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COMPORTEMENT DYNAMIQUE DES

PASSERELLES
Wassodev HOORPAH - JIS 2005

N°
1 Des passerelles pour piétons avec des élancements de plus en plus grands sont construits de
nos jours et essentiellement en structure acier. Les actions exercées par les piétons sur ces
passerelles peuvent entraîner des phénomènes vibratoires. Ces vibrations ne sont
généralement pas préjudiciables pour la structure, mais ils peuvent créer une sensation
d'inconfort pour l'usager.
Les recherches récentes menées par différents groupes ont permis de définir une
méthodologie de conception. Cette méthodologie d'analyse et des recommandations a pour
but de guider le projeteur d'une passerelle neuve pour la prise en compte des effets
dynamiques.
2 Voici le sommaire de la présentation.
L’introduction montre la présence importante de l’acier dans les passerelles de grande portée
(90 %)
Vient ensuite une définition de la problématique des charges piétonnières sur les ouvrages
souples.
Puis, nous présenterons les recherches récentes et en cours avec des exemples d’ouvrages
et surtout une présentation de la méthode de conception dynamique.

3 L’origine du problème de vibration des passerelles remonte à la nuit des temps avec les
passerelles primitives dites à liane. Pour empêcher toute oscillation on a construit des
ouvrages massifs comme celui-ci! Mais il faut alors faire l’impasse sur l’esthétique.

4 L’acier permet une expression architecturale et structurelle sans limite avec des formes
géométriques et aériennes. Du fait des faibles charges et aussi du souhait des maîtres
d’ouvrages pour construire des ouvrages symboles voir iconiques.
Dans ce dernier cas, l’acier donne le plus grand choix avec des structures élancées de
grandes portées susceptibles de vibrer.
Si les passerelles vibrent, ce n’est pas parce qu’elles sont en acier.

5 Du fait de leur légèreté ces passerelles ont un comportement vibratoire très accentué. Les
vibrations peuvent avoir plusieurs origines : le vent sur la structure , le souffle du trafic poids
lourd en dessous…

6 …ou encore les piétons eux-mêmes : la marche d’un piéton, les cyclistes, la déambulation
d’un groupe, ou la marche cadencée d’une foule…

7 …la course volontaire ou forcée, ou encore des excitations délibérées qualifiées de

vandalisme comme le saut aux endroits sensibles : ancrage des haubans sur le tablier par
exemple.

8 Toutes ces activités engendrent des forces dynamiques dans l’ouvrage qui réagit par des
oscillations (dans certains cas plus agressives que le trafic routier).
En cas de foule exceptionnelle comme ici sur ce tablier d’un pont de grande portée. On notera
l’apparition des mouvements nettement perceptibles dans la partie chargée par les piétons
alors que l’autre tablier ne bouge pratiquement pas sous l’action des voitures.

9 Contexte
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- Fermeture de deux grandes passerelles en 2000 pour cause de vibrations inconfortables

(passerelle Solférino à Paris et Millenium Bridge à Londres)
- Phénomène de résonance du fait de l’égalité entre la fréquence de marche des piétons et
celle de la structure.
- Phénomène « nouveau » de la synchronisation latérale des piétons avec les mouvements de
la structure.
- Insuffisance des règles nationales et européennes sur le sujet, même pour les vibrations
verticales.
- Création d’un groupe de travail Sétra/AFGC afin de réaliser un guide de comportement
dynamique des passerelles piétonnes (initié par l’OTUA)
- Essais sur ouvrages et en laboratoires.

10 Les vibrations ne sont pas l’apanage d’un matériau particulier. Le comportement dynamique
résulte beaucoup plus des caractéristiques géométriques (portée, hauteur, largeur) et
mécaniques (inerties et raideurs du tablier et des piles).
Ce graphique montre que les ouvrages béton, métalliques ou mixtes ne se différencient guère
dans les portées comparables, mais le métal prédomine dans les grandes portées
L’essentiel est surtout de remarquer que la majorité des passerelles ont des fréquences
verticales en dessous de 5 Hz et sont potentiellement excitables à la résonance par le premier
ou deuxième harmonique de la force piétonnière

11 Les vibrations latérales sont aussi possibles du fait du transfert des charges piétonnières
alternativement sur chaque jambe.
Ceci excite les ouvrages à des fréquences moitié des valeurs critiques pour le phénomène
vertical. Ce graphique positionne la passerelle du Millénium bridge, la passerelle Solférino
ainsi que le futur franchissement de Bercy Tolbiac (la passerelle Simone de Beauvoir
aujourd’hui terminée).
A ces fréquences très basses apparaît un phénomène nouveau qui va au delà de la
résonance.

