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travail sécurité & LE MEnSUEL DE LA PRÉVEntIOn DES RISqUES PROFESSIOnnELS

Dossier
Les entrepôts
n° 755 – NOVEMBRE 2014 – 5,20 

logistiques
n en imaGes n une journée avec n en enTreprise n DroiT en praTiQue
Les « food trucks » Les « patrouilleurs » Une blanchisserie jeunes dans l’entreprise :
se refont de l’aube… adaptée travaux interdits
une beauté ou de la nuit à ses salariés et réglementés
sommaire

12

© Gaël Kerbaol/INRS
Magalie Cayon et Michel Gagey
évoquent les actions engagées
et les perspectives de la MSA
en santé-sécurité au travail.

15
Évaluer, limiter
voire supprimer
les risques
professionnels,
en tenant compte
44
Les interventions
en toiture du Mémorial
des évolutions, de Verdun, actuellement
parfois très rapides, en rénovation, ont été
que connaît le secteur  organisées afin d’assurer
de la logistique : un environnement
© Fabrice Dimier pour l’INRS

un véritable enjeu de travail sécurisé


pour une activité pour les couvreurs.
qui fait face
à une considérable
augmentation
de la demande
ces dernières années.
© Serge Morillon/INRS

04 ACTUALITÉS 15 DOSSIER
n Rapport Insee. Entre emplois stables et instables, le fossé Les entrepôts logistiques
se creuse
n Baromètre. Les artisans du BTP en stress chronique 16. S’accorder pour agir
n Épidémie Ebola. Une évolution à suivre de près 19. Casser durablement la dérive
n « Carto Amiante ». Une évaluation a priori du risque amiante 22. Des risques passés en revue
n Maladies professionnelles. Des soupçons de sous-reconnaissance 24. La conception se nourrit
de l’expérience
26. Les préparateurs se repassent
12 Le Grand entretien le film
Michel Gagey et Magalie Cayon, directeur 28. La polyvalence, un remède
de la santé-sécurité au travail et responsable à la fatigue
du département risques professionnels
de la Caisse centrale de la MSA (CCMSA)
« Mieux connaître les usages 30 une journée avec
et les environnements à risque permet Les « patrouilleurs » de l’aube…
de mieux se protéger » ou de la nuit

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


32

© Fabrice Dimier pour l’INRS


Le changement de locaux a été l’occasion, pour un fabricant
de véhicules et remorques magasins ainsi que de « food trucks »,
de mener, avec la Carsat rhône-Alpes, une réflexion sur l’ensemble
des modes opératoires et des équipements, afi n d’améliorer
les niveaux de sécurité et de conditions de travail.

photo de couverture : Gaël Kerbaol.

revue mensuelle publiée par l’institut national


de recherche et de sécurité (inrs)
pour la prévention des accidents du travail
et des maladies professionnelles.
65, boulevard Richard-Lenoir - 75011 Paris.
tél. : 01 40 44 30 00. fax : 01 40 44 30 41.

30
Dépôt légal 1950-9005. ISSN 0373-1944.
www.travail-et-securite.fr – www.inrs.fr

e-mail rédaction : ts@inrs.fr.


prix au numéro : 5,20 .
© Gaël Kerbaol/INRS

abonnement annuel : 46 .
Les agents de surveillance de l’autoroute
(anciennement « patrouilleurs ») surveillent, Directeur de la publication : Stéphane Pimbert.
interviennent et informent. Une mission risquée rédactrice en chef : Delphine Vaudoux.
qui nécessite une vigilance de tous les instants. assistante : Marie-Thérèse Margato, 01 40 44 30 40.
secrétaire de rédaction : Alexis Carlier.
rédaction : Antoine Bondéelle, Grégory Brasseur,
Leslie Courbon, Céline Ravallec.
ont collaboré à ce numéro : Claude Almodovar,

32 en imaGes Fabrice Dimier, Cédric Duval, Rodolphe Escher,


Grégoire Maisonneuve, Serge Morillon,
Guillaume J. Plisson.
Aménagements de camions
rédacteur-graphiste : Amélie Lemaire.
Les « food trucks » se refont une beauté reporter-photographe : Gaël Kerbaol.
iconographes : Estelle Paulin, Nadia Bouda.
responsable de fabrication : Sophie Schwab.
40 en enTreprise Documents officiels : assistance juridique,
40. Conception de lieux de travail 01 40 44 31 63 ou 01 40 44 31 57.

Une blanchisserie adaptée à ses salariés abonnements-diffusion : 01 55 56 71 03.

photogravure : Made for com.


42. Menuiserie imprimerie : Imprimerie de Compiègne-
Des aménagements en constante réflexion Groupe des imprimeries Morault.

44. Bâtiment et travaux publics Ce journal est imprimé par une imprimerie certifiée

Des filets pour écarter les risques de chute Imprim’vert®, avec des encres à base d’huile végétale
sur papier issu de forêts gérées durablement.
46. Sites radioélectriques de téléphonie mobile
Vers des interventions plus sûres

48 services 10-31-1668 / Certifié PEFC / pefc-france.org

n Questions-réponses n Droit en pratique n Extraits du Journal Officiel

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


ACTUALITÉS
Le chiffre
04
05
9 embauches sur 10
se font aujourd’hui
sous la forme de CDD
ou de contrats d’intérim,
dont la durée est
de plus en plus courte.

© Patrick Delapierre pour l’INRS


(Source Insee.)

rapport INSEE
Entre emplois stables et instables,
le fossé se creuse
Dans sa 4e édition du rapport Emploi et salaires, l’Insee souligne les durées
de plus en plus courtes des missions d’intérim et des CDD 1. Ces formes d’emploi,
qui deviennent récurrentes pour les salariés concernés, ne constituent plus
un tremplin vers des situations plus stables.

S
i l’on considère que de 32 % à plus de 177 % ! Le La part des 55 ans et plus en département de l’emploi et
le contrat à durée phénomène s’explique par le CDD augmente. Ils étaient 5 % des revenus d’activité à l’In-
indéterminée (CDI) raccourcissement de la durée dans ce cas entre 2007 et see. Ces professions (arts et
est la norme en de certains emplois – en par- 2011, contre 2 % entre 1990 spectacles, hôtellerie-restau-
matière de sta- ticulier les missions d’intérim et 1994. Par ailleurs, 27 % des ration, journalisme…), qui
bilité de l’emploi, il y aurait et les CDD – et donc par un seniors en CDD ont un contrat ne concernent qu’un salarié
presque lieu de se rassurer : il changement profond de leur de moins d’un mois, ce qui sur dix, concentrent la moitié
reste la forme dominante de mode d’utilisation par les n’est le cas que pour 16 % des des embauches en CDD.
contrat de travail et concerne entreprises. En 2011, la durée moins de 30 ans. L’examen du Les professionnels des arts
87  % des salariés du privé. moyenne des embauches en taux de rotation semble donc et spectacles sont les cham-
Pourtant, en 2011, seuls 5 % formes particulières d’emploi indiquer que, lorsque les pions toutes catégories du
des nouveaux recrutements n’était plus que d’un mois, seniors quittent leur emploi, taux de rotation. Dans ces
étaient des contrats à durée contre quatre mois en 1982. c’est soit pour arrêter définiti- métiers où l’on a peu recours
indéterminée, contre 50  % Les jeunes sont les principaux vement de travailler, soit pour à l’intérim, un poste sur trois
en 1982. Dans son rapport concernés, en particulier les enchaîner des contrats courts est occupé par des salariés
Emploi et salaires, rendu moins diplômés. jusqu’à la retraite. dont la durée moyenne des
public en septembre 2014, D’autre part, la rotation aug- contrats est d’à peine plus
l’Insee émet d’ailleurs de Des CDD successifs mente beaucoup plus vite d’une semaine ! Par ailleurs,
sérieuses réserves quant à Qu’est ce qui a changé ? Dans dans les métiers où elle était de plus en plus de salariés
cet apparent message de sta- les années 1980, l’effet de déjà élevée, chez les manu- en CDD ont une ancienneté
bilité. Certes, les formes par- l’ancienneté permettait aux tentionnaires, les profession- supérieure à la durée de
ticulières d’emploi, que sont jeunes de 25 ans peu ou pas nels des arts et spectacles leur contrat. Ce cas de figure
notamment les CDD, l’inté- diplômés (sortis du système ou les employés de l’hôtelle- concerne aujourd’hui huit
rim ou le temps partiel, ont éducatif vers 16 ou 17 ans) rie-restauration notamment. embauches sur dix en CDD.
connu un essor très net dans d’avoir un taux de rotation «  La situation d’emploi sur «  Ces constats témoignent
les années 1980 et 1990, qui inférieur à celui des plus contrat court a tendance à d’un marché de l’emploi
s’est tassé depuis. diplômés. La situation s’est se pérenniser. Les salariés de plus en plus segmenté,
Mais d’autres indicateurs, inversée à la fin des années concernés sont maintenus indique Claude Picart. Les
portant sur les flux d’emploi, 2000  : les plus diplômés, dans des situations récur- emplois stables et les emplois
progressent nettement et dès leur entrée sur le mar- rentes, en particulier dans les instables forment deux
régulièrement. C’est le cas de ché du travail, bénéficient professions à CDD d’usage, mondes séparés, les emplois
la part des CDD dans les nou- aujourd’hui d’un taux de c’est-à-dire où plusieurs instables constituant de plus
velles embauches ou encore rotation plus faible. Dans une CDD successifs peuvent être en plus une trappe pour ceux
de la rotation de la main- moindre mesure, les aînés conclus avec le même sala- qui les occupent. » n
d’œuvre , qui a presque quin- sont également de plus en rié », souligne Claude Picart, 1. Contrat à durée déterminée.
tuplé en trente ans, passant plus touchés par l’instabilité. chargé d’études au sein du G. B.

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actualitéS
Baromètre Recherche
Lumière artificielle
Les artisans du BTP et synchronisation
en stress chronique biologique
Des chercheurs de l’Inserm ont
mené pour la première fois une

L
étude, dans des conditions
es artisans du BTP sont soumis à ment soumises à une exigence mentale
réelles, sur l’horloge biologique
un stress chronique qui risque, à forte et 57 % se disent stressées ou très
des membres de la station
terme, de mener à une augmen- stressées. Ce qui se traduit par des mani-
scientifique polaire internationale
tation des cas d’épuisement pro- festations physiques, mentales et émo-
Concordia. Ils ont montré qu’une
fessionnel. C’est le bilan du pre- tionnelles  : anxiété, douleurs diverses,
lumière artificielle particulière
mier baromètre ArtiSanté BTP, mené en troubles du sommeil, troubles digestifs,
est capable d’assurer la bonne
ligne en juin et juillet derniers, et qui a sentiment de fatigue... Parmi les facteurs
synchronisation de leurs rythmes
récolté 3 120 réponses représentant tous de stress identifiés : un rythme de travail
biologiques malgré l’absence
les métiers du BTP. Réalisé par la Capeb 1, intense (un artisan sur deux travaille plus
de lumière solaire. Un résultat
de 50 heures par semaine, dont les week-
qui prend tout son sens quand
ends, et un sur trois prend seulement deux
on sait que le dérèglement de
semaines de congés par an), le travail dans
cette horloge biologique entraîne
l’urgence et la pression des délais, des
des troubles du sommeil,
interruptions intempestives (appels télé-
de la vigilance, des problèmes
phoniques incessants, intempéries déca-
cardiovasculaires, des troubles
lant les plannings…), l’entremêlement de
difestifs ou des dépressions.
la vie professionnelle et de la vie privée...
À terme, ces résultats pourraient
Auxquels peuvent s’ajouter le poids des
être transformés en applications
responsabilités, la lourdeur administra-
pratiques dans des
tive ou la conjoncture économique incer-
environnements de travail de
taine. « Beaucoup de facteurs jouent sur le
luminosité faible à modérée
stress, or les artisans le vivent comme une
(stations scientifiques polaires,
évidence », commente Françoise Despret,
centrales thermiques et
présidente de la CNATP.
nucléaires, centres spatiaux,
D’autres éléments viennent néanmoins
bureaux aveugles, etc.). Ils
compenser ces effets, comme la passion du
pourraient favoriser l’élaboration
métier, l’autonomie, la reconnaissance de
de stratégies lumineuses
© Vincent Grémillet pour l’INRS

l’entourage (famille, salariés, clients)... « Il y


destinées à maintenir la santé,
a encore quelques années, le stress était un
la productivité et la sécurité
terme qu’on n’employait pas dans l’artisa-
des personnels.
nat, décrit Patrick Liébus. Aujourd’hui, c’est
Pour en savoir plus :
le mot “burn-out” qui n’existe pas dans http://presse-inserm.fr.
notre culture, c’est un tabou. » Un tabou qui
masque une réalité réunissant les condi- Internet
tions pour mener à une augmentation du L’OiRA poursuit
nombre de cas d’épuisement professionnel.
sur sa lancée
la Chambre nationale de l’artisanat des « Dans le rythme de travail, il faut prendre
travaux publics et du paysage (CNATP) et le temps de prendre soin de soi », insiste Élaborée et mise à jour par
le pôle d’innovation Iris-ST, ce question- Françoise Despret. Car un artisan ne béné- l’EU-OSHA, la plate-forme web
naire a permis de faire un état des lieux de ficie pas de suivi médical périodique en OiRA (outil interactif d’évaluation
la situation, encore mal connue en matière lien avec son activité. « Lorsqu’un artisan des risques en ligne) s’étoffe.
de sécurité et de santé au travail, des diri- consulte son médecin traitant, c’est très tar- À ce jour, 51 outils OiRA ont
geants d’entreprises artisanales du BTP. divement, lorsqu’il est à bout. Il y a là une été publiés, dans onze pays
Première tendance : 80 % des répondants négligence à corriger », poursuit Patrick européens, avec pour objectif
se déclarent en bonne santé. De précé- Liébus. Dans le prolongement direct de ce de fournir aux plus petites
dentes études ont pu montrer que les arti- premier baromètre qui constitue une alerte, entreprises et organisations des
sans ont dans leur ensemble une percep- des réflexions sont en cours pour mettre outils d’utilisation simple afin de
tion de leur état de santé supérieure aux en place des outils qui puissent aider à les aider à évaluer leurs risques.
autres catégories socioprofessionnelles. l’instauration d’une véritable démarche de D’autres pays devraient publier
« On se pense systématiquement en bonne prévention. Parmi les pistes : élaborer un leurs premiers outils OiRA d’ici fin
santé, commente Patrick Liébus, président dispositif national de suivi statistique des 2014. Le projet, initié en 2009,
de la Capeb et lui-même artisan. On ne accidents du travail et des maladies profes- s’inscrit dans le cadre d’une
s’autorise pas à afficher des signes de fai- sionnelles, mettre en place un suivi médical stratégie communautaire pour
blesse, c’est important pour les clients et professionnel périodique ou encore élabo- la santé et la sécurité au travail,
les salariés de se montrer forts. » rer un dispositif d’aide à la détection des qui place l’évaluation des risques
signes de stress chez les dirigeants d’entre- comme une première étape
Tabou prises artisanales. n essentielle à toute démarche
Mais en entrant dans le détail, le question- 1. Capeb : Confédération de l’artisanat et des petites de prévention des accidents
naire révèle une situation plus contrastée. entreprises du bâtiment. du travail et des maladies.
95 
% des personnes interrogées s’esti- C. R. En savoir plus : www.oiraproject.eu.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


ACTUALITÉS
le chiffre
06
07
38° C
Toute personne présentant
une température supérieure
ou égale à 38° C et ayant
fait escale ou séjourné

© Guillaume J. Plisson pour l’INRS


dans l’un des pays touchés
doit être considérée comme
potentiellement suspecte
de contamination par
le virus Ebola.

L’épidémie de fièvre Ebola évolue très vite. Si, à l’heure où nous imprimons
ce numéro de Travail & Sécurité, aucun cas de contamination n’a été recensé
en France, la plus grande vigilance est de mise…

Épidémie Ebola
Une évolution à suivre de près

E
bola. Un nom qui du mois d’octobre dernier, D’autres informations sur la tenir autour des cas suspects
commence à faire on comptabilisait déjà, selon maladie sont disponibles sur de fièvre hémorragique à virus
peur. Celui d’un l’OMS, près de 5 000 morts. le site du ministère chargé de Ebola » 3. Un nouvel avis a été
virus mortel de La contamination entre la Santé 2. Ce dernier a éga- présenté le 10 septembre 2014
fièvre hémorragique humains est possible par lement élaboré des recom- qui précise certains aspects
qui sévit particulièrement des contacts directs avec le mandations pour l’abord d’un techniques du précédent.
dans l’Ouest africain. Si l’épi- sang, les sécrétions ou les cas suspect de maladie à Un arrêté a été publié le
démie était cantonnée jusque liquides biologiques des per- virus Ebola à l’attention des 6 août 2014, pour autoriser, à
récemment à quelques pays sonnes malades ou décé- professionnels de santé hos- titre dérogatoire, la réalisation
de la région, principalement dées. « La transmission par pitaliers et ceux exerçant en d’examens biologiques pour
le Liberia, la Guinée-Conakry voie aérienne n’a jamais été ambulatoire. les patients atteints d’infec-
et la Sierra Leone, les premiers documentée lors d’une épi- Marisol Touraine, la ministre tion avérée par le virus Ebola
cas de contamination hors démie chez l’homme, mais ce chargée de la Santé, a (agent de groupe 4) dans les
Afrique font depuis peu leur risque ne peut être exclu lors annoncé le 14 octobre dernier établissements de santé qui
apparition. D’ores et déjà, se des manœuvres de soins de des mesures pour renforcer disposent de laboratoires de
pose notamment la question patients générant des aéro- l’information publique sur ce niveau de confinement 3.
de la protection des person- sols », selon le site du minis- virus et sa propagation à tra- Le ministère des Affaires
nels médicaux qui pourraient tère chargé de la Santé. Le vers, entre autres, la mise en étrangères recommande, de
être amenés à s’occuper temps d’incubation varie de place d’un point d’informa- son côté, aux Français de
de malades sur le territoire 2 à 21 jours et le malade est tion hebdomadaire, organisé suspendre, sauf raison impé-
national. contagieux dès l’apparition par la Direction Générale de rative, tout projet de voyage
Selon le ministère chargé de des premiers symptômes. la Santé (DGS) et l’ouverture dans les pays où sévit l’épi-
la Santé, « la maladie à virus Ceux-ci sont non spécifiques d’un numéro vert, disponible démie de fièvre hémorra-
Ebola est l’une des mala- (fièvre, maux de tête, dou- 7 jours/7, de 9  h à 21  h : le gique à virus Ebola 4.
dies virales les plus graves leurs…) et sont suivis en par- 0800 13 00 00 . La ministre a Cette épidémie évoluant très
connues chez l’homme. Le ticulier de vomissements, de enfin désigné le Professeur rapidement, il est judicieux
taux de létalité peut atteindre diarrhée et, dans certains cas, Thierry Debord pour piloter de consulter fréquemment les
90 %.  » Si l’épidémie qui d’hémorragies. Les personnes le pôle santé au sein de la sites mentionnés, les infor-
sévit aujourd’hui aurait vu le infectées ne sont pas conta- « task force » interministérielle mations étant régulièrement
jour en février ou mars der- gieuses avant l’apparition des chargée d’assurer la meilleure mises à jour. n
nier, c’est au début du mois symptômes. coordination de la réponse à 1. www.invs.sante.fr/Dossiers-
d’août que l’OMS a déclaré la l’épidémie. thematiques/Maladies-infectieuses/
Fievre-hemorragique-virale-FHV-a-
maladie « urgence de santé Des autorités Des procédures ont été mises virus-Ebola.
publique internationale ». Il sur le qui-vive en place en cas d’arrivée d’un 2. http://ebola.sante.gouv.fr/
s’agit de la plus forte épidé- Le suivi de l’épidémie ainsi cas suspect ou avéré sur le professionnels-de-sante.
mie de fièvre hémorragique qu’une définition de cas régu- territoire français. Le 10 avril 3. www.hcsp.fr/explore.cgi/
issue de ce virus puisque lièrement actualisée sont dis- 2014, a été émis un avis du 4. www.diplomatie.gouv.fr/fr/
conseils-aux-voyageurs/infos-
la précédente avait touché ponibles sur le site de l’Insti- Haut Conseil de la Santé pratiques-20973/article/virus-ebola-
400 malades et qu’à la fin tut de veille sanitaire (InVS) 1. publique sur la « Conduite à guinee-forestiere.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


actualitéS
Abonnez-vous à Travail & Sécurité,
le mensuel de la prévention
des accidents du travail
et des maladies professionnelles

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www.travail-et-securite.fr
travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014
ACTUALITÉS
« Carto Amiante »
08
Une évaluation a priori
NORD-
PICARDIE

09 NORMANDIE
ILE-DE- ALSACE

du risque amiante
FRANCE MOSELLE
NORD-EST
BRETAGNE

PAYS
DE LA LOIRE CENTRE
BOURGOGNE
FRANCHE-COMTÉ

E
CENTRE-OUEST

n juin 2014, l’Orga-


RHÔNE-ALPES
AUVERGNE

AQUITAINE
nisme profession-
LANGUEDOC
MIDI-PYRÉNÉES ROUSSILLON SUD-EST
nel de prévention
du bâtiment et des
travaux publics
(OPPBTP), la Direction géné-
Les régions rale du travail (DGT) et l’INRS
ont signé une convention de
n Bourgogne-Franche-Comté partenariat pour la réalisation
Sept CFA de la région ont organisé du projet « Carto Amiante ».
avec la Carsat Bourgogne- Objectif : aider les entreprises
Franche-Comté, la Sécurité dans leur évaluation a priori

© Patrick Delapierre pour l’INRS


routière et l’Anpaa (Association du risque amiante. L’initiative
nationale de prévention émane des quatre organisa-
en alcoologie et addiction), tions professionnelles du BTP
une semaine de la prévention (FFB, Capeb, FNTP, FSCOP BTP)
routière. L’occasion d’adresser qui se sont engagées à four-
aux jeunes en apprentissage nir entre 400 et 800 chan-
des messages de sensibilisation
tiers sur lesquels des mesures
aux addictions, en particulier
d’empoussièrement pourront
sur la route, et à l’arrimage
être réalisées. Ces évalua-
des charges sur véhicule
tions concerneront exclusi- leur permettant de recourir
de chantier. Le père d’une victime
vement les métiers du BTP et aux modes opératoires et aux
d’accident de la route est
uniquement les situations de équipements de protection
également venu témoigner...
sous-section 4. En sous-sec- les plus adaptés. Un accom-
n Languedoc-Roussillon tion 3, des évaluations ont en pagnement, en particulier
Organisés par la Carsat effet été déjà réalisées dans le des TPE/PME et des donneurs
Languedoc-Roussillon, cadre de la campagne Meta de d’ordres, est également prévu,
les « Challenges de la prévention » la DGT en 2010 1. sur les questions relatives à
se tiendront pour la 4e fois, Pour cette nouvelle cam- la protection collective et à
le 4 décembre prochain, pagne, un protocole de mesu- la protection individuelle. Les
à Palavas-les-Flots. Temps fort rage adapté aux interventions conclusions de ce travail, qui
annuel de la Carsat, ils ont de courte durée, à faibles ou à a débuté cet été, sont atten-
pour objectif de valoriser forts empoussièrements, a été dues pour septembre 2015. n
et promouvoir des actions défini. À partir des résultats 1. Lire à ce sujet les articles parus
de prévention menées des mesures, une cartogra- dans Travail & Sécurité, disponibles
par les entreprises de la région. phie représentative de l’em- sur : www.travail-et-securite.fr.
Six d’entre elles seront ainsi poussièrement amiante au • « Amiante : Vers quelles réformes
récompensées pour avoir mis après la campagne Méta ? », Travail
cours des processus de travail
& Sécurité n° 725 (février 2012).
en œuvre une action significative rencontrés le plus couram- • « Amiante. Les fibres courtes
pour la prévention des risques ment sera fournie aux entre- au microscope », Travail & Sécurité
professionnels. Les inscriptions prises. Celles-ci disposeront n° 703 (février 2010).
pour assister à la cérémonie ainsi des éléments de base G. B.
sont ouvertes sur le site
www.carsat-lr.fr (espace
Événements).
journée technique
n Midi-Pyrénées Les apports et limites des mannequins virtuels
Du 4 au 6 novembre, la Carsat
Midi-Pyrénées participe L’INRS organise à Paris, le 18 novembre prochain, une journée technique sur le thème
à TP Bat 2014 à Toulouse, « Concevoir des postes de travail ergonomiques. Apports et limites des mannequins
en partenariat avec l’OPPBTP, virtuels ». Car concevoir des postes de travail et des outils adaptés aux opérateurs
la Direccte et le service et à leur activité constitue un enjeu pour la santé et la sécurité du travail. Mais en quoi
de santé BTP sur la thématique les mannequins virtuels peuvent-ils y contribuer ? C’est une des questions qui seront
des chutes de hauteur. abordées lors de cette journée technique sur les apports et limites des mannequins
La Carsat animera deux virtuels pour la conception de postes de travail, organisée par l’INRS en partenariat
conférences sur le sujet, avec l’Institut français des sciences et technologies des transports, de l’aménagement
l’une à destination des et des réseaux (Ifsttar). Ce sera également l’occasion d’échanger autour des mannequins
coordonnateurs sécurité et virtuels intégrés dans les outils logiciels de conception (CAO) et utilisés pour l’évaluation
protection de la santé des espaces de travail, des contraintes physiques…
et l’autre des architectes. Pour tout renseignement : www.inrs-mannequins-virtuels.fr.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


acTuaLiTés

l’ImagE du moIS
Construit par le groupe Giboire, l’immeuble résidentiel Cap Mail de l’architecte
jean nouvel est en fin de réalisation près du centre-ville de Rennes. Pour
faciliter leur travail, les entreprises de menuiserie, de charpente métallique
et de carrelage ont créé un groupement interentreprise pour installer
récemment un ascenseur de chantier. Ce dernier, non prévu au départ,
améliore les conditions de manutentions lors des approvisionnements.
Ce type d’opération avait également été réalisé sur l’autre façade du
bâtiment, dès la fin du gros œuvre.

