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I/ La notion de droit

Le terme juridique vise tout ce qui se trouve lié à la notion de droit alors qu'en
revanche le terme de judiciaire englobe tout ce qui a trait à la justice.
Le terme de droit désigne les règles qui gouvernent la vie des Hommes en
société.

La règle de droit est générale car elle s'applique à tous sans distinction, elle est
permanente puisqu'elle doit être abrogée pour disparaître et elle est
obligatoire. La règle juridique ou de droit se distingue des autres règles par son
caractère obligatoire ce qui sous-entend une sanction en cas de non-respect de
la règle. Cette sanction est socialement organisée : elle est prévue au préalable
et elle est infligée par des organes étatiques.
La contrainte peut émaner de deux organes : soit il s'agit du juge, soit il s'agit
de l'agent.

Toute religion influence le droit, cette influence sera plus ou moins forte selon
le degré de laïcité de l'Etat. Nos règles ont subi l'influence judéo-chrétienne, ex
: repos le dimanche pour le droit du travail, tout enfant doit respect et honneur
à ses parents d'où le secours familial dans le droit civil, ne pas voler ni tuer pour
le droit pénal.
Il s'agit ici surtout de l'étude de l'évolution des mœurs, ex : le pacse pour les
droits d'héritage, l'enfant adultérin qui a désormais le mêmes droits que
l'enfant légitime.
D'autre part, le juge va souvent se trouver confronter à des questions qui le
renvoient à sa propre morale, en effet il y a des questions où le juge ne peut
trancher car il n'y a pas d'article de loi y faisant référence, or le juge a
obligation de juger sous peine de déni de justice.
On constate dans les décisions de justice une évolution du droit en fonction de
l'évolution de la morale, ex : en 1995, arrêt Perruche où la cours de cassation à
admis la possibilité d'être indemnisé pour être né handicapé.
C/ Les grandes disciplines juridiques

Summo Division : droit publique et droit privé

1° Les disciplines de droit privé

Le droit privé est l'ensemble des règles qui concernent la vie juridique des
particuliers entre eux mais aussi des groupements qu'ils vont constituer (ex :
association, société, fondation…) .

a. Le droit civil
Le droit civil est l'ensemble des règles qui régissent la vie des citoyens (ici les
personnes vivant dans un même pays), ex : le droit d'affiliation, le droit des
obligations, le droit des contrats, le droit des régimes matrimoniaux, le droit
des biens, le droit de succession.

b. Les droits annexes


Le droit social :
- le droit du travail
- le droit de la sécurité sociale
Le droit des affaires :
- le droit des sociétés
- le droit de la faillite
- le droit de la concurrence
Le droit de la consommation, ex : délais de réflexion pour meubles et
l'immobilier.
Le droit de l'environnement.

2° Les disciplines de droit public

Le droit constitutionnel vise à organiser le rapport des organes de l'Etat entre


eux (essentiellement les trois pouvoirs) et avec les citoyens, la source étant la
constitution et son préambule (Déclaration des Droits de l'Homme et du
Citoyen).
Le droit administratif organise le rapport des différentes administrations entre
elles et avec les administrés.
Le droit fiscal.
Le droit international public.
II/ Les sources du droit

La loi renvoie aux sources écrites mais il existe également la coutume et la


jurisprudence.

A/ La loi

1° Les catégories de normes écrites

Tout texte est inférieur à la constitution. La constitution est la source mère du


droit. Il peut être saisi par le Président de la République, par le président de
l'Assemblée ou par celui du Sénat, par 60 députés ou par 60 sénateurs.
- la Constitution
- la loi par le parlement
- les décrets par le Président de la République ou par le Premier Ministre
- les arrêtés par les ministres, par les préfets ou par les maires
Les traités ont une valeur supra législative qu'à condition d'avoir été ratifiés, ex
: le traité de Rome. Il est une autorité supérieure à la loi.

2° L'application de la loi dans le temps

a. Les caractéristiques de la loi


La loi est générale, permanente et obligatoire à tous les citoyens.

*La généralité : la loi est applicable à tous sur tout le territoire. Il n'y a pas de
distinctions de classes, ni de discriminations. Il y a beaucoup d'exceptions , ex :
le président de la république, droit de vote des femmes en 1946, plus besoin
d'autorisation maritale pour travailler depuis 1965 , droit d'avoir un logement
différent de celui du mari dans les années 80, en France une distinction sur la
loi de maternité.
*La permanence : tant qu’elle subsiste dans les écrits la loi demeure et
s'applique, pour la faire disparaître il faut l'abroger. L'abrogation peut être
express quand un texte nouveau précise expressément que la loi ancienne se
trouve abrogée, ex : la loi du 19 octobre 2000.
L'abrogation peut être tacite quand un texte nouveau contient des disposition
contraires ou incompatibles avec des textes anciens.
*L' obligatorièté : la loi s'impose à tous. Une loi impérative s'applique
indépendamment de la volonté des citoyens,ex : droit pénal, respecter les
bonnes mœurs comme ne pas louer des chambres à l'heure. Une loi supplétive
s'applique sauf en cas de volontés contraires des deux parties contractantes.
Tout le droit des contrats est un droit supplétif, l'article 1134 du code civil
précise que les conventions légalement formées tiennent lieu de lois à ceux
qui les ont faites.

La loi doit être connue, cette connaissance passe par sa publication dans le
Journal Officiel : nul ne doit ignorer la loi.

b. La non rétroactivité de la loi


L'article 2 du code civil dit que la loi ne dispose que pour l'avenir, elle n'a pas
d'effet rétroactif. La loi nouvelle ne peut pas s'appliquer à des situations de
faits ou de droits antérieures à sa publication. On parle souvent d'application
immédiate de la loi, elle va s'appliquer aux faits en cours mais non aux
situations juridiques déjà nées, dans ce cas il y survie de la loi ancienne.
Toutefois ce principe connaît des exceptions :
- la loi se déclare elle-même rétroactive, ex : en 1945 sur la collaboration.
- les lois sont interprétatives, ces lois viennent préciser le sens ou la portée
d'une loi récemment promulguée.
- les lois pénales plus douces.

B/ Les sources concurrentes

Elles sont au nombre de trois, il s'agit de la coutume, de la doctrine et la


jurisprudence.

1° La coutume

La coutume se définit comme la répétition d'usage au sein d'un groupe qui au


bout d'un certain temps la considère comme une loi, ex : la femme en se
mariant prend le nom de son époux. Elle est orale ( pas écrite ), application
locale. Cette coutume doit faire l’objet d’un consensus, c'est-à-dire que les
personnes se soumettent à cette coutume.

