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Compte rendu :

Introduction :
Le 07 mars 2018, s’est tenue à Rabat la conférence: " Maroc: Transition démographique et emploi
des jeunes". Cet événement a été organisé conjointement par l’Institut des Hautes Etudes de
Management et SciencesPo alumni.

La conférence a essayé de traiter une problématique d’actualité qui intéresse plus particulièrement
les jeunes, parce que la population marocaine évolue et le nombre des diplômés évolue également,
mais de l’autre côté l’offre d’emploi régresse.

Monsieur Youssef COUBAGE directeur de recherche à l’INFED a essayé de répondre à la question


suivante : Où on est de la transition démographique au Maroc et son rapport avec l’emploi des
jeunes ?

Pour prendre la mesure des transformations démographiques, culturelles et mentales du Maroc, il


faut les situer dans un contexte comparatif adéquat. Le Maroc appartient à des ensembles plus
vastes, structurés par des organisations internationales ou non : le Maghreb, l’Afrique, la
Méditerranée, le monde arabe et le monde musulman.

La baisse de la fécondité marocaine a pris une décennie d’avance sur celle de la plupart des pays
arabes, et 20 ans sur les retardataires comme la Palestine ou le Yémen. Au moment où elle survint au
milieu des années 70, elle a surpris les observateurs qui doutaient tous qu’elle puisse avoir lieu aussi
vite et aussi tôt. La fécondité du Maroc ne différait en rien avant cette date de celle des pays arabes,
exception faite de deux petits pays le Liban et la Tunisie. La préférence pour la famille nombreuse
était tellement marquée que le pays s’est permis une légère hausse de 7,2 à 7,4 enfants entre 1962
et 1973, phénomène assez rare.

Dans les années 1960, une Marocaine donnait naissance à 7,2 enfants en moyenne. La fécondité est
descendue à 3 en 1998 et elle n'est plus que de 2,19 enfants par femme aujourd’hui. Nous sommes
proches du seuil de renouvellement des générations,cette baisse de la fécondité qu’a connue le
Maroc est remarquable et place le pays à un taux proche de celui des pays occidentaux. Cette baisse
explique aussi pourquoi le taux d’accroissement de la population a baissé pour atteindre 1,25%
contre 1,38 % en 2004. Ce taux correspond à la différence entre naissances et décès, immigrés et
émigrants.

Dans le cas du Maroc, un taux d’accroissement de 1% serait plus convenable, car ce taux permettrait
de retarder le vieillissement de la population. Il ne faudrait pas non plus que la population continue
de s’accroître à des taux élevés comme c’est le cas en Egypte. Cela crée une forte pression sur le
marché de l’emploi et accélère le chômage des jeunes.

Mais quand l’accroissement est lent, la pression diminue sur le marché de l’emploi. La confrontation
entre l’offre et la demande devient plus équilibrée.

Le lien entre l’augmentation de l’âge au premier mariage des femmes et la baisse de la fécondité est
clairement établi sur le plan théorique et, comme nous l’avons vu plus haut, la transition de la
fécondité est concomitante au Maroc d’une transition matrimoniale caractérisée par une entrée en
première union de plus en plus tardive tant pour les femmes que pour les hommes. Mais, au niveau
régional, les liens entre primo-nuptialité féminine et fécondité semblent assez complexes.

Le recul de l’analphabétisme féminin est souvent considéré comme un préalable indispensable au


déclin de la fécondité : or, nous avons vu précédemment que les évolutions survenues en milieu rural
marocain ne correspondaient pas à ce cadre explicatif. L’analyse des données régionales marocaines
va, quant à elle, permettre de mettre en relief des situations fort contrastées au niveau spatial.

Lorsque l’on observe la situation marocaine au niveau régional en 1982, on constate en milieu
urbain, pour une même classe d’ISF, de fortes disparités en termes d’analphabétisme féminin. Ainsi,
pour les cinq régions présentant une fécondité urbaine supérieure ou égale à 5 enfants par femme,
les taux d’analphabétisme féminin s’échelonnent de 59 % (Oriental et ISF de 5) à 76,2 % (Guelmim-
Es-Semara et ISF de 7,2).

Conclusion :
Il ressort des analyses ici proposées que les mécanismes de la transition de la fécondité sont
particulièrement complexes et que des niveaux de fécondité relativement bas peuvent côtoyer des
situations socio-économiques fort différentes.
Du fait que sa transition démographique s’est déroulée en quelques décennies seulement, comme
cela est le cas pour la plupart des pays du Sud, le Maroc va connaître dans les prochaines décennies
un vieillissement rapide (Sajoux et Nowik, 2010). Or, ce vieillissement va toucher des territoires
devant faire face à des réalités socio-économiques plus ou moins différenciées. Dans le cadre de
l’engagement d’une réflexion sur les évolutions possibles des articulations entre solidarités publiques
et privées à même d’accompagner de manière appropriée ce fort vieillissement à venir, la prise en
compte de la pluralité des situations socio-économiques des territoires semble importante.

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