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La Pathologie due aux Carbures Métalliques Frittés

Définition :

Si la pathologie peut être dermatologique (lésions eczématiformes récidivantes après nouvelle


exposition au risque, ou confirmées par un test épicutané spécifique), ou ORL (rhinite
récidivant en cas de nouvelle exposition au risque, ou confirmée par test spécifique), elle est
essentiellement respiratoire.

Ces métaux durs sont produits selon des procédés de métallurgie des poudres.

L’inhalation de ces métaux peut provoquer asthme, pneumoconiose fibrogène, et également


cancer broncho-pulmonaire.

Cette pneumoconiose fibrogène est liée à l’inhalation de poussières de métaux durs,


principalement carbure de tungstène, et cobalt.

Elle est reconnue comme Maladie Professionnelle en France depuis 1980.

Les alliages de métaux durs et de liants métalliques sont utilisés en raison de leur dureté, de
leur grande résistance à l’usure et à l’échauffement.

Deux types de produits entrent dans la composition des carbures métalliques frittés :

- les métaux durs (point de fusion compris entre 2175° et 4160°) : carbure de
tungstène, titane, tantale, niobium, molybdène, chrome, zirconium, fanium, vanadium.

- les ligands métalliques, qui confèrent la résistance à la rupture, ainsi que la ténacité :
cobalt, fer, nickel.

En raison de leur qualité de dureté, ces matériaux sont utilisés essentiellement pour les
activités de forage, perçage et découpage.
Une place à part doit être faite aux polisseurs de diamant qui utilisent des
disques durs en carbures frittés, et aux prothésistes dentaires qui poncent,
polissent et meulent des prothèses dentaires.

Fabrication des Métaux Durs

Leur fabrication s’effectue selon les procédés de métallurgie des poudres.

Les différentes étapes des procédés industriels de fabrication des métaux durs sont :

- la fabrication des poudres de cobalt, et de carbure de tungstène.

- les activités de pesée, mélange, broyage, tamisage, granulation et atomisation des


poudres. L’opération de mélange nécessite l’addition de lubrifiants.

- le pressage, et l’obtention des pièces de taille homothétique de celle du produit à


fabriquer.

- l’usinage avant frittage, essentiellement sciage, perçage, tournage, fraisage et


meulage, et l’obtention de pièces de dimension très proches de celles de la pièce définitive.

- le pré frittage par chauffage à 900°C pour éliminer le lubrifiant.

- le frittage, qui consiste à chauffer à 1320°C la pièce comprimée ou usinée, pour


obtenir le métal proprement dit.

- l’usinage après frittage par tournage, fraisage, meulage, rectification, et l’obtention


de la pièce définitive.

Les différents tableaux cliniques

La pénétration de ces particules minérales s’effectue soit par inhalation, soit par ingestion.

Le niveau d’intensité d’inhalation le plus élevé se trouve dans l’atelier des poudres, site du
mélange du cobalt et du tungstène.
Pour l’ingestion, il s’agit le plus souvent du non-respect des règles d’hygiène du travail,
comme l’absence de lavage des mains avant les repas, l’onychophagie, ou le tabagisme.

Les tableaux cliniques sont polymorphes ; le législateur retient :

- dyspnée asthmatiforme
- rhinite spasmodique

- syndrome irritatif respiratoire à type de toux et de dyspnée récidivant après nouvelle


exposition au risque

- syndrome irritatif respiratoire chronique confirmé par des épreuves fonctionnelles


respiratoires

- fibrose pulmonaire diffuse

- complications infectieuses pulmonaires

- complication cardiaque : insuffisance cardiaque droite

Dans le cadre des Pneumoconioses et de la Pathologie due aux Carbures Métalliques Frittés,
nous nous intéressons ici essentiellement au Syndrome d’Alvéolite d’Hypersensibilité, et
surtout à la Fibrose Pulmonaire Diffuse.

