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Hypothèse de Dupuit--Forcheimer

4.1 INTRODUCTION
Ce chapitre présente l’hypothèse de Dupuit--Forcheimer, l’équation de la continuité utilisant
l’hypothèse de Dupuit--Forcheimer et la solution de différents problèmes que permet l’utilisa-
tion de cette hypothèse.

4.2 HYPOTHÈSE DE DUPUIT--FORCHEIMER


Dans le cas d’un écoulement quasi horizontal, la composante verticale de la vitesse est quasi
nulle et les équipotentielles sont quasi verticales. Cette situation permet de définir l’hypothèse
de Dupuit--Forcheimer, du nom des chercheurs français et allemand qui ont présenté de façon
indépendante cette hypothèse. La figure 4.1 montre les éléments de cette hypothèse.

φ h

Référence

Figure 4.1 Écoulement quasi horizontal.


60 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

Les équipotentielles étant quasi verticales, le potentiel en un point est approximativement la


hauteur de la nappe au--dessus du point de référence.

φ≈h
[4.1]

Le gradient de potentiel est approximativement la pente de la surface libre de la nappe :


∂φ ∂φ ∂φ
≈ ∂h , ≈ ∂h , ≈0 [4.2]
∂x ∂x ∂y ∂y ∂z

et les flux sont :

q x ≈ − K x ∂h ,

q y ≈ − K y ∂h ,
→ →
qz ≈ 0 [4.3]
∂x ∂y

4.3 ÉQUATION DE LA CONTINUITÉ

L’utilisation de l’hypothèse de Dupuit--Forcheimer dans un élément de référence (figure 4.2)


permet d’écrire l’équation des débits dans les directions “x” et “y“ :

Q x = − K x ∂h h ∆y [4.4]
∂x

Q y = − K y ∂h h ∆x [4.5]
∂y

∆h

∆y Référence
∆x

Figure 4.2 Bilan de l’écoulement dans un élément de référence.

Le bilan de l’écoulement dans un élément de référence (figure 4.2) permet d’écrire l’équation
de la continuité. La variation de la quantité d’eau dans le volume de référence (rabattement de
la nappe dh/dt et l’apport de précipitation R) doit être égale à la somme des débits dans les
directions “x” et “y” :


−  dh ∆x ∆y + R ∆x ∆y = d (Q x) ∆x + d Q y
∆y
dt dx dx
   [4.6]
ÉCOULEMENT ENTRE DEUX RÉSERVOIRS 61

La variable “µ” représente la porosité équivalente de dranage. En introduisant l’expression du


débit des équations 4.4 et 4.5, l’équation de la continuité s’écrit :

dt dx ∂x

−  dh ∆x∆y + R ∆x∆y = d − K x ∂h h ∆y
 ∆x
+ 
d − K ∂h h ∆y
dy y
∂y

 ∆y [4.7]

Après simplification, l’équation de la continuité s’écrit :

dt dx

∂x dy

 dh = d K x ∂h h + d K y ∂h h + R
∂y

[4.8]

Cette équation est non linéaire et complique la résolution analytique des problèmes.
L’intérêt de cette équation est qu’elle permet de solutionner des problèmes où la connaissance
de la position de la nappe est l’élément principal. L’utilisation de l’hypothèse de Dupuit--For-
cheimer dans les situations où elle est valide permet de réduire d’une dimension le problème
étudié, ce qui est un avantage mathématique non négligeable dans certains cas. Un problème à
deux dimensions est réduit à une dimension et un problème à trois dimensions est réduit à deux
dimensions.

4.4 ÉCOULEMENT ENTRE DEUX RÉSERVOIRS


L’écoulement entre deux réservoirs en régime permanent est présenté à la figure 4.3.

H1
h
h H2

SUBSTRATUM IMPERMÉABLE

Figure 4.3 Écoulement entre deux réservoirs.

