseignement moyen
L’enseignement moyen est caractérisé par la faiblesse:
– institutionnelle,
– de l’offre,
– du financement,
– des indicateurs d’efficacité interne,
– des moyens humains et matériels,
– du TBS et du taux de transition du moyen au secondaire.
• Accès
Entre 1997/1998 et 2001/2002, le TBS a connu une progression régulière en passant de 20,6 %
à 24,4 % (voir tableau 1.7). La parité entre garçons et filles n’a pas évolué sur la période, le TBS
restant plus élevé pour les élèves garçons.
En 2001-2002, le réseau du sous-secteur de l’enseignement moyen compte 435 collèges dont
224 publics (soit 51.4 % de collèges publics) (voir tableau 1.8).
Les collèges sont fréquentés en 2002 par 213309 élèves dont 156391 dans le public. Les filles
représentent 38 % des effectifs du public et 48 % de ceux du privé. En 1999-2000, on dénombrait
455 collèges, dont 220 publics. Pour la même année, les effectifs étaient de 132 575 élèves pour
le public et 53 563 pour le privé. Les filles représentaient 37 % dans le public et 47 % au niveau
du privé.
En 2000/2001 sur les 463 établissements du moyen, seuls 84 se trouvaient en hors commune
dont 12 privés. Pour la même année les effectifs en hors commune s’élevaient à 7 281 élèves,
soit 10,6 % des effectifs du moyen. Les filles représentaient 30,5 % des effectifs en hors commune
en 2000/2001.
Au total, le nombre d’établissements a connu un TAMA de 3,5 % sur la période. Toutefois, il est
négatif au niveau du privé.
Les effectifs dans l’enseignement moyen ont connu un TAMA de 8,2 % sur la période. L’accroissement
est plus significatif chez les filles que chez les garçons, aussi bien dans le public que dans le
privé.
L’indice de parité filles/garçons passe de 0,65 en 1998/1999 à 0,69 en 2001/2002, soit un
gain de 0,04 en faveur des filles. Dans le privé, on a presque atteint la parité, mais des efforts
restent à faire au niveau du public (voir tableau 1.9). L’indice de parité est en faveur des garçons
au niveau du public.
• Accès
Le TBS a connu un TAMA de 1,91 % pour les filles et les garçons entre 1997/1998 et 2001/2002
(voir tableau 1.13). La progression du TBS des filles (2,84 %) a été plus rapide que pour les garçons
(1,19 %).
Financement de l’éducation
De 1998 à 2003, la part du budget d’investissement est passée de 9,8 % des dépenses totales
en 1998 à 16,1 % en 2003 (voir tableau 1.19). Pour l’essentiel, les dépenses d’investissements
proviennent des sources de financement extérieures. La part des partenaires extérieurs dans le
budget d’investissement passe de 27,4 % en 1998 à 54 % en 2003. Elle a été de 69 % en 2000
et 65,5 % en 2001.
La part des dépenses de fonctionnement est passée sur la période de 90 % en 1998 à 84 %
en 2003.
La part des collectivités locales dans le budget de l’éducation reste encore faible. Elle est passée
de 1,3 % en 1998 à 1,4 % en 2003.
La contribution des ménages a presque doublé sur la période. Elle passe de 2,7 % en 1998 à
4,6 % en 2003.
L’enseignement primaire absorbe l’essentiel du budget d’investissement (soit 62.5 % du budget
public en 2003) (voir tableau 1.20). Ceci confirme le caractère prioritaire accordé à ce sous-secteur
dans le cadre du Programme décennal de l’éducation et de la formation.
Pour tous les sous-secteurs les dépenses de personnels absorbent la quasi-totalité des fonds
alloués aux dépenses de fonctionnement entre 2001 et 2003 (voir tableau 1.21). Elles ont toutefois
diminué à tous les niveaux d’enseignement excepté au niveau de l’enseignement élémentaire où
elles constituent encore près de 97 % des dépenses de fonctionnement. En revanche, elles ont
drastiquement diminué dans l’enseignement préscolaire et avoisinent les 59 % en 2003 alors
qu’elles s’élevaient à 85 % en 2001. La part des dépenses de personnel a légèrement diminué
dans le budget de fonctionnement au niveau de l’enseignement moyen, passant de 96 % en 2001
à 86 % en 2003.
1.2 Législation
Les structures de l’éducation au Sénégal et leur composition
Les ministères
Au niveau central, le système éducatif sénégalais est géré par un ministère composé de deux
ministères délégués : l’un chargé du préscolaire, et l’autre de l’enseignement technique, de la
formation professionnelle publique et privée, de l’alphabétisation et des langues nationales. Les
ministères sont organisés autour de directions dont certaines sont directement rattachées au
cabinet du Ministre.
Le comité de gestion
Le comité de gestion est un organe existant au niveau de chaque centre de développement de
la petite enfance, école élémentaire, école communautaire de base ou centre d’alphabétisation.
Les membres du comité de gestion sont nommés par arrêté du maire ou du président du conseil
rural. Le président du comité de gestion est élu par la communauté pour un mandat de deux ans
renouvelable une fois.
Les établissements de l’enseignement moyen et secondaire sont gérés par des conseils de gestion
d’établissement et ceux de l’enseignement technique et de la formation professionnelle, par des
comités de gestion.
Il convient enfin de noter que malgré l’existence officielle de ces structures, celles-ci ne sont pas
encore fonctionnelles au niveau de tous les établissements scolaires au Sénégal.
Gestion financière
Les IA et les IDEN reçoivent des aides du ministère sous forme de ressources matérielles. Ces
structures transmettent leurs propositions de budget à la Direction de l’administration générale et
de l’équipement (DAGE) du ministère de l’Éducation , alors traitées au niveau central en fonction
des lignes budgétaires qui leurs sont réservées. Notons à cet égard que si les rubriques sont
communes à toutes les inspections (le carburant, les fournitures de bureau), leurs montants
diffèrent d’une IDEN à l’autre. Les responsables des bureaux rencontrés durant les enquêtes
n’ont toutefois pas une connaissance précise des critères d’allocation de ces fonds. En outre, il
convient de souligner l’existence d’une ligne appelée autres biens et services où chaque inspecteur
pourra prévoir des activités spécifiques à sa circonscription, autorisant alors une certaine marge
de manœuvre des IDEN, mais qui reste limitée dans un contexte d’insuffisance des ressources.
Le contrôle de la gestion financière des bureaux déconcentrés est du ressort du contrôle régional
des finances pour les IA et du Préfet pour les IDEN. Plus particulièrement, l’IDEN rend compte à la
DAGE du paiement des salaires des VE ou des MC, de l’exécution de son budget de fonctionnement
de l’IDEN, comme de celui des écoles. En outre, l’octroi des aides sous formes de lignes budgétaires
revêt une forme implicite de contrôle, limitant dès lors l’autonomie des IDEN dans la gestion
de leurs ressources financières et matérielles. En résumé, l’IDEN n’est pas amené à gérer des
liquidités.
Pour les lycées et collèges se sont les proviseurs et les principaux qui élaborent les propositions
de budget de leurs établissements.
En revanche, en ce qui concerne les écoles primaires, chaque IDEN est chargé de l’élaboration
et de la gestion du budget des écoles de sa circonscription. Les IDEN reçoivent les fonds du
ministère qui sont ensuite transformés en ressources matérielles et alloués aux écoles. L’État met
à la disposition de chaque collectivité locale des fonds de dotation dans le cadre du transfert de
compétences, qu’elles peuvent consacrer notamment à l’éducation en appuyant les écoles.
Structures décentralisées
• La commune
Les collectivités locales (commune et communauté rurale) ont diverses missions considérées
comme des missions d’appui et de complémentarité de l’IDEN. Les collectivités locales contribuent
ainsi au budget des écoles en leur offrant des aides financières sur la base de fonds en provenance
de l’État, au titre des compétences transférées. Ces fonds de dotation sont répartis entre les neuf
compétences énoncées ci-dessous :
– la construction, l’équipement, l’entretien et la maintenance des écoles élémentaires et
des établissements préscolaires ;
– le recrutement et la prise en charge du personnel d’appoint des écoles élémentaires et
des établissements préscolaires ;
– l’allocation de bourses et d’aides scolaires ;
– la participation à l’acquisition des manuels et aux fournitures scolaires ;
– la participation à la gestion et à l’administration des lycées et collèges par le biais des
structures de dialogue et de concertation ;
– l’exécution des plans d’élimination de l’analphabétisme ;
– le recrutement de chargés d’alphabétisation ;
– la formation des formateurs et des chargés d’alphabétisation ;
– la mobilisation des ressources.
• L’APE
Leur intervention se concentre essentiellement sur la mobilisation des cotisations scolaires. La
gestion des fonds collectés leur revient.
219 à 388. Aux dires de l’IDEN, cette tendance traduirait « la politique de recrutement de l’État
allant dans le sens de remplacer les départs définitifs de fonctionnaires par des volontaires et
des maîtres contractuels ».
Le ratio maître par inspecteur est d’un inspecteur pour 200 maîtres.
L’IDEN des Mines de Phosphates-ville se situe à 70 km de Dakar. Cette région a été pionnière
dans l’expérimentation des premières réformes administratives et territoriales du Sénégal sur
la décentralisation. Par ailleurs, il convient de noter que le responsable de l’IDEN a occupé les
fonctions de Président de la Délégation Spéciale, ainsi que celle de Maire de la commune des
Mines de Phosphates-ville pendant près de six mois.
La circonscription scolaire relevant de cette IDEN comptait 72 écoles élémentaires publiques en
2002-2003, dont 53 relevant du secteur public (soit environ 74% des écoles primaires).
Les effectifs de l’élémentaire dans le public sont passés entre 2000 et 2003, de 36 333 élèves à
38 004 élèves, soit une augmentation de 4,6 % en trois ans. Durant cette période, le pourcentage
d’élèves filles se situe autour de 49 %. Dans le même temps, l’effectif du personnel enseignant
au niveau de l’élémentaire public est passé, quant à lui, entre 2000 et 2003 de 556 à 687, soit
une augmentation de 23,5 %. Ainsi, le ratio élèves/maître est passé de 66 à 53 durant la même
période, l’effectif des élèves n’ayant pas progressé au même rythme que celui des enseignants.
Le recrutement des maîtres dans cet IDEN a conduit à la répartition suivante :
– Instituteurs : 528 dont 217 femmes (soit 41 %) ;
– Instituteurs adjoints : 134 dont 90 femmes (soit 67 %) ;
– Maîtres contractuels (MC) : 11 dont 7 femmes (soit 64 %) ;
– Volontaires de l’éducation nationale (VEN) : 10 dont 5 femmes (soit 50 %) ;
– Instituteurs adjoints stagiaires : 4 dont 3 femmes (soit 75 %).
Le nombre d’inspecteurs dans cette IDEN, porté à quatre, est insuffisant.
Il convient enfin de souligner le dynamisme de certaines écoles élémentaires de l’IDEN des Mines
de Phosphates-ville, qui participent aux expérimentations telles que : l’initiation d’un programme
scientifique, la « main à la pâte », en vue de corriger très tôt la disparité entre les filières littéraires
et scientifiques ; l’expérimentation des « fonds de bibliothèque » dont l’objet est de recenser les
ouvrages types pour une base de départ, en vue de constituer une bibliothèque scolaire ; la mise
à l’essai du nouveau curriculum de l’éducation de base en 2001-2002. Selon l’IDEN, « quelques
écoles s’inspirent de ces innovations et les expérimentent à leur tour ». L’IDEN des Mines de
Phosphates-ville compte 77 classes à double flux réparties entre 17 écoles et une école multigrade
située dans un village rattaché à la commune.
L’IDEN du Ferlo est située en zone rurale et bénéficie du soutien de l’ONG Plan-Sénégal depuis près
de dix ans. La création d’écoles élémentaires publiques dans cette circonscription s’est accélérée
ces dernières années, en passant de 183 en 2000-2001 à 207 en 2002-2003. Ceci s’explique
en partie par la campagne de recrutement des élèves au CI menée par l’IDEN. Par ailleurs, ce
phénomène s’est accompagné de l’augmentation du nombre de maîtres contractuels (MC) et de
volontaires de l’éducation (VE). Rappelons que, comme il a été mentionné plus haut, le recrutement
de cette dernière catégorie d’enseignants incombe aux IDEN. Nous verrons plus précisément dans
les monographies que le mode de recrutement de cette catégorie d’enseignants fait l’objet de
diverses contestations.
Le nombre d’enseignants, en particulier celui des enseignants non fonctionnaires, est important,
s’élevant à 549 en 2002-2003. L’importance de leur effectif nécessite un nombre d’inspecteurs
Méthodologie
Un exercice pilote a été organisé auprès de deux écoles en Guinée, puis les enquêtes ont été
organisées dans chaque pays. Un échantillon de six écoles primaires publiques relevant des IDEN
du Bassin arachidier (appuyé par Plan) et des Mines de Phosphates-ville (district urbain) a été
choisi. Selon les critères de sélection devaient figurer parmi ces écoles :
– une école proche et une école éloignée du bureau local ;
– une grande école et une petite école, la taille de l’école étant déterminée par le nombre
d’élèves ;
– une école comportant des enseignants communautaires ;
– une école appuyée par l’ONG Plan-Sénégal ;
– une école ayant pris des initiatives dans le domaine de son fonctionnement et de sa
gestion.
Il s’est agit en outre à chaque fois d’écoles primaire publiques. Des entretiens ont été conduits
auprès d’un large nombre d’acteurs, parmi lesquels les directeurs d’école, les enseignants, les
parents d’élèves, les IDEN.
de 5 m3 par mois, et négocie avec le comité du forage le tarif du mètre cube d’eau consommé.
Les factures d’eau sont en outre supportées par le bureau de l’APE.
En résumé, les écoles rurales de la Forêt Giboyeuse et des Garçons de la Médina sont faiblement
dotées en termes d’infrastructures. Les locaux sont vétustes et précaires et seule l’école Sam
bénéficie de l’appui de l’ONG Plan. Le ratio élèves/maîtres est correct dans l’ensemble, en
comparaison avec d’autres écoles, et se situe autour de 30. Notons toutefois qu’il existe de fortes
disparités selon les différents niveaux d’enseignement considérés. L’effectif des classes de l’école
des Garçons de la Médina par exemple, varie de 57 au CM1 à 97 au CM2. En ce qui concerne
l’école Sam, le nombre d’élève varie de 47 dans les classes de CM2 à 83 dans celles de CI/
CP. Cette dernière école, également en zone rurale, bénéficie contrairement aux deux autres, du
soutien de nombreux partenaires extérieurs à l’école (et notamment de l’ONG Plan-Sénégal, de la
Communauté Rurale, etc.).
de l’école. L’implication de l’APE est complétée par celle de la Coopération Japonaise. Enfin, la
mobilisation des élèves a permis le paiement du salaire du gardien grâce aux cotisations.
Si les infrastructures de cette école sont relativement correctes, il n’en demeure pas moins que les
conditions de travail et d’apprentissage restent précaires. En effet le recrutement d’enseignants
est insuffisant : le personnel enseignant ne compte que sept maîtres, parmi lesquels figure le
directeur qui est également chargé de classe. Le ratio élève/maître est parmi les plus élevés de
la région, en se situant aux alentours de 60.
Les écoles sélectionnées dans cette IDEN ne bénéficient du soutien d’aucune ONG, exceptée
quelques interventions ponctuelles de l’ONG Christian Children Fund’s (CCF) en faveur de l’école
Kàmb, qui bénéficie en outre d’une collaboration active avec l’APE. Les deux autres écoles sont
caractérisées par la précarité de leurs infrastructures. Il apparaît que certaines écoles situées en
ville sont mises à l’écart des aides extérieures et souffrent d’infrastructures de mauvaise qualité,
notamment en raison de la politique d’intervention des ONG qui ciblent prioritairement les zones
rurales.
Par ailleurs, toutes les écoles étudiées connaissent une fréquentation accrue des élèves, liée à
plusieurs facteurs :
– la localisation en centre urbain pour les écoles du Camp Faidherbe et Randoulène ;
– les campagnes de recrutement des élèves. Notons que ces campagnes sont pratiquées
dans la plupart des écoles sénégalaises. La recherche de nouveaux élèves peut s’expliquer
en partie par la volonté de créer de nouvelles salles de classes, critère pris en compte
dans le volume des aides accordées par l’État aux écoles.
L’accroissement de l’effectif des élèves ne s’est pas systématiquement accompagné du recrutement
d’un nombre suffisant d’enseignants et, ce, notamment pour les écoles du Randoulène et Kàmb,
dont les ratios élèves par maître atteignent respectivement 44 et 60. Il convient de signaler au
passage que le directeur de l’école Kàmb est chargé d’une classe. En revanche, le ratio élève par
maître est plus faible dans l’école du Camp Faidherbe, où il se situe à 30.
4. Cette étude a été réalisée par Cheikh Diakhaté, El Hadj Ngom et Issakha Gueye, de l’INEADE, et Candy Lugaz, de
l’IIPE.
• Situation géographique
Le département du Bassin arachidier couvre une superficie de 2 277 km², soit 14 % du territoire
régional de Kaolack. La commune du Bassin arachidier s’ouvre entièrement au sud sur la République
de Gambie.
• Situation démographique
Avec les données projetées du recensement de la population de 1998, ajustées par un taux de
croissance de 3 % par an, la population du département est estimée à près de 260 000 habitants
en 2003, soit une densité de 115 habitants/km² (voir tableau 2.1).
Cette population comporte une forte proportion de jeunes (81 % des habitants sont âgés de moins
de 35 ans) et de femmes (52 %). Elle est essentiellement composée de Wolof (74 %), de Pulaar
(21 %) et de Serere (3 %). Le département enregistre un taux d’urbanisation de 32 %.
• Contexte économique
Le département du Bassin arachidier tire ses principales ressources économiques de l’agriculture
et de l’élevage, malgré l’existence de nombreux facteurs défavorables dont les plus significatifs
sont :
– L’enclavement de certaines localités par rapport au chef lieu du département ;
– la faible densité du réseau routier bitumé;
– la concurrence du réseau commercial par le marché gambien, dont l’accessibilité aux
produits influe négativement sur les prix locaux.
La pêche continentale pratiquée au « baobolong » en période de crue, reste artisanale. Toutefois,
la revitalisation de la vallée fossile du « Baobolong », l’aménagement et l’équipement du quai
de pêche de Saboya, offrent des perspectives prometteuses pour la valorisation des ressources
halieutiques locales.
Malgré l’absence de tissu industriel de transformation des produits agricoles pour la promotion de
l’emploi salarié dans les différents secteurs, la présence des structures d’encadrement (comme
la Société de Développement des Fibres Textiles) permet la valorisation des ressources agricoles
et l’amélioration des variétés culturales et de la race bovine.
En outre, le dynamisme des marchés hebdomadaires a impulsé de multiples réseaux d’échanges
économiques intérieurs, ouverts sur les autres régions du pays, et sur la Gambie.
• Contexte socioculturel
Le département du Bassin arachidier est le point de convergence de deux grands courants religieux
du Sénégal (le Tidianisme et le Mouridisme), matérialisés par plusieurs foyers religieux dont les
principaux sont Porokhane, Taïba Niassène, Darou Salam, Touba Saloum, Darou Khoudoss.
Sur le plan culturel, il abrite un site mégalithique de plus de 6 000 ans. Les campements de chasse
de plusieurs arrondissements viennent renforcer le potentiel touristique du département.
• Carte scolaire
Au regard du tableau 2.2, il apparaît que le nombre d’écoles primaires est beaucoup plus important
en zone rurale qu’en zone urbaine, ce qui est peu surprenant dans la mesure où la majeure partie
du territoire couvert par le département est rurale. En outre, le poids du secteur public est notable
dans l’enseignement élémentaire avec 144 écoles publiques en 2003 contre une seule école
privée. Le nombre d’écoles publiques a augmenté de 23 % en quatre ans en zone rurale, passant
de 117 écoles en 2000 à 144 en 2003.
L’étude de l’évolution de l’effectif des élèves montre un accroissement constant entre 2000 et
2003 et ce, à tous les niveaux d’enseignement. Plus particulièrement, l’effectif des élèves est
passé de 18 953 en 2000 à 26 439 élèves en 2003, soit un taux d’accroissement de près de
40 % en quatre ans.
Un examen plus approfondi de l’effectif des élèves par genre révèle un constat intéressant. Si la
proportion des filles scolarisées en maternelle a fortement évolué (passant de 44 % en 2000 à 67 %
en 2003), et est plus élevée que celle des garçons scolarisés à ce niveau d’enseignement à partir
de 2001, elle est de 46 % dans l’enseignement élémentaire en 2003, pour chuter la même année
à 28 % au niveau de l’enseignement moyen. Ces résultats montrent clairement que la politique de
promotion de la scolarisation des filles est efficace à de faibles niveaux d’enseignement mais ne
trouve pas d’écho au-delà de l’enseignement élémentaire, ce qui pose le problème du maintien
des élèves filles à l’école.
Enfin, l’analyse de l’évolution des effectifs du personnel enseignant du tableau 2.2 révèle deux
tendances. D’une part, le nombre d’instituteurs et d’instituteurs adjoints a globalement baissé
entre 2000 et 2003 : pour les premiers, ils sont passés de 123 à 103 et pour les seconds, de
118 à 109. D’autre part, le nombre de maîtres contractuels (MC) et de volontaires de l’éducation
(VE) a en revanche augmenté sensiblement durant la même période, passant de 219 à 388.
Il s’agit selon l’IDEN « de la manifestation de la politique de recrutement de l’État allant dans
le sens de remplacer les départs définitifs de fonctionnaires par des volontaires et des maîtres
contractuels ». Par ailleurs, il précise que « ce sont les volontaires qui deviennent des contractuels,
une fois qu’ils obtiennent leurs diplômes professionnels ».
la fois pédagogiques et administratives. Une autre différence réside dans la création du secrétariat
pour s’occuper, entre autres, du courrier confidentiel.
L’inspecteur départemental dirige le bureau local et les différentes divisions (Évaluation et
qualité, Alphabétisation et langues nationales, Ressources humaines, Planification, Statistiques et
informatique, Liaison, Gestion matérielle et financière). Dans certains cas, il délègue cette direction
à ses adjoints. Au niveau de ces divisions, il n’existe ni de relation hiérarchique entre les agents,
ni entre les divisions. Pour l’IDEN, « le principe hiérarchique n’intervient pas, ce sont plutôt des
relations fonctionnelles ».
L’IDEN a même encouragé la polyvalence du personnel à ce niveau. En effet, il a lui-même souligné :
« on cultive la polyvalence des agents ». Le secrétariat de l’IDEN, le corps de contrôle, le bureau de
l’enseignement arabe et la Division de la gestion matérielle et financière dépendent directement
de l’IDEN. Néanmoins, le Corps de contrôle est à un niveau hiérarchique supérieur car il est
constitué d’inspecteurs de l’éducation nationale, comme l’IDEN. Ils sont au nombre de trois y
compris l’IDEN.
Cette relation hiérarchique se traduit également dans l’instruction du courrier. Celle-ci suit deux
processus différents, en fonction de sa nature : le courrier ordinaire atterrit au secrétariat général,
qui le transmet à l’IDEN, puis à ses deux adjoints. Ces derniers l’instruisent et le transmettent au
bureau compétent pour le traiter. Le courrier confidentiel est, quant à lui, traité uniquement par
l’IDEN, en relation avec son secrétariat et, ce, pour éviter les fuites.
Récemment une réorganisation de l’IDEN a été entreprise, dans le cadre de la mise en œuvre du
Programme décennal de l’éducation et de la formation (PDEF), avec la création du chargé de la
communication (porteur des dossiers du PDEF), pour en assurer la visibilité, ainsi que le recrutement
d’un correspondant informatique destiné à former le personnel aux outils informatiques dont l’IDEN
vient d’être doté. Cependant, en raison de l’insuffisance du personnel, le poste de chargé de la
communication est cumulé avec celui de responsable des cantines scolaires.
Outre cette insuffisance de personnel se pose le problème de sa compétence. En effet le
personnel administratif est majoritairement de formation enseignante, et n’a reçu de manière
générale, aucune formation spécifique au poste qu’il occupe. Cependant, les différents agents ont
relativisé leur manque de formation en soulignant que leur profil d’enseignant leur a permis de
s’adapter rapidement à leurs nouvelles fonctions. Certains agents (chef du bureau du personnel,
planificateur, correspondant informatique, secrétaire de l’IDEN qui est dactylographe de formation)
ont néanmoins bénéficié d’une formation occasionnelle.
IDEN
38
Institut international de planification de l’éducation
École et décentralisation : le cas du Sénégal
Division de l'évaluation Division de l'alphabétisation Division des ressources Division de la gestion matérielle Division chargée de la
et de la qualité : bureau et des langues nationales : humaines : bureau du et financière : bureau de la liaison : bureau courrier
des examens, bureau bureau de l'alphabétisation personnel et du suivi comptabilité matière, bureau des arrivée (communication
des innovations et fonctionnelle, bureau des de carrière cantines coopératives et oeuvres interne), bureau courrier
de la recherche écoles communautaires scolaires, communication départ, archives
de base
École et décentralisation : le cas du Sénégal
La fonction d’encadrement pédagogique reste cependant une des tâches essentielles des IDEN. Les
inspecteurs de l’IDEN continuent à l’assumer, tout comme leur fonction d’inspection. À l’ouverture
des classes, l’IDEN élabore le planning annuel des maîtres à inspecter en fonction des critères
suivants :
– type d’inspection (examen professionnel ou encadrement)
– liste des maîtres à inspecter
– liste des candidats à la pratique du Certificat d’Aptitude Pédagogique (CAP) ou du
Certificat Élémentaire d’Aptitude Pédagogique (CEAP)
Ils privilégient toutefois les candidats aux examens professionnels.
• Suivi et contrôle
L’IDEN du Bassin arachidier fait partie de l’une des rares inspections départementales dans
lesquelles les agents pratiquent l’auto-évaluation. Cette pratique impulsée par l’IDEN a été suivie
cette année. Ainsi, les agents ont été appelés à remplir des questionnaires. L’analyse de ces
questionnaires permet d’identifier les problèmes (relatifs par exemple aux questions de répartition
des tâches ou à la mise à disposition des fournitures de bureau), qui sont ensuite librement
discutés au cours d’une réunion regroupant l’ensemble du personnel. Si cette évaluation n’est pas
sanctionnée par une note, elle permet néanmoins, selon les propos de l’IDEN, de « redéfinir les
rôles, d’identifier les besoins en formation et à requalifier le personnel ». Cette initiative va donc
dans le sens de la polyvalence du personnel mentionnée précédemment et de l’amélioration du
fonctionnement du service.
Le contrôle de l’accomplissement des tâches des agents se fait de manière indirecte par l’inspecteur
départemental grâce à l’implication des adjoints de l’IDEN. Ces derniers contrôlent le travail en
amont par le suivi des tâches. Le travail confié à un agent d’appui est ainsi supervisé par un adjoint
de l’inspecteur. Pour l’IDEN, « ce travail est bien exécuté, à quelques exceptions près, chaque agent
se débrouille. »
En outre, des réunions de coordination sont organisées par l’IDEN durant lesquelles il fait le point
sur l’exécution des tâches. Il souligne le fait que « chaque agent fait un exposé à l’IDEN sur l’état
de fonctionnement de sa division, ce qui lui donne une idée sur la valeur de l’agent ». Il transmet
par ailleurs le courrier à ses agents avec un échéancier, ce qui lui permet d’instituer un cadre à
la réalisation du travail.
Aux dires de l’IDEN, « l’engagement [des agents] est réel ». Pour encourager cet engagement,
il procède à des promotions internes telles que la mutation vers une division stratégique (la
comptabilité-matière et la gestion des finances). Cette dernière division est chargée de la gestion
des salaires des enseignants volontaires et contractuels, et de la prise en charge des participants
aux séminaires. L’indemnité de billetage versée au chef de cette division est déterminée en fonction
de la masse salariale annuelle. En ce qui concerne les indemnités allouées à l’agent responsable
de la gestion financière sous l’autorité de l’IDEN, elles sont calculées sur la base de la valeur du
patrimoine de l’IDEN (elles s’élèvent à peu près à 2 000 FCFA/mois). Toutefois, l’IDEN souligne que
« ces indemnités ne sont pas payées par les services financiers du ministère de l’Éducation ».
Par ailleurs, il a eu l’occasion de faire des propositions de nomination auprès de la Direction de
l’administration générale et de l’équipement (DAGE) pour deux agents au poste d’intendant. L’IDEN
s’est ainsi révélé satisfait de son personnel.
Enfin, aux dires de l’IDEN, « la représentation est aussi une forme de promotion », l’IDEN se faisant
représenter par ses agents à l’extérieur.
• Communication interne
La communication verticale -IDEN à agent - est essentiellement orale, et se fait dans le cadre
de réunions. L’IDEN précise qu’il « ne fait pas de notes de services ». Par contre, la circulation de
l’information entre agents au sein de l’IDEN se fait aussi bien sous forme de correspondances
écrites (panneaux d’affichage), que de manière informelle sous forme orale, avec le téléphone. Le
personnel est ainsi parfaitement informé des priorités de l’IDEN.
La gestion financière
Comme indiqué plus haut, le budget de fonctionnement de l’IDEN est exclusivement alloué par
l’État. L’Inspecteur Départemental a indiqué que le bureau « ne fait rien qui ne soit contrôlé ».
Information
Toutes les informations concernant les écoles sont disponibles, bien classées et facilement
accessibles pour tout acteur. Ainsi, l’équipe de recherche n’a eu aucun mal à y accéder. Ces
informations sont gérées par les bureaux locaux. Les enseignants qui viennent les consulter y ont
librement accès. Le bureau du personnel s’occupe de tout ce qui a trait à la gestion du personnel
(permissions d’absence, consultations médicales, affectations, etc.), celui de la planification
gère les données statistiques liées aux rendements internes et à la carte scolaire, le bureau des
examens intervient dans les dossiers liés aux examens scolaires et professionnels.
Suivi administratif
L’ensemble du personnel de l’IDEN a souligné la rareté des conflits « deux à trois par an ». Ces
conflits sont essentiellement liés aux problèmes d’insubordination ou à la vie privée de l’agent. En
cas de conflit, l’inspecteur départemental privilégie une approche participative. En effet, selon ses
propos, il « ne gère jamais seul un conflit ».
Il existe alors quatre niveaux de résolution des conflits. Le premier se situe au niveau de l’équipe
pédagogique de l’école, le second, au niveau de la zone où la gestion des conflits incombe aux
directeurs relais, le troisième au niveau de l’arrondissement (Sous-préfet) et enfin le dernier au
niveau de l’IDEN.
en effet qu’il serait bon d’aller plus loin dans le processus de déconcentration, en leur attribuant
le pouvoir de délivrer des notes d’inspection. « L’inspecteur doit accepter de mourir un peu » et se
voir confier des fonctions de conception, de recherche action et d’impulsion du système. Mais il
précise « que ceci ne doit pas mettre fin à la fonction d’inspecteur. »
L’IDEN estime qu’il « serait par ailleurs nécessaire de donner aux directeurs d’école les moyens
d’accomplir cette fonction. Ils le font jusqu’à présent avec leurs propres moyens».
Financement
Sur le plan financier, l’IDEN ne fournit pas de fonds aux écoles, mais crée les conditions pour que
ces dernières puissent générer elles-mêmes leurs ressources. La location des manuels scolaires
en est ainsi un exemple. Selon l’IDEN, « il faut faire comprendre à la communauté qu’il y a une
participation symbolique : 100 FCFA pour cinq manuels ».
Les cotisations de parents d’élèves peuvent être instaurées au niveau de la coopérative scolaire et
ne doivent pas dépasser 300 FCFA par élève et par an. L’IDEN souligne que « ces fonds sont gérés
par le trésorier du comité de gestion de l’école selon les principes de la comptabilité financière. »
Les contrôles sont effectués à l’occasion des inspections de direction. Il s’y ajoute que les directeurs
sont censés les contrôler au travers des rapports périodiques.
7. Le CDD est une instance au niveau départemental présidée par le préfet, qui peut consacrer ses réunions à un
secteur donné (santé, éducation, etc.). Ces réunions ne concernent en principe que les services déconcentrés.
Les collectivités locales (commune, communauté rurale) reçoivent des fonds de dotation en
provenance de l’État, au titre des compétences transférées qui incluent l’éducation. Le montant de
ces fonds s’élève à 10 050 000 FCFA pour la commune du Bassin arachidier et à 1 000 000 FCFA
pour la communauté rurale de Paoskoto en 2003.
Ces fonds sont votés dans le budget du ME. Des lignes budgétaires sont fixées pour la répartition
de ces fonds entre différents domaines notamment ceux de l’équipement et des frais de
fonctionnement. Ils appuient ainsi les écoles. Depuis l’année scolaire 2002-2003, cela a permis
à la commune du Bassin arachidier d’assurer la gratuité des fournitures au niveau de toutes les
écoles. Il n’en est cependant pas de même pour la communauté rurale de Paoskoto qui n’a pas pu
entreprendre cette même initiative en raison de l’insuffisance de ses moyens. Selon le président de
la communauté rurale de Paoskoto, « la principale ressource des communautés rurales provient de
la taxe rurale, qui est certes obligatoire, mais dont on ne pénalise pas le non-paiement, pourtant
fréquent dans les communautés rurales ».
Conclusion
L’ensemble des personnes rencontrées durant l’enquête salue le processus de décentralisation,
véritable outil pour « responsabiliser » les populations au niveau local dans la gestion de leur
développement.
Elles ont néanmoins souligné un certain nombre de limites liées à la mise en œuvre de la
décentralisation. Parmi celles-ci, le manque de formation des élus locaux, qui sont la plupart du
temps analphabètes. Certains directeurs d’école ont ainsi précisé qu’ils entretenaient de bonnes
relations avec ces derniers seulement lorsqu’ils étaient titulaires d’un diplôme universitaire. Dans
le cas contraire, ils ont souligné que les rapports restaient distants, ne se limitant qu’à une simple
dotation de fournitures scolaires. Celles-ci ne sont d’ailleurs pas souvent en adéquation avec
les besoins réels des écoles. En effet, ils ne s’informent pas ou rarement de la vie des écoles.
Pour l’IDEN, « certains élus locaux ne sont pas encore suffisamment pénétrés des textes sur la
décentralisation. D’où la nécessité de renforcer leurs compétences dans ce domaine ».
Certains directeurs ont aussi déploré la politisation de l’action de certains élus, qui ont tendance
« à n’intervenir que dans les villages où ils ont des militants ».
L’absence d’une véritable politique de formation/sensibilisation des populations a par ailleurs
été soulignée. Elles ne connaîtraient pas bien les rôles dévolus aux élus locaux dans le cadre des
compétences transférées.
L’IDEN a aussi souligné que les textes « n’évoluent pas souvent : l’État perçoit certaines taxes
jusqu’ici et les redistribue aux collectivités locales sous forme de subventions ou de fonds de
concours, ce qui limite leur autonomie financière en matière de recettes budgétaires ».
Entretiens
Les données ont été collectées par trois chercheurs de l’INEADE dont deux juniors. Les entretiens
se sont déroulés à la région des Mines de Phosphates-ville selon le calendrier suivant :
– Premier jour : premier entretien avec l’inspecteur départemental.
– Deuxième jour : entretien avec le personnel de l’IDEN (enseignants et inspecteurs adjoints
à l’IDEN) et un groupe de 12 directeurs d’école.
– Troisième jour : entretien avec le directeur de cabinet du maire, le directeur de
l’administration générale et de l’équipement de la mairie, et enfin avec l’inspecteur
d’académie (IA) de la région des Mines de Phosphates-ville.
Il faut signaler que le maire de la commune des Mines de Phosphates-ville est aussi le premier
ministre du gouvernement du Sénégal. Pour cette raison, l’équipe n’a pas pu le rencontrer.