2° La doctrine

Il s'agit des écrits effectués par les auteurs juristes. Leurs écrits portent soit sur
la loi, soit sur les décisions de justice.
3° La jurisprudence

Il s'agit de l'ensemble des décisions de justice qui posent principes et solutions


sur des problèmes posés. Plus la juridiction saisie est haute et plus la décision
aura de portée, une décision d'assemblée plénière s'impose aux juridictions du
fond. La jurisprudence comporte certains défaut par rapport à la loi . En effet
elle est relative car la décision est rendue pour un procès qui n'oppose que
deux personnes. Elle est fragile, on est jamais à l'abris d'un retournement de
jurisprudence. Il n'en demeure pas moins que la jurisprudence est créatrice de
lois, ex : un arrêt de 1976 qui précise quand une entreprise est en cessation de
paiement sera repris plus tard par une nouvelle loi.

I/ La personne physique face au juridique

On distingue le droit objectif et le droit subjectif :


- le droit objectif est le droit écrit, les codes.
- le droit subjectif est composé des prérogatives reconnues à la personne par le
droit objectif. On y distingue les droits patrimoniaux et les droits
extrapatrimoniaux :
" les droits patrimoniaux visent les prérogatives reconnues à l'homme dans sa
vie économique. Ces droits patrimoniaux se divisent en droits réels et en droits
personnels :
- le droit réel est un droit qui donne un pouvoir direct et immédiat sur la chose.
- le droit personnel va lier deux personnes, il va lier un créancier à son débiteur.
" les droits extrapatrimoniaux sont les suivants.

A/ Les droits de la personnalité

Il s'agit de prérogatives qui permettent à toute personne de se défendre contre


des attaques qui portent atteinte à son corps et à son esprit.

1° Le droit à l'intimité privée

On trouve ce droit au sein de l'article 12 de la déclaration des droits de


l'Homme, au sein de l'article 8 de la convention européenne des droits de
l'Homme et au sein de l'article 9 du code civil.
a. Les conditions de l'article 9 du code civil
Selon l'article 9, chacun a le droit au respect de sa vie privée. La vie privée est
une sphère où l'homme ne veut pas que des anonymes pénètrent, il s'agit de la
vie familiale , amicale, amoureuse… et elle se définit par rapport à la vie
professionnelle. La vie privée est protégée au-delà de la mort.

b. Mise en œuvre de l'article 9 du code civil


Deux éléments sont exigés pour que cet article puisse jouer. Il faut justifier un
intérêt à agir et il faut avoir qualité à agir (soit être la personne visée, soit ses
ayant droits ou soit ses représentant légaux quand la personne est mineure).
En cas de succès, il existe deux types de sanction, la section pénale et la
sanction civile qui peut être soit pécuniaire (dommages et intérêts), soit une
sanction matérielle (saisie, publication ou mise sous séquestre).

2° Le droit de la personne sur son image

Toute atteinte à une image, quelque soit le support, est condamnable. Pendant
très longtemps fondé sur l'article 1382, mais depuis un arrêt du 13 juillet 1998
la protection de l'image est désormais fondé sur l'article 9 du code civil : "
Chacun a le droit de s'opposer à la reproduction de son image et l'utilisation
dans un sens volontairement dévalorisant de l'image d'une personne justifie
que soit prise par le juge toute mesure propre à faire cesser l'atteinte portée
au droit de la personne ".

3° Le droit au respect du corps humain

Le principe de dignité humaine est depuis peu (1995) un fondement


constitutionnel. En effet, le Conseil d'Etat se fondant sur la Déclaration des
Droits de l'Homme et du Citoyen a érigé la dignité humaine en principe
constitutionnel en interdisant les lancers de nains. En conséquence, le corps
humain ne doit pas être considéré comme une chose mais bel et bien comme
une personne et ne doit donc pas faire l'objet de contrats, de conventions.
Toute convention ayant pour objet le corps humain serait nulle de façon
absolu.
Une loi sur la bioéthique (29 juillet 1994) a posé trois principes nouveaux :
- chacun a droit au respect de son corps
- le corps humain est inviolable
- le corps humain, ses éléments et ses produits ne peuvent être le fruit d'un
commerce
Ces principes sont généraux et ils sont d'ordre public. La loi nouvelle a substitué
à l'ancien principe d'indisponibilité du corps humain celui de non
patrimonialité. En conséquence, il ne peut y avoir d'atteinte au corps humain
sans le consentement de la personne. Dorénavant on ne peut donc pas prendre
un organe de quelqu'un mort cliniquement sans son consentement préalable.
Cela pose également un problème dans les cas d'urgence puisque l'on doit
avoir le consentement du patient pour toute opération. Un prélèvement
d'organe ou une opération sans le consentement de la personne est considéré
comme coups et blessures volontaires.
On note également la protection de la voix, la protection de l'honneur, la
protection des convictions politiques et religieuses, le droit au secret
(professionnel, médical, de la confession…). La protection parentale peut
apparaître comme une atteinte au corps de l’enfant : Ex en Suède, la claque est
interdite.

B/ L'état des personnes

Il s'agit des caractéristiques de la (…) auquel le droit accorde de l'importance (le


droit familial, le droit matrimonial, le statut physique de la personne. Toutes les
actions en justices relève de la compétence du Tribunal de Grande Instance.
Ex : Congé de paternité 15 jours.

1° Le nom et ses accessoires

Le nom c'est le patronyme, les accessoires sont les surnoms, les prénoms, les
pseudonymes ou encore les titres nobiliaires (ex : la particule).

a. Le devoir de porter son nom


- Article 261 du code civil : Chacun a l'obligation de porter son nom sous peine
de sanction, en conséquence tous les actes officiels doivent être passés sous le
patronyme.

*L'attribution du patronyme ou filiation: l'enfant en principe prend le nom de


son père ( article 311 indice 21 du code civil ). Dans la famille légitime, l'enfant
prend le nom du père puisque tout enfant né pendant le mariage est présumé
du mari. Dans la famille naturelle (deux parents qui ne sont pas mariés),
l'enfant acquiert le nom de celui des parents à l'égard de qui la filiation est
établie en premier (dès le septième mois). Cette règle cependant connaît des
dérogations, si les deux parents établissent la filiation simultanément alors
l'enfant porte le nom du père, si l'affiliation est établie en second lieu alors
l'enfant portera le nom du père après déclaration des deux parents auprès du
juge des affaires familiales, si la mère se marie avec un tiers alors l'enfant
pourra porter le nom du beau-père après déclaration auprès du juge des
affaires familiales, si l'enfant naît de père et de mère inconnus alors l'Etat lui
donne trois prénoms et le dernier devient son nom (avant prénom du saint du
jour et nom du mois). Dans la famille adoptive, il y deux hypothèse, celle de
l'adoption plénière où il y a une rupture totale avec la famille d'origine alors
l'enfant prend le nom du père adoptif, dans le cas de l'adoption simple, l'enfant
garde un lien avec sa famille naturelle alors l'enfant portera les noms des deux
familles, cependant on peut procéder à une substitution lorsque l'enfant, dès
treize ans, le désire. Il existe des dérogations possibles pour les enfants qui ont
moins de 13 ans au 1er septembre 2003.