© Gaël Kerbaol/INRS

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


ACTUALITÉS
Maladies professionnelles
10
11 Des soupçons
de sous-reconnaissance
renseignements ont été col-
lectées par des médecins du
travail auprès de plusieurs
dizaines de milliers de sala-

© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS


riés. Ce réseau de surveil-
Le monde lance s’est étendu dans douze
régions. Les résultats actuels
n Autriche portent sur la période allant
L’Auva (Allgemeine de 2006 à 2011. Ils montrent
Unfallversicherungsanstalt) que plus de la moitié des MCP
a choisi de cibler les accidents sont en fait des TMS. Mais
de la main qui constituent plus contrairement aux statis-
de 41 % des accidents du travail tiques classiques, le syndrome

U
survenus en 2013 à travers du canal carpien n’est pas le
une campagne destinée ne étude épidémio- plus représenté. Il arrive der-
aux employeurs, aux salariés et logique conduite rière les problèmes de rachis
au grand public. L’inspection par l’Institut de lombaire et ceux de l’épaule
du travail soutiendra la campagne veille sanitaire notamment. Autre spécificité :
en centrant son action (InVS), en parte- le gradient de stress serait
sur la prévention des accidents nariat avec l’Inspection médi- décroissant des cadres et pro-
chez les jeunes travailleurs. cale du travail vient d’être fessions intellectuelles vers les
publiée. Elle apporte un nou- ouvriers, ce qui va à l’encontre
n Belgique
veau regard sur les maladies d’autres études.
À partir de 2016, les producteurs
à caractère professionnel en Enfin, ces travaux contri-
de substances et mélanges
France. Alors que la plupart buent à estimer l’ampleur de
contenant des nanomatériaux
des statistiques disponibles la sous-reconnaissance des
devront faire enregistrer
sont issues des réparations pathologies. Dans dix régions
leurs produits avant leur mise
des maladies professionnelles couvertes par le programme
sur le marché, auprès
(MP), les travaux de l’étude en 2009, entre 59  % (canal
du ministère chargé de la Santé.
portent sur les maladies à carpien) et 73 % (coude) des
Le but de l’instauration
caractère professionnel (MCP), TMS n’étaient pas reconnus
de ce registre est d’assurer
c’est-à-dire les maladies sus- comme MP alors qu’ils pou-
la traçabilité des nanomatériaux.
ceptibles d’être d’origine pro- vaient l’être. Des analyses sur
n Italie fessionnelle qui n’entrent pas d’éventuels biais et notam-
En 2013, 694 648 déclarations dans le cadre des tableaux ment un « effet médecin » sont
d’accidents ont été enregistrées, de maladies professionnelles en cours pour mieux appré-
soit une baisse de 7 % par indemnisées. hender ces résultats. n
rapport à l’année précédente. Concrètement, des fiches de C. D.
Si l’on compare avec les
statistiques de 2009, la baisse
atteint 21 %. En revanche,
« Dans le secteur des transports,
le nombre de déclarations neuf accidents du travail sur dix
de maladies professionnelles
a augmenté de 12 % en un an, ont lieu à l’arrêt. »
Thierry Fassenot, ingénieur-conseil à la CnamTS, lors des 4e Assises
passant de 46 283 en 2012
du transport et de la logistique.
à 51 839 en 2013.

n Union européenne le chiffre


La Commission européenne
Baromètre
a lancé une consultation
sur la directive 2003/88/CE,
L’emploi intérimaire
en léger recul
20,1 à 24,9
sur le temps de travail.
milliards d’euros par an,
Les partenaires sociaux doivent Selon le baromètre Prism’emploi,
indiquer si, selon eux, la directive l’emploi intérimaire a reculé de 0,3 %
est le montant estimé
a été transposée de manière en août dernier, par rapport à août
des pertes de recettes
satisfaisante dans leur pays 2013. Il est en baisse chez les ouvriers entraînées par la fraude
et s’ils jugent avoir été qualifiés (- 7,5 %) et dans le BTP, des employeurs
suffisamment consultés avant mais progresse dans les secteurs à la Sécurité sociale.
l’adoption des mesures visant des transports, du commerce, Source : Agence centrale des organismes
à transposer la directive. des services et de l’industrie. de Sécurité sociale, 2012.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


actualitéS
Les parutions
L’Agenda
n Des gants contre les risques de terrain qui sont amenés à identifier
n Paris, du 16 au 20 novembre 2014
chimiques des opérations potentiellement exposantes
Préserver ses mains est essentiel. En effet aux nanomatériaux en entreprise. Équip’Hôtel
le risque chimique, cause de brûlures, Ce nouvel outil offre tout d’abord quelques Equip’Hôtel est un salon qui a lieu
dermatoses, irritations de la peau et même rappels utiles sur les nanomatériaux : tous les deux ans, réservé
d’intoxications, est omniprésent au travail. aux professionnels de l’hôtellerie
généralités (définitions, réglementation,
Le port de gants joue un rôle essentiel. et de la restauration. Les
toxicité, exposition professionnelle),
Pour choisir le gant adapté à l’usage questions relatives aux risques
repérage et identification des
qui en sera fait, il est nécessaire professionnels et à la santé
nanomatériaux, évaluation des risques
des salariés de ce secteur
de se rappeler quelques définitions et mesures de prévention. Il s’arrête
de base et de posséder des clés pour y sont régulièrement abordées.
ensuite et surtout sur les secteurs Pour tout renseignement :
tirer parti des informations des d’activité concernés par la fabrication www.equiphotel.com.
fournisseurs. Au sommaire de cette fiche et l’utilisation de nanomatériaux
pratique de sécurité, Des gants contre manufacturés. Une dizaine de secteurs n Paris, du 17 au 20 novembre 2014
les risques chimiques : types de gants, d’activité sont abordés. Pour chaque Expobois
critères de résistance, analyse des risques
secteur d’activité, sont répertoriés Ce salon de la filière bois est
et des contraintes d’utilisation, choix
les nanomatériaux manipulés et les soutenu par les fédérations
des gants appropriés, utilisation
propriétés ou fonctionnalités apportées et les organismes professionnels
et entretien. du secteur. Il permet à tous les
en fonction des applications envisagées.
ED 112. professionnels de cette filière
ED 6174.
de découvrir les solutions
n Pot de colle
n Aides à la manutention d’aujourd’hui et de demain
Ce dépliant, intitulé Gare au pot
Le manuel Appareils de levage. Ponts les plus performantes pour
de colle, présente sous forme de bande
roulants est essentiellement destiné transformer et valoriser le bois
dessinée humoristique les dangers liés
aux pontiers, conducteurs de poutres (en première et deuxième
à l’utilisation de certaines colles et l’intérêt
roulantes, portiques et semi-portiques, transformations). Plus de
de la substitution. 20 000 visiteurs sont attendus
ainsi qu’au personnel d’entretien.
ED 698.
Il comprend deux parties : l’une consacrée sur les 15 000 m2 de ce salon.
Pour tout renseignement :
n Repérage des nanomatériaux aux aspects purement réglementaires,
www.expobois.fr.
Cette brochure, intitulée Aide au repérage l’autre plus spécifiquement dédiée
des nanomatériaux en entreprise, aux règles de bonnes pratiques en matière n Paris, du 17 au 20 novembre 2014
se présente sous forme de fiches de conduite d’engins. Un large public
Manutention
qui répertorient nanomatériaux manipulés, pourra ainsi trouver dans ce manuel Organisé parallèlement au salon
applications, propriétés ou fonctionnalités. les références qui lui seront nécessaires. de l’Emballage, le salon
Elle s’adresse à tous les préventeurs ED 6105. Manutention, équipements
et systèmes permet
Les brochures sont à consulter et à télécharger sur www.inrs.fr de rencontrer les acteurs
ou à demander aux Caisses régionales (Carsat, Cramif et CGSS). du secteur. Il propose une offre
globale de solutions,
d’équipements et d’ingénierie
pour les lignes complètes
Étude du conditionnement
Asthme professionnel : la farine montrée du doigt à l’intralogistique.
Pour tout renseignement :
La farine représente la première www.all4pack.fr/salon-
cause d’asthme professionnel manutention.
en France. Elle serait à l’origine
de 20 % des cas. C’est ce que vient n Paris, le 28 novembre 2014
de démontrer une étude française 1 Intervenants en prévention
présentée lors du Congrès Une journée nationale
international de la Société des intervenants en prévention
européenne de pneumologie, des risques professionnels
en septembre dernier. Derrière (IPRP) en services de santé
© Gaël Kerbaol/INRS

les boulangers-pâtissiers – premières au travail est organisée


victimes de l’asthme professionnel par l’Association française
– viennent les professionnels des intervenants en prévention
des soins et du nettoyage, des risques professionnels
en raison de leur contact avec de services interentreprises
des ammoniums quaternaires de santé au travail (Afisst).
Elle aura pour thème :
ou leurs dérivés présents dans les désinfectants. Enfin, les coiffeurs sont largement
« Se connaître et
exposés aux persulfates, de puissants oxydants entrant dans la composition des produits
se reconnaître… autour
de décoloration. À noter que l’asthme professionnel représente de 10 à 15 % des cas
de quelles compétences ? ».
d’asthme en France. Les symptômes apparaissent généralement après un certain délai
Pour tout renseignement :
d’exposition (de quelques semaines à plusieurs années).
www.afisst.fr.
1. Voir : www.eurekalert.org/pub_releases/2014-09/elf-fia090314.php.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


le grand entretien
12
13
Issues d’une approche concertée, les orientations de la MSA en santé-sécurité
au travail pour les métiers et les filières de l’agriculture sont définies pour cinq ans.
Michel Gagey, en charge de la direction santé-sécurité au travail, et Magalie Cayon,
responsable du département risques professionnels de la Caisse centrale
de la MSA (CCMSA), évoquent les actions engagées et les perspectives.

« Mieux connaître les usages


et les environnements à risque
permet de bien se protéger »
Qui sont les salariés du régime agricole ? ment économique tendu et soumis à de nombreux
Michel Gagey. On devrait plutôt parler « des » aléas (épisodes climatiques, crises sanitaires…).
régimes agricoles car la MSA gère deux popula-
tions différentes : les salariés et les exploitants Quelles priorités sont données en santé-
agricoles. Les secteurs d’activité sont très variés sécurité au travail ?
et couvrent bien sûr toute la production agricole, Magalie Cayon. Nous disposons d’un plan santé-
végétale et animale, sans oublier les secteurs de sécurité au travail commun à toutes nos popula-
l’exploitation forestière, le paysagisme, les coo- tions, issu d’une concertation nationale et pour
pératives (stockage et agroalimentaire) et parfois lequel la Caisse centrale assure la coordination.
des activités très spécifiques (ostreiculture, pro- Notre approche est pluriannuelle et développée
duction de lin…). Les salariés du secteur tertiaire par risque. Pour la période 2011-2015, six théma-
agricole (banque, chambres d’agriculture…) sont tiques fédératrices ont été retenues : les risques
également pris en charge par la MSA. Au 1er jan- chimiques (avec la question des produits phyto­
vier 2013, on recensait plus de 1,2 million d’actifs sanitaires mais également des cancérogènes,
aux régimes agricoles en métropole. Parmi eux, mutagènes, reprotoxiques), les troubles muscu-
environ 500  000 sont des actifs non-salariés, losquelettiques (TMS), les équipements de travail
dont 480 000 exploitants. Près de 700 000 sont agricoles, les risques liés aux animaux et les zoo-
salariés. Ces chiffres n’intègrent pas le nombre noses, le risque psychosocial et, enfin, la situation
important de travailleurs saisonniers, particula- des très petites entreprises agricoles.
rité liée aux rythmes de production (2 millions de M. G. 90 % des exploitations agricoles ont moins
contrats de travail signés chaque année). Ainsi, de cinq salariés équivalents temps-plein. C’est
l’agriculture française fait cohabiter des popula- souvent le cas pour la polyculture-élevage, la viti-
tions multiples, très différentes en termes de statut
et de suivi médico-professionnel. En effet, seuls
les salariés relèvent d’un système réglementé de La santé et la sécurité à la MSA
médecine du travail. Les exploitants bénéficient La MSA est le seul régime de protection sociale européen qui intègre
de prestations de l’ordre du « conseil » en santé la surveillance médicale de la santé au travail et la prévention des risques
et sécurité, en lien avec un régime AT-MP spé- professionnels. Dans chaque caisse, un service santé-sécurité au travail
cifique mis en place en 2002 (l’Assurance acci- (SST) comprend deux entités complémentaires : la santé au travail, qui
dents des exploitants agricoles). Le nombre de regroupe ses équipes pluridisciplinaires, et la prévention des risques
salariés est stable et les projections réalisées à professionnels, animée par des conseillers en prévention. Au niveau
échéance 2020 ne laissent pas entrevoir d’évolu- national, cela constitue un réseau de 350 médecins du travail,
tion majeure. En revanche, le nombre d’exploita- 140 infirmières et 260 conseillers en prévention, répartis dans les 35
tions agricoles diminue de 2 à 3 % chaque année, caisses de la MSA. En accord avec le Code rural et de la pêche maritime,
avec des exploitations de plus en plus importantes les services SST assurent le suivi médico-professionnel, informent,
et mécanisées. Nous sommes bien loin de l’image forment, conseillent et orientent les adhérents. Une autre spécificité
du paysan portant un chapeau de paille et tenant tient à la présence de 27 000 élus locaux sur le terrain. Désignés
une fourche à la main. Les exploitants maîtrisent démocratiquement par les adhérents de la MSA, ils constituent un maillon
des outils et des technologies complexes et assu- essentiel de l’organisation. Ils s’impliquent dans la diffusion des objectifs
ment plusieurs rôles simultanément (chef d’entre- de prévention mais font aussi remonter les interrogations et les
prise, manager, gestionnaire, technicien, com- problématiques du terrain. Ils participent à la gestion et au contrôle social
mercial…). Leur charge de travail et leur charge des activités de la MSA en élisant les administrateurs.
mentale n’ont fait que croître, dans un environne-

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


Le grand entretien

Magalie Cayon et Michel


Gagey, respectivement
responsable du

© Gaël Kerbaol/INRS
département risques
professionnels et
directeur de la santé-
sécurité au travail
de la Caisse centrale
de la MSA (CCMSA).

culture, le maraîchage, l’arboriculture et dans les quentes, évolutives et dont l’expression clinique
entreprises de travaux agricoles et forestiers, qui tant animale qu’humaine rend difficile la surveil-
sont toutes des activités à forte sinistralité. Les lance. Si l’on s’intéresse aux équipements de tra-
employeurs et les salariés des très petites entre- vail, ils sont en cause dans 17 % des accidents du
prises sont peu disponibles, difficiles à atteindre travail des salariés. Toutes les activités agricoles
et donc souvent moins informés. sont concernées.
Le risque machinisme est à l’origine de 46 % des
Notamment sur la problématique des pro- accidents du travail mortels pour les non-sala-
duits phytosanitaires ou même les TMS… riés et 26 % pour les salariés, les évolutions des
M. C. Tout à fait. On sait par exemple que plus des machines ayant parfois favorisé l’émergence de
deux tiers des travailleurs de la production agri- nouveaux risques. Enfin, en matière de risque
cole sont exposés aux produits phytosanitaires. La psychosocial, un fait marquant est l’importance
MSA est fortement mobilisée sur ce risque et a mis du suicide chez les exploitants agricoles, soumis à
en place un dispositif de vigilance, Phyt’attitude, de fortes contraintes organisationnelles, relation-
permettant d’analyser les effets liés à l’utilisation nelles et sociales.
professionnelle de ces produits. M. G. Sur ces différents sujets, nous avons lancé
Sur un autre plan, les troubles musculosquelet- plusieurs observatoires. Ces outils sentinelles
tiques représentent 96 % des maladies profes- permettent de suivre finement les cas d’AT-MP,
sionnelles déclarées et 94 % des coûts. Une pro- mais également de faire remonter des risques
portion plus importante qu’au régime général. émergents et de nouvelles pratiques. Les données
On les retrouve principalement dans le secteur recueillies doivent permettre d’élaborer des stra-
viticole, le maraîchage, la découpe de la viande tégies de prévention à déployer sur le terrain.
et le conditionnement agroalimentaire. Chez les
exploitants, ce sont les activités de traite qui sont Que peut-on dire de la cohorte Agrican, qui
les plus concernées et les femmes sont les plus est sans doute la plus grande étude au ni-
touchées. Le risque animal est également un veau mondial concernant la santé en milieu
risque homogène très marqué : il génère de 10 à agricole, menée depuis 2007 ?
12 % des accidents du travail. Les trois quarts des Propos recueillis
M. G. La population agricole active et retraitée
actifs agricoles travaillent au contact d’animaux et représente de 10 à 15 % de la population française.


par Grégory Brasseur
sont exposés au risque de zoonoses, maladies fré- et Cédric Duval Elle est exposée, nous l’avons vu, à de nombreux

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


le grand entretien
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risques. Agrican est une étude de cohorte qui per- nous aider à mieux comprendre ces résultats. Chez
met de suivre sur le long terme 185 000 personnes les agriculteurs, les problèmes liés à l’isolement ou
en activité ou à la retraite, dans les douze dépar- aux difficultés économiques et au surendettement
tements français disposant d’un registre de can- ne sont pas rares. Pour autant, une part importante
cers : Calvados, Côte-d’Or, Doubs, Gironde, Isère, des suicides ne concerne pas des personnes en
Loire-Atlantique, Manche, Bas-Rhin, Haut-Rhin, difficulté financière. La charge de travail est éga-
Somme, Tarn et Vendée. L’objectif est d’améliorer lement à considérer. Certaines personnes cumulent
nos connaissances sur les liens entre la survenue de nombreuses fonctions et responsabilités, sans
des cancers et l’usage de produits phytosanitaires. s’accorder un temps de recul nécessaire par rap-
Aujourd’hui, nous disposons de données de mor- port à l’activité. D’où des situations de fatigue et
talité robustes qui indiquent une sous-mortalité de stress chroniques, voire d’épuisement, dont
globale des populations agricoles par cancer. Elle elles parlent peu. Les acteurs des services de santé
s’explique notamment par la sous-représentation
repères des fumeurs chez les agriculteurs. Des hypothèses En savoir plus
concernant l’équilibre alimentaire peuvent égale-
Michel Gagey
ment être formulées. Très prochainement, nous n www.msa.fr.
n Médecin du travail, disposerons de données plus précises sur l’inci- n www.inma.fr.
intègre la MSA en 1984. dence de certains types de cancers. n www.invs.sante.fr.
n Rejoint la Caisse M. C. En arrière-plan de ces résultats, ce qui nous
centrale de la MSA intéresse pour les activités dont on sait qu’elles
en 2005 et devient peuvent poser problème est de mieux connaître les au travail, les travailleurs sociaux, les praticiens-
directeur de l’Institut conditions d’exposition pour mettre en place les conseils, les élus agricoles sont à même de jouer un
national de médecine mesures de prévention qui s’imposent et favoriser rôle de sentinelle pour détecter, anticiper et accom-
agricole (INMA). la prise de conscience des populations concernées. pagner ces situations de mal-être ou de détresse.
n Directeur Santé- M. C. Pour répondre à cette problématique
Sécurité au Travail
Quelle stratégie avez-vous mise en place majeure, la MSA décline le Plan national suicide
(SST) et médecin-chef
vis-à-vis de l’utilisation des produits phyto- dans le monde agricole. Il comprend trois volets :
de l’échelon national
sanitaires justement ? la mise en place de l’observatoire (dont la portée
SST à la Caisse centrale
M. C. Dans les années 2000, nous sommes pas- des observations sera étendue aux années 2010-
de la MSA depuis 2014.
sés d’une approche centrée sur l’utilisateur à une 2011 et probablement aux salariés agricoles) ; l’ou-
stratégie visant à l’amélioration des pratiques et verture en octobre 2014 du numéro vert d’appel
Magalie Cayon de l’environnement de travail (organisation des « Agri’écoute » (09 69 39 29 19), pour accompagner
n Ingénieur, diplômée
chantiers de traitement, local phytosanitaire, aires les personnes en difficulté ; et la création de cel-
de l’école nationale
de lavage, délai de rentrée…). Mieux connaître les lules pluridisciplinaires de prévention du suicide,
d’horticulture de
usages et les environnements à risque est néces- impliquant les services médicaux, des travailleurs
Versailles, spécialisée
saire pour limiter les expositions et apprendre à se sociaux, des acteurs techniques… Grâce à ce dis-
dans les produits
protéger à bon escient et au bon moment. Une sur- positif innovant, mis en place dans la quasi-tota-
phytosanitaires.
protection inutile est insupportable en termes de lité des caisses, et rendu possible grâce au guichet
conditions de travail et parfois contre-productive. unique des régimes agricoles, nous avançons vers
n Après un passage De plus, l’image du « cosmonaute » est particuliè- un objectif de détection et de prise en charge glo-
dans le privé,
rement inquiétante pour le grand public. bale. Les agriculteurs ont besoin que l’on aille à
se forme au volet
M. G. Nous portons également haut et fort un leur rencontre pour discuter des réalités du travail,
environnement
message vis-à-vis des pouvoirs publics, afin de sans stigmatiser qui que ce soit. Des réunions et
dans l’agriculture.
promouvoir l’utilisation de produits mieux formu- des débats assortis parfois de formations orien-
n Rejoint la Caisse lés, moins toxiques et mieux conditionnés. Le plan tées sur les échanges de pratiques, contribuent à
centrale de la MSA Écophyto 2018, qui vise à la réduction de 50 % des améliorer des situations tendues, sans remettre en
en 1995 et prend en produits phytosanitaires, si possible, et le retrait cause des projets de vie. Il ne faut pas oublier que
2009 la responsabilité du marché de certaines préparations contenant l’agriculture est souvent une passion.
du département les substances actives les plus préoccupantes, va
prévention des risques dans ce sens. Un peu de prospective. Le plan stratégique
professionnels. santé-sécurité au travail actuel arrivera à son
Des études récentes indiquent que le suicide terme en 2015. Quelles sont les suites envi-
est la troisième cause de décès chez les agri- sagées ?
culteurs. Comment la MSA intervient-elle en M. G. Nous évaluons actuellement le plan 2011-
matière de prévention des risques psychoso- 2015 et préparons activement le plan 2016-
ciaux et de leurs conséquences les plus dra- 2020, en interrogeant les acteurs du réseau SST
matiques ? de la MSA et en nous imprégnant des politiques
M. G. Une étude de l’InVS (observatoire du suicide de prévention qui se précisent autour de nous.
en agriculture) portant sur la période 2007-2009 Aujourd’hui, l’idée qui revient est de s’adapter aux
révèle en effet que la surmortalité des exploitants évolutions du monde du travail et de l’environne-
agricoles par suicide, comparée à la population ment agricole, sans pour autant tout bousculer. La
générale, a été de 28 % en 2008 et 22% en 2009. prévention ne se construit pas sur cinq ans. Il faut
Les plus touchés sont les plus de 45 ans et les éle- se laisser le temps de l’efficacité, comme celui de
veurs de la filière bovine. Plusieurs facteurs peuvent l’évaluation. n

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dossier

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Les entrepôts
logistiques
© Fabrice Dimier pour l’INRS

n DOSSIER réalisé
par Antoine Bondéelle, 16 S’accorder pour agir 24 La conception se nourrit de l'expérience
avec Leslie Courbon,
Cédric Duval,
Céline Ravallec
19 Casser durablement la dérive 26 Les préparateurs se repassent le film
et Delphine Vaudoux.
22 Des risques passés en revue 28 La polyvalence, un remède à la fatigue

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier
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L’augmentation considérable, ces dernières années, des besoins en logistique,
entraîne des pans entiers de l’activité économique vers le développement
de plates-formes, véritables « usines logistiques ». Comment évaluer, limiter
voire supprimer les risques professionnels, en tenant compte des évolutions,
parfois très rapides, que connaît ce secteur ?