• Situation géographique
La commune des Mines de Phosphates-ville, capitale régionale, est aussi le chef-lieu du
département. Elle couvre une superficie de 6 830 ha et se situe au cœur du département. À
70 km de Dakar, elle fait partie des neuf communes de la région.
La commune des Mines de Phosphates-ville apparaît comme la deuxième grande ville du Sénégal
tant d’un point de vue économique que démographique. Sa position de carrefour ferroviaire et
routier (la région des Mines de Phosphates-ville est traversée par les routes nationales 1, 2 et 3)
lui confère une place privilégiée dans les échanges. La région des Mines de Phosphates-ville est
bien connectée au reste du pays par un réseau routier relativement dense vers Dakar (notons à
cet égard que la future autoroute à péage qui reliera la région des Mines de Phosphates-ville à
Dakar permettra d’affirmer sa position centrale), vers Diourbel (région centrale) et enfin vers Rand
(au Nord). Ce réseau a été récemment amélioré grâce à la construction des nouveaux axes, dont
l’objectif est d’ouvrir la commune des Mines de Phosphates-ville sur la Petite Côte.
La commune des Mines de Phosphates-ville est organisée en 23 zones d’adressage8 composées
de 41 quartiers à la tête desquels sont nommés des délégués de quartiers. Nommés par le maire
pour une période indéterminée, ils sont à la fois des auxiliaires du maire et de l’État, chargés de
l’administration du quartier.
De nombreux villages ruraux sont rattachés à la commune des Mines de Phosphates-ville : Poniène,
Keur Issa, Keur Sayib Ndoye, Thionakh-Thiapong, Keur Modou Ndiaye, la région des Mines de
Phosphates-ville-Nônes, etc.
• Caractéristiques physiques
Le climat de la région des Mines de Phosphates-ville, de type soudano sahélien, subit l’influence
des alizés maritimes (de novembre à décembre) qui balayent la côte atlantique, du nord vers le
nord-ouest sur la façade maritime de la région. Ils favorisent une faible amplitude thermique diurne
pendant une bonne partie de l’année. La pluviométrie moyenne annuelle est de 400 à 600 mm.
Par ailleurs, la commune des Mines de Phosphates-ville est réputée pour les alignements d’arbres
majestueux qui bordent ses principales avenues. C’est l’une des villes les plus boisées du Sénégal.
Ce patrimoine végétal est renforcé par l’existence de plusieurs espaces verts (Places de Caen,
Lat-Dior, Sousse, etc.)
• Caractéristiques démographiques
La population de la commune des Mines de Phosphates-ville a été estimée par la Direction de la
prévision et de la statistique à 264 746 habitants en 2000. Avec un taux d’accroissement annuel
d’environ 5 %, cette population devrait atteindre près de 363 000 habitants en l’an 2010. Ainsi la
population actuelle de la ville peut être évaluée à 306 500 habitants, soit une densité moyenne
de 45 habitants/km².
L’analyse de la pyramide des âges fait apparaître une population jeune (57 % des habitants de la
commune des Mines de Phosphates-ville a moins de 20 ans). Les femmes représentent également
57 % de la population.
L’intégration des villages rattachés dans le tissu urbain se pose comme une priorité en termes
de mise en place des équipements, des infrastructures et des services. Par ailleurs, il convient
de signaler qu’environ le tiers de la superficie de la commune des Mines de Phosphates-ville est
occupé par l’habitat spontané ancien (Bayaal Khoudia Badiane, Cité Lamy, Cité Niakh, etc.), et
récent (Darou Salam).
• Caractéristiques socioculturelles
La population de la commune des Mines de Phosphates-ville comprend quatre grandes ethnies :
les Wolofs (55 %), les Sérères (30 %), les Haalpulaar (Peuls et Toucouleurs) (11 %) et les
8. Découpage de la ville en zones pour l’identification des adresses civiles, à défaut de boîte postale, de numéro de
domicile ou de rue.
Mandingues (1,5 %). Les principales langues parlées sont le wolof, le sérère, et le pulaar. L’Islam
et le Christianisme sont les deux grandes religions pratiquées dans la ville.
• Caractéristiques économiques
À l’instar de beaucoup d’autres villes sénégalaises, la commune des Mines de Phosphates-ville est
confrontée à un fort taux de chômage et de pauvreté lié principalement à la faiblesse de son tissu
industriel, et plus particulièrement à l’exode rural. En outre, la baisse des activités enregistrées
au niveau des ateliers de la Société nationale des chemins de fer du Sénégal (SNCS), qui était la
principale pourvoyeuse d’emplois de la ville, a également contribué au ralentissement économique
de la ville. Cependant, sa position stratégique proche de Dakar lui permet de récupérer des fonctions
motrices de la capitale.
Dans le domaine de l’agriculture, les principaux produits sont l’arachide, le mil, le niébé et le manioc.
Les cultures maraîchères et fruitières se localisent à l’est de la ville. Les activités agricoles ont,
néanmoins, connu un fort ralentissement économique au cours de ces dernières années. En effet,
l’extension de la ville s’est effectuée au détriment des zones de culture. Le tableau 2.8 expose
les infrastructures et équipements de la commune dans les domaines sanitaire, social, sportif et
culturel. Le tableau 2.9 présente, quant à lui, les principaux partenaires intervenant dans la ville.
– deux écoles ont initié un programme scientifique, la « main à la pâte », en vue de corriger
très tôt la disparité entre les filières littéraires et les filières scientifiques ;
– deux écoles ont mis en place des activités de lecture ;
– deux écoles expérimentent les « fonds de bibliothèque ». Cette innovation est une initiative
du Projet Pour l’Efficacité de l’école Sénégalaise, financé par la Coopération Française.
Il s’agit de recenser les ouvrages types pour une base de départ, en vue de constituer
une bibliothèque scolaire.
Selon l’IDEN, « quelques écoles s’inspirent de ces innovations et les expérimentent à leur tour ».
L’IDEN de la région des Mines de Phosphates-ville compte 77 classes à double flux réparties entre
17 écoles et une école multigrade située dans un village rattaché à la commune.
Les effectifs de l’élémentaire dans le public sont passés entre 2000 et 2003, de 36 333 élèves
à 38 004 élèves, soit une augmentation de 4,6 % en trois ans (voir tableau 2.11). Durant cette
période, le pourcentage d’élèves filles se situe autour de 49 %.
L’effectif du personnel enseignant au niveau de l’élémentaire public est passé entre 2000 et 2003
de 556 à 687, soit une augmentation de 23,5 % ou encore 131 enseignants supplémentaires
(tableau 2.12). Le ratio élèves/maître est passé de 66 à 53 durant la même période, l’effectif
des élèves n’ayant pas progressé au même rythme que celui des enseignants. Le pourcentage
de femmes dans le personnel enseignant de l’élémentaire public est passé d’environ 44 % à
47,5 %. En 2002-2003, les enseignants « craie en main » des écoles élémentaires publiques se
répartissent comme suit :
– Instituteurs : 528 dont 217 femmes (soit 41 %) ;
– Instituteurs adjoints : 134 dont 90 femmes (soit 67 %) ;
– Maîtres contractuels (MC) : 11 dont sept femmes (soit 64 %) ;
– Volontaires de l’éÉducation (VE) : 10 dont cinq femmes (soit 50 %) ;
– Instituteurs adjoints stagiaires (IAS) : quatre dont trois femmes (soit 75 %).
L’affectation des enseignants dans les écoles élémentaires publiques relève soit de la Commission
nationale, soit de la Commission régionale, soit enfin de l’IDEN. Ce dernier est chargé de l’affectation
du personnel enseignant lorsqu’il reste des postes vacants suite aux deux premières commissions.
Le déploiement de ces suppléants doit répondre à des critères de proximité géographique du
domicile de l’enseignant par rapport à l’école et à des critères de parité hommes-femmes au sein
du personnel enseignant. Malgré l’existence de ces critères, « la priorité étant de faire fonctionner
les écoles, ces critères ne peuvent pas empêcher l’IDEN d’affecter d’autorité les enseignants en
qualité de suppléant pour pourvoir les postes vacants ». Il s’y ajoute que les enseignants affectés
par les commissions nationale et régionale ne prennent jamais service au même moment.
à l’IA qui sont restées sans réponse. Pourtant, d’après lui, « les correspondances de l’IA ne font
pas 48 heures dans son service ».
En outre, l’IDEN estime « qu’un IA qui le veut peut s’impliquer dans le volet pédagogique en mettant
sur pied une équipe technique régionale, comprenant le Pôle régional de formation (PRF), l’École
de formation des instituteurs (EFI) et les IDEN de la région ». L’IA a confirmé cette possibilité en
expliquant l’objectif du Plan académique de formation continue. Cet instrument permet de prendre
en charge le recyclage des enseignants au niveau de la région, dans le cadre du Programme
décennal de l’éducation et de la formation (PDEF). Toujours selon l’IDEN, « l’IA peut, sur son
territoire, développer un volet recherche-action ».
L’organigramme
« L’organigramme officiel n’étant pas opérationnel », l’IDEN de la région des Mines de Phosphates-ville
a une structure spécifique comme l’indique le graphique 2.2.
IDEN
Assistante
à l'IDEN Secrétariat général Secrétaire dactylo
52
Planification Scolarité Alphabétisation Partenariat Activités Activités Personnels
Comptabilité Examens et Enseignement Mobilisation parascolaires périscolaires
Statistiques concours privé
Matières
Le personnel
Le profil du personnel est exposé dans le tableau 2.13. Si les salaires du chauffeur, du gardien
et de la femme de charges ont été « payés » par l’IDEN, avec ses propres moyens, aujourd’hui, ils
sont pris en charge sur le budget de l’IDEN dont les ressources proviennent des subventions d’État,
dans la rubrique « autres activités de biens et services ».
L’IDEN compte au total 23 agents, dont quatre inspecteurs et un professeur d’enseignement
secondaire. Si pour cette dernière catégorie de personnels (les inspecteurs), les profils correspondent
à leurs responsabilités au sein de l’IDEN, en revanche, le personnel d’appui du bureau, tous
enseignants de formation, ne dispose pas des compétences requises pour l’accomplissement
de leurs tâches administratives. En effet, ils n’ont pas été formés initialement pour occuper des
responsabilités dans les domaines des finances, de la planification, de la statistique, du secrétariat
et du partenariat. Ils se sont tous formés dans l’exercice de leurs responsabilités.
En dehors du Bureau du partenariat qui ne donne pas encore satisfaction à l’IDEN, tous les autres
bureaux s’acquittent convenablement de leurs responsabilités. Il convient toutefois de signaler
que le responsable du bureau du Partenariat intervient également au niveau du bureau « activités
parascolaires » et doit être disponible au-delà de l’horaire normal.
L’IDEN ne rend pas compte de l’utilisation de ces ressources. L’inventaire mensuel est une initiative
de son comptable qui « se soucie de rendre sa gestion transparente ». Le contrôle de l’utilisation
des ressources de l’État se réalise toutefois de manière implicite puisque l’octroi des subventions
se fait sous forme de ligne de crédit. En conséquence, il n’est pas permis dans le cadre de la
consommation du budget de changer de ligne de crédit.
• Suivi
Les dossiers traités au niveau de l’IDEN sont suivis quotidiennement, ce qui permet à l’IDEN
d’évaluer le travail confié aux agents. L’IDEN déclare ne pas supporter qu’un dossier reste en
instance. En cas de non-exécution d’une tâche, l’IDEN rappelle à l’ordre l’intéressé, sollicite ses
pairs, au besoin et exécute lui-même, s’il le faut.
Au niveau des examens et concours, les tâches sont contrôlées par étape : réception de dossiers
de candidature, établissement des listes de candidats, des personnels de surveillance, des
convocations, versements des frais de dossier, etc.
Les réunions de coordination permettent d’avoir un aperçu général du fonctionnement de l’IDEN.
• Communication interne
Les réunions mensuelles de coordination permettent d’informer tous les agents de l’IDEN. En
dehors de ces réunions, le secrétariat général a établi un dossier pour chaque agent.
Les correspondances sont aussi portées à la connaissance des agents. Ces derniers émargent
au verso des documents après lecture. Les correspondances officielles sont photocopiées et
distribuées aux différentes structures concernées (bureaux, écoles, chefs de districts), etc. Le
courrier est ainsi instruit par l’inspecteur départemental pour ensuite être lu par les inspecteurs
avant d’être traité au niveau du bureau compétent. Toutefois, l’inspecteur départemental déplore
la faible exploitation du courrier par ses adjoints. Pour lui, « l’information du personnel porte sur
tout et non pas sur un aspect particulier ».
• Recrutement
L’IDEN choisit ses collaborateurs, parmi les enseignants de la circonscription en fonction de leurs
profils et de la charge de travail. Son choix se fait éventuellement en collaboration avec le collectif
des directeurs d’écoles élémentaires (CODEE), ces derniers lui indiquant les enseignants répondant
aux profils souhaités.
La plupart du personnel de l’IDEN faisait partie du bureau bien avant l’arrivée de son responsable
actuel à la tête de la Circonscription. Le départ de certains d’entre eux, qui n’avaient pas le profil,
a été encouragé. L’IDEN dispose d’une certaine autonomie dans le déploiement du personnel
d’appui. Ainsi, le responsable des examens a changé récemment de poste, et l’ancienne secrétaire
générale a été encouragée à quitter le service.
• Évaluation
Si l’IDEN est noté par l’IA (notons à cet égard qu’il ignore les critères de notation), il est le responsable
de l’évaluation du personnel placé sous son autorité. Selon lui, il les « tranquillise et les sécurise
en les notant ».
À part les propositions de décoration qu’il fait en leur faveur, son impact sur leur promotion est fort
limité. Il arrive qu’une évaluation débouche sur la ré affectation de l’agent à l’intérieur du service
ou dans les écoles. C’est pourquoi, la notation peut être biaisée en faveur du personnel d’appui.
• Formation
Le premier niveau de formation des agents de l’IDEN consiste à faire séjourner les agents
nouvellement recrutés dans les différents bureaux, où la nature des tâches dévolue à chaque
bureau leur est expliquée.
Ensuite, le suivi quotidien des agents permet de leur faire acquérir, dans la pratique, les principes
et techniques de leurs professions respectives. Ainsi, deviennent-ils progressivement autonomes.
Que ce soient les directeurs rencontrés ou les inspecteurs en service à l’IDEN, ils ont tous reconnu
qu’aucune tâche ne « reste en souffrance », dans les bureaux de l’IDEN. Il ressort de ce constat
que le personnel administratif de l’IDEN, de formation enseignante, se forme sur le terrain sans
formation spécifique. Il convient de noter que l’assistante à l’IDEN, qui joue le rôle de secrétaire
particulière, et le responsable de la planification ont respectivement bénéficié de stages à la
mairie, et de formation à l’utilisation de quelques logiciels statistiques. En outre, le responsable
du bureau des examens a bénéficié d’une formation sur le logiciel ANADOL pour la gestion des
données du Certificat de fin d’études élémentaires.
La gestion financière
Le contrôleur régional des finances convoque chaque année, à l’IA, une réunion consacrée à
l’élaboration du budget de l’année suivante. L’IDEN y est représenté par le comptable. À cette
réunion, le budget de l’année à venir est élaboré à partir de celui de l’année passée, majoré de
3 %. C’est « le budget souhaité ».
L’État est l’unique source de revenus de l’IDEN. L’IDEN de la région des Mines de Phosphates-ville
est, d’après l’inspecteur départemental, l’une des rares inspections ne bénéficiant pas du soutien
d’autres partenaires. Toutefois des bailleurs comme la SNCS, la Fondation de la Société nationale
des télécommunications, les programmes de développement de l’enfant et de la famille, affiliés à
l’ONG Christian Children’s Fund appuient certaines écoles.
D’après l’IDEN, la ligne « autres frais » lui permet de disposer d’une certaine marge de manœuvre
dans la gestion du budget. En principe, selon les dires de l’IDEN, « ce contrôle est un contrôle
à priori », dans la mesure où il n’est pas permis de sortir des lignes budgétaires tracées par le
ministère des Finances, et contrôlées par ses services tels que le contrôle régional des finances,
l’inspection des opérations financières. Ainsi ni l’IDEN, ni les écoles ne reçoivent de liquidités.
• La pédagogie
L’IDEN reçoit le programme et le calendrier scolaires sous forme d’instructions officielles. En ce qui
concerne les manuels, même s’il les reçoit du ME, il déclare avoir la possibilité de les compléter
par d’autres.
Il arrive que l’IDEN soit impliqué dans la conception et/ou la mise en œuvre des innovations
pédagogiques. Aussi, initie-t-il des innovations centrées sur les fonctions de directeurs d’école,
l’encadrement pédagogique et les textes standardisés. Il déclare avoir été impliqué dans
l’expérimentation de la méthode d’auto correction en français sous l’égide de l’INEADE et les
Éditions Artichaut.
• La politique de l’éducation
L’État définit la politique éducative du pays à travers la loi d’orientation, laquelle est transmise aux
IDEN à l’occasion des rencontres nationales. L’IDEN n’intervient qu’au niveau de l’optimalisation.
De rares fois, en fonction de la spécificité de l’option à prendre, on leur demande de se prononcer
sur telle ou telle question. Par exemple, lors de la réorganisation des IA et IDEN, les inspecteurs ont
été sollicités pour donner leur avis. L’IDEN estime qu’il serait plus pertinent que les options soient
partagées avec l’ensemble des acteurs chargés de la mise en œuvre avant l’optimalisation.
Suivi administratif
L’IDEN déclare qu’il ne reconnaît, comme interlocuteurs dans une école que le directeur et l’équipe
pédagogique. Le directeur est le premier responsable dans la résolution des conflits au niveau de
l’école, en collaboration avec l’IDEN.
Le CODEE, à l’initiative de trois IDEN, puis vulgarisé par le ME, est le premier niveau de résolution
des conflits. En effet, il regroupe l’ensemble des directeurs de la circonscription.
Les conflits portent essentiellement sur le rendement des maîtres, la gestion opaque des moyens
par les directeurs ou l’incapacité de ce dernier à assumer ses responsabilités.
Inspection
Appui pédagogique
Cette approche permet donc à l’IDEN de faire face à son déficit en personnel d’encadrement
et en moyens logistiques et de permettre aux enseignants de bénéficier d’un encadrement
pédagogique.
Financement
L’IDEN reçoit des crédits de fonctionnement des écoles par délégation. Le montant alloué est
ainsi en principe divisé par le nombre de classes de la circonscription. Ensuite, chaque école voit
ce quotient multiplié par le nombre de classes. C’est sur cette base, et conformément aux lignes
budgétaires, que les besoins exprimés par les écoles sont satisfaits, dans la limite du montant
alloué à chaque école.
Le contrôle sur l’utilisation de ces fonds est un contrôle a priori dans la mesure où les commandes
ne peuvent pas dépasser les lignes budgétaires et les prix officiels homologués par le Gouverneur
de la région. Les écoles reçoivent leurs commandes dans la limite des moyens disponibles, mais
jamais de liquidités.
À l’occasion des inspections de direction, les contrôles sont effectués sur l’utilisation des moyens
matériels mis à leur disposition.
La bibliothèque autofinancée par l’IDEN est à la disposition des directeurs qui ont la possibilité de
venir photocopier des documents à l’IDEN.
Les fonds de dotation sont répartis entre plusieurs compétences transférées, notamment la
construction, le recrutement et la prise en charge du personnel d’appui des écoles élémentaires,
et des établissements préscolaires, l’allocation de bourses et d’aides scolaires, la participation à
l’acquisition des manuels et aux fournitures scolaires, etc.
En 2003, d’après le directeur de l’administration générale et de l’équipement (DAGE), la commune
a consacré 108 millions FCFA à la réfection/réhabilitation de neuf écoles, sur un budget global
de 1 700 millions FCFA. Cet effort de la commune dépasse de loin les 27 millions FCFA versés
par l’État dans le cadre des fonds de dotation, mais rapporté au budget global, il est en deçà des
besoins de l’ensemble des écoles de la circonscription.
Au titre des aides scolaires, la commune a versé 10 000 FCFA par élève, à 670 élèves nécessiteux
au niveau de l’élémentaire et du préscolaire.
Pour l’IA, même s’il est vrai que les fonds de dotation sont destinés aux écoles, la « loi n’oblige pas les
autorités municipales à les dépenser exclusivement au niveau des écoles ». Ils reçoivent ces fonds
de l’État, mais sont « libres dans leur budgétisation ». Il n’existe pas de lignes budgétaires fixées par
le niveau central quant à l’utilisation des fonds en vue de ne pas leur imposer une hiérarchisation
des priorités locales, dans un contexte de décentralisation des politiques de développement.
Cependant sans un lobbying fort auprès de ces autorités municipales, les questions de l’école
risquent d’être reléguées au second plan.
L’inspecteur départemental déclare qu’il n’existe pas de cadre formel de relations entre la mairie
et l’IDEN. Le directeur de cabinet du maire explique alors la nécessité de créer une « interface
entre la mairie et l’IDEN ». Pour lui, « la commune fait face à mille choses, ce qui fait que parfois
on oublie l’école».
Malgré tout, la commune a travaillé dans l’élaboration du Plan local de développement de l’école
(PLDE) en 2004-2005 en collaboration avec l’IDEN. Il souligne aussi que la Commission de
l’éducation et de la formation est l’une des plus actives au niveau de la commune.
L’inspecteur ne participe pas aux sessions du conseil municipal. Depuis le début de la présente
année scolaire, trois réunions ont été consacrées aux questions de l’école. Ces questions portent
sur la validation du PLDE, les formes de collaboration entre les deux structures et la politique
éducative de la circonscription scolaire de la région des Mines de Phosphates-ville.
L’IDEN est en principe impliqué dans l’identification des besoins permettant d’orienter les appuis
de la commune envers les écoles, au travers des fonds de dotation :
– Identification des écoles à réhabiliter, des murs à clôturer ;
– recensement des élèves devant bénéficier des aides scolaires ;
– expression des besoins des écoles en fournitures scolaires.
Cependant, le directeur de cabinet du maire et le DAGE ont révélé que l’IDEN, par rapport au fonds
de dotation, engageait les dépenses et ne leur présentait que les factures à payer. Maintenant
qu’ils ont une lecture commune des dispositions réglementaires, l’IDEN exprime ses besoins et la
commune se charge de les satisfaire dans la mesure du possible.
Conclusion
L’IDEN, le conseil municipal et les directeurs d’écoles participent de plus en plus à la prise de
décision en matière de gestion de l’éducation. Les domaines dans lesquels se manifeste cette
participation sont les suivants :
– la construction des murs de clôture au niveau des écoles ;
– la réhabilitation et la réfection des locaux ;
– les fournitures scolaires allouées aux écoles sur la base des besoins exprimés par les
directeurs ;
– la gestion de proximité des conflits avec l’implication des directeurs d’école, qui jouent
à ces occasions un rôle social.
L’IDEN n’intervient que dans la mise en œuvre des politiques éducatives élaborées au niveau
national, et la plupart du temps sans grand moyen.
Ne disposant que des moyens mis à leur disposition par l’État ou par ses services décentralisés,
l’IDEN est alors loin d’être autonome. Cette situation ne lui permet pas de se fixer des objectifs
notamment en termes de visites d’inspection et d’encadrement pédagogique, tâches pour lesquelles
les moyens à sa disposition sont très insuffisants. En effet, pour 50 écoles primaires, l’IDEN ne
dispose que d’un véhicule et de quatre adjoints. Dans ces conditions, il est clair que l’impact de la
décentralisation sur la qualité de l’école est fort limité même si, par ailleurs, l’IDEN se fait appuyer
par le Collectif des directeurs d’écoles.
En revanche, les problèmes administratifs sont résolus plus rapidement. En effet, l’IDEN s’acquitte
régulièrement des tâches souscrites sur le calendrier général des pièces périodiques. Les tâches
administratives provenant de la hiérarchie sont également exécutées régulièrement.
Initialement, le département était donc constitué de deux communes (la commune de Ferlo et
Lotcharid) et de trois arrondissements :
– Sor thiobé, comprenant les communautés rurales de Sor thiobé et Sor laguné ;
– Enabam comprenant les communautés rurales d’Enabam et Ega;
– Aro avec les communautés rurales d’Aro et Dongan.
Mais depuis février 2002, suite à la création du département de Rand qui comprend la commune
de Rand et l’arrondissement d’Aro, le département de Ferlo compte désormais trois communes
(la commune de Ferlo, Lotcharid et Sor laguné), deux arrondissements (Enabam et Sor thiobé).
Enabam intègre une nouvelle communauté rurale, Khonr.
Le tableau 2.17 présente les partenaires intervenant dans le département.
IDEN
Secrétaire général
chargé du personnel et billeteur
67
Chargée de la Chargé de la
Responsable Secrétaire Courrier et Chargé du
Planification Examens et scolarisation Superviseur mutuelle des
Gestionnaire départemental du District enseignement centre de
Statistiques concours des filles alphabétisation Volontaires de
alphabétisation d'Aro arabe ressources
(SCOFI) l'éducation (VE)
représentent plus de 60 % du budget global, ce qui ne semble pas surprenant compte tenu que la
mission d’inspection, tâche essentielle de l’IDEN, requiert des dépenses de transport importantes.
Pourtant, bien que les deux rubriques y afférant soient entièrement consommées, l’IDEN n’a réalisé
en 2003 que 161 inspections sur une prévision de 398 maîtres à inspecter, soit seulement 40 %
des inspections à réaliser.
La seconde partie du budget, destinée aux écoles, a été exécutée comme indiquée dans le
tableau 2.28.
Au niveau du budget de fonctionnement des écoles, les rubriques les plus importantes sont :
– la délégation de crédits : cantines scolaires ;
– autres fournitures ;
– matériels pédagogiques.
Les cantines scolaires représentent 62 % du budget de fonctionnement des écoles, ce qui est
une des caractéristiques des écoles rurales : l’état de pauvreté des populations est tel que le
repas offert aux élèves constitue un facteur pour l’accès et la qualité des apprentissages. Le
matériel pédagogique et les autres fournitures représentent 25 % du budget de fonctionnement
des écoles.
Dans ce contexte, il convient de s’interroger sur les modalités de transfert de ces fonds dans la
perspective de répondre efficacement aux besoins réels de l’école. Les écoles perçoivent-elles la
totalité de ces fonds ? Les collectivités locales, qui reçoivent les fonds de l’État (fonds de dotation)
dont une partie doit être allouée à l’éducation, procèdent-elles à une sorte de contrôle avant l’octroi
de ces fonds de dotation aux écoles pour éviter un double emploi ?
Enfin, il convient de noter que les directeurs déclarent ignorer l’existence de ces crédits de
fonctionnement, pourtant destinés aux écoles. Un tel manque d’information devrait amener l’IDEN
à revoir sa stratégie de communication en direction des écoles.
Organisation du travail
Le courrier est instruit par l’IDEN, puis transmis au secrétaire général pour lecture. Ensuite, le
courrier est distribué aux différents bureaux qui les traitent.
L’IDEN déplore le faible taux d’encadrement des enseignants : en 2003, de maîtres ou de directeurs
ont été réalisées, alors que le cahier des charges leur fixe au moins 50 % des enseignants de la
circonscription par an, soit 398. Il impute cette situation à plusieurs raisons :
– Le manque de logistique : un seul véhicule est mis à la disposition d’une circonscription
qui compte 796 enseignants, et est souvent réquisitionné par l’autorité administrative,
en l’occurrence le Préfet du Département. L’insuffisance des moyens de transport est
réelle même si l’IDEN a omis de compter le véhicule qu’il avait mis à la disposition du
chef de District d’Aro.
– L’insuffisance du personnel d’encadrement : quatre inspecteurs, y compris l’IDEN pour
796 enseignants, soit un inspecteur pour 199 enseignants.
– Le volume du travail administratif, accentué par l’absence de coordination des services
centraux du ministère de l’Éducation. L’IDEN déclare à ce sujet que ses « adjoints sont
tellement absorbés par le travail administratif qu’ils sont rarement sur le terrain ».
Enfin, le fait que le Pôle régional de formation (PRF) qui doit assurer la formation continue des
enseignants, ne joue pas pleinement son rôle. Il compte deux à trois inspecteurs pour 1994
enseignants au niveau de la région de Rand. Il s’y ajoute que selon l’IDEN, « les demandes de
formation formulées par l’IDEN ne concordent pas souvent avec les services proposés par le
PRF ».
Cependant, il existe des différences d’appréciation entre l’IDEN et son personnel d’encadrement
sur ce constat. En effet, ces derniers déclarent n’être pas du tout associés aux activités de la
circonscription. Pour l’un des adjoints, les tâches qu’il accomplit relève uniquement de sa seule
bonne volonté, tandis que l’autre estime qu’il n’est pas considéré comme faisant partie du
personnel de l’IDEN.
Certains agents déplorent la surcharge de travail due à l’insuffisance du personnel et à une
mauvaise organisation des tâches. En effet, dans l’IDEN de Ferlo :
– Les deux adjoints sont responsables respectivement des affaires pédagogiques et
administratives. Il en est de même pour le troisième adjoint, responsable du district
d’Aro et assisté de quatre agents.
– Le secrétaire général est responsable du personnel (salaires des volontaires de
l’éducation, des maîtres contractuels, de la gestion du budget des séminaires, etc.).
– Des instituteurs occupent les sept postes suivants : gestionnaire, alphabétisation,
courrier et enseignement arabe, planification statistiques, examens et concours, centre
de ressources (construit dans le cadre de la coopération avec le Canada) et, enfin, le
service secrétariat particulier et SCOFI.
– Un MC est responsable de la mutuelle des VE.
– Les autres enseignants occupent les trois derniers postes suivants : secrétaire du district
d’Aro, responsable départemental de l’alphabétisation, superviseur alphabétisation.
Les postes qui ne figurent pas sur l’organigramme officiel sont : le district, l’antenne de la mutuelle
des VE, le gestionnaire, le superviseur de l’alphabétisation, le courrier, le centre de ressources
et le secrétariat particulier. Au plan numérique, l’IDEN compte 15 agents administratifs alors que
l’organigramme limite les effectifs d’une IDEN à neuf agents.
l’encadrement des enseignants. Cette contrainte l’oblige à l’occasion de ses sorties, à programmer
plusieurs activités à la fois : visites de classes, gestion des conflits éventuels, rencontres avec les
communautés, etc.
En principe, le problème de surcharge de travail ne devrait pas se poser, quand bien même, une
partie de ces agents servent à Rand, dans le district d’Aro.
En réalité, ce n’est pas tant la quantité d’agents qui pose problème que sa qualité. En effet, la plupart
ne dispose pas des compétences requises pour la réalisation efficace des tâches administratives.
En outre si l’effectif du personnel d’appui paraît suffisant, celui des inspecteurs l’est largement
moins, révélant alors le problème de la réalisation des visites d’inspection et de l’encadrement
pédagogique, tâches pourtant essentielle aux IDEN.
Enfin, les agents déclarent qu’ils sont souvent obligés d’exécuter des tâches dévolues à d’autres
structures. Ils donnent l’exemple des feuilles de déplacement qu’ils remplissent à la place des
agents de la préfecture. L’IDEN lui-même n’échappe pas à cette situation : le préfet le considère
comme son seul interlocuteur pour toutes questions relatives à l’école, même si celles-ci ne relèvent
pas de ses prérogatives. Il donne l’exemple de sollicitation dont il a été l’objet pour un problème
qui concerne le lycée de Lotcharid, pourtant relevant de l’IA.
Suivi
L’inspecteur « contrôle la qualité et non la temporalité ». Il exerce un contrôle direct sur les agents.
En cas de mauvaise réalisation d’une tâche, celle-ci sera confiée à un autre agent plus qualifié.
C’est ce qu’il explique en ces termes : « je joue sur l’interchangeabilité des agents ». Il n’y a pas de
retard sur le traitement des dossiers et le taux d’exécution des tâches est satisfaisant.
La communication interne
Si un cadre formel de réunions mensuelles est instauré au niveau de l’IDEN, elles se tiennent
rarement, d’après l’Inspecteur Départemental, qui les considère comme un « carcan, quand ça ne
donne pas satisfaction ». Il privilégie alors la communication informelle.
En revanche, le personnel administratif de l’IDEN souhaite la réinstauration des réunions
périodiques. Certains d’entre eux estiment que le déficit de communication crée « des besoins
d’assistance non satisfaits, parce que tout le monde est occupé ». L’un d’entre eux a affirmé que
« voilà quatre ans qu’il est à l’IDEN, et c’est la première fois qu’ils se retrouvent ensemble, à part
bien entendu les heures de prière faites en groupe ». Le secrétaire général de renchérir : « des
fois je ne suis pas informé par l’IDEN qui traite directement avec les bureaux ». Les inspecteurs
adjoints de l’IDEN n’ont fait que corroborer ces propos quand ils qualifient de « monocéphalisme
la gestion de l’IDEN » et soulignent « le manque d’espace de communication au niveau de l’IDEN ».
Pour eux, l’IDEN est bloqué, dès que le chef est absent. Ils ajoutent qu’aucun d’entre eux n’est
capable de fournir une information fiable sur le personnel. L’un a même déclaré : « je ne rends
pas compte de ce que je fais ».
du courrier, aussi bien en amont, qu’en aval, on guète des deux côtés, les occasions pour lever
le courrier ».
Les moyens de communication utilisés par la structure sont essentiellement le fax et le téléphone
et les correspondances écrites. Quant au courrier électronique, il est pour le moment peu utilisé
car la Secrétaire particulière ne dispose pas d’ordinateur.
La communication est essentiellement administrative, le calendrier général des pièces périodiques
étant l’instrument de gestion de cette communication. Il oblige les IDEN à rendre compte
régulièrement de leurs activités, selon un calendrier fixé par le niveau central, c’est à dire le ME.
L’IDEN déclare qu’il ne rend pas systématiquement compte de ses activités au ME. Il donne l’exemple
de la non transmission au ME du rapport de mission de son adjoint à son retour de Grenoble. Pour
lui, c’est toujours après coup, qu’ « on se rend compte, qu’il fallait informer le ME ».
Au plan des rencontres nationales, l’inspecteur départemental estime que les réunions convoquées
par les directions nationales sont trop nombreuses. Ces réunions, en termes de temps, avoisinent
selon lui la moitié ou le tiers de l’année. À son avis, la seule rencontre bilan convoquée annuellement
suffit pour faire le bilan et dégager les perspectives : « ensuite, on laisse les gens travailler ». Il
ajoute par ailleurs qu’« on n’a pas besoin de convoquer à chaque fois tous les inspecteurs, il
est possible de les convoquer par échantillonnage. Le carburant utilisé pour participer à ces
rencontres aurait pu servir à l’encadrement des maîtres ». Ces propos dénoncent non seulement
le manque de temps, compte tenu de la surcharge de travail du personnel des IDEN, mais aussi
l’insuffisance des moyens mis à leur disposition.
La gestion financière
L’IDEN ne dispose d’aucune autonomie dans la gestion de son propre budget ni dans celui des
écoles. Le manque de transparence dans l’octroi des fonds de l’État et l’incohérence des critères
de répartition sont dénoncés par l’inspecteur départemental qui ne connaît pas les critères
d’élaboration du budget. Les inspecteurs adjoints à l’IDEN soulignent également : « nous ne
sommes pas informés sur cette question ». À titre d’illustration, l’IDEN reçoit la même quantité
de carburant que le proviseur du lycée de Ferlo, qui n’a pourtant aucune activité d’encadrement
à faire. Un autre exemple est celui de l’octroi de la même quantité de carburant à l’IDEN de Rand
et à celui de Ferlo, alors que si on se base sur le critère du nombre de candidats au Certificat de
fin d’études élémentaires (CFEE), l’IDEN de Ferlo est bien supérieur en population scolaire que
celui de Rand 1.