Le Syndrome d’Alvéolite d’Hypersensibilité

Tableau fonctionnel voisin de celui de l’asthme, auquel il s’ajoute fièvre, atteinte de l’état
général avec anorexie, il réalise un syndrome pseudo grippal.

Sibilances et crépitants à l’auscultation.

La RP et le scanner thoracique en haute résolution montrent l’apparition d’images


interstitielles.

En fait, il s’agirait là d’une forme de passage vers la fibrose.

La Fibrose Pulmonaire Diffuse

Touchant 2 à 3 % des ouvriers exposés, elle peut apparaître après une exposition variable, de
quelques mois à quelques années, soit d’emblée, soit succédant à l’un des épisodes cités plus
haut, habituellement à la suite d’un syndrome irritatif.
L’association cobalt et carbure de tungstène entraîne des effets toxiques sur le parenchyme
pulmonaire supérieurs à ceux observés par chacun de ces agents administrés séparément.

Les signes cliniques sont : amaigrissement, dyspnée d’effort progressive, toux, râles crépitants
à l’auscultation, hippocratisme digital.

A l’imagerie thoracique, on retrouve des opacités interstitielles prédominant aux bases, avec
des adénopathies médiastinales, et un emphysème plus ou moins sévère, soit aigu pseudo
pneumonique à type d’alvéolite fibrosante, soit chronique avec aspect en rayon de miel dit
« maladie des métaux durs ».

La biopsie pulmonaire retrouve, au stade aigu, une pneumonie interstitielle desquamative avec
comblement alvéolaire, puis s’installe progressivement une fibrose pulmonaire interstitielle,
ou une pneumopathie interstitielle à cellules géantes multi nucléées.
Les lésions associées d’emphysème sont toujours importantes.

Le Lavage Broncho Alvéolaire dans la forme chronique une alvéolite à cellules géantes et à
polynucléaires neutrophiles. Les cellules géantes peuvent renfermer des inclusions
métalliques de tungstène, tantale, niobium, ou nickel, mises en évidence en microscopie
électronique.

En microscopie électronique, ces particules métalliques intracellulaires peuvent être analysées


par spectrographie. On les retrouve dans les macrophages alvéolaires et les cellules géantes.
Elles sont le témoin de l’exposition et contiennent des métaux durs mais pas de cobalt du fait
de sa solubilité. Par contre, le cobalt a pu être découvert dans des ganglions lymphatiques
médiastinaux.

Le dosage de la cobalturie en fin de journée et fin de semaine de travail reflète bien


l’exposition de la semaine précédente en cas de fonction rénale normale.
Celui du cobalt sanguin en fin de poste et fin de semaine correspond à une exposition récente
au cobalt et à des composés inorganiques.
Ces taux sont corrélés avec la quantification du cobalt dans l’atmosphère de l’atelier.

La prévention

Elle repose sur la réalisation, en appareils clos, de toutes les opérations industrielles qui s’y
prêtent, et donc sur l’aspiration des poussières à leur source d’émission, et sur une ventilation
générale des locaux. Au niveau individuel, le port de masques filtrants adaptés est fortement
conseillé.
La surveillance biologique consiste à doser de façon régulière la cobalturie.

Il convient de faire pratiquer une RP, et une EFR avec mesure du TCO chaque année.

Le salarié doit être soustrait au risque dès l’apparition de signes irritatifs.

Législation et indemnisation

La législation actuelle permet la reconnaissance et l’indemnisation de ces maladies


professionnelles.

Il s’agit du tableau n° 70 (Régime Général de la Sécurité sociale) qui correspond aux


affections professionnelles provoqués par le cobalt et ses composés.

Deux nouveaux tableaux ont été créés en mars 2000 :

Le n° 70bis concerne les affections respiratoires dues aux poussières de carbures métalliques
frittés ou fondus contenant du cobalt

Le 70ter est relatif aux affections cancéreuses broncho pulmonaires primitives causées par
l’inhalation de poussières de cobalt et associées au carbure de tungstène avant frittage.

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