Le système peut être décrit par l’équation de la continuité [4.8] et comme la nappe ne bouge
pas, l’équation de la continuité se réduit à :

dx

0 = d K x h ∂h
∂x

[4.9]

dx

d h ∂h = 0
∂x

[4.10]
62 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

avec les conditions aux limites suivantes :


x=0 , h = H1
x=E , h = H2

Après une première intégration, l’équation [4.10] s’écrit :

h ∂h = C 1 [4.11]
∂x
Cette équation peut aussi s’écrire :
2
1 ∂ (h ) = C
2 ∂x 1 [4.12]
Son intégration donne :

h2 = 2 C1 x + C2 [4.13]

Aux conditions limites, l’équation s’écrit :


x=0 , H 21 = 2 C 1· 0 + C 2
x=E , H 22 = 2 C 1· E + C 2

Elle a comme solution :


C 2 = H 21
H 22 − H 21
2 C1 =
E
La solution générale s’écrit :
H 22 − H 21
h2 = x + H 21 [4.14]
E
L’équation [4.14] montre qu’avec l’hypothèse de Dupuit--Forcheimer, la forme de la nappe est
parabolique pour cette situation.
Le débit par unité de largeur peut être estimé :
2 2
∂h Kx d h2 Kx H2 − H1 [4.15]
Q = − Kx h =− =−
∂x 2 dx 2 E
D’autres démonstrations partent du fait qu’aucun écoulement n’entre ou ne sort au--dessus de
la nappe phréatique et que le débit sera constant le long de l’axe des “x”. Les mêmes résultats
sont obtenus en partant de l’équation suivante appliquée aux conditions limites :
K 2
Q = − K x h ∂h = − x d h [4.16]
∂x 2 dx
2Q
h2 = − x+C [4.17]
Kx
ÉCOULEMENT ENTRE DEUX RÉSERVOIRS EN PRÉSENCE DE PRÉCIPITATION 63

4.5 ÉCOULEMENT ENTRE DEUX RÉSERVOIRS EN PRÉSENCE


DE PRÉCIPITATION
La figure 4.4 présente le cas étudié précédemment mais où il pleut.

R Précipitations

H1
h
h H2

x
SUBSTRATUM IMPERMÉABLE

Figure 4.4 Écoulement entre deux réservoirs avec précipitations.

Le système peut être décrit par l’équation de la continuité [4.8] qui se réduit à :

dx

0 = d K x h ∂h + R
∂x

[4.18]

dx

d h ∂h = − R
∂x Kx

[4.19]

avec les conditions aux limites suivantes (les mêmes que celles du cas précédent) :
x=0 , h = H1
x=E , h = H2

Après une première intégration, l’équation [4.19] s’écrit :

h ∂h = − R x + C 1 [4.20]
∂x Kx
1 ∂ h2 = − R x + C
2 ∂x Kx 1 [4.21]
2
h2 = − 2 R x + 2 C1 x + C2 [4.22]
Kx 2
Aux conditions limites, l’équation s’écrit :

x=0 , H 21 = − R · 0 + 2 C 1· 0 + C 2
Kx
x=L , H 22 = − R · E 2 + 2 C 1· E + C 2
Kx
64 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

Elle a comme solution :


C 2 = H 21
H 22 + KRx E 2 − H 21
2 C1 =
E
La solution générale s’écrit :

R H 22 + KRx E 2 − H 21
h2 =− 2
x + x + H 21 [4.23]
Kx E
L’élévation de la nappe peut être évaluée directement par l’équation [4.23] pour tous les
endroits entre les deux réservoirs. Il est à noter que l’équation [4.23] se réduit à l’équation
[4.14] lorsque la précipitation est nulle (R = 0).
Le cas de l’évapotranspiration est traité en considérant l’évapotranspiration comme une préci-
pitation négative.
Le débit par unité de largeur peut peut être évaluée pour tous les endroits entre les deux réser-
voirs en dérivant l’équation [4.23] :

K 2 K x H 22 − H 21
+ R E 2
Q = − K x h ∂h = − x d h = R x − [4.24]
∂x 2 dx 2E

4.6 ÉCOULEMENT ENTRE DEUX DRAINS PARALLÈLES


L’écoulement entre deux fossés ou deux drains a été un des premiers problèmes étudiés en
drainage. La figure 4.5 représente schématiquement le cas. Le débit vers le fossé ou le drain et
la détermination de l’écartement nécessaire sont les deux éléments d’intérêt.

h qc

h
x

IMPERMÉABLE
dx
E

Figure 4.5 Drainage en régime permanent avec précipitation.