En outre, les fonds alloués par l’État ne correspondent pas aux besoins réels des IDEN. Par exemple,
en raison du nombre d’enseignants de la circonscription, il arrive que l’IDEN consomme dix rames
de papier par jour. Pour l’IDEN, le budget n’est « proportionnel à rien du tout ». Pour lui, il n’y a
aucun critère de répartition du budget. Il a diminué du reste de 2002 à 2003 : « la tendance est à
la baisse ». Le budget a été entièrement consommé avant la fin du mois de Novembre 2003, pour
éviter que la dernière tranche ne tombe en fonds libres.
La contribution des autres partenaires semble être essentielle au budget des écoles dépassant
celle de l’État. On peut distinguer :
– l’ONG Plan-Sénégal, qui a injecté dans la seule circonscription de Ferlo 1 026 497 041 FCFA
entre 1991 et 2000 ;
– la Fondation Paul Gérin Lajoie, qui a dépensé dans le Projet d’amélioration des écoles
de Rand (IDEN de Rand 1, 2 et Ferlo) près de 2 700 000 FCFA ;
– l’Association « Naga Def », dont le projet intitulé « Informatique pour tous à l’école » a
pour objectif l’informatisation des 210 écoles de la circonscription, dans le but d’alléger
le travail des directeurs d’école, de rendre accessibles les données de base et d’initier
tous les élèves des CM2 à l’outil informatique.
Concernant l’exécution du budget des écoles et de l’IDEN, l’inspecteur départemental est tenu
de respecter les lignes budgétaires définies par le pouvoir central. De l’avis des directeurs
rencontrés, « il n’existe pas de crédit de fonctionnement pour les écoles venant de l’IDEN ». L’IDEN
a fourni à l’équipe les pièces comptables du budget de fonctionnement des écoles qui s’élève à
9 685 000 FCFA, dépensés à hauteur de 9 681 220 FCFA.
Suivi administratif
L’IDEN est chargé de la gestion des conflits au sein des écoles mais il reconnaît faire « semblant
d’ignorer quand il n’y a pas d’impact sur les apprentissages ». Ce manque d’implication est dénoncé
par un directeur qui laisse entendre que « l’IDEN laisse le pourrissement faire son œuvre ». Si le
conflit perdure et menace l’équilibre scolaire, l’IDEN change de stratégie et s’implique par l’envoi
d’un émissaire médiateur. Ensuite, les sous-préfets sont sollicités quand cette médiation échoue
ou atteint ses limites.
Les conflits relèvent des domaines suivants :
– Litige foncier consécutif à la création des écoles.
– Grèves des élèves des collèges liées au manque de professeurs. Selon les propos de
l’Inspecteur Départemental, il « gère les grèves qui interviennent dans les collèges, quelle
que soit l’origine et pourtant [il] ne peut pas affecter le personnel de ce secteur parce
qu’il n’a pas la visibilité au niveau de l’IA ».
Inspection
L’IDEN compte quatre inspecteurs pour 796 enseignants, soit un ratio de 199 maîtres par inspecteur,
contre 50 maîtres par inspecteurs, selon la norme fixée par l’arrêté n° 000750/MEN/DC/DAJL du
02/02/1994. Ce ratio, très en deçà des besoins actuels, ne permet pas la réalisation régulière des
visites d’inspection. En dehors des examens professionnels, il n’y a pas d’inspection. Durant ces
examens, les inspecteurs profitent de leurs sorties pour inspecter les maîtres. La faible fréquence
du nombre d’inspections explique la raison pour laquelle des enseignants peuvent exercer pendant
quatre ans sans jamais être inspectés.
Malgré le déficit en personnel d’encadrement, 161 maîtres ont été inspectés en 2003 contre
100 programmés. Ceci reste cependant en deçà du quota fixé par le ME, selon lequel 50 % au
moins des maîtres et des directeurs de la circonscription doivent être inspectés par an : sur cette
base, les quatre inspecteurs de Ferlo auraient dû inspecter 348 maîtres, au lieu de 161.
Au passage de la mission à Ferlo, deux mois après le début de l’année scolaire, aucune inspection
n’avait encore été faite. Pour ce qui est des visites d’école, elles se font sous forme d’enquête. La
plupart du temps, elles interviennent après dénonciation. Les inspecteurs l’effectuent à deux, par
souci d’objectivité.
Outre l’insuffisance du personnel d’inspection, celle des moyens logistiques entrave également
la bonne réalisation des missions d’inspection. L’IDEN de Ferlo dispose de deux véhicules et de
quatre motos. Ces véhicules et motos proviennent de l’État ou des partenaires. Mais pour l’IDEN,
« cela ne suffit pas ».
Il s’avère que l’inspection n’a que très peu d’impact sur la carrière des enseignants mais peut
parfois prendre une fonction essentiellement pédagogique. L’inspection des maîtres peut en effet
déboucher sur le recyclage des enseignants ayant obtenu de faibles notes à l’EFI. Toutefois, une
telle décision fait perdre temporairement à l’IDEN des enseignants, faute de suppléants pour les
remplacer durant leur stage.
En ce qui concerne l’inspection de directeurs, elle porte sur les finances, le matériel, la gestion
administrative et pédagogique de l’école.
Pour encourager davantage les enseignants, il arrive parfois que l’IDEN « s’arrête pendant cinq
minutes dans une école pour encourager les maîtres. Ceux qui sont en brousse aiment voir l’IDEN.
Ça fait plaisir à tout le monde ».
Appui pédagogique
L’IDEN photocopie les documents destinés aux enseignants et les leur distribue. Quand les
documents concernent tous les enseignants, la distribution se fait au niveau de toutes les écoles.
La reprographie, qui incombe à l’IDEN, bénéficie toutefois de l’appui de la Compagnie sucrière
sénégalaise (CSS), du PRF ou même du Projet d’appui à la réforme de l’éducation au Sénégal
(PROARES). Il convient de noter que le photocopieur de l’IDEN, de mauvaise qualité, est souvent
en panne. La distribution se fait par le relais des responsables des collectifs des directeurs, par
les sous préfets et les présidents de communauté rurale.
Pour l’appui aux écoles, l’IDEN accorde la priorité aux écoles à faibles résultats.
De l’avis des directeurs d’école, l’un « des adjoints de l’IDEN dispense des cours de formation
professionnelle aux enseignants, et organise des séminaires à leur intention ». Les années
passées, les inspecteurs, avec l’appui des projets tels que le PAES et le Projet urgence dans le
secteur de l’éducation (PUSE), descendaient fréquemment dans les écoles pour effectuer des
visites d’encadrement.
Avec la disparition de ces projets et l’extension du réseau scolaire, l’IDEN est suppléé dans ses
tâches d’encadrement pédagogique par les maîtres animateurs formateurs (MAF) et quelques
directeurs. Les MAF sont recrutés parmi les enseignants expérimentés. Ils sont formés par l’IDEN
et ses adjoints en vue d’appuyer pédagogiquement les jeunes maîtres dans les domaines des
innovations pédagogiques surtout. Les MAF continuent de gérer les classes et se déplacent avec
les moyens octroyés par le PRORES, partenaire de l’IDEN dans la qualité. Le travail du MAF ne
décharge que partiellement l’IDEN de son rôle d’encadrement pédagogique. Les MAF concernent
une bonne partie des 210 écoles.
Financement
Les communes de Ferlo et de Lotcharid et les communautés rurales appuient les écoles avec les
fonds de dotation mis à leur disposition par l’État. Ce sont des fonds prélevés sur le budget de
l’État, au titre des compétences transférées.
Ainsi, selon le procès-verbal de la session ordinaire du 30 avril 2003 consacrée à la première
autorisation spéciale de recettes et dépenses sur les fonds de dotation reçus au titre de la
décentralisation, il apparaît que la commune de Ferlo a consacré en 2003 9 180 000 FCFA aux
écoles, sur la base d’un montant global de 51 000 310 FCFA reçus dans le cadre des fonds de
dotation, auxquels elle a ajouté 20 à 25 % du budget prévisionnel de la commune (d’un montant
de 120 à 130 millions FCFA).
Plus précisément, ce même document indique que le Conseil municipal de Ferlo a accordé aux
écoles de la commune des fournitures scolaires à hauteur 5 000 000 FCFA ainsi qu’une contribution
financière de 4 180 000 FCFA.
À titre de comparaison, sur les 5 100 031 FCFA versés au titre des fonds de dotation, le ministère
des Finances a accordé au secteur de la santé la somme de 21 598 597 FCFA pour la rubrique
« produits pharmaceutiques et hygiéniques ».
Par ailleurs, la commune est régulièrement interpellée pour appuyer l’IDEN en carburant ou
maintenance des équipements tels que le photocopieur. Le maire déclare qu’il « appuie l’IDEN
plus que les autres services, ayant pourtant des compétences transférées au même titre que
l’éducation ».
Au vu d’un document intitulé Répartition fournitures scolaires, datant du 10 novembre 2003,
il apparaît que la communauté rurale d’Enabam a acheté pour 15 écoles de la communauté
rurale:
– 220 boîtes de craie blanche ;
– 50 boîtes de craie de couleur ;
– 300 ardoises ;
– 1050 cahiers de 100 pages ;
– 900 cahiers de 50 pages ;
– 600 cahiers double ligne ;
– 150 cahiers de 200 pages ;
– stylos à bille.
Ces 15 écoles comptent près de 2000 élèves.
Quant au président de la communauté rurale de Lamp, il déclare que la collectivité qu’il dirige a vu
ses fonds de dotation passer de 350 000 FCFA à près de 900 000 FCFA. Pour les besoins d’une
bonne planification, le président sollicite les conseils du collectif des directeurs de la communauté
rurale, pour identifier les priorités. D’ailleurs, lors de l’enquête, le président de la communauté rurale
de Lamp n’a pas hésité à associer le président du collectif des directeurs d’école à l’entretien.
Un directeur d’école, conseiller municipal dans la communauté rurale de Yaga a révélé que sa
communauté rurale a consacré 1 000 000 FCFA à 16 écoles pour une population scolaire de près
de 2 000 élèves.
Selon l’adjoint au maire, le réel problème est celui de l’absence de « gestion concertée entre les
différents partenaires, sur les questions de l’école ».
Conclusion
Les autorités scolaires et décentralisées rencontrées durant l’étude ont toutes souligné l’importance
de la politique de décentralisation. Cette politique permet aux populations d’être impliquées dans
le développement de leurs localités. Si l’on reprend les propos de l’IDEN, avant le processus de
déconcentration/décentralisation, la communauté n’avait aucun droit de regard sur la gestion
de l’école. Aujourd’hui, l’école est devenue l’affaire de tous : les populations, malgré leur état de
pauvreté, recrutent des volontaires, et s’intéressent aussi aux résultats scolaires.
Cependant, malgré cet engouement, des limites ont été soulignées par les différents acteurs
rencontrés. Ces limites sont essentiellement liées au manque d’information et de concertation
entre les différents acteurs locaux. Ainsi :
– Le personnel de l’IDEN (aussi bien les inspecteurs adjoints que le personnel d’appui)
déclare tout ignorer du PDDE. Il en est de même pour le premier adjoint au maire,
qui exerce pourtant la fonction d’adjoint à l’IDEN. L’inspecteur départemental semble
centraliser toutes les informations à son niveau, ce qui crée un déficit de communication
dans un contexte d’approche participative.
– La plupart des élus locaux sont par ailleurs des analphabètes qui ignorent les compétences
qui leur sont transférées.
– La faiblesse des fonds de dotation et les difficultés de recouvrement de la taxe rurale
limitent les capacités d’intervention des collectivités locales.
– Le manque d’information des élus locaux sur les problèmes de l’école induit chez eux
des comportements qui s’apparentent à de l’immixtion dans un domaine naguère
réservé. En effet les élus locaux, sollicités financièrement dans différents domaines, ont
tendance à avoir un droit de regard sur des questions telles que la gestion administrative
et pédagogique des écoles. Ils peuvent ainsi considérer que telle cohorte d’élèves doit
rester dans la communauté rurale, tel enseignant doit servir dans son village, etc. De
tels comportements sont préjudiciables au principe d’équité qui vise à donner à tous les
élèves les mêmes chances de réussite.
– L’IDEN fait face à un déficit en personnel enseignant de qualité, ce qui justifie le recours
aux VPP. Cette initiative, si elle n’est pas accompagnée d’un bon encadrement, risque
de compromettre la qualité des apprentissages, parce que consistant à mettre dans
les classes des jeunes diplômés, avec pas ou peu de suivi pédagogique. En outre,
l’insuffisance en personnel enseignant résulte également de la forte mobilisation des
collectivités locales sur l’accès à l’éducation qui se traduit souvent par des inscriptions
massives d’élèves. Or, au moment de la rentrée, certaines classes se retrouvent sans
enseignant. Cette situation non seulement pénalise ces élèves, mais discréditent les élus
locaux.
– La plupart des partenaires de l’école investit beaucoup, mais ils sont les seuls à détenir les
données statistiques relatives à leurs investissements. Dans une approche partenariale,
il serait bon que les différents intervenants inscrivent leurs actions dans un cadre global
et unique, c’est à dire le PLDE.
• Infrastructures de l’école
En termes d’infrastructures, l’école est constituée de 12 classes réparties dans quatre bâtiments
construits par l’État, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et la municipalité. Les
classes construites par l’État datent de 1960. L’école ne dispose ni de toilettes ni de clôture, et
certains bâtiments sont dans un état de détérioration très avancé. L’inexistence d’une clôture et
l’absence d’un gardien (même si quelqu’un habite au sein de l’école sans jouer véritablement ce
rôle) exposent l’école à la fuite des animaux et à l’insécurité des enfants et du matériel collectif.
Elle dispose d’eau courante, mais le robinet est enfermé dans une salle de classe pour éviter que
les populations environnantes n’en abusent.
L’école dispose d’un jardin de quatre hectares (autrefois exploité par la coopérative scolaire), d’une
motopompe et d’un puits. Aujourd’hui, faute de moyens, le jardin est en friche, et la motopompe
se trouve exposée dans ce qui tient lieu de bureau du directeur, qui est en fait un vieux bâtiment
en ruine. Ainsi, tous nos entretiens se sont tenus dans la cour de l’école.
Organisation de l’école
Organigramme de l’école
Les acteurs sont unanimes sur un organigramme qu’ils décrivent sans qu’il ne soit tracé comme
tel dans un texte officiel. On distingue ainsi :
– le directeur de l’école ;
– le directeur adjoint ;
– les enseignants, chacun avec une responsabilité :
– l’adjoint responsable de la cellule d’animation pédagogique : l’école polarise d’autres
écoles dans une cellule d’animation pédagogique qui s’occupe de l’encadrement des
maîtres ;
– l’adjoint responsable des sports ;
– l’adjoint responsable de la coopérative scolaire ;
– l’adjoint responsable de la solidarité : il s’agit d’un fonds alimenté par les cotisations des
maîtres pour venir en aide en cas de nécessité (baptême, décès, mariage, etc.), instauré
par les enseignants ;
– l’adjoint responsable du matériel scolaire ;
– l’adjoint responsable des essais.
Il n’existe pas de hiérarchie entre ces différents postes. Tous les adjoints sont au même niveau, y
compris le directeur adjoint, qui n’entre en fonction qu’en l’absence du directeur titulaire.
Aucun des acteurs ne mentionne les élèves dans l’organigramme. Cela est peut-être dû au fait que
la coopérative scolaire n’a pas fonctionné cette année. Quant à l’association des parents d’élèves
(APE), si elle n’est pas dans l’organigramme, les acteurs, dont le maire, la considèrent comme
un partenaire de l’école. Le directeur la qualifie de « structure parallèle ». En revanche, selon les
parents d’élèves, le bureau de l’APE fait partie de l’organigramme de l’école comme structure
d’appui.
Ces textes existent à l’école et sont accessibles à tout un chacun. Mais, selon le directeur, les
enseignants ne les consultent pas. Le directeur adjoint l’a d’ailleurs admis en affirmant qu’il « n’a
pas lu la législation depuis longtemps. » Aussi le directeur fait-il un rappel de ces textes au début
de l’année scolaire, à l’occasion du conseil de rentrée. La désignation aux différents postes se
fait par le volontariat.
Concernant l’APE, le directeur n’est pas certain de l’existence de textes la régissant ; il a déclaré
dans un premier temps qu’ils existent avant de revenir sur cette affirmation. Les parents d’élèves
affirment que leur association est régie par les textes relatifs aux associations en général.
9. La circonscription est divisée en zones, chacune étant confiée à un directeur-relais. Chaque zone regroupe une
quinzaine d’écoles.
sont pris en charge par les écoles à raison de cotisations modulées en fonction du nombre de
classes. Ce travail est bien apprécié par le directeur de l’école Garçons de la Médina.
• Budget temps
Le budget temps du directeur est essentiellement consacré aux activités pédagogiques et
administratives ; viennent ensuite les réunions et les rencontres avec l’APE et le comité de gestion.
Le directeur n’a cependant pas su quantifier cette répartition et a seulement pu estimer que, dans
un mois normal, il passe trois à quatre jours hors de l’école.
Il apparaît de ce point de vue que le directeur passe la majeure partie de son temps à l’école.
Il fait surtout de l’encadrement pédagogique comme l’ont d’ailleurs confirmé les maîtres et le
directeur adjoint. Il remplace les maîtres absents. « À partir de 10 heures, il n’est jamais dans la
cour. » Or, puisque son bureau n’est pas fonctionnel, on en conclut qu’il est dans une des classes,
en remplaçant un maître ou en en encadrant un autre.
Le directeur adjoint passe également le plus clair de son temps à l’école, et particulièrement
dans sa classe. Il est conseiller municipal, mais ses élèves restent sa priorité. Il « assume d’abord
ses enseignements avant d’aller à la mairie. » Les enseignants eux, consacrent « près de 100 %
de leur temps à la classe. L’animation pédagogique occupe quatre heures par mois, sous forme
de séances mensuelles. Les comptes rendus de réunions se font pendant les 30 minutes de la
récréation, et les rencontres avec les parents de manière occasionnelle. »
L’APE vient à l’école occasionnellement, quand il y a une réunion ou une rencontre à caractère
exceptionnel.
En résumé, le directeur, son adjoint et les enseignants investissent la plus importante partie
de leur budget temps à l’école. Ils passent même plus de temps à l’école que ne le prévoit la
réglementation. Les enseignants par exemple ont choisi de tenir leur journée pédagogique le
samedi (jour de leur congé).
Les rôles ont relativement évolué. « Aujourd’hui, il y a le profil du nouveau directeur, qui doit
développer des relations partenariales au profit de l’école. » Les maîtres, quant à eux, prennent
des initiatives, notamment par rapport au projet d’école et à leur intérêt pour la vie de l’école
dans son ensemble. Ils participent maintenant de façon active au recrutement des élèves. « Cette
fonction n’est prévue dans aucun texte. Ces activités se font par simple civisme », souligne le
directeur adjoint. Il en est de même du rôle des élèves qui s’investissent maintenant beaucoup
par exemple au jardin scolaire et lors de la semaine de l’école de base10. Le directeur apprécie
positivement ces changements qui permettent à l’école de s’améliorer.
10. Le Sénégal organise chaque année une semaine de l’école de base au cours de laquelle plusieurs festivités sont
organisées dans les écoles.
Les réunions périodiques constituent aussi des modes de communication entre le directeur et
les enseignants. Une dizaine de réunions sont tenues par an, toutes initiées par le directeur en
concertation avec les maîtres. Le directeur demande aux enseignants la date qui leur convient et,
à l’issue de chaque réunion, un procès-verbal est dressé. Les thèmes abordés sont essentiellement
d’ordre pédagogique.
Pour les visites de classe, le directeur dispose d’un emploi du temps qui l’oblige à aller dans
chaque classe.
La communication entre le directeur et les parents d’élèves se réalise de manière informelle, par
voie orale. En effet, si le directeur affirme qu’il se réunit souvent avec les parents, il utilise aussi
le contact direct comme il l’a fait pour les informer de la venue de l’équipe de recherche. (Il a
demandé au directeur adjoint d’aller informer le trésorier de l’APE de la venue de l’équipe.) Les
parents confirment les propos du directeur : « La communication entre l’APE et le directeur se fait
par contacts directs, informels et occasionnels selon les nécessités et les urgences. Cela est rendu
possible par l’excellence des relations entre le directeur et l’APE. » L’initiateur de ces réunions ou
contacts est généralement le directeur.
C’est seulement avec le maire que le directeur utilise la correspondance écrite, et encore là,
par l’intermédiaire du directeur adjoint. La communication peut être orale et directe. Avec les
enseignants, les sujets sont essentiellement d’ordre pédagogique. Il peut aussi s’agir de problèmes
sociaux, tels que les conflits conjugaux, ou d’ordre administratif.
Les relations entre l’APE et les enseignants sont jugées satisfaisantes par les deux parties. Mais
les enseignants déplorent le fait que l’APE ne les consulte pratiquement pas. En revanche, selon
les parents, les relations sont plutôt timides, peu développées avec la coopérative scolaire et
l’IDEN. La coopérative scolaire ne les informe que de la tenue des assemblées générales. Quant à
l’IDEN, elle a sollicité l’APE une seule fois pour réceptionner du matériel. Avec le directeur adjoint,
les relations sont directes. Le bureau le consulte souvent en l’absence du directeur.
Avec la municipalité, les supports de communication utilisés sont les correspondances et les
tournées dans les écoles ou la sollicitation directe. Notons que la présence du directeur adjoint à
la mairie en tant que conseiller municipal facilite les relations entre les deux institutions.
Le comité de gestion et la coopérative scolaire ne sont apparemment pas encore fonctionnels. Le
comité de gestion attend le démarrage du projet pour lequel il a été mis en place, et la coopérative
scolaire n’est pas encore renouvelée cette année. Au rythme où vont les choses et compte tenu de
l’avancée de l’année scolaire, il est peu probable que la coopérative fonctionne cette année.
Il ressort de tous ces propos que le canal de communication le plus fréquemment utilisé par les
acteurs impliqués dans le fonctionnement et la gestion de cette école est de type oral, direct et plutôt
informel. Les sujets abordés dépendent des personnes ou des institutions en jeu. Les problèmes
sont prioritairement d’ordre pédagogique, et accessoirement d’ordre social ou administratif.
Excepté le directeur et les enseignants, les autres acteurs se réunissent rarement entre eux.
n’est-il pas possible de changer la nature de quelqu’un », affirme-t-il. Les améliorations à apporter
sont dans le sens d’un relèvement de leur niveau par des réunions et des recommandations.
Il pense par ailleurs que le directeur fait correctement son travail. Il a apporté des changements
à l’école (remise à neuf des carnets et registres), ce qui a rendu plus transparente la gestion
des manuels et des fournitures. Il ajoute cependant qu’il « faudrait lui donner plus d’autonomie
notamment dans la gestion du personnel » pour qu’il puisse mieux faire son travail.
Autonomie de l’école
La gestion du personnel
• Recrutement
Le directeur est nommé après compétition au niveau national. Lui-même pense que ce mode
de recrutement des directeurs d’école est bon. Les enseignants fonctionnaires étaient autrefois
recrutés par concours d’entrée dans les écoles de formation d’instituteurs. Aujourd’hui, cette
formule a été abandonnée au profit d’un recrutement de VE, qui évolue au statut de MC au bout
de deux ans d’activité. Ces VE sont recrutés sur la base d’un concours organisé par les IDEN, donc
au niveau déconcentré. Toutefois, ils souhaiteraient que les tests soient corrigés en dehors de
l’IDEN du bassin arachidier dans un centre unique, ce qui aurait selon eux l’avantage de fiabiliser
les conditions de déroulement du test. Par exemple soulignent-ils, « aujourd’hui, les enveloppes
contenant les épreuves ne sont pas scellées ; les correcteurs sont choisis par l’IDEN. »
Concernant l’affectation des enseignants, notamment des VE, les maîtres de Garçons de la Médina
déclarent qu’elle est laissée à l’appréciation de l’IDEN. Pour eux, il est nécessaire de définir des
critères précis d’affectation des VE et des MC, qui peuvent être affectés partout et à tout moment
de l’année.
Par ailleurs, les enseignants ont déploré le critère d’affectation des points, basé sur la zone
géographique : au Sénégal, l’enseignant obtient ses points en fonction de son lieu de service. Or
ceux qui servent dans certaines villes n’ont pas de point et sont par conséquent pénalisés par
rapport à ceux qui sont en service en zone rurale. Ainsi, durant les commissions d’affectation, il est
fréquent de voir un jeune enseignant obtenir davantage de points qu’un autre en service en zone
urbaine. Or, ce dernier assume des responsabilités qui dépassent de loin celles de ce jeune maître
(directeur adjoint dans une école de 12 classes, alors que l’autre dirige une classe unique).
Il apparaît clairement dans les propos tenus par les enseignants de cette école une injustice par
rapport aux VE et aux MC : d’une part, un doute existe quant à la fiabilité du processus actuel de
recrutement des enseignants qui place les IDEN au cœur des différentes opérations et, d’autre
part, le critère d’affectation des points basé sur la zone d’exercice est fortement mis en cause.
L’APE n’est pas consultée pour l’affectation d’un enseignant ou d’un directeur. Elle ne joue aucun
rôle dans la gestion du personnel. Elle souhaiterait pouvoir donner son avis par exemple sur le
maintien d’un bon maître à l’école ou sur le retrait d’un autre incompétent. Le directeur non plus
n’a aucun pouvoir sur le mode de recrutement et d’affectation des enseignants, fonctionnaires ou
non. Il en va de même pour la mairie. Le maire affirme que « la municipalité n’intervient pas dans
le recrutement, et les horaires sont définis par le niveau central. » Le directeur souhaiterait plus
d’autonomie et plus de pouvoir dans la gestion du personnel, par exemple s’opposer à l’affectation
d’un maître vers une autre école ou vers la sienne.
Il n’y a pratiquement pas de conflit, ni entre le personnel, ni entre le personnel et les parents. Le
seul incident mentionné par l’APE est relatif à une altercation entre une enseignante et un parent :
l’enseignante avait violemment frappé un élève, ce que le parent n’a pas apprécié. Il est venu à
l’école et s’est directement adressé à l’enseignante. C’est l’équipe pédagogique qui est intervenue
pour calmer les antagonistes. Excepté cet incident, « c’est la bonne entente entre enseignants
et entre l’équipe pédagogique et les parents. » Selon le directeur, « il n’y a aucun conflit, aucune
difficulté au sein de l’équipe pédagogique : elle est soudée. »
d’où la richesse des débats et des échanges. Le directeur confirme qu’après chaque visite il fait
un rapport qui est consigné dans un cahier de supervision. Il affirme que chacun des 12 maîtres
est contrôlé mais, dans le cahier de supervision, seuls huit rapports sont mentionnés. Il suit les
instructions de l’inspecteur, relatives aux visites de classes qu’il est tenu d’effectuer. Celles-ci ont
trait à la pratique de classe et aux répartitions mensuelles.
• Évaluation
Le directeur est évalué par l’inspecteur, mais il n’a reçu qu’une visite d’inspection l’année dernière,
visite importante pour sa carrière parce que lui permettant d’avancer dans son corps.
Le directeur procède à l’évaluation des enseignants à travers deux modalités : en visant les cahiers
de devoirs et de roulement des élèves, et en effectuant des visites de classe. L’évaluation est
formelle dans la mesure où elle fait l’objet de rapports transmis à l’IDEN. Le directeur tient compte
des visas apposés sur les cahiers au moment de la notation annuelle des maîtres. Cette note
chiffrée est portée à la connaissance de l’intéressé et transmise ensuite à l’IDEN qui, en cas de
contestation, procède aux arbitrages. Pour les maîtres, « cette évaluation est objective : c’est dans
le souci d’améliorer. » Ils soulignent que « le directeur n’a jamais blâmé quelqu’un. »
Selon le directeur, les enseignants sont peu évalués par l’inspecteur. Il note lui-même « qu’avant
l’inspection dont il a fait l’objet l’année dernière, il n’a pas été contrôlé depuis 1994. » Les maîtres
restent souvent dans cette situation pendant trois à cinq ans.
Les difficultés dans la gestion du personnel sont relevées par le directeur en ces termes : « La
fonction de directeur est difficile puisque étant liée à la nature des ressources humaines : les gens
diffèrent selon leur tempérament. »
En résumé, l’inspecteur évalue donc le directeur qui à son tour évalue les maîtres selon plusieurs
modalités. En principe, l’inspecteur doit aussi contrôler le travail des maîtres par des inspections
ordinaires ou des examens professionnels. Mais ces inspections sont rares dans cette école.
Cette situation pénalise les enseignants parce que l’évaluation intervient dans leur carrière. Les
notes attribuées par le directeur ou l’inspecteur permettent aux enseignants d’avancer dans leur
corps.
On constate donc que ni le directeur, ni les enseignants, et encore moins les parents ne sont
autonomes dans la gestion du personnel : ils n’ont aucun pouvoir sur le mode de recrutement et
d’affectation des enseignants, quel que soit leur statut.
qu’elle n’est pas fonctionnelle cette année, elle dispose d’un compte au Crédit Mutuel sénégalais
dans lequel sont gardés les fonds tirés de la location des manuels.
11. Avant la campagne de recrutement au CI, le ministère de l’Éducation détermine le nombre d’enfants à recruter
pour l’année en question. En 2002/2003, l’objectif était de recruter 300 000 enfants, par exemple. Ce nombre est
réparti entre les inspections d’académie et les IDEN, et chaque structure affecte un quota à chaque école.
Pratiquement tous les acteurs sont impliqués dans la campagne de recrutement au CI : le directeur
et son adjoint, les enseignants, les parents d’élèves, l’IDEN qui coordonne les activités et la
municipalité. Le seul critère mis en avant pour le recrutement est l’âge, apprécié par la physionomie
de l’enfant : la présence physique est donc exigée. Cet âge est fixé à sept ans par le niveau central.
L’école ne peut refuser d’inscrire un élève sous prétexte qu’il n’est pas du quartier.
Le choix des manuels et la détermination du calendrier scolaire et des horaires de travail sont du
ressort du ministère, le rôle de l’IDEN et des écoles ne se limitant qu’à l’exécution des directives.
L’école n’est donc pas autonome dans ce domaine.
– de la mise sur pied d’une caisse de solidarité destinée à soutenir les enseignants et les
élèves à l’occasion d’événements heureux ou malheureux, tels que baptême, mariage,
maladie, etc. Chaque membre cotise 1 000 FCFA par mois. Les fonds sont logés dans le
compte d’un maître. La caisse de solidarité a eu à financer :
– l’organisation de la fête de fin d’année : 50 000 FCFA entièrement à la charge de la
caisse de solidarité ;
– le soutien à des élèves malades : deux élèves ont reçu chacun 5 000 FCFA de frais
d’ordonnance ;
– le soutien apporté à des collègues retraités d’un montant de 30 000 FCFA ;
– les prêts accordés à des enseignants.
Inspection
Les inspections sont rares dans cette école. Depuis l’année dernière et jusqu’au moment où l’équipe
est passée, aucun enseignant n’a été inspecté. Seul le directeur a été inspecté en 2002/2003.
Selon le directeur, « il n’y a pas de suivi des inspections et elles sont jugées insuffisantes et
irrégulières. Elles n’ont pas connu d’évolution, demeurant toujours inopinées. »
Ces propos sont confirmés par les enseignants. Ils déclarent ne pas savoir comment les inspecteurs
s’organisent, mais ils ont un objectif de contrôle. « Les dernières inspections à l’école datent de l’an
2000. Elles ne sont pas fréquentes. » Les enseignants attribuent la rareté des inspections au déficit
d’inspecteurs au niveau de la circonscription. Ils estiment que ce sont des inspections bénéfiques
pour les maîtres. Toutefois, certains d’entre eux ont avoué avoir la hantise des inspecteurs, parce
que ne les voyant que rarement.
Le mode d’inspection n’a pas changé avec le temps. L’amélioration souhaitée par le directeur est
de « fixer au candidat une fourchette de temps dans laquelle il sera inspecté et de lui assurer une
formation avant l’examen. » Les enseignants quant à eux souhaitent que les inspecteurs viennent
plus régulièrement ; ils veulent être inspectés sur les « matières essentielles en mettant l’accent
sur les contenus plutôt que sur les préparations. »
Appui pédagogique
Tout comme les inspections, l’appui pédagogique fait défaut dans cette école. Elle est essentiellement
assurée par les cellules d’animation pédagogique : la cellule mère et la cellule de l’école. Mais
dans la mesure où l’inspecteur n’assiste pas aux séances d’animation de l’école, les enseignants
se sentent peu appuyés sur le plan pédagogique.
Conclusion
Deux opinions se dégagent des entretiens avec les différents acteurs.
D’un côté, le directeur et le directeur adjoint estiment que la décentralisation n’est pas achevée,
et qu’elle n’a pas beaucoup changé les choses. Le directeur ne « sent » pas la décentralisation.
« Avant elle, il y avait insuffisance, et cela continue. » Le directeur adjoint nuance la position de
son supérieur et affirme que la décentralisation est à mi-chemin en ces termes : « Les fonds
ont quitté le ministère pour stagner au niveau des collectivités locales. Il faut maintenant qu’ils
descendent jusqu’aux directeurs d’école. » Les enseignants vont dans le même sens en plaidant
pour la création d’un « fonds pour les écoles ».
D’un autre côté, d’autres estiment que la décentralisation comporte beaucoup d’aspects positifs.
Les enseignants, la municipalité et les parents d’élèves sont de cet avis. Pour les enseignants, « les
fournitures arrivent maintenant plus tôt à l’école avec la décentralisation. » Le matériel didactique,
aussi, « est pour l’essentiel plus adapté. » Grâce à la décentralisation, enfin, « la commune participe
au paiement des factures d’eau. »
Pour le conseiller municipal, la décentralisation rapproche l’administration des administrés, « ce
qui facilite la compréhension. » « Les élus gèrent des frères, des sœurs, des parents. […] Dès
que je termine mon mandat, je retourne auprès des miens : on est obligé de bien faire. » La
décentralisation a des avantages et « non des problèmes ».
Les parents d’élèves, eux, voient dans la décentralisation l’allègement des charges des populations.
« Le partenariat a permis de soulager les parents en fournitures. » La décentralisation a également
créé une sorte de prise de conscience. Le transfert des factures d’eau aux parents a permis de
les responsabiliser, ce qui s’est traduit par une réduction sensible du gaspillage et une baisse des
factures d’eau.
Les acteurs ont cependant formulé des critiques sur la décentralisation. Les enseignants « craignent
la privatisation de l’école, parce que laissée à des collectivités locales sans moyens. » Pour eux, il
faut donner plus de moyens aux collectivités locales, ce qui « signifie plus d’autonomie aux écoles. »
« Avant de sevrer quelqu’un, il faut le préparer », confient-ils.
Quant au directeur, il déplore la distance entre les collectivités locales et les écoles. « La collaboration
entre les écoles et les collectivités locales doit être accrue. » Il regrette également le manque de
moyens des collectivités pour répondre aux attentes. Le directeur adjoint va dans le même sens
en préconisant que les fonds descendent jusqu’aux écoles, maintenant qu’ils ont quitté le niveau
central.
L’adhésion des acteurs à la politique de décentralisation est en cours de réalisation. Certains sont
déjà acquis à la cause, les autres suivront, mais ils attendent que la décentralisation soit totale et
que les moyens soient mis à la disposition du niveau local.
salles de classe, dans un même bâtiment, avec un magasin incorporé, a permis de mieux sécuriser
le matériel didactique.
Avec un nombre insuffisant de toilettes (un seul bloc) fortement dégradées, un robinet d’eau
courante alimenté par le forage pour 258 élèves, l’école offre des conditions de travail assez
difficiles.