S’accorder pour agir

D
iminution des stocks plois mais également de risques. de 50 % des accidents du tra-
dans les points de Les effectifs de la logistique sont vail, 75 % des cas d’inaptitude
vente, sous-traitance évalués à au moins 160 000 sala- médicale et 100  % des mala-
d’entreposage, déve- riés en 2013 et ont connu en dix dies professionnelles reconnues
loppement de nou- ans une progression de plus de (troubles musculosquelettiques)
velles prestations, intégration 50  %. Le secteur présente une (lire l’encadré « Faits et chiffres »
des technologies modernes de fréquence des accidents du tra- ci-dessous).
transfert des données, centra- vail plus de deux fois supérieure
lisation des stocks pour le com- à la moyenne nationale 1. À ce Travaux communs
merce en ligne… Le secteur de titre, les partenaires sociaux de Relativement jeune, ce secteur
la logistique reflète les muta- la Caisse nationale d’assurance se concentre autour d’acteurs
tions que vit notre société. Si l’on majeurs et tend à se profession-
ajoute à cela sa capacité à créer naliser. La prévention des risques
et à offrir de nombreux emplois à professionnels occupe désormais
des personnes peu qualifiées ou une place prépondérante dans
en réinsertion professionnelle, la stratégie des entreprises, et
on comprend qu’il fasse l’objet de les collaborations se multiplient
tant d’attentions… avec les services prévention des
Accompagnant ces évolutions, Caisses régionales de santé au
les logisticiens s’adaptent en per- travail. Quatre fédérations pro-
manence à la demande de leurs fessionnelles (FCD, Fedimag,
clients, qu’il s’agisse de l’ampli- FNTR et TLF) se sont jointes à la
© Gaël Kerbaol/INRS

tude des commandes, de la ges- Cramif (Caisse régionale d’assu-


tion des délais, de la qualité des rance maladie d’Ile-de-France)
livraisons… Les prestations sont et à d’autres caisses régionales
de plus en plus variées : prépa- (Carsat) pour rédiger des fiches
ration des commandes au colis « Mémos-Prév » décrivant les
ou au détail, conditionnement risques liés aux manutentions
des articles en promotion, rem- maladie des travailleurs sala- Les effectifs de manuelles et les bonnes pra-
plissage de présentoirs… À la riés (CnamTS) ont considéré que la logistique sont tiques de prévention mises en
évalués à au moins
diversité des tâches s’ajoute la ce domaine d’activité consti- œuvre dans les plates-formes
160 000 salariés
diversité des références, tou- tuait une priorité de préven- en 2013 et ont connu (lire l’encadré «  En savoir plus  »
jours plus nombreuses. La consé- tion, pour les quatre années à en dix ans une page suivante).
quence de ces évolutions est le venir 2. Représentant l’essentiel progression de plus En lien avec ces fiches, la Cra-
recours croissant à la manuten- de la sinistralité, les manuten- de 50 %. mif a déployé une démarche
tion manuelle, porteuse d’em- tions manuelles sont à l’origine d’auto-diagnostic, réalisée par

Faits et chiffres
n Accidents du travail avec arrêt (2012, hors intérim) (source : CnamTS)
– Taux de fréquence = 24 (moyenne nationale, toutes activités) ;
38 (hyper et supermarchés) ; 38 (transport routier) ; 44 (BTP) ;
53 (entrepôts, température ambiante) ; 68 (entrepôts frigorifiques).
– Taux de gravité = 1,4 (moyenne nationale, toutes activités) ;
2,2 (hyper et supermarchés) ; 2,7 (BTP) ; 2,9 (transport routier) ;
3,0 (entrepôts, température ambiante) ; 3,8 (entrepôts frigorifiques).
n Maladies professionnelles (2012, hors intérim) (source : CnamTS)
– Progression 2006-2012 sur les indices de fréquence MP liées aux TMS :
voir le graphique ci-contre.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier

© Fabrice Dimier pour l’INRS


les entreprises et basée sur Représentant logistiques. « Nous collaborons étroitement avec le Pil’es (Pôle
l’évaluation de l’exposition des l’essentiel de de plus en plus avec les sièges d’intelligence logistique Europe
la sinistralité,
salariés à sept situations dan- les manutentions
sociaux des grandes entreprises du Sud), afin de mutualiser les
gereuses liées aux manutentions manuelles sont pour qu’ils intègrent la démarche bonnes pratiques et de permettre
manuelles. « Particulièrement à l’origine de 50 % dans leur politique de préven- un partage entre professionnels.
préjudiciables à la santé et cou- des accidents du tion et puissent progresser vers «  Le Pôle est un réseau d’entre-
ramment rencontrées dans les travail, 75 % des cas l’autonomie sur ces sujets, pour- prises qui fonctionne depuis
d’inaptitude médicale
plates-formes logistiques, ces et 100 % des maladies suit l’ingénieur-conseil. Malgré 2007, précise Laurent Lamatière,
sept situations dangereuses font professionnelles la concurrence et la crise éco- président du Pil’es. Nous travail-
l’objet de solutions connues et reconnues (troubles nomique, les prestataires logis- lons avec la Chambre de com-
ayant fait leurs preuves », précise musculosquelettiques). tiques et les plates-formes inté- merce et d’industrie (CCI) qui
Ronan Pouzoullic, ingénieur- grées de la grande distribution nous fournit des moyens humains
conseil à la Cramif (lire l’encadré avancent rapidement sur ces et matériels  : un poste équiva-
« Les sept erreurs de prévention » thèmes. » lent temps plein, des bureaux…
page suivante). Ces mesures de Nous sommes également en
prévention sont systématique- Des relais contact régulier avec les collec-
ment abordées par les contrô- pour la prévention tivités locales. » Le Pil’es orga-
leurs de sécurité lors des visites Dans d’autres régions, la colla- nise notamment des groupes de
d’entreprises. boration entre professionnels de travail, destinés à répondre aux
Cette collaboration ne se limite la logistique et spécialistes de la questions pratiques que se posent
pas aux établissements : la caisse sécurité et de la santé au travail les adhérents sur la sécurité,
régionale francilienne développe a aussi permis de faire progres- mais aussi sur les fonctions RH,
depuis plusieurs années des ser la prévention des risques. En le foncier, les aspects techniques,
partenariats avec les groupes Rhône-Alpes, la Carsat a travaillé les formations… « Notre cœur

En savoir plus
n Entrepôts du commerce et de la grande distribution n Prévention des TMS dans les plateformes logistiques,
Guide pour la prévention des risques du métier brochure Carsat Sud-Est/DRP/TLF, réf. DT 53.
de préparateur de commandes, INRS, réf. ED 6039 À consulter sur www.carsat-sudest.fr/.
À consulter sur www.inrs.fr. n « Mémos-Prèv » réf. DTE 22-1 à DTE 22-8 (2013).
n « Limites pratiques permettant de diminuer n « Suppression des risques liés aux double et triple niveaux
les risques dus aux manutentions manuelles de picking », recommandation régionale Cramif n° 21,
de produits ou colis palettisés au-delà réf. DTE 230 (2012).
de 1,80 m », recommandations de la CnamTS, réf. R 461. À consulter sur : www.cramif.fr.
À consulter sur : www.ameli.fr.

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dossier
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de cible, en termes de métiers, bilan “Manutentions manuelles Iftim, de la région et de la Carsat
est celui de “l’usine logistique”. des charges” demandé par l’ins- Rhône-Alpes 3.
Nos adhérents, malgré la forte pection du travail, nous avons L’exemple du Pil’es pourrait faire
pression concurrentielle dans le cherché à progresser autour des des émules : « Nous avons créé,
secteur, ont parfaitement saisi questions de prévention, au-delà notamment avec les régions Bre-
l’intérêt des travaux en commun du simple objectif réglementaire, tagne et Nord-Pas-de-Calais,
sur les questions que tous se note Thierry Wagner, formateur, un réseau des “clusters logis-
posent », explique Manon Paris, IPRP et pilote du groupe de tra- tiques” 4 », détaille Claire Ribouil-
chargée de mission RH au Pil’es. vail. Les travaux initiés par le lard, déléguée générale du Pil’es.
« Dans le groupe de travail auquel groupe ont notamment permis Dans le Sud-Est, la Carsat a tra-
je participe, axé sur la santé et la réalisation de supports sous vaillé à la réalisation d’une bro-
la sécurité au travail, chaque forme d’affiches, d’un manuel des chure sur la prévention des TMS
entreprise a les mêmes droits à bonnes pratiques de sécurité, la dans les plates-formes logis-
l’expression, précise Gilles Sos- mise en place de formations pro- tiques, avec l’Union des entre-
prises de transport et logistique
de France, qui revendique 80 %
des entreprises de logistique pré-
sentes sur le territoire. Chaque
année, les « Assises de la pro-
tection sociale du transport et
de la logistique » consacrent une
part importante de leurs débats
Prestations de plus
en plus variées ,
à la santé et à la sécurité au tra-
multiplication vail. Lors de l’édition 2014 qui a
des tâches, eu lieu en septembre dernier à
références toujours Paris, le thème était « Qualité de
plus nombreuses… vie, sécurité et bien-être au tra-
les évolutions que
© Fabrice Dimier pour l’INRS

connaît le secteur vail : facteurs de compétitivité des


de la logistique entreprises au service de l’inves-
depuis quelques tissement et de l’emploi », et deux
années conduisent plénières ont largement traité de
celui-ci à un
recours croissant
prévention 5. n
à la manutention 1. Sources : CnamTS, ministère chargé du
manuelle. Travail. Voir aussi : www.lesmetiers.net/
orientation/p1_197314/panorama-du-
pedra, contrôleur de sécurité à posées aux adhérents… On entre secteur. À propos des taux
de fréquence et autres indices
la Carsat Rhône-Alpes. Ce qui dans des cycles vertueux où les
de la sinistralité, voir : www.inrs.fr/
facilite grandement les échanges entreprises sont maintenant à la accueil/header/actualites/statistiques-
et le sentiment de reconnais- recherche de solutions de pré- ATMP-2012.html.
sance mutuelle, d’écoute, entre vention, de façon plus proactive 2. Voir : Convention d’objectifs et de
les adhérents. » L’une des pistes qu’auparavant. » Une formation gestion (COG) de la branche Accidents du
de réflexion du Pil’es, outre les de personnes compétentes en travail et maladies professionnels
(AT-MP) de la CnamTS, 2014-2017.
aspects RH et prévention, est la sécurité, santé, ergonomie, a été
3. Disponible sur le site :
notion de « logistique durable », proposée aux adhérents, afin
www.pole-intelligence-logistique.com
y compris pour les hommes et les que les entreprises montent en
4. Un cluster désigne, en économie,
femmes qui y travaillent. compétence sur ces sujets. Un le regroupement d’entreprises d’un
Le travail en commun a per- «  serious game » sur les bonnes secteur sur un bassin d’emplois donné.
mis la mise en place d’un pro- pratiques de prévention, dispo- 5. Voir : www.assises-pstl.com/
gramme partagé de prévention nible en ligne, a été conçu par le
par les adhérents : « À partir du Pil’es, avec le soutien de l’AFT- A. B.

Le « jeu des sept erreurs » de prévention


La Cramif a identifié sept situations liées aux manutentions (palettes « filles » – expédiées) (DTE 22-5 ; recommandation
manuelles comme dangereuses et devant donner lieu nationale CnamTS R 461) ;
à des mesures de prévention dès que possible : n prélèvement des colis en position basse sur palettes « mères »
n prélèvement des colis en double et en triple niveaux de 1 mètre environ (palettisation d’origine) (DTE 22-1) ;
de palettier (DTE 22-1 ; recommandation régionale n manutention manuelle des colis en position basse
Cramif DTE 230) ; sur le transpalette (DTE 22-6) ;
n filmage manuel des palettes (DTE 22-3) ; n prélèvement des palettes bois (25 kg) sur les piles
n manutention des colis au-delà de 1,80 mètre de hauteur (DTE 22-4).
(palettes « mères » – stock) (DTE 22-5) ; Les documents de référence, nationaux et régionaux,
n manutention des colis au-delà de 1,80 mètre de hauteur sont indiqués entre parenthèses.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier

Casser durablement la dérive


Dans le monde mouvant de la logistique, les entreprises se créent, se rachètent,
se transforment. Viapost en est un exemple significatif : situé près de Lyon,
à Saint-Quentin-Fallavier, en Isère, l’un de ses entrepôts logistiques a connu
des mutations humaines et techniques. Il a effectué, avec l’appui de la Carsat
Rhône-Alpes et du Pil’es (Pôle d’intelligence logistique Europe du Sud), un travail
de fond sur la prévention des risques professionnels.

D
e la clé USB à l’élec-
troménager lourd
(télévisions, machines
à laver…), nos colis
sont de toutes tailles
et proviennent de tous hori-
zons », explique Jean-Marc
Prince, directeur du site Via-
post à Saint-Quentin-Fallavier,
en Isère, depuis avril 2014.
Viapost, qui fait partie du pôle
logistique du groupe La Poste, a
connu des mutations et intégra-
tions rapides, depuis quelques
années. « Le rachat de struc-
tures importantes (Orium, Morin
Logistic) en 2012 a permis la

© Fabrice Dimier pour l’INRS


mise en place d’actions d’amé-
lioration en termes de conditions
de travail et de sécurité des per-
sonnels », poursuit le directeur
du site. La croissance exponen-
tielle du e-commerce depuis une
dizaine d’années a nécessité
des recrutements, des mutations
technologiques et d’infrastruc- Borot, responsable des res- Avant 2012, d’après Florence Le Balc'h, responsable
tures importantes… « Avec une sources humaines. Et ce, tout en la direction du site, QHSE (qualité, hygiène, sécu-
préservant la santé et la sécurité les taux de fréquence rité, environnement). Des pistes
population au travail souvent
et de gravité avaient
très jeune, ou bien vieillissante, des opérateurs. Une équation des valeurs quasiment d’amélioration ont été progres-
et dans un contexte de marché complexe. » deux fois plus élevées sivement identifiées au niveau
versatile, aux évolutions parfois D’autant que les constats que celles de la de l’ergonomie des postes de
très rapides, il fallait à la fois concernant la prévention étaient profession. travail, de l’organisation des
tenir compte des contraintes de alarmants : «  On partait d’une flux, de l’information et de la
délais, améliorer la qualité des situation difficile en termes de communication en interne sur
services rendus…, décrit Estelle sinistralité des salariés, pointe ces sujets. Dès mon arrivée, j’ai

Viapost : quid ? Chiffres (2013)
n Viapost est le leader de la logistique e-commerce en France, n Chiffre d’affaires 2013 : 100 millions d’euros
depuis l’intégration dans le groupe La Poste des entreprises (pôle logistique au complet : 500 millions d’euros).
Orium et Morin Logistic en 2012. Cela permet au groupe La Poste n 200 clients.
de renforcer son offre logistique « Business to consumer » n 1 000 collaborateurs.
(BtoC, offre directe des entreprises aux clients) et « Business
n 20 plates-formes sur 250 000 m2.
to retail » (BtoR, relations entre une entreprise et ses clients
distributeurs).

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier
20
21
eu beaucoup de dossiers à trai- «  Avec l’appui de ces nouvelles
ter… » compétences, nous pouvons tra-
Avant 2012, d’après la direction vailler de façon ciblée, en sui-
du site, les taux de fréquence et vant une méthodologie de suivi
de gravité avaient des valeurs de projets, précise Laurent Del-
quasiment deux fois plus élevées mazure, responsable méthodes.
que celles de la profession. À Nous avons organisé des “chan-
partir de là, comment progresser tiers d’analyse” des postes et
et faire progresser l’ensemble du situations de travail, en filmant
personnel tout en respectant les les opérateurs sur leurs postes.
nouveaux modes de production Cela nous a permis de revoir,
et en s’y adaptant ? « Nous nous parfois totalement, la disposi-
sommes vite rendu compte qu’il tion et l’organisation de certains
fallait faire évoluer la culture postes ou ensembles de postes,
interne : tout en conservant des sur des chaînes de production
valeurs telles que la satisfaction par exemple. »
client et la qualité de service, Les postes et lignes de produc-
comment renforcer la préven- tion ont été entièrement repen-
tion des risques professionnels, sés, reconçus en tenant compte
ensemble ? », questionne Estelle à la fois des observations réa-
Borot. Encore une fois, la Carsat lisées et des objectifs visés en
Rhône-Alpes et le Pil’es (Pôle prévention : «  Nous avons filmé
d’intelligence logistique Europe un opérateur sur l’ancien poste
du Sud) 1 ont répondu présents. de tri. Ce dernier nécessitait de
nombreuses évolutions ergono-
Cinq ateliers miques relatives aux situations

© Fabrice Dimier pour l’INRS


d’amélioration à risques, du point de vue des
«  L’adhésion au Pil’es nous a maladies professionnelles ou
permis très rapidement de par- d’origine professionnelle liées
tager des expériences et des aux manutentions manuelles  :
bonnes pratiques avec d’autres troubles musculosquelettiques,
entreprises, qui étaient confron- lombalgies, etc. », indique le res-
tées aux mêmes difficultés. Cer- ponsable méthodes. Sur la nou-
taines avaient déjà beaucoup velle « unité de production logis-
avancé sur le sujet. Cela nous Viapost a constitué un groupe de Les postes et lignes tique », « on arrive maintenant
a motivés pour faire de même », travail interne qui a fonctionné de production ont été à une notion de “réseau sans
entièrement repensés,
se réjouit la responsable QHSE. en cinq ateliers auxquels ont reconçus en tenant
pression”, où l’opérateur peut
Il a fallu associer l’ensemble des participé la Carsat et le Pil’es. compte à la fois des prendre n'importe quelle charge
collaborateurs, de la direction L’un de ces ateliers portait sur observations réalisées sans forcer sur son organisme »,
aux opérateurs, en passant par l’ergonomie et la conception des et des objectifs visés souligne Florence Le Balc'h.
l’encadrement. « Ce qui n’est postes et situations de travail : en en prévention. Un autre atelier avait pour
jamais acquis, c’est l’adhé- 2011, un binôme (RH et méthode) thèmes l’accueil et l’anima-
sion des collaborateurs, même a été formé chez Viapost, avec tion de la sécurité. Le troisième
dans des processus vertueux, l’aide de la Carsat et du Pil’es, sur atelier portait sur la commu-
qui finalement les protègent, les principes généraux de pré- nication, en plus des espaces
remarque Jean-Marc Prince. vention et sur la méthodologie, et moments réservés à la pré-
D’où la nécessité de rappeler complété en 2013 par la création vention des risques. « Un point
les messages de prévention d’un poste spécifique au sein du mensuel est fait sur les tableaux
des risques, souvent, à tous les service méthodes et la formation d’affichage, avec une commu-
niveaux de l’organisation. » d’un collaborateur à l’ergonomie. nication thématique, liée à des

Interview
Florence Le Balc'h, responsable QHSE Viapost France
« L’atelier portant sur l’accueil et l’animation de formation aux bonnes pratiques, issues
de la sécurité a été relayé en interne du document unique, avec les mesures
© Fabrice Dimier pour l’INRS

par la direction, les RH, l’encadrement de prévention adaptées aux risques (surtout
et moi-même. Depuis 2012, les chefs d’équipe les TMS) sont venues compléter le dispositif.
animent des "accueils sécurité" dans Dès l’embauche, chaque salarié suit une
des espaces dédiés, à l’aide de panneaux formation, remplit un questionnaire à choix
d’affichage et du matériel pour s’exercer : multiples (QCM) sécurité inséré dans le dossier
cartons, transpalettes, etc., plus les outils d’intégration, et reçoit un livret d’accueil
habituels (cutters…). En 2013, des fiches où figurent les bonnes pratiques. »

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier

laire de déclaration des AT avec longue haleine. » Un constat que


copie au CHSCT, des enquêtes résume, en guise de conclusion,
En deux ans, utilisant en particulier la
méthode de l’arbre des causes 2,
le contrôleur de la Carsat Rhône-
Alpes, Gilles Sospedra : « Le tra-
le nombre des retours d’expériences. Des vail commun entre l’entreprise,
d’accidents a été visites de préreprise sont orga- le Pôle d’intelligence logistique
divisé par deux. nisées par le service de santé
au travail. Un suivi des contre-
et la Caisse régionale a permis
à Viapost d’améliorer notable-
indications, aménagements de ment le niveau de prévention.
poste, restrictions…, permet de On est entrés dans une bonne
événements saisonniers ou tenir compte de l’état de santé démarche, avec une dynamique
réguliers : par exemple, nous des salariés. positive qui commence à porter
avons effectué des rappels en En deux ans, le nombre d’acci- ses fruits, en termes de sécu-
juin sur la sécurité dans l’uti- dents a été divisé par deux : « On rité. » n
L’un des cinq ateliers
lisation et la manutention des montés par Viapost a réussi à casser la dérive et à 1. Lire l'article « S’accorder pour agir »,
palettes, en juillet sur le travail et auxquels ont s'inscrire dans un processus p. 16-18.
par fortes chaleurs », complète la participé la Carsat vertueux, reprend le directeur de 2. Lire La méthode de l’arbre des causes.
responsable RH. et le Pil’es portait site. Même si nous savons bien L’analyse de l’accident du travail,
sur l’ergonomie
et la conception
que les progrès en termes de ED 6163, INRS. À consulter sur
Arbre des causes des postes et sécurité ne sont jamais acquis, www.inrs.fr.

et autres outils situations de travail. et que le travail de fond est de A. B.


Le quatrième atelier portait sur
la formation et la sensibilisation
de l’encadrement : « Des modules
de quatre heures ont été sui-
vis par tous nos encadrants,
détaille Jean-Marc Prince. Ils
comprennent notamment des
rappels sur les notions d’acci-
dents du travail, les valeurs
essentielles de prévention, les
données chiffrées, les moyens
et consignes… » À l’issue de
ce cycle, chaque membre de
l’encadrement – y compris ceux
des services achats, méthodes,
RH et transports – a signé une
charte d’engagement. Les entre-
tiens annuels de l’encadrement
disposent d’un volet dédié à la
sécurité. Le service QHSE effec-
tue des audits mensuels, dans
tous les services.
© Fabrice Dimier pour l’INRS

Le dernier volet du travail


en commun a consisté en un
ensemble d’actions visant à
recenser, suivre et enquêter sys-
tématiquement sur les accidents
du travail (AT). Le dispositif
comprend notamment un formu-

En savoir plus Des risques diffus mais réels


Documents INRS Bruit, vibrations, charge mentale, risques psychosociaux,
n Les TMS du membre supérieur, brochure ED 957. horaires décalés, rythmes et cadences de travail… Tous ces
risques sont présents – et parfois prégnants – dans les
n Méthode d’analyse physique de la charge de travail,
entrepôts logistiques. Les personnes en charge de la prévention
brochure ED 6161, INRS.
doivent veiller à leur prise en compte dans le document unique
n Manutention manuelle, aide-mémoire juridique TJ 18.
(DU) et dans la mise en place de mesures de prévention.
À consulter sur : www.inrs.fr.
En savoir plus : « La préparation des commandes en logistique :
n « Entrepôts logistiques : repérer et diffuser les bonnes mutations technologiques et évolution des risques professionnels »,
pratiques », Travail & Sécurité, juillet 2007, p. 32-34. Hygiène et Sécurité du Travail, janvier 2009, réf. ND 2302, pp. 3-13.
À consulter sur : www.travail-et-securite.fr. À consulter sur : www.hst.fr.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier
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Les Messageries lyonnaises de presse (MLP) disposent en France de trois
plates-formes logistiques et distribuent de 25 à 30 % des revues de la presse spécialisée.
Sur celle de Saint-Quentin-Fallavier, les manutentions manuelles sont nombreuses,
mais la direction tient compte du travail réel des salariés pour les soulager.

Des risques passés en revue

À
Saint- Quentin-Fal- son camion et le cariste doit les le rack est approvisionné d’un
lavier, petite ville accrocher sur la porte du quai de côté. De l’autre, des opératrices
située en Isère à l’Est déchargement. A priori, impos- remplissent des cartons avec le
de Lyon, les entrepôts sible pour lui de repartir sans nombre de références indiquées
de logistique se suc- que cette porte soit fermée, et sur un écran. Chaque contenu
cèdent. « Quand cette zone s’est donc sans que le cariste soit de carton est différent. Un poste
créée, on estimait qu’elle était averti. « Mais nous avons déjà sollicitant, notamment pour les
au centre de l’Europe du Sud », eu le cas d’un conducteur qui membres supérieurs. Le système
explique Éric Faitout, respon- avait accroché un autre jeu de actuel est piloté par un logiciel
sable du centre des Messageries clés… », précise Paul Massot, qui, en fonction du volume du
lyonnaises de presse (MLP). L’Eu- adjoint au chef d’équipe récep- magazine, le positionne dans
rope d’alors comprenait douze tion. Un deuxième système a été une des cases du rack.
États… et les choses ont bien ajouté : une ventouse associée à «  Chaque matin, nous faisons
changé depuis. Il n’empêche, la béquille mise sous le camion. tourner la machine pendant un
cette zone logistique reste l’une Si le conducteur part sans que quart d’heure, avec les opéra-
des plus importantes de France la béquille soit enlevée par le trices à leur poste, poursuit Éric
et c’est là qu’est installée une cariste, la ventouse tombe et une Faitout. Puis on leur demande s’il
plate-forme des MLP, ainsi que alarme retentit dans l’entrepôt. faut effectuer des changements
son siège social. Éric Faitout est « Elle a été fabriquée en interne pour leur faciliter la tâche. » « Les
modeste : «  Avec 20 000 m2, nous par le service maintenance, salariés donnent leur avis, c’est
sommes petits, comparés à nos explique Éric Faitout. Nous en une bonne chose, souligne Gilles
voisins. » Mais les manutentions avons discuté lors d’une réunion Sospedra, contrôleur de sécurité
y sont nombreuses. Et pour limi- mensuelle du Pil’es… Elle est à la Carsat Rhône-Alpes. De plus,
ter les risques professionnels, les susceptible d’intéresser un autre chacun peut s’organiser comme
salariés sont associés aux choix membre de l’association. » il le souhaite. » Par ailleurs,
en matière d’organisation et de «  dans le secteur des paquets
matériels. Tenir compte complets, il y a quelques années,
Chaque jour, trois cents palettes des besoins nous avions installé une boucle
arrivent sur le site. « Sur une Une fois les camions déchar- de tri – une nouvelle machine
autre plate-forme, nous avons eu gés, s’il s’agit de « papier frais », qui réduisait les manutentions
un accident avec un chariot sur c’est-à-dire de magazines des- – mais nous l’avons démontée
un quai de déchargement… Ça tinés à repartir dans l’un des car les salariés préféraient le tri
nous a fait réfléchir et nous avons 110 dépôts répartis sur toute la manuel », explique le respon-
mis en place deux systèmes pour France, ils sont redispatchés soit sable du centre.
limiter les accidents », explique à l’exemplaire, soit en paquet À l’autre bout de la plate-forme,
Éric Faitout. Tout d’abord, tout complet, ou en palette complète. sont gérés les invendus qui
conducteur donne les clefs de Au poste dispatching à l’unité, doivent être triés pour être retour-