*Le nom des époux : la femme prend le nom de son mari. Quand il y a divorce
la femme reprend son nom de jeune fille, cependant elle peut conserver le
nom de son mari avec son accord et celui du juge des affaires familiales. Il y a
plusieurs causes, soit l'intérêt de l'enfant est en cause, soit la femme est
connue sous son nom d'épouse (ex : showbiz, professions libérales…).

*Le changement de nom : en principe, l'obligation de porter son nom est


absolu, on ne peut pas y déroger. En effet, le nom est soumis au principe
d'immutabilité. Toutefois, ce principe connaît quelques dérogations. Ainsi, la
cours de cassation a admis le changement de nom en cas de possession
prolongée : il faut que le nom ait été changer sans fraude c'est à dire de bonne
fois (ex : une erreur de l'officier de l'Etat civil) et il faut que le nom ait été porté
pendant cent ans (65 ans pour le cas Ricard). Il y a également des dérogations
légales pour changer partiellement ou totalement un nom ridicule ou sujet à la
moquerie. Dans ce cas, c'est le Conseil d'Etat qui tranche et il s'écoule ensuite
un an après la publication au Journal Officiel pour que le changement soit
officiel. La loi de 1993 a permis aux étrangers vivant en France de franciser leur
nom (ex : raccourcissement, traduction, nom des marins disparus sans
descendance…).

b. Le droit de défendre son nom


Il s'agit-là d'un droit extrapatrimonial dont la défense peut donner lieu à une
action en justice, cette action en justice est double. En effet d'une part la
personne dont le nom est usurpé peut agir en contestation de nom, cette
action vise d'abord à faire cesser l'usurpation. D'autre part, il peut y avoir un
action en responsabilité civile, fondée sur l'article 1382 et qui vise
essentiellement à réparer le préjudice lié à cette usurpation.
*Il faut avoir qualité pour agir. Se trouvent visées toutes les personnes
appartenant à un groupe autorisé à défendre un nom, ce sont les personnes
qui portent un nom (ex : l'affaire Le Neuf) ce sont mais aussi toutes les
personnes qui descendent de ce nom sans limite de degré (ex : l'affaire Boissy
d'Auglas dans un roman). Il ne faut pas confondre le droit de porter un nom et
celui de le défendre.

*Il faut avoir un intérêt à agir. Il consiste dans le dommage ou le préjudice


subie par la personne du fait de cette usurpation de nom, dans la pratique les
juges rechercheront s'il y a ou non risque de confusion (ex : la personne dans le
roman a la même profession). Les juges feront donc un rapprochement entre le
nom usurpé et le nom défendu, et ils chercheront si l'usurpation jette le
discrédit sur la personne qui fait l'action. Cette usurpation du nom peut se faire
dans une œuvre de l'esprit, dans une œuvre cinématographique ou dans le cas
d'un rapport commercialiste (une marque, une enseigne…).

c. Les accessoires du nom


Le prénom fait l'objet d'une protection, plus en matière de choix du prénom
qu'en matière d'usurpation. En 1993, le législateur est intervenu pour tenter de
freiner les délires parentaux. Elle permet à l'officier de l'Etat civil de faire un
recours, de façon discrétionnaire, pour empêcher l'inscription d'un prénom.
L'action pour changer un prénom relève de la compétence du T.G.I. à partir de
l'âge de 13 ans.
Pour le pseudonyme, le choix ne connaît pas de contrainte et il fait l'objet
d'une protection même si celui qui le porte n'est pas connu mais il faut pouvoir
prouver que l'on a été le premier à l'utiliser.
Font aussi l'objet d'une protection les titres nobiliaires et le surnom.

2° Le domicile

Il s'agit du lieu où se trouve le principal établissement. Toutefois, il est possible


d'avoir plusieurs domiciles, notamment pour des raisons professionnelles. Dans
ce cas, on retient le domicile fiscal. On est libre de choisir son domicile et
liberté de changement. Loi de 1975 : suppression de l’obligation de domicile de
l’épouse chez le mari mais néanmoins, ils doivent prouver qu’ils ont un
domicile commun. Le mineur est obligatoirement logé chez ses parents.

C/ La capacité juridique des personnes


La capacité est l'aptitude reconnue par le droit.
On distingue deux types de capacité :
- la capacité de jouissance, c'est l'aptitude d'un individu à acquérir un droit (elle
existe in utero).
- la capacité d'exercice, c'est l'aptitude pour une personne d'exercer seule les
prérogatives nées du droit qu'elle possède.

L’acquisition de la personnalité juridique s’acquiert à la naissance mais il existe


des dérogations.

Il résulte des dispositions de l'article 8 du Code civil que " toute personne
française jouira de ses droits civils ". Or certaines personnes ne peuvent le faire
: les mineurs, les débiles, les malades… Il faut donc protéger ces personnes
incapables.

1° La majorité et la minorité

a. L'incapacité de jouissance
Le mineur peut acquérir tous les droits et faire tous les actes de la vie juridique
à condition d'être représenté. Obligation nouvelle inscrite dans le code civil en
2002 : Les parents associent l’enfant aux décisions qui le concerne selon son
âge et son degré de maturité ( article 371-1 ) .

b. L'incapacité générale d'exercice


Il existe une incapacité générale d'exercice c'est-à-dire que le mineur ne peut,
en principe, sauf dérogation spéciale, faire un acte de la vie civile.
Il existe des exceptions : adhérer à un syndicat, ouvrir un compte en banque…
La jurisprudence accepte d'engager la responsabilité de l'enfant toute les fois
qu'il avait le discernement suffisant pour comprendre la portée de son acte.
L'émancipation a perdu de son intérêt depuis que la majorité est passée à 18
ans. On peut émanciper le mineur de 16 ans révolus. C'est le juge des tutelles
qui prononce l'émancipation à la demande des parents ou de l'un d'entre eux.
Le mariage est un cas d'émancipation automatique.

Il y a deux effets :
- l'émancipation provoque une coupure du mineur avec sa famille. Elle est
frauduleuse si elle a pour but d'éviter aux parents la mise en œuvre de leur
responsabilité du fait des activités dommageables de l'enfant, il s'agit en effet
de donner plus de liberté à l'enfant et non pas de retirer de la responsabilité
aux parents.
- l'émancipation attribue au mineur une capacité plus large.