L’école de la Forêt giboyeuse ne dispose pas de bibliothèque ni de télévision ou d’un quelconque
support audiovisuel. Les apprentissages s’appuient sur les manuels de lecture, de calcul,
d’observation, d’histoire et de géographie, ainsi que de cartes de géographie. Le ratio d’un manuel
par élève n’est pas atteint comme le montre le tableau 3.1.
En dehors du CM1 et du CP où le ratio un manuel pour chaque élève est presque atteint, du CE1 où la
situation est acceptable, le déficit en manuels scolaires handicape davantage les élèves débutants
(CI) ainsi que les candidats à l’examen de fin d’année (CM2). En outre, l’école ne dispose pas de
suffisamment de cartes de géographie, (seulement des cartes économiques et démographiques),
ne possède ni boussole, ni thermomètre, ni globe pour étayer les apprentissages en étude du
milieu. Les enseignants gèrent ces déficits par une documentation personnelle, l’achat, l’emprunt
ou la solidarité de groupe.
Situation de l’éducation
les classes élémentaires (CI, CE1 et CE2) que les cours moyens (CM1 et CM2). La fluctuation
observée de ces effectifs serait due aux campagnes de recrutement.
Par ailleurs, les filles sont plus nombreuses que les garçons dans les classes élémentaires (par
exemple, le CI compte en 2003/2004, 55 % d’élèves filles contre 45 % d’élèves garçons), alors
qu’à des niveaux plus élevés d’enseignement les garçons ont tendance à être relativement plus
nombreux (en CM2, 61 % des élèves étaient des garçons en 2003/2004). Ce constat révèle
un problème récurrent au Sénégal qui est celui du maintien des filles à des niveaux élevés
d’enseignement.
À noter qu’en 2003/2004, les classes de CE1 et de CE2 ont fusionné en une classe multigrade.
Les effectifs et les résultats aux examens varient constamment tandis que l’abandon et les
exclusions ont été nuls ces dernières années comme en témoignent les tableaux 3.3, 3.4 et 3.5.
À l’examen de fin de cycle, les garçons sont plus performants que les filles. Les nombreuses
tâches domestiques auxquelles elles sont confrontées seraient les principales raisons de leur
contre-performance. Au niveau du département, l’école, avec une moyenne de réussite à l’entrée
en sixième qui avoisine les 65 %, dépasse de loin les 38 % de la circonscription en 2002/2003.
Par ailleurs, le bureau actuel de l’APE a été élu en octobre 2003. Il compte huit membres et est
ainsi structuré, d’après le directeur :
– président ;
– vice-président ;
– secrétaire général ;
– secrétaire général adjoint ;
– trésorier ;
– trésorier adjoint ;
– comité à l’organisation (qui consiste en une équipe de parents, chargés de l’organisation
de toute activité initiée par l’APE, et de délégués des villages) ;
– commissaire aux comptes.
Organisation de l’école
Organigramme de l’école
Aux dires du directeur, « il n’existe pas d’organigramme type affiché et diffusé […] L’école fonctionne
cependant selon une organisation interne inspirée par la coutume administrative. » En effet le
directeur a un adjoint qu’il a lui-même désigné. Il est choisi parmi les enseignants selon des
critères professionnels (le grade) et personnels, tels que le sérieux et la rigueur. L’adjoint assiste le
directeur dans l’accomplissement des tâches administratives. Il est titulaire d’une classe et assure
la continuité du service quand le directeur s’absente.
Quant aux partenaires de l’école, ils constituent un dispositif d’appoint de cet organigramme. Il
s’agit de l’association des parents d’élèves (APE), du groupement de promotion féminine (GPF),
de l’ASC, et enfin de la communauté rurale.
Directeur
A
P
E G
A Adjoint suppléant P
S F
C
Enseignants adjoints
Notons au passage que le comité de gestion récemment mis en place n’est toujours pas
fonctionnel.
• Le directeur d’école
Le directeur manage l’école. Il en est le responsable principal qui organise et coordonne le
fonctionnement interne. Il supervise les activités et tâches quotidiennes à travers trois fonctions
principales : l’encadrement pédagogique, les tâches administratives, et le conseil social.
Le directeur sanctionne directement le travail des maîtres par des notes administratives de fin
d’année. Il s’agit là d’une évolution des textes qui confère ainsi un nouveau pouvoir administratif,
récemment dévolu à l’inspecteur départemental. Ce transfert date de 1998 (décret n° 98-286/
MME/DFP/BE en date du 26 mars 1998). Avant cette date, le directeur n’avait pas ce pouvoir de
notation sur les maîtres. Il appartenait à l’IDEN.
Le directeur déclare travailler 29 heures par semaine, comme tous les enseignants, « craie en
main ». La majeure partie de son temps de travail est consacrée à l’enseignement et selon ses
dires : « Au moins les trois quarts de mon temps sont consacrés à la classe que je ne quitte que
lorsque l’Inspection me sollicite (deux fois environ dans le mois). » Il ajoute : « Ma priorité est la
classe que je gère. » Suivent ensuite l’école, puis le collectif des directeurs qu’il coordonne. Comme
il a été mentionné plus haut, il peut, en tant que conseiller municipal, répondre de temps en temps
aux urgences sans compromettre les enseignements selon ses déclarations.
Cette surcharge de travail qui incombe au directeur (notamment du fait de sa fonction de directeur-
relais) l’aurait incité à procéder à une réorganisation interne du fonctionnement de l’école en
déléguant certaines responsabilités aux maîtres. On distingue ainsi un responsable de la cantine, un
responsable des essais (tests et compositions), un responsable du recrutement. Selon ses propos,
« cette distribution des rôles m’allège et me permet de gérer mes autres tâches administratives
et de coordination. »
• Les enseignants
D’après le directeur, les enseignants travaillent beaucoup et assurent les renforcements didactiques
les lundis, mercredis et vendredis après-midi. Les maîtres de CM1 et CM2 travaillent le samedi à
partir du mois d’avril pour la préparation des examens et concours de fin de cycle. En dehors de
ces charges didactiques, les enseignants répondent à de nombreuses autres sollicitations comme
les activités socioéducatives, ainsi que le souligne le directeur.
Les enseignants ont en effet indiqué que, dans une semaine normale, le temps est réparti entre
les tâches de classes, la préparation des leçons, la correction des cahiers, leur propre pratique
sportive, le divertissement, les concertations informelles avec les populations, la recherche de
sujets intéressants pour le maître de CM2. Les enseignants pensent ainsi consacrer 70 % de leur
temps à l’enseignement, le reste du temps étant consacré aux échanges avec les jeunes du village
et aux réunions. Le sport et le divertissement ainsi que les tâches administratives ne sont pas
comptabilisées dans le temps scolaire.
Les enseignants communiquent avec le directeur à travers les réunions, le cahier de communication
et la stratégie informelle de bouche à oreille. Pendant les réunions mensuelles, on examine les
problèmes vécus, d’ordre matériel, pédagogique, administratif, et les problèmes sociaux non
confidentiels. D’après le directeur, tous les enseignants se présentent aux réunions très souvent
initiées par lui-même ou sur la demande d’un ou plusieurs maîtres. Chaque réunion est sanctionnée
par un procès-verbal envoyé à l’IDEN et archivé à l’école.
Les enseignants confirment les bonnes relations avec le directeur et apportent quelques
compléments. Ils précisent en effet que le cahier de transmission est surtout utilisé pour les
autorisations d’absence. Les réunions ne sont pas fréquentes et, quand elles se tiennent, elles
portent essentiellement sur les répartitions mensuelles faites en équipe, la rentrée des classes,
les compositions périodiques, le bilan de fin d’année.
Avec les élèves, les enseignants communiquent oralement en classe. Les réunions sont peu
fréquentes, une seule a été tenue avec la coopérative scolaire depuis le début de l’année. La
coopérative sort progressivement d’une longue léthargie. Sa réorganisation cette année a permis
un démarrage effectif avec l’implantation des instances dirigeantes que sont le bureau et le
commissaire au compte.
• La coopérative scolaire
Créée en 2002, la coopérative scolaire de la Forêt giboyeuse compte 258 membres. Le bureau
a été élu par vote lors d’une assemblée générale. Deux élèves représentent chaque classe. Les
réunions ne concernent que les membres du bureau.
• L’APE
L’union des APE de la zone de la Forêt giboyeuse a été organisée afin de développer une synergie
d’envergure pour l’information, la formation et la responsabilisation des parents analphabètes et peu
impliqués dans la nouvelle dynamique éducative. Les textes qui organisent les APE ne sont connus
par aucun des acteurs de l’école qui déplorent de graves lacunes dans son fonctionnement.
Le directeur pense que l’APE ne convoque jamais de réunions (lesquelles devraient porter
principalement sur la préparation de l’accueil des commissions d’examen). En effet, les enseignants
se réunissent rarement avec l’APE. Elle serait davantage dépendante de l’équipe pédagogique qui
lui dicte ses interventions. Les enseignants ajoutent à l’unanimité que l’APE ignore le rôle qui lui
est dévolu, avec des membres qui ne se réunissent pas et ne respectent jamais les cotisations
fixées.
Pour corriger ces lacunes, le directeur s’est érigé en conseiller en multipliant explications et
orientations. On note toutefois une timide évolution avec l’installation d’un bureau à la place de
l’ex-président qui agissait seul. En outre, l’APE a participé cette année pour la première fois au
désherbage de l’école en travaillant activement aux campagnes de recrutement et en accueillant
les commissions d’examen. Ce regain d’implication des membres de l’APE doit continuer à se
renforcer pour multiplier les rencontres et les initiatives comme le projet d’un champ collectif
d’embouche bovine.
De la perception de ces différents rôles exercés par les acteurs et partenaires de l’école, la
conclusion suivante résume un sentiment largement partagé : les enseignants et le directeur
s’acquittent correctement de leurs tâches. Leurs conditions de travail doivent être améliorées en
clôturant l’école, en installant des toilettes fonctionnelles, en multipliant les robinets, en les dotant
de supports didactiques variés et en quantité suffisante, en comblant les déficits en manuels et
fournitures.
Pour améliorer les rendements de l’APE, une sensibilisation intense et organisée, voire une réelle
formation planifiée seraient nécessaires. Il faut par ailleurs actualiser certains textes inadaptés
aux innovations en chantier : impulsion et management du partenariat, transfert et renforcement
des responsabilités d’entreprenariat scolaire, initiation technologique, introduction des nouvelles
technologies de l’information et de la communication (NTIC). Tout cela nécessite des compétences
nouvelles dans l’espace scolaire pour diversifier l’offre d’éducation.
Par ailleurs, s’il existe un ensemble de partenaires de l’école (le GPF, la « mère des élèves », la
responsable de la cuisine, l’ASC), qui sont essentiels et qui ont largement contribué à l’amélioration
du fonctionnement de l’école, une série de difficultés restent toutefois à surmonter :
– l’épidémie de paludisme à l’ouverture des classes coïncidant avec la fin des pluies. Ils
préconisent la dotation d’une case de santé au village ;
– de gros déficits dans les fournitures scolaires et d’énormes difficultés d’achats pour les
populations pauvres ;
– la cuisine est trop étroite, enfumée, et au dehors le vent ne permet pas de cuisiner
correctement. La construction d’une cuisine fonctionnelle permettrait d’économiser du
bois et d’éviter la fumée ;
– de grandes difficultés pour trouver du bois de chauffe. Des semences de bois sont
nécessaires pour aider les jeunes ;
– si l’école était clôturée, sa surveillance serait beaucoup plus facile et ainsi une seule
personne suffirait pour la surveillance au lieu de trois ;
– de fortes résistances culturelles, telles que « mon enfant n’apprendra pas le français qui
forme des impies » empêchent le recrutement de nouveaux élèves.
Face à ces nombreuses difficultés, l’école ne compte pas réellement sur le soutien du conseil rural
dont l’appui reste très insuffisant. En effet la fourniture au début de l’année, très modeste, est
essentiellement liée à la faiblesse des moyens à la disposition du conseil rural et de ses capacités
d’intervention. Les relations entre le conseil rural et l’école sont pourtant correctes, le conseiller
de la Forêt giboyeuse étant chargé de s’informer au quotidien sur les problèmes de l’école.
Autonomie de l’école
La gestion du personnel
• Recrutement
Le directeur
Le directeur est nommé par le mouvement national d’affectation des enseignants. Cependant,
il suggère la révision de ce mode de nomination. En effet, la commission d’affectation privilégie
le grade alors que, selon le directeur, d’autres critères sont plus objectifs et répondent mieux au
contexte actuel : capacités de management, ouverture d’esprit, capacités d’initiatives, facilités de
contact, etc.
En outre, il n’existe pas de formation spécifique aux nouvelles fonctions de directeur d’école. Celui
de l’école de la Forêt giboyeuse a pu bénéficier d’une formation de deux jours de mise à niveau
en gestion des ressources humaines, financières et matérielles qui sont très utiles dans l’exercice
de ses fonctions actuelles. Il exprime un nouveau besoin de formation sur les NTIC.
Les enseignants souhaitent la prise en compte de critères de compétence dans le mode de
nomination du directeur, et que la durée au poste soit limitée.
Les enseignants
Le directeur ne joue aucun rôle même s’il pense que son avis sur le profil de poste serait d’un apport
précieux pour la commission d’affectation et pour les intérêts de l’école. Les enseignants pensent
que le mode de recrutement des maîtres fonctionnaires ne pose aucun problème, contrairement
aux VE et aux MC. Ils déplorent une certaine injustice. En effet, selon eux, quand les fonctionnaires
font deux ans pour solliciter une mutation, quatre à cinq ans d’ancienneté au poste leur sont
exigés. Par ailleurs, ils regrettent de manière unanime, le sort « d’un ballon de ping-pong qui leur
est réservé, en pouvant être affecté n’importe où et à tout moment de l’année scolaire, sans se
soucier de leurs avis et de leurs conditions sociales. » Les enseignants dénoncent par ailleurs la
diffusion tardive des postes vacants, pénalisant ainsi ceux d’entre eux qui voudraient postuler,
parce que n’ayant pas le temps de constituer leur dossier de candidature.
• Évaluation
Le directeur
L’inspecteur évalue le directeur en fin d’année, à travers les fiches de notation administrative. Cette
évaluation influe actuellement très peu sur la carrière du directeur qui plafonne dans sa hiérarchie
administrative et salariale. Au moment de l’enquête, l’évaluation administrative pour le compte de
2004 n’avait pas encore eu lieu. Comme incitation financière, le directeur reçoit mensuellement
15 000 FCFA intégrés dans son salaire sous la rubrique d’indemnité de direction.
Le directeur se dit bien apprécié par l’IDEN à cause de l’évolution des performances de la zone
depuis son arrivée à l’école. Comme vu plus haut, les pourcentages de réussite aux examens (le
CFEE) ont augmenté : près de 52 % de réussite en 2002, ce qui place l’école en cinquième position
dans le département, pour atteindre 65 % en 2003 et se positionner à la quatrième place des
écoles du département.
Les enseignants
L’encadrement et la formation des maîtres sont assurés par le directeur à travers ses visites de
classes. Celles-ci ne sont pas planifiées. Elles se font inopinément après examen du cahier des
progressions journalières ou sur demande implicite de l’enseignant par une question posée en
récréation. Le directeur exploite une fiche individuelle où il mentionne les faits positifs et les
bonnes initiatives. Ce procédé lui permet d’objectiver en fin d’année les notes attribuées.
Toutefois, si les enseignants apprécient l’encadrement du directeur, ce dernier admet s’acquitter
difficilement des quatre heures hebdomadaires d’encadrement pédagogique de ses maîtres, du
fait de l’accroissement de ses charges administratives. Comme il a été mentionné précédemment,
cette surcharge de travail est liée à ses nouvelles responsabilités de directeur-relais (responsable
de la zone) et aux sollicitations politiques en tant que conseiller municipal.
Les besoins en encadrement et en formation portent sur la pédagogie en général, la préparation
aux examens professionnels et la pratique de classe. Les enseignants souhaitent également
une formation en informatique assortie d’un équipement conséquent incluant un ordinateur à
caractères arabes pour les besoins du maître d’arabe. Par ailleurs, les enseignants suggèrent la
reprise des stages de recyclage pratiqués jadis en formation continue. Ces recyclages porteraient
sur la préparation des adjoints aux fonctions de directeur, sur la législation scolaire et sur la gestion
d’une cantine scolaire.
Les bonnes relations d’entente, de collégialité et même d’amitié entre les enseignants qui
vivent ensemble et mangent ensemble favorisent de riches échanges pédagogiques pendant les
préparations de leçons qu’ils font ensemble. Cette communauté de pratique facilite une bonne
ambiance scolaire et une formation continue mutualisée. En outre, l’encadrement du collectif des
directeurs permet également de pallier l’insuffisance de celui réalisé par le directeur.
Les enseignants, par le travail et l’effort, ont réalisé des performances positivement appréciées
par le directeur qui les encourage à chaque occasion. Cependant, les enseignants estiment que
« cette satisfaction ne se traduit pas en conséquence sur les notes de fin d’année, pénalisant les
enseignants dans les commissions nationales d’avancement des agents, à cause de la faiblesse
des notes (17 ou 18 sur 20) par rapport aux autres en compétition qui présentent des notes
supérieures (18,85 à 19,75 sur 20 ou plus). »
l’essentiel, de l’État et de partenaires comme l’UNICEF. Malgré tout, les enseignants déplorent un
manque de craies, de balances et de compendium métrique. Selon le directeur, avec davantage
d’autonomie dans la gestion des ressources matérielles et les moyens qu’il faut pour cela, l’équipe
pédagogique ferait certainement mieux.
Notons enfin que le collectif ne fournit pas non plus de matériel aux écoles. Il en est de même pour
l’IDEN, excepté la distribution de manuels et fournitures reçus des collectivités locales et du ME.
Pour le directeur, les besoins exprimés tournent autour des doléances suivantes :
– combler le déficit en manuels scolaires ;
– réparer les manuels Sidi et Rama ;
– doter l’école de cartes de géographie (seules les cartes économiques et démographiques
du Sénégal existent à l’école) ;
– doter l’école d’une boussole, d’un thermomètre et d’un globe ;
– doter le village d’un collège pour l’accueil des élèves admis en sixième, obligés d’aller
à Paoskoto et souffrant énormément des nombreuses difficultés de déplacement et
d’hébergement.
• L’IDEN
L’Inspection s’implique et supervise la gestion de l’école à la fois de manière directe au travers
de réunions et d’inspections des candidats aux examens professionnels, et de manière indirecte
au moyen des correspondances ou de l’exploitation des synthèses d’activités du collectif des
directeurs.
Ce contact avec l’IDEN est réalisé grâce à divers supports de communication : le cahier de
transmission, les convocations écrites, les visites, les appels téléphoniques. Ces relations s’exercent
dans le domaine pédagogique et la gestion administrative. Pour les enseignants, les relations
directes avec l’IDEN sont peu fréquentes. Ils passent très souvent par la voie hiérarchique (directeur)
pour toucher l’IDEN. Exception faite cette année, deux enseignants sont allés voir directement
l’IDEN pour lui exposer la nécessité d’une classe multigrade (CE1/CE2) pour combler le déficit en
maître dû au congé de maladie d’une enseignante.
En outre, le directeur précise : « L’IDEN n’appuie pas financièrement l’école qui, cependant, est
bien traitée. »
L’influence de l’IDEN est jugée positive, utile et efficace. Le directeur pense que l’inspecteur est
une personne compétente et pleine d’initiatives. Il déplore cependant certaines lenteurs dans
la réponse à des sollicitations urgentes, comme la demande mentionnée plus haut concernant
le regroupement des classes de CE1 et de CE2 faute de maître. Malgré tout, les relations sont
globalement bonnes et riches.
En résumé, l’IDEN ne prend pas d’initiatives spécifiques pour l’école et son apport se limite au
management général de la circonscription à travers les visites, les examens professionnels et la
distribution des manuels du ME.
• La communauté rurale
L’appui de la communauté rurale reste limité. Cette année, elle a fourni dix boîtes de craies et
quelques cahiers qui ne couvrent guère les besoins de l’école. C’est pourquoi le directeur pense
que « la communauté rurale ferait mieux en impliquant l’école ne serait-ce que dans l’expression
des besoins. »
Les contacts avec la communauté rurale sont rares, parce que peu fructueux. Un des enseignants de
l’école donne pour exemple sa requête auprès du président de la communauté rurale concernant la
prise en charge de l’approvisionnement en eau de l’école par la communauté rurale, comme c’est
le cas pour toutes les collectivités locales (selon l’enseignant). Faute de moyens, la communauté
rurale n’a pas accepté.
Par ailleurs, d’autres partenaires comme le GPF, la mère des élèves et l’ASC jouent également
d’importants rôles à l’école.
• Le GPF
Dans le cadre d’un partenariat avec le PAM, une cantine scolaire d’une capacité d’accueil de
281 élèves pour 20 jours de fonctionnement par mois assure l’alimentation des nombreux élèves
venus de villages polarisés, dont certains se trouvent à plus de 5 km de l’école.
Le PAM donne trimestriellement la dotation en denrées selon la répartition suivante :
– riz : 150 g par repas et par élève ;
– huile : 20 g par repas et par élève ;
– niébé (haricot) : 30 g par repas et par élève ;
– farine : 25 g par repas et par élève ;
– sucre : 10 g par repas et par élève ;
– sel : 5 g par repas et par élève.
À la suite d’un contrat signé avec la communauté, le PAM et cette dernière ont fixé à 300 FCFA la
cotisation mensuelle individuelle destinée aux petites dépenses quotidiennes. Ces dernières sont
gérées par un élève de CM2, assisté du maître responsable de la cantine.
Le GPF, formé des femmes du village, se charge bénévolement de la préparation des repas de
la cantine scolaire. En effet, suite à la démission des deux premières cuisinières qui réclamaient
20 000 FCFA par mois (10 000 FCFA chacune), le GPF assure le fonctionnement régulier de la
cuisine. En divisant les femmes du village (aidées de leurs filles) en trois groupes (groupe du
centre, groupe de gauche, groupe de l’extrême est) qui chacun intervient à tour de rôle, le GPF
gère correctement la cuisine et gratuitement.
Cette contribution spontanée a permis la continuité de la cantine sans laquelle beaucoup d’élèves
auraient abandonné, confie le directeur. Chaque vendredi le GPF organise également une opération
« set setal » (nettoyage de l’école) qui mobilise toute la population.
recrudescence du paludisme, le maître l’informe. Elle prodigue à l’élève malade les premiers soins
en lui administrant quelques calmants, et cherche un moyen d’évacuation auprès des parents, en
charrette souvent empruntée. Ceux-ci se chargent ensuite de l’envoyer au dispensaire, à quelques
kilomètres de la Forêt giboyeuse.
La mère des élèves affirme connaître tous les enfants de l’école, qu’ils soient de la Forêt giboyeuse
ou des autres villages, de même que leurs parents. Elle est aidée par la présidente du GPF et par
la responsable principale de la cuisine. Elle veille strictement au respect des conditions d’hygiène.
Elle se charge en outre de la rotation des groupes de femmes en avisant à temps. Quand une
interruption d’eau intervient, elle ravitaille la cuisine en eau de puits pour éviter le retard ou
l’annulation de repas. Elle admet n’avoir reçu aucune formation, mais elle pense maîtriser les
conditions d’hygiène minimales à respecter, qu’elle énonce en ces termes : « Les enfants doivent
se laver les mains avant et après les repas. La vaisselle doit être propre et le repas prêt couvert
avant l’heure de consommation. »
Très appréciée par l’ensemble de la population (les élèves l’appellent « Maman », toute la population
la félicite et l’encourage), elle tire sa motivation dans la confiance placée en elle, et précise : « Je
préfère que mes travaux domestiques soient en retard plutôt que de négliger cette fonction que
l’on m’a confiée […] Je n’attends aucune contrepartie matérielle ou financière ; que chaque enfant
se sente à l’aise auprès de moi comme auprès de sa mère. »
Le choix de cette dame et la fonction de responsable principale de la cuisine ont été décidés
suite aux pratiques peu transparentes de certaines femmes qui emballaient certaines denrées
en cachette pour les amener chez elles. Elle régule les dépenses quotidiennes qui varient entre
250 FCFA et 350 FCFA, en se ravitaillant pour une semaine au marché hebdomadaire de Dinguiré
(oignons, poisson séché ou fumé).
• L’ASC
L’ASC participe activement à la campagne de recrutement des élèves. Aux dires de son président
(âgé de 29 ans) : « Nous faisons chaque fois le tour des villages polarisés pour sensibiliser les
parents de concert avec les jeunes de ces ASC. » L’ASC de la Forêt giboyeuse a fortement participé
au relèvement des taux d’inscription du CI. En outre, l’ASC assure le désherbage de l’école après
la saison des pluies, collecte du bois pour la cuisine et participe aux opérations hebdomadaires de
nettoyage de l’école. L’ASC dispose enfin d’un comité de vigilance pour sécuriser le ravitaillement
de la cantine. Trois membres sont ainsi obligés de veiller toutes les nuits autour de l’école.
Le président dit s’informer régulièrement des problèmes de l’école car : « Mon seul souci est que
l’école progresse à l’instar des meilleures écoles du pays. »
Inspections
Les visites d’inspection ont été rares cette année. En dehors des deux examens professionnels,
l’école n’a pas bénéficié d’inspection ordinaire. Il convient de noter que le succès des deux candidats
inspectés est lié à l’encadrement du collectif des directeurs mis sur pied par l’IDEN afin de combler
le déficit du corps de contrôle.
Ces inspections ont un impact réel sur la carrière des enseignants qui, bien notés, gagnent des
points dans les commissions de mutation et, admis à l’examen, changent de grade et de grille
salariale. Malheureusement elles sont rares à cause du déficit d’inspecteurs (trois inspecteurs pour
602 maîtres en 2003/2004, alors que la norme fixe le ratio à un inspecteur pour 50 maîtres).
• Genèse et fonctionnement
D’après le directeur, l’idée de relais a germé depuis 2000. Le directeur de la Forêt giboyeuse
dit faire partie de l’équipe pionnière pilotée par l’IDEN. La gestation a duré deux ans. En 2002,
l’expérience est mise en pratique. En 2003, elle est stabilisée et confinée dans un document
support.
En outre, la volonté de rendre fluide la circulation de l’information dans les deux sens – école/
IDEN/école – est à l’origine de cette innovation. S’y ajoute le souci de répondre régulièrement
aux besoins d’encadrement et de formation continue. Pour l’appui pédagogique, les enseignants
pensent que leurs besoins sont à la fois globaux et spécifiques. Par exemple, les débutants
ont besoin d’un appui dans toutes les disciplines, alors que de façon spécifique il n’y aurait
un manque pour le raisonnement mathématique que pour le maître de CM2. Le collectif des
directeurs s’apparente alors à une manière pour l’IDEN de déconcentrer ses charges en exploitant
la proximité, l’expérience et l’expertise des directeurs au profit des enseignants et des directeurs
moins expérimentés qui sont de plus en plus nombreux.
La zone comprend 29 maîtres (24 hommes et 5 femmes) répartis dans les 8 écoles. Cette équipe
pédagogique est composée de 22 VE et MC, 4 instituteurs et 3 instituteurs adjoints.
Selon le directeur, pour l’encadrement et la formation des directeurs d’école, un plan d’action
est élaboré, intégrant notamment des questions liées à la gestion administrative et financière.
L’encadrement des maîtres et des candidats aux examens professionnels est assuré par le collectif
des directeurs sur sollicitation des concernés.
Compte tenu de la position excentrée de la Forêt giboyeuse par rapport à plusieurs écoles, l’école
de Diguiray (14 km de la Forêt giboyeuse) est le siège de la zone où se tiennent les rencontres du
collectif le samedi, jour de « Louma » (marché hebdomadaire) qui regroupe toutes les contrées de
la circonscription, offrant au collectif l’opportunité de faire acheminer plus rapidement les courriers
et autres informations. Un courrier très urgent n’attend pas le samedi.
Conclusion
Les atouts de la décentralisation tiennent essentiellement au fait que les populations sont mieux
informées des problèmes réels des écoles. Elles se sentent valorisées et responsabilisées, plus
conscientes de leurs rôles et de leurs possibilités d’action potentielle.
Les inconvénients de la décentralisation s’observent dans l’application effective qui souffre
d’imperfections et de lacunes dues à la faiblesse des moyens mis à la disposition des acteurs,
à l’analphabétisme de plusieurs élus locaux et au déficit de compréhension et de maîtrise des
compétences transférées.
En particulier, l’impact sur l’école reste encore très faible malgré le regain d’engouement traduit
par l’implication salutaire du GPF, de l’ASC, de la mère des élèves et du réveil encore timide
de l’APE. La faiblesse des capacités financières du conseil rural explique en bonne partie cette
insatisfaction.
Il s’y ajoute qu’au niveau communautaire, la gestion est biaisée par des subjectivismes d’amitié
ou politique et, aux dires d’un enseignant : « Un village de 50 habitants obtient un puits alors que
pour un autre de 100 habitants les mêmes besoins sont omis. En corrigeant une telle mentalité,
on fera certainement mieux dans la gestion des questions d’éducation. »
Infrastructures de l’école
L’école dispose de bornes fontaines et les factures d’eau sont payées par l’APE. Il faut signaler que
la communauté rurale supporte la consommation de l’école à hauteur de 5 m3 d’eau par mois.
Elle a aussi négocié avec le comité de gestion du forage le tarif du mètre cube d’eau pour l’école.
Ainsi, l’école paie 50 FCFA le mètre cube au lieu des 100 FCFA payés par les ménages.
L’école compte 12 salles de classe et un bureau/magasin (il s’agit d’un vieux logement réfectionné).
Quatre des 12 salles de classe ont été construites par Plan-Sénégal. L’école ne dispose pas de
toilettes. En outre, elle comprend un logement occupé par le gardien et un enseignant. L’ensemble
des maîtres ainsi que la majeure partie des élèves habitent à moins de 2 km de l’école.
Le bureau du directeur est un ancien logement, situé dans la cour de l’école. Le bureau dispose du
mobilier suivant : un bureau métallique, une table en bois, trois chaises, une armoire de rangement,
une chaise en plastique, une natte et quatre poufs. Trois des douze salles de classe se trouvent
derrière le bureau, ce qui ne facilite pas leur surveillance par le directeur. En revanche, pour les
autres salles de classe, il est en contact direct avec les maîtres et les élèves. D’ailleurs, l’une des
salles de classe (un CM1) est contiguë au bureau.
Signalons que l’école abrite dans son enceinte un jardin scolaire et un potager sur lesquels nous
reviendrons.
Il ressort des différents entretiens que les acteurs rencontrés connaissent pour l’essentiel
l’organigramme officiel de l’école, même si le directeur ne le cite pas expressément. Si le directeur
adjoint ne figure pas dans les documents officiels, c’est une pratique consacrée par la coutume
administrative, ce que le directeur confirme en ces termes : « L’enseignant le plus gradé est mon
adjoint, quand je ne suis pas là. » Il ajoute que l’adjoint « est aussi responsable de l’encadrement
des autres maîtres. Il s’acquitte de cette mission en élaborant des rapports que je signe. »
Pour les enseignants, « l’école est dirigée par un directeur, considéré comme la personne morale. Il
est secondé par un adjoint que le directeur choisi parmi les enseignants les plus gradés et en qui
il a confiance. L’adjoint le supplée en cas d’absence ou d’empêchement, en exécutant les tâches
courantes d’administration et de contrôle pédagogique : supervision des entrées et sorties, contrôle
des présences, visa des cahiers de préparation, etc. » Les enseignants poursuivent en déclarant :
« Il est, en plus de ces différentes responsabilités, titulaire de classe. » L’équipe pédagogique vient
après l’adjoint, composée des autres enseignants, « craie en main ».
En dehors du directeur adjoint, un maître de semaine est également désigné par le directeur.
Durant une semaine, il est responsable de la bonne conduite des élèves dans la cour de l’école,
surtout avant et pendant la récréation. Il tient aussi le cahier des visiteurs dans lequel les
événements marquants de la semaine sont mentionnés telles que les visites d’inspection, de
personnes étrangères, etc. Cette fonction, même si elle n’est pas contenue de manière expresse
dans les textes officiels, est néanmoins institutionnalisée par la coutume administrative des écoles
élémentaires.
Cette hiérarchisation constitue, d’après les enseignants enquêtés, le noyau dur de l’organigramme
de l’école, complété par les pôles de responsabilité suivants : la coopérative scolaire, l’animation
culturelle et sportive, la solidarité sociale, les essais préparatoires aux examens de fin de cycle,
l’association FED fondée par les enseignantes de l’école pour initier les jeunes filles aux activités
pratiques, etc.
En effet, dans le cadre de la gestion collégiale, le directeur affirme que les enseignants sont
responsabilisés à la rentrée des classes sur la base du profil et du volontariat, lors de la réunion
consacrée à la répartition des charges. On distingue donc :
– le responsable de l’équipe pédagogique ;
– le responsable de la coopérative scolaire ;
– le responsable du jardin scolaire ;
– le responsable de la boutique scolaire ;
– le responsable de la pharmacie scolaire ;
– le responsable de l’association FED ;
– le responsable des compositions d’essai (destinées aux élèves candidats aux examens
scolaires tels que le Certificat de fin d’études élémentaires ou l’entrée en sixième).
Ces pôles de responsabilités cités par les différents acteurs constituent des structures de gestion
participative initiées au sein de cette école. Dans ce cadre, le directeur estime que « l’approche
préconisée est importante : les responsabilités sont partagées et chacun s’assume. Si on échoue,
c’est l’école ; si on gagne, c’est l’école. »
Signalons enfin l’APE, qui est une structure partenaire de l’école et qui se situe en dehors de
l’organigramme officiel, tel que mentionné par les enseignants. En outre, tous les acteurs enquêtés
s’accordent à reconnaître qu’il n’existe aucun texte règlementant son organisation. Par exemple,
pour le président de la communauté rurale, « l’APE est une structure souveraine mais n’ayant
pas encore de statut. Structure très utile, elle doit s’activer pour impulser les relations et le
partenariat. »
L’APE de l’école Sam existe depuis 1951. Les populations ont été à l’origine de sa création. Le
bureau de l’APE (BAPE) comprend un président, un vice-président, un trésorier, un commissaire
aux comptes, un secrétaire administratif et un secrétaire administratif adjoint, un secrétaire à
l’organisation. Le directeur précise : « Le nouveau bureau vient d’être renouvelé, parce que l’ancien
ne prenait pas suffisamment en charge les problèmes de l’école. »
• Textes officiels
Les textes officiels (en particulier le décret n° 79-1165 du 20 décembre 1979 relatif aux
programmes et horaires de l’enseignement élémentaire) définissent précisément les rôles des
différents acteurs régissant le fonctionnement de l’école mais, de l’avis du directeur, « bien que les
tâches dévolues au directeur soient définies dans les cahiers des charges, leur application pose
problème, dans la mesure où un directeur pas bien formé ne peut pas bien gérer. »
En outre, les textes n’ont pas évolué depuis 1979. Cependant, les cahiers des charges complètent
ce décret et inaugurent un nouvel ordre scolaire : l’incitation au partenariat, à l’implication du
milieu, à la collaboration et à la construction de l’école. Les élèves sont les principaux acteurs de
la CS, conformément aux dispositions officielles. Les enseignants ont cité par ailleurs le règlement
intérieur comme texte définissant le code de conduite à l’école, élaboré par l’équipe pédagogique
et affiché dans les classes.
• Surcharge de travail
En dehors des tâches habituelles d’enseignement, les enseignants disent être impliqués dans la
gestion scolaire. Ils illustrent leurs propos en soulignant l’installation d’un centre d’accueil dans
le cadre de l’amicale des enseignants. Ce centre d’accueil est destiné aux élèves des écoles qui
présentent des candidats aux examens scolaires se déroulant à l’école Sam.
