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LEGIONELLA

Dr A Lezzar CHU CONSTANTINE


Année Universitaire: 2021 – 2022- 2ème année dentaire
I- HISTORIQUE :
Découverte en 1976 lors d’un
congrès d’anciens combattants
« l'American Légion » à l'Hôtel
Bellevue-Stratford de Philadelphie
par l’atteinte de 182 des 4400
participants à la fin du congrès d’une
pneumopathie aigue et le décès de 16
% d’entre eux.
o Les services sanitaires, déclenchaient
ainsi une vaste enquête épidémiologique
et 6 mois plus tard le 18 janvier 1977, Dr
Mac Dade et coll annoncèrent qu'une
bactérie à Gram (-) était à l’origine de
ces infections et qu’ils nommaient
« Legionella »
o Ultérieurement, des enquêtes
sérologiques rétrospectives permirent de
rattacher à cette maladie plusieurs
épidémies de pneumopathies aiguës
inexpliquées.
II- TAXONOMIE – CLASSIFICATION :
 Famille des Legionellaceae comporte un
seul genre : Le genre Legionella (selon le
CDC)
 A ce jour on distingue 60 espèces .
 L’espèce type est Legionella pneumophila
qui comporte 16 Sérogroupes. Le
sérogroupe 1 regroupe la plupart des
souches humaines.
III- CARACTRES BACTERIOLOGIQUES :
1- Morphologie :
Bacilles à Gram (-) (prennent mal le Gram
sauf si on utilise de la fuschine phéniquée
basique), de 0,3 à 0,9 µm de large sur 2 à
20 µm de long.
Non sporulés, non capsulés.
Coccobacillaires à l’examen direct et
filamenteux en culture.
La pluparts mobiles.
Bactérie peut être visualisée par IFD.
Paroi contient des acides gras ramifiés.
Gram à la fuschine phéniquée basique
2- Caractères culturaux :
 Aérobies stricts.
 Exigeants pour leur culture des milieux
complexes (extrait de levure, L-cystéine,
pyrophosphate de fer, charbon qui donne
une couleur noire au milieu +/- ATB,
facteurs de croissance)
Pour les prélèvements humains on utilise :
Le Buffered Charcoal Yeast Extrac (BCYE)
rendu sélectif par l’adjonction d’ATB
(Vancomycine, Colistine) incubé à 35°C sous
2,5 à 5% de sang.
Le CYE (Charcoal Yeast Extrac Agar)
 Pour les prélèvements de l’environnement
le milieu BCYE est supplémenté en
Vancomycine, glycine et Colistine (GVPC)
 Température optimale de croissance :
entre 25 et 37°C (peuvent survivre à
des T° < 25 et se multiplier à des T° >
45°C)
 Délais de culture 3 jours.
 Aspect des colonies caractéristique
« en verre fritté » à la loupe
binoculaire.
Colonies de Legionella
3- Caractères biochimiques :
 Oxydase faiblement (+) inconstante.
 Catalase faiblement (+) inconstante.
 Gélatinase (+ pour la plupart), Amidon
(+)
 Nitrate réductase, Uréase et Glucose
(-).
 L.pneumophila hydrolyse fortement
l’hippurate (sauf sérogroupes 4 et 15)
IV – ÉCOLOGIE :
A – Habitat :
 Bactéries aquatiques de
l’environnement.
 On les trouve dans l'eau (chaude de
préférence) où leur survie est longue
: lacs, rivières, marais, terres
humides, conduites d'eau, l'air,
vapeur d'eau, aérosols, nébulisateurs
et systèmes de climatisation.
Habitat
Exemple: cumulus.
 Il semble que la présence d'une
flore microscopique associée
(Pseudomonas, Flavobacterium,
protozoaires...) ou des amibes libres
facilite la croissance des Legionella.