2° La protection des majeurs incapables

Toute incapacité, même si c'est une atteinte à la liberté, doit être comprise
comme une mesure de protection. L'incapable est celui qui ne peut se défendre
tout seul.
La restriction de la liberté qu'implique l'incapacité impose une part de contrôle
judiciaire très strict et une aide médicale permanente.
Leur statut juridique a été complètement modifié par la loi du 3 janvier 1968.
En effet, la législation antérieure était complètement dépassée dans la mesure
où elle liait l'attribution d'une protection à un internement. Est mis en place
d'un système de protection très varié suivant la gravité du handicap qui frappe
la personne :
- la tutelle
- la curatelle
- la sauvegarde de justice
Il n'y a pas que les handicapés mentaux qui sont visés, mais toute personne
dont l'altération de ses facultés personnelles met dans l'impossibilité de
pourvoir seule à ses intérêts.
Le juge des tutelles intervient dans chaque décision engageant le patrimoine ou
la vie personnelle de l'handicapé.
La loi a prévu des sanctions pour les actes accomplis par les majeurs agissant
seuls : nullité des actes juridiques, contrats, mariage, procès…

a. La tutelle
C'est le régime de protection le plus complet de notre droit, il concerne les plus
gravement handicapés, ceux qui ont besoin d'être représenté de manière
continue dans les actes de la vie civile.
On nomme donc un tuteur, généralement un proche :
- l'époux est tuteur de son conjoint.
- sinon les autres tuteurs sont datifs c'est-à-dire que la tutelle est attribuée par
le conseil de famille à la personne qui semble pouvoir gérer au mieux son
patrimoine.
En outre, la loi prévoit qu'il y aura un subrogé tuteur nommé également par le
conseil de famille chargé de surveiller la gestion tutélaire et de représenter
l'incapable quand ses intérêts seront en contradiction avec ceux du tuteur.
Les actes de la vie courante (administration, gestion, location, vente de
meubles d'usage courant…) peuvent être accomplis par le tuteur seul.
Mais les actes les plus graves (ex :disposition, emprunt…) doivent être
accomplis par le tuteur sur autorisation du conseil de famille.
A la fin de la tutelle, le tuteur doit rendre des comptes dits " comptes de tutelle
".
Pour ses fautes de gestion, sa responsabilité peut être engagé.

b. La curatelle
C'est un système beaucoup plus souple, moins contraignant car dans ce cas, le
majeur est en état de comprendre ses actes.
Il s'applique au majeur qui a besoin d'être conseillé et contrôlé pour accomplir
les actes de la vie civile.
Le seul organe de la curatelle est le curateur.
La sanction des actes accomplis sans le curateur est la nullité.

c. La sauvegarde de justice
C'est un régime très souple.
Le majeur placé sous sauvegarde de justice conserve l'exercice de ses droits.
Sauf que les actes qui lui sont préjudiciables pourront être par la suite modifiés.

II/ La personne morale

La personnalité juridique s'entend généralement comme l'aptitude à devenir


sujet de droits et d'obligations. Cette faculté appartient aux personnes
physiques mais elle est aussi reconnue à des groupements de personnes que
l'on désigne sous le vocable de " personne morale ". Cependant, le terme de "
personne " peut être source de confusion car il désigne à la fois toute personne
physique mais aussi tout sujet de droit. Dans cette seconde acception, ce qui
fait la personnalité, n'est ni le corps ni même la volonté, c'est l'aptitude à être
sujet au droit. Dans cette perspective, la personnalité morale pourrait être
attribuée à tout groupement susceptible de défendre en justice des intérêts
définis, distincts de ceux des membres le composant.

Pendant longtemps, le législateur n'a admis qu'implicitement l'existence des


personnes morales. Tout au plus reconnaissait-il parfois qu'un groupement
jouissait de la " capacité juridique " (Loi du 1er juillet 1901 sur les associations,
article 1). La décision de reconnaissance des personnes morales appartenait
aux tribunaux qui attribuaient ou refusaient la personnalité juridique à certains
groupements (Cass. req. 23 février 1891 : S.92, I, 73, note Meynial à propos des
sociétés civiles) et définissaient quels étaient les événements susceptibles de
l'affecter. Aujourd'hui le législateur désigne expressément les groupements
dotés de la personnalité morale dont le nombre ne cesse de croître.

A/ Attribution de la personnalité morale

Elle n'intervient pas de plein droit lors de la conclusion du contrat de société.


Elle suppose que la société ait été immatriculée au registre du commerce (Code
civil, article 1842 et loi n° 66-537, 24 juillet 1966, article 5 : " les sociétés
commerciales jouissent de la personnalité morale à dater de leur
immatriculation au registre du commerce et des sociétés " et selon l'article
1871 du Code civil, seules sont exclues de ce bénéfice les sociétés en
participation). Dès lors, c'est l'immatriculation qui conditionne la personnalité
morale. Dans cette perspective, elle est beaucoup plus qu'une simple mesure
de publicité car elle ne fait pas que reconnaître l'existence d'un être juridique
nouveau, elle lui donne vie. Ce lien entre l'immatriculation et la reconnaissance
de la personnalité morale, qui existait déjà dans les sociétés commerciales et le
G.I.E., a été étendu à toutes les sociétés par la loi du 4 janvier 1978 ainsi qu'aux
GEIE (article 1er, loi n° 89-377, 13 juin 1989).

L'attribution de la personne morale est fonction de la nature et de la forme de


la société. La situation est généralement claire car les lois récentes prennent le
plus souvent soin de préciser si les sociétés qu'elles instituent jouissent ou non
de la personnalité morale. Un clivage s'opère donc entre les sociétés
immatriculées, qui jouissent de la personnalité morale, et celles qui, n'étant pas
immatriculées en demeurent dépourvues. Une seule société est dépourvue de
personnalité morale, la société en participation, qui se trouve de ce fait classé à
part par la loi. En effet, l'article 1871 du Code civil permet aux associés de
convenir que la société ne sera point immatriculée. La société est dite " société
en participation ". Elle n'est soumise à aucune publicité et n'est donc pas une
personne morale.

Le statut des groupes de sociétés donne lieu à controverses car on se demande


si malgré le silence de la loi, le groupe ne constituerait pas une personne
morale plutôt qu'une situation de fait.
les biens

A/ Les droits réels

Parmi les droits patrimoniaux, on distingue d'une part les droits réels mais aussi
les droits personnels. Il convient cependant d'ajouter une troisième catégorie
qui concerne les droits intellectuels.