Les Messageries lyonnaises de presse au Pil’es


Les MLP font partie des membres fondateurs du Pôle d’intelligence logistique Europe
du Sud (Pil’es). « Quand je suis allé aux premières réunions, je ne vous cache pas que
j’ai trouvé ça mou… d’autant plus mou que l’on venait tous de la logistique où tout va
très vite, s’amuse Éric Faitout. En fait, on se regardait tous, sans oser vraiment parler
de nos réussites et de nos problèmes, sans entrer dans le fond. » La raison ? Un
© Gaël Kerbaol/INRS

sentiment de concurrence qui n’avait pas lieu d’être. Il a fallu deux ans pour que cela
se débloque. « Heureusement que la Carsat a été là pour expliquer les tenants et
aboutissants et lever les freins qui pouvaient exister », poursuit-il. Aujourd’hui,
le responsable du centre de MLP est convaincu de l’intérêt des réunions mensuelles,
des visites de sites… pour faire avancer la prévention dans le secteur de la logistique.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier

nés aux éditeurs ou stockés sur boxes reposant sur des palettes… être que bénéfique pour les
site à leur demande. Ils arrivent et au fur et à mesure que les salariés, explique Gilles Sospe-
dans des boxes, de volumineux boxes se vident, les opératrices dra. Pour que cela se passe bien,
cartons qui pèsent en moyenne les découpent pour faciliter leur il faut que l’entreprise ait une
350 kg. Celles-ci sont remplies – travail », précise le responsable vision des ressources humaines
et plus ou moins bien rangées – de du centre. « Je n’aimais pas tra- à moyen terme… et ça n’est pas
magazines souvent accompagnés vailler avec une table élévatrice, donné à tout le monde. » Chaque
de goodies, DVD ou autre gadgets. confirme l’une d’elle. Là, j’ai mon jour, aux alentours de 11  h 
15,
Il s’agit pour les opératrices de propre espace de travail et ça Éric Faitout connaît le volume
les trier. « C’est un travail manuel me va. Je fais partie de celles qui des revues qu’il devra traiter le
mais également de mémorisation. découpent l’avant du carton, car lendemain. Grâce aux compé-
Car l’emplacement de chaque sinon, c’est très difficile d’accéder tences de chacun et au suivi de
au fond et ça fait mal au dos et la polyvalence individuelle, les
aux bras. » Pas de cadence impo- chefs d’équipe pourront affecter
sée non plus. Néanmoins, le res- les personnes à un poste.
ponsable du site estime qu’une La plate-forme actuelle date de
opératrice doit vider environ une vingt ans. Les allées de circula-
boxe et demie par heure. tion des piétons sont bien identi-
fiées, de même que les zones de
L'éclairage en question travail. L’éclairage semble être
La plate-forme compte 90 per- une préoccupation. Les dômes
manents, auxquels il faut ajouter d’origine devenaient cassants. Il
entre 15 et 20 intérimaires. « On a donc été décidé de les rempla-
a très peu de prévisions de notre cer par des dômes laissant entrer
activité, reconnaît Éric Faitout. Si la lumière naturelle et bloquant
les envois de papier frais doivent les UV. Des mesures ont été effec-
répondre à des délais impératifs, tuées avec les nouveaux dômes,
la gestion des invendus est plus mettant en évidence, selon les
souple. On a donc mis en place zones, un apport de lumière de
une polyvalence des agents, 100 à 1000 lux. « Une réflexion
pour faire face aux variations globale est en cours sur l’éclai-
© Gaël Kerbaol/INRS

d’activités et pour limiter les rage, qui n'est toujours pas satis-
risques d’apparition de TMS. » faisant : il va falloir éteindre des
Ainsi, une fois par an, chacun néons, mais probablement aussi
doit participer à une « semaine tout revoir », souligne le contrô-
découverte » d’un autre métier. leur de sécurité. « Les choses
À l’issue de cette semaine, un avancent bien, en matière de
revue est identifié selon un code Devant chaque échange s’instaure et la per- sécurité, reconnaît Véronique
qu’il faut retenir… et les codes opératrice, de petits sonne indique si ce poste peut Robert, opératrice et membre du
écrans indiquent le
changent avec chaque boxe », l’intéresser dans le cadre de la CHSCT. Quand on a des préoccu-
nombre de références
remarque le contrôleur de sécu- à mettre dans les polyvalence. Les compétences pations, on les fait remonter, elles
rité. Ici, pas de table élévatrice : cartons. Ce poste est de chacun sont réévaluées sont toujours entendues et géné-
les boxes sont posées sur des « testé » chaque jour chaque année en fonction du ralement vite prises en compte.
palettes, empilées en fonction pour faciliter le travail temps passé sur chaque poste. Par ailleurs, des groupes 5S ont
des salariées.
des souhaits de chacun. « Cela Lorsque de nouvelles compé- été instaurés, auxquels certains
peut paraître surprenant  : nous tences sont identifiées, un agent membres du CHSCT participent.
avions installé des tables éléva- de production peut progresser Des propositions sont très régu-
trices, mais les opératrices les ont de niveau 1 à niveau 2. « Cette lièrement faites et aucune ne
refusées. Les postes de travail ont semaine découverte a un coût reste sans réponse… » n
été reconfigurés, en U, avec des pour l’entreprise, mais ne peut D. V.

L’organisation Les chiffres (2012)


Presstalis et les MLP se partagent le marché de la Les MLP, au total, regroupent :
distribution de la presse en France, à hauteur n 620 éditeurs ;
respectivement de 65 à 70 % de part de marché pour n 3 880 titres distribués ;
le premier et de 30 à 35 % pour le second. MLP est n 1,3 million d’exemplaires acheminés chaque jour ;
une coopérative d’éditeurs qui possèdent trois plates- n 30 000 km parcourus chaque jour ;
formes : à Angers, en région parisienne et à Saint-Quentin- n CA métropole + export : 600 millions d’euros.
Fallavier. De ces plates-formes partent des palettes La plate-forme iséroise, c’est :
à destination de 110 dépôts qui eux-mêmes redispatcheront n réception de 100 boxes et 300 palettes par jour sur 260 jours ;
les revues (et autres gadgets, goodies, DVD associés) n 90 salariés ;
aux 28 000 points de vente alimentés chaque jour. n un fonctionnement 24 h sur 24, 5 jours sur 7.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier
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La conception se nourrit
de l'expérience
La plate-forme logistique d’Auchan, basée à Émerainville, mène depuis
plusieurs années une politique de fond pour améliorer les conditions de travail.
Des efforts qui portent leurs fruits et qui vont être exploités à l’occasion
de la conception d’un nouvel entrepôt.

Parmi eux, de nombreux prépa- qui met en pratique la volonté de


rateurs de commandes. Or, un maximiser les ports de charge
préparateur de commandes porte à hauteur de la ceinture. Une
entre sept et huit tonnes de mar- action similaire, menée avec
chandises par jour. l’appui de la Cramif, a consisté
L’attention de la direction s’est à supprimer les doubles niveaux
portée depuis plusieurs années dans les racks et à mettre en
sur les moyens de rendre le place des rayonnages dyna-
métier moins difficile, en parti- miques pour les produits à faible
culier en agissant sur les manu- rotation.
tentions manuelles. « Un de nos
objectifs est notamment d’arriver Point sécurité
à zéro palette manipulée par nos tous les matins
© Gaël Kerbaol/INRS

collaborateurs », explique Jérôme L’utilisation de robots de fil-


Mellerin, responsable d’activité mage tend également à se
du site. Un support en bois vide développer. « Mais ici, nous
pèse à l’unité 25 kilogrammes. sommes contraints par l’espace,
C’est pourquoi le site est le pre- donc limités dans les possibi-

1
mier du groupe de grande distri- lités d’implantation », explique
98 jours consécutifs. C’est Les chariots de bution à s’être doté d’un dépileur Jérôme Mellerin. Actuellement,
préparation à levée
la plus longue période de doubles palettes. Les prépara- 35 % des palettes sont filmées
complémentaire ont
sans accident du tra- été développés à la teurs de commandes les retirent par les robots. L’objectif est d’at-
vail établie en 2012 sur demande du groupe. avec les fourches de leurs cha- teindre 90 %. En zone de tran-
l’entrepôt Auchan appro- Ils apportent des riots, sans effort manuel. sit, où les produits sont réexpé-
visionnements et logistique bénéfices indéniables Autre aide à la manutention  : diés très rapidement après leur
en termes de postures
d’Émerainville, en Seine-et- de travail. l’acquisition de dix chariots de arrivée, le filmage de toutes les
Marne depuis la mise en place de préparation à levée complémen- palettes se fait sur un temps très
la politique sécurité du groupe en taire. Ces chariots qui emportent court. « Ces équipements ont un
2010. Cette plate-forme alimente deux palettes ont des fourches prix – 20 000 euros le dépaletti-
une cinquantaine de points de permettant d’élever une seule seur, 34 000 euros le couple de
vente Auchan d'Île-de-France en des deux palettes lors de la robots de filmage – mais c’est un
produits de grande consomma- préparation de commande. Ce parti pris de l’entreprise depuis
tion : liquides, hygiène, parfume- système a été développé par longtemps d’investir dans la
rie et entretien. Une centaine de le fabricant à la demande du sécurité », commente Samuel
personnes travaillent à l’exploi- groupe. Un gain indéniable en Charrier, responsable logistique
tation, dont 20 % d’intérimaires. termes de postures de travail, Ile-de-France.

Projet participatif pour la future Label sécurité


plate-forme Depuis 2010, est mis en place au sein du groupe Auchan un label
La construction de la future plate-forme Auchan sécurité, élaboré avec le concours de tous les responsables
de Serris, en Seine-et-Marne, est en cours de dépôts. L’objectif est d’aboutir à une année complète sans
de lancement. Afin d’impliquer au maximum les salariés, accident du travail (AT), en respectant 62 bonnes pratiques,
six groupes de travail ont été formés : aménagements réparties en cinq familles de critères : entrepôt, bureaux, suivi
des bureaux, collecte sélective, communication interne administratif, communication et management, extérieurs.
et signalisation, restauration, flux et implantations, Trois labels viennent récompenser les efforts en fonction
formation à la conduite de chariots élévateurs… Au total, des résultats obtenus : bronze (150 jours sans AT), argent
une cinquantaine de salariés d’Émerainville se sont (250 jours sans AT) et or (365 jours sans AT), et en étant
inscrits dans ces groupes de travail. conforme à 95 % des 62 bonnes pratiques.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier

Chaque équipe commence sa l’ouverture est prévue pour 2015. mage ou des dépalettiseurs sur
journée par un brief. L’occasion Cette nouvelle plate-forme occu- le site. Le retour d’expériences
d’y aborder quotidiennement pera une surface de 52 000  m2 de la construction d’une autre
la sécurité. Des échauffements dont 18 000  m2 exploités en plate-forme de l’enseigne ouverte
ont été instaurés aux prises de propre par les équipes Auchan, l’année dernière, également
poste pour les équipes. Ils sont qui quitteront l'entrepôt d’Éme- dédiée aux produits de grande
obligatoires depuis février, à la rainville, le reste par un presta- consommation, à Trappes, dans
suite d’une série de trois acci- taire de services. « La construction les Yvelines – la première plate-
dents survenus en début de d'un nouveau bâtiment permet forme HQE du groupe – va à cet
poste en décembre. « C’est un de faire des sauts en matière de égard être largement exploité.
bon complément, mais ça ne consommation énergétique ainsi L’ensemble du parc de chariots
vient pas en tête des actions de
prévention que l’on conseille »,
témoigne Serge Lassus, contrô-
leur de sécurité à la Cramif. « Les
accidents du travail surviennent
souvent en série, observe Jérôme
Mellerin. On peut n’avoir aucun
accident sur une longue durée,
et, sans raison particulière, plu-
sieurs accidents se produisent
sur un laps de temps très court.
L’historique montre qu’il n’y a pas
d’explication particulière, ce n’est
par exemple pas lié à un surplus
temporaire d’activité. »
Bilan de toute cette politique du
groupe  : le taux de fréquence
national sur les plates-formes
logistiques d’Auchan est de 43,

© Gaël Kerbaol/INRS
contre un taux national dans
le secteur d’activité de 80. Et le
site d’Émerainville est à 48. « Ces
résultats sont le fruit de plusieurs
années de travail, d’investisse-
ments en matériel dans les entre-
pôts, de rappel des pratiques, que sur les conditions de travail, Le taux de fréquence va être renouvelé à l’occasion de
explique Samuel Charrier. Mais décrit encore Samuel Charrier. Et national sur les ce déménagement. 100  % des
plates-formes
toutes les actions de prévention également dans l’organisation chariots de préparation seront à
logistiques d’Auchan
doivent être réalimentées régu- de l’activité : la tendance actuelle est de 43, contre un levée complémentaire. Une for-
lièrement car un essoufflement est de remplir au maximum les indice national dans mation des caristes aux nouveaux
s’installe inévitablement à la camions pour qu’ils roulent moins le secteur d’activité chariots élévateurs se fera sur la
longue. » au cours de leurs tournées avec de 80. Le site plate-forme de Trappes, pour les
d’Émerainville
comme objectif de réduire l’em- est à 48. familiariser avec les nouveaux
La conception preinte carbone de l’entreprise. » espaces. Ce projet va également
des locaux en question Ce projet a été l’occasion de intégrer un accompagnement des
La capitalisation de toutes ces réaliser une étude préalable collaborateurs les plus anciens,
actions va être prise en compte approfondie sur la conception pour les aider à se projeter dans
dans le futur entrepôt de Ser- des locaux, afin d’optimiser leur nouvel espace de travail. n
ris, une commune voisine, dont l’implantation des robots de fil- C. R.

11,8 km , c’est la
distance moyenne parcourue à pied
17 % du temps
est consacré, en zone
600 palettes expédiées
par jour depuis la plate-forme
par un préparateur de commandes d’éclatement (ou de transit), d’Émerainville, soit 20 camions
« transit » sur une journée à déplacer des palettes. en chargement pour livrer 50 points
de travail, dont la moitié avec de vente en Île-de-France. Elle reçoit
des charges. Il traite en moyenne quotidiennement une cinquantaine
1 000 colis par jour. de camions, représentant 20 000 colis
pour la préparation de commandes
et 5 000 pour le transit.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


dossier
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Pour limiter les risques de troubles musculosquelettiques (TMS), l’entrepôt
logistique d’Atac à Chilly-Mazarin, dans l’Essonne, a réduit la hauteur des palettes,
équipé les préparateurs de commandes de chariots à fourche élevable
et de filmeuses automatiques… Une démarche qui demande des investissements,
mais aussi du dialogue avec les salariés, les fournisseurs, les magasins…

Les préparateurs
se repassent le film

L
e mardi, c’est le jour tiront en magasin, à partir des rôle d’Arsène Myuemba, agent
du beurre, des yaourts produits réceptionnés sur palette polyvalent depuis dix ans pour
et du fromage, appelés par l’entrepôt. Avec les chariots le groupe. Depuis un an et demi,
« ultrafrais » à l’entre- à fourche élevable, la marchan- il dispose d’un transpalette fil-
pôt logistique d’Atac à dise est toujours à hauteur. « À meur. Pendant que la machine
Chilly-Mazarin. Cet entrepôt, l’origine, nous avons mis en opère, Arsène Myuemba prépare
qui emploie 130 personnes, livre place ce chariot pour une per-
Repères une autre palette, repositionnant
98 magasins six jours sur sept sonne qui avait des problèmes n L’entrepôt, correctement les produits afin de
en produits frais. Les différentes de dos. Un bureau d’études nous d’une surface les stabiliser. « Avec la filmeuse,
familles de produits (produits a créé un modèle en fonction des de 7 700 m2 emploie j’ai beaucoup moins mal au dos,
laitiers, viande, charcuterie, besoins que nous avions défi- 130 personnes qui se affirme-t-il. De plus, c’est un peu
plats préparés…) sont réparties nis avec le CHSCT. Maintenant, relaient 24 h/24 du plus rapide. » Il a 400 palettes
selon les jours de la semaine, nous retrouvons ce chariot dans dimanche 21 h par jour à filmer. Lorsqu’il le fai-
sauf les fruits et les légumes qui notre entrepôt, mais aussi dans au samedi 18 h. sait manuellement, il devait tirer
sont livrés quotidiennement pour les autres entrepôts du groupe », Elles sont réparties sur le film, tourner vers l’arrière,
garantir la fraîcheur en magasin. poursuit le directeur. Car les en trois équipes : ne voyant pas s’il y avait des
Depuis sept ans que l’entrepôt échanges sont fréquents entre la réception, obstacles, et se pencher pour
existe sur ce site, l’amélioration les dirigeants d’entrepôts, au la préparation atteindre le bas de la palette.
de la prévention des risques est sujet des accidents, des problé- et l’expédition. Dans le secteur fruits et légumes,
une préoccupation constante. matiques qu’ils rencontrent et L'entrepôt livre les opérateurs remplissent des
«  Notre métier consiste à mani- des solutions qu’ils trouvent. Et 98 magasins palettes en prélevant les produits
puler des colis, explique Éric que, parfois, ils généralisent. appartenant sur des palettes placées dans des
Gautier, le directeur du site. Une autre avancée est la mise en à trois enseignes allées (picking) selon un che-
Notre principal risque est donc place de filmeuses automatiques. (SimplyMarket, minement identique pour tous,
celui des troubles musculos- Dans la partie de l’entrepôt où À deux pas dans un sens défini et balisé par
quelettiques. Pour le limiter, sont préparés les colis d’ultra- et Chrono Drive). des sens interdits. Une fois leur
l’une des premières choses que frais, la température est de 3 60 000 colis sont palette terminée, ils se rendent
nous avons faites, c’est de nous ou 4 °C. Le matin, une première réalisés chaque jour. à l’endroit où sont positionnées
équiper de chariots à fourche équipe a préparé les palettes trois filmeuses fixes. « Dans un
élevable pour les préparateurs pour chaque magasin. Elles premier temps, les préparateurs
de commandes. » Le rôle de ces sont alignées dans l’entrepôt de commandes avaient l’impres-
derniers est de préparer les colis, et attendent d’être filmées pour sion de perdre du temps avec la
c’est-à-dire les palettes qui par- ensuite être expédiées. C’est le filmeuse automatique. Mais ils se

Le picking et la répartition
Il existe deux méthodes de travail dans un entrepôt de logistique : le picking
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

et la répartition. Les deux sont utilisées dans l’entrepôt de Chilly-Mazarin.


Pour le picking, le préparateur prépare une à une les palettes pour chaque magasin.
Il est muni d’un transpalette, évolue dans des allées où sont répartis les produits.
Il prélève les produits dont il a besoin, qui lui sont indiqués par commande vocale.
C’est cette méthode qui est employée pour les fruits et légumes. Pour les autres
produits, la méthode utilisée est la répartition. Les allées sont constituées
des palettes destinées aux magasins. Les opérateurs passent dans les allées avec
une palette d’un produit qu’ils disposent sur les palettes destinées aux magasins.
Cette méthode est utilisée pour tous les produits autres que les fruits et légumes.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


avons deux de 1,20 m et les pro-
duits sont toujours à hauteur. De
même, nous avons négocié avec
eux pour réduire le poids de cer-
tains colis, comme les sacs de
pommes de terre qui sont passés
de 20 à 15 kg. » L’idée est par-
tie de l’entrepôt de Strasbourg
puis s’est généralisée aux six
entrepôts du groupe en France.
« Mais pour que ce soit respecté,
il faut en reparler souvent, pour-

© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS


suit le directeur du site. Quant
aux palettes qui partent de chez
nous, un logiciel nous aide à en
limiter la hauteur à 1,80 m. C’est
bien pour nos opérateurs qui
les préparent, mais aussi pour
le personnel dans les magasins
qui prend moins de risques pour
récupérer les produits position-
nés en haut de la palette. »
sont aperçus que si, dans l’immé- d’accident. Aujourd’hui, elles ont Au début, les Plusieurs autres projets sont en
diat, ils perdent un peu de temps, disparu et la circulation dans les préparateurs étaient cours. Par exemple, un formateur
sceptiques quant
ils en profitent surtout pour se allées est plus fluide », indique Prap (prévention des risques liés
à l’utilité de la
reposer. Du coup, ils gardent la Jérémy Coulibaly, responsable filmeuse automatique. à l’activité physique) réalise une
même forme physique tout au du secteur fruits et légumes. Pour Aujourd’hui, 100 % formation par mois, avec pour
long de la semaine et, au final, y réfléchir, un groupe de travail, des colis de fruits objectif de former 100 % du per-
ils font autant de colis », constate constitué de l’encadrement, de et légumes sont filmés sonnel d’ici 2015. Bientôt, les
avec la filmeuse,
Antoine Cancellier, contrôleur préparateurs et de rouleurs a été ce qui est rare dans
palettes en bois seront rempla-
de sécurité à la Cramif. Preuve constitué et a formulé des propo- ce secteur où chaque cées par des palettes en plas-
qu’ils sont convaincus, 100  % sitions. « Les opérateurs étaient seconde compte. tique, beaucoup moins lourdes (5
des colis de fruits et légumes contents d’être associés à ce à 6 kg au lieu de 20 kg pour les
sont filmés avec la filmeuse, ce projet qui les concerne. Ils ont palettes en bois) et sans risques
qui est rare dans ce secteur où proposé des évolutions et nous d’échardes. Mais cela implique
chaque seconde compte. avons fait au mieux en fonction aussi des changements dans
des moyens qui nous étaient les magasins destinataires et la
Des palettes plus basses alloués  », explique Jérémy mise en place demande du temps
Ils déposent alors leur palette fil- Coulibaly. et des négociations. Un livret
mée dans la « zone tampon » où « Nous avons travaillé aussi sur la d’accueil est en cours de rédac-
les caristes, appelés « rouleurs », hauteur des palettes, indique Éric tion au niveau national, com-
viendront les chercher pour les Gautier. Nous avons beaucoup portant un volet sur la sécurité.
amener sur les quais de charge- discuté avec les fournisseurs et la « Notre espoir est de diminuer de
ment. C’est la seule zone com- solution que nous avons trouvée façon significative les accidents
mune aux préparateurs et aux est de mettre une palette inter- du travail et les maladies pro-
rouleurs, ce qui limite le risque médiaire au milieu de chaque fessionnelles. Aujourd’hui, nous
de collisions. « Dans ce secteur, pile. Nous pouvons ainsi la divi- venons de battre d’un jour notre
nous avons récemment revu tout ser en deux avec les fourches record de journées sans accident
le circuit de préparation car il des chariots et au lieu d’avoir du travail », confie Éric Gautier. n
y avait des zones à fort risque une palette de 2,40 m, nous en L. C.

Interview
© Grégoire Maisonneuve pour l’INRS

Christian Le Ruen, employé principal à la section fruits et légumes et membre


du CHSCT, a fait partie du groupe de travail sur l’organisation des flux dans le secteur

« Avant, la zone tampon, où les préparateurs concentration d’activité dans cette zone.
de commandes mettent en attente les Nous avons réfléchi à une réorganisation
palettes pour qu’elles soient récupérées et à un sens unique de circulation afin
par les rouleurs, était de l’autre côté de que, à aucun moment, les préparateurs
l’allée où passent les rouleurs. Les filmeuses de commandes et les rouleurs ne puissent
étaient juste à côté, il y avait une forte se rencontrer. »
dossier
28
29

La polyvalence,
un remède à la fatigue
À l’issue de réflexions menées avec la Carsat Sud-Est, l’entrepôt d’Office Depot
situé Saint-Martin-de-Crau a initié plusieurs mesures de prévention des troubles
musculosquelettiques. Avec, à la clé, une plus grande polyvalence des salariés.