Ce cas est appelé régime permanent et correspond à une nappe en équilibre avec l’infiltration.
Son développement est simple. Le débit passant au travers un élément dx de largeur unitaire est
ÉCOULEMENT SUR UN PLAN INCLINÉ 65

estimé avec l’hypothèse de Dupuit--Forcheimer et est aussi égal à la précipitation qc fois la


distance contributive :

Q = q→x A = − K x dh ( h + δ ) = q c x [4.25]
dx
La réorganisation de l’équation donne :

q c x dx = − K x ( h + δ ) dh = [4.26]
Cette équation peut être intégrée :
E 2 0
qc x dx = − K x (h + δ ) dh [4.27]
0 h

x 2 E 2 h2E 2 
qc | 0 = − K x + δ h E 2| 0h [4.28]
2 2
 E 2

E 2 h2E 2 
qc = − K x + δ h E 2 [4.29]
8 2
 
Kx h2 K x δ h E 2
E 2
qc = 4 +8 [4.30]
E 2 E2
L’écartement s’exprime :
Kx h2 K x δ h E 2
E 2
E2 =4 + 8 [4.31]
qc qc
Le débit unitaire (débit par mètre de drain) s’écrit :
K x h 2E 2 K x δ h E 2
qi = qc E = 4 +8 [4.32]
E E
La solution de ce cas est appelé modèle de Hooghoudt.
Le terme qc est appelé coefficient de drainage et correspond au terme R des sections précéden-
tes. Il a les mêmes unités que la conductivité hydraulique (m/j).
Il serait intéressant de comparer la solution présentée dans cette section avec celle de la section
précédente.

4.7 ÉCOULEMENT SUR UN PLAN INCLINÉ


L’écoulement au--dessus d’un plan incliné imperméable peut être analysé en utilisant l’hypo-
thèse de Dupuit--Forcheimer à conditions que la pente soit faible. Cette situation est représen-
tée à la figure 4.6.
Selon l’hypothèse de Dupuit--Forcheimer, le débit peut être exprimé de la façon suivante :
dy [4.33]
Qx = − Kx h
dx
Où h = y - x tan α,
66 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

α
y

Figure 4.6 Écoulement au--dessus d’un plan incliné imperméable.

dy [4.34]
Q x = − K x ( y − x tan α )
dx
En supposant aucune perte par évapotranspiration ou percolation ou gain par précipitation, le
débit est constant tout le long de la pente. L’équation [4.34] peut s’écrire :
dx − K x x tan α + K x y = 0 [4.35]
dy Qx Qx
Cette équation correspond à une équation aux dérivées partielles d’une forme familière :
dx + f (y) x + g(y) = 0 [4.36]
dy
dont la solution générale est :
y Q C e K y Qtan α [4.37]
x = tan α + −
K tan 2 α tan α
Cette solution a deux constantes Q et C qui doivent être déterminées à partir des conditions
limites ou de la connaissance de l’élévation y de la nappe en deux points différents. En connais-
sant l’élévation y de la nappe en deux points différents, les valeurs de Q et C peuvent être déter-
minées et par le fait même, la forme de la nappe. L’équation [4.37] peut être réécrite :
K y tan α Q [4.38]
y − x tan α = C e Q −
K tan α
La partie gauche de l’équation représente la hauteur de la nappe au--dessus de la couche imper-
méable. Lorsque C = 0, une solution particulière est obtenue :
Q [4.39]
y − x tan α = −
K tan α
ÉCOULEMENT SUR UN PLAN INCLINÉ 67

L’écoulement est appelé écoulement uniforme par analogie à l’écoulement dans les canaux
ouvert où, lorsque la pente est suffisamment longue, la pente de la nappe ou de la surface de
l’eau approche asymptotiquement la pente de la couche imperméable ou du fond du canal.
L’épaisseur de l’écoulement ou de la nappe est appelée profondeur normale avec :

h o = y − x tan α [4.40]