12 Le problème a été perçu à la Passerelle Solférino.

La portée de 103 mètres avec la configuration particulière transversale du tablier a donné lieu
à des oscillations le jour de l’inauguration.
Cette passerelle a été fermée pendant une année pour réaliser des études complémentaires
et effectuer des travaux des renforcements.
- Mise en place des amortisseurs 0,46 M€ pour un coût total de 14,9 M€ soit +3 % du prix de
l’ouvrage.

13 Des essais récents comportaient les différents cas de sollicitation piétonnière : marche,
course, saut à des fréquences critiques et à des positions les plus pénalisantes dans la
déformée modale.

14 Parallèlement à Londres, la passerelle du Millénium sur la Tamise a connu des vibrations plus
spectaculaires : même scénario : inauguration puis fermeture pour études et renforcements
- Mise en place des amortisseurs 5 M£ pour un coût total de 18 M£ soit +27 % en plus.

15 Ces deux cas d’école ont fait ressortir un comportement structurel assez peu connu jusqu’ici :
la synchronisation entre les mouvements des piétons et les oscillations transversales des
tabliers des passerelles.

La façon de marcher se modifie avec l’amplitude et la fréquence des vibrations.

Comme le montre ces images : d’abord on ne marche plus droit mais en serpentant, puis on
écarte les jambes. Conséquence, une synchronisation se créée entre les piétons et le tablier.

Remarque : les forces latérales exercées par les jambes augmentent avec les oscillations.

16 Cette expérience réalisée dans une université italienne montre bien l’adaptation de la marche
à l’amplitude des mouvements latéraux.
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17 D’autres essais menés à Paris aussi au Laboratoire Régional des Ponts et Chaussées du
Bourget par le Groupe de Travail SETRA-AFGC étaient plus orientés vers l’effet de
synchronisation qui conduit à une amplification du mouvement latéral.
Il s’agit ici d’une plateforme rigide accrochée à 4 lanières d’acier et pouvant se déplacer
uniquement dans le sens transversal.

18 En faisant défiler un certain nombre de piétons sur la plateforme à des fréquences

spécifiques, on mesure la force latérale appliquée au tablier par ces piétons.

19 Sur le plan calcul, il s’agit de l’application d’une force dynamique avec une variation spatio-
temporelle, pouvant être décomposée en série de Fourrier.
La fréquence latérale est la moitié de la fréquence verticale et longitudinale. En fonction de la
vitesse, les courbes se modifient.

20 Voilà les courbes correspondantes.

21 Charges piétonnes / foules aléatoires

Foule de piétons : additions de piétons ayant chacun une position, une fréquence, une
phase...
L’amplitude de l’ensemble n’est pas la somme des amplitudes individuelles.

22 Modélisation d’une foule de N piétons par une foule équivalente de N eq piétons (<N), tous en
phase, à la même fréquence et disposés régulièrement le long de la passerelle.
Sommation des amplitudes pour ces Neq piétons

23 Simulations numériques réalisées pour déterminer ce nombre N eq en fonction de N, de la

portée et largeur de l’ouvrage, de l’amortissement, de la forme des modes propres…
Reproduction du même test un grand nombre de fois et recherche d’une valeur
caractéristique.

24 •Synchronisation forcée des piétons

- – en cas de mouvements latéraux sensibles, les piétons ont tendance à se « mettre au pas »
et à se caler sur les mouvements de la structure : effet de résonance amplifié.
- – analyse des essais menés sur une maquette en laboratoire et sur la passerelle Solférino :
o observations qualitatives et quantitatives : effet de seuil, disparition des composantes de
charge des autres modes et concentration sur le mode latéral.
o l’amplitude de l’action du piéton est inchangée : l’augmentation de l’effet global provient
bien d’une synchronisation des piétons avec la structure (et donc entre eux) et non d’une
augmentation des chargements individuels
o transformation des accélérations mesurées en un nombre de piétons équivalent
« instantané » et observation d’un seuil de changement de régime.

25 Le déclenchement des grandes oscillations survient à partir d’un certain seuil qui peut être
qualifié de point de bifurcation d’équilibre car ce phénomène peut être perçu comme une
instabilité aussi.
Là deux écoles existent : les anglais ont travaillé sur un nombre critique de piétons ; en
France on utilise la notion d’accélération critique du tablier.

26 En France, le groupe de travail avait également pour but de mettre au point un guide de
conception dynamique des passerelles. La démarche est schématisée par cet organigramme
qui utilise la notion de classe de passerelles pour définir les types de justifications.