1° Distinction entre droit personnel et droit réel

Ce sont tous les deux des droits patrimoniaux, ils peuvent donc être cédés.
Le droit personnel exprime le pouvoir d'une personne, appelée créancier,
d'exiger d'une autre personne,appelée débiteur, une prestation (en argent ou
en nature), dès lors il se crée un lien entre les deux que l'on appelle tantôt
créance tantôt dette. Le débiteur est donc le sujet passif, le créancier quant à
lui est le sujet actif. Le droit réel en revanche est un droit qui exprime le
pouvoir d'une personne sur une chose.
Le droit personnel est un droit relatif, c'est-à-dire qu'il ne produit d'effet
qu'entre le créancier et le débiteur. Le droit réel, en revanche, est absolu ce qui
signifie que son titulaire peut l'opposer à tous.
Les droits personnels existent en quantité quasi-illimité, il y a une limite de
temps et des limites légales qui sont dues à la seule capacité juridique (ex : on
ne peut contracter avec un mineur).

2° Les différentes catégories de droits réels

a. Les droits réels principaux


Le droit réel confère à son titulaire un pouvoir direct et immédiat sur la chose.
L'exemple type est le droit de propriété, en effet le droit de propriété est le
droit le plus parfait des droits réels en ce sens où il confère les trois
prérogatives de la propriété:
- l'usus
- le fructus
- l'abusus
Il existe des droits démembrés en ce sens où ils confèrent à leurs titulaires une
partie des prérogatives du droit de propriété.
ex : - l'usufruit complété par la nu-propriété. L'usufruit confère l'usus et le
fructus, l'usus étant détenu par le nu-propriétaire. Le conjoint survivant dispose
d'un droit d'usus fruit sur une partie du patrimoine du défunt. Le plus souvent
l'usufruit portera sur le domicile.
- la servitude donne tantôt un droit d'usage au profit du fond dominant sur le
fond servant, tantôt au contraire la servitude vient limiter l'abusus, ainsi les
servitudes de vue empêchent certaines constructions.

b. Les droits réels accessoires


Il s'agit de garanties qui sont prises par un créancier sur un bien. Si le bien est
un immeuble on parlera alors de sûreté réelle immobilière (ex : l'hypothèque),
si la sûreté est prise sur un bien meuble on parle alors de sûreté mobilière,
c'est le gage qui en principe entraîne la dépossession des biens (ex : le mont
piété) mais de plus en plus le bien reste à la disposition du débiteur (ex : un
véhicule), c'est aussi le nantissement qui est un gage sans dépossession d'un
fond de commerce. Pour être efficace ces sûretés doivent être publiées.

B/ Les différentes sortes de biens

Le droit distingue deux catégories de biens, à savoir d'une part les immeubles
et d'autre part les meubles. Est immeuble le sol et tout ce qui s'y rattache. Est
meuble tout ce qui peut être transporté. Cette distinction présente plusieurs
intérêts :
- un intérêt en matière de publicité, en effet tous les droits qui viennent grever
un immeuble doivent obligatoirement être publiés (ex : l'hypothèque, la vente
d'un immeuble).

1° Les immeubles

Il résulte de l'article 517 du Code civil que les biens sont immeubles soit par
leur nature, soit par leur destination ou soit par l'objet auquel il s'applique.

a. Les immeubles par nature


Il s'agit là du sol et de tout ce qui s'y rattache et donc la propriété du sol
emporte la propriété du dessus et du dessous. Cette règle peut poser quelques
problèmes lorsque les biens composant l'immeuble ont des origines
différentes. Ainsi, un couple marié sous le régime légal fait construire une
maison sur un terrain que madame a reçu en héritage. Le terrain est un bien
propre, la maison n'est donc pas un bien commun mais un bien propre à
madame du fait de cette règle.

b. Les immeubles par destination


Il s'agit de biens meubles par nature que le droit considère fictivement comme
des immeubles. Dès lors, ils constituent en quelque sorte l'accessoire de
l'immeuble et sont donc soumis à son régime juridique en vertu de la règle
selon laquelle l'accessoire suit le principal. Il existe à cet égard deux hypothèses
d'immobilisation par destination :
- l'hypothèse légale prévue à l'article 524 du Code civil, selon cet article lorsque
le bien meuble se trouve attaché à perpétuelle demeure il devient immeuble,
pour cela il doit être scellé, rivé ou fixé et que son retrait vienne altérer la
substance de l'immeuble (ex : la cheminée, les trumeaux, les boiseries, les
plaques de cuisson, les piscines…). Un problème s'est posé à propos d'un
immeuble spécialement aménagé pour recevoir un meuble, les propriétaires
vendeurs ont dû restituer la statuette aux acheteurs.
- l'hypothèse jurisprudentielle, les meubles affectés à l'exploitation
économique d'un immeuble deviennent immeubles (ex : un tracteur pour une
exploitation agricole, un château de chambres d'hôtes meublé…).

c. Les immeubles par l'objet auquel ils se rapportent


Il s'agit là des droits qui portent sur des immeubles et qui donc deviennent des
droits immobiliers, à savoir l'usufruit, les servitudes.

2° Les meubles

Il existe trois catégories de meubles.

a. les meubles par nature


Cette catégorie recouvre toutes les choses qui peuvent être déplacées (à
l'exclusion des meubles meublante).

b. les meubles par anticipation


Il s'agit là d'immeubles que l'on va considérer comme meubles dans le but de
les soumettre au régime juridique des meubles (pour une vente). Il s'agit
notamment des récoltes vendues sur pieds (ex : un producteur de roses,
lorsqu'il vend par anticipation vend des roses comme meubles alors qu'elles
sont à l'état d'immeubles , les maisons vendues pour être démolies).

c. les meubles par détermination de la loi


La loi attribue la nature juridique de meuble à des biens qui n'ont pas
d'existence matérielle et que l'on qualifie de meubles incorporels.
" Il s'agit, en premier lieu, des droits intellectuels qui recouvrent trois
catégories :
- la Propriété Littéraire et Artistique (PLA) permet à l'auteur d'une œuvre
littéraire ou artistique de tirer profit de son œuvre en vendant les droits
d'exploitation de celle-ci (ex : " La bicyclette bleue " de Régine Desforges pour
faire un téléfilm).
- la Propriété Industrielle permet à un inventeur de protéger son droit sur
l'invention, notamment par l'intermédiaire du brevet. L'inventeur peut soit
exploiter lui-même ce brevet, soit le vendre. Les marque relèvent également de
la propriété intellectuelle, en effet elle peut être exploitée ou cédée. La marque
peut être nominative (ex : Renault, Inès de la Fressange), dessinée (ex : logo de
Nike) ou musicale (ex : Dim).
- la Propriété Commerciale ne signifie pas que l'on est propriétaire de son fond
de commerce mais que le commerçant a droit au renouvellement de son bail
commercial, à défaut, il doit percevoir ce que l'on appelle une indemnité
d'éviction, celle-ci étant souvent exempte car il faut verser l'équivalent d'une
année de chiffre d'affaire.
" Les créances et les droits d'associés, il en existe deux sortes à savoir les
actions et les obligations :

" Les nouveaux biens (ex : les slogans, les idées publicitaires…).