Q = − K h o tan α [4.41]
Dans les discussions qui suivent, ho est définie :
Q [4.42]
ho = −
K tan α
Harr (1962) a discuté trois cas d’écoulement sur un plan incliné imperméable (figure 4.7). Les
trois cas dépendent de l’orientation de l’écoulement par rapport à celui de la pente de l’imper-
méable et des hauteurs des têtes d’eau à l’entrée et la sortie du massif de sol. Si tan α > 0 et
C > 0 (figure 4.7 a), la surface de la nappe est concave et elle est toujours au--dessus de la
profondeur normale (i.e. ho < y - tan α). Si tan α > 0 et C < 0 (figure 4.7 b), la surface de la
nappe est convexe et elle est toujours au--dessous de la profondeur normale (i.e. ho > y - tan α).
Pour un écoulement à contre--pente (figure 4.7 c), tan α < 0 et ho est négatif. La solution est
représentée par une nappe convexe qui a une forme parabolique avec une patte de la parabole
approchant asymptotiquement la profondeur normale négative ho mais sans signification phy-
sique.
Si l’élévation “y” de la nappe est connu en deux points différents (x1 , y1 ) et (x2 , y2 ), les valeurs
de Q et C peuvent être déterminées pour l’équation du débit et de la forme de la nappe à partir
de l’équation [4.38] :
Q K y tan α
[4.43]
y − x tan α + =Ce Q
K tan α
Comme ho peut être estimé de l’expression [4.42] ,
Q [4.44]
− ho =
K tan α
Alors,

y 1 − x 1 tan α − h o = C e −y1 h o [4.45]

y 2 − x 2 tan α − h o = C e −y2 h o [4.46]

et

C = y 1 − x 1 tan α − h o
e y 1 ho [4.47]

C = y 2 − x 2 tan α − h o
e y 2 ho [4.48]

y 2 − x 2 tan α − h o = y 1 − x 1 tan α − h o
e y1 h o e −y 2 ho [4.49]
y 1 − x 1 tan α − h o
y 2 − y 1 = h o ln [4.50]
y 2 − x 2 tan α − h o
68 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

Comme y1 et y2 sont connus, ho peut être obtenus de l’équation [4.50] par itération. L’équation
[4.50] peut être simplifiée en remplaçant h = y - x tan α :
h1 − ho
h 2 − h 1 + x 2 − x 1
tan α = h o ln [4.51]
h2 − ho

α>0

C>0

a ) Surface concave

α>0

C<0

b ) Surface convexe

α<0

c ) Écoulement à contre pente

Figure 4.7 Trois cas possibles de forme de la nappe sur un plan incliné.
RÉGIME VARIABLE SANS PRÉCIPITATION 69

4.8 RÉGIME VARIABLE SANS PRÉCIPITATION

Jusqu’à date, seulement les cas en régime permanent où la nappe est stationnaire ont été consi-
déré. Nous allons étudier le cas d’une nappe initiale horizontale et où le niveau d’eau dans le
fossé est abaissé de façon instantané. L’abaissement du niveau d’eau dans le fossé provoque
par la suite le rabattement de la nappe que nous allons étudier. Le cas est présenté à la figure 4.8.
Le premier cas étudié est celui où la précipitation et l’évapotranspiration sont nulles.

ho
h
δ
x

IMPERMÉABLE
E

Figure 4.8 Drainage en régime variable avec une nappe initiale horizontale (sans précipi-
tation).

Le système peut être décrit par l’équation de la continuité [4.8] qui se réduit à :

dt dx

 dh = d K x h ∂h
∂x

[4.52]

Cette équation est appelée l’équation de Boussinesq en régime variable.

Il est bon de noter que l’équation de Boussinesq utilise l’hypothèse de Dupuit--Forcheimer et


l’hypothèse que le volume d’eau “µ dh” est drainé immédiatement de la zone non saturée lors-
que la nappe se rabat. Les erreurs qu’occasionne cette approximation dépend du type de sol et
des conditions aux limites, ce qui est fonction de chaque cas. Par contre, la solution de l’équa-
tion [4.52] est beaucoup plus facile à obtenir que celles d’approches plus rigoureuses comme
celle de l’équation de Richard décrivant l’écoulement saturé et non--saturé en deux dimen-
sions. Les conditions aux limites du problème sont les suivantes :