D
es colis défilent par Est, l’Union des entreprises de marchandises a fait l’objet de
centaines sur des transport et logistique de France transformations. Office Depot
convoyeurs. Des opé- (TLF Méditerranée) et six autres demande notamment à ses
rateurs scannent et entreprises volontaires », pré- fournisseurs d’organiser leurs
remplissent des car- cise Jérôme Ziétek. « À travers palettes par couches de mêmes
tons à un rythme soutenu. En ces échanges, l’objectif était de références pour limiter le nombre
cette période de rentrée scolaire, diffuser des méthodes de tra- de manutentions ultérieures.
Sur proposition
l’entrepôt logistique d’Office des salariés, les vail visant à prévenir les risques «  Une pénalité est appliquée
Depot, situé à Saint-Martin- racks situés au professionnels de manière lorsque cela n’est pas respecté »,
de-Crau, dans les Bouches-du- sol ont été relevés pérenne », ajoute Charles Rossi, explique Simon Reverbel, res-
Rhône, tourne à plein régime. pour permettre aux contrôleur de sécurité à la Carsat ponsable de la réception. L’en-
préparateurs de
Mais cette intense activité n’est passer leurs pieds
Sud-Est. treposage des palettes a égale-
pas forcément synonyme de tra- en dessous et ainsi Première étape de la chaîne ment été repensé : celles-ci sont
vail difficile pour ce leader dans moins se courber. logistique, la réception des désormais espacées pour per-
la distribution de fournitures mettre aux opérateurs de circuler
de bureau. « Plusieurs actions autour.
visant à limiter les gestes répé- « Nous assistons à une demande
titifs et les postures de travail croissante de produits liquides
contraignantes ont été mises en à destination des services
œuvre, explique Jérôme Ziétek, généraux d’entreprises, ce qui
responsable hygiène, sécurité et implique des étapes supplémen-
environnement. Elles répondent taires de reconditionnement à
à une volonté de notre direction l’unité », ajoute Simon Reverbel.
d’améliorer les conditions de tra- Auparavant réalisé manuel­
vail et de fidéliser nos collabora- lement, leur filmage s’effec-
teurs, tout en réduisant les coûts tue aujourd’hui à l’aide d’une
liés aux arrêts de travail pour thermo­ formeuse. Un film plas-
cause de mal de dos. » tique y est chauffé avant de se
© Claude Almodovar pour l’INRS

Cette volonté se vérifie sur le rétracter autour du produit.


terrain. Des mesures touchant à
la fois à l’organisation du travail Aide aux manutentions
et à l’acquisition de nouveaux Afin de soulager les opérateurs,
matériels ont été effectivement la zone de préparation de masse
engagées. « Elles sont issues a été équipée d’une ventouse
d’une réflexion globale menée de préhension reliée à une
en commun avec la Carsat Sud- potence. « La manipulation des

Interview
Simon Reverbel, responsable réception et membre du CHSCT
© Claude Almodovar pour l’INRS

« Pour avoir connu d’autres sites, je réalise j’encourage la polyvalence. Cela motive.
qu’ici de vrais efforts ont été menés pour La plupart des gens apprécient en effet de
améliorer les conditions de travail. Lors des gagner en autonomie, mais il ne faut pas les
réflexions menées avec la Carsat et le forcer ni stigmatiser ceux qui n’ont pas la
médecin du travail, le CHSCT a été sollicité. même vision. Tout est basé sur le volontariat.
Je considère que c’est essentiel, car ces Pour favoriser cette polyvalence, nous misons
changements ne peuvent se faire sans sur des formations que nous adaptons à nos
impliquer les salariés. Pour ma part, activités. »

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


cartons de rames de papiers, de salaire notamment, à une plus
dont le poids peut aller jusqu’à grande polyvalence. « L’idée,
25 kg, ne demande plus aucun c’est que tout le monde, hommes
effort physique », assure Gérald et femmes, puisse travailler sur
Sarmiento, coordinateur prépa- tous les postes », confie Jérôme
ration. L’arrivée de ce nouveau Ziétek. « Je perçois un change-
matériel a permis une féminisa- ment, assure Isabelle Bonnet. Je
tion de l’équipe. « Auparavant, pense notamment à l’une de mes
des femmes n’auraient jamais pu collègues qui s’éclate à passer
travailler ici plus d’une journée, d’un poste à un autre. »
les colis à manipuler sont trop Premiers concernés par ces
lourds, indique Isabelle Bonnet, évolutions, les opérateurs se

© Claude Almodovar pour l’INRS


coordinatrice de la zone. Mainte- déclarent satisfaits. « On est
nant, nous sommes trois. » moins fatigués en fin de semaine
Autre avancée, l’utilisation d’un et notre travail est moins répé-
chariot tridirectionnel dans la titif », résume Gérald Sarmiento.
zone de stockage. Ses avan- Pour autant, il a fallu un peu de
tages sont multiples. Équipé temps pour changer les habi-
de fourches qui s’orientent à tudes. « Certains se sont notam-
180 degrés, cet engin offre ment dit que l’utilisation de la
la possibilité de déposer des ventouse allait leur faire perdre
palettes à l’extrémité des racks Afin de soulager les représentant 5  % de l’activité du temps, constate Olivier Jove-
sans avoir à sortir de l’allée. La opérateurs, la zone totale, a ainsi été installé. En let, responsable d’exploitation.
de préparation de
coactivité est ainsi réduite. Un fonction des commandes trans- Pour les convaincre, nous leur
masse a été équipée
rail de guidage magnétique, d’une ventouse mises par informatique, post-it, avons montré qu’en utilisant ce
situé sous le sol, évite tout risque de préhension reliée cartouches d’encre, correcteurs matériel, ils porteraient deux
de chocs. Et puisque la cabine à une potence. et autres stabylos tombent les tiers de poids en moins. »
s’élève, le conducteur n’a plus à uns après les autres sur des Les faits donnent raison à Olivier
se tordre le cou vers le haut pour convoyeurs à destination de Jovelet. Depuis la mise en place
saisir sa palette. postes de préparation. de la ventouse, la zone de pré-
Situés en bout de chaîne logis- La gestion des flux a égale- paration de masse n’a pas connu
tique, les préparateurs de colis, ment été prise en compte. Il un seul arrêt de travail pour mal
qui travaillent debout, bénéfi- arrive en effet que des opéra- de dos. Une deuxième ventouse
cient aussi d’avancées notables. teurs peinent à suivre le rythme. devrait faire son apparition pro-
Des poids maximums de com- Pour y remédier, des tableaux chainement. De manière globale,
mandes ont notamment été défi- numériques ont été disposés à l’entrepôt a observé une baisse
nis par zone de préparation pour plusieurs endroits de l’entre- de la sinistralité. Le nombre de
permettre l’intervention du per- pôt. Ces derniers fournissent un jours d’arrêt à la suite d’un acci-
sonnel féminin. De plus, tous les état des lieux en temps réel du dent du travail est passé de 367
sols ont été recouverts de tapis taux d’activité de chaque zone. en 2011 à 66 en 2012. Autre
antifatigue. Sur proposition des Lorsqu’une d’entre elles dépasse signe encourageant du succès
salariés, les racks situés au sol 100 % d’activité, les colis sont de la démarche, les salariés ont
ont été relevés pour permettre détournés vers une autre zone et pris l’habitude de faire remonter
aux préparateurs de passer leurs des préparateurs changent tem- leurs difficultés. Enfin, d’après
pieds en dessous et ainsi moins porairement de poste pour aider la dernière enquête de satis-
se courber. leurs collègues en difficulté. faction menée auprès du per-
Un autre objectif était de limi- En complément de ces actions sonnel, 93 % se disent satisfaits
ter les déplacements. Un distri- visant à réduire les efforts phy- des mesures engagées pour leur
buteur de produits à très forts siques, la direction encourage santé et leur sécurité. n
volumes, soit 250 références ses salariés, par un complément C. D.

L’entrepôt en chiffres
D’une surface de 18 000 m2, l’entrepôt logistique d’Office Depot situé à Saint-Martin-
de-Crau assure la distribution de matériels de bureau à destination des entreprises
© Claude Almodovar pour l’INRS

situées dans le Sud de la France. Environ 10 000 références sont présentes sur
place, allant des cahiers aux cartouches de toners en passant par les produits
d’entretien. En 2013, près de 560 000 commandes ont été traitées, soit plus
de 2 750 000 colis expédiés (46 % de fournitures de bureau, 21 % de papeterie,
26 % de consommables informatiques, 7 % de mobilier). Les activités de réception,
préparation et envois de colis s’enchaînent de 6 h 30 à 20 h. La société emploie
en moyenne 90 équivalents temps-plein. Le bâtiment abrite 3 km de convoyeurs
alimentés par 500 moteurs.
une journée avec
30
31
Sur l’autoroute A6, les agents de surveillance de l’autoroute (anciennement
« patrouilleurs ») surveillent, interviennent et informent. Une mission risquée
qui les expose notamment au risque routier et qui nécessite une vigilance
de tous les instants. La réflexion sur les équipements de travail, les formations…
font partie des mesures déployées par l’APRR 1 pour leur protection.

Les « patrouilleurs »
de l’aube… ou de la nuit

7 h 00 Réunion de prise de poste du


matin sur le site de Nemours de l’autoroute A6 1.
juste des temps d’intervention maximums, en cas
d’événements importants (accident, panne, objet
Jean-Luc Cousty, responsable viabilité-sécu- sur les voies…), qui varient selon l’emplacement
rité du site, commente à une dizaine d’ouvriers sur le tracé : de 16 à 24 minutes le jour, et de 18
le tableau sur lequel est indiqué le planning du à 40 minutes la nuit, détaille Lydie Foissey, chef
jour : «  Aujourd’hui, deux équipes de deux sont du service Prévention et santé au travail à l’APRR.
chargées de l’entretien et du nettoyage des édi- L’évolution des moyens de surveillance permet de
cules 2 ; une autre, du coucher (NDLR : la pose) réduire l’exposition des agents aux risques du
des cônes de balisage au kilomètre 53, dans le travail sous circulation. »
sens 2 (NDLR : vers Paris). » Les ouvriers prennent Les véhicules des agents chargés de la surveil-
un café avant le départ. « Les véhicules patrouil- lance sont équipés d’un système radio, pour les
leurs effectuent les rondes », poursuit le respon- liaisons entre équipes et avec le PC, d’un télé-
sable. « Prêt à y retourner ? », demande Sébastien phone « véhicule », et de leurs téléphones por-
Camard, agent polyvalent SVA (sécurité-viabi- tables. « On est en contact quasi permanent avec
lité autoroute) à son collègue Jean-Luc Mesnard, le collectif. La radio prime », confie Jean-Luc Mes-
agent de sécurité autoroute (ASA). « Jean-Luc est nard. Les véhicules prennent la route, l’un dans
Qu’il soit derrière là depuis 4 h du matin, départ du poste de nuit, le « sens 1 », vers Lyon, l’autre dans le « sens 2 ».
son volant lors précise Sébastien Camard. Moi, je suis en poste «  Les journées ordinaires, nous roulons près de
d’interventions ou
de rondes, ou à pied de 7 h à 15 h. » Le contenu du travail a évolué : 250 km par poste, continue Sébastien. Beaucoup
le long des voies pour les anciens « patrouilleurs », devenus ASA, et les plus si des interventions précises le demandent. »
ramasser toutes sortes agents polyvalents n’effectuent plus leurs rondes Dans le véhicule, l’agent polyvalent règle son
de débris qui pourraient en permanence, sauf lors des journées de trafic siège. « Les équipements de travail sont adaptés.
gêner la circulation,
l’agent de sécurité
dense ou de viabilité hivernale, ou quand les Les sièges sont contrôlés et changés jusqu’à trois
autoroute doit rester nécessités de service le demandent (comme ce fois par an. Les fourgons sont changés tous les
extrêmement vigilant. matin-là). « Le contrat de plan avec l’État impose deux ans en moyenne. »
© Gaël Kerbaol/INRS

© Gaël Kerbaol/INRS

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


une journée avec

rière la glissière extérieure. Il aperçoit un blouson


tombé au niveau de la glissière centrale : « Allo PC,
je récupère le blouson, mais ça peut prendre du
temps. Je vous préviens quand j’y vais. » Au bout
d’une dizaine de minutes, placé sur une longue
ligne droite enfin dénuée de trafic, il traverse les
voies, récupère l’objet et se place derrière la GBA
(glissière en béton adhérent). « Même si nos agents

© Gaël Kerbaol/INRS
sont formés à la sécurité très régulièrement, dans
notre centre de formation de Bourg-en-Bresse,
ils doivent rester extrêmement prudents et vigi-
lants, étant toujours très exposés sur ces postes »,
souligne Lydie Foissey. Des objets ordinaires ou
étranges rejoignent parfois la chaussée de l’auto-

8 h 12 Appel sur la radio de Jean-Luc : « On


a trois motos de la Police nationale qui demandent
Ouvrir le péage aux
forces de l’ordre, assister
route : «  Bagages, barres, coffres de toits, bâches,
sangles, skis, matelas ou meubles… Un jour, un
congélateur plein de ferraille, qui pesait plusieurs
des véhicules en panne,
un accès direct pour rejoindre un convoi officiel. centaines de kilos, est tombé sur la voie rapide !
récupérer des objets sur
J’ouvre le péage. » Sébastien actionne la barrière les voies… les activités Il a fallu la neutraliser, et appeler une grue »,
et, après le passage des motards, éteint l’alarme d’un agent de sécurité raconte Sébastien.
qui s’était déclenchée. « Les péages sont de plus autoroute au cours

14 h 18
en plus automatisés, mais la surveillance par les de sa journée de travail
sont variées.
caméras du PC permet un suivi à la minute de Arrivée du fourgon de Sébastien
tous les véhicules », signale-t-il. Il repart de l’autre au kilomètre 88 : « Ici, on fait demi-tour. Notre site
côté de l’autoroute via une sortie de service, après va des kilomètres 44 à 89. Au-delà, c’est celui de
avoir averti le PC et son collègue de la fin de Courtenay, pris en charge par les équipes du sec-
l’intervention. teur. » Il actionne à la main la barrière de service
qui permet de sortir de l’autoroute : « Certaines de

10 h 07 Appel du PC sur les radios des


patrouilleurs : «  On nous signale deux poids lourds
Repères
au km 71,200 dans le sens 2, dont un avec un n L’autoroute A6
pneu éclaté. » « Okay, on y va », répond Sébastien. (« Autoroute du Soleil »)
Les deux fourgons, dont l’un a fait demi-tour par mesure 470 km,
un péage, se positionnent derrière les camions, de Paris à Lyon.
déjà arrêtés sur la BAU (bande d’arrêt d’urgence) Elle est prolongée
et actionnent leurs FLU (flèches lumineuses d’ur- par l’A7 jusqu’à
gence). Entre-temps, l’annonce a été diffusée sur Marseille.
les ondes par Autoroute Info : « Attention : sur l’A6, n L’A6 est exploitée
au kilomètre 71, en remontant vers Paris, deux par la société
© Gaël Kerbaol/INRS

poids lourds sont stationnés sur la bande d’ar- Autoroute Paris-


rêt d’urgence, peu avant le péage de Fontaine- Rhin-Rhône (APRR).
bleau. » Un dispositif qui évite bien des accidents n Nombre de salariés
ou sur-accidents : « Cette fréquence est un parte- (sur l’A6) : presque
naire indispensable, qui relaie les informations 300 salariés pour
aussi rapidement que le PC les envoie », se réjouit les activités entretien
l’agent de sécurité. Les chauffeurs prennent la et sécurité (dont nos barrières sont automatisées, pour nous évi-
sortie de Fontainebleau, en roulant au pas. « Cette 220 personnes ter de descendre du véhicule. Il y a eu des agres-
fois, il n’est possible de les laisser rouler, mais ce uniquement pour sions », précise-t-il, avant de rejoindre l’autre côté
n’est pas toujours le cas. Les pannes plus impor- la sécurité). de l’autoroute par une voie secondaire.
tantes demandent l’intervention d’une dépan-
n Au Total, APRR
neuse et, dans le cas d’un accident, des pompiers
et des gendarmes », remarque Jean-Luc. Sébas-
tien ramasse les morceaux de pneu tombés sur
exploite 2 300 km
d’autoroutes
14 h 57 Retour du fourgon au centre de
Nemours : «  C’est la fin du poste en tant que sur-
et emploie
la BAU. veillant », explique Sébastien Camard, en vérifiant
3 800 collaborateurs
une dernière fois que les informations écrites sur
en France.

13 h 25 Appel de la gendarmerie : « Un


motard a perdu gants et blouson vers Fontaine-
sa main courante comprennent tous les événe-
ments de ses patrouilles. « Quand les plannings
le demandent, je peux aussi donner un coup de
bleau ; il attend au poste de Nemours. » Frédé- main à la viabilité, à la maintenance… J’aime
ric, agent de sécurité autoroute, a pris le relais bien ce métier, il permet de ne pas s’ennuyer ! » n
de Jean-Luc au volant du fourgon patrouilleur. Il 1. Lire l’encadré « Repères ».
stationne sur la BAU, actionne la flèche d’urgence 2. Il s’agit des petits bâtiments (hors concessions
et les feux de détresse, et ramasse un gant der- Antoine Bondéelle commerciales) sur les aires de repos : toilettes, abris, etc.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


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Aménagement de camions

Les « food trucks » se

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


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Fabricant de véhicules et remorques magasins


ainsi que de « food trucks », Euromag a, à l’occasion
d’un changement de locaux, rénové entièrement
ses installations et son organisation. En menant,
avec la Carsat Rhône-Alpes,une réflexion sur l’ensemble
des modes opératoires et des équipements, afin d’améliorer
les niveaux de sécurité et les conditions de travail.

refont une beauté


© Fabrice Dimier pour l’INRS

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


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34
35

1
1 Le stockage des plaques (tôles,
aluminium) a fait l’objet d’une réflexion
et de l’achat de baies spécifiques,
permettant de travailler à hauteur
d’homme, en évitant des manutentions
trop contraignantes.

2 L’installation de ponts roulants


dans les parties de l’atelier où sont
manutentionnées des charges lourdes
(parties de châssis, bois, métaux) a permis
de réduire de manière importante les
manutentions manuelles les plus pénibles.

3 La manutention des grands panneaux


de bois (ici, une pièce devant être coupée
à 7,50 m de longueur) se fait à l’aide
de palonniers à ventouses.

I
ls fleurissent dans les villes, traditionnels ­ — en particulier, ne pouvaient être que limités. »
sur les marchés, au pied à destination des marchés. En Pour un coût élevé qui plus est.
des immeubles de bureaux, 2008, face à une demande crois- «  La décision de construire un
devant les établissements sante, et contrainte par l’exiguïté nouveau site s’est imposée, à
scolaires… Avec l’essor de la de ses locaux, l’entreprise décide l’issue de nos échanges, indique
« street food », voici venu le temps de rénover entièrement ses ins- Joël Jaubert, directeur d’Euro-
des « food trucks », ces camions tallations. mag. Travailler ensemble allait
restaurants qui proposent toutes «  Les établissements ayant des de soi. La Carsat assiste à nos
sortes de plats à emporter, le sites en semi-montagne, comme CHSCT depuis longtemps et nos
plus souvent des burgers, ver- c’est le cas ici, doivent faire face échanges se sont toujours révé-
sion moderne des baraques à à des questions souvent épi- lés fructueux. »
frites et autres camions pizza neuses lorsqu’ils décident des
qui sillonnent encore les routes rénovations, même partielles, Une Carsat associée
de France. Située à Panissières, remarque Frédéric Monjoffre, à toutes les étapes
dans la Loire, Euromag fabrique contrôleur de sécurité à la Car- L’entreprise, qui compte 85 sala-
et répare des fourgons de ce sat Rhône-Alpes. Même si des riés, planche alors sur un projet
type, ainsi que des véhicules et travaux importants avaient eu ambitieux : la construction d’un
des remorques magasins plus lieu sur les anciens ateliers, ils nouveau site de production, de

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11 000 m2, dédié à la conception d’au moins trois hectares. Euro- rapporte Emmanuel Triomphe.
et la fabrication des véhicules mag a travaillé avec la commu- L’ensemble des corps de métiers
magasins, ainsi que des espaces nauté de communes. Emma- – bois, polyesters, couture, tôle-
de réparation et maintenance, nuel Triomphe, responsable rie et métaux – ont été consul-
un showroom et un magasin de recherche et développement tés. » Seules les activités des fri-
pièces détachées. « La période d’Euromag, a participé de près goristes, d’impression et de pose
n’était pas très facile, avec la dis- au projet de déménagement  : des logos (« stickage ») ainsi que
parition de l’un de nos associés, « Comment s’y retrouver, tant sur le nettoyage sont sous-traités.
remarque Joël Jaubert. Mais nous le travail et la qualité de service, Tout le reste est conçu, réalisé,
avons su faire face et la Carsat a que sur la prévention des risques monté dans l’usine, à partir de
apporté une aide précieuse lors professionnels ? Il a fallu mettre châssis de marques qui peuvent
de la rédaction des cahiers des à plat les activités, les fonction- être, selon les demandes, modi-
charges et des appels d’offres. » nements, l’organisation du tra- fiés ou rallongés. Il est vrai que,
Les installations originelles vail. » Le projet, qui a duré quatre concernant les conditions de tra-
dataient de 1964, l’entreprise ans, a été décliné auprès de l’en- vail dans les anciens bâtiments,
ayant fêté ses cinquante ans en semble des salariés, tous corps «  les critiques étaient fondées :
début d’année. de métiers confondus  : « Nous manque d’espace, organisation
Il a fallu trouver un terrain plat, avons visité tous les ateliers, complexe et obsolète… La Carsat

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4 Le sciage du grand panneau se fait à l’aide


d’une machine entièrement automatisée, contrôlée
par l’opérateur. Les pièces à couper peuvent mesurer
jusqu’à 10 m de longueur.

5 Sur la plupart des machines à bois, des dispositifs


d’aspiration à la source ont été installés. Le travail
commun réalisé avec la Carsat ainsi que le rôle
constructif joué par le CHSCT ont permis la mise
en place d’un grand nombre d’améliorations
5 des conditions de travail.

est intervenue sur les différentes gation et secrétaire du CHSCT, consultation réalisée auprès
phases du projet », se rappelle revient sur les échanges avec la des ateliers a permis de faire
encore Joël Joubert. « Lors de direction : «  Le CHSCT a été en remonter les informations,
rencontres avec le CHSCT, on a appui des consultations sur le demandes et besoins  : « Nous
fait passer un certain nombre de projet de nouveaux bâtiments. avons été entendus, compris,
messages de prévention », pré- Nous en avons profité pour faire impliqués dans le dispositif.
cise Frédéric Monjoffre. passer des messages d’amélio- Bien sûr, il reste toujours des
Le projet a permis de balayer ration des conditions de travail pistes de perfectionnement.
l’ensemble des activités pou- et de sécurité. » Mais sur les dossiers majeurs,
vant donner lieu à des amélio- nous avons été suivis par la
rations en termes de prévention Améliorations direction, ou bien les réflexions
des risques professionnels. Les importantes pour les allaient dans le même sens »,
postes de production (63 sala- manutentions manuelles explique encore Thibault Fond.
riés actuellement), de répa- «  Avec nos élus CHSCT, on tra- La Carsat a participé à la vali-
rations et de bureaux ont fait vaille bien, souligne le direc- dation des cahiers des charges
l’objet de visites et d’études teur : les choses vont dans le et des appels d’offres lancés par
approfondies. Thibault Fond, bon sens et chacun respecte Euromag auprès des fournis-
responsable qualité et homolo- les positions des autres. » Une seurs et corps de métiers.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en images
6 Les produits chimiques dangereux sont stockés
dans un local fermé, résistant au feu et identifié comme
présentant un risque de formation d’atmosphères explosives
(présence de zone Atex). Celui-ci est clos par des portes
résistantes au feu (2 h) et donne, d’une part, sur l’atelier
d’encollage et, d’autre part, sur celui de préparation
et de ponçage.

7 L’encollage des pièces de bois a lieu sur des tables


basculantes, facilitant les manutentions ultérieures
(après séchage). Les panneaux pourront être transférés
par simple translation sur les chariots de manutention
situés à la même hauteur que les tables d’encollage.

Concernant les manutentions dévidoirs de tôles aluminium. Les identifie les usages et risques
manuelles, un certain nombre bobines pouvant peser jusqu’à éventuels », reprend le respon-
de postes méritaient des amé- 1 000 kg, nous avons automa- sable recherche et développe-
liorations : des ponts roulants de tisé les manutentions, pour pré- ment. Pour la manutention des
2 tonnes ont été installés dans venir notamment les risques de grandes pièces de bois, des
l’atelier principal. « Au besoin, troubles musculosquelettiques palonniers à ventouses sont
on peut coupler deux ponts pour ou d’accidents graves (chutes, désormais disponibles à l’un des
les manutentions de charges écrasements…). » postes de sciage. « Il n’y a qu’à
très lourdes, intervient Emma- La circulation des charges a été commander les machines, elles
nuel Triomphe, mais dans la également revue au sol  : des font tout le travail », se réjouit l’ou-
plupart des cas, un seul pont chariots de manutention, mieux vrier sur place. « Rien à voir avec
suffit. » Les stockages de charges adaptés au port de charges que les charges importantes qu’on
lourdes ont également fait l’objet les précédents, circulent doréna- devait porter auparavant ! », sou-
de modifications importantes  : vant dans les allées de l’usine. rit-il en suivant la découpe d’un
«  Nous avons équipé les zones « Les équipements mobiles (cha- panneau de 7,5 mètres de long.
de stocks de rangements à hau- riots, ponts…) sont en jaune, le Du côté de l’encollage, de
teur d’homme, remarque Joël reste dans d’autres couleurs – grandes tables basculantes ont
Joubert, en particulier, pour les vert et bleu –, afin que chacun été installées : « Elles permettent

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014
en images
8 L’atelier de préparation et ponçage avant peinture
38 est doté d’une installation complète de ventilation.
39 Les cabines de peinture, quant à elles, ont également
été équipées de dispositifs complets de ventilation
et de contrôle de la température.

9 Le port des EPI et les torches de soudage aspirantes


équipent l’ensemble des postes de soudage de type TIG.
Les premières torches aspirantes ont été installées
il y a trois ans.

8 9

le basculement des panneaux découpe sur la table, au lieu de


Des normes qualité exigeantes encollés sur les chariots, une porter le rouleau à chaque fois. »
n L’entreprise Euromag, outre une certification selon fois que les opérations sont ter-
la norme Iso 9001 en cours, doit répondre à un certain minées », précise le contrôleur Aspiration
nombre de certifications spécifiques. Pour vendre en de sécurité. Après encollage, des poussières
France, une homologation selon le référentiel NKS (RCE les panneaux sont transférés et réduction du bruit
pour l’Europe) est nécessaire. De son côté, le groupe par simple translation sur des D’autres aspects que les manu-
Renault donne également des critères de qualité et chariots à même hauteur. Enfin, tentions ont été traités lors du
de visibilité, selon lesquels il forme, audite et valide les du côté de l’atelier de couture, projet : les plans de circulation
entreprises qui utilisent ses châssis. De plus, Euromag
un dévidoir à tourets permet et la signalisation, par exemple,
se conforme à la directive 2007/46/CE 1. Environ
de choisir un rouleau de tissu ont fait l’objet d’une conception
300 véhicules, dont 220 neufs, sortent chaque année
parmi 39 références. « Les rou- en accord avec les pompiers. Au
des ateliers Euromag (les autres sont confiés à l’usine
leaux pèsent près de 50 kg niveau du risque chimique, le
pour des travaux de maintenance ou de réparation).
chacun, lorsqu’ils sont chargés, stockage des produits dangereux
1. Directive 2007/46/CE du parlement européen et du conseil
du 5 septembre 2007 établissant un cadre pour la réception détaille l’opératrice. Il me suffit (inflammables, CMR, etc.) a lieu
des véhicules à moteur, de leurs remorques et des systèmes, de choisir une référence, de la dans un local fermé, zoné « Atex »
des composants et des entités techniques destinés à ces
faire “monter” sur le dévidoir, et protégé par des portes coupe-
véhicules.
de tirer la toile et de faire ma feu (2 heures) avec deux issues :

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en images

10 L’atelier couture a été équipé d’un dévidoir permettant


de présenter à l’opératrice des rouleaux de 50 kg, prêts
à découper. Le dévidoir à tourets comprend jusqu’à 39 références.

11 Les zones réservées aux travaux de finition sont suffisamment


spacieuses et éclairées pour que le personnel puisse y circuler
10 et travailler sans trop de risques.

11

l’une dans l’atelier d’encollage, préconisations. » Des dispositifs de mesures physiques de Cler-
l’autre dans une cabine de pré- d’aspiration équipent également mont-Ferrand a aussi effectué
paration pour le ponçage et les les machines à bois, ou sont à des mesures et préconisé des
peintures. La cabine de peinture, l’étude. solutions phoniques, comme la
quant à elle, a été organisée Concernant les travaux de sou- pose de panneaux acoustiques
en soufflage haut et aspiration dage de type TIG, des torches dans les secteurs particulière-
basse, avec contrôles de la tem- aspirantes sont utilisées depuis ment générateurs de bruit.
pérature, sur deux zones : l’une trois ans. Et le port des EPI ? « Nous avons signé avec la Car-
technique destinée à la peinture «  Pour nos collaborateurs les sat un contrat de prévention qui
des pièces, l’autre pour l’en- plus jeunes, on le constate  : permet de couvrir près de 10 %
semble des véhicules. « Le labo- ça ne pose aucun problème, des dépenses d’installation »,
ratoire de mesures chimiques c’est souvent acquis dès l’école, souligne le directeur d’Euromag.
de Lyon est venu effectuer des répond Joël Jaubert. Cela crée- « Cette collaboration montre bien
prélèvements, signale Frédéric rait même une émulation chez qu’on peut faire de la préven-
Monjoffre. Et sur les postes où est les plus anciens, même si cer- tion en fonction des besoins et
utilisé le styrène, les vitesses d’air tains gestes restent à acquérir, questions de l’entreprise et des
varient entre 0,4 et 0,5 mètre par Antoine Bondéelle encore et toujours. » Du côté salariés », conclut le contrôleur
seconde, conformément à nos Photos : Fabrice Dimier de l’acoustique, le laboratoire de sécurité. n

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en entreprise
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Fiche d’identité conception de lieux de travail
n Nom : Association Aviada.
Esat du Marensin.
Une blanchisserie
adaptée à ses salariés
n Lieu : Castets (Landes).
n Type d’entreprise :
blanchisserie industrielle.
n Effectif à terme (2015) :
10 salariées handicapées
auxquelles il faut ajouter
2,5 monitrices d’atelier.