Toutefois, les enseignants notent un premier décalage entre l’ambition des textes et leur faisabilité,
faute de moyens, et un deuxième décalage entre ces textes et certains besoins réels, comme
l’absence de disposition légale pour l’insertion des élèves victimes de déperdition scolaire ou la
promotion de la tenue scolaire. Cependant, ils approuvent la création des pôles de responsabilités
par le directeur. Cette délégation du directeur permet d’éviter une concentration de tâches ainsi
que les lenteurs et autres inefficacités. Ils l’expliquent en ces termes : « Le directeur ne peut pas
être partout à la fois. Il est dans un service où la continuité doit jouer sa partition. »
– Mardi : même travail. À partir de 10h, le directeur affirme contacter l’IDEN, en tant que
directeur-relais, pour prendre les dernières informations.
– Mercredi : ventilation du courrier destiné aux écoles de la zone. (Ce courrier est
essentiellement constitué de convocations, de matériels ou d’informations.)
– Jeudi : même programme que le lundi.
– Vendredi : à partir de 13h, visas des cahiers : cahiers de roulement par classe, de devoirs
(échantillon par classe), cahiers de leçons (même technique que pour le choix des cahiers
de devoirs), cahiers de conseils, cahier du maître de semaine, etc. ; visa du cahier des
malades.
– Samedi : les classes à double flux font cours mais le directeur dit qu’ « il ne vient pas. »
Le directeur déclare consacrer la majeure partie de son temps aux activités pédagogiques, même
si le travail administratif requiert également du temps. Sur le plan pédagogique, il peut être relayé
par son adjoint.
La présence permanente du directeur à l’école a été notée par la plupart des acteurs. Selon eux,
« l’école, c’est comme sa famille. » Le représentant de l’ONG Plan le confirme en disant ceci : « S’il
n’est pas à l’IDEN, il est au bureau. » Le directeur déclare qu’il « ne passe que deux jours par mois
en dehors de l’école : un jour à l’IDEN en tant que directeur-relais, un autre jour à la communauté
rurale. Pour lui, ses tâches ont évolué, suite à l’introduction de la fonction de directeur-relais. » Il
convient de souligner qu’en tant que directeur-relais, il n’a qu’une fonction de liaison administrative
entre l’IDEN et les écoles de la zone couverte, de médiation en cas de conflits entre enseignants
ou entre enseignants et communauté, et enfin de sensibilisation lors des recrutements au CI.
Néanmoins, de l’avis des enseignants, « pour améliorer l’exécution des charges du directeur, les
sollicitations externes dont il est l’objet devraient diminuer. Pour eux, les textes doivent évoluer dans
le sens d’une correction de ce déséquilibre qui alourdit les charges administratives au détriment
de l’encadrement pédagogique. » Or cette proposition contredit les déclarations du directeur selon
lesquelles ses absences n’étaient pas régulières, tout au plus deux fois par mois. Donc, il semble
que même s’il est toujours à l’école, les enseignants souhaiteraient le voir plus fréquemment dans
leurs classes pour bénéficier de sa part d’un encadrement pédagogique.
Autonomie de l’école
La gestion du personnel
• Recrutement
Le directeur a été nommé par voie de compétition par le ministère de l’Éducation (ME), après avoir
assuré l’intérim pendant deux années scolaires. Sur ce mode de nomination, le directeur et les
enseignants considèrent qu’il est plus « sérieux » que le mode actuel de nomination des VE.
Le directeur explique qu’en ce qui concerne le recrutement du personnel enseignant, qui incombe
soit au ME (enseignants fonctionnaires et MC), soit à l’IDEN (VE), le rôle du directeur se limite à
l’expression de ses besoins au regard des postes vacants dans l’école. Il ajoute qu’il « n’a pas à
légiférer sur la gestion du personnel, ce n’est pas son rôle. Un directeur d’école ne doit pas être
un législateur. »
De la même façon, au niveau du mode d’affectation des enseignants fonctionnaires, le directeur
ne joue aucun rôle, en dehors de celui d’émettre son avis sur les demandes des intéressés et
de le transmettre à l’autorité hiérarchique. Quant aux VE et aux MC, ils ne peuvent pas quitter la
localité d’affectation.
Dans cette école, tous les enseignants sont recrutés et payés par l’État. Sur le recrutement des
enseignants, les membres du BAPE déclarent : « On se réveille, on voit un nouveau maître, quand
on les affecte aussi, on ne consulte pas l’APE. »
• L’encadrement pédagogique
L’encadrement des enseignants s’effectue suivant deux formules.
D’une part, il se réalise au travers de visites de classe : le directeur dispose à cet effet de fiches
de suivi. La périodicité est de deux visites pour les directeurs déchargés de classe comme lui. Pour
les directeurs titulaires de classe, la périodicité est d’une visite tous les 15 jours. Le programme
annuel, arrêté d’un commun accord avec l’IDEN et les autres directeurs-relais, porte sur les
thèmes tels que les affichages réglementaires, les documents du maître, le travail écrit des élèves,
l’observation des leçons ou la gestion de la classe. Ces visites sont instrumentées avec des fiches,
lesquelles sont ensuite transmises aux directeurs-relais qui en font la synthèse.
D’octobre 2003 à mars 2004, le directeur-relais a réalisé dans son école les visites de classe
suivantes :
– 6 janvier 2004 : CI double flux (lecture) ;
– 6 janvier 2004 : CI (langage) ;
– 7 janvier 2004 : CM1 B (affichage réglementaire) ;
– 13 janvier 2004 : CE2 B (histoire : « L’agriculture hier et aujourd’hui ») ;
– 13 janvier 2004 : CE2 B (orthographe : « On et ont »).
Cinq maîtres ont ainsi été visités depuis le début de l’année scolaire.
D’autre part, l’encadrement des enseignants peut se réaliser dans le cadre de la cellule interne
de l’école Sam. Celle-ci est dirigée par le directeur adjoint et regroupe les enseignants de l’équipe
pédagogique en principe au moins une fois par mois (notons qu’elle ne s’est pas encore réunie
cette année). Son programme est élaboré sur la base des besoins exprimés par les enseignants.
Son fonctionnement est moins rigide car elle ne regroupe que les maîtres de l’école.
Dans cette cellule, le directeur adjoint est responsable de l’encadrement des sortants des écoles
de formation, des candidats aux examens professionnels et des visites de classe. Durant ces
visites, le directeur adjoint s’intéresse à l’affichage réglementaire et à l’emploi du temps. Il s’assure
de leur respect par le maître et contrôle une leçon. Après cette observation, s’il existe un désaccord
sur un point pédagogique, le directeur adjoint profite de la récréation pour le soulever en présence
de l’équipe pédagogique.
Pour les candidats aux examens professionnels, l’encadrement porte sur la répartition mensuelle
(examen de la répartition mensuelle en collaboration avec le directeur), les préparations des leçons,
le registre d’appel journalier. De plus le vendredi, le directeur adjoint examine avec le directeur
les cahiers de devoirs à viser et lui rend compte des prestations pédagogiques observées. De
l’avis du directeur adjoint, « l’école tient tellement à la réussite de ses candidats que j’accentue
l’encadrement. »
En dépit de ces structures innovantes, les besoins de formation des enseignants persistent, ce
qui explique la nécessité de la présence effective de l’IDEN ou du traitement de leurs besoins par
ses bureaux. En outre, concernant le rôle du directeur dans le fonctionnement de ces différentes
cellules ou des visites de classe, il reste marginal dans la mesure où ses adjoints ont proposé
l’allègement de ses charges administratives. Le directeur a d’ailleurs lui-même exprimé le besoin
d’être formé à la gestion de ses sollicitations administratives et pédagogiques. Le directeur adjoint
a aussi déclaré que, le vendredi, il rend compte au directeur des visites qu’il a effectuées, révélant
que la tâche d’encadrement pédagogique lui incombe pour une grande part.
Le directeur souligne enfin la difficulté du contrôle des cahiers de préparation au regard de leur
nombre élevé. En effet, étant directeur d’une école de 12 classes, il peut facilement se retrouver
avec quatre à cinq fiches par classe en moyenne, soit en tout près d’une cinquantaine voire
une soixantaine. Il lui est impossible, dit-il, de faire un tel travail tous les matins. Aux dires du
directeur, il « vise les préparations écrites sans les lire », ce qu’il trouve « anormal ». Ce problème,
le directeur déclare ne l’avoir pas encore réglé. La solution qu’il a retenue, est de « cultiver entre
eux et lui une entente sur la base d’une confiance mutuelle ; pour sa part, il a une responsabilité
et il l’endosse. »
• Évaluation du personnel
L’évaluation des enseignants incombe au directeur d’école et se réalise :
– au cours de la réunion consacrée en début d’année scolaire à la répartition des cours
entre les enseignants. Le directeur déclare : « Je connais le profil des maîtres pour les
affecter à tel ou tel cours » ;
– au regard des absences injustifiées du personnel enseignant ;
– sur la base des initiatives prises par les maîtres.
L’évaluation doit ainsi veiller au respect des orientations définies par le directeur : participation
aux activités scolaires, ponctualité, efficacité. Pour lui, l’évaluation est une affaire confidentielle
entre le directeur et l’enseignant noté. Les charges sont données en début d’année et évaluées
en fin d’année.
Au terme de l’évaluation, celle-ci doit être notifiée à l’enseignant. En cas de contestation de
l’évaluation, un rapport est fait par le directeur et transmis à l’IDEN. Sur cet aspect de l’évaluation
des maîtres, ces derniers ont déclaré : « À ce jour, aucun conflit ou contestation n’ont été
enregistrés à la suite de la notation du directeur. » D’ailleurs, ils disent « préférer la notation du
directeur, beaucoup plus proche du champ didactique que l’inspecteur départemental. » Pour le
directeur, « avant les cahiers des charges, il y avait confusion au niveau des rôles. Maintenant, il
y a changement des rôles. »
Les différents acteurs sont satisfaits des performances du personnel enseignant en raison des
résultats obtenus. Sur la gestion du personnel, le directeur déclare : « Je n’ai pas de problèmes.
Je dois pérenniser l’atmosphère. Un directeur dirige une école avec des personnes. »
L’évaluation du directeur, quant à elle, est du ressort de l’IDEN.
Le nombre de livres d’élève par classe est exposé dans le tableau 3.9. En vue de faire face à
l’entretien des manuels, une cotisation de 50 FCFA par manuel a été instaurée par le directeur
pour constituer un fonds destiné à acheter de la colle et à réparer les manuels détériorés. Le
directeur confie : « Notre politique est de mettre le livre à la disposition des élèves. Il s’agit de faire
pérenniser la politique de gratuité des manuels à l’école. L’école réclame 50 FCFA au lieu des
100 FCFA fixés par l’IDEN. » Dans ce domaine, le directeur estime que « tous les acteurs jouent le
jeu, et il ne fait pas de complaisance, ni d’enchère. »
– contexte du projet ;
– objectif du projet ;
– activités prévues ;
– dispositif d’évaluation ;
– budget du projet.
Ce qu’il faut retenir de ce projet, c’est qu’il est la copie conforme de deux autres projets de
la circonscription vus par l’équipe de recherche. On est même en droit de se demander s’il ne
s’agit pas d’une simple formalité administrative pour bénéficier d’un financement dans le cadre
du PDEF.
Le directeur est aussi associé à la synthèse des besoins exprimés par les écoles à la communauté
rurale (achat de craies ou de cahiers). Cette année, la communauté rurale a donné un cahier
par élève et des craies de novembre en janvier. Elle a aidé l’école à nouer des partenaires avec
l’extérieur : il s’agit de la mairie de Neville et de l’ONG Rencontres francophones.
Malgré tout, le directeur pense que pour améliorer leurs relations, « la communauté rurale devrait
être plus présente à l’école. » La communauté rurale dispose de moyens financiers limités, qui
s’élèvent à 1 200 000 FCFA pour neuf écoles. C’est pour cette raison qu’elle s’acquitte difficilement
de ses tâches.
L’association « Femme, école et développement » (FED)
Née de l’initiative des enseignantes de l’école, cette association est un partenaire dynamique
dans le domaine de la formation pratique des élèves et de la correction des stéréotypes sexistes.
Avec l’appui de la communauté rurale, elle a bénéficié d’un financement qui lui a permis de
faire fonctionner plusieurs ateliers et d’intéresser aussi bien les garçons que les filles par ses
activités.
Les ateliers de l’association FED allient pratique et théorie. Cette option réfléchie et délibérée
intéresse les enfants. Ainsi, celles ou ceux qui quitteraient l’école pourraient « se débrouiller »
avec les rudiments reçus et embrasser un métier pour l’avenir. La communauté rurale soutient
l’association en lui prodiguant des conseils et des encouragements. Elle l’a mise aussi en relation
avec des partenaires européens. Ces derniers ont financé l’équipement des différents ateliers
et, aujourd’hui, chaque atelier dispose de tout le matériel nécessaire à son fonctionnement.
Aujourd’hui le patrimoine de l’association est très important : ustensiles de cuisine, matériels de
coiffure et machines à coudre sont ainsi disponibles.
Toutefois le problème de la pérennisation de ses activités reste posé. Sur les sept membres
fondateurs, il n’en reste plus que trois dont deux risquent de quitter l’association cette année.
D’ailleurs, c’est l’une des raisons pour lesquelles les activités n’ont pas encore démarré cette
année. L’espoir est tout de même permis, puisque l’une des fondatrices habite le village, et le
patrimoine de l’association est riche et varié.
L’ONG Plan-Sénégal
L’ONG Plan-Sénégal, présente depuis 1982, est décrite par les différents acteurs comme étant
impliquée efficacement dans le fonctionnement de l’école Sam. Outre la construction des salles de
classe (4 classes sur 12), de l’équipement en mobilier et du mur de clôture construit, elle a fourni
à l’école du matériel didactique (cahiers et petites fournitures). Le représentant de Plan-Sénégal
résume l’action de l’ONG en ces termes : « Plan-Sénégal donne des fournitures à tous les 165 élèves
de CI. Du CP au CM2, seuls les élèves parrainés reçoivent des fournitures. Quant à la bourse, elle
est accordée selon les montants suivants : 75 000 FCFA pour les filles et 50 000 FCFA pour les
garçons. Cette discrimination est une stratégie d’incitation à la scolarisation et au maintien des
filles à l’école. » Tout en reconnaissant ces efforts, les élèves du bureau de la coopérative scolaire
ont souligné : « Cette année, l’aide est arrivée tardivement, et certains parents avaient déjà acheté
le nécessaire pour leurs enfants. »
En outre, elle construit, équipe et offre des fournitures scolaires. Actuellement, elle a un projet de
construction d’un bloc sanitaire. L’école a déjà versé ses 40 000 FCFA de contrepartie. Elle appuyait
les sessions de formation organisées au niveau de la zone. Le directeur juge leurs interventions
comme étant efficaces et utiles. Selon le directeur, « quand l’ONG Plan construit un mur, une
classe, ou finance la formation des maîtres, c’est un appui. »
Néanmoins, de l’avis du directeur, « pour améliorer ses interventions, Plan devrait, même si l’IDEN
est en accord avec elle, associer le directeur, les enseignants et l’APE. » Il ajoute : « Les techniciens
sont laissés en rade. Ce qui fait qu’il peut y avoir des manquements (non-respect des normes de
construction), sans que les techniciens ne les signalent ; une fois que l’accord de l’IDEN est obtenu,
je ferme les yeux sur tout : vol de matériaux par exemple. » Ainsi, le directeur déclare que « ces
représentants se réunissent sans les enseignants, prennent leurs décisions et les informent. » En
effet, selon lui et le maître de tutelle de la CS, « la gestion des interventions de l’ONG au sein de
l’école se fait de manière plus ou moins archaïque. »
Par ailleurs, différents acteurs externes à l’école, tels que la mairie de Neville (qui a équipé la
cuisine de l’association FED et le potager de l’école), les Rencontres francophones (qui ont envoyé
des manuels, des chaises et des tables), participent également à l’amélioration des conditions
de travail des élèves et des maîtres. Pourtant ces ONG ne se concertent pas, ce que déplore le
président de la communauté rurale : « Plan-Sénégal est un grand partenaire, mais il agit seul. Il
ne s’accorde nullement aux programmes internes. Il a promis de changer sa pratique, ce que la
communauté rurale accueillerait favorablement. »
Inspection
De l’avis des enseignants et du directeur, les inspections sont effectuées par les inspecteurs
de l’IDEN. Le directeur explique que, en principe chaque année, il dresse la liste des maîtres à
inspecter qu’il transmet à l’IDEN. Son critère consiste à recenser ceux qui sont restés pendant deux
ans sans être inspecté. Le déroulement d’une inspection se présente comme suit :
– présentation de l’inspecteur au maître ;
– objectif de l’inspection annoncé au maître ;
– production du bulletin d’inspection par l’inspecteur à la suite de la ou des leçons
observées.
Durant l’entretien, le directeur est présent, ce qui lui permet de vérifier si ses conseils ont été pris
en compte par le maître.
Pour le directeur, les inspections permettent « à l’autorité de remettre les pendules à l’heure ».
Le directeur les considère comme « bénéfiques et formatives ». En effet, pour lui, « elles devraient
être plus fréquentes. Les maîtres les réclament, parce qu’ils sont restés quatre ans sans être
inspectés. Par exemple, les quatre maîtres qui sont sur la liste de cette année l’ont demandée. »
Pour les enseignants, « le passage de l’inspecteur est rare et inopiné, mais il est toujours riche en
enseignements. »
Sur la question relative au nombre d’inspections effectuées en 2002/2003, leurs avis divergent.
Pour les enseignants, il n’y a pas eu d’inspection en 2002/2003, alors que pour le directeur,
l’école en a reçu deux. Cette année, les enseignants parlent de trois, et le directeur en dénombre
cinq, y compris l’inspection de direction qu’il a reçue et qui avait une valeur formative, suite à
l’introduction des projets d’école.
Appui pédagogique
Le directeur déclare avoir reçu une formation d’une semaine, après sa nomination aux fonctions
de directeur. Cette formation a été organisée par l’Inspection d’académie de Kaolack. En outre,
il a participé à deux ou trois séminaires sur les cahiers des charges, ce qui lui permet, en cas de
manquement professionnel de la part d’un enseignant, de rappeler à ce dernier les dispositions
des cahiers des charges dans le volet réservé au maître.
Le directeur-relais est l’interface entre l’IDEN et les écoles de la zone. Bien qu’étant le représentant
de l’IDEN dans la zone, il ne prend pas de décision. Ses fonctions portent sur :
– la transmission du courrier dans le sens écoles/IDEN et inversement ;
– la coordination des écoles sur le plan administratif ;
– la synthèse des fiches de suivi provenant des écoles de la zone.
La cellule d’animation pédagogique mère prend en charge l’encadrement et la formation continue
des enseignants de la zone. Ainsi, la cellule d’animation pédagogique mère de la zone regroupe
12 écoles pour un effectif de 55 enseignants. L’assemblée générale de la cellule élabore son
programme annuel sur la base des besoins exprimés par les enseignants. La cellule est tournante
et se tient deux à trois fois par mois. Les enseignants viennent à ces réunions de cellule par leurs
propres moyens. Les contenus du programme annuel portent sur la pratique de classe.
Malgré toutes ces activités développées dans le cadre de l’encadrement des enseignants,
ces derniers, y compris le directeur, ont exprimé des besoins de formation dans les domaines
suivants :
– initiation en informatique, même si l’école n’est pas électrifiée et ne dispose que d’un
ordinateur offert par Plan-Sénégal ;
– dynamique de groupe ;
– didactique du français ;
– activités manuelles ;
– utilisation des manuels de l’INEADE ;
– gestion du temps par rapport aux sollicitations administratives et pédagogiques du
directeur ;
– techniques de jardinage, de comptabilité et d’aviculture pour les enseignants responsables
de pôles.
Conclusion
Au terme de cette enquête, les thèmes les plus récurrents dans les propos des acteurs tournent
autour des questions suivantes :
– La nécessité d’une plus grande concertation entre les différents acteurs sur les questions
qui touchent à la vie de l’école. En effet, les enseignants souhaitent que leurs besoins,
en matière d’encadrement notamment, soient pris en compte et que les problèmes qu’ils
soulèvent soient traités. Par ailleurs, même si les enseignants comprennent que leur
directeur occupe également la fonction de directeur-relais de sa zone (ce dernier a par
conséquent la charge de la résolution des conflits de sa zone), ils réclament sa présence
de manière plus régulière.
– Par ailleurs, le président de la communauté rurale et le directeur souhaitent être associés
à tout ce que Plan-Sénégal entreprend à l’école. Une telle approche partenariale éviterait
que les bénéficiaires (élèves, enseignants et parents d’élèves) ne se considèrent comme
des personnes étrangères au cours de la réalisation d’une œuvre collective (construction
de salles de classe, de murs de clôture ou autres). Même les élèves ont demandé à ce
que les appuis de Plan-Sénégal arrivent à temps, ce qui éviterait à l’ONG de fournir une
dotation déjà achetée par les parents d’élèves. Une simple concertation entre partenaires
permettrait donc une allocation efficace des dépenses destinées à l’école.
– Les initiatives gagneraient à être bien mûries, telles que les ateliers de l’association FED,
du potager, du jardin scolaire et de l’opération de ramassage de peaux de mouton. Toutes
ces bonnes initiatives, parce qu’elles ne sont pas bien encadrées, risquent de ne pas
servir l’école. Il convient de souligner également l’importance de la pérennisation des
activités car, comme il a été mentionné précédemment, faute d’animatrices, les ateliers
de l’association FED risquent de ne pas démarrer cette année, malgré le patrimoine dont
elle dispose. Le potager et le jardin scolaire fonctionnent sans que les élèves n’en tirent
aucun profit. Seul le gardien en est le principal bénéficiaire.
– L’APE doit faire l’objet d’une attention particulière, et la disponibilité des textes
réglementaires permettrait de clarifier les rôles des différents membres et favoriserait
la transparence et la responsabilisation dans la gestion du budget du BAPE.
– Le décret relatif à l’organisation de la coopérative scolaire devrait être effectif à l’école.
On ne peut pas instaurer une structure et ne pas permettre à ceux qui la gèrent de ne
pas disposer de l’instrument de gestion prévu à cet effet.
– En ce qui concerne la question de l’autonomie de l’école, l’agent de développement
communautaire de Plan-Sénégal pense que « davantage d’autonomie serait une bonne
chose pour l’école. Mais une autonomie sans moyens n’en est pas une. Le préalable
d’une autonomie accrue, c’est des moyens disponibles. »
– Globalement, le directeur estime que si la décentralisation est bien comprise, elle donne
des résultats. C’est pourquoi, selon lui, « elle ne doit pas être conduite de manière
unilatérale. Les écoles sont assez autonomes. Ce dont elles ont besoin, c’est d’être
contrôlées davantage. » Il estime que les acteurs des écoles ne sont pas bien formés
pour bénéficier de davantage d’autonomie.
rencontrent dans le quartier avec une forte majorité de Wolofs, ethnie dominante, ainsi qu’une
forte population musulmane.
Ce quartier n’a connu que trois chefs depuis 1951, dont le parrain de l’école Randoulène nommé
le 13 décembre 1951 par décision de l’administration coloniale.
De nombreuses infrastructures existent dans ce quartier. La première école créée en 1950, un
collège d’enseignement moyen (CEM), deux instituts islamiques, un grand marché à deux mètres
de l’école, plusieurs boutiques de Mauritaniens assurant le commerce de détail, un grand magasin
de commerce de gros, des quincailleries et dépôts de ciment, un cinéma construit en 1955, une
maison des Jeunes, deux boulangeries modernes, un dispensaire dirigé par un infirmier d’État, un
hôpital construit en 1978 avec des médecins spécialisés et abritant des laboratoires et un bloc
chirurgical.
Le quartier dispose également d’une importante infrastructure routière et de places publiques.
Avec plusieurs routes non bitumées, le quartier est finalement facile d’accès.
Grâce à ses infrastructures et à sa position centrale dans la ville, le quartier vit aujourd’hui une
explosion démographique de concert avec la montée de la délinquance, des vols et cambriolages,
ce qui nécessite l’électrification de certaines artères ainsi que l’installation d’un poste de police.
Phosphates-ville, dans le même groupe scolaire que l’école actuelle qu’il dirige (Randoulène). Il a
servi comme adjoint à Randoulène Sud 1 jusqu’en 1999, date à laquelle il est nommé directeur
de l’école Randoulène par le biais de la compétition nationale.
L’équipe pédagogique est composée de 15 maîtres dont un arabisant et de deux suppléantes.
Tous les enseignants sont des fonctionnaires titulaires d’un Certificat élémentaire d’aptitude
pédagogique (CEAP) ou d’un CAP. Neuf de ces maîtres sont titulaires du CEAP et six ont le CAP.
– volet santé ;
– volet commission artistique ;
– volet pédagogique.
La responsable de l’assainissement/salubrité veille sur l’environnement, l’hygiène, les toilettes. La
responsable du volet santé assure aux blessés les premiers soins et s’occupe des cas urgents. La
responsable du volet artistique coordonne le montage des sketchs, des chœurs « en attendant les
moyens nécessaires pour développer l’activité artistique », aux dires du directeur.
« Quand je suis arrivé à l’école, il n’y avait pas d’APE », souligne le directeur qui ajoute avoir
convoqué une réunion avec un des rares parents d’élèves actif. Pendant cette rencontre, un
consensus avait été trouvé pour le remplacement de ce parent d’élève à la tête de l’APE sur sa
demande, par l’actuel président. Ce dernier, d’après le directeur, confirmé par le bureau de l’APE,
a réussi à mettre sur pied « un bureau dynamique » qui a pu rencontrer les notables du quartier.
Au sein de l’école existe une coopérative scolaire qui rencontre également des problèmes de
recouvrement de cotisations, d’après le directeur, du fait de la pauvreté des familles vivant dans
le quartier. Malgré tout, une assemblée générale a mis sur pied un bureau « qui fait face tant bien
que mal aux petites réfections », souligne le directeur. Ces différents acteurs internes de l’école
fonctionnent suivant un dispositif implicite que l’on peut schématiser de la manière suivante :
Directeur
CS
A
P
E
Directeur adjoint
Adjoints
Le directeur adjoint se distingue par son grade supérieur qui le rend plus proche du directeur
comme suppléant immédiat.
• Budget temps
Concernant le budget temps, le directeur joue un rôle de gestionnaire administratif, ce qu’il illustre
en ces termes : « Je suis chargé de deux bulletins d’encadrement obligatoire par semaine. » Il
précise : « Le travail administratif prend plus de temps : affichage, statistiques, bulletins de notes,
correspondances diverses, envoi et gestion des pièces périodiques. » Cependant, en dehors des
réunions départementales et des sollicitations du Collectif des directeurs d’école élémentaire
(CODEE), le directeur estime passer plus de 95 % de son temps à l’école. Il souligne également une
certaine évolution de ses fonctions se référant à de nouvelles charges, comme l’organisation de la
kermesse départementale, les tests communaux, la distribution des prix, le jeu Gëstu (compétition
départementale), dans lesquelles il est impliqué.
Se référant aux textes officiels, les enseignants estiment leur budget temps à 90 % consacré aux
activités d’enseignement et apprentissage et souhaitent une révision de ces textes qui permettent
de « légaliser les cours supplémentaires payés » et de leur donner « la possibilité de mettre en
œuvre des activités génératrices de revenus susceptibles d’accroître les capacités de financement
interne de l’école. » La surcharge de travail qui incombe aux enseignants leur rend difficile
l’accomplissement des tâches administratives (affichages, tenues des registres, planification, etc.).
Les enseignants affirment en effet travailler en dehors de leurs horaires de travail pour remplir
leurs tâches (travail de nuit, de week-end, etc.).
gérer nous-mêmes sans heurter quelqu’un, on l’aurait fait. » À l’unanimité, les parents déplorent ne
pas connaître le montant actuel de la caisse ni les dépenses effectuées. En dépit de leur volonté
de remettre en cause la gestion de leur fonds par l’école, du fait de leur ignorance des textes, ils
pensent ne pas disposer d’autres moyens de recours.
Avec la coopérative, en dehors des interventions du maître de tutelle, les relations sont timides
« parce qu’il n’y a pas matière à discuter, les collectes de fonds étant très faibles », affirme le
directeur.
Autonomie de l’école
La gestion du personnel
• Recrutement
Le directeur est nommé par le mouvement national après compétition. Le directeur de l’école
évoque la possibilité d’intégrer « d’autres considérations [qui] sont utiles pour dégager une
aptitude. » Cette position est largement partagée par les enseignants qui soutiennent que le critère
d’ancienneté n’est pas suffisant pour nommer un directeur compétent. Ils souhaitent en effet la
nomination de jeunes directeurs que le critère de l’ancienneté ne favorise pas. Pour ce faire, ils
proposent « l’instauration de concours d’accès aux fonctions de directeur, [qui] serait la meilleure
voie. »
Le même mode de recrutement par concours est aussi suggéré pour la nomination des enseignants.
Ce concours doit également revêtir un caractère national afin de garantir la transparence et d’éviter
les pressions sociales locales sur les organisateurs. Ces relations, telles que le voisinage, les
liens d’amitié, de parenté, d’appartenance politique ou confessionnelle, peuvent, à l’insu des
organisateurs, peser contre la neutralité des jurys locaux. De cette façon, toujours selon les
enseignants, les maîtres seront plus compétents que les volontaires de l’éducation (VE).
Le directeur ne joue aucun rôle dans le recrutement ni dans l’affectation de ses enseignants. Ces
derniers sont affectés par le mouvement national. Il ne peut pas non plus se séparer librement
d’un enseignant. Les enseignants pensent que ce statut doit être maintenu parce que davantage
d’autonomie dans ce sens pourrait favoriser le caractère arbitraire du recrutement du personnel
enseignant. Le directeur est également de cet avis et l’affirme en ces termes : « Je ne souhaite
pas le pouvoir de faire quitter un enseignant. Ce serait un risque d’abus. » Il souhaite cependant
que l’administration prenne les mesures nécessaires si un enseignant n’est plus désiré dans une
école pour comportement nuisible ou faute professionnelle.
• Évaluation
Le directeur est évalué par l’IDEN qui le juge, dit-il, à travers les correspondances administratives
qui font l’état des lieux du fonctionnement de l’école. Cette évaluation est sanctionnée par une
note administrative donnée en fin d’année scolaire. Les enseignants, quant à eux, sont notés
par le directeur en fin d’année scolaire. Aux dires des enseignants, « le directeur avait un cahier
d’assiduité où il relève les retards et absences, les erreurs et fautes. » L’exploitation de ce cahier,
en présence des concernés, aboutit à la note envoyée à l’IDEN, qui l’envoie ensuite au ministère
par l’intermédiaire de l’Inspection d’académie.
Notons enfin que le directeur reçoit une indemnité mensuelle de 15 000 FCFA intégrés dans son
salaire sous l’appellation « indemnité de direction ».
• Subventions de la commune
La mairie a décidé de confier directement aux écoles la gestion de l’eau moyennant une subvention.
Le directeur a affirmé que l’APE communale avait ainsi été contactée pour recevoir 133 000 FCFA
à cette fin. Cette somme a été confiée à un commerçant dans l’attente des factures qui ne sont pas
encore arrivées. « J’ai refusé d’ouvrir un compte qui entraînerait des frais d’ouverture », précise le
directeur pour justifier le placement de cette subvention municipale auprès du commerçant.
Les élèves membres du bureau de la coopérative scolaire ignorent quant à eux les textes qui
régissent le fonctionnement de cette structure. Leur connaissance se limite à la désignation des
membres par les autres élèves au niveau de chaque classe et au vote des membres du bureau lors
d’une séance des délégués. La maîtresse de tutelle a écrit les différents rôles au tableau et « nous
avons recopié sur nos cahiers. » Le bureau actuel de la coopérative scolaire a été voté en février
de cette année. Pourtant, aux dires du secrétaire général, « depuis que nous sommes nommés en
février, nous n’avons rien fait, c’est la maîtresse de tutelle qui fait tout. »
• Subventions de l’État
En dehors de ces fonds, l’école ne gère pas un budget officiel transmis par le pouvoir central.
Le directeur procède à la distribution des manuels et des fournitures reçus. L’expression des
besoins par classe se fait à travers les colonnes d’un cahier de fournitures dans chaque classe.
La distribution est faite au prorata du stock disponible.
Le directeur décrit la procédure de réception des fournitures par l’IDEN ainsi : « Nous recevons un
bon de la municipalité via l’IDEN qui nous convoque pour nous livrer le matériel. » Il ajoute : « Il
y a aussi des manuels de l’État reçus avec des bordereaux qui notifient les quantités reçues. » Il
reste que dans tous les cas, si les besoins sont exprimés totalement, les dotations sont toujours
insuffisantes ou déséquilibrées. À ce propos, le directeur souligne : « L’école manque de manuels
de lecture, de cahiers d’exercices mathématiques de la première étape, alors qu’en éveil (sciences,
histoire et géographie), c’est la pléthore, le magasin est inondé d’excédents. » Ce même déficit,
ajoutent les enseignants, est noté au CE1. Pour accéder aux manuels, une cotisation de 200 FCFA
est alors exigée pour alimenter un fonds d’entretien et de réfection.
Gestion pédagogique
L’IDEN intervient en venant inspecter des maîtres ou organiser des examens professionnels. Trois
candidats au CAP ont été examinés au CI B, CP A et CM1 avec 100 % d’admis. L’année dernière,
deux maîtres ont subi des inspections ordinaires.
Le directeur est chargé de l’encadrement pédagogique de ses maîtres au travers de visites de
classe, dont la fréquence est détaillée dans le tableau 3.13.
Outre les visites de classes du directeur et les interventions du collectif des directeurs, la formation
continue des maîtres se fait également au travers d’activités d’animation pédagogique, réalisées
par l’équipe pédagogique, planifiées chaque année à partir des besoins exprimés (tableau 3.14).
Le calendrier est globalement respecté. À la date de l’étude (le 14 mai 2004) seule la dernière
programmation (évaluation de l’animation pédagogique) n’était pas faite. D’après le directeur, les
maîtres font preuve d’assiduité à ces séances d’animation pédagogique.
La commune
Le directeur souligne l’implication de la commune en ces termes : « La municipalité intervient
dans les grosses œuvres à partir d’un calendrier d’intervention ayant programmé de grands
investissements. » Il insiste par ailleurs sur la nécessité « que la municipalité prenne en charge le
mobilier scolaire, réhabilite les locaux et repeigne les bâtiments. » Elle offre également du matériel
scolaire et une aide scolaire de 10 000 FCFA par an à des élèves démunis, une quarantaine cette
année sur 132 dossiers de demandes déposés.
Conclusion
L’autorité décentralisée est en principe plus proche des écoles « mais, faute de moyens, la mairie
ne peut pas gérer l’école. » La mairie fournit du matériel scolaire mais ce léger soutien reste encore
insuffisant.
Les enseignants pensent que la mairie doit être moins partisane politiquement dans le choix des
écoles à appuyer. « La mairie étouffe l’école en continuant à donner des autorisations d’occuper
la devanture de l’école », déplorent les enseignants.
Par ailleurs, l’école accueille le surplus des élèves des autres écoles. C’est pourquoi, en 1998/1999
par exemple, au sein de l’effectif de l’école, les élèves provenant des autres quartiers étaient plus
nombreux que ceux habitant le quartier, se chiffrant respectivement à 462 élèves contre 232.
L’école couvre une superficie de 20 900 m² entièrement clôturée. En termes d’infrastructures, elle
est constituée de 15 classes, d’un logement pour le gardien, d’un bloc sanitaire de 12 toilettes
(six WC et six urinoirs), d’un bureau pour le directeur et d’un magasin. Elle dispose de l’électricité
dans toutes les classes, d’eau courante (deux bornes fontaines dont l’une est en panne) et du
téléphone (qui est bloqué de sorte à n’autoriser que la réception d’appels). Il n’y a pas de logement
ni pour le directeur ni pour les maîtres. L’école a un jardin, exploité par la coopérative scolaire et
le gardien.
