Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
CHAPITRE
17.1 INTRODUCTION
Le dimensionnement hydraulique complet des seuils dissipateurs d’énergie nécessite la réali-
sation séquentielle de plusieurs étapes de prise de décisions et de calculs. La première section
présente ces étapes ainsi que quelques règles de base à respecter pour obtenir un fonctionne-
ment efficace de ces seuils. Chaque étape est reprise par la suite dans le cadre d’exemples.
L’aménagement d’un cours d’eau afin de contrôler son érosion s’avère essentiel lorsque la
vitesse d’écoulement calculée est supérieure à la vitesse maximale d’écoulement que peut
tolérer le sol, soit V > Vmax . Le cas échéant, différents aménagements sont possibles :
1. Creusage d’une nouvelle section (diminution de la vitesse d’écoulement);
2. Ensemencement des talus (augmentation de la résistance à l’érosion des talus et de la
rugosité du cours d’eau, donc diminution de la vitesse d’écoulement);
3. Enrochement du talus et/ou du fond du cours d’eau (augmentation de la résistance à
l’érosion et de la rugosité du cours d’eau, donc diminution de la vitesse d’écoulement
et augmentation de la vitesse maximale permise);
4. Aménagement de seuils (diminution de la pente effective et dissipation ponctuelle de
l’énergie hydraulique).
Une fois le choix arrêté sur l’aménagement de seuils, la pente maximale du cours d’eau est
déterminée. Celle--ci est la pente pour laquelle la vitesse d’écoulement est égale à la vitesse
maximale (Vmax ) que le sol peut tolérer. Le calcul est effectué à l’aide de l’équation de Man-
ning en utilisant le débit de projet Q et les caractéristiques de la section (A et Rh) et de rugosité
(n) du cours d’eau déterminés à la section précédente :
Q2 n2 [17.1]
S1 =
A 2 Rh 43
Le choix de la hauteur du seuil est guidé par des considérations de différents ordres.
Efficacité hydraulique
Du point de vue de l’efficacité hydraulique la hauteur du seuil, h, devrait rencontrer les deux
exigences suivantes (figure 17.1) :
1. La hauteur du seuil devrait être supérieure à 1.2 fois la hauteur critique d’écoulement
sur la crête du déversoir yc (h > 1,2 yc ). Cette condition assure que le ressaut sera de
type direct, soit F1 > 1,7, d’où une dissipation minimale de l’énergie hydraulique.
2. La cote de la crête du seuil devrait préférablement être supérieure à la cote de l’eau en
aval du seuil (h > h’ + y3 ). Cette condition assure que le déversoir est complet et donc
que l’écoulement en amont du seuil n’est pas influencé par le niveau de l’eau en aval.
ÉTAPES NÉCESSAIRES A LA CONCEPTION DES SEUILS 231
S’il s’avérait impossible de remplir cette condition, on devra cependant s’assurer que
la cote de l’eau sur le seuil soit supérieure à la cote de l’eau en aval du seuil (h + yc >
h’ + y3 ). Si cette condition n’est pas respectée, aucun ressaut n’a lieu et donc peu
d’énergie est dissipée par le seuil.
Conditions à respecter :
1. h > 1,2 yc ; et,
2a. h > h’+ y3 (préférablement) ou
2b. h + yc > h’ + y3 (absolument)
Figure 17.1 Contraintes sur la hauteur du seuil afin de maintenir une efficacité mini-
male de la dissipation de l’énergie hydraulique.
Dans tous les cas, afin de déterminer la hauteur du seuil qui répondra le mieux aux exigences de
la faune existante ou souhaitée, il est conseillé de consulter des spécialistes en aménagement
de la faune aquatique.
17.2.5 Déversoir
Rôle du déversoir
Le déversoir remplit deux tâches importantes dans le fonctionnement du seuil. D’abord il
concentre l’écoulement vers le centre du cours d’eau évitant ainsi l’affouillement des berges.
Puis, s’il a été choisi judicieusement, il permet également de créer une zone de courant lent en
amont du seuil, limitant la vitesse d’écoulement à une vitesse inférieure à la vitesse maximale
permise. Le déversoir évite donc de devoir protéger cette partie du cours d’eau.
Forme du déversoir
Les matériaux utilisés pour la construction du seuil de même que le fonctionnement qu’on en
désire conditionnent le choix de la forme du déversoir (figure 17.2). Ainsi, une structure en
bois ou en gabions s’adaptera bien à un déversoir rectangulaire tandis qu’une structure en
enrochement ou en blocs de béton supportera facilement un déversoir de forme trapézoïdale.
Pour ce qui est de l’écoulement obtenu, par l’augmentation de sa longueur au miroir avec une
augmentation du débit, le déversoir trapézoïdal limite la hauteur d’eau en amont du seuil en
comparaison avec le déversoir rectangulaire. Quant au déversoir à section composée
(figure 17.2), il assure une bonne efficacité hydraulique à grand débit grâce à une hauteur
moyenne du seuil élevée tout en permettant, même à petit débit, la migration des poissons par
la section basse et étroite du déversoir.
Dimension
La dimension du déversoir rectangulaire (figure 17.3) se calcule à partir de l’équation sui-
vante :
Q = C B H s32 [17.2]
a) Déversoir rectangulaire;
structure en bois
b) Déversoir trapézoïdal;
structure en enrochement
c) Déversoir à section
composée;
structure en gabions
La dimension de toute autre forme de déversoir s’obtient à partir de la formation de l’état criti-
que sur la crête du déversoir. Cette méthode est moins précise que celle utilisée pour le déver-
soir rectangulaire mais elle représente la seule alternative pratique.
La cote de la crête du déversoir, le débit et le coefficient de débit étant connus, seules restent à
déterminer la hauteur de l’écoulement sur la crête et la largeur de celle--ci. Afin d’assurer que