0≤x≤E , t=0 , h = ho

x=0 , t>0 , h=δ

x=E , t≥0 , dh = 0
2 dx
70 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

La première solution de l’équation [4.52] sujette aux conditions limites a été présentée par
Dunn (1954) et elle utilise la méthode de séparation des variables. Si nous considérons que ”h”
est petit par rapport à ”E”, l’équation [4.52] peut être réécrite de la façon suivante :

 dh = K x d h ∂h
dt dx ∂x

[4.53]

dh = K x h ∂ 2h [4.54]
dt  ∂x 2
où h est la valeur moyenne de ”h”.
Pour simplifier les conditions limites, nous utiliserons :
g=h−δ
K h
α = x

et réécrivons l’équation différentielle et ses conditions limites :


∂g ∂ 2g [4.55]
=α 2
∂t ∂x
0≤x≤E , t=0 , g=h−δ

x=0 , t>0 , h=0


dg
x=E , t≥0 , =0
2 dx
Cette équation est une équation linéaire et elle peut être solutionnée par la méthode de sépara-
tion des variables. La solution est de la forme :

g = X ( x ) T( t ) [4.56]
où X est une fonction de x uniquement et T est une fonction de “t” uniquement.
Alors,
∂g
= X dT [4.57]
∂t dx
∂ 2g 2
2
= T d X2 [4.58]
∂x dx
Après substitution dans l’équation [4.55] :
1 dT = 1 d 2X [4.59]
α T dt X dx 2
Comme le côté gauche de l’équation est fonction de “t” seulement et que le côté droit de
l’équation est fonction de “x” seulement et que les deux côtés sont égaux, les deux côtés doi-
vent égaler une constante.
1 dT = 1 d 2X = − λ [4.60]
α T dt X dx 2
RÉGIME VARIABLE SANS PRÉCIPITATION 71

La seule solution possible est λ > 0 comme λ = +  2. Le membre droit de l’équation [4.60]
permet de déterminer la relation pour tout “x” :
d 2X +  2 X = 0 [4.61]
dx 2
Avec comme solution générale :

X = A cos  x + B sin  x [4.62]

À x = 0, g = 0, alors X = 0, cos µ x = 1, A = 0 et la seule solution possible est :

X = B sin  x [4.63]

et
dX =  B cos  x [4.64]
dx
Pour x = E/2,
dX = 0 =  B cos  E [4.65]
dx 2
Cette condition est valide pour υ = π E, 3π E, 5π E, . . .
Une gamme de solutions acceptable est :
nπ x [4.66]
X = B sin , n = 1, 3, 5, . . .
E
Le membre droit de l’équation [4.60] permet de déterminer la relation pour “t” :
dT + α υ 2 T = 0 [4.67]
dt
qui a pour solution où “C” est une constante :

T = C e −υ αt
2
[4.68]
La substitution des équations [4.66] et [4.68] dans l’équation [4.56] donne :
2
g(x, t) = D n e − E
α t sin n π x , n = 1, 3, 5, . . .

[4.69]
E
Par superposition, les solutions données par les différentes valeurs de “n“ peuvent être addi-
tionnées pour donner la solution générale :

g(x, t) =  nπ
2
D n e − E
α t sin n π x
E
[4.70]
n=1,3,5,...

La valeur de Dn peut être obtenue en satisfaisant aux conditions initiales g(x,0) = ho - d.



g(x, 0) = h o − d =  D n sin n π x
E
[4.71]
n=1,3,5,...
72 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

Le côté droit de l’équation [4.71] est une série de Fourrier. La valeur de Dn peut être obtenue en
multipliant les deux côtés par “ sin m π x dx” et en intégrant entre les limites x = 0 à x = E :
E
4 (ho − δ )
D n = 1n π n = 1, 3, 5, ... [4.72]

La solution particulière décrivant la hauteur de la nappe en fonction de la distance “x” et du


temps ’t” est :

 1 4 ( h o − δ ) e − nπE
Kx h
t sin n π x
2

h(x, t) = δ + [4.73]
n π E
n=1,3,5,...

Le flux à n’importe quel point peut être obtenu de l’équation [4.3] où dh/dx est déterminé en
dérivant l’équation [4.73]. Le débit par unité de longueur entrant d’un côté du fossé est :
q
= K x h dh | x=0 [4.74]
2 dx
q i = 2 K x h dh | x=0 [4.75]
dx

 1 4 ( h o − δ ) e − nπE
Kx h
t n π sin n π x
2
dh =
dx n π

E E
[4.76]
n=1,3,5,...