 Ces bactéries sont tuées par une


chaleur > à 65°C et la chloration de
l'eau.
B – Épidémiologie :
 Transmission par inhalation d’aérosols
infectieux.
 On distingue 3 types épidémiologiques :
épidémiques (Philadelphie), endémique
(hôtels et hôpitaux) et surtout sporadique.
 Les Legionella sont présentes dans 40 à
60 % des prélèvements d'eaux en ville,
mais leur prévalence dans les pneumonies
est modeste (4 %), elles semblent être
liées au terrain.
V - POUVOIR PATHOGÈNE :
Les légionelloses surviennent en général sur
un terrain particulier :
 Homme > 50 ans.
 Tabagisme, alcool.
 Affection cardio-pulmonaire.
 Insuffisance rénale.
 Diabète.
 Immunodépression cellulaire.
 Mode de vie (séjours prolongés dans des
lieux climatisés ou centres de soins)
On a 03 formes différentes :
 La maladie des légionnaires :
Incubation : 2 à 10 jours puis syndrome
pseudogrippal.
Phase d'état : fièvre, dyspnée, toux,
pleurésie, abcès pulmonaires, désordres
rénaux (protéinurie, hématurie,
insuffisance rénale), troubles digestifs
(douleurs abdominales, vomissements,
diarrhée), troubles neurologiques.
 En l'absence de TRT ATB adapté, le taux
de mortalité atteint 15 à 20 %.
 La fièvre de Pontiac :
Beaucoup plus bénigne: syndrome
pseudogrippal guérissant spontanément en
2 à 5 jours.
 Les légionelloses extra-pulmonaires :
Rares mais très graves. concernent le cœur
(myocardite, péricardite, endocardite),
l'appareil digestif (péritonite, colite
nécrosante, pancréatite), l'appareil
musculaire (rhabdomyolyse), le système
nerveux ou l'œil (rétinite).
 Immunodéprimé = infection plus grave.
 Formes inapparente à sérologie positive.
VI- PHYSIOPATHOLOGIE :
 Les légionelles = bactéries intracellulaires.
 Les aérosols infectieux atteignent les alvéoles
pulmonaires, les légionelles infestent les
macrophages alvéolaires, survivent et se
multiplient dans les phagosomes à pH neutre.
 L’inhibition de la fusion du phagosome et des
vacuoles lysosomiales = survie intracellulaire et
destruction des macrophages.
 Contamination d’autres macrophages.
 La réaction immunitaire est responsable d’une
alvéolite aigue.
 Extension de l’infection vers
les bronchioles et les ganglions
lymphatiques loco-régionaux.