27 Que faire en cas d’oscillation excessive ?

La solution radicale consiste à installer des amortisseurs.
Ici au Millénium bridge de Londres, le renforcement est effectué par des amortisseurs
visqueux. Surcoût de + 27% par rapport au prix initial de 18 M£.
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28 Parce que les portées sont grandes, quelques passerelles en acier récentes ont nécessité des
amortisseurs pour pallier aux risques d’excitation latérale synchrone.
Ici une passerelle au-dessus des pistes d’avion à Gatwick en Angleterre.

29 Les amortisseurs de ce tablier sont composés de 8 bassins en inox avec des lames de
hauteur ajustable.
Chaque bassin possède plusieurs amortisseurs hydrauliques efficaces dans la plage 0,4 à
1,3 Hz.
Le liquide est de l’eau chlorinée.

30 Ici, une passerelle tout en acier à l’entrée de Venise au-dessus d’un giratoire : 2 portées de
72,5 m avec des fréquences autour de 2 Hz.
La conception statique du tablier a été revue pour améliorer la rigidité transversale :
haubanage latéral du pylône, bracons sous le tablier aux abouts – tout ceci pour modifier les
fréquences.
Ce qui n’a pas empêché la mise en place en place d’absorbeurs dynamiques.

31 Comme le montre ce diagramme des accélérations à différentes fréquences sans et avec

amortisseurs.

32 Ici une passerelle très courbe au-dessus d’un giratoire à Nicosie (Chypre).

33 Ossature, avec un tube courbe, entièrement fabriquée en usine.

34 Diagramme des accélérations mesurées sur site.

35 L’amortissement structurel peut aussi être apporté par les raidisseurs extérieurs rajoutés à cet
effet.

36 Petit détail intéressant : les effets de souffle des poids lourds qui circulent sous l’ouvrage
conduisent à un effet plus agressif sur les oscillations du tablier que les piétons.

37 Voici une image de la passerelle de Bercy Tolbiac (Simone de Beauvoir).

Comme la passerelle Solférino, la circulation a lieu sur deux niveaux. Le fonctionnement
structurel est assez complexe : il s’agit en fait d’une juxtaposition d’un arc comprimé et d’un
caténaire tendu.
Les valeurs de fréquences latérales montrent un grand risque d’oscillations excessives. Cet
ouvrage a aussi fait l’objet d’études en soufflerie pour se prémunir contre les instabilités
aérodynamiques sous le vent turbulent.
Le comportement est celui d’un caisson à la torsion dans les parties de rive. Ceci a été mis à
profit pour créer un amortissement structurel par effet de levier d’encastrement en y plaçant
3 groupes amortisseurs visqueux de chaque côté.
On a aussi prévu des amortisseurs dynamiques accordés vis-à-vis des oscillations verticales
en travée.

38 Voici une photo récente de la travée centrale arrivant à Paris en décembre 2005. La
construction a été terminée en juin 2006.

39 Quelques images encore pour montrer l’utilisation de l’acier pour les passerelles encore
construites aujourd’hui par divers organisions humanitaires.
Je vous laisse juger de la notion de confort dans ces ouvrages en ces régions démunies
d’infrastructures essentielles.
Nos préoccupations de confort avec nos passerelles high tech sont quand même à mettre en
face des préoccupations de survie de ces montagnards népalais

40 ou ici au Pérou.

41 De l’acier de récupération ici en Tanzanie

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42 Recherches en cours
Perception par l’usager – confort suivant BS 6472
–Enquête sur la perception et la sensibilité sur 5 passerelles avec un millier d’interview
•Excitation latérale
•Formules à mettre dans les Eurocodes après fin 2005

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44 L’implication de l’OTUA dans les passerelles s’exerce par le biais des publications techniques
comme le BULLETIN OUVRAGES METALLIQUES, qui a été lancé en 2001 et dont vous
voyez ici les couvertures des quatre derniers numéros.
Dans cette publication sont présentés, à travers de nombreux exemples, les évolutions et les
résultats des recherches liées aux vibrations des passerelles.
Le numéro 1 présente largement la Passerelle Solférino.
Le numéro 2 contient des éléments sur la Passerelle du Millénium.

45 Les conférences internationales sur les passerelles initiées à Paris en 2002, poursuivies à
Venise puis à Porto permettent de faire le point sur la conception des passerelles.
Lors de la conférence « Footbridge 2005 », l’OTUA a organisé un workshop spécial sur le
comportement dynamique.