L’essentiel
© Rodolphe Escher pour l’INRS

n L’Esat du Marensin a
souhaité créer une activité
employant du personnel
féminin et des personnes
en perte d’autonomie.
Après une étude de
marché, il a transformé
un ancien garage en
blanchisserie industrielle.
Très tôt, il a associé à
ses réflexions la Carsat À l’origine, le bâtiment était un atelier avec garage.
Aquitaine, qui a pu agir Aujourd’hui, c’est une blanchisserie dans laquelle sont salariés
pour prévenir les risques
une dizaine de travailleurs handicapés, déficients intellectuels,
professionnels.
encadrés par deux monitrices. Le projet a été accompagné
par la Carsat Aquitaine, afin que soient pris en compte
les risques professionnels.

L
a pièce est vaste, par- professionnels avec la Carsat
ticulièrement agréable. Aquitaine.
L’ambiance est calme, «  Notre objectif était de créer
presque feutrée : chacune un atelier dans lequel des
des salariées s’active, salariés en situation de handi-
l’une devant une pile de tee- cap puissent travailler dans de
shirts à plier, l’autre devant une bonnes conditions », explique
le chiffre table à repasser ou l’ordinateur. Dominique Dourthe, directeur

650 kg
Nous sommes dans l’atelier pro- adjoint de l’Esat du Marensin.
tégé de la blanchisserie de l’Esat Pour ce faire, il parle de son pro-
du Marensin, de l’Association jet au contrôleur de sécurité de
de linge sale nettoyé Aviada. Installée dans un ancien la Carsat qui suit l’Esat, Jean-
chaque jour : garage, au cœur de la zone Baptiste Bortoluzzi. Celui-ci fait
industrielle de Castets, dans les appel à Xavier Dotal, contrôleur
ce chiffre devrait Landes, la blanchisserie a fait de sécurité à la Carsat Aqui-
être atteint lorsque l’objet, dès sa conception, d’une taine, à la cellule « concep-
l’activité sera à plein réflexion qui a permis d’appré- tion des lieux et situations
régime (2015). Delphine Vaudoux hender la plupart des risques de travail » : «  Intervenir bien

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en entreprise

avant les premiers plans d’archi- d’être pesé, directement dans le reste de la blanchisserie.
tecte – au stade du programme les rolls, sur une balance sur- Par ailleurs, l’air est renouvelé
– est idéal. Nous pouvons ainsi baissée évitant les manipula- grâce à des grilles d’extraction
avoir une approche plus globale tions et ports de charge. Toutes (au-dessus des lave-linges)
et nous interroger sur l’ensemble ces opérations peuvent être et des conduits d’extraction
des risques liés à une activité. » effectuées indifféremment par de vapeurs (au-dessus des
La Carsat est associée aux l’une ou l’autre des salariées. Le séchoirs). Des conduits d’apport
réflexions au début de l’année linge suit un circuit de marche d’air neuf ont aussi été installés.
2013, alors que la décision est en avant.
prise d’installer une blanchis-
serie dans un ancien garage de Silence et air renouvelé
371 m2 appartenant à l’Esat. « Le En fonction de son poids et
maître d’ouvrage se sentait par- de ses caractéristiques, il est
ticulièrement concerné par les chargé dans l’une des trois
conditions de travail et a intégré machines, d’une capacité dif-
nos recommandations dans son férente. Dans cette même pièce,
cahier des charges, indique le un local, ventilé et doté d’un bac
contrôleur de sécurité. Dans ce de rétention, permet de stocker
cas, les relations avec la maître les produits lessiviels en toute
d’œuvre – et architecte – ont été sécurité. Les produits sont livrés
plus claires et, au final, celle-ci dans de grands bidons directe- © Rodolphe Escher pour l’INRS
a globalement répondu à toutes ment dans le local, où ils sont
les attentes que nous avions reliés à des pompes : cela évite
exprimées. » toute manipulation de produits
Le garage, sans fenêtre, va être dangereux. Une fois propre, le
transformé en un bâtiment aux linge est récupéré dans des
larges ouvertures, permettant bacs à fond mobile, pour éviter
l’apport de lumière naturelle. aux salariées de se pencher.
Des brise-soleil extérieurs fixes Les trois séchoirs ont été instal- Chaque jour, 600 kg La Carsat va bientôt venir réa-
ont également été installés pour lés juste en face des sorties des de linge sale arrivent. liser des mesures pour évaluer
En fonction de son
les ouvertures exposées au sud machines à laver pour limiter les poids et de ses
l’efficacité de cette ventilation.
et à l’est, pour limiter le risque déplacements et les manuten- caractéristiques, Propre et sec, le linge est soit
d’éblouissement et améliorer tions. Dans cet espace, pas un il est chargé dans plié, soit repassé dans une
le confort thermique. Enfin, la bruit, ou presque. « L’acoustique l’une des trois vaste pièce. Pour le pliage,
réflexion sur la lumière s’est machines, deux hauteurs de table sont
d’une capacité
poursuivie à l’intérieur du bâti-  différente. à la disposition des salariées,
ment, avec de nombreux châs- et la table à repasser, équipée
sis vitrés permettant la vue sur n Esat du Marensin d’une potence, est réglable en
l’extérieur et l’apport de lumière L’Esat du Marensin est régi par hauteur. Une fois que toutes les
naturelle en second jour. « C’est l’association Aviada. Il comprend opérations sont effectuées, le
particulièrement agréable, toute un centre d’hébergement linge est emballé, identifié (à
cette lumière, souligne l’une pour 48 résidents et propose l’aide d’un code-barres), et part
des monitrices. Compte tenu du également des travaux en livraison, sur des rolls char-
handicap des salariées, nous d’espaces verts et de gés dans les camions.
devons toujours avoir un œil sur sylviculture pour les travailleurs «  Pour moi, les conditions de
elles et ces cloisons vitrées nous handicapés. La blanchisserie travail sont optimales, insiste
aident au quotidien. De plus, on de l’Esat a bénéficié d’un contrat Francine Lucchini, monitrice
peut communiquer par gestes de prévention avec la Carsat d’atelier : les locaux sont lumi-
de la pièce de réception du sale Aquitaine, qui a versé neux, neufs, la climatisation
à celle du linge propre sans à l’association 35 000 € d’aide. a été installée, le matériel est
avoir besoin de repasser par le adapté à notre activité… j’ai
sas… c’est vraiment pratique. » l’impression que beaucoup de
Chaque jour, 600 kg de linge a été bien gérée. Des panneaux monde nous envie notre outil
sale arrivent. Ce peut être des acoustiques ont été installés de travail. » Les salariées défi-
tenues de travail d’entreprises, au-dessus des machines et des cientes intellectuelles semblent
des tabliers venant de la grande séchoirs, ainsi qu’un autre dans s’être approprié les locaux et le
distribution, mais également la salle de pliage et de repas- matériel, sans grande difficulté.
du linge plat de foyer d’héber- sage, explique Xavier Dotal. Le La preuve, l’une d’entre elles
gement, ou même des couver- plafond a été aussi réalisé avec s’exclame, en fin de journée  :
tures de campings quand la des panneaux absorbant le «  Aujourd’hui, je suis contente,
saison touristique se termine. bruit. » À souligner également le j’ai tout fait toute seule ! » « C’est
Il est réceptionné dans des rolls fait que les séchoirs sont isolés un grand motif de satisfaction
et trié immédiatement, sur une dans un local spécifique : ils ne d’entendre cela », souligne l’une
table à hauteur variable, avant dégagent pas de chaleur dans des monitrices d’atelier. n

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en entreprise
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Fiche d’identité Les poussières de bois, la circulation et la manutention
n Nom : Concept Parachini. au sein de l’atelier sont les trois principales problématiques
n Lieu : Saint-Martin-de-Crau auxquelles l’entreprise de menuiserie Concept Parachini
(Bouches-du-Rhône). a réfléchi en déménageant, en 2011. Si la première semble réglée,
n Activité : menuiserie les deux autres nécessitent toujours des améliorations
et agencement. et une perpétuelle réflexion du fait des évolutions de l’atelier.
n Effectif : 10 personnes.
n Date de création : 1902.

© Claude Almodovar pour l’INRS


L’essentiel
n Lors de son
déménagement, en 2011,
l’entreprise décide
de s’attaquer aux
problèmes de circulation,
de manutention
et de poussières. menuiserie

Des aménagements
n Certaines problématiques,
comme le bruit ou certaines
manutentions, n’ont pas

en constante réflexion
encore trouvé de solutions
mais sont prises
en compte dans
les réflexions concernant
les évolutions de l’atelier.

D
es locaux trop exigus «  Dans l’ancien atelier, c’était
et difficiles d’accès car compliqué de circuler à l’inté-
situés dans le centre- rieur, de stationner à l’extérieur ;
ville de Saint-Mar- l’aspiration ne convenait plus
tin-de-Crau, dans les et les déchets qu’elle générait
Bouches-du-Rhône  : c’est pour étaient également probléma-
ces deux raisons que l’entre- tiques, indique Roselyne Para-
prise Concept Parachini, fabri- chini qui gère l’entreprise avec
quant des bureaux, des meubles son fils. Les locaux étant petits,
pour les magasins, des cuisines ils étaient difficiles à modi-
et des salles de bains à base de fier. » Certains de ces problèmes
bois massif et panneaux de bois, avaient déjà été identifiés dès
s’est décidée à déménager en 2008, lors d’un programme sur
le chiffre septembre 2011. L’occasion pour les poussières de bois 1 auquel
cette menuiserie qui emploie dix l’entreprise avait participé. C’est

35 000 E HT personnes de mettre à plat, à


l’époque, les risques profession-
nels. Pour autant, les aménage-
avec l’aide de la Carsat Sud-Est
que Concept Parachini a pu trou-
ver des solutions pour aménager
ont été investis ments continuent à faire l’objet de le nouvel atelier et réaliser les
pour le système réflexions qui mûrissent autour investissements nécessaires.
d’aspiration des questions de santé et sécu- Les nouveaux locaux sont flam-
centrale. Leslie Courbon rité au travail. bant neufs : ils sont installés dans

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en entreprise

une zone d’activité, un peu à que nous réceptionnons vertica-


l’extérieur de la ville. Leur super- lement ou horizontalement. Or ce
ficie est de 456 m2, contre 240 choix détermine le type d’aide
m2 précédemment, et l’aspiration à la manutention qu’on pourra
centralisée a été l’un des plus installer dans un avenir proche »,
gros investissements réalisés. explique Roselyne Parachini.
D’un coût total de 35 000 € HT, Autre problématique qui n’a pas
elle permet à chaque poste de encore trouvé de solution  : le
travail d’être désormais équipé bruit. « Les bureaux sont préser-
d’une aspiration à la source. Par vés du bruit de l’atelier grâce à
ailleurs, deux aspirateurs mobiles un sas qui sépare les deux par-
se couplent aux machines élec- ties et un faux plafond avec un
troportatives pour aspirer les traitement acoustique. De plus,
poussières à la source. Un troi- les activités les plus bruyantes

© Claude Almodovar pour l’INRS


sième est à la disposition des ont été installées dans la par-
ouvriers qui réalisent le montage tie de l’atelier la plus éloignée
sur chantier ; « mais c’est surtout des bureaux », explique Frédé-
pour la propreté du chantier, ric Jérald, contrôleur de sécurité
indique Roselyne Parachini, car à la Carsat Sud-Est. « Mais dans
la très grande majorité des per- l’atelier, le centre de mesures
çages se fait en atelier ». physiques a fait des mesures de
À la fin de la journée, chaque bruit en mai 2012 et nous nous
ouvrier nettoie les postes de sommes aperçus qu’à certains
travail qu’il a occupés et le ven- une température agréable… Le grand ménage du moments de la journée, sur cer-
dredi c’est le grand ménage. Il d’autant que comme le toit est vendredi est réalisé taines opérations, les 85 dB(A)
avec une balayeuse
est réalisé avec une balayeuse isolé, nous n’avons pas trop étaient dépassés », indique
aspirante branchée
aspirante branchée sur l’aspira- chaud l’été », indique Thierry sur l’aspiration Christelle Honnorat, la respon-
tion centralisée. S’il reste encore Laval, le responsable d’atelier. centralisée. sable sécurité.
des balais dans l’atelier, dont L’autre grande évolution concerne Plusieurs solutions sont étu-
l’utilisation risque de remettre la circulation dans l’atelier. diées. « L’entreprise envisage de
en suspension les poussières de «  Dans l’ancien, on ne pouvait construire une nouvelle mezza-
bois, c’est uniquement pour aller pas bouger tellement c’était nine et, éventuellement, d’y ajou-
chercher les copeaux difficiles petit », se rappelle Jean-Pierre ter des panneaux acoustiques,
d’accès sous les machines et Léo. Ici, les allées sont larges et explique Frédéric Jérald. Cela ne
ensuite les éliminer avec l’aspi- les matériaux suivent un che- réduirait pas le bruit à la source
rateur. « Dans l’ancien atelier, la minement déterminé, dans une et les protections auditives res-
poussière me gênait, se rappelle logique de marche en avant  : teraient nécessaires, mais cela
Jean-Pierre Léo, un menuisier. les panneaux de particules sont devrait réduire le bruit ambiant. »
Ici, ce n’est plus le cas. » stockés à l’entrée, au niveau de « Une solution serait d’isoler cer-
la zone de livraison. La scie à tains postes, poursuit Christelle
Une circulation format, première machine sur Honnorat. Mais comme nous envi-
plus aisée laquelle ils sont mis aux bonnes sageons d’acheter une machine à
Les poussières aspirées arrivent dimensions, est placée juste à commande numérique, et que de
dans une presse qui les com- côté. Ils sont déplacés à l’aide de ce fait la configuration de l’ate-
pacte en briquettes destinées au chariots puis répartis sur les dif- lier est encore susceptible d’évo-
chauffage. « C’est bien pratique férentes machines sur lesquelles luer, ce n’est pas possible pour
car, avec l’ancien système, les ils doivent être usinés. le moment. En attendant, nous
sacs dans lesquels tombaient Afin que les allées soient bien avons équipé les opérateurs de
les copeaux étaient cerclés et, dégagées, un gros effort sur le bouchons moulés. »
quand on les décerclait, il y avait rangement a été réalisé. Les cor- Tous les mardis matins, avant
de la poussière qui s’envolait. nières de PVC, qui sont des maté- de commencer la journée, ces
Parfois, ils étaient pleins et nous riaux particulièrement longs, sont questions de sécurité sont évo-
ne nous en rendions pas compte. stockées sur des étagères fixées quées autour d’un café. « Nous
Enfin, ils étaient lourds et il fal- aux murs, tandis que les outils discutons de ce qui a été mis en
lait se mettre à plusieurs pour les et la quincaillerie sont placés place, de ce qu’il reste à amé-
manutentionner… sans parler sur des étagères posées au sol. liorer. Chaque semaine, nous
du fait qu’il fallait les apporter en Et ce qui n’est pas utilisé quoti- faisons un compte rendu afin
déchetterie », indique Roselyne diennement est rangé en hau- de voir comment on avance »,
Parachini. Les briquettes sont teur, sur une petite mezzanine. remarque Thierry Laval. Car cha-
données aux ouvriers pour «  Le stockage et la manutention cun apporte sa réflexion dans un
leur usage personnel, mais ali- font l’objet d’une réflexion per- souci de constante amélioration
mentent également la chaudière manente. Par exemple, nous ne et d’intégration de la sécurité à
de l’atelier. « C’est très confor- savons toujours pas s’il est pré- chaque nouveau projet. n
table, car nous avons toujours férable de stocker les panneaux 1. Organisé par la Chambre des métiers.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en entreprise
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Fiche d’identité Alors que les commémorations du centenaire de la Grande
n Nom : Mémorial de Verdun. Guerre ont débuté, le Mémorial de Verdun fait actuellement l’objet
n Objet : extension du d’importants travaux de rénovation. Les interventions en toiture
bâtiment et installation ont été organisées pour permettre aux couvreurs d’évoluer
d’un 3e étage avec vue dans un environnement de travail sécurisé.
panoramique.
n Durée du chantier :
d’octobre 2013 à fin 2015.
n Date d’ouverture :
février 2016.

L’essentiel
n Le Mémorial de Verdun fait
l’objet d’importants travaux
de rénovation : élévation
d’un étage et construction
© Serge Morillon/INRS

d’une extension
du bâtiment existant.
n Principaux risques
sur ce chantier :
la présence dans le terrain
d’obus et de munitions
en tout genre datant
de la Première Guerre Bâtiment et travaux publics

Des filets pour écarter


mondiale, et les chutes
de hauteur.
n La pose de filets en sous-

les risques de chute


face et en périphérie
de la charpente a assuré
une protection collective
pour toutes les opérations
en toiture.

D
eux grands portraits Guerre », souligne Thierry
en noir et blanc de Hubscher, directeur général de
deux soldats de la la Semma (Société d’économie
Première Guerre mon- mixte Meuse aménagement),
diale sont affichés sur qui assure la maîtrise d’ouvrage
les murs. Leur présence, inat- déléguée. Le bâtiment, situé sur
tendue sur un chantier, rappelle la commune de Fleury-devant-
l’objet et la solennité du lieu. Ce Douaumont, dans la Meuse, et
sont les derniers vestiges main- datant de 1967, fait l’objet d’une
le chiffre tenus sur place durant les tra- extension de 1 800 m2 et va être

2
vaux de rénovation du musée du rehaussé d’un étage. D’un bud-
Mémorial de Verdun, monument get de 12,5 millions d’euros,
cadavres érigé en mémoire des souffrances les travaux sont financés par le
de soldats des combattants mais aussi des conseil général, le conseil régio-
de la Première populations civiles durant la nal, l’État, les associations du
Guerre mondiale Première Guerre mondiale, fermé monde combattant, le mécénat
ont été découverts au public depuis un an. « C’est et le comité national du souvenir
le plus grand chantier natio- de Verdun.
au cours nal réalisé dans le cadre des Situé au cœur du champ de
de ce chantier. Céline Ravallec commémorations de la Grande bataille de Verdun, le chantier

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en entreprise

a présenté différentes particu- 


larités au fil de son avancement.
Dans les premiers mois, les n Nouvelle scénographie
opérations de terrassement La rénovation du Mémorial de Verdun va être l’occasion de renouveler
ont mis au jour une multitude la scénographie du musée. Le lieu abritera deux types d’exposition.
d’obus et de munitions suscep- Une exposition permanente sur les étages inférieurs du bâtiment
tibles d’exploser. Une équipe de décrira le champ de bataille ainsi que la vie quotidienne des
démineurs était présente pour combattants pendant la guerre. Des expositions temporaires –
effectuer des sondages du sol à deux ou trois par an – se tiendront sur le niveau supérieur. Ce dernier
l’aide de détecteurs magnétomé- étage accueillera également une salle pédagogique, des salles
triques et intervenir pour éviter de projection faisant appel aux dernières technologies, comme la 3D
toute explosion. « Une de nos ou la réalité augmentée, et une cafétéria. « Une des particularités
angoisses était de découvrir des de ce chantier est la présence de deux maîtres d’œuvre : une équipe
obus contenant des gaz toxiques pour le bâtiment et une équipe pour la scénographie », décrit
encore actifs, mais ça n’a pas été Thierry Hubscher, le directeur général de la société qui assure
le cas », poursuit Thierry Hubs- la maîtrise d’ouvrage. Associant les prestations traditionnelles
cher. Les sondages ne donnaient propres au BTP et les prestations scénographiques liées au musée,
pas la nature des métaux détec- la réalisation du chantier en totalité aura nécessité la passation
tés en sous-sol, ni leur taille ou d’une cinquantaine de marchés.
leur profondeur d’enfouissement.
Certaines opérations de démi-
nage ont fait l’objet d’un travail pose d’une charpente métallique, totale liberté dans leurs mouve-
extrêmement fin et précis. Mal- a nécessité de nombreuses opé- ments. « Travailler avec des har-
gré ces imprévus, le chantier n’a rations de manutentions en hau- nais aurait été très contraignant,
pas pris de retard. teur. L’entreprise de couverture, explique Maxence Pousseler, le
Sur le bâti existant, quelques S.I.E.B., a mis en place un filet chef d’équipe. Sur une telle sur-
opérations de désamiantage ont de sécurité antichute en sous- face de 300 m2, ça n’aurait pas
dû être réalisées au préalable face de la charpente ainsi que été envisageable. » L’achemine-
(dalles de sol, gaines de canalisa- Les chutes de hauteur des filets périphériques afin que ment et la pose du matériel se
et les manutentions
tions), avant que n’intervienne la font l’objet d’une
les ouvriers puissent intervenir sont ainsi déroulés sans besoin
phase de démolition proprement vigilance permanente dans des conditions de sécurité de harnais.
dite. Le bâtiment était notam- sur ce chantier. acceptables en conservant une «  La prévention des risques de
ment recouvert d’une coupole chute de hauteur et de ceux liés
en béton. Celle-ci a été suppri- à la manutention est notre prio-
mée pour laisser place à un nou- rité d’action dans le BTP, décrit
vel étage, entièrement vitré, qui Patrick Lagarde, contrôleur de
offrira une vue panoramique sur sécurité à la Carsat Nord-Est. Le
le champ de bataille (l’ossuaire, le risque de chute a été correcte-
fort de Douaumont, la forêt envi- ment pris en compte sur ce chan-
ronnante de Verdun, qui porte tier, avec la mise en place de
le titre de forêt d’exception), en mesures de protection collectives
rapport avec la scénographie du et communes comme les filets de
musée. La coupole a fait l’objet sous-face ou la mise à disposi-
d’une déconstruction par seg- tion de tours escaliers pour pro-
ments. « Pour éviter le risque lié téger les accès en hauteur des
aux engins et celui lié aux écra- différents intervenants. » « Les
sements par effondrement, cette chutes de hauteur et les manu-
opération a été réalisée avec des tentions font l’objet d’une vigi-
engins télécommandés, explique lance permanente », complète
Hervé Lin-Chan, coordonnateur Hervé Lin-Chan.
SPS chez B.E.C.S. Les opérateurs L’extension du Mémorial a
pilotaient les engins en se tenant constitué en des opérations de
à distance de la zone en cours de gros œuvre classiques. Elle abri-
démolition. » tera la billetterie, la librairie, les
sanitaires et un bureau d’infor-
Chutes de hauteur mations. Elle sera masquée par
et manutention un talus végétal, laissant au
Lors de la réalisation du gros Mémorial sa physionomie ini-
œuvre, le chantier a été organisé tiale. L’accès au musée se fera
© Serge Morillon/INRS

de façon à limiter la coactivité. La par une galerie couverte, avec


création de l’étage supplémen- deux entrées, représentant une
taire, comprenant la pose d’un tranchée qui aboutira au champ
plancher collaborant sur lequel a de bataille, le premier espace de
été coulée une dalle en béton et la l’exposition. n

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en entreprise
46
47
Fiche d’identité
n Nom : Volx.
n Objet : intégrations
architecturales et
paysagères. En particulier
les antennes de téléphonie
mobile.
n Date de création : 1998.
n lieu : Savigny, près de Lyon.