À x = 0, cos n Eπ x = 1 et h = d, de sorte que le débit s’écrit:



qi = − 2 Kx δ  1 4 (ho − δ ) nEπ
e−
nπE

2

t
Kx h
 [4.77]
n π
n=1,3,5,...

Il est à souligner que les équations [4.73] et [4.77] utilisent l’hypothèse de Dupuit--Forcheimer
et linéarise l’équation différentielle. De plus, la solution utilise l’hypothèse que l’écoulement
dans la zone non saturée au--dessus de la nappe se fait instantanément à la suite du rabattement
de la nappe et que cette eau drainée forme la porosité équivalente de drainage “µ’ ”. Malgré ces
limites, la libéralisation de l’équation différentielle et sa solution permet de démontrer l’équa-
tion de Glover, qui fut la première à permettre de calculer l’écartement entre les fossés ou les
drains en régime variable.
L’équation de Glover présentant la hauteur de la nappe à mi--chemin entre les fossés
( h 1 = h(E 2, t)) peut. être obtenue en utilisant le premier terme de l’équation [4.73] :
4 ( h o − δ ) − πE
2 Kx h
t [4.78]
h1 = δ + π e
Après quelques manipulations algébriques :

 h − δ

ln π ( 1
4 ho − δ ) 
2 K h
= − π 2 x t
E
[4.79]

E2 = π2
Kx h t
 ln 
π (ho − δ )
4 h1 − δ

 [4.80]
RÉGIME VARIABLE AVEC PRÉCIPITATION 73

4.9 RÉGIME VARIABLE AVEC PRÉCIPITATION


La figure 4.9 présente le cas d’une nappe initiale horizontale et où le niveau d’eau dans le fossé
est abaissé de façon instantané mais où la précipitation et l’évapotranspiration sont considérés.

ho
h
δ
x

IMPERMÉABLE
E

Figure 4.9 Drainage en régime variable avec une nappe initiale horizontale en présence
de précipitations).

Lorsque les précipitations sont non nulles, l’équation [4.52] s’écrit

dt dx ∂x

 dh = K x d h ∂h + R
[4.81]

2
 dh = K x h ∂ h2 + R [4.82]
dt ∂x
Les conditions limites sont les mêmes que celles du cas précédent sauf qu’une précipitation
d’intensité uniforme est considérée.
La solution de ce cas a été présentée par Kraijenhoff van de Leur (1958) et Maasland (1959).
La hauteur de la nappe à mi--chemin entre deux fossés (x = E/2) au temps “t” est :

4R j
h−δ=π 
 1 1 − e −n 2t j

n3
[4.83]
n=1,−3, 5, ...

 E2
j= [4.84]
π2 K δ
Le débit par unité de longueur entrant dans le fossé est :

q i = 8 R2E
π
 1 1 − e −n 2t j

n2
[4.85]
n=1,−3, 5, ...

Les équations [4.83] et [4.85] sont valides aussi longtemps que la recharge R ou l’évapotrans--
piration sont constante. Lorsque la pluie est suffisamment longue ( t → ∞), l’écoulement
74 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

atteindra le régime permanent avec un équilibre entre la nappe et la précipitation. Le débit au


drain correspondra alors à la précipitation multipliée par l’écartement :

q = 8 R2E
π
 1 = 8 R E π2 = R E
n2 π2 8
[4.86]
n=1, 3, 5, ...

Il est aussi possible de déterminer la hauteur de la nappe en équilibre avec la précipitation


( t → ∞) :

4R j
h−δ=π 
 1 = 4 R j π3 = π2 R j = R E2
n3 π  32 8 8 Kδ
[4.87]
n=1,−3, 5, ...

Comme une précipitation complexe peut être représentée par la somme de précipitations sim-
ples, la solution d’un problème présentant une précipitation complexe sera constituée de la
superposition des solutions correspondant à chacune des précipitations simples.

4.10 SOLUTIONS NUMÉRIQUES


Skaggs (1979) a présenté une solution numérique de l’équation de Boussinesq [4.81] pour les
cas d’un fossé ou d’un drain fonctionnant en mode drainage (figure 4.10) ou mode irrigation
(figure 4.11). Ce sont des variantes des cas décrits aux figures 4.8 et 4.9.