Organisation de l’école
Organigramme de l’école
Le directeur dirige l’école et le personnel enseignant. Un adjoint nommé par le directeur le remplace
en son absence, ce qu’il affirme en ces termes : « Si je suis absent, c’est l’adjoint direct, le plus
gradé, qui me remplace et il assume tout ce que je peux assumer ; je lui laisse tout. »
Les enseignants sont impliqués dans le fonctionnement et la gestion. Outre leur fonction
pédagogique, les maîtres doivent également s’occuper du jardin scolaire, du bois d’école et de la
coopérative. Ils sont affectés par le directeur (excepté pour le maître chargé de la fête des retraités
qui est désigné par la commune) à des postes spécifiques en début d’année. Le directeur précise
à cet effet : « Ils font tout collégialement, mais il y en a un qui coordonne le secteur auquel il est
affecté. » Selon le directeur, l’impact de cette forme d’organisation est certain car « en leur confiant
ces responsabilités, ça [le] soulage d’abord et ça encourage les maîtres. »
On distingue donc :
– Le maître chargé de la fête des retraités : il est chargé de récupérer les cotisations
de l’école et de les verser au comité de pilotage. La fête des retraités est organisée
par toutes les écoles de la commune et est destinée aux enseignants appelés à faire
valoir leurs droits à la retraite. Chaque école participe aux frais à raison d’une cotisation
mensuelle de 1 500 FCFA pour les directeurs et de 1 000 FCFA pour les maîtres.
Directeur APE
CS Animation Génie en herbe Caisse de solidarité Fête des retraités Directeur adjoint Autres adjoints
pédagogique
142
Institut international de planification de l’éducation
École et décentralisation : le cas du Sénégal
École et décentralisation : le cas du Sénégal
• Rôles officiels
Selon le directeur, le décret n°79-1165 organisant le fonctionnement des écoles élémentaires
existe à l’école en six exemplaires. Cependant, l’équipe de recherche ne les a pas vus. De l’avis
des enseignants, « les textes relatifs aux tâches et rôles des différents acteurs n’existent pas à
l’école. » L’un d’entre eux déclare en avoir pris connaissance dans le bulletin officiel du ministère
de l’Éducation (ME) qui contient les différents cahiers des charges. Il souligne à cet égard : « Avec
l’administration, nous ne pouvons pas avoir tous les documents à notre portée. » Quant à ceux qui
les ont à disposition, ils déclarent « les avoir eus dans d’autres écoles ». Un des maîtres déclare
en avoir, mais ne s’en sert que pour les répartitions mensuelles des leçons. Selon le directeur,
les maîtres viennent au bureau pour consulter le programme officiel ou s’ils ont un examen
professionnel. Mais ces consultations restent rares.
Les maîtres déclarent disposer en réalité d’une « connaissance vécue » des textes ; autrement
dit, ils savent que certains textes existent, mais ils n’en font pas un « livre de chevet », ni une
référence permanente qu’ils consultent fréquemment. « Ils les vivent. » Le directeur et son adjoint
sont mieux au fait des textes. Ils font référence au règlement intérieur, aux cahiers des charges
et au décret n° 79-1165. Le directeur précise par ailleurs que « le cahier des charges est venu
clarifier ce décret. »
Par ailleurs, les enseignants estiment que les tâches et rôles du directeur sont d’ordre administratif
et sont relatifs à la gestion de l’école. Selon leurs propos, « administrativement, c’est le chef, c’est
le premier encadreur pédagogique (visites de classe, conseils aux maîtres). » La gestion de la
cellule pédagogique et le contrôle des maîtres sont également de son ressort. Le directeur contrôle
ainsi l’exécution des emplois du temps, des cahiers journaux, des registres d’appel journalier et
du registre matricule des élèves et des maîtres. En effet, selon les enseignants, le directeur « doit
être en mesure de donner toutes les informations sur le personnel et les élèves. » Il délivre en
effet les bulletins de visite et les certificats de scolarité des élèves. Il veille en outre à la formation
continue des adjoints en tenant un cahier des conseils.
« Il a un rôle tampon entre l’APE et l’équipe pédagogique », d’après les enseignants.
En ce qui concerne le directeur adjoint, s’« il assure l’intérim en l’absence du directeur », le
directeur affirme que ni dans les textes officiels, ni dans le cahier des charges, « il n’est fait nulle
part mention des fonctions de directeur adjoint. » Cependant, le directeur approuve de manière
informelle cette fonction. Le directeur adjoint a lui-même précisé : « Il a consigné que c’est moi qui
assure l’intérim, et il l’a notifié à l’IDEN. »
En revanche, il existe bien un texte organisant le comité de gestion. Si cet organe existe à l’école,
il ne fonctionne pas encore. Créé dans le cadre du programme décennal de l’éducation et de la
formation (PDEF), il est composé de deux représentants d’élèves, de deux parents, des maîtres
de l’école. Le chef de quartier, président de cet organe, est assisté par le directeur, qui en est le
secrétaire général. Le directeur considère que cet organe crée « un problème de cohabitation avec
l’APE », dans la mesure où il est appelé à gérer tous les fonds entrant à l’école, y compris ceux
provenant des parents d’élèves.
Aucun texte spécifiant l’organisation de l’APE n’existe, ce qui explique la raison pour laquelle
certains membres de l’APE ont déclaré ne pas maîtriser leur véritable rôle : « Ce n’est pas défini
dans le décret n° 79-1165. »
De l’avis des enseignants, « les élèves sont chargés de la gestion de la coopérative scolaire, mais
l’adhésion est individuelle et non obligatoire. » Ils ajoutent que « les élèves gèrent la coopérative
scolaire sous la tutelle d’un maître. » Notons à ce sujet que la coopérative comprend un conseil
d’administration de 21 membres choisis dans les classes. C’est parmi eux que le bureau est élu.
Parlant de l’IDEN, les maîtres estiment qu’ils « peuvent connaître son rôle sans connaître les
textes ». Pour eux, le décret n° 79-1165 est ancien, ce qui explique qu’il « n’est pas facile à
trouver ». Enfin, pour ce qui est du rôle de la mairie, les enseignants révèlent que « c’est à partir
des émissions de la radio [qu’ils reçoivent] les informations. »
Il souhaiterait également que les parents puissent traiter directement avec les enseignants sans
se référer systématiquement au directeur. En effet conformément aux textes, « le directeur a un
rôle de médiateur entre les enseignants et les parents d’élèves, aussi bien à l’école qu’au niveau
des autres écoles de la commune, en tant que président du CODEE », ce qui explique pourquoi le
directeur souhaiterait une évolution des textes.
Les parents, par la voie du vice-président de l’APE, parlent du directeur en termes d’éloges. L’un
d’entre eux a ainsi souligné : « N’eut été l’ouverture, la vigilance, la volonté, la bonne organisation
du directeur, nous aurions des problèmes parce que moi-même, je ne suis pas libre. » Ils ne
tarissent pas non plus d’éloges vis-à-vis des maîtres.
Le directeur adjoint
Selon les maîtres, le directeur adjoint est chargé de :
– remettre au gardien son salaire mensuel (10 000 FCFA) ;
– représenter le directeur aux réunions et invitations ;
– l’accompagner aux séminaires.
Il arrive aussi que le directeur désigne deux adjoints qui accompagnent le directeur adjoint lors
de certaines rencontres.
Les maîtres
En termes d’enseignement, chaque maître dispose d’un cahier des charges, dans lequel sont
mentionnés les résultats attendus par rapport au programme d’étude. Les cahiers de préparation
sont élaborés par les maîtres par niveau d’enseignement : les maîtres des cours d’initiation, par
exemple, se retrouvent pour élaborer leurs répartitions mensuelles. Ils procèdent à la fin du mois à
l’évaluation de la répartition en termes de degré de réalisation par rapport à ce qui a été prévu.
Pour ce qui est du nombre de devoirs par jour, chaque maître doit au moins en faire trois. Les
compositions sont semestrielles et au terme de chacune d’entre elles, les parents d’élèves sont
convoqués à l’école pour être informés des résultats de leurs enfants. « Ainsi, ils ne viendront pas
individuellement déranger les enseignants. » « Cette rencontre est aussi l’occasion de procéder à
la comparaison des résultats individuels et globaux. »
Les maîtres assurent aussi le service de semaine en tenant le cahier de service : pendant une
semaine, deux maîtres d’un même niveau (CI À et CI B par exemple) assurent la surveillance des
élèves pendant les récréations, sonnent la cloche aux heures de rentrée et de sortie, notent les
événements marquants, au jour le jour.
Selon les maîtres, les élèves sont responsables de la propreté de la classe, des toilettes (par les
filles) du désherbage et de l’arrosage du jardin (par les garçons).
L’APE
Concernant l’APE, le directeur révèle qu’il n’y en avait pas à l’école en 1980 au moment de sa
nomination. Ce n’est qu’en 1984 qu’elle a commencé à fonctionner. Aux dires du directeur, « quand
ils ont vu la clôture de l’école et les arbres issus de notre reboisement, ils ont commencé à
adhérer. »
Les enseignants précisent quant à eux : « Il n’y a jamais eu d’APE fixe. Il est rare d’avoir des
élèves du CI au CM2. La plupart des élèves viennent des autres écoles. Ils ne viennent ici que
quand ils n’ont pas de place ailleurs. » Ils expliquent en outre : « Depuis que le président est parti
à Dakar, les réunions ne se tiennent plus. Les parents payaient les factures d’eau, maintenant
Il ajoute qu’il « me consulte aussi sur tous les plans, pédagogique et surtout social […] C’est
un homme qui sait diriger des hommes […]. C’est un directeur exemplaire. » L’école a beaucoup
changé avec lui. Il était adjoint dans cette école depuis le premier directeur sénégalais, « mais il a
fait plus que tous les autres directeurs […] Il a eu plus de chance. »
En ce qui concerne les relations entre le directeur et les différents élèves, il déclare rencontrer
des difficultés dans la récupération des cotisations et évoque le problème du renvoi des élèves qui
n’ont pas cotisé. Selon lui, « tous les élèves de l’école sont membres de la coopérative scolaire. »
Le directeur adjoint est en même temps le maître de tutelle de la coopérative scolaire.
Les relations entre l’APE et le directeur sont jugées excellentes par le vice-président en ces termes :
« Le directeur nous appelle très souvent sur son téléphone pour nous informer. Il a eu à régulariser
une facture de téléphone avant même que le comité ne réagisse. »
Le bureau se rencontre une fois par an, en début d’année. En outre, comme il a été mentionné plus
haut, après chaque composition des élèves, une rencontre parents/enseignants est organisée.
En revanche, les relations entre les parents d’élèves et la coopérative scolaire sont très peu
développées.
Autonomie de l’école
La gestion du personnel
• Recrutement
Le directeur
Il n’existe pas de formation spécifique aux fonctions de directeur d’école. Toutefois, après sa
nomination, le directeur de l’école du Camp Faidherbe a pu bénéficier d’une formation en gestion
des ressources matérielles et financières. Il note aussi : « À partir du stage sur la gestion des
ressources humaines, nous sommes parvenus à mieux typer le personnel et cela a permis de
modifier le mode de gestion par une plus grande responsabilisation de certains et pour plus de
directives à d’autres. »
Selon le directeur, le mode de désignation des directeurs et des enseignants, basé sur la compétition
dans le mouvement national, comporte à la fois des avantages et des inconvénients. D’un côté,
en nominant le plus gradé, « on règle des problèmes de justice sociale et d’administration. » De
l’autre côté cependant, le directeur regrette le manque de considération de critères tels que « la
moralité, l’éthique ». Selon lui « le grade seulement ne suffit pas, il faut y introduire une enquête de
moralité et confier le choix aux IDEN qui connaissent mieux les directeurs. » Le directeur adjoint,
lui, affirme : « Le mode de nomination d’un adjoint devrait être plus officiel ; je ne peux pas aller
prendre une dotation à l’IDEN en l’absence du directeur. »
Les enseignants
Les enseignants n’ont pas non plus manqué de formuler des critiques relatives à la nomination
comme mode de recrutement, et plus particulièrement lorsqu’il s’agit de la nomination des
volontaires de l’éducation (VE). Selon eux, la formation des VE comporte des lacunes liées à leur
mode de recrutement au niveau de l’IDEN. Les enseignants estiment qu’un tel « recrutement n’est
pas démocratique en raison des pressions locales subies par ceux qui recrutent. » Ils ajoutent :
« Il n’y a pas de transparence, mais cela ne date pas de maintenant. » Selon eux, il arrive que
des responsables politiques promettent de « recruter deux à trois volontaires de l’éducation ».
La conséquence est le recrutement de VE qui n’ont ni les compétences requises, ni la vocation
pour enseigner. Certains sont revenus après avoir quitté l’école depuis plusieurs années et après
avoir occupé des postes tels que gérants de cabines téléphoniques privées, ménagères, etc.
Pour faire face à cela, le personnel enseignant de l’école a proposé « un recrutement national et
pluridisciplinaire, au lieu de limiter les épreuves à une dissertation ».
Les maîtres ne sont pas non plus favorables à une plus grande autonomie dans le recrutement
des enseignants par le directeur : « Ce sera plus grave […] le directeur va recruter ses neveux ;
les syndicats n’accepteraient pas. Les directeurs vont verser dans l’arbitraire avec plus
d’autonomie. »
Il convient de noter qu’au sein de l’école le directeur décide de l’affectation des maîtres aux
cours. Aux dires des enseignants, « s’il nous impose un cours, nous sommes tenus d’accepter. »
L’APE, selon son vice-président, n’est pas impliquée dans le recrutement du personnel enseignant,
notamment en raison de l’ignorance des prérogatives possibles de l’APE en ce domaine. Il « avoue
ignorer les textes de l’APE dans ce sens. » Il ajoute : « On constate des départs et des arrivées sans
pouvoir réagir. Vraiment je ne maîtrise pas les textes. »
D’une manière générale, le personnel enseignant (directeur, directeur adjoint et maîtres) pense
que le mode de recrutement peut être amélioré pour le rendre plus fiable et plus transparent.
Par ailleurs, un directeur qui décèle des lacunes graves chez un enseignant doit avertir l’IDEN. Ce
dernier a donc la charge de recycler l’enseignant dans une autre discipline.
• Évaluation
Le directeur est évalué par l’IDEN sous forme d’inspection et la dernière date de 1998.
Le directeur pense que l’école est relativement autonome : « Depuis trois ans, les notes attribuées
aux enseignants par le directeur n’ont pas été modifiées par l’IDEN. Sachant que les notes
permettent d’avancer, ce n’est plus une proposition, contrairement à ce qui se faisait auparavant,
cela les motive. »
Une des spécificités de l’évaluation effectuée par le directeur est qu’elle repose sur un « cahier
gendarme » dans lequel sont spécifiés les retards et les absences du personnel enseignant. Aux
dires du directeur, ce cahier permettrait d’« objectiver l’évaluation, en cas de contestation de la
part d’un adjoint ». Notons que ce mode d’évaluation est d’ailleurs fortement apprécié par les
enseignants. En cas de litige, le cahier peut « régler le problème ». L’exemple invoqué par les
enseignants est celui « d’une enseignante qui s’était sentie lésée. Mais ce jour, quand le directeur
a sorti le cahier, elle a pleuré. Ensuite elle s’est excusée. »
• Encadrement pédagogique
Les maîtres notent que « le directeur est tenu de faire des visites de classe régulièrement […] Il
tient beaucoup au calendrier des pièces périodiques car il est noté sur cette base. » L’encadrement
pédagogique des maîtres incombe prioritairement au directeur. Il a ainsi planifié des visites de
classe « au niveau des étapes et des disciplines », à la demande des enseignants ou à partir de
ses observations, ce qu’il affirme en ces termes : « Je constate que je dois voir tel maître sur la
base de leur préparation. » Il reconnaît également faire souvent appel à cet égard à des personnes
ressource, par exemple à des enseignants retraités, ou même à un « spécialiste de CI » qui a tenu
la classe de CI pendant de nombreuses années.
Le directeur assure également l’encadrement du directeur adjoint, qui affirme : « Il m’encadre
et passe dans ma classe. Il me prépare au remplacement en me livrant des informations
confidentielles. »
Le directeur adjoint lui-même n’encadre que pendant les séances d’animation pédagogique. Selon
lui, les besoins en encadrement sont satisfaits puisque le directeur a la possibilité de faire appel
au CODEE. La formation fournie par le CODEE est plus utile que celle de l’IDEN qui de toute façon
est très rare. En effet, même si pour leur préparation aux examens professionnels les maîtres
auraient souhaité bénéficier d’encadrement de la part des inspecteurs, les enseignants déclarent
n’avoir noté aucune visite de l’IDEN depuis deux ans. Les maîtres déplorent donc le manque
d’encadrement par l’IDEN. Les inspecteurs viennent rarement à l’école, n’assistent pas à leurs
séances d’animation pédagogique, et ne répondent pas aux questions qu’ils leur posent à l’issue
des rencontres.
« Les visites du CODEE appelées “échanges” sont sanctionnées par des procès-verbaux transmis à
l’IDEN, mais il n’y a pas de réaction. » En outre, le Collectif est sollicité par beaucoup d’autres écoles.
Un enseignant souhaite que « le collectif soit élargi à d’autres compétences, car la pédagogie est
un terrain difficile ».
Les enseignants ont des besoins en formation dans divers domaines, notamment celui de la
gestion, du marketing et de l’horticulture. Ils déclarent par ailleurs : « Si vous nous demandiez
d’élaborer un projet d’école, vous ne nous donneriez pas 5/20. » Ils ont également exprimé au
directeur des besoins de formation en informatique, lesquels ont été transmis à l’IDEN, mais pour
le directeur, « ce n’est pas une urgence, c’est peut-être la mode. »
Il existe en outre dans l’école une pratique d’encadrement par les pairs. En effet, il arrive que des
maîtres « aillent dans la classe d’un candidat au CAP pour l’obliger à recevoir des collègues venus
l’encadrer. » Cette pratique concerne surtout les maîtres nouvellement affectés.
En termes d’informations relatives aux innovations pédagogiques et à la documentation, les maîtres
soulignent : « Actuellement, il y a beaucoup d’innovations. Si les documents restent en haut, ça ne
va pas. Quand on parle de l’école, c’est à la base. » Ils ajoutent : « Si les enseignants s’en tenaient
à ce qui vient des autorités, l’enseignement au Sénégal serait médiocre : ce sont les enseignants
qui cherchent leurs propres documentations. »
Les maîtres sont relativement bien informés de la gestion des fonds par le directeur. Aux dires
des enseignants, pour consommer ses crédits, le directeur exprime à l’IDEN ses besoins par
rapport au montant qui lui a été alloué. Ses besoins portent sur les fournitures scolaires (matériels
didactiques, cahiers, craies), les produits d’entretien des toilettes (Grésil, détergents) et les articles
de fonctionnement de bureau (registres, tampons).
Le directeur est parfaitement informé des crédits de fonctionnement alloués à l’école par
la commune. Ainsi, ils sont passés respectivement de 37 500 FCFA à 229 000 FCFA puis à
655 000 FCFA entre 2001 et 2003. Ce bond s’explique par « une vision du maire qui met l’accent
sur l’éducation. » Cependant, le directeur s’empresse de dire : « On ne gère pas de l’argent. On
nous demande d’exprimer nos besoins jusqu’à concurrence du montant. »
Le budget de l’APE, en revanche, a connu une chute importante : 285 000 FCFA en 2002/2003,
329 000 FCFA en 2001/2002 et 40 000 FCFA en 2003/2004. Rappelons que les fonds de l’APE
sont utilisés en fonction des besoins exprimés par le directeur (comme l’approvisionnement de la
boîte à pharmacie en médicaments, l’appui au paiement de la facture de téléphone ou du salaire
du gardien en cas de rupture des fonds de la coopérative scolaire, etc.).
Si en principe, le directeur ne joue aucun rôle dans le vote du budget de l’APE, les relations qu’il
peut entretenir avec les membres influent sur le montant des crédits alloués. Ainsi, il explique
les baisses de budget par sa position vis-à-vis des élèves qui ne cotisent pas. Quand il accepte
que les parents renvoient tous les élèves qui ne cotisent pas, alors les sommes collectées sont
élevées. Il n’existe pas de frais de scolarité dans cette école, mais l’assemblée générale de l’APE
a fixé des cotisations annuelles de 1 500 FCFA par élève à verser en début d’année et répartis
comme suit :
– 1 000 FCFA pour l’APE ;
– 500 FCFA pour la coopérative scolaire.
Précisons que, selon les élèves, le montant de la cotisation a été fixé par l’APE et consiste en :
– 500 FCFA par élève du CP au CM2 ;
– 1 000 FCFA pour les élèves de CI.
Quant au budget propre de l’école (celui de la coopérative scolaire), beaucoup de problèmes sont
désormais réglés. La coopérative scolaire se charge de nombreuses dépenses, notamment celles
liées à la rémunération du gardien, à la facture de téléphone (4 000 FCFA), à la facture d’eau
(30 000 FCFA en 2003, puis 40 000 FCFA), à la facture d’électricité (18 000 FCFA), à l’achat de
petits matériels d’entretien (seau, balais, etc.) et enfin à la prise en charge des accidents. Elle a
par exemple assuré le transport d’un élève à l’hôpital et a payé ses frais de radio et de plâtrage
pour une somme de 6 000 FCFA.
En début d’année, les élèves désignés sont censés récupérer les cotisations et exclure ceux qui
n’ont pas cotisé. Une exception est faite pour le recouvrement des cotisations des élèves de CI,
lequel incombe au directeur qui précise : « Pour la coopérative des CI, je récupère et je remets au
maître de tutelle. » La cotisation annuelle s’élève à 500 FCFA par élève, et le taux de recouvrement
atteint 80 % à 90 % des élèves. Il semblerait que le directeur demande la non-exclusion de ceux
qui ne cotisent pas, « parce qu’il existe des cas sociaux » souligne-t-il.
Selon les élèves, la coopérative scolaire dispose d’un budget prévisionnel dont les principales
ressources proviennent des cotisations des membres. Le tableau 3.15 (représentant le carnet
des recettes et dépenses détenues par la trésorière) indique les montants collectés au niveau de
chaque classe.
pas réfléchi sur une stratégie de l’accès des élèves non cotisants aux manuels. » Il « déplore la
cherté des fournitures. »
doivent se présenter à l’examen du CAP. Ils vont dans sa classe pour l’assister et lui
prodiguer des conseils.
Selon le directeur, la mairie a pris l’initiative d’électrifier l’école comme elle l’a fait pour toutes les
écoles de la commune. Il ajoute : « L’impact est positif car je sais que l’électrification permet aux
élèves de travailler au-delà de certaines heures. »
Les parents ont mentionné comme initiatives :
– la réfection du bureau du directeur ;
– la dotation de l’école en boîte à pharmacie équipée ;
– les rencontres avec la mairie ;
– les contacts pris avec des ONG ;
– la construction du mur de l’école ;
– l’installation du téléphone ;
– les actions de sensibilisation des parents.
• L’IDEN
Le directeur soutient que l’IDEN s’implique dans les domaines pédagogique et matériel : « On
s’entraide mutuellement entre les écoles de la commune et c’est l’IDEN qui coordonne. L’excès
de tables-bancs d’une école est transféré vers une autre. » De l’avis des enseignants, l’IDEN
assure la dotation en matériels didactiques et en mobilier scolaire. Il contrôle les enseignements
et fait passer les examens professionnels aux candidats. Il organise des séminaires de formation
à l’intention des directeurs et des enseignants. Malgré tout, les enseignants du Camp Faidherbe
estiment que « la proximité de l’IDEN n’a pas encore eu d’effet sur eux au plan de l’encadrement. »
Rappelons à cet égard que « c’est l’école qui abrite en son sein l’IDEN. »
Avec l’IDEN, la communication se fait surtout par courrier et par téléphone. Les thèmes sont relatifs
aux aspects administratifs, pédagogiques et sociaux. Les relations sont « sincères et correctes ».
Les enseignants déclarent aller rarement à l’IDEN. L’adjoint au directeur y va pour lever ou déposer
du courrier.
• La mairie
L’implication de la mairie est aussi jugée satisfaisante par le directeur, notamment en termes de
soutien financier. Selon ses propos, « elle a sensiblement augmenté le budget et accordé une aide
municipale aux élèves issus de familles démunies. » L’aide s’élève à 15 000 FCFA par élève et dix
élèves de l’école en ont bénéficié, en particulier les orphelins.
Il convient toutefois de noter que le directeur n’entretient pas de relations directes avec la mairie
car c’est l’IDEN qui joue le rôle d’interface entre les deux acteurs.
Pour l’IDEN, l’appui de la mairie touche différents domaines : pédagogique, administratif
(encadrement du directeur) et matériel (fourniture de manuels, armoires, etc.). Les textes officiels
• L’APE
Le vice-président de l’APE, n’a pas été évoqué par les autres acteurs de l’école.
Notons qu’il entretient peu de relations avec l’IDEN. Il précise ainsi : « J’ai représenté l’APE à une
assemblée convoquée par l’inspecteur départemental pour la mise sur pied d’une structure APE
départementale. »
Inspection
En dépit de la proximité de l’école avec l’IDEN, les inspections sont rares dans cette école. En
2003, seulement deux inspections ordinaires et une inspection professionnelle ont été réalisées,
et cette année deux inspections ordinaires et deux professionnelles.
Le déroulement d’une inspection classique consiste en l’observation du maître, suivie d’un entretien
avec ce dernier et enfin d’un compte rendu au directeur. Or, selon le directeur, les inspections ne
sont pas suivies par l’IDEN. C’est donc au chef d’établissement qu’incombe la charge du suivi des
inspections puisqu’il a été informé des remarques formulées au maître.
Même si le directeur souhaiterait que les inspections soient plus fréquentes et élargies à beaucoup
de disciplines, selon lui, les maîtres préfèrent le voir plutôt que les inspecteurs. Il l’explique en ces
termes : « Ils ont trouvé cela plus efficace. »
Les enseignants suggèrent une amélioration de l’examen professionnel en « avertissant les
candidats ou en organisant un examen blanc ». Or, selon l’IDEN, il devrait être possible d’organiser
des « inspections à la carte. Dans ce cas, le maître n’a pas besoin d’être averti. » Quant au directeur
adjoint, il se dit favorable à « l’inspection-examen », mais souhaite, à l’instar des autres maîtres,
préparer les candidats par un « examen blanc ».
Appui pédagogique
Selon le directeur, c’est le CODEE qui fait les visites d’appui pédagogique. Le directeur de l’école
initie une demande en indiquant le cours et la discipline qu’il souhaiterait voir visiter. Les membres
désignés par le CODEE viennent alors à l’école, voient le maître et font une synthèse en présence
de tous les enseignants de l’école. Depuis le début de l’année, le CODEE a vu quatre maîtres à
l’école.
Quant au matériel didactique et aux manuels scolaires, les enseignants déplorent leur insuffisance,
qu’ils illustrent en ces termes : « Nous utilisons les manuels des élèves […] Il nous faut des
manuels du maître. Les textes des manuels de la collection Sidi et Rama sont très pauvres. » Ils
notent aussi qu’il convient d’adapter et d’actualiser les outils pédagogiques à la réalité politique
et institutionnelle. Ils illustrent cette exigence par le fait que les manuels scolaires n’ont toujours
pas pris en compte la création d’une onzième région au Sénégal dans les cartes géographiques.
Les élèves membres du bureau de la coopérative scolaire ont, quant à eux, relevé un déficit de
livres de géographie et d’histoire, ainsi que de cartes de géographie.
Conclusion
Les avantages de la décentralisation résident, selon le directeur, dans l’amélioration des
infrastructures scolaires et dans l’augmentation des moyens alloués au fonctionnement de l’école.
Les atouts de la décentralisation tiennent à une meilleure implication de la part des acteurs
locaux. Selon les maîtres, les avantages résident dans le fait que les collectivités locales sont plus
proches des écoles : par exemple, « depuis 25 ans l’école n’a pas eu de mur de clôture, pourtant
l’État était là. » La mairie a électrifié l’école et a procédé à l’adduction d’eau et au raccordement
du téléphone. Le vice-président de l’APE ajoute : « La municipalité comprend que l’école fait partie
de ses compétences. Cette prise de conscience même au niveau de l’APE est un déclic fécond. »
L’école doit être l’affaire de tous.
Il n’en reste pas moins que, selon les enseignants, les autorités politiques sont confrontées à des
problèmes de formation (surtout en campagne). En outre, les collectivités rencontrent beaucoup de
problèmes financiers. Dans les budgets des mairies, les enseignants souhaitent qu’un montant à
allouer aux écoles soit fixé en termes de pourcentage (par exemple 20 % du budget de la collectivité
locale) : « L’école ignore le montant qui lui est alloué. » Le vice-président de l’APE confirme que le
transfert de compétences éducatives ne saurait renfermer des inconvénients rappelant l’adage
anglais « near is beautiful » (sic). Toutefois, il souligne : « Sans les moyens d’accompagnement, la
réforme se heurte à des limites objectives. »
Selon le directeur, les inconvénients sont plutôt liés au manque de compréhension et d’appropriation
par les structures décentralisées et les communautés locales de leur rôle dans ce contexte de
décentralisation des politiques éducatives. Le directeur estime que « si l’État se décharge sur la
commune et que la commune ne fait pas son travail, l’école perd. » La décentralisation, selon le
directeur adjoint n’a que des atouts, mais à condition que les acteurs comprennent bien leur rôle
et le jouent correctement.
Au final, il apparaît que les acteurs rencontrés à l’école du Camp Faidherbe (directeur, directeur
adjoint, maîtres et vice-président de l’APE, par ailleurs président du comité de gestion de l’école)
refusent de voir des inconvénients de la décentralisation. Selon eux, c’est son défaut d’application
qui peut être source de difficultés mais, en elle-même, elle est tout bénéfice. Les dysfonctionnements
peuvent être dus au manque de moyens, à l’incompréhension des rôles des uns et des autres
et à l’inexistence de moyens d’accompagnement. Si chaque acteur a les moyens de jouer les
rôles qui lui sont dévolus et les joue effectivement, la décentralisation ne saurait comporter des
inconvénients.
Par ailleurs, le directeur souhaiterait davantage d’autonomie dans la recherche de moyens et
dans la gestion pédagogique du personnel. Il pense aussi que l’APE devrait disparaître au profit du
comité de gestion, et dont les membres ne seraient pas « ficelés : le milieu aurait dû décider de
sa composition. » Il reste que la condition à l’octroi aux écoles d’une autonomie plus conséquente
reste la transparence.
Cependant, les enseignants ne sont pas tout à fait de son avis, notamment en ce qui concerne la
gestion du personnel. Ils ne sont pas favorables à une plus grande autonomie dans le recrutement,
craignant le manque de transparence et le caractère arbitraire du recrutement par le directeur.
Le directeur peut cependant saisir l’IDEN quand il constate des manquements graves chez un
maître.
L’école du Camp Faidherbe est une école dans laquelle l’APE ne fonctionne pas de façon optimum.
Réduite à son président (en service en dehors de la ville) et à son vice-président, en constants
déplacements, l’APE n’est pas très dynamique. Le directeur le reconnaît d’ailleurs en affirmant que
l’école n’est pas une école de quartier, portée par les habitants du quartier.
Les enseignants sont très critiques vis-à-vis de la mairie, des parents d’élèves et de l’IDEN. Ils
reprochent à ces acteurs de n’être pas bien impliqués dans le fonctionnement de l’école, chacun
au niveau qui le concerne. Ils doutent aussi de la fiabilité du mode de recrutement actuel des
maîtres par les IDEN. Ils préconisent plutôt un recrutement fait sur le plan national et couvrant
plusieurs disciplines.
Tous les acteurs sont unanimes à reconnaître la rigueur du directeur, sa compétence et son
engagement pour le bon fonctionnement de l’école. Ce n’est d’ailleurs pas par hasard qu’il est
nommé par ses pairs, à la fois président du CODEE et du CECODE. C’est une reconnaissance
de ses qualités. C’est un des rares directeurs que l’équipe de recherche a vu remettre les clés
de son bureau à son adjoint pour que ce dernier puisse s’acquitter de toutes les tâches en son
absence.
L’école dispose de réelles potentialités : une superficie de 20 900 m², un jardin scolaire, un bois
d’école, un directeur rigoureux, coopératif et accepté de tous, des enseignants conscients et
engagés. L’implication des parents demeure le seul handicap à surmonter.
pied ou en voiture, entre 1,5 km et 4 km. Quant aux élèves, la majeure partie d’entre eux habite
à moins de 2 km de l’école.
Infrastructures de l’école
Le premier local ayant servi de salle de classe était destiné à abriter la maison communautaire.
Il a été construit par la communauté rurale. L’association des parents d’élèves (APE) a réalisé les
deuxième et troisième locaux. Enfin, en 1998, la coopération japonaise a construit six nouvelles
salles de classe et un bureau pour le directeur. L’école Kàmb est presque entièrement clôturée par
l’APE et comporte deux portes d’entrée dont une seule dispose d’un portail en zinc. Des prosopis
sont plantés le long du mur de clôture.
En outre, l’école est dotée de quatre box de toilettes construits par l’APE (un pour les filles, deux
pour les garçons et un pour le personnel) et d’une borne fontaine installée par le Programme de
développement de l’enfant et de la famille de l’ONG CCF.
L’école compte six salles physiques pour sept salles pédagogiques dont une à double flux (le CE1).
Le gardien de l’école est payé par les élèves moyennant une cotisation mensuelle individuelle.
Le bureau du directeur est situé entre deux des trois salles de classe du bâtiment abritant les
CI, CP et CE1. L’autre bâtiment, abritant les CE2, CM1 et CM2, se situe à droite du premier.
Ainsi, quand le directeur est dans son bureau, il a l’œil sur tous ceux qui entrent à l’école ou en
sortent. Malheureusement, étant titulaire du cours préparatoire, il y est rarement. Le bureau du
directeur est équipé du mobilier suivant : un bureau métallique, une armoire murale, trois armoires
métalliques, des casiers de rangement pour les fiches scolaires et des chaises en plastique.
Entre les deux bâtiments de l’école se trouve une rangée d’arbres entre lesquels sont construits
six bancs en ciment destinés aux élèves pendant les récréations.
Les enseignants ont entre 31 et 40 ans. Sur les six adjoints, cinq ont moins de 38 ans. L’adjoint
le plus ancien dans la fonction publique a 12 ans d’ancienneté. Quatre des six adjoints travaillent
depuis cinq à huit ans dans la fonction publique.
Organisation de l’école
Organigramme de l’école
Le décret n° 79-1165 du 20 décembre 1979 portant sur l’organisation de l’enseignement
élémentaire est connu du directeur et des enseignants. En outre, il ressort du cahier de monographie
de l’école ainsi que des entretiens avec les enseignants que l’organigramme de l’école se présente
comme suit : le directeur est à la tête de l’école ; il est assisté par un adjoint, qui se trouve être le
maître le plus gradé, suivi du reste de l’équipe pédagogique, au même niveau de responsabilité
(puisqu’il n’existe pas de relation hiérarchique entre ces différents responsables). Ce dispositif,
ajoute-t-il, ne fonctionne qu’en l’absence du directeur : « le directeur ne délègue ses prérogatives
à son adjoint que s’il est absent. » En outre, le directeur souligne : « l’adjoint au directeur est, en
plus de ces différentes responsabilités, titulaire de classe, au même titre que le directeur qui lui
non plus n’est pas déchargé ». Précisons que la fonction de directeur adjoint n’est pas prévue dans
le décret. Cependant, c’est une pratique consacrée par la coutume administrative.