© Guillaume J.Plisson pour l’INRS


L’essentiel
n La société intervient
fréquemment pour installer Sites radioélectriques de téléphonie mobile

Vers des interventions


ou camoufler des antennes
de téléphonie mobile.
n Pour garantir

plus sûres
aux intervenants
que l’antenne a bien été
mise hors circult, elle
a développé deux types
de boîtiers. Ils indiquent,
grâce à un signal lumineux, Quelle que soit l’intervention prévue sur un site radioélectrique
si l’émission de l’antenne
de téléphonie mobile ou à proximité, une procédure est prévue
a été réellement coupée.
pour couper l’émission d’ondes. Mais il persiste toujours
une incertitude pour la personne intervenant…

L
e site idéal pour implan- teaux d’eau et 7 % sur des bâti-
ter une antenne de télé- ments divers, comme des lieux
phonie mobile  ? Tout de culte, des silos, des phares.
dépend de quel point de «  Les risques professionnels
vue on se place, avance pour les intervenants sur ces
Didier Thiesse, expert radio installations sont multiples, sou-
chez Orange. Pour nous, le ligne Alain Karznia, technicien
premier critère est la couver- conseil à la Carsat Rhône-Alpes.
ture de la zone. Donc plus le Ils sont liés aux accès (risques
site est en hauteur, meilleur il de chutes), aux manutentions et
est. Mais se posent ensuite des aux rayonnements électroma-
le chiffre problèmes d’accès, de sécu- gnétiques. »
rité et de maintenance, que Les conséquences d’une exposi-

130  000 l’on doit également prendre en


compte. » À l’heure actuelle,
tion aux champs électromagné-
tiques émis par ces émetteurs
émetteurs d’ondes plus de 130  000 antennes de sont une élévation de la tempé-
téléphonie mobile seraient ins- rature corporelle. Si, à ce jour,
électromagnétiques tallées en France, réparties de les études scientifiques n’ont pas
seraient installés la façon suivante : 50 % sur des démontré d’effets sur la santé
sur tout le territoire pylônes, 30 % sur des terrasses autres qu’une hyperthermie, le
français. Delphine Vaudoux d’immeubles, 13 % sur des châ- risque n’en est pas moins réel.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


en entreprise

Le souci est qu’il demeure invi-  et sécurisé : si l’antenne émet


sible. Par conséquent, beau- des ondes, le boîtier les capte
n Des zones bien délimitées
coup de travailleurs n’en ont pas et les transforme en signal.
conscience. « De nombreuses Pour chaque site de téléphonie Une led rouge s’allume alors,
antennes, situées sur des toits- mobile, une étude de zonage doit signalant le danger à toute
terrasses, sont camouflées pour être réalisée. Elle permet personne intervenant à proxi-
qu’elles ne nuisent pas à l’archi- de définir une zone d’exclusion mité  », explique Denis Garnier.
tecture de l’ensemble. Aussi, si du public lorsqu’elle recoupe Il couvre des fréquences de 750
certains intervenants sur les une zone de circulation ; celle-ci à 2 600 MHz qui comprennent
antennes connaissent leur exis- est alors matérialisée par celles de la téléphonie mobile,
tence, d’autres, souvent des inter- un balisage de couleur jaune à l’exception des fréquences de
venants très ponctuels comme et noir qui ne doit pas être faisceaux hertziens. Quant au
par exemple les laveurs de vitres franchi sans que la coupure boîtier pour les chantiers, il est
ou les couvreurs, peuvent ne pas des émissions ait été destiné à être mis en place par
savoir qu’elles sont là », poursuit préalablement demandée. les équipes lors d’interventions.
Alain Karznia. Il se fixe sur un trépied qu’il
La société Volx est installée à faut régler à hauteur de tête.
Même si, avant
Savigny, près de Lyon, dans le Volx, ils sont plusieurs dizaines l’intervention, «  Il faut le positionner correc-
département du Rhône. Si, à à intervenir près des antennes. l’opérateur appelle tement pour qu’il soit efficace,
l’origine, elle était spécialisée «  Régulièrement, je voyais des un central afin remarque le président de Volx.
dans le matériel d’escalade, collaborateurs se plaindre de de faire couper Il permet de signaler le risque
l’émission, rien ne lui
elle s’est rapidement diversifiée maux de tête, ou tout simple- garantit que c’est la
à 360 degrés et son capteur
dans bien d’autres domaines, ment s’inquiéter des conditions bonne antenne qui a n’est pas masqué par le corps
parmi lesquels l’intégration d’intervention. ça m’ennuyait été mise hors circuit. comme pour les systèmes por-
d’antennes de téléphonie car je me demandais toujours si
mobile. En d’autres termes, le le nécessaire avait bien été fait
camouflage de ces dernières. pour couper l’alimentation de
Elle a réfléchi, en s’appuyant sur l’antenne », souligne Denis Gar-
l’aide technique d’Orange, aux nier, président de l’entreprise.
problèmes posés lorsque des Début 2011, la société réfléchit
opérateurs doivent intervenir à un projet mêlant électronique
sur des installations de télépho- et gestion à distance. En colla-
nie mobile ou à proximité. « Pour boration avec le CNRS, l’École
ce qui nous concerne, explique centrale de Lyon et l’Université
Olivier Chetot, responsable Claude-Bernard (de Lyon), naît
sécurité production mainte- un détecteur, destiné à pro-
nance chez Orange, réseau Sud- téger les opérateurs exposés
Est, lorsqu’une personne, un aux ondes. Il existe sous deux
sous-traitant 1 ou une personne formes : l’un est mobile, plutôt
© Guillaume J.Plisson pour l’INRS

d’Orange, intervient sur l’un de destiné aux chantiers ; l’autre


nos sites de téléphonie mobile, est fixe. L’idée est simple : per-
elle doit appeler la supervision mettre à tout intervenant sur toi-
et donner le numéro correspon- ture, et quel que soit son métier
dant au site afin de faire couper – technicien ascensoriste ou de
l’émission. Quand on fait cette climatisation, paysagiste, net-
demande, on doit fournir une toyeur de vitres, étancheur, etc.
estimation du temps d’interven- – de savoir si l’alimentation de
tion, mais il est évident que le l’antenne a été réellement cou-
champ n’est remis qu’après un pée grâce à un signal lumineux tatifs. Quant au spectre d’ondes
deuxième appel de l’interve- fixé sur le boîtier. captées, il est le même que celui
nant annonçant qu’il a terminé Le détecteur fixe est un système du détecteur fixe. »
son travail. » de signalisation relié à un cap- «  Si ces systèmes peuvent être
teur fixé sur l’antenne. « C’est un une bonne aide, voire rassurer
Gestion à distance équipement de sécurité com- les intervenants quant aux émis-
et électronique préhensible par tous, visuel sions (ou non) d’ondes, il est de
Cependant, rien ne garantit que toutes les façons nécessaire que
c’est la bonne antenne qui a été ces derniers soient au moins
En savoir plus
mise hors circuit. « C’est vrai sensibilisés à la problématique,
qu’il suffit d’une erreur sur un Brochures INRS insiste le technicien-conseil.
chiffre pour que l’opérateur cen- n Sites radioélectriques de téléphonie mobile. ED 6160. Et l’utilisation de ces matériels
tral coupe la mauvaise antenne. n Téléphones mobiles et stations de base. Champs aide à la prise de conscience du
La personne qui est sur place électromagnétiques. ED 4200. danger potentiel. » n
n’a aucun moyen de le vérifier », À consulter et à télécharger sur www.inrs.fr. 1. Il peut s’agir de personnes relevant
poursuit Olivier Chetot. Chez d’activités électriques ou d’antennistes.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


services
questions-
48 RÉPONSES
49 droit en pratique Les thèmes des questions présentées sont extraits des assistances
extraits du JO assurées par les experts de l’INRS. Les réponses apportées ici sont données à titre indicatif
et ont pour objectif de fournir des éléments d’information. Elles ne pourraient, en aucun cas,
être considérées comme des textes de référence.

Travail de nuit

?
Comment prévenir les risques liés au travail de nuit ?

réponse Le travail de nuit (de 21 h à 6 h) 1 est modalités pratiques des horaires (heure de prise
souvent associé à une diminution de la durée de poste, temps de pause…) avant leur mise en
et de la qualité du sommeil. Cela entraîne une place. Il doit faire une évaluation de tous les
désynchronisation des rythmes biologiques qui risques présents aux postes concernés et s’assu-
a des conséquences de plusieurs ordres sur la rer que les mesures de prévention déjà en place
santé. Tout d’abord, il induit une dette chronique dans la journée restent adaptées à la nuit. Il doit
de sommeil qui entraîne une baisse de la vigi- de plus être particulièrement attentif à certains
lance et, donc, un risque accru d’accidents du risques spécifiques pouvant être amplifiés par le
travail, notamment de trajet. De plus, les risques travail de nuit : la conduite d’un véhicule, le tra-
d’apparition de troubles cardiovasculaires, de vail isolé (risques de violence, par exemple) ainsi
troubles digestifs et de certains cancers sont que l’aménagement des locaux et aux conditions
augmentés. de travail. Par exemple, la pratique de courtes
Cette désynchronisation a également pour consé- siestes lors des pauses peut considérablement
quence des risques pour les femmes enceintes : améliorer la vigilance.
avortement spontané, accouchement prématuré, Dans les entreprises où coexistent plusieurs
petit poids de naissance. C’est la raison pour types d’horaires, il est préférable d’attribuer les
laquelle les femmes enceintes bénéficient de dis- horaires de nuit aux travailleurs qui se portent
positions particulières destinées à les écarter du volontaires. n
travail de nuit. Sur le plan psychique, le travail 1. Le travail de nuit est réglementé par le Code du travail.
de nuit peut être à l’origine de troubles anxieux Les dispositions générales (articles L. 3122-29 à L. 3122-47
et de dépressions. Les salariés qui travaillent de et R. 3122-8 à R. 3122-22, commentés dans la circulaire DRT
n° 2002-109 du 5 mai 2002) s’appliquent à tous les salariés,
nuit peuvent également rencontrer des difficultés hommes et femmes, âgés d’au moins 18 ans, ainsi qu’aux
à concilier vie professionnelle et vie privée. Un stagiaires (C. éducation, art. L. 124-14). Des dispositions
suivi médical, tous les six mois, est prévu par la particulières sont par ailleurs prévues pour la protection
des jeunes travailleurs (articles L. 3163-1 à L. 3163-3
réglementation.
et R. 3163-1 à R. 3163-6), les apprentis de moins de 18 ans
Pour prévenir ces risques, l’employeur doit asso- (articles L. 6222-26 et R. 6222-24, R. 6222-25),
cier les salariés aux discussions concernant les et les femmes enceintes (articles L. 1225-9 à L. 1225-11).

Sauvetage secourisme du travail

?
Une entreprise est-elle obligée de former ses salariés au sauvetage secourisme du travail ?

réponse Tout employeur est tenu de mettre gereux et dans les chantiers mobilisant plus de
en place, après avis du médecin du travail, les vingt personnes pendant plus de quinze jours et
mesures nécessaires afin d’assurer les soins d’ur- impliquant la réalisation de travaux dangereux.
gence aux salariés accidentés et aux malades, en Pour autant, dans la pratique et dans la pers-
liaison avec les services de secours d’urgence. pective de satisfaire à l’obligation d’organisation
Ces mesures sont adaptées à la nature des des secours, il est fortement recommandé aux
risques de l’entreprise. L’obligation d’organiser employeurs de disposer dans chaque entreprise
les secours implique la mise en place d’un pro- de personnels formés au SST, en nombre adapté
tocole à suivre en cas d’urgence et la présence et bien répartis, capables d’intervenir efficace-
de salariés formés au secourisme et de préfé- ment en cas d’accident. La formation SST dure
rence au sauvetage secourisme du travail (SST). douze heures et le certificat est valable vingt-
Le Code du travail (article R. 4224-15) ne rend quatre mois. Un recyclage d’une durée de sept
obligatoire la formation de secouristes que dans heures est nécessaire avant la fin de la période
les ateliers où sont effectués des travaux dan- de validité du certificat. n

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


Comment estimer

? les risques de
multi-expositions
aux agents chimiques…

…Grâce à :
www.inrs-mixie.fr

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un outil web gratuit et facile d’utilisation,
qui à partir de données de mesures,
vous permet d'évaluer les risques de
multi-expositions à des agents chimiques.
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services
questions-
50 RÉPONSES
51 droit en pratique
Pour protéger les jeunes de moins de dix-huit ans, le Code du travail
extraits du JO
interdit de les affecter à certains travaux particulièrement dangereux.
Néanmoins, pour leur permettre d’acquérir une pratique professionnelle,
des dérogations peuvent être accordées sous certaines conditions.
Deux décrets du 11 octobre 2013 ont profondément remanié
les dispositions du Code du travail sur les travaux interdits aux jeunes
travailleurs et ceux susceptibles de dérogation (art. R. 4153-38
à R. 4153‑52 et art. D. 4153-15 à D. 4153-37 du Code du travail) 1.

Jeunes dans l’entreprise :
travaux interdits et réglementés
L’accès à l’emploi • des vibrations mécaniques lorsque les niveaux
des jeunes travailleurs d’exposition dépassent les valeurs d’exposition
Le Code du travail 2 considère comme jeunes tra- journalière déclenchant l’action de prévention 5 ;
vailleurs les salariés et stagiaires de moins de •d  es températures extrêmes.
dix-huit ans. Les jeunes travailleurs ne peuvent en outre être
En principe, il est interdit de travailler avant seize affectés à :
ans. Cependant, des dérogations existent pour les •d  es travaux d’abattage, d’euthanasie et d’équar-
jeunes de quinze ans et plus titulaires d’un contrat rissage des animaux ou les mettant en contact
d’apprentissage, les élèves en visites d’information avec des animaux féroces ou venimeux ;
ainsi que les élèves en stages d’initiation, d’appli- •d  es travaux temporaires en hauteur lorsque la
cation ou en formation professionnelle dans le prévention du risque de chute de hauteur n’est
cadre d’un enseignement alterné ou d’un ensei- pas assurée par des mesures de protection col-
gnement professionnel pendant les deux dernières lective. Les travaux en hauteur sur les arbres
années de scolarité obligatoire  3
. Le travail des et les essences ligneuses (bambous) et semi-
jeunes pendant les vacances scolaires, dans les ligneuses (haies) leur sont également interdits ;
débits de boissons, les entreprises familiales, le •d  es travaux de démolition ou de tranchées
cinéma, la mode et la publicité, ainsi que le travail comportant des risques d’effondrement ou
de nuit, fait également l’objet d’une réglementation d’ensevelissement ;
particulière, qui ne sera pas traitée ici. •d  es travaux où ils seraient susceptibles de se
trouver sans surveillance dans un local présen-
Un principe – interdiction d’affecter tant un risque de contact avec des pièces nues
des jeunes à des travaux dangereux sous tension, sauf s’il s’agit d’installations à très
– assorti de dérogations basse tension de sécurité ; ils ne peuvent pas
Bien qu’il soit interdit aux jeunes travailleurs non plus exécuter d’opérations sous tension.
de moins de dix-huit ans d’effectuer « certaines Enfin, la conduite de quadricycles à moteur et de
catégories de travaux les exposant à des risques tracteurs agricoles ou forestiers, non munis de
pour leur santé, leur sécurité, leur moralité ou dispositifs de protection contre le renversement,
excédant leurs forces », leur affectation à des leur est interdite.
travaux dangereux peut, dans certains cas, être
autorisée pour les besoins de leur formation Travaux interdits susceptibles
professionnelle 4. de dérogations
Certains travaux en principe interdits aux jeunes
Travaux interdits aux jeunes travailleurs peuvent, à titre dérogatoire, leur être
travailleurs autorisés. Il pourra s’agir soit de dérogations per-
Sont ainsi strictement interdits aux jeunes, les manentes pour les jeunes titulaires de certains
travaux les exposant à : diplômes ou titres professionnels en lien avec
• des actes ou représentations à caractère violent l’activité exercée, soit de dérogations tempo-
ou pornographique ; raires, conditionnées à l’autorisation de l’inspec-
• des agents biologiques susceptibles de provo- teur du travail.
quer des maladies graves (agents de groupe 3
ou 4, tels que définis par l’article R. 4421-3 du Les dérogations permanentes
Code du travail) ; Les jeunes travailleurs âgés de quinze ans à

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


services
© Gaël Kerbaol/INRS

moins de dix-huit ans, en formation profession- ont été instituées les dérogations temporaires.
nelle ou non, peuvent bénéficier de dérogations Celles-ci nécessitent, contrairement aux précé-
individuelles de droit, dites « permanentes » dès dentes, l’autorisation de l’inspecteur du travail et
lors que les conditions réglementaires sont rem- sont accordées pour une durée de trois ans, selon
plies. Ces dérogations, non soumises à l’autori- une procédure spécifique. Sont concernés :
sation de l’inspecteur du travail, concernent les • les travaux impliquant des agents chimiques
jeunes travailleurs titulaires d’un diplôme ou dangereux autres que les agents chimiques com-
d’un titre professionnel correspondant à l’activité burants 6 ou dangereux pour l’environnement ;
exercée : ces jeunes peuvent effectuer des travaux • les opérations pouvant exposer à un niveau d’em-
réglementés sous réserve de l’avis favorable du poussièrement de fibres d’amiante de niveau 1, 2
médecin du travail ou du médecin chargé du suivi ou 3. Il convient de noter que la dérogation n’est
médical. Sont spécifiquement visés : possible que pour les niveaux 1 ou 2 7 ;
• les travaux exposant à un risque d’origine élec- • les travaux exposant à des rayonnements ioni-
trique : les jeunes travailleurs détenant une sants requérant un classement en catégorie A ou
habilitation électrique (B1, H1, B1V) peuvent B, étant précisé que les dérogations ne peuvent
effectuer des opérations sur ou au voisinage des être accordées que pour les rayonnements ioni-
installations électriques, dans les limites de leur sants requérant un classement en catégorie B ;
habilitation ; • les travaux exposant à des rayonnements
• la conduite d’équipements de travail mobiles optiques artificiels s’il existe un risque de
automoteurs et d’équipements de travail ser- dépassement de la valeur limite d’exposition ;
vant au levage de charge : les jeunes peuvent • les travaux en milieu hyperbare de classe I, II
conduire de tels équipements à condition d’avoir ou III ;
reçu une formation adéquate et d’être titulaire • la conduite d’équipements de travail mobiles
d’une autorisation de conduite spécifique ; automoteurs et d’équipements de travail servant
• les manutentions manuelles de charge : les au levage, l’interdiction ne se limitant plus au
jeunes travailleurs peuvent effectuer des tra- secteur du BTP ;
vaux comportant des manutentions manuelles • les travaux nécessitant l’utilisation ou l’entretien
excédant 20 % de leur poids si leur aptitude de certaines machines dangereuses (machines
médicale à ces travaux a été constatée. listées à l’article R. 4313-78 du Code du travail
et machines dont l’accès aux éléments mobiles
Les dérogations temporaires ne peut être empêché totalement, telles les
Parallèlement aux dérogations permanentes, machines à bois) ;

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


services
questions-
52 RÉPONSES
droit en pratique
• le montage et le la demande. Le silence gardé dans ce délai vaut Notes
extraits du JO démontage des autorisation de dérogation.
échafaudages ; En cas de renouvellement, la demande doit par- 1. Pour faciliter
la compréhension
• les travaux effec- venir à l’inspection du travail trois mois avant la de ces textes, le ministère
tués avec des appa- date d’expiration de l’autorisation de dérogation. chargé du Travail a mis
reils à pression ; Si l’autorisation est refusée par l’inspecteur du en ligne sur son site
• les travaux en milieu confiné (cuves, réservoirs, travail, l’employeur ou le chef d’établissement différents outils
et formulaires
puits, égouts, …) ; a un mois pour exercer un recours auprès du
(www.travailler-mieux.
• les travaux au contact du verre ou du métal en ministre chargé du Travail. Le silence gardé pen- gouv.fr/IMG/pdf/1_-_
fusion. dant deux mois à compter de la réception de ce Principe_Dde_
recours vaut rejet du recours. Derogation_v1-0.pdf).
• En quoi consistent-elles ? 2. Art. L. 3161-1 C. trav.
Avant d’affecter des jeunes travailleurs ou en for- • Quelles sont les conditions préalables 3. Art. L. 4153-1 C. trav.
mation professionnelle à des travaux réglemen- pour obtenir cette autorisation ? 4. A rt. L. 4153-8 et L.
tés, l’employeur et/ou le chef de l’établissement L’employeur et/ou le chef d’établissement à l’ori- 4153-9 C. trav.
doivent demander une dérogation à l’inspection gine de la demande doit avoir réalisé l’évalua- 5. Les valeurs d’exposition
du travail. tion des risques prévue aux articles L. 4121-1 et journalière sont de :
2,5 m/s2 pour les
Contrairement au dispositif antérieur, la décision suivants du Code du travail et pris les mesures
vibrations transmises aux
de l’inspecteur du travail n’est plus individuelle de prévention adaptées. Il doit en outre respecter mains et aux bras
et annuelle. L’autorisation de dérogation est les règles de santé et de sécurité édictées par le (ex : meuleuses,
désormais valable trois ans et concerne un lieu Code du travail. Enfin, il doit assurer l’encadre- marteaux-piqueurs)
de formation qui peut être, selon le cas, l’entre- ment du jeune en formation par une personne et de 0,5 m/s2 pour celles
transmises à l’ensemble
prise ou l’un de ses établissements, un chantier compétente. du corps (ex : conduite
ou un atelier, des salles ou plateaux techniques Les documents permettant de justifier de ces d’engins de chantiers,
des établissements d’enseignement ou des orga- conditions (notamment le document unique) chariots automoteurs,
nismes de formation. sont tenus à la disposition de l’inspection du tracteurs).
travail. Celle-ci vérifie que les travaux faisant 6. Un agent chimique
• Qui est concerné ? l’objet de la demande sont bien nécessaires à la comburant peut
provoquer un incendie
Les dérogations temporaires ne peuvent être formation professionnelle, étant précisé que le ou une explosion
accordées qu’aux jeunes en formation profes- chef d’établissement ou l’employeur doit prendre en présence de produits
sionnelle âgés de quinze ans à moins de dix-huit en compte le niveau de formation du jeune, sa inflammables.
ans : apprentis ou titulaires d’un contrat de pro- progression et les objectifs de la formation avant 7. Niveau 1 : moins de
fessionnalisation, élèves ou étudiants préparant de l’affecter à des travaux réglementés. Le jeune 100 fibres/litre jusqu’au
un diplôme professionnel ou technologique, sta- reste pour sa part tenu de respecter ses obliga- 30 juin 2015, moins de
10 f/l ensuite. Niveau 2 :
giaires de la formation professionnelle, ou encore tions en matière de sécurité pendant toute la jusqu’au 30 juin 2015 :
jeunes accueillis dans les établissements et ser- durée de la formation. entre 100 fibres/litre
vices sociaux et médico-sociaux. et 6000 f/l et à partir
• L’aptitude médicale, condition préalable du 1er juillet 2015 :
entre 10 f/l et 600 f/l).
• Qui peut demander une dérogation ? à l’affectation du jeune à des travaux
Niveau 3 : jusqu’au
La demande de dérogation auprès de l’inspec- réglementés 30 juin 2015 :
tion du travail doit être faite par l’employeur et Avant d’affecter un jeune à des travaux régle- de 6000 fibres par litre
par le chef d’établissement, chacun en ce qui mentés, l’employeur ou le chef d’établissement à moins de 25000 f/l,
le concerne 8. Il est en outre conseillé à ce der- s’assure que celui-ci est reconnu apte médica- à partir du 1er juillet
2015 : de 600 f/l
nier de s’assurer que l’employeur qui accueille lement sous peine d’engager sa responsabilité. à 2500f/l).
le jeune a bien obtenu l’autorisation de déroga- Cet avis est délivré chaque année selon le cas
8. A rt. L. 4151-1
tion et d’inclure celle-ci dans les conventions de soit par le médecin du travail, soit par le méde- et R. 4153-38, C. trav.
stage 9. cin chargé du suivi médical. Un seul avis médi- 9. Circulaire
cal par jeune est nécessaire. Son renouvellement interministérielle n° 11
• Comment obtenir cette autorisation annuel s’inscrit dans le cadre de la surveillance du 23 oct. 2013.
auprès de l’inspecteur du travail ? médicale renforcée obligatoire pour les moins de
La demande de dérogation est adressée à l’ins- dix-huit ans.
pecteur du travail par tout moyen lui conférant
une date certaine. Elle contient des mentions • Quelles informations communiquer
obligatoires parmi lesquelles les travaux régle- à l’inspecteur du travail après obtention
mentés visés par la demande de dérogation et de l’autorisation ?
nécessaires à la formation professionnelle, les L’employeur ou le chef d’établissement selon le
lieux de formation, les équipements de travail cas doit transmettre à l’inspecteur du travail dans
identifiés nécessaires aux travaux, la qualité ou les huit jours suivant l’affectation du jeune aux
la fonction de la personne compétente chargée travaux réglementés diverses informations : iden-
d’encadrer les jeunes. Toute modification quant à tité, date de naissance, formation professionnelle
ces mentions doit être communiquée à l’inspec- suivie, durée et lieux de formations, avis médical
teur du travail dans les huit jours. d’aptitude, information et formation à la sécurité Aline Ménard,
L’inspecteur du travail se prononce dans un dispensées, identification des personnes compé- chargée d’études
délai de deux mois à compter de la réception de tentes pour encadrer le jeune. n juridiques à l’INRS

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


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Ce séminaire s’adresse aux acteurs de la prévention : services de santé


au travail, fonctionnels de sécurité, partenaires sociaux, CHSCT…

Objectifs de ce séminaire :
· Faire un point sur les dispositifs d’alerte et de vigilance existants et sur les études
et actions récentes.
· Dégager des pistes d’action de veille et d’outils d’accompagnement pour les
entreprises.