R R

ho h E 2
h(x, t)
δ h hd
x

IMPERMÉABLE
Drain
E/2

Figure 4.10 Fossés ou drain en mode drainage souterrain.

L’équation [4.81] peut être réécrite sous une forme adimensionnelle en opérant les transforma-
tions suivantes :
h(x, t)
H= = h [4.88]
hd hd
ξ= x [4.89]
E
2
β = e E2 [4.90]
K hd
SOLUTIONS NUMÉRIQUES 75

e e

hd
h(x, t) h E 2
h
δ
x ho

IMPERMÉABLE
E/2
Drain

Figure 4.11 Fossés ou drain en mode irrigation souterraine.

K hd
τ= t [4.91]
 E2

∂τ ∂ξ

∂H = ∂ H ∂H + β
∂ξ
 [4.92]
hd = élévation dans le fossé ou le drain du niveau de l’eau au--dessus de
l’imperméable (m)
e = taux d’évapotranspiration (négatif) (m/j) ou de précipitation (positif)
E = écartement (m)
h0 = l’élévation initiale de la nappe au dessus de l’imperméable
L’équation [4.92], sujette aux conditions limites appropriées, peut être résolue numérique-
ment.
Les figures 4.12 et 4.13 présentent les solutions Y = (h E 2 − h d) (h o − h d) en fonction de τ pour
le cas du drainage sans précipitation (β = 0) et β = --1 où le niveau d’eau dans le fossé ou le drain
est rabattu du niveau ho au niveau hd . La figure 4.13 présente les solutions pour le cas de l’irri-
gation souterraine sans évapotranspiration (β = 0) où le niveau d’eau dans le fossé ou le drain
est remonté du niveau hi au niveau ho . Les solutions sont données pour le point milieu entre les
drains (ξ = x/E = 0,5) pour différentes valeurs de D = h d h o.
Les figures 4.14 à 4.17 présente les solutions H = h E 2 h d en fonction de τ pour le cas de l’irri-
gation souterraine avec différents taux d’évapotranspiration adimensionnels (µ) où le niveau
d’eau dans le fossé ou le drain est remonté du niveau ho au niveau hd . Les solutions sont don-
nées pour le point milieu entre les drains (ξ = x/E = 0,5) pour différentes valeurs de D = h o h d.
Les variables suivantes sont définies :
hE 2 − hd
h E 2
Y= H=
h o − h d
hd
76 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

PROBLÈMES

4.1 Pour le schéma suivant, l’écoulement atteint un régime permanent pour une infiltration
constante ”e”. Déterminez le rapport ”e/K” et la surface libre de la nappe au--dessus de
l’imperméable.

7m
5m 5m

5m IMPERMÉABLE

E = 30 m

4.2 Si les niveaux de l’eau n’étaient pas les mêmes dans les plans d’eau du problème précé-
dent, démontrez que la ligne de séparation des eaux est plus proche du plan d’eau ayant la
plus grande élévation.

4.3 Le schéma suivant présente un système de contrôle de la nappe dans un sol possédant
une conductivité hydraulique de 1,5 m/j. Tracez le profile de la nappe lorsque l’évapo-
transpiration est de 6 mm/j. Veuillez généraliser votre solution pour ne pas avoir à déter-
miner une nouvelle solution pour chaque nouvelle valeur des paramètres.

0,7 m

1,5 m

IMPERMÉABLE
40 m
PROBLÈMES 77

4.4 Pour le schéma suivant:


a) Déterminez le débit unitaire en régime permanent dans le canal de gauche et le canal
de droite si la précipitation (infiltration) est de 10 mm/j. La conductivité hydraulique
du sol est de 1,0 m/j (spécifiez si les canaux sont alimentés ou s’ils alimentent la
nappe.
b) Déterminez l’équation de la surface libre de la nappe.
c) Déterminez l’élévation de la nappe au--dessus de l’imperméable à une distance de
400 m du canal de gauche.
d) Déterminez le taux d’infiltration minimal (R) nécessaire pour que le canal de gauche
n’alimente plus la nappe.
e) Quelles sont les hypothèses que vous devez poser pour solutionner le problème?
Canal

Cours d’eau

60 m
900 m 30 m

SUBSTRATUM IMPERMÉABLE

4.5 Si la nappe est initialement à la surface du sol dans le schéma suivant, déterminez le
niveau de la nappe à mi--chemin entre les deux fossés en fonction du temps. La conducti-
vité hydraulique est de 1,0 m/j, la porosité équivalente de drainage de 0,05 et il n’y a pas
de précipitations.