« Les élèves, membres du bureau de la coopérative, sont choisis d’abord par leurs camarades de
classe du CE au CM à raison de cinq filles et de cinq garçons. Ensuite, ils sont élus à leurs postes
respectifs par l’assemblée générale des élèves, sur la base du nombre de voix majoritaire par
poste sollicité. Le bureau élu est sous la tutelle d’un maître. » En outre, pour les acteurs rencontrés,
« ni l’APE, ni la coopérative scolaire ne font partie de l’organigramme de l’école. »
Si les élèves n’ont pas connaissance de textes régissant la coopérative scolaire, ils maîtrisent en
revanche leur fonction dans le bureau. Le président convoque les réunions et « veille à la bonne
marche de la coopérative scolaire » ; le vice-président vérifie la caisse, convoque les réunions
en l’absence du président et le remplace. Le secrétaire précise vérifier les fonds de la caisse en
ces termes : « Nous regardons ce qui est dans la caisse et nous écrivons le montant pour qu’on
n’oublie pas. »
• Le directeur
Le directeur déclare « se baser sur les horaires et programmes, c’est-à-dire sur le décret mentionné
plus haut, pour ce qui concerne ses tâches et rôles. » Pour lui, les tâches et rôles du directeur sont
énumérés dans ce texte et sont les suivants :
– assurer la bonne marche de l’école ;
– assurer l’encadrement des maîtres ;
– avoir une gestion matérielle et financière transparente ;
– créer les conditions de réussite des élèves.
Le directeur déclare « consacrer l’essentiel de son temps à sa classe ». Il ne peut dès lors s’occuper
des « tâches administratives que les samedis et les jours fériés ». De l’avis des enseignants, « le
directeur devrait, par rapport à certaines tâches, responsabiliser davantage son adjoint, afin de
se consacrer à l’encadrement des autres maîtres. » Le directeur précise à cet égard le manque de
temps dû au fait qu’il est lui aussi titulaire de classe. Ce qui ne lui donne pas le temps d’encadrer
régulièrement ses adjoints. En outre, il est membre du Collectif des directeurs d’école élémentaire
(CODEE), même s’il intervient rarement dans les autres écoles.
• Les enseignants
Chaque enseignant de l’école dispose du texte officiel relatif aux programmes et aux horaires de
l’enseignement élémentaire. « Toutefois, dans ce texte, les tâches et rôles dévolus aux enseignants
n’y sont pas mentionnés. Mais le cahier des charges fixe des tâches aux enseignants. » Leurs
tâches et rôles, d’après le directeur, se déclinent comme suit :
– chaque enseignant est responsable de sa classe ;
– chaque enseignant est responsable de la gestion, de l’entretien et de la location des
livres de sa classe.
Les enseignants sont responsabilisés à la rentrée des classes, lors de la réunion consacrée à
la répartition des charges, sur la base du profil et du volontariat. Ceci consiste ainsi à confier
les activités sportives à un enseignant sportif, le théâtre scolaire, la santé et le volet social à un
enseignant ayant du talent et de l’initiative, etc. Ces responsabilités sont les suivantes :
– directeur, chargé de l’encadrement et de la fête des retraités ;
– adjoint au directeur, assurant l’intérim du directeur et l’organisation de la cérémonie de
distribution des prix ;
– responsable du jeu Génie en herbe ;
– responsable de la coopérative scolaire ;
– responsable de l’environnement, de l’Union des associations sportives scolaires et
universitaires (UASSU) et des examens blancs ;
– responsable de la bibliothèque scolaire ;
– responsable du théâtre scolaire, de la santé et du volet social.
Les pôles de responsabilités cités par les différents acteurs constituent des structures de gestion
participative initiées au sein de cette école. Cette répartition interne des responsabilités est décidée
par consensus, sur la base du volontariat. Les enseignants accueillent favorablement ce partage
des responsabilités qui, selon eux, « favorise la transparence, tout en motivant les maîtres dans
la quête de la qualité. »
• L’APE
L’APE de l’école Kàmb existe depuis 1983/1984, et a été créée par les habitants du quartier.
Tous les ans, le bureau doit être renouvelé. L’actuel bureau a été élu en 2003. Il comprend un
président, un vice-président, une deuxième vice-présidente, un trésorier, un secrétaire administratif
et un secrétaire administratif adjoint, une secrétaire à l’organisation. Tous les acteurs ont reconnu
l’inexistence d’un texte officiel concernant l’APE. « Le directeur nous avait promis un règlement
intérieur, mais nous ne l’avons pas encore. » Pour le directeur, il s’agit d’une « structure partenaire de
l’école, qui n’intervient qu’à la demande du directeur. » Pour leur part, les enseignants considèrent
que « le bureau se résume au seul président. »
Autonomie de l’école
La gestion du personnel
• Recrutement
Le directeur d’école
Le directeur a été nommé par voie de compétition par le ministère de l’Éducation (ME). Sur ce
mode de nomination, le directeur et les enseignants considèrent que « le seul critère de grade ne
suffit pas pour diriger une école. Il faut aussi évaluer les compétences pédagogiques, la morale
et la rigueur dans le travail. » Ainsi, ils proposent la sélection par voie de concours à partir de
critères divers et liés aux capacités professionnelles indispensables à l’exercice de la fonction de
directeur.
Après sa nomination en 1999, le directeur a suivi en novembre de la même année un stage de
dix jours. Les thèmes portaient sur :
– le profil du directeur ;
– la mobilisation sociale ;
– la gestion du personnel ;
– la gestion matérielle et financière.
Ce stage, financé par la coopération belge, avait été organisé par l’Inspection académique de la
région des Mines de Phosphates-ville. Il avait regroupé les nouveaux directeurs des IDEN des Mines
de Phosphates-ville, de la région des Mines de Phosphates-ville. D’après le directeur, « c’était
bénéfique. C’était formidable. J’ai noté une amélioration dans ma pratique de la fonction de
directeur. »
Les enseignants
Le directeur n’intervient pas dans le recrutement du personnel enseignant, ce qu’il regrette : « Nous
gérons comme ça leurs humeurs. J’aurais préféré que quand on m’affecte un enseignant, je puisse
avoir des éléments d’appréciation le concernant, afin de pouvoir l’aborder. Par exemple, me faire
parvenir le résumé de son CV. Sinon, il me faut attendre deux à trois mois avant de le connaître.
Pendant ce temps, il est responsable de classe, sans que je ne sache rien de lui. » Par ailleurs, il
ajoute que si « officiellement, les meilleurs enseignants sont ceux qui sont titulaires du CAP, très
souvent, le titulaire du CAP a une fiche de leçon qu’il reconduit régulièrement au lieu de préparer
sa nouvelle leçon. » Le directeur déplore son manque d’autonomie par rapport à la gestion du
personnel : « Vous êtes contraints d’accepter quelqu’un qu’on vous balance. »
Les enseignants fonctionnaires et les MC de l’école Kàmb sont nommés à leurs postes par le
ME suivant le même mode que le directeur. Seul le recrutement des enseignants fonctionnaires
présente une certaine objectivité et transparence, car il soumet aux postulants des épreuves
uniques sous forme de concours national. En revanche, pour ce qui est des VE, « leur recrutement
devrait se faire au niveau national, ce serait mieux. Ce qui éviterait les dérapages notés dans
certaines inspections académiques. »
À propos du recrutement des enseignants, l’APE déclare : « Notre avis n’est pas recueilli. Pourtant,
il y a des enseignants qui devraient rester avec nos enfants. Un jour, ma fille est rentrée tout en
pleurs, parce qu’ayant appris que son maître allait être affecté ailleurs. »
D’après les enseignants et le directeur, « ces thèmes ont été exécutés sans la participation des
inspecteurs, à part celui sur l’éducation à la vie familiale : population et santé. » Ils déplorent le
manque d’implication de l’IDEN : « Les rapports d’activités de la cellule qu’ils envoient à l’IDEN
restent sans suite. Pourtant, [il leur] arrive d’y poser des problèmes pédagogiques soulevés à
l’occasion de leurs séances d’animation pédagogique. »
Enfin, l’école Kàmb a reçu de la JICA un microscope, mais les enseignants ne savent pas le
manipuler. Toujours dans ce même ordre d’idées, il leur manque « des compétences en travail
manuel et sur les programmes transversaux tels que l’éducation environnementale, l’éducation
à la vie familiale, etc. »
• Évaluation
L’évaluation du directeur est du ressort de l’IDEN qui tient compte de ses rôles et tâches dans les
domaines de la gestion pédagogique et administrative de l’école.
Pour l’évaluation des enseignants en fin d’année, le directeur dispose d’un cahier dans lequel il
note leur assiduité et leur ponctualité. L’exercice des heures supplémentaires constitue aussi un
critère d’appréciation au moment de l’évaluation. Pour le sérieux dans le travail, en fin de semaine,
le directeur prend au hasard dans chaque classe cinq cahiers de devoirs et cinq cahiers de leçons.
Enfin, les initiatives du maître par rapport aux activités mises en œuvre au niveau de l’école entrent
aussi dans les critères d’appréciation.
Selon lui, des difficultés existent car « le directeur n’a pas une grande influence sur les enseignants »,
dans la mesure où il n’intervient pas, comme vu plus haut, dans le recrutement de son personnel
enseignant.
Les différents acteurs sont satisfaits du comportement du personnel enseignant et de leurs
performances, au vu des résultats obtenus.
en dehors des articles énumérés dans la correspondance l’informant des montants disponibles,
encore moins dépasser les montants qui lui sont alloués. »
Le directeur dénonce également l’inadéquation des fonds alloués aux besoins de l’école : « Les
articles dont l’école a besoin ne figurent pas sur la liste de l’IDEN. Il faut remettre à l’école son
montant. Ainsi, l’école pourra faire ses commandes en fonction de ses besoins. »
Le budget de la coopérative scolaire
Le montant de la cotisation au niveau de la coopérative scolaire s’élève à 500 FCFA par élève et
par an. Pour cette année, la coopérative scolaire a collecté 142 000 FCFA (500 FCFA par élève ont
été collectés auprès de 282 élèves, et 200 FCFA par élève auprès de cinq élèves). Il est permis à
un élève de verser sa cotisation par tranches, ce qui explique que certains d’entre eux ne payent
que 200 FCFA.
Pour la trésorière de la coopérative scolaire, « les fonds sont dans le compte ouvert au Crédit
Mutuel de la région des Mines de Phosphates-ville. Le solde s’élève à 192 110 FCFA. » Signalons
à ce sujet que pour ces fonds, bien que dans un compte, seules les signatures du directeur et du
maître de tutelle y ont été déposées. Les raisons avancées sont dues au fait que les élèves sont
encore mineurs, ce qui ne leur permet pas d’effectuer des opérations bancaires.
En dehors de cette cotisation de 500 FCFA, chaque élève verse 100 FCFA par mois pour le paiement
du gardien (50 FCFA) et des factures d’eau (50 FCFA). Les factures d’eau sont donc payées par les
élèves et les dernières factures ont varié entre 10 000 et 15 000 FCFA.
Pour compléter ces cotisations, les enseignants cotisent librement 1 000 FCFA par mois et par
personne, soit 7 000 FCFA. Ainsi, les derniers montants mensuels collectés pour le paiement du
gardien (élèves et enseignants réunis) se sont élevés à 19 500 FCFA. Les élèves mènent des
actions de solidarité en rendant visite à leurs camarades malades ou frappés par un malheur
(décès, accident, incendie, etc.). Rien que pour cette année, ils ont versé à des camarades, au titre
de la solidarité, 10 150 FCFA sur la base de leurs propres cotisations (selon le cahier des visites du
bureau de la coopérative scolaire). Les élèves ajoutent qu’il leur arrive de « recopier les résumés
des leçons pour un camarade absent pour des raisons de santé. » Par ailleurs, ils participent à la
gestion de la bibliothèque et de la boutique scolaires. « C’est un élève du CP qui est responsable
de la vente de la craie. »
Les frais de recrutement au CI s’élèvent à 2 000 FCFA et sont versés à l’APE. Cet argent sert à
appuyer la coopérative scolaire dans ses dépenses relatives à la réparation du mobilier, à l’achat
de médicaments pour les élèves, pour les premiers soins, en cas de blessure.
Sur le budget de la coopérative scolaire, les dépenses suivantes ont été effectuées :
– organisation de la semaine de l’école de base : 9 000 FCFA (achat de cadeaux pour les
élèves) ;
– UASSU : 7 000 FCFA par compétition hebdomadaire, en fonction du niveau de
qualification ;
– évaluation départementale (restauration des membres du jury des examens communaux,
qui sont des examens blancs) : 3 500 FCFA + 500 FCFA = 4 000 FCFA (les 500 FCFA
représentent le transport du maître) ;
– Génie en herbe : 2 000 FCFA par sortie ;
– réfection des toilettes : non disponible ;
– amélioration de l’environnement : non disponible.
Le responsable de la bibliothèque scolaire réceptionne les manuels et informe les élèves des
autres classes des nouveaux arrivages. D’après lui, « le taux de location pratiqué est de 25 FCFA
l’ouvrage, et ce pendant 15 jours pour les élèves de CM2, et d’une semaine pour tous les autres
élèves, y compris les anciens de l’école, autorisés eux aussi à s’abonner. » La bibliothèque est
ouverte aux anciens élèves de l’école suivant les mêmes conditions.
Le montant des recettes au niveau de la boutique scolaire s’élève cette année à 105 450 FCFA.
La boutique a en outre bénéficié d’un appui de 70 000 FCFA provenant de l’association Nurro
te wuute. La boutique vend des cahiers, des crayons à bille et de la craie. Son « objectif est de
permettre aux élèves démunis de ne pas sortir de l’école pour aller chercher du matériel. »
Sur la gestion des manuels scolaires, le directeur verse aux enseignants 10 % du reliquat des
recettes tirées de la location après la réparation des manuels usagés, au titre de l’exercice de
cette responsabilité.
Le budget de l’APE
Le montant de la cotisation de l’APE est fixé à 100 FCFA par élève et par an. Cette année, ils n’ont
pu collecter que 1 500 FCFA.
Malgré la modicité de la cotisation, l’APE n’arrive pas à récupérer les 100 FCFA. L’explication donnée
par le bureau est que « la plupart des parents n’habitent pas le quartier. De ce fait, ils ne sont pas
conscients des besoins de l’école parce que ne les vivant pas. » Face à cette situation, « elle a été
obligée de récupérer 2 000 FCFA par élève au moment de l’inscription des élèves de CI. »
Le président de l’APE, nouvellement élu, a indiqué : « Je suis allé voir l’inspecteur après mon
élection pour lui demander ce que je dois faire en tant que président de l’APE. Il m’a dit que
l’argent des inscriptions, ce n’est pas l’affaire des maîtres ni du directeur. C’est le bureau de l’APE
qui doit s’en occuper. »
La subvention de la municipalité pour le paiement des factures d’eau
Cette année, la municipalité a subventionné l’école à hauteur de 77 500 FCFA au titre de la
consommation en eau. « Mais étant donné que les élèves ont déjà pris en charge cette dépense,
la direction, les enseignants et les parents d’élèves ont décidé de réserver cet argent pour une
éventuelle contrepartie, au cas où un partenaire se manifesterait. » Actuellement, cet argent est
dans la caisse de l’APE.
• L’IDEN
L’implication de l’IDEN se manifeste essentiellement dans le cadre de la gestion pédagogique, de
la gestion des ressources matérielles et financières, et de la gestion du personnel.
En effet, dans le domaine de la gestion des ressources matérielles et financières, l’école envoie
régulièrement des rapports à l’IDEN faisant état de ses besoins. Au plan financier, l’IDEN a alloué
cette année 25 000 FCFA destinés au recrutement des élèves de CI. D’après le directeur et l’APE,
« cette somme a été versée en guise de motivation aux parents d’élèves qui se sont toujours
impliqués bénévolement dans le recrutement des élèves au CI. »
Il n’en demeure pas moins que l’IDEN ne donne pas suite à de nombreuses requêtes. En effet, la
demande concernant le mur de clôture « qui engloutit beaucoup d’argent en raison de son état »
n’a pas encore suscité de réaction.
• La mairie
Les acteurs rencontrés n’ont fait état, dans l’ensemble, d’aucune intervention particulière de la part
des autorités municipales. En dehors de la subvention de cette année destinée à la consommation
en eau (77 500 FCFA) et les deux aides scolaires versées à deux élèves nécessiteux (10 000 FCFA
chacun, soit un montant total de 20 000 FCFA), les deux correspondances de l’école adressées
au maire sont restées sans suite. L’école y sollicitait l’intervention de la mairie pour la démolition
des trois anciennes classes, complètement en ruines et constituant un danger permanent pour
les élèves (risques d’effondrement, repaire de serpents). En outre, la mairie devrait, de l’avis des
différents acteurs, « prendre en charge le gardien de l’école ».
Le président de la commission éducation a déclaré que, pour cette année, « la municipalité a mis
en place un budget de 300 000 000 FCFA pour les écoles de la commune. Sur ce montant, les
180 000 000 FCFA constituent la subvention du ministre de l’Éducation , conseiller municipal
dans la même ville, indépendamment des fonds de dotation. » Ce budget est destiné à la réfection
de certaines écoles de la ville, au paiement des factures d’eau et à l’octroi d’aides aux élèves les
plus nécessiteux.
Inspection
Dans le domaine de l’encadrement pédagogique, les visites de l’IDEN, effectuées par les inspecteurs
de l’IDEN, restent rares. Pour l’année scolaire 2003/2004, deux candidats de l’école ont subi
leurs examens professionnels. Ils ont été inspectés par deux inspecteurs, sans tenir compte du
découpage de la circonscription en districts, puisque l’un d’eux relève du district n° 2, l’école
faisant partie du district n° 3.
Il est ressorti de l’entretien avec le chef du district n° 3, dont fait partie l’école Kàmb, qu’il a à ce
jour « inspecté 66 maîtres – alors que le cahier des charges du ministère de l’Éducation lui fixe
30 maîtres dont 5 directeurs – et encadré 6 cellules d’animation pédagogique avec des rapports à
l’appui. » Les acteurs rencontrés ont cependant souligné « la rareté des visites d’inspection. Depuis
cinq ans, à part ces deux examens professionnels, les maîtres n’ont pas été inspectés. »
La question reste de déterminer les critères de programmation des visites d’inspection, notamment
au niveau du district n° 3. Le manque d’appui conduit le chef de district à déclarer « qu’il n’attend
pas les moyens de l’État ; je fais mes visites d’inspection à pied. » Toujours selon les enseignants,
« le collectif des directeurs devrait être motivé davantage, en recevant plus de moyens de la part
de l’IDEN. »
Appui pédagogique
Pour le directeur, l’appui pédagogique renvoie à tout ce qui contribue à l’amélioration des conditions
d’apprentissage. Selon lui, cet appui pédagogique pourrait prendre deux formes :
– l’envoi de matériel didactique (surtout en mesure, cartes murales) ;
– la publication d’une revue pédagogique telle Le Pédagogue à vendre aux enseignants.
Elle comporterait des informations sur les innovations pédagogiques.
Chez les enseignants, l’appui pédagogique tourne autour du matériel didactique et de
l’encadrement de proximité. Ils ont également noté cette année l’important appui pédagogique de
la JICA, compensant l’insuffisance pédagogique de l’IDEN. Aussi « souhaitent-ils l’organisation de
séminaires sur les innovations pédagogiques pour faire revenir le pédagogique. »
Toujours au plan de l’encadrement, le maître d’arabe souligne qu’il « n’a pas les moyens pour
enseigner. Le programme fait défaut. Ainsi, il appartient au maître d’arabe de trouver les contenus
pour enseigner. Il s’y ajoute que ni moi, ni mes élèves ne disposent de livres en arabe. Pourtant,
l’enseignement de l’arabe a été introduit officiellement dans les emplois du temps, depuis deux
années scolaires. »
Conclusion
Au terme de cette enquête, les thèmes les plus récurrents dans le discours des acteurs tournent
autour des questions suivantes :
Le déficit d’information quasi général : entre les enseignants et leur encadrement rapproché ;
des enseignants sur la gestion financière de la coopérative scolaire ; des élèves du bureau de la
coopérative scolaire sur la gestion des fonds de la coopérative (soit par le maître de tutelle ou
par le directeur) ; des parents d’élèves sur la destination des cotisations au niveau de l’APE ; de
l’inspecteur chef de district sur les conditions d’organisation de l’encadrement du collectif dans
son district ; du directeur sur l’origine des fonds reçus de l’IDEN ; de l’IDEN sur les besoins de
l’école par rapport à l’utilisation des fonds qui lui sont alloués.
L’absence de textes voire leur inaccessibilité par les différents acteurs (APE, coopérative scolaire,
budget alloué par l’IDEN ou par la mairie), ce qui laisse chez les membres de l’équipe de recherche
« l’impression d’une structure artificielle en ce qui concerne la coopérative scolaire, domaine
réservé du directeur. »
– La non-valorisation des résultats scolaires en termes de redistribution des moyens de
l’IDEN : « Des écoles moins performantes se voient octroyer des infrastructures que leurs
résultats ne justifient pas aux yeux des parents d’élèves et des enseignants », d’après le
directeur.
– L’inaccessibilité des autorités municipales, « aussi bien par les enseignants que par
les populations. Ces derniers ne comprennent pas pourquoi les autorités municipales
ne sont pas proches d’eux, ni pourquoi leurs critères d’intervention ne leur sont pas
connus », de l’avis du directeur.
– La rareté des visites d’encadrement de la part des inspecteurs, sans que les enseignants
n’en connaissent les raisons véritables, à part peut-être, selon le directeur, « la faiblesse
du ratio inspecteur/maîtres ».
– La non-responsabilisation du directeur adjoint par un texte officiel.
Le présent document vise à examiner, à partir des études de terrain conduites dans le cadre de
cette recherche auprès d’un échantillon d’IDEN et d’écoles, la mise en œuvre de la politique de
décentralisation au Sénégal et son impact sur le fonctionnement et la gestion de ces structures.
Ce document examinera dans un premier temps le rôle que joue l’administration centrale dans le
système éducatif. Sa présence se manifeste en effet à la fois dans la formulation des politiques
éducatives et dans la gestion des ressources humaines, financières et matérielles des IDEN et des
écoles. Ceci n’est pas sans limiter l’autonomie de ces acteurs pour accomplir leur mission, ce qui
sera examiné plus en détail dans une deuxième partie.
Les problèmes de communication entre l’administration centrale et les bureaux déconcentrés ont
ainsi été dénoncés.
Concernant la transmission du courrier, les IDEN et les IA déplorent les délais trop longs, de même
que le manque de fluidité des informations, provenant du niveau central. Un IDEN a déclaré en ces
termes : « tu passes au ministère, tu prends ton courrier ; tu ne passes pas, il stagne ! ». Un autre
IDEN ajoute qu’ « il n’existe pas de dispositif de transmission du courrier, aussi bien en amont,
qu’en aval, on guète des deux côtés les occasions pour lever le courrier ». Il convient toutefois
également d’ajouter le manque de transmission d’information en provenance des IDEN vers le ME.
Par exemple, il semblerait que certaines IDEN ne rendent pas toujours compte de leurs activités
au ME. Ainsi l’IDEN du Ferlo ne transmet pas systématiquement ses rapports de mission au ME. Il
explique ceci par le fait que « c’est toujours après coup qu’on se rend compte qu’il fallait informer
le ME ».
Le reste du personnel est composé d’agents d’appui, lesquels effectuent les tâches administratives
et sont relativement nombreux. L’IDEN du Ferlo en compte en effet 14, et ceux des Mines de
Phosphates-ville et du Bassin arachidier, 12 chacun. Alors que l’organigramme officiel des IDEN
limite les effectifs à neuf agents, le problème de surcharge de travail ne devrait pas se poser en
principe. Or, en réalité, davantage que le nombre du personnel d’appui, c’est la qualité de leurs
compétences qui importe. En effet, les agents des IDEN sont tous de formation enseignante,
et ne disposent pas toujours des compétences requises pour l’accomplissement des tâches
administratives. Seuls certains membres du personnel des bureaux locaux peuvent bénéficier
ponctuellement de formations organisées par le niveau central. Par exemple, le chef du bureau du
personnel et le responsable de la planification et des statistiques de l’IDEN du Bassin arachidier
ont pu participer à quelques formations.
Les organigrammes réaménagés par les IDEN diffèrent dans certains cas des organigrammes
officiels : les adjoints à l’Inspecteur Départemental s’occupent également des tâches administratives,
en plus de leurs missions d’inspection et d’encadrement pédagogique. Certains mêmes sont
responsables de plusieurs divisions à la fois.
une aptitude […]. Le critère de grade ne suffit pas pour diriger une école, il faut aussi évaluer
les compétences pédagogiques, la morale et la rigueur dans le travail ». Certains proposent donc
« l’instauration de concours d’accès aux fonctions de directeur », à partir de critères divers et liés
aux capacités professionnelles indispensables à l’exercice de la fonction de directeur.
Le recrutement des enseignants
Le recrutement et l’affectation des enseignants fonctionnaires relèvent successivement de la
Commission nationale, régionale et départementale (au niveau des IDEN lorsque des postes
d’affectation ne sont pas pourvus.) Ni les parents d’élèves, ni le directeur d’école n’interviennent
dans ce processus, le rôle de ce dernier se limitant à l’expression de ses besoins au regard des
postes vacants. En outre, un directeur qui décèle de graves lacunes chez un enseignant est tenu
d’en avertir l’IDEN.
Il apparaît que l’appréciation de ce mode de nomination des enseignants ne fait pas l’objet d’un
consensus parmi l’ensemble des équipes pédagogiques des écoles étudiées.
D’un côté, un certain nombre d’enseignants et quelques directeurs craignent que davantage
d’autonomie dans le recrutement des maîtres conduise à des dérives. Aux dires des enseignants
de l’école du Camp Faidherbe, « ce sera plus grave […] le directeur va recruter ses neveux ; les
syndicats n’accepteront pas et le directeur va verser dans l’arbitraire, avec plus d’autonomie ».
Le directeur de l’école Randoulène le souligne aussi : « je ne souhaite pas le pouvoir de faire
quitter un enseignant. Ce serait un risque d’abus ». La contestation du mode de recrutement des
maîtres contractuels (MC) et des volontaires de l’éducation (VE), l’affectation de ces derniers
incombant à l’IDEN, illustre bien l’aversion des autres catégories d’enseignants à l’arbitraire. Les
enseignants de l’école du Camp Faidherbe estiment par exemple qu’un tel « recrutement n’est
pas démocratique en raison des pressions locales subies par ceux qui recrutent ». Ils ajoutent
qu’« il n’y a pas de transparence, mais cela ne date pas de maintenant ». Seul le recrutement des
enseignants fonctionnaires présente une certaine objectivité dans la mesure où les postulants
sont soumis à des épreuves uniques sous forme de concours national.
D’un autre côté, des directeurs d’école et certains parents d’élève regrettent de ne bénéficier
d’aucune forme d’implication dans le recrutement des maîtres. Le directeur de l’école Kàmb le
regrette en ces termes : « nous gérons comme ça leurs humeurs. J’aurais préféré que, quand
on m’affecte un enseignant, je puisse avoir des éléments d’appréciation le concernant, afin de
pouvoir l’aborder. Par exemple, me faire parvenir le résumé de son CV. Sinon, il me faut attendre
deux à trois mois avant de le connaître. Pendant ce temps, il est responsable de classe sans que
je ne sache rien de lui ». Par ailleurs, il ajoute que si « officiellement, les meilleurs enseignants
sont ceux qui sont titulaires du CAP, très souvent, le titulaire du CAP a une fiche de leçon qu’il
reconduit régulièrement au lieu de préparer sa nouvelle leçon ». Certains parents souhaiteraient
aussi être impliqués à cet égard : « notre avis n’est pas recueilli. Pourtant, il y a des enseignants
qui devraient rester avec nos enfants. Un jour, ma fille est rentrée en pleurs, parce qu’elle avait
appris que son maître allait être affecté ». Il convient de souligner, en outre, que dans le contexte
d’insuffisance du personnel enseignant, face à la pression de la demande de scolarisation, auquel
s’ajoutent les lenteurs administratives du pouvoir central, le manque d’autonomie des écoles dans
le recrutement des maîtres peut être préjudiciable à la qualité de l’enseignement dispensé dans
les classes, lesquelles sont alors saturées. Cet effet sera examiné plus tard.
d’exprimer nos besoins jusqu’à concurrence du montant ». Un autre directeur décrit la procédure
de réception des fournitures par l’IDEN en ces termes : « nous recevons un bon de la municipalité
via l’IDEN, qui nous convoque pour nous livrer le matériel ». Il ajoute qu’ « il y a aussi des manuels
de l’État reçus avec des bordereaux qui notifient les quantités reçues ».
Il n’en demeure pas moins que si les besoins sont exprimés totalement, les dotations semblent
toujours insuffisantes ou déséquilibrées. À ce propos, un directeur souligne que « l’école manque
de manuels de lecture, de cahiers d’exercices de mathématiques de la première étape, alors
qu’en éveil (sciences, histoire et géographie) c’est la pléthore, le magasin est inondé d’excédents ».
Notons à cet égard, qu’en matière d’exécution du budget des écoles et de l’IDEN, l’inspecteur
départemental est tenu de respecter les lignes budgétaires définies par le pouvoir central.
La marge de manœuvre dans la gestion des ressources financières des écoles reste donc limitée.
Comme nous le verrons par la suite, la contribution des partenaires extérieurs s’avère donc
essentielle.
Les fonds ne répondent pas aux besoins réels des écoles, ce pourquoi un directeur souhaiterait
davantage d’autonomie dans ce domaine. Il propose par exemple que les fonds de dotation
– transférés à la commune – soient remis au Comité de Gestion de l’école. Un autre directeur
ajoute que « les articles dont l’école a besoin ne figurent sur la liste de l’IDEN. Il faut remettre à
l’école son montant. Ainsi, l’école pourra faire ses commandes en fonction de ses besoins ». Les
enseignants de l’école Garçons de la Médina regrettent que « leur école ne soit pas autonome dans
ce domaine. En effet, les quantités de manuels reçus ne correspondent pas toujours aux effectifs
des classes, ce qui pose des problèmes au moment de la distribution ».
Les critères d’allocation des crédits affectés aux écoles manquent aussi de transparence. Un
directeur a ainsi exprimé son ignorance de la provenance de ces fonds en ces termes : « est-ce
des crédits de fonctionnement ou des fonds de dotation ? ». Tout ce qu’il sait, « c’est qu’il ne peut
ni s’approvisionner en dehors des articles énumérés dans la correspondance l’informant des
montants disponibles, et encore moins dépasser les montants qui lui sont alloués ».
Un autre directeur semble regretter une mauvaise allocation des fonds en ces termes : « si chaque
école recevait les sommes dites dépensées sur le papier, on aurait plus et on aurait fait autre chose ».
Il dénonce par là même les problèmes de rouage de l’administration et le manque de transparence
qui créé des suspicions autour de l’utilisation des fonds. Le directeur adjoint de l’école Garçons de
la Médina ajoute que « les fonds ont quitté le ministère pour stagner au niveau des collectivités
locales. Il faut maintenant qu’ils descendent jusqu’aux directeurs d’école ». Les enseignants vont
dans le même sens en plaidant pour la création d’ « un fonds pour les écoles ».
Il apparaît donc que l’État reste encore très présent dans l’élaboration des politiques éducatives,
ainsi que dans la gestion des ressources humaines, financières et matérielles des IDEN et des
écoles. L’insuffisance des ressources qu’il leur alloue les contraint toutefois dans l’accomplissement
de leur mission, et les incite à prendre des initiatives. L’autonomie des IDEN et des écoles à cet
égard est étudiée en seconde partie.
d’un nombre d’inspecteurs suffisant, les IDEN privilégient ceux qui doivent passer des examens
professionnels.
Il en est de même pour l’IDEN des Mines de Phosphates-ville qui n’a lui aussi inspecté que 20 %
des enseignants de sa circonscription, même si le ratio maîtres/inspecteur est légèrement inférieur
à celui de l’IDEN de Ferlo, avec un inspecteur pour 172 enseignants. Il convient de préciser que les
quatre inspecteurs ont certes inspecté 90 enseignants et 8 directeurs, mais ils se sont également
faits aider par le Collectif de directeurs qui ont inspecté 52 maîtres.
La situation est la même à l’IDEN du Bassin arachidier qui, avec ses trois inspecteurs et
600 enseignants, ne peut fournir une couverture suffisante d’inspections et d’encadrement
pédagogique. Cette IDEN a été à l’origine de la création du Collectif des directeurs, qui vise à
pallier ses défaillances en termes d’encadrement pédagogique.
Un Collectif des directeurs est organisé dans chaque zone, laquelle est définie en fonction de
critères de proximité géographique des écoles. Chaque zone doit compter au maximum 15 écoles.
Les zones tendent également à correspondre aux zones administratives, car chaque président de
communauté rurale ne peut intervenir qu’au niveau des écoles de sa communauté.
Au niveau de certaines zones, une cotisation payée par les écoles a été instituée pour financer le
Collectif. Les sources de financement de cette cotisation sont diverses et peuvent provenir de la
coopérative, des APE, ou de la location des manuels scolaires. Cependant, elle n’est pas obligatoire
et « sur 10 écoles d’une zone, deux ou trois vont cotiser ». L’IDEN du Bassin arachidier estime
d’ailleurs à ce propos, qu’il « serait par ailleurs nécessaire de donner aux directeurs d’école les
moyens d’accomplir cette fonction. Ils le font jusqu’à présent avec leurs propres moyens ».
Les activités du Collectif sont coordonnées par un directeur relais, choisi par ses pairs suivant
des critères tels que son expérience en qualité de directeur, sa moralité, les résultats scolaires
obtenus dans son école. « Ceux qui pilotent le mieux sont censés être de bons directeurs relais ».
Ils sont généralement déchargés d’une classe. L’IDEN du Bassin arachidier incite les présidents
de communauté rurale à considérer ces directeurs comme ses propres représentants, capables
de leur fournir toutes les informations sur les écoles.
En principe, aux dires des enseignants, « les visites du CODEE sont sanctionnées par des procès
verbaux, transmis à l’IDEN », mais la même personne note qu’« il n’y a pas de réaction » à ces
rapports, ce qui montre que certains inspecteurs n’ont pas encore intégré cette innovation, ou
n’ont pas le temps de gérer ces dossiers. En outre, le Collectif des directeurs est sollicité par
beaucoup d’écoles, ce qui pousse les enseignants à espérer « que le Collectif soit élargi à d’autres
doyens, à d’autres compétences ».
Le rôle important joué par le Collectif est incontestable. L’IDEN du Bassin arachidier a souligné
qu’il ne s’agit pas uniquement, par ce procédé, de faire face à la pénurie des inspecteurs, mais
cette innovation représente également « une nouvelle vision ». Il considère en effet qu’il serait bon
d’aller plus loin dans le processus de déconcentration, en leur attribuant le pouvoir de délivrer
des notes d’inspection. Il a ainsi souligné que « l’inspecteur doit accepter de mourir un peu », et se
voir confier des fonctions de conception, de recherche action et d’impulsion du système. L’IDEN a
toutefois précisé que « ceci ne doit pas mettre fin à la fonction d’inspecteur».
Notons qu’une initiative similaire a été mise en place dans l’IDEN des Mines de Phosphates-ville,
intitulée Cercle de concertation des directeurs.
a par exemple alloué cette année 25 000F par école destinés au recrutement des élèves de CI.