C/ Le droit de propriété

Le droit de propriété est défini à l'article 544 du Code civil comme le droit
d'user, de jouir et de disposer de la chose de la manière la plus absolue pourvu
que l'on n'en fasse pas un usage contraire aux lois et aux règlements. Par
ailleurs, la déclaration de 1789 précise que le droit de propriété est un droit
inviolable et sacré. A l'heure actuelle, c'est un droit constitutionnel.

1° Les prérogatives du propriétaire

a. Les caractères du droit de propriété

a.1 Le caractère exclusif


Cela signifie que le titulaire du droit de propriété peut utiliser seul son bien. Il
existe des limites comme les servitudes de passage, de même, certaines
législations (ex : en Suisse on oblige les propriétaires de forêt à laisser les gens
aller librement).

a.2 Le caractère perpétuel


Cette affirmation repose sur deux principes :
- la propriété ne s'éteint pas par le non-usage. En effet, lorsqu'un propriétaire
n'utilise pas son bien en aucun cas on ne peut lui prendre ou lui reprendre ce
bien. Toutefois, si un tiers vient profiter de la négligence ou de l'absence du
propriétaire et utilise à son tour le bien, au bout de trente ans, ce bien est à lui.
En conséquence, le droit de propriété n'est pas menacé par une prescription
extinctive mais il est menacé au contraire par une prescription acquisitive. A
l'heure actuelle, le droit de propriété se trouve menacé par des lois nouvelles.
Ainsi, une loi oblige les partenaires institutionnels à ouvrir leurs biens aux sans
abris lorsqu'ils ne sont pas utilisés.

a.3 Le caractère absolu


Un droit absolu est un droit qui n'est pas contrôlé, c'est-à-dire qu'il n'est pas
soumis à la surveillance ou à l'avis du juge. Cependant ce principe connaît de
plus en plus de limites :
- les limites légales, certaines lois, en urbanisme et en construction, viennent
limiter les propriétaires dans l'exercice de leurs droits. Ainsi on ne peut
construire où l'on veut (ex : interdiction de construire en littoral), comme l'on
veut (ex : couleurs de la façade, matériaux utilisé pour les toits…).

b. Les composantes du droit de propriété

b.1 Le droit d'usage : l'usus


L'usus permet au propriétaire de tirer toute l'utilité de son bien économique
(ex : cultiver ses terres).
Par ailleurs, l'usus, en principe, est exclusif mais il existe des limites qui peuvent
émaner soit du juge, soit du législateur :
- les limites par le biais du juge reposent sur la théorie d'abus de droit, le juge
va venir contrôler l'utilisation du bien et vérifier qu'il ne nuît pas aux autres et
notamment aux voisins.
- les limites par le biais du législateur, en effet tout le droit de l'environnement
et celui de l'urbanisme contribuent à venir limiter l'usus (ex : le périmètre
classé impose l'avis de l'architecte des bâtiments de France).

b.2 Le droit de percevoir les fruits : le fructus


On appelle fruit tout ce qui est produit à intervalle régulier sur le capital sans
en altérer la substance. Un produit se trouve également prélevé sur le capital
mais il n'est pas régulier et il altère la substance du capital (ex : le charbon).
Il existe trois catégories de fruit :
- les fruits naturels (ex : les châtaignés, les fraises de bois, les champignons qui
ne sont pas récoltés…).
- les fruits industriels (ex : les pommes, les oranges qui nécessitent la main de
l'homme et une récolte importante…).
- les fruits civils (ex : les loyers, les rentes, les dividendes…).
En principe, la propriété du capital emporte la propriété des fruits (l'accessoire
suit le principal), de même la perception des fruits est exclusive et absolue.
Le législateur est venu limiter le fructus, d'une part les fruits industriels se
trouvent fortement limités par des quotas, la jachère ou encore les appellations
contrôlées, d'autre part les fruits civils sont limités avec notamment les limites
d'augmentation de loyer voire les plafonnements.

b.3 Le droit de disposer de la chose : l'abusus


Cela signifie que le propriétaire peut librement faire disparaître son bien de son
patrimoine.
On distingue deux types d'abusus :
- l'abusus matériel, il s'agit de faire disparaître le bien matériellement du
patrimoine par la destruction ou par l'abandon.
- l'abusus juridique, il s'agit de faire passer un bien de son patrimoine dans le
patrimoine d'un tiers par le biais d'une convention tel que la vente, l'échange,
la donation ou l'apport en société.

2° L'acquisition et la conservation de la propriété

L'article 711 du Code civil précise que la propriété des biens s'acquiert et se
transmet par succession, par donation entre vifs ou testamentaires et par
l'effet des obligations.
L'article 712 du Code civil précise que la propriété s'acquiert aussi par
accession, par incorporation et par prescription.

a. Propriété et possession

La possession se définit par la détention ou la jouissance d'une chose ou d'un


droit que nous tenons ou que nous exerçons par nous-même ou par une autre
personne qui le fait en notre nom. On dit que la possession est la situation de
fait alors que la propriété est la situation de droit. Le possesseur au vu et au su
de tous s'affirme propriétaire de la chose.
a.1 La notion de possession
La possession se caractérise par la manifestation concrète et extérieure d'acte
de propriété. On dit alors que le possesseur se comporte corps et âme en
propriétaire. On va exiger de lui qu'il ait à la fois le corpus qui vise tous les actes
matériels qu'un propriétaire a sur son bien (le voleur d'un véhicule a le corpus)
et l'animus qui est le fait de vouloir se considérer et d'être considéré comme le
véritable propriétaire (si le voleur met en vente le véhicule, il a alors l'animus).
Cependant, il faut que la possession ne soit pas viciée. Dès lors que la
possession est sans vice, elle va provoquer des effets.

a.2 Les effets de la possession


Lorsque le possesseur se trouve menacé dans sa possession, il peut agir pour
faire cesser le trouble au possessoire. Lorsqu'il veut faire valoir un droit de
propriété menacé ou acquis, il peut agir au pétitoire. Ainsi, par exemple,
l'action en revendication d'un propriétaire se fera donc au tribunal de grande
instance.

a.3 L'acquisition de la propriété immobilière par la possession


Il faut distinguer deux hypothèses, celle où le possesseur est de mauvaise foi et
celle où le possesseur est de bonne foi. En effet, selon l'hypothèse, le délai de
prescription sera plus ou moins long.