Inscription et appels à posters


http://cancersprosinrs.web-events.net/
Clôture des inscriptions : 15 novembre 2014

Tarifs :
· 280 € pour une inscription jusqu’au 17 octobre
· 360 € pour une inscription à partir du 20 octobre

Organisé par :

En partenariat avec :

100 C /45J 100 C/40M 70 N


services
questions-
54 RÉPONSES

Documents officiels
55
droit en pratique
extraits du JO

Extraits de textes parus du 1er au 30 septembre 2014

Santé et sécurité au travail

Prévention - Généralités Ce décret vient préciser les conditions d’entrée en apprentis-


sage de ces jeunes.
Situations particulières de travail Ainsi, ils devront :
• soit avoir accompli la scolarité du 1er cycle de l’enseignement
■■Handicapés secondaire ;
Ordonnance n° 2014-1090 du 26 septembre 2014 relative à • soit être inscrits, dans un lycée professionnel, ou un CFA sous
la mise en accessibilité des établissements recevant du public, statut scolaire, pour commencer une formation conduisant
des transports publics, des bâtiments d’habitation et de la voi- à la délivrance d’un diplôme ou d’un titre à finalité profes-
rie pour les personnes handicapées. sionnelle, enregistré au répertoire national des certifications
Ministère chargé des Affaires sociales. Journal officiel du 27 sep- professionnelles (RNCP).
tembre 2014 - pp. 15732-15738. Les périodes de formation en milieu professionnel sont régies
par les articles D. 331-3, D. 331-4 et D. 331-15 du Code de
La loi n° 2005-102 du 11 février 2005 a créé une obligation l’éducation et R. 715-1 et R. 715-1-5 du Code rural et de la
d’accessibilité, notamment aux personnes handicapées, des pêche maritime. Ces textes prévoient les règles d’accueil
établissements recevant du public (ERP) et des transports d’élèves mineurs de moins de seize ans en milieu profession-
collectifs. nel : signature d’une convention entre l’établissement d’ensei-
Pour les ERP existants, les travaux de mise en accessibilité gnement scolaire et l’entreprise d’accueil, maintien du statut
doivent être réalisés avant le 1er janvier 2015. scolaire pendant la période de formation, possibilité d’auto-
Dans ce contexte, cette ordonnance définit notamment les riser, sous certaines conditions et pour les besoins de leur
conditions dans lesquelles l’exécution des travaux d’aménage- formation, les jeunes à utiliser les machines ou appareils ou
ment pourra être différée. Elle prévoit, en effet, la possibilité produits, dont l’usage est proscrit aux mineurs par les D. 4153-
pour les propriétaires ou exploitants d’établissements de dépo- 17 et suivants du Code du travail.
ser un agenda d’accessibilité programmée (Ad’AP), soumis à
l’approbation de l’autorité administrative, par lequel ils maté- Organisation - Santé au travail
rialisent l’engagement, par un calendrier précis et chiffré, des
travaux d’accessibilité qui seront entrepris. Risques psychosociaux
L’ordonnance précise les conditions de dépôt et de validation
de ces agendas, leur durée d’exécution ainsi que les sanctions ■■Harcèlement
pécuniaires possibles en cas de non-réalisation des travaux. Circulaire du 25 juillet 2014 relative à la mise en œuvre,
Des décrets viendront préciser le contenu et les modalités de dans la fonction publique territoriale, de l’accord-cadre du
présentation de l’Ad’AP ainsi que les modalités de suivi de leur 22 octobre 2013 concernant la prévention des risques psycho-
exécution. sociaux.
Ministère chargé de la Fonction publique (http://circulaires.legifrance.
■■Jeunes gouv.fr - 4 p.).
Décret n° 2014-1031 du 10 septembre 2014 modifiant diverses
dispositions relatives à l’apprentissage en application de la loi L’accord-cadre du 22 octobre 2013 relatif à la prévention des
n° 2014-588 du 5 mars 2014. risques psychosociaux (RPS) engage les employeurs des trois
Ministère chargé du Travail. Journal officiel du 12 septembre 2014 - fonctions publiques à mettre en place une démarche de pré-
pp. 15010-15011. vention des risques psychosociaux au sein de leurs services.
Dans ce contexte, cette circulaire précise, pour la fonction
L’article L. 6222-1 du Code du travail fixe à 16 ans l’âge mini- publique territoriale, les modalités particulières de mise en
mum d’entrée en apprentissage. Il permet toutefois aux jeunes œuvre et de suivi de l’accord.
âgés d’au moins 15 ans de souscrire un contrat d’apprentissage Il relève d’une double démarche : d’une part, un pilotage et
s’ils justifient avoir accompli la scolarité du 1er cycle de l’ensei- un cadrage par les collectivités territoriales, en lien avec les
gnement secondaire. comités d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail
La loi n° 2014-288 du 5 mars 2014 relative à la formation profes- et, d’autre part, une évaluation des risques et un diagnostic
sionnelle, à l’emploi et à la démocratie sociale est venue modi- local des RPS sur le terrain, réalisés sous la responsabilité de
fier ces dispositions, en prévoyant, en outre, la possibilité pour chaque autorité territoriale.
les jeunes qui atteignent l’âge de 15 ans avant le 31 décembre La circulaire précise qu’il appartient en premier lieu, à chaque
de l’année en cours, de s’inscrire, sous statut scolaire, dans un employeur territorial, de cadrer la démarche et de définir des
lycée professionnel ou dans un centre de formation d’apprentis orientations à mettre en œuvre en matière de prévention des
(CFA), pour débuter leur formation. RPS et ceci, en associant le CHSCT : établissement d’un calen-

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


services

drier de mise en œuvre de la démarche, définition de priorités Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne,
propres à la collectivité, modalités d’accompagnement de ses n° C 313 du 12 septembre 2014 - pp. 53-69.
services dans la mise en place des phases de diagnostic et
d’élaboration des plans locaux de prévention des RPS et mise Cette communication publie une liste de normes harmonisées
en œuvre de formation adaptées à destination des acteurs de au titre de la directive 97/23/CE relative à la conception des
la prévention. équipements sous pression.
Chaque autorité territoriale est parallèlement responsable de
la réalisation du diagnostic des RPS au sein de la structure Décision BSEI no 14-080 du 20 août 2014 relative à la dis-
dont elle a la responsabilité. Ce diagnostic intègre un certain pense de vérification intérieure pour des équipements sous
nombre d’indicateurs qui devront impérativement suivre, au pression contenant certains gaz ou mélanges de gaz.
sein de chaque collectivité, le taux d’absentéisme pour raison Ministère chargé de l’Environnement. Bulletin officiel Développe-
de santé, le taux de rotation des agents, le taux de visite sur ment durable, Énergie, Prévention des risques n° 2014/17 du 25 sep-
demande au médecin de prévention et le taux de violences tembre 2014, pp. 40-43.
sur agents.
L’évaluation issue du diagnostic sera intégrée au document ■■Installations électriques/matériel électrique
unique d’évaluation des risques. Décret n° 2014-1085 du 24 septembre 2014 modifiant les
Sur le fondement des diagnostics réalisés au sein de chaque règles techniques et la procédure de certification applicables
collectivité, un plan de prévention des RPS sera ensuite éla- aux électrificateurs de clôture.
boré au plus tard en 2015, par l’autorité territoriale. Il sera Ministère chargé de l’Agriculture. Journal officiel du 26 septembre 2014 -
intégré au programme annuel de prévention des risques pro- pp. 15661-15662.
fessionnels et d’amélioration des conditions de travail qui doit
être présenté pour avis au CHSCT. La mise sur le marché des électrificateurs de clôture est régle-
mentée par le décret n° 96-216 du 14 mars 1996 qui fixe les
Risques chimiques et biologiques règles relatives aux règles techniques et à la procédure de
certification applicables à ces appareils.
Risque biologique La procédure de certification des électrificateurs de clôture
implique la réalisation d’un examen de type, par un orga-
Décret n° 2014-1042 du 12 septembre 2014 relatif au sang nisme habilité à cet effet, qui constate et atteste que le modèle
humain. d’électrificateur de clôture qui lui est présenté, satisfait aux
Ministère chargé de la Santé. Journal officiel du 14 septembre 2014 - règles techniques qui lui sont applicables.
pp. 15119-15123. Ce décret vient apporter quelques modifications en ce qui
concerne les règles de mise sur le marché de ces équipements.
Ce décret modifie une série de dispositions du Code de la santé Les nouvelles précisions apportées concernent en particulier :
publique ayant trait à la prévention des incidents lors de la dis- • le contenu de la notice d’instructions ;
tribution et la délivrance de produits sanguins labiles et lors des • les examens et essais permettant de s’assurer de la confor-
activités de transfusion sanguine. mité des électrificateurs aux règles techniques de conception
Il apporte des modifications, en particulier en ce qui concerne qui leur sont applicables (la nature de ces examens et essais
les qualifications requises de certains personnels : personnes sera précisée désormais par arrêté du ministère chargé de
pouvant, dans un établissement de transfusion sanguine, l’Agriculture et non plus par des normes ou par des spécifi-
effectuer des prélèvements de sang veineux au pli du coude sur cations techniques) ;
un donneur, sous la responsabilité d’un médecin ; personnes • les conditions d’habilitation des organismes chargés de réa-
pouvant délivrer des produits sanguins labiles ; personnes pou- liser les examens de type des électrificateurs
vant effectuer les analyses au sein du laboratoire de qualifica- • la durée de validité des attestations CE de type.
tion biologique du don. Par ailleurs, le décret limite, au 1er janvier 2015, la durée de
validité des attestations de conformité des électrificateurs de
Risques physiques et mécaniques clôture neufs, qui ont bénéficié d’un examen de type avant le
20 février 2009.
Risque mécanique Un arrêté du 24 septembre (ci-après commenté) précise les
conditions de mise sur le marché de ces équipements.
■■Machines
Rectificatif à la directive 2006/42/CE du Parlement européen Arrêté du 24 septembre 2014 relatif aux conditions auxquelles
et du Conseil du 17 mai 2006 relative aux machines et modi- sont soumis les électrificateurs de clôture.
fiant la directive 95/16/CE (refonte). Ministère chargé de l’Agriculture. Journal officiel du 26 septembre 2014 -
Commission européenne. Journal officiel de l’Union européenne, pp. 15663-15664.
n° L 269 du 10 septembre 2014, p.4.
Cet arrêté vient préciser les conditions de mise sur le marché,
Risque physique en l’état, d’électrificateurs de clôture neufs, ayant bénéficié
d’une décision d’homologation ou d’une attestation de type
■■Équipement sous pression antérieures au 20 février 2009.
Communication de la Commission dans le cadre de la mise en À compter du 1er janvier 2015, le fabricant ou le responsable
œuvre de la directive 97/23/CE du Parlement Européen et du de la mise sur le marché devront s’assurer, au préalable, que
Conseil du 29 mai 1997 relative au rapprochement des légis- l’électrificateur en question ne délivre pas une énergie par
lations des États membres concernant les équipements sous impulsion supérieure à 5 joules dans la charge normalisée,
pression. constituée d’une résistance non inductive comprise entre

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014
services
questions-
56 RÉPONSES
57 droit en pratique
50 et 500 ohms. Cette vérification état de trois échéances sur quinze ans : juillet 2008, juillet 2013
extraits du JO de conformité sera réalisée par et juillet 2018. L’échéance de juillet 2008 avait dû être reportée
mesurage des caractéristiques à décembre 2010, à cause de la conjoncture extrêmement dif-
de sortie conformément au mode ficile de l’époque.
opératoire de la norme NF EN 60335-2-76 ou tout autre pro- À ce jour, la première tranche de travaux a été effectuée à hau-
cédé équivalent. teur de 95 %, ce qui est une très bonne chose. Cependant, à
la fin 2012, seuls 60 % des travaux de la deuxième tranche
Arrêté du 24 septembre 2014 relatif aux conditions d’habilita- avaient été réalisés et 115 000 appareils restaient à sécuriser.
tion des organismes chargés de la mise en œuvre de la procé- Selon les professionnels et les syndicats de copropriété, les
dure d’examen de type des électrificateurs de clôture. délais « auront du mal à être tenus ».
Ministère chargé de l’Agriculture. Journal officiel du 26 septembre 2014 - Cette deuxième phase de travaux concerne notamment l’instal-
pp. 15662-15663. lation d’une téléalarme dans la cabine et la précision d’arrêt de
l’ascenseur. Ce décalage a provoqué en 2012 près de 250 acci-
Cet arrêté précise les conditions d’habilitation, par le ministère dents déclarés et représente 38 % des accidents d’ascenseurs.
chargé de l’Agriculture, des organismes chargés de la mise en Il faut ajouter à l’aspect sécuritaire de ces mises en conformité
œuvre de la procédure d’examen de type des électrificateurs l’aspect économique pour les ascensoristes, pour qui l’activité
de clôture. de maintenance et de modernisation représente 70 % de leurs
Il détaille en particulier les critères devant être respectés par ventes. Il lui demande donc de bien vouloir lui indiquer les
l’organisme sollicitant son habilitation : compétence technique, mesures que le gouvernement compte prendre pour garantir
indépendance, moyens financiers, expérience, partici-pation à la mise aux normes des ascenseurs.
des travaux de normalisation… Transmise au ministère du Logement, de l’Égalité des terri-
Une accréditation préalable par le Cofrac est, en outre, requise toires et de la Ruralité.
pour tout organisme candidat à l’habilitation.
La loi n° 2003-590 du 2 juillet 2003, dite «  urbanisme et
Arrêté du 24 septembre 2014 modifiant l’arrêté du 14 mars habitat » pose le cadre du renforcement de la sécurisation des
1996 relatif à la déclaration de conformité, au marquage de ascenseurs en définissant trois nouvelles obligations incombant
conformité et à la documentation technique des électrificateurs aux copropriétaires : passer un contrat d’entretien ; réaliser
de clôture. périodiquement un contrôle technique de l’appareil ; réaliser
Ministère chargé de l’Agriculture. Journal officiel du 26 septembre 2014 - dans un délai de quinze ans, des travaux de mise en sécurité
p.15663. sur les ascenseurs installés avant le 24 août 2000.
Ces travaux ont été répartis en trois tranches se terminant res-
Cet arrêté fixe le nouveau libellé du marquage de conformité pectivement en 2010, 2013 et 2018.
des électrificateurs de clôture. À compter du 1er janvier 2015, Ces mesures ont permis de faire baisser considérablement les
celui-ci devra désormais être constitué de la référence de accidents liés aux ascenseurs. Avant la loi, la fréquence des
l’attestation d’examen de type (signe identifiant l’organisme accidents mortels était entre 5 et 10 par an, elle a progressive-
habilité et suite de caractères, avec une dimension verticale ment baissé depuis et aucun accident mortel n’a eu lieu depuis
égale. au moins à cinq millimètres). 2011. Les travaux déjà effectués par les propriétaires dans le
cadre de la mise en sécurité représentent un montant d’environ
6 milliards d’euros.
Environnement Le ministère chargé du Logement a reporté, par décret du
23 juillet 2013, au 3 juillet 2014 la date limite de réalisation
DÉCHETS des travaux de la 2e tranche. Ce report s’est avéré nécessaire
pour permettre aux propriétaires qui ont pris du retard dans
Arrêté du 18 août 2014 approuvant le plan national de préven- l’exécution des travaux de faire face aux charges financières
tion des déchets 2014-2020 en application de l’article L. 541-11 importantes qui en découlent. Ce même décret limite, par ail-
du Code de l’environnement. leurs, l’obligation de mise en œuvre du dispositif de précision
Ministère chargé de l’Environnement. Bulletin officiel du ministère d’arrêt aux seuls ascenseurs installés dans des établissements
de l’Écologie, du Développement durable et de l’Énergie, n° 2014/16 recevant du public (ERP). En effet, un bilan réalisé par le minis-
du 10 septembre 2014 - pp. 27-134. tère en fin 2012 a montré que la mesure relative à la précision
d’arrêt de la cabine donnait lieu à un glissement important en
coût de travaux et en nombre d’ascenseurs concernés, le coût
Questions, réponses moyen de ces travaux s’établissant à environ 19 000 euros par
ascenseur.
Un groupe de travail piloté par les services du ministère a été
MISE AUX NORMES DES ASCENSEURS chargé de rechercher des solutions alternatives moins oné-
Question n° 9375 du 21 novembre 2013 reuses que la solution courante basée sur l’utilisation de varia-
teur de fréquence. Ce groupe de travail, qui a largement asso-
M. Louis Nègre attire l’attention de Mme la ministre de l’Égalité cié les acteurs économiques concernés dont la Fédération des
des territoires et du Logement au sujet du non-respect des ascenseurs, n’a pas pu faire émerger de solution alternative
délais de mise aux normes des ascenseurs. pertinente ni remettre en cause la faiblesse relative de l’acci-
La moitié du parc français (530 000 appareils, dont 490 000 dentologie entraînée par le défaut de précision d’arrêt. Le décret
accessibles aux personnes) a plus de vingt-cinq ans et un quart du 23 juillet 2013 reste donc pleinement d’application comme l’a
plus de quarante ans. confirmé la communication au Conseil des ministres du 25 juin
La loi n° 2003-590 du 2 juillet 2003 urbanisme et habitat fait 2014 sur la relance de la construction et les mesures de simplifi-

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


services

cation des normes et réglementations associées. La suppression carrière, d’autre part. Le titulaire du compte pourra librement
de l’obligation de mise en œuvre du dispositif de précision d’arrêt choisir d’utiliser ses points pour financer une formation lui per-
est ainsi dorénavant définitive. Dans un contexte de contraintes mettant d’accéder à un emploi moins pénible, une réduction du
économiques fortes touchant de nombreux ménages français, temps de travail avec compensation de la perte de salaire ou
il est en effet plus que nécessaire d’évaluer l’opportunité du encore une anticipation de l’âge de départ à la retraite (dans la
maintien d’une réglementation au regard des résultats obtenus limite de 8 trimestres). Pour devenir effectif, ce droit nouveau
et de la charge qu’elle représente pour le pouvoir d’achat des doit être particulièrement simple : pour les salariés d’abord, qui
ménages. Or, les dispositions de la loi « urbanisme et habitat » du pourront ainsi connaître le dispositif et faire valoir leurs droits ;
2 juillet 2003 ont d’ores et déjà permis de tirer un bilan positif pour les entreprises ensuite, qui pourront le mettre en œuvre
quant à l’amélioration de la sécurité des ascenseurs. sans devoir tracer, pas à pas, les activités de leurs salariés ;
En revanche, le bilan des contrôles techniques réalisés en 2013 pour les services gestionnaires du compte enfin, pour qui la
sur les ascenseurs montre que 3,5 % environ des ascenseurs simplicité est synonyme de sécurité juridique et d’absence de
contrôlés ont fait l’objet d’une demande de mise à l’arrêt de la contentieux.
part des contrôleurs à cause du risque grave et imminent qu’ils Le gouvernement a d’emblée pris la mesure du défi que repré-
présentent, même lorsque ces ascenseurs ont fait l’objet de tra- sentait ce droit nouveau, bien que la démarche de prévention
vaux de mise en sécurité ou qu’ils ont été récemment mis sur soit déjà bien connue des entreprises. Dès novembre 2013,
le marché. Ces statistiques indiquent que la sécurité des usa- donc avant même la promulgation de la loi, il a confié à Michel
gers ne dépend pas uniquement de la présence de dispositifs de Virville, conseiller-maître honoraire à la Cour des comptes,
spécifiques et coûteux mais demande de redoubler d’efforts sur une mission de facilitateur, de concertation longue, destinée à
les conditions de maintenance et d’entretien des ascenseurs. faciliter la mise en œuvre du compte personnel de prévention
Le renforcement de la qualité de l’entretien constitue donc un de la pénibilité.
facteur prioritaire et un nouvel axe de travail et d’investissement Le gouvernement a décidé de reprendre largement les préconi-
afin d’améliorer la maintenance, la prévention, la diminution sations qui lui ont été remises début juin, tout en renforçant les
des pannes et donc la sécurité des ascenseurs. L’amélioration simplifications proposées. Le suivi de l’exposition à la pénibi-
de l’entretien et de la maintenance des ascenseurs constitue un lité reposera d’abord sur une approche collective, en lien étroit
gisement de redéploiement de l’activité de nature à répondre avec le document unique d’évaluation des risques : ceci évite
à une réelle préoccupation des usagers. Les progrès à opérer le recensement salarié par salarié et poste par poste. Le suivi
dans ces domaines tracent des perspectives où les entreprises de l’exposition sera en outre fondé sur une moyenne annuelle.
françaises pourront développer l’emploi local et valoriser leur Une fois l’exposition des salariés identifiée, l’ensemble des
savoir-faire. démarches sera dématérialisé et automatisé, à travers le pro-
Réponse publiée au JO « Sénat » (Q) du 11 septembre 2014 – cessus de paye. Il n’aura besoin d’être actualisé chaque année
p. 2080. qu’à la marge, sauf dans les cas exceptionnels de changements
profonds au sein de l’entreprise.
PÉNIBILITÉ Cette double simplification (annualisation et dématérialisa-
Question n° 41182 du 29 octobre 2013 tion) répond par conséquent aux inquiétudes exprimées dans
certains secteurs d’activité, en particulier par les petites et
M. Alain Marty attire l’attention de M me la ministre des moyennes entreprises : elles craignaient que les fiches d’exposi-
Affaires sociales et de la Santé sur la mise en place d’un tion n’induisent des charges déclaratives lourdes et complexes.
compte personnel de prévention de la pénibilité, qui devrait Le gouvernement a en outre décidé de faire entrer en vigueur
viser 80 % des salariés du BTP. Ce système de « fiches » d’une dès le 1er janvier 2015 les facteurs de pénibilité simples et bien
rare complexité inquiète l’ensemble des entreprises du bâti- connus (travail de nuit, travail posté, travail en rythmes alter-
ment. En effet, elles considèrent que le texte est stigmatisant nés, auxquels s’ajoute un facteur technique - le risque hyper-
pour le BTP et contraire aux efforts conduits pour revalori- bare). Les six autres facteurs, plus techniques (bruit, port de
ser leur métier. Il est également contraire au choix historique charges lourdes, postures pénibles, exposition aux agents
fait par la profession pour favoriser la prévention pour tous chimiques dangereux, exposition à des températures extrêmes,
les salariés, notamment à travers l’accord sur la prévention vibrations mécaniques) entreront en vigueur au 1er janvier
de la pénibilité et l’amélioration des conditions de travail de 2016, ce qui laisse aux entreprises le temps de s’organiser,
décembre 2011. Enfin, cette mesure s’avère très coûteuse pour d’identifier les postes exposés et de réaliser des modes d’em-
le secteur alors que les entreprises se trouvent déjà en grande ploi de branche. Les partenaires sociaux auront parallèlement
difficulté, face à une concurrence étrangère déloyale. Il lui le temps d’expérimenter et de préparer l’ensemble du disposi-
demande donc de bien vouloir prendre en compte les posi- tif, afin d’élaborer des référentiels partagés. Parallèlement, la
tions du secteur du bâtiment qui souhaite que soit rétabli le caisse nationale d’assurance vieillesse (CNAV), opérateur du
principe d’une approche individuelle de la pénibilité, à travers compte de prévention, est chargée de déployer, dès le second
un filtre médical, seul moyen sérieux d’en contenir les limites semestre 2014, des outils destinés à accompagner salariés et
et le coût. entreprises, à commencer par une ligne téléphonique dédiée
et une plateforme internet. Les projets de décret mettant en
Le compte personnel de prévention de la pénibilité consti- œuvre le compte pénibilité, qui couvre l’ensemble du dispositif,
tue une innovation sociale majeure introduite par la loi du ont été transmis à la consultation des organismes compétents
20 janvier 2014 garantissant l’avenir et la justice du système (notamment la CNAV, le Conseil d’orientation sur les conditions
de retraites. Il a pour double ambition d’inciter les entreprises de travail, la Mutualité sociale agricole, le Conseil d’État) : cette
à réduire au maximum l’exposition de leurs salariés à des dernière phase de concertation s’achèvera par la publication
situations de pénibilité d’une part, de permettre aux salariés prochaine de ces textes d’application.
exposés d’acquérir des droits nouveaux, sous forme de points Réponse publiée au JO « Assemblée Nationale » (Q) du
cumulés sur un compte personnel qui les suivra toute leur 12 août 2014 – p. 6844.

travail & sécurité – n° 755 – novembre 2014


L’institut nationaL De reCherChe et De séCurité
58 pour la prévention des accidents du travail et des maladies
professionnelles est une association déclarée sans but lucratif.

statuts et missions et de l’ergonomie, dont les moyens très divers n Union professionnelle artisanale (UPA)
n L’Institut national de recherche et concourent à la réalisation des programmes L’association est soumise au contrôle
de sécurité (INRS) est une association d’activité. financier de l’État.
(loi du 1er juillet 1901), constituée sous l’égide
de la Caisse nationale de l’Assurance maladie. membres présents De Droit ConseiL D’aDministration
n Le directeur de la Direction générale n président : Jean-François Naton
Son conseil d’administration est composé
du travail (ministère chargé du Travail) n vice-président : Marc Veyron
en nombre égal de représentants des
organisations professionnelles d’employeurs et n Le directeur de la Sécurité sociale n secrétaire : Nathalie Buet
des organisations syndicales de salariés. (ministère chargé de la Sécurité sociale) n trésorier : Pierre Thillaud
n L’INRS apporte son concours à la Caisse n Le directeur du Budget n secrétaire adjoint : Pierre-Yves Montéléon
nationale de l’Assurance maladie des travailleurs (ministère du Budget)
n trésorier adjoint : Ronald Schouller
salariés, aux caisses régionales d’Assurance n Le directeur de la Caisse nationale
n administrateurs titulaires :
maladie, aux comités d’hygiène, de sécurité et de l’assurance maladie
Jean-François Naton, Marc Veyron,
des conditions de travail, aux entreprises ainsi n Le controleur général économique
Nathalie Buet Pierre-Yves Monteleon,
qu’aux services de l’État et à toute personne, et financier auprès de l’Institut national
Pierre Thillaud, Ronald Schouller,
employeur ou salarié, qui s’intéresse à la de recherche et de sécurité.
Marie-Claude Brault, Marie-Hélène Leroy,
prévention. Monique Rabussier, Bernard Salengro,
membres aCtifs De L’assoCiation
n L’INRS recueille, élabore et diffuse toute n Confédération générale du travail (CGT) Jocelyne Chabert, Hugues Decoudun,
documentation intéressant l’hygiène Henri Forest, Serge Gonzales, Anne Heger,
n Confédération française démocratique
et la sécurité du travail : brochures, dépliants, Christian Lesouef, José Lubrano, Carole Panozzo
du travail (CFDT)
affiches, films, renseignements bibliographiques...
n Confédération générale du travail-force n administrateurs suppléants :
n L’INRS forme des techniciens
ouvrière (CGT-FO) Elodie Corrieu, Philippe Debouzy,
de la prévention.
n Confédération française des travailleurs Alain Delaunay, Isabelle Delorme,
n L’INRS procède, en son centre de Lorraine, Vincent Gassmann, Renaud Giroudet,
chrétiens (CFTC)
aux études permettant d’améliorer les conditions Christine Guinand, Jean-Baptiste Pascaud,
de sécurité et d’hygiène du travail. n Confédération française
Alain Lejeau, Salomé Mandelcwajg,
de l’encadrement (CFE-CGC)
n Le centre comprend des départements Philippe Maussion, Mohand Meziani,
et services scientifiques dans les domaines n Mouvement des entreprises de France (Medef) Annie Michel, Martine Philippon,
des risques chimiques, des risques physiques, n Confédération générale des petites Philippe Prudhon, Jean-Benoit Sangnier,
de la sécurité des machines et des systèmes, et moyennes entreprises (CGPME) Betty Vadeboin.

travail sécurité & LE mEnsUEL DE LA PRÉVEnTIOn DEs RIsQUEs PROFEssIOnnELs


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n ADRESSE..........................................................................................................................................................................................................................................
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Date limit és :
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À VOUS DE FILMER !

CONCOURS VIDÉO INRS 2015


“DE L’ÉCOLE AU TRAVAIL”
CFA & LYCÉES PROFESSIONNELS
À poster sur avant le 24 mars 2015

Pour en savoir plus : www.esst-inrs.fr/concoursvideo2015


Suivez le concours sur : delecoleautravail Notre métier, rendre le vôtre plus sûr. www.inrs.fr

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