Les tro peries à répétition

de Lactalis font bouillir les juges

Questions sur le tlé(·ès d'lln béb en 2017. IAJt contaminé laissé scie1nm-ent sur le rnarché.
L ES DEUX JUGES d'ins-
truction saisis de l'aftniro
des salmonelle:s dans le lait en
poudre Lactalis- notamment
pour • tromperie " ct .. ble!!-
sures involontaires ·-ont dé-
couvert, en épluchant leurs
dossiers, une histoire des plus
délicates. En avril 2017, une
petite fille de 6 semaines eRt
décédée. EUe consommait du
lait infantile Milumel (Lacta-
lis). Aucun lien n'est pour l'ins-
tant établi entre ~;a mort ct cc
produit.
" Lo Canard • a cu accès à
un compte rendu adressé à la
direction du groupe laiti<'r par
sa directrice médicale, rédigé
le 14 décembre 2017. La mère
de l'enfant décédé l'a contact.œ,
dit~lle, car elle a établi un rup-
prochement entre ce drame et
ti.Rferont les parlies prena
y compri.~ les a$8Ureurs "· Le
29 décembre 2017 .la mèr du
lence la presence, dans le
même lot, de Cronobacter
- une bactérie peu connue.
courant à la technique d'ana·
lyRe la plus basique, " sans
ajout d'autres méthodes d 'm ·
prise sc oontentt>m d'en véri-
fier une seule. Duns un ~pais
rapport remis aux magistrats,
nuurrû;~on reçoit un mail de sUHceptible de provoquer chez uestigation "· Embêtant, vu sur lequel • Le Canard" a pu
Lactali!!. On hù annonce e les nouveau-né!! méningites, que même les méthodes les mettre la palme, le Scrv1ce
les analyses, effectuée à septicémies et autres cntéro- plus pointues ne sont pas fia- national des enquét{'M de la
l'époque par le groupe su le colites. Des broutilles? bles à 100%. La recherche de Répression des fraudes IDGC-
lot d'où est issue la boites s- La Remaine !'luivante,la tou- salmonelle>~ ne donnera rien. CRF> s'étonne que les ré!ipon-
peclc, ne montrent aue e bib recontacte la m~rc de fa- Mise en boites sables du groupe laitier, ,, pour
contamination tt la salmon le. mille pour l'informer que la qui ce ca:~ était considéré
poudre infantile ~ui lui reste Lactalis conserve des boites comme faisant ~rtie des plu,.,
Analyses au rabais sera, ainsi qu'eUe la demandé, témoins de sa production pour sensible:;, ont {ait le <'hou de
Prière de se contenter de prélevée pour analyse en pré- procéder à des analyses si un limiter le nombre d'échan-
cettc affinnatio . Mais l'entre- scncc d'un huissier. Dans un problème est dét~cté après la tillons et de n'utili.<wr qu'une
priRe ne dit pas tout: comme courriel (4/1), le directeur qua- commercialisation. Or, sur ses seule méthode d'anal)lse "· Par
l'établiront plus tard les en- lité du groupe donne consigne 43 bo1tes témoins correspon- souci de simplificallon, ~;ans
quêteurs, elle passe sous si- d'ausculter l'échantillon en re- da nt au lot suspect, l'entre- doute... c. L.
.------~ ~ - Lait tourné et poudre aux yeux
PRtS pluJ d'un an d'enquêle, les dé- Lactali~ ao;sure le o;ervlce minimum: il pro- étiquetée'>, non conforme<; ou retournées
A couvertes accablant Lactalis se multi- cède au rappel des ~ulcs
boîtes suspectes, par les clients pour dherses
plient,les manquements allant de la simple lardant à retlru du rommerce un autre lot ration, raconte-t-il, se
L rnl~ns.
ra~ait
«sans gan/)
·o~­

l'affaire des salmonellos <dans
l'u.crine de Craon, en Mawnne 1,
qui vient alors d'éclater. Et
d'ajouter:
« Il nya au("une agrl's"ntf~
dans les propos de la maman,
mni.c; elle cherrhe à rompll'ndre
de quoi sa fille est décédée et
souhaite faire analyser la
demz-boite de lmt qui lut
reste. »
Sitôt prévenu, le directeur
des affaires juridiques du
groupe laitier, par retour de
mail, donne in!ltruction à la
médecin d',, aller uitc " ct de
«définir les prottx:oles qui sa·
dto;invollurc à ha franche tromperie. L'en-
quête de la I>GnJRF citée plus haut !KIU·
ligne ainsi qu'à quatre reprises, entre juillet
et ~ptembre 2017- avant, donc, qu'éclate
la rr~e -,des parents ont prénnu l'entre-
pril.e que leurs oouveau-oés avaient déclaré
une ~l monellose après consommation du
lait infantile. Résultat? Néant. Pourtant,
d'aprh la DG CC RF, l'une, au moiru., del>
réclamations (&"9f17) «aurait dû fain l'objet
d'une attention particulière puisque l't~sint
(aultJpri.rconMÎÇSDnct quelquesjo~ au-
para~vznt dt la dittction de salmor~lks dans
un prllè•ement environnemental».
I>ébut décembre 2017, alors que l'épi-
déntie de salmonellose vient d'être révélée,
L •
que- a~sure la OGCCRF- k groupe sait
contaminé.
Les gendarmes, eux, en ont appris une
bien bonne. Jean-Luc, ancien ou Hier à
l 'u~lne de Craon, leur a raconté, sur PV :
«On prenait une lingent bleue qu'on imbi-
bail dt çol•ant destini aw: imprimantes à
jtt d'encre et 011 frottait /eç boites pour
effacer l'intégralité Je:. marquage:., ce qui
rt~ient d maçquer la traçllbilill du produil. »
La manip visait, d'après lui, à« redonner"
au produit « un :.uppliment de vie de
six mois»,
Jeun-Luc affirme au~i uvoir • assisté»
ou« parlicipl à dtsjournln entières de rl-
014verture de boftts de poudre de /Qit » mal
,; masqutt "• dans « un tt :.one ab.mlument
pas propre ». La poudre récupérée était
remise dans le circuit au niveJtu de la tour
de séchage.
Plusieun. autres salariés ont confirmé
aux enquêteurs la pratique de réouverture
des boîtes eu indiquant que la poudre ré-
cu~rée était soit décla'isinéc en filière ani-
male, soit • refondue». En ria Ir: commer·
cialisée après aH>ir été reconditionnée. Une
pratique qui, à en croire les cadres de Lac-
talis cuisinés par les pandores,uurait ce~
fln 2017. Les mêml'l> jurent que l'cffaçage
au solvant du code d'IdentitE des boîtes a,
lui, pris fin dès 2015.
Pourquoi, donc, s'Inquiéter pour ~oi peu?