" l'usucapion trentenaire : lorsque le possesseur de mauvaise foi possède,


conformément aux exigences légales, le corpus et l'élément psychologique
qu'est l'animus sur un bien pendant plus de trente ans alors ce bien lui
appartient. Mais pour prescrire, il ne faut pas que la possession ait un vice. A
cet égard, l'article 2229 du Code civil précise que la possession doit être
continue et non interrompue, paisible et publique, non équivoque et à titre de
propriétaire :
- la continuité de la possession s'apprécie en vertu de trois paramètres que
sont d'abord l'interruption lorsque le délai se trouve arrêté par un événement
naturel (ex : la mort du possesseur, le départ du possesseur pour un durée au
moins égale à un an) ou par une interruption civile quand le véritable
propriétaire fait une action, ensuite la jonction qui permet de joindre deux
délais de possesseurs successifs afin d'avoir la possession du bien (ex : le père
prescrit pendant 18 ans et qu'il décède, son fils devra prescrire pendant 12 ans
pour obtenir la possession d'un bien) et enfin la suspension qui signifie que l'on
ne peut pas prescrire contre quelqu'un qui ne peut se défendre (ex : un mineur,
un adulte incapable).
- la possession doit être paisible, le droit ne tire aucune conséquence d'une
possession violente (ex : séquestration, meurtre du propriétaire).
- la possession doit être non équivoque, cela signifie qu'il ne doit pas y avoir
d'incertitude lors de la prise de possession.
- la possession doit être publique, c'est-à-dire qu'elle ne doit pas être
clandestine.

Lorsque la possession réunit toutes les conditions, au bout de trente ans, la


propriété est acquise. L'usucapion produit alors un double effet :
- un effet translatif, le bien va passer du patrimoine du véritable propriétaire
dans celui du possesseur.
- un effet rétroactif, tous les actes accomplis sur ce bien seront réputés avoir
été faits par le possesseur en tant que propriétaire et seront donc validés (ex :
les loyers perçus lui seront définitivement acquis).

a.4 L'acquisition de la propriété mobilière par la possession


Selon l'article 2279 du Code civil " en fait de meuble possession vaut titre ", ce
qui signifie que la vente de meubles n'étant pas soumise à un formalisme strict
notamment concernant la rédaction d'actes, elle se fait par simple tradition.
Dès lors, le possesseur du meuble est présumé être propriétaire du meuble.

" Il faut une dépossession volontaire


Il faut que le véritable propriétaire ait remis la chose de son plein gré à un
individu qui l'a revendu à un sous-acquéreur. Dès lors, plusieurs situations sont
à envisager :
- le détournement, le vrai propriétaire a alors remis la chose en vertu d'un
contrat (ex : location, prêt, dépôt) et le possesseur ne rend pas la chose.
- l'annulation d'un contrat, la chose a été vendue mais le contrat a été annulé
ultérieurement et celui qui a acheté la chose ne la rend pas.
- la close de réserve de propriété (CRP) qui est une close qui subordonne le
transfert de propriété au complet paiement du prix, tant que le prix n'est pas
payé l'acheteur n'est que possesseur mais rien ne s'oppose à ce qu'il revende
les marchandises achetées (ex : un fournisseur vend avec CRP à un débiteur qui
les revend à un sous-acquéreur qui s'il est de bonne foi peut invoquer 2279, le
fournisseur quant à lui peut revendiquer le prix).

" Le possesseur doit être de bonne foi.


Elle consiste soit dans la croyance que les marchandises ont été acquises du
vrai propriétaire, soit dans l'ignorance de l'existence de la close de réserve de
propriété. La bonne foi est toujours présumée et donc c'est à celui qui allègue
la mauvaise foi de la prouver. La bonne foi s'apprécie au moment de la prise de
possession.

Lorsque les conditions de l'article de 2279 se trouvent réunies, cet article


produit un double effet :
- un effet translatif, le possesseur est réputé être propriétaire comme s'il avait
acquis le bien dans les conditions normales.
- un effet probatoire, c'est-à-dire qu'il emporte présomption de propriété au
profit du possesseur.

b. Les autres modes d'acquisition de la propriété

b.1 L'acquisition de la propriété par l'accession


Il s'agit de la règle selon laquelle l'accessoire suit le principal, en cas de
construction par un tiers sur le terrain d'autrui on envisage deux solutions :
- remise des parties en l'état, c'est-à-dire la destruction de l'édifice
- l'attribution au profit du constructeur d'une indemnité dans l'hypothèse où
celui-ci est de bonne foi

b.2 Le transfert de propriété par convention


Il s'agit de l'échange ou de la vente, opère alors un contrat. Pour immeuble, le
contrat doit être réalisé en forme authentique pour pouvoir publier.

II/ La preuve des faits et actes juridiques

Un fait juridique est un événement involontaire qui produit des effets


juridiques (ex : le passage à la majorité, un accident).
L'acte juridique est en revanche un événement volontaire qui produit des effets
juridiques (ex : le mariage).

A/ Les principes généraux du droit de la preuve

1° La charge de la preuve

Lors d'un procès se rencontrent trois personnages, le demandeur, le défendeur


et le juge. Il s'agit de savoir sur qui va peser la charge de la preuve.
On distingue deux procédures :
- la procédure inquisitoire, le juge va chercher des preuves et l'initiative du
procès émane du juge
- la procédure accusatoire, l'initiative appartient au partie et la charge de la
preuve pèsera tantôt sur le demandeur, tantôt sur le défendeur

a. Le rôle du juge
En procédure accusatoire, le juge a un rôle neutre, passif : il écoute les parties
et reçoit leurs preuves.
L'évolution contemporaine fait que la procédure est de plus en plus souvent
inquisitoire. Ainsi, l'instruction préalable est obligatoire en matière criminelle,
facultative en matière délictuelle et très rare en matière contraventionnelle. Le
juge d'instruction a alors un rôle actif en ce sens où c'est lui qui va chercher les
preuves.
Mais en matière civile, le juge assis peut demander des expertises.

b. Le rôle des parties


Selon l'article 1315 du Code civil, celui qui réclame l'exécution d'une obligation
doit la prouver. Dès lors, la charge de la preuve va peser d'abord sur le
demandeur et puis s'il arrive à prouver qu'il a raison alors la charge de la
preuve va peser sur le défendeur et ainsi de suite pendant tout le procès.

2° L'objet de la preuve

Les prétentions des parties se fondent tantôt sur des faits juridiques, tantôt sur
des actes juridiques. Dès lors, l'objet de la preuve va porter sur un fait ou sur un
acte. Parfois, il est difficile d'apporter cette preuve, dès lors la loi vient au
secours du plaideur par le biais de présomptions légales.

a. Les présomptions légales


Il s'agit là de déduire d'un fait connu un fait inconnu. Ainsi l'article 312 du Code
civil précise que l'enfant conçu pendant le mariage est présumé être du mari.

b. La force probante des présomptions légales


Il faut distinguer selon la nature de la présomption, en effet il existe deux
sortes de présomption :
- la présomption simple ou relative qui supporte la preuve contraire (ex : la
paternité).
- la présomption irréfragable qui ne supporte pas la preuve contraire (ex :
l'autorité de la chose jugée en matière civile même si le jugement est erroné).
B/ Les divers modes de preuve

Notre système de procédure civile repose sur la légalité des modes de preuve,
le juge ne peut accepter un mode de preuve qui ne serait pas prévu par la loi.
Cependant, ce principe tend à se restreindre au profit de la liberté de la preuve.
Ainsi, en matière commerciale la preuve est totalement libre. En matière civile,
en revanche, l'écrit est exigé pour tout acte juridique supérieur ou égal à 5000
francs.

