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Le risque sanitaire des animaux de compagnie

Par Nathalie Szapiro-Manoukian - le 20/11/2012, Le Figaro

Leur contact constitue le principal risque direct de zoonose pour leurs maîtres.
«La crainte d'une grippe à virus mutant a fait couler beaucoup d'encre au cours de
ces dernières années, mais pour le cru 2012-2013 on peut être rassuré: il n'y aura que
la grippe saisonnière, contre laquelle les personnes les plus fragiles ont néanmoins tout
intérêt à se protéger, rassure le Pr Jean-Paul Stahl (CHU Grenoble). En effet, il n'y a pas
eu d'alerte à la grippe aviaire ou à la grippe porcine transmissible à l'homme, donnée
depuis l'hémisphère Sud cet été.» Hormis les professionnels de l'élevage qui peuvent
contracter certaines zoonoses spécifiques comme le rouget du porc ou l'ecthyma des
chèvres (responsables de lésions cutanées), le principal risque de zoonose directe pour les
particuliers vient donc de leurs animaux de compagnie.
Le virus cowpox (un cousin de la variole, mais bien moins dangereux) fait partie
des zoonoses rares qui font de temps à autre la une de l'actualité: en cause, des rats
achetés en animalerie et en provenance d'Europe de l'Est. Une quinzaine de personnes
avaient été touchées entre décembre 2008 et février 2009 (principalement des
adolescents), puis un nouveau cas avait été répertorié en juin 2010. «Comme on ne
vaccine plus contre la variole, il n'existe plus de protection croisée contre ce virus
cowpox. Et les adolescents infectés ont présenté de grosses ulcérations cutanées,
douloureuses et de guérison lente», remarque le Dr Alexandra Mailles (InVS). En théorie,
les rongeurs ne sont pas les seuls à pouvoir transmettre ce genre de «cadeau»: des
chats sortant dehors et avalant de petites proies contaminées par un cowpox peuvent
également transmettre la maladie en mordant. Pour autant, cette zoonose à déclaration
obligatoire reste rare: on recense moins de dix cas par an dans notre pays.

Désinfecter en cas de griffure


Les amoureux des lézards, grenouilles, serpents et autres animaux à sang froid ne
sont guère plus à l'abri. «On retrouve fréquemment des salmonelles dans leur terrarium,
et le meilleur moyen de ne pas se contaminer est donc de nettoyer ce dernier avec des
gants», insiste le Dr Mailles. Par ailleurs, même si c'est beaucoup plus
rare, perroquets et perruches peuvent être infectés par Chlamydia psittaci, une bactérie
responsable de la chlamydiose aviaire. La contamination du propriétaire se fait alors par
le biais de fientes infectieuses desséchées. Elle se traduit par un syndrome pseudogrippal
et parfois, une pneumonie: dans ce cas, l'antibiothérapie s'avère nécessaire.
«Finalement, les deux zoonoses les plus courantes sont celles dont on ne parle
jamais dans les médias, car elles ne font pas l'objet d'une déclaration obligatoire. Or, une
lésion par griffure ou morsure, même minime, peut favoriser la transmission d'une
bactérie», remarque le Pr Stahl. S'il s'agit de la bactérie Pasteurella, la blessure paraît
disproportionnée par rapport à la griffure ou à la morsure, légère, qui l'a occasionnée: elle
est très douloureuse, très enflée, avec fièvre, courbatures, voire malaise général. Le
traitement de la pasteurellose repose sur l'antibiothérapie précoce. Et dans l'autre cas où
l'agent transmis est une bactérie de la famille Bartonella, c'est l'apparition d'un gros
ganglion indolore (jusqu'à 10 centimètres), deux à quatre semaines après la griffure, qui
donne l'alerte, justifiant l'antibiothérapie à ce stade.
Pour éviter d'en arriver là, si incident il y a, il faut désinfecter avec de l'eau
savonneuse puis un antiseptique incolore. Même chose si l'on touche une plaie infectée
sur notre animal: la transmission de bactéries comme des streptocoques ou des
staphylocoques est alors possible. Or, ces bactéries peuvent s'avérer dangereuses chez les
personnes fragilisées…

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