 Habituellement l’infection
reste localisée au poumon mais
une diffusion hématogène reste
possible.
Physiopathologie
Physiopathologie
VII - DIAGNOSTIC
BACTERIOLOGIQUE :
Le diagnostic peut être réalisé par :
 Immunofluorescence directe.
 Mise en culture de prélèvements
cliniques.
 Recherche d’antigènes urinaires.
 Sérologie.
Amplification de gènes spécifiques.
A- Prélèvements :
 Lavages broncho-alvéolaires. (de préférence)
 Ponctions transtrachéales.
 Biopsies pulmonaires.
 Culots de centrifugation de liquide pleural.
 Hémocultures.
 Urines.
 En post mortem : Fragments d'organes divers et
aspiration des secrétions endo-bronchiques.
 Le plus stérilement possible avec un peu d'eau
stérile.
 Si délai de transport excède 30 mn, conserver
le prélèvement à + 4°C.
B - Recherche de Legionella par
immunofluorescence directe dans les produits
pathologiques:
• Pas de TRT 3 jours avant le prélèvement, à l’aide
d’AC monoclonaux ou polyclonaux (reconnaissent
tous les sérogroupes de L. pneumophila), couplés
à la fluoresceine.
* Avantages : diagnostic rapide (moins de 4 h).
* Inconvénients : Faible sensibilité et spécificité
liées à des réactions croisées avec certaines
bactéries
 On effectue plusieurs frottis en couche mince:
 1 coloré par le Gram pour apprécier la flore
dominante.
IFD
 Pour l'IFD on utilise généralement 3 pools
de conjugués fluorescents :
A : L. pneumophila sérogroupes 1, 2, 3 et 4.
B : L. pneumophila 5 et 6, L. dumoffii, L.
longbeachae 1.
C : L. gormanii, L. micdadei, L. longbeachae
2, L. bozemanii.
 Examen (+) si plus de 5 petits bacilles
franchement fluorescents (vert pomme)
intra et extra-leucocytaires.
 Un examen (-) n’éliminer pas le
diagnostic, il est obligatoire de faire des
cultures.
C - Culture et isolement : a partir des
prélèvements suivants :
 Lavage broncho-alvéolaire.
 Expectoration.
 Aspiration trachéale ou bronchique.
 Biopsie pulmonaire.
 Liquide pleural.
Sang.
 Milieu BCYE + acide alpha-céto-glutarique (BCYE
alpha), rendu sélectif par l'ajout d’ATB
 Prélèvements de l'environnement : milieu GVPC.
Incubé à 35°C sous 2,5 à 5 % de CO2.
 Décontaminer les prélèvements pluri-microbiens
(aspirations trachéales ou lavages broncho-
alvéolaires) par la chaleur (1 à 2 mn à une T°p ≤
60°C).
 Chaque prélèvement est ensuite ensemencé sur 6
boîtes de milieu :
 BCYE-alpha : * 3 BCYE-alpha simple.
* 3 BCYE-alpha sélectif.
Culture
Les 3 boîtes de chaque milieu sont
ensemencées avec le prélèvement : pur,
dilué à 10'2 et à 10"4
Legionella peut croître dans des
castanéda. (prélèvement de sang)
Les boîtes de Pétri seront examinées tous
les jours (pendant 15 jours) à la loupe
binoculaire.
Colonies en « verre fritté », parfois
pigmentées en bleu ou rosé, pigment plus
intense en lumière UV.
Une loupe binoculaire (ex :
stéréomicroscope grossissement 30)
Aspect en verre fritté des colonies
auto-fluorescence bleue ou rouge visible
sous une lampe Ultra-Violette
 L’identification:
 Biochimique se fait en galerie API 20.
 Par IFD.
 Par agglutination de particules de latex à
l’aide d’anticorps spécifiques de la
membrane externe des légionelles (LPS et
protéine majeure “major outer membrane
protein” (MOMP))
 PCR en cas de réactions croisées.
agglutination de particules de latex
D- La recherche d’antigènes urinaire :
 Des Ag lipopolysaccharides de la membrane
externe des légionelles sont excrétées dans les
urines dans les 2 à 3 jours suivant l'apparition
des signes cliniques chez 88 % des patients et
persistent longtemps même après TRT. (Facteur
limitant le diagnostic de légionellose récidivante).
 La recherche de ces Ag permet un dépistage
rapide et précoce des cas à Legionella
pneumophila sérogroupe 1.
 Les méthodes:
 Immunoenzymatique (ELISA).
 Immunochromatographie sur membrane.
Recherche d’Ag Légionnaire dans les
urines par Immunochromatographie
E - Sérologie par immunofluorescence indirecte
(IFI) :
1. Principe :
 Ag de Legionella fixé par l'acétone sur lame +
sérum du malade.
 Révélation par un conjugué fluorescent anti-
gamma-globulines humaines totales.
2. Réalisation pratique :
• 1e sérum le plus tôt possible, puis un sérum tous
les 8 jours. (Pendant 6 à 8 semaines) pour
observer une éventuelle séroconversion parfois
tardive.
• En pratique, on utilise des pools d'Ag : L.
pneumophila 1 à 4 et 5-6 et l'Ag monovalent L.
pneumophila 1.
 Le diagnostic est :
Certain lorsque le titre d‘AC s'élève de
moins de 16 à plus de 64.
Très probable lorsque le titre est stable à
128.
3. Intérêt : permet souvent de
 Confirmer une suspicion clinique du
diagnostic.
 Sensibilité avoisine 80 %.
Spécificité bonne mais il ya des faux
positifs (Chlamydia, Mycoplasme et
Pseudomonas)
F - Autres techniques :
1. Agglutination sur microplaque.
2. ELISA.
3. Hémagglutination passive.
4. PCR
V - TRAITEMENT - SENSIBILITÉ AUX
ANTIBIOTIQUES :

 In vitro :
 L. pneumophila est sensible à la
Rifampicine, Erythromycine, Aminosides,
Tétracyclines, Chloramphénicol et aux
Fluoroquinolones.
 Ce germe produit souvent une bêta-
lactamase d’où résistance aux
bétalactamines.
 In vivo :
Le TRT classique est basé sur :
 L'érythromycine par voie IV ou mieux
l’Azithromycine ou Fluoroquinolones dans
les formes de moyenne gravitée, pdt 10j.
 L'érythromycine ou mieux
l’Azithromycine + Rifampicine ou +
fluoroquinolones:Levofloxacine*** dans
les formes plus sévères, pdt 14 à 21j.
VI – PROPHYLAXIE :
 Pas de transmission interhumaine = pas d’isolement
 Maladie à déclaration obligatoire = Pour surveiller
les contaminations humaines
 Entretien régulier des réseaux (nettoyage pour
éliminer le tartre), une circulation permanente de
l'eau avec élimination des bras morts et une
température suffisante de l'eau (60°C au site de
production et 50°C aux points d'usage).
 L'éradication des légionelles dans l'eau reste
difficile. (tuées par chloration continue)
 Prévention des légionelloses nosocomiales.
MERCI POUR VOTRE
ATTENTION

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