1° La preuve par écrit ou preuve littérale

a. Les formes de l'écrit


Il existe deux formes :
- l'acte authentique, selon l'article 1317 du Code civil, est celui qui a été reçu
par un officier public ayant le droit d'instrumenter dans le lieu où l'acte a été
rédigé et avec les solennités requises (ex : un notaire est habilité à faire des
actes authentiques)

b. La force probante de l'écrit


L'acte authentique fait pleine foi de la convention, le juge ne peut donc
contester cet acte. La partie doit alors inscrire l'acte en faux et donc prouver
que cet acte est un faux.
L'acte sous seing privé a une valeur inférieure à l'acte authentique car il ne fait
pas foi de son origine (un crime). Dès lors, le plaideur qui conteste l'acte doit
alors démontrer qu'il s'agit d'un faux en écriture privé (un délit).

2° La preuve par témoin et présomption

a. Les règles de principe


Un écrit, en matière civile, est exigé pour tout acte de valeur supérieure ou
égale à 5000 francs. Il est possible de prouver outre ou contre l'écrit.

b. Les exceptions au principe


Parfois, il y a une impossibilité de fournir l'écrit. Cette impossibilité peut être
soit matérielle (ex : perdue, brûlée), soit elle peut être morale (ex : liens
d'amitiés, famille). Dans ce cas, le juge admet le commencement de preuve par
écrit (ex : lettre, embauche d'un privé, facture) qui devra être complété par un
autre mode de preuve (ex : des témoins).
3° Les modes de preuve secondaires

a. L'aveu
L'aveu est considéré comme reine des preuves en matière pénale.
Il existe deux types d'aveu en matière civile :
- l'aveu judiciaire réalisé dans le tribunal devant le juge
- l'aveu extrajudiciaire réalisé hors du tribunal

b. Le serment
Le serment consiste à jurer que ce que l'on allègue est vrai. C'est un mode de
preuve de moins en moins pratiqué. On distingue deux types de serment :
- le serment décisoire à l'initiative du plaideur
- le serment déféré d'office à l'initiative du juge

LES OBLIGATIONS

Il s'agit là de réparer les lésions patrimoniales ou extrapatrimoniales qui ont été


subies par une personne du fait d'une autre personne. Le fondement de la
responsabilité délictuelle se trouve dans l'article 1382 du Code civil qui énonce
que: " tout fait quelconque de l'homme qui cause un dommage à autrui oblige
celui par la faute duquel il est arrivé à le réparer ". L'article 1383 concerne la
responsabilité quasi-délictuelle, il précise que la faute peut-être due à la
négligence ou à l'imprudence.

A/ Le dommage

1° La réparation du dommage

a. Les catégories de dommages réparables


On distingue trois sortes de préjudices :
- le préjudice matériel, il s'agit de l'atteinte à un droit patrimonial (ex : la perte
d'un véhicule, d'un salaire). On parle, à cet égard, de manque à gagner lorsqu'il
s'agit de la disparition d'une source de revenus. On parle de lésions directes
lorsqu'il y a perte d'un bien existant (disparition par vol ou par destruction).
- le préjudice moral, il constitue une atteinte à un droit extrapatrimonial tel que
la dignité, le nom, la vie privée. Par ricochet, la jurisprudence lui a lié le
préjudice affectif.

b. Les caractères des préjudices réparables


Pour être réparé un préjudice doit répondre à deux critères :
- il doit être actuel et certain, il doit être actuellement constaté même si pour
l'évaluer il faut attendre le futur (ex : un bébé rendu stérile). La jurisprudence a
développé une nouvelle notion qui est la perte de chance, il s'agit pour la
victime de ne pas pouvoir courir sa chance à cause de l'accident (ex : un
étudiant envoyé à l'hôpital qui ne pourra pas passé des concours, l'affaire
Perruche concerne la perte de chance de se faire avorter qui est une indemnité
réalisée au nom de la mère pour qu'elle puisse élever son enfant).

2° La mise en œuvre de la réparation

a. L'action en réparation
Deux juridictions sont compétentes :
- la juridiction civile où la victime bénéficie d'un délais de prescription de trente
ans.
- la juridiction répressive où la faute se confond souvent avec une
contravention, avec un délit ou avec un crime. La victime pourra alors saisir la
juridiction répressive en se constituant partie civile. Lorsque le faute est aussi
une faute pénale plusieurs règles s'appliquent. Tout d'abord le délai de la
prescription est celui de la faute. Ensuite, le criminel tient le civil en l'état, tant
que la juridiction répressive n'a pas statué, le juge civil ne peut pas statuer à
son tour et doit donc attendre. Enfin, il y a autorité de la chose jugée du
criminel sur la chose civile, en effet si le juge a relaxé le juge civil ne pourra plus
indemniser, il faudra au mieux trouver une faute civile distincte.

b. Les modes de réparations


Il s'agit là de faire disparaître toutes les conséquences du dommage. La
réparation pourra se faire soit en nature, soit en équivalent. Le juge, quant à
lui, doit réparer tout le préjudice et rien que le préjudice. Si l'état de la victime
s'aggrave, il sera possible de recourir à une nouvelle indemnisation. Si l'état de
la victime s'améliore, en aucun cas elle n'aura à restituer une partie de son
indemnisation.

B/ Le fait générateur de la responsabilité

Pour qu'il y ait responsabilité il faut d'abord et avant tout une faute. Celle-ci se
définit comme un manquement à une obligation préexistante, elle peut avoir
un contenu légal ou un contenu indéterminé de prudence et de diligence. Dans
cette hypothèse, le juge aura recours à deux méthodes pour apprécier la faute,
soit il apprécie la faute in concreto c'est-à-dire au cas par cas en appréciant le
comportement global de l'individu, soit il apprécie le comportement in
abstracto c'est-à-dire qu'il va se référer à un standard soit du bon père de
famille, soit du bon professionnel. Parfois cependant il est difficile de savoir qui
a commis la faute, on a alors du mal à établir le lien de causalité entre la faute
et le dommage. Dans cette hypothèse, le juge pourra déplacer la cause du
dommage (ex : la cours de cassation dans l'arrêt Bertelot).

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