1,0 m

1,0 m

SUBSTRATUM IMPERMÉABLE

60 m

4.6 Déterminez les conditions aux limites des cas présentés aux figures 4.11 et 4.10.
78 HYPOTHÈSE DE DUPUIT-- FORCHEIMER

BIBLIOGRAPHIE

Dumm, L.D., 1954. Drain spacing formula. Amer. Soc. Agr. Eng, 35 : 726--730.

Harr, M. E. 1962. Groundwater and seepage. McGraw--Hill, New--York, 315 p.

Kraijenhoff Van de Leur, D.A., 1958. A study of non--steady groundwater flow with special
reference to a reservoir--coefficient, De Ingénieur 40 : 87--94.

Luthin, J. M., 1957. Drainage of Agricultural Lands. American Society of Agronomy, Vol. 7,
Madison, Wisconsin.

ILRI, 1973. Drainage principle and applications -- II Theories of field drainage and watershed
runoff. International institute for land reclamation and improvement. Wagenningen,
The Netherlands, Publication 16 -- Vol.II, 374 pages.

Maasland, M., 1959. Water table fluctuations induced by intermittent recharge. J. Geophys.
Res. 64 : 549--559.
Skaggs, R.W.; 1979. Water movement factors important to design and opération of subirriga-
tion systems, ASAE Paper 79--2543.
β

h E2 − h d
Y=
ho − hd

K hd
τ= t
 E2

Figure 4.12 Solutions décrivant le rabattement de la nappe Y = (hE/2 - hd / ho - hd ) à mi--chemin entre deux drains ( x/E = 0,5)
lorsque la nappe migre d’une position D = hd /ho à une position d’équilibre sous une précipitation nulle β = 0 (d’après
Skaggs, 1979).
79
80

h E2 − h d
Y=
ho − hd

K hd
τ= t
 E2

Figure 4.13 Solutions décrivant le rabattement de la nappe Y = (hE/2 - hd / ho - hd ) à mi--chemin entre deux drains ( x/E = 0,5)
lorsque la nappe migre d’une position D = hd /ho à une position d’équilibre sous une précipitation nulle β = - 1 (d’après
Skaggs, 1979).
β

h E2
H=
hd

K hd
τ= t
 E2

Figure 4.14 Solutions décrivant le mouvement de la nappe H = hE/2 / hd à mi--chemin entre deux drains ( x/E = 0,5) lorsque
la nappe migre d’une position D = ho /hd à une position d’équilibre sous une évapotranspiration adimensionnelle
β = 0 (d’après Skaggs, 1979).
81
82

h E2
H=
hd

K hd
τ= t
 E2

Figure 4.15 Solutions décrivant le mouvement de la nappe H = hE/2 / hd à mi--chemin entre deux drains ( x/E = 0,5) lorsque
la nappe migre d’une position D = ho /hd à une position d’équilibre sous une évapotranspiration adimensionnelle
β = - 1,0 (d’après Skaggs, 1979).
β

h E2
H=
hd

K hd
τ= t
 E2

Figure 4.16 Solutions décrivant le mouvement de la nappe H = hE/2 / hd à mi--chemin entre deux drains ( x/E = 0,5) lorsque
la nappe migre d’une position D = ho /hd à une position d’équilibre sous une évapotranspiration adimensionnelle
β = - 2,0 (d’après Skaggs, 1979).
83
84

h E2
H=
hd

K hd
τ= t
 E2

Figure 4.17 Solutions décrivant le mouvement de la nappe H = hE/2 / ho à mi--chemin entre deux drains ( x/E = 0,5) lorsque
la nappe migre d’une position D = ho /hd à une position d’équilibre sous une évapotranspiration adimensionnelle
β = - 3,0 (d’après Skaggs, 1979).

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