D’après le directeur et l’APE « cette somme a été versée en guise de motivation aux parents
d’élèves qui se sont toujours impliqués, bénévolement, dans le recrutement des élèves au CI ».
situées en zone rurale que celles en zone urbaine, car l’argent liquide y est en général moins
disponible. Dans d’autres cas, l’appartenance de l’école au village ou au quartier des parents joue
également un rôle. En effet alors que le taux de recouvrement s’est tout de même élevé à près de
85% pour l’école urbaine Sam, il n’en est pas de même pour l’école Kàmb. Le bureau de l’APE de
cette école explique la difficulté de recouvrement des cotisations par le fait que « la plupart des
parents n’habitent pas le quartier. Ils ne sont donc pas conscients des besoins de l’école, parce
que ne les vivant pas».
Dans une école, le budget de l’APE a connu une chute importante : 285 000 F en 2002-2003,
329 000 F en 2001-2002 et 40 000 F en 2003-2004. Ceci s’expliquerait par le fait qu’on n’a pas
voulu exclure les élèves non payants. En revanche, il apparaît que lorsque les parents renvoient
les élèves qui ne cotisent pas, les sommes collectées sont élevées.
Il convient enfin de noter qu’en général, une partie des fonds collectés est allouée à la Coopérative.
Les coopératives scolaires sont instituées au niveau des écoles, et leurs principales ressources
proviennent des cotisations d’élèves. En dehors de cette cotisation, d’autres sources provenant
des initiatives mises en place par les écoles peuvent alimenter cette caisse. Il s’agit par exemple
des recettes tirées du théâtre, et de la vente du bois d’école. En outre, les enseignants peuvent
cotiser librement.
Les fonds des coopératives scolaires demeurent souvent modestes et servent à effectuer des
dépenses telles que les petites réparations (tableaux, tables bancs, fenêtres etc.), ou l’achat
d’intrants, des semences destinées au jardin scolaire et de petit matériel de jardinage.
Le manque de transparence dans la gestion des fonds collectés par la coopérative scolaire de
l’école Sam a été dénoncé, en particulier par les membres du bureau de l’APE. En effet, ces
derniers contribuent à l’appui de l’IDEN grâce à une contribution financière qui s’élève à 30 % de
leur propre budget. À ce titre, ils estiment avoir un droit de regard. Les membres du bureau de l’APE
de l’école Sam regrettent ce manque de transparence : « nous ne savons rien de ce qu’ils font de
cet argent, à part la boutique scolaire qui proposait des articles scolaires à des prix abordables
en 2003 ».
elle est accordée selon les montants suivants : 75 000 FCFA pour les filles et 50 000 FCFA pour
les garçons. Cette discrimination est une stratégie d’incitation à la scolarisation et au maintien
des filles à l’école ». Par ailleurs, la Mairie de Neville en France a équipé la cuisine de l’association
FED et le potager de l’école. Enfin, les Rencontres Francophones ont envoyé des manuels, des
chaises et des tables.
Il apparaît au regard de tous ces exemples que la contribution des ONG est très utile. Il est cependant
nécessaire de veiller à ce que les diverses aides soient coordonnées. Or, c’est rarement le cas. En
outre, des problèmes de délais de livraison ont été soulevés : tout en reconnaissant les efforts faits
par l’ONG Plan-Sénégal, les élèves du bureau de la coopérative scolaire ont souligné que « cette
année, l’aide est arrivée tardivement, et certains parents avaient déjà acheté le nécessaire pour
leurs enfants ».
L’implication des communautés dans la vie de l’école est aussi dans certains cas non financière.
Elles peuvent être à l’origine de nombreuses initiatives visant à améliorer leur fonctionnement,
les conditions de travail et d’apprentissage des maîtres et des élèves ainsi que les relations avec
la communauté.
L’école Sam par exemple, regorge d’initiatives, dont il convient de détailler l’une d’entre elles.
L’association Femmes Ecole Développement (FED) a ainsi été créée en octobre 2001, à l’initiative
des enseignantes de l’école. Cette association poursuit les objectifs de valorisation de l’éducation
de base des filles et des garçons.
Le programme d’activités est bâti autour d’ateliers pratiques : couture, cuisine, coiffure, dessin,
théâtre. Chaque atelier est animé par une ou deux enseignantes, assistées d’une personne
ressource. Les ateliers de l’association FED allient pratique et théorie, et permettent ainsi à celles
ou ceux qui quitteraient l’école de « se débrouiller » avec les enseignements reçus. La communauté
rurale soutient l’association en lui prodiguant des conseils et des encouragements. Elle l’a mise aussi
en relation avec des partenaires européens. Ces derniers ont financé l’équipement des différents
ateliers, chacun disposant aujourd’hui de tout le matériel nécessaire à son fonctionnement.
Aujourd’hui, le patrimoine de l’association est très important : ustensiles de cuisine, matériel de
coiffure et machines à coudre.
Toutefois, le problème de la pérennisation de ces activités reste posé. Sur les sept enseignantes
fondatrices, il n’en reste plus que trois et deux d’entre elles risquent de quitter l’association cette
année. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles les activités n’ont pas encore démarré
cette année. L’espoir est tout de même permis, puisque l’une des fondatrices habite le village, et
le patrimoine de l’association est riche et varié.
D’autres exemples d’initiatives comme le Groupement de Promotion Féminine (GPF) peuvent être
soulignées. Le GPF, constitué par des femmes du village, se charge bénévolement de la préparation
des repas de la cantine scolaire de l’école du village de la Forêt giboyeuse. En répartissant les
femmes du village en trois groupes (groupe du centre, groupe de gauche, groupe de l’extrême Est),
le GPF, à tour de rôle et par groupes de femmes aidées de leurs filles, gère la cuisine bénévolement.
« Cette contribution spontanée a permis la continuité de la cantine sans laquelle beaucoup d’élèves
auraient abandonné » confie le directeur. Chaque vendredi aussi, le GPF organise une opération
« set setal » (nettoyage de l’école) qui mobilise toute la population.
À l’école de la Forêt giboyeuse, une dame d’une quarantaine d’années habitant le village, appelée
la « mère des élèves », intervient dans l’école depuis plusieurs années. Choisie pour ses qualités
personnelles au sein de la communauté, elle accueille chaque matin les enfants des villages
voisins, leur prépare également le petit déjeuner et s’assure de leur présence effective à l’école.
Elle assiste également tout élève qui tombe malade à l’école, et veille au respect des conditions
d’hygiène au sein de l’école. Quand une interruption d’eau intervient, elle ravitaille la cuisine
en eau de puit pour éviter le retard ou l’annulation de repas. Elle reconnaît n’avoir reçu aucune
formation, mais elle pense maîtriser les conditions d’hygiène minimales à respecter : « les enfants
doivent se laver les mains avant et après les repas. La vaisselle doit être propre et le repas prêt,
couvert avant l’heure de consommation ».
La mise sur pied d’une troupe théâtrale à l’école Kàmb, dont les prestations se sont déroulées à
la mairie, « ont été à l’origine du rush enregistré lors du recrutement au CI » aux dires de l’équipe
pédagogique. Les thèmes du répertoire de la troupe renvoient aux scènes de la vie quotidienne
ayant un impact sur l’école. Lors de ces prestations, il a ainsi notamment été question « de
l’utilisation de la main d’œuvre enfantine par certains parents à l’occasion de la période de vente
des mangues ».
• Un appui insuffisant
L’insuffisance des fonds de dotation et la faible prise de conscience de leurs rôles par les
collectivités locales
Comme il a été mentionné précédemment, si l’implication de la Mairie est jugée satisfaisante dans
certaines écoles, en particulier dans l’école du Camp Faidherbe des Mines de Phosphates-ville où,
aux dires du directeur, « elle a sensiblement augmenté le budget et accordé une aide municipale aux
élèves issus de familles démunies », dans d’autres écoles son manque de dynamisme est regretté.
Or, l’appui des collectivités locales est essentiel, ces dernières étant l’autorité décentralisée en
principe la plus proche des écoles. Toutefois, « faute de moyens, la mairie ne peut pas gérer
l’école ».
Il convient néanmoins de noter que le directeur de l’école du Camp Faidherbe n’entretient pas de
relations directes avec la Mairie car c’est l’IDEN qui joue le rôle d’interface entre les deux acteurs.
L’équipe pédagogique de l’école Kàmb ne comprend pas les raisons pour lesquelles « les autorités
municipales ne sont pas proches d’eux, ni pourquoi leurs critères d’intervention ne leurs sont pas
connus ».
Certains directeurs ont aussi déploré la politisation de l’action de certains élus, qui ont tendance
« à n’intervenir que dans les villages où ils ont des militants ». Les enseignants de l’école du village
de la Forêt giboyeuse le déplorent en ces termes : « un village de 50 habitants obtient un puit alors
qu’un autre de 100 habitants ne peut obtenir cette aide. En corrigeant une telle mentalité, on fera
certainement mieux dans la gestion des questions d’éducation ».
En réalité, c’est l’absence d’une véritable politique de formation/sensibilisation des populations
qui a été soulignée. Elles ne connaîtraient pas bien les rôles dévolus aux élus locaux dans le
cadre des compétences transférées. En outre, le manque de formation de ces derniers, la plupart
du temps analphabètes, ne facilitent pas les relations entre les écoles et les collectivités locales.
Les directeurs du département du Ferlo soulignent clairement que « les autorités décentralisées
ignorent toujours ce qui leur a été transféré, en terme de compétences ». En effet, selon l’IDEN
« elles n’ont pas encore pris conscience du caractère particulier de l’école. Il leur manque des
informations sur les nouvelles orientations de l’éducation. Elles méconnaissent les compétences
qui leurs sont transférées. »
Certains directeurs d’école du département du Bassin arachidier ont ainsi précisé qu’ils entretenaient
de bonnes relations avec les élus locaux, seulement lorsque ces derniers étaient titulaires d’un
diplôme universitaire. Dans le cas contraire, ils ont souligné que les rapports restaient distants,
ne se limitant qu’à une simple dotation de fournitures scolaires. Celles-ci ne sont d’ailleurs pas
souvent en adéquation avec les besoins réels des écoles. En effet, ils ne s’informent pas ou
rarement de la vie des écoles. Pour l’IDEN, « certains élus locaux ne sont pas encore suffisamment
pénétrés des textes sur la décentralisation. D’où la nécessité de renforcer leurs compétences dans
ce domaine ».
C’est ce qui explique que la collaboration entre la commune et l’école est efficace, seulement si
« la municipalité comprend que l’école fait partie de ses compétences », comme l’a souligné le
Vice Président de l’APE de l’école du Camp Faidherbe.
Des conflits peuvent aussi surgir entre les bureaux locaux et les autorités décentralisées, portant
essentiellement sur le partage des responsabilités entre les deux structures. À cet égard, l’IDEN
du Ferlo a dénoncé les appréciations des autorités décentralisées qui tendent à cloisonner
les mouvements du personnel enseignant ou des élèves dans leurs localités d’origine. Pour
l’inspecteur départemental, cette vision de l’école ne correspond pas aux exigences de la carte
scolaire puisqu’une telle vision accentuerait ou maintiendrait les disparités entre zones rurales et
les zones urbaines.
L’absence de cadre législatif de l’APE
Si l’APE représente une structure de la société civile partenaire de l’école, un directeur souligne
que « son règlement intérieur, ni son programme ne l’engage ». Ce qui explique que le directeur
de l’école Sam émette quelques réserves quant à l’implication de l’APE de l’école, car selon lui,
elle « s’acquitte certes des tâches qui lui sont confiées ; mais il n’empêche qu’elle devrait être
plus présente à l’école ».
Le directeur, les enseignants et les membres de l’APE de l’école Randoulène ignorent les textes
régissant officiellement le fonctionnement de l’APE. Aux dires du directeur, « c’est un dilemme ».
Le directeur essaie toutefois d’impliquer les parents. L’APE prend des décisions en Assemblée
générale, surtout en début d’année pour faire le point sur les entrées financières et dégager des
priorités de dépenses (petites réfections, appui matériel, etc.). Pour le directeur, « il faut que l’État
assume ses responsabilités en prenant des textes officiels pour réglementer les attributions et le
fonctionnement des APE ».
Le Président de l’APE insiste sur leur méconnaissance des textes en ces termes : « certaines
choses nous échappent. Par exemple, à l’inscription au CI, le bureau doit récupérer les cotisations
et remettre l’argent au trésorier, le président doit signer le Procès Verbal, mais ce n’est pas le cas ».
Un membre de l’APE renchérit en affirmant que « ce sont eux (les enseignants) qui gèrent tout »,
évoquant ici les fonds de l’APE et de la Coopérative scolaire, issus des cotisations collectées.
Conclusion
Il apparaît donc que le processus de décentralisation au Sénégal est encore incomplet et son
impact sur la gestion et le fonctionnement de l’école par les acteurs locaux, ambigu.
L’État exerce en effet un contrôle au niveau de la gestion du personnel et celle des ressources
matérielles des IDEN et des écoles, ce qui limite leur autonomie. L’appui financier qu’il leur octroie,
et le pilotage qu’il exerce, sont parallèlement insuffisants pour les appuyer dans l’accomplissement
de leur mission.
Les structures décentralisées ne fournissent pas toujours de leur côté l’appui espéré. En effet,
si le système éducatif a une certaine expérience en matière de déconcentration (décret portant
Tableau 1.1 Évolution des établissements et des effectifs dans l’enseignement préscolaire,
de 1997/1998 à 2001/2002
Tableau 1.4 Évolution des établissements et des effectifs dans l’enseignement élémentaire,
de 1999/2000 à 2001/2002
Année
CI CP CE1 CE2 CM1
G F Total G F Total G F Total G F Total G F Total
1997/1998 7,8 11 9,3 5 11 8,3 8 12 10 3,4 11 6,6 8,3 16 11,7
1998/1999 8 7,2 7,7 6 6,4 6,1 9 8,1 8,8 7,2 7,9 7,6 11 11 10,6
1999/2000 11 12 11,5 3 4,8 4 6 7,3 6,4 4,6 6,4 5,4 9,6 13 11
2000/2001 10,7 12,4 11,5 3,2 4,8 4 5,7 7,2 6,4 4,6 6,4 5,4 9,6 12,7 11
2001/2002 11,3 13,6 12,4 7,1 8,7 7,8 7 7,6 7,2 4,6 6,3 5,4 9,3 11,9 10,5
Tableau 1.8 Évolution des établissements et des effectifs dans l’enseignement moyen,
de 1997/1998 à 2001/2002
Indice F/G
Années
Public Privé Total
1998/1999 0,57 0,84 0,65
1999/2000 0,58 0,89 0,66
2000/2001 0,60 0,88 0,67
2001/2002 0,62 0,92 0,69
6e 5e 4e 3e
Année
G F Total G F Total G F Total G F Total
1998/1999 9,1 9,6 9,3 11,1 13,9 12,2 13,6 15,9 14,5 nd nd nd
1999/2000 10 11,1 10,4 12,2 13,6 12,7 13,6 15,3 14,3 27,3 18,5 23,8
2000/2001 11 11 10,5 11,1 12,9 11,8 12,6 14,2 13,2 nd nd 25,7
2001/2002 11,7 12,1 11,8 11,9 13,3 12,5 14,1 16,3 15 25,7 28,9 27
6e 5e 4e 3e
Année
G F Total G F Total G F Total G F Total
1998/1999 1,5 -0,4 0,8 4,7 1,3 3,4 4,6 3,2 4,1 nd nd nd
1999/2000 4,2 3,8 4,1 7,8 9,1 8,4 12,7 0,7 7,9 12,9 28,9 20,6
2000/2001 9,3 10,2 9,7 10,1 9,1 9,7 14 8,7 12 nd nd 23
2001/2002 9,8 6,8 8,7 8,6 6,8 7,8 8,8 3,2 6,5 29,5 29,3 26
Tableau 1.14 Évolution des établissements et des effectifs dans l’enseignement secondaire
général, de 1997/1998 à 2001/2002
Tableau 1.15 Évolution de l’indice de parité entre les sexes dans l’enseignement secondaire
général, de 1997/1998 à 2001/2002
Indice F/G
Années
Public Privé Total
1997/1998 0,5 0,9 0,6
1998/1999 0,5 0,8 0,6
1999/2000 0,6 0,9 0,6
2000/2001 0,6 0,9 0,6
2001/2002 0,6 0,7 0,6
Désignation Quantité
Bureau ministre (en bois) 2
Bureau simple (en bois) 11
Bureau secrétaire (en bois) 1
Chaises en plastique 2
Fauteuil roulant 1
Chaise métallique bourrée 10
Chaise en bois bourrée 10
Chaise semi-métallique 21
Table en bois 3
Table de conférence 1
Armoire métallique GM 11
Armoire métallique PM 2
Armoire en bois 1
Casier à tiroir métallique 1
Ronéo mécanique 1
Poste téléphonique 10
Poste téléphonique standard 1
Climatiseur 3
Désignation Quantité
ISUZU AD 5921 1
Moto Yamaha 2
Désignation Quantité
Serveur de fichier 1
Micro-ordinateur DELL Optiplex 5
Micro-ordinateur DELL Optiplex (anciens) 2
Imprimante HP laser jet 1200 séries 1
Onduleur powerwarw 3110 700 VA 6
Housse pour micro (lot de 3) 5
Imprimante laser PM Lexmark E 201 1
Cartouches 2
Imprimante multifonction Laser HP 3300 1
Cartouches 2
Table ordinateurs 6
Ordinateur portable 1
Désignation Montant
Fournitures de bureau (IDEN) 557 500 F
Produits d’entretien (IDEN) 83 500 F
Consommables informatiques (IDEN) 167 000 F
Carburant (IDEN) 697 000 F
Matériel de bureau (IDEN) 83 500 F
Abonnements (IDEN) 83 500 F
Autres fournitures 83 500 F
Entretien et maintenance (IDEN) 83 500 F
Autre maintenance mobilier bureau (IDEN) 83 500 F
Entretien véhicule IDEN 167 000 F
Autres entretiens et maintenance 111 500 F
Services extérieurs de gardiennage IDEN 139 500 F
Autres prestations de service 83 500 F
Frais de poste et d’affranchissement IDEN 56 000 F
Autres achats, biens et services 695 000 F
Total 3 175 000 F
Tableau 2.7 Budget de fonctionnement des écoles de l’IDEN du Bassin arachidier en 2003
Désignation Montant
Autres achats, biens et services 670 000 F
Matériel pédagogique et didactique (écoles IDEN du Bassin arachidier) 450 000 F
Fournitures de bureau (écoles IDEN du Bassin arachidier) 250 000 F
Matériel de bureau (écoles IDEN du Bassin arachidier) 250 000 F
Total 1 620 000 F
Volets Infrastructures
2 hôpitaux
1 centre de santé
Sanitaire 16 postes de santé
8 cabinets médicaux privés
15 pharmacies
2 stades omnisports
1 CNEPS
1 hippodrome
2 centres culturels
Social, sportif et culturel 1 musée régional
3 salles de cinémas
3 squares de détente
4 églises
54 mosquées
Tableau 2.11 Évolution de l’effectif des écoles de la région des Mines de Phosphates-ville
entre 2000 et 2003
Tableau 2.12 Évolution du personnel enseignant dans les établissements de la région des
Mines de Phosphates-ville entre 2000 et 2003
Tableau 2.13 : Le personnel de l’IDEN de la région des Mines de Phosphates-ville et son profil
Ancienneté Ancienneté
Fonction Qualification Age Sexe Expérience
Générale à l’IDEN
CAIE (Maîtrise + – Directeur
2 ans)
– Instituteur
Inspecteur
Inspecteur – Inspecteur Adjoint 7 ans, dont
46 ans H 24 ans
départemental Certificat d’aptitude 4 d’IDEN
aux fonctions – Intérimaire à l’IDEN de
d’Inspecteur de la Région des Mines de
l’enseignement Phosphates-ville
– Institutrice
CAIE – Directrice
Chef du district 1 (Maîtrise + 2 ans) 53 ans F – Éducatrice préscolaire 30 ans 8 ans
Inspectrice – Inspectrice adjointe
– Inspectrice
– Instituteur
CAIE
– Directeur
Chef du district 2 (Maîtrise + 2 ans) 35 ans H 13 ans 2 ans
– Inspecteur adjoint
Inspecteur
– Inspecteur
CAIE – Instituteur
Chef du district3 (Maîtrise + 2 ans) 47 ans H – Inspecteur adjoint 25 ans 2 ans
Inspecteur – Inspecteur
– Instituteur adjoint
CAIE – Instituteur
Enseignement arabe (Maîtrise + 2 ans) 55 ans F – Directeur 35 ans 25 ans
Inspectrice – Inspecteur adjoint
– Inspecteur
Enseignement – Instituteur
PES Professeur 52 ans H 22 ans 2 ans
moyen – Professeur
Assistante à l’IDEN CAP institutrice 34 ans F – Institutrice 8 ans 2 ans
Secrétariat général CAP institutrice 31 ans F – Institutrice 9 ans 3 mois
Désignation Existant
Locaux 10
Armoires 14
Bureaux 18
Chaises 38
Corbeilles à papier 47
Fauteuils 3
Machines à écrire 6
Machines ronéo électrique 1
Véhicule 4x4 1
Moto yamaha 1
Micro-ordinateur 7
Micro-ordinateur portable 1
Serveur 1
Imprimante 3
Carte modem fax 2
Onduleur 4
Brasseur d’air 11
Rames de papier A4 122
Essence super 230 litres
Gasoil 240 litres
Ligne de téléphone 1
Désignation Montant
Fournitures de bureau 606 000 F CFA
Produits d’entretien 91 000 F CFA
Consommables informatiques 182 000 F CFA
Carburant 757 500 F CFA
Matériels de bureau 91 000 F CFA
Abonnement 91 000 F CFA
Autres fournitures 91 000 F CFA
Entretien matériel informatique 91 000 F CFA
Entretien mobilier de bureau 91 000 F CFA
Entretien et réparation de véhicules 182 000 F CFA
Autres entretiens et maintenances 121 000 F CFA
Services extérieurs de gardiennage 151 500 F CFA
Autres prestations de services 91 000 F CFA
Frais de poste et d’affranchissement 60 500 F CFA
Autres activités de biens et services 712 000 F CFA
Total 3 409 500 F CFA
Désignation Montant
Fournitures de bureau 250 000 F CFA
Matériel de bureau 250 000 F CFA
Matériels pédagogiques et didactiques 750 000 F CFA
Autres activités de biens et services 751 000 F CFA
Total 2 001 000 F CFA
Tableau 2.19 Évolution des effectifs scolaires par sexe, en zones urbaine et rurale (entre
2000-2001 et 2002-2003), dans l’IDEN de Ferlo
Année Effectifs Garçons Filles
ZU ZR T ZU ZR T ZU ZR T
2000-
10 033 30 % 23 550 70 % 33 583 5 420 30 % 12 575 70 % 17 995 4 613 30 % 10 975 70 % 15 588
2001
2002-
12 066 33 % 24 509 67 % 36 575 6 361 33 % 12 930 67 % 19 291 5 705 33 % 11 579 67 % 17 284
2003
Source : Bureau de la planification et des statistiques de l’IDEN, novembre 2003
Maîtres
Instituteurs Volontaires de
Années Nombre Instituteurs contractuels Total
adjoints (IA) l’éducation (VE)
(MC)
Total 182 105 108 260 655
2000/2001
Dont femmes 21 35 55 83 194
Total 151 59 329 267 806
2001/2002
Dont femmes 9 13 92 111 225
Total 165 82 301 248 796
2002/2003
Dont femmes 17 15 79 97 208
Source : Bureau du personnel de l’IDEN, novembre 2003
Ancienneté
Ancienneté
Fonction Qualification Age Sexe Expérience dans la fonction
à l’IDEN
publique
IDEN Certificat 57 ans M Inspecteur 40 ans 14 ans
d’Aptitude adjoint
aux fonctions Instituteur
d’Inspecteur de
l’Enseignement
Elémentaire
(Maîtrise + 2ans)
Adjoint IDEN, Chef du CAIE 47 ans M Inspecteur 25 ans nd
district d’Aro adjoint
(Maîtrise + 2ans)
Instituteur
Adjoint à l’IDEN, CAIE 47 ans M Instituteur nd nd
chargé des affaires
(Maîtrise + 2ans) Inspecteur
pédagogiques
adjoint
Adjoint à l’IDEN, CAIE 46 ans M Instituteur nd nd
chargé des affaires
(Maîtrise + 2ans) Inspecteur
administratives
adjoint
Secrétaire général, CAP 51 ans M Instituteur 23 ans 12 ans
chargé du personnel
Bac+1an
et billeteur
Gestionnaire CAP 39 ans M Instituteur 13 ans 3 ans
Bac+1an
Chargé de la mutuelle 35 ans M Maître 5 ans 2 ans
des volontaires de contractuel
l’éducation
Responsable CAP 39 ans M Instituteur 14 ans 4 ans
départemental de
Bac+1an
l’alphabétisation
Courrier et CAP 45 ans M Instituteur 24 ans 8 ans
enseignement arabe
Bac+1an
Planification, CAP 43 ans M Instituteur 18 ans 3 ans
statistiques
Bac+1an
Examens et concours CAP 44 ans M Instituteur 22 ans 5 ans
Bac+1an
Chargé du centre de CAP 35 ans M Instituteur nd 4 ans
ressources
Bac+1an
Secrétariat particulier, 42 ans F Institutrice 12 ans 4 ans
chargée de la SCOFI
Secrétaire du district
nd nd M nd nd nd
d’Aro
Superviseur
nd nd Nd nd nd nd
alphabétisation
Note : Le billeteur s’occupe du paiement des volontaires et maîtres contractuels, du financement des séminaires, etc.
Désignation Quantité
Bureau 12
Salle de réunion 1
Salle des archives 1
Bibliothèque 1
Magasin 2
Bloc sanitaire 3
Chambre gardien 1
Bloc sanitaire gardien 1
Désignation Quantité
Chambres à coucher 3
Salon 1
Cuisine 1
Bloc sanitaire 2
Préau 1
Magasin 1
Désignation Existant
Table micro-ordinateur 12
Bureau ministre 14
Chaises bourrées 52
Fauteuil de direction/roulette 1
Bureau secrétaire 1
Table de conférence 1
Étagères bibliothèques 10
Armoires métalliques basses 2
Armoires hautes 16
Tables ordinaires 2
Tables d’ordinateur 6
Climatiseur Samsung 2
Poste téléphone gamme confort 1
Poste téléphone standard 1
Postes téléphoniques Siemens 18
Climatiseur West Point 2
Désignation Quantité
MAZDA AD 8448 1
Autre véhicule 1
Moto YAMAHA DT 125 2
Désignation Quantité
Serveur de fichier 1
Micro-ordinateur DELL Optiplex GX 260 5
Onduleurs powerware 3110 700 VA 6
Housses pour micro (lot de 3) 2
Imprimante LAZER PM LEXMARK 210 4
Touches imprimantes LAZER PM LEXMARK 4
Imprimantes multifonction LAZER 2
Ordinateur portable 1
Source : IDEN de Ferlo. 2003. Exécution du budget gestion 2003, n°1028 IDEN/DAG.
Tableau 3.1 Ratio manuels par élève et par classe dans l’école de la Forêt giboyeuse
Ratio manuels/élève/classe
Manuels CI CP CE1 CE2 CM1 CM2
Lecture 48/64 47/48 34/42 33/30 29/30 26/40
Calcul 21/64 43/48 33/42 14/30 29/30 29/40
Observation nd nd 35/42 10/30 29/30 26/40
Histoire nd nd 35/42 9/30 29/30 26/40
Géographie nd nd 36/42 9/30 29/30 25/40
Tableau 3.2 Répartition des effectifs par niveau d’enseignement et par sexe
entre 2000 et 2004 dans l’école de la Forêt giboyeuse
2001/2002 46 54 39 47 53 34 68 32 34 55 45 36 49 51 39 62 38 45 55 45 227
2002/2003 43 57 51 46 54 37 62 38 34 57 43 28 61 39 36 56 44 43 53 47 229
2003/2004 45 55 64 48 55 48 48 52 42 70 30 30 63 37 30 61 39 44 54 46 258
Tableau 3.3 Évolution des promotions entre les années 2001/2002 et 2003/2004
dans l’école de la Forêt giboyeuse
Tableau 3.5 Évolution des résultats à l’entrée en sixième entre 2000/2001 et 2002/2003
dans l’école de la Forêt giboyeuse
Classe Effectif
CI/CP 83
CE1 70
CE2 49
CM1 57
CM2 47
Tableau 3.7 Évolution des résultats aux examens scolaires de sixième année du primaire
entre 2000/2001 et 2002/2003 dans l’école Sam
Années Garçons (%) Filles (%) Moyenne de l’école (%) Moyenne du département (%)
2000/2001 61 44 54 nd
2001/2002 65 33 51 nd
2002/2003 51 48 49 38
Désignation Nombre
Compendium métrique 32
Dictionnaire 1
Programme scolaire 12
Livre de langage (CI/CP) 4
Livre de calcul (CI/CP) 2
Livre de géographie (CE1/CE2) 4
Livre de français (CI) 1
Livre de français (CE1) 1
Livre de français (CE2) 1
Livre de français (CM1) 2
Livre de français (CM2) 2
Tableau 3.9 Nombre de livres d’élève par classe dans l’école Sam
2001/2002 747 49 51
2002/2003 707 48 52
2003/2004 691 nd nd
2004/2005 658 50 50
Tableau 3.18 Résultats à l’entrée en sixième au cours des trois dernières années
à l’école Kàmb
Années 2000/2001 2001/2002 2002/2003
Présentés 48 (dont 44 % de filles) 45 (dont 51 % de filles) 57 (dont 51 % de filles)
Admis 24 (dont 37,5 % de filles) 32 (dont 44,5 % de filles) 28 (dont 57 % de filles)
Taux d’admission école (%) 50 71 49
Tableau 3.22 Ratios livre par élève, par matière et par niveau d’enseignement
à l’école Kàmb en 2003/2004
Désignation CI CP CE 1 CE 2 CM 1 CM 2
Lecture Un livre/élève Un livre/élève Près d’un livre Un livre/élève Un livre/élève Un livre/élève
pour deux élèves
Calcul Un livre/élève Un livre/élève Un livre/élève Un livre/élève Un livre/élève Un livre/élève
Géographie nc nc Un livre pour trois Un livre pour Un livre pour Un livre pour
élèves trois élèves trois élèves trois élèves
Observation nc nc Un livre pour trois Un livre pour Un livre pour Un livre pour
élèves trois élèves trois élèves trois élèves
208
Plan, ASEM,
IDEN du Ferlo Zone rurale (en 2002- 14 4 199
AGIR, PROARES
2003)
IDEN du Bassin Plan, Alpha
Zone rurale 151 12 3 201
arachidier Femmes
Quelques
interventions
IDEN des Mines de
Zone urbaine du Christian 72 12 5 172
Phosphates-ville
Children Fund’s
(CCF)
Plus de 1 200 ouvrages sur la planification de l’éducation ont été publiés par l’Institut international de
planification de l’éducation. Un catalogue détaillé est disponible ; il présente les sujets suivants :
Planification de l’éducation
Généralités – contexte du développement
Administration et gestion de l’éducation
Décentralisation – participation – enseignement à distance – carte scolaire – enseignants
Économie de l’éducation
Coûts et financement – emploi – coopération internationale
Qualité de l’éducation
Évaluation – innovations – inspection
Différents niveaux d’éducation formelle
De l’enseignement primaire au supérieur
Stratégies alternatives pour l’éducation
Éducation permanente – éducation non formelle – groupes défavorisés – éducation des filles
L’Institut international de planification de l’éducation (IIPE) est un centre international, créé par l’UNESCO en 1963,
pour la formation et la recherche dans le domaine de la planification de l’éducation. Le financement de l’Institut est
assuré par l’UNESCO et les contributions volontaires des États membres. Au cours des dernières années, l’Institut
a reçu des contributions volontaires des États membres suivants : Allemagne, Danemark, Inde, Irlande, Islande,
Norvège, Suède et Suisse.
L’Institut a pour but de contribuer au développement de l’éducation à travers le monde par l’accroissement aussi
bien des connaissances que du nombre d’experts compétents en matière de planification de l’éducation. Pour
atteindre ce but, l’Institut apporte sa collaboration aux organisations dans les États membres qui s’intéressent à cet
aspect de la formation et de la recherche. Le Conseil d’administration de l’IIPE, qui donne son accord au programme
et au budget de l’Institut, se compose d’un maximum de huit membres élus et de quatre membres désignés par
l’Organisation des Nations Unies et par certains de ses institutions et instituts spécialisés.
Président :
Raymond E. Wanner (États-Unis)
Conseiller principal sur les questions intéressant l’UNESCO, Fondation des Nations Unies, Washington, DC,
États-Unis.
Membres désignés :
Manuel M. Dayrit
Directeur, Département des Ressources humaines pour la santé, Bases factuelles et information
à l’appui des politiques, Organisation mondiale de la santé, Genève, Suisse.
Ruth Kagia
Directrice de l’éducation, Réseau du développement humain, Banque mondiale, Washington, DC, États-Unis.
Diéry Seck
Directeur, Institut africain de développement économique et de planification, Dakar, Sénégal.
Jomo Kwame Sundaram
Sous-Secrétaire général aux affaires économiques et sociales, Nations Unies, New York, États-Unis.
Membres élus :
Aziza Bennani (Maroc)
Ambassadeur, Déléguée permanente du Maroc auprès de l’UNESCO.
Birger Fredriksen (Norvège)
Consultant en développement de l’éducation, Banque mondiale (Ancien conseiller principal en éducation
pour la région Afrique, Banque mondiale).
Ricardo Henriques (Brésil)
Conseiller spécial du Président, Banque nationale de développement économique et social, Brésil.
Takyiwaa Manuh (Ghana)
Directrice, Institut d’études africaines, Université du Ghana, Legon.
Philippe Méhaut (France)
LEST-CNRS, Aix-en-Provence, France.
Tuomas Takala (Finlande)
Professeur, Université de Tampere, Finlande.
Xinsheng Zhang (Chine)
Vice-Ministre de l’éducation.
Cette étude a été préparée par Cheikh Diakhaté, avec la collaboration d’Issakha Guèye et El Hadj
Ngom (INEADE), ainsi que de Claire Ta.
Cheikh Diakhaté est inspecteur de l’éducation, chercheur formateur à l’INEADE. Depuis plus d’une
dizaine d’années, il travaille sur l’amélioration de la qualité de l’éducation dans des domaines
tels que l’ingénierie éditoriale dans un contexte bilingue, l’école rurale et les facteurs de qualité à
l’école élémentaire.
L’ouvrage
De nombreux pays aux caractéristiques très différentes ont réformé la gestion des écoles en
s’appuyant sur des processus de décentralisation. Ces politiques complexes ont été mises en
œuvre en impliquant les entités locales – écoles et bureaux déconcentrés -, les confrontant à des
défis nouveaux et des conséquences majeures sur leur fonctionnement quotidien.
Pour approfondir les connaissances sur la mise en œuvre des politiques de décentralisation et
de leur impact sur ces acteurs locaux, l’IIPE a coordonné un ensemble d’enquêtes de terrain en
Afrique francophone de l’Ouest (Bénin, Guinée, Mali et Sénégal).
Cette publication se concentre sur l’expérience du Sénégal. Après une introduction consacrée
notamment aux caractéristiques de la politique de décentralisation dans ce pays, elle présente les
études de cas menées dans trois inspections départementales de l’éducation nationale (IDEN) et
six écoles, puis en synthétise les principales leçons.
Au Sénégal, ces études ont été réalisées en collaboration avec le ministère de l’Éducation, l’Institut
national d’étude et d’action pour le développement de l’éducation (INEADE), ainsi que l’ONG Plan.
L’IIPE a publié également une synthèse des expériences de ces quatre pays en analysant les défis
que rencontre la mise en place de la décentralisation et son impact sur le fonctionnement des
bureaux locaux et des écoles. Cette synthèse intitulée École et décentralisation est téléchargeable
sur le site web de l’IIPE : http://unesdoc.unesco.org/images/0014/001470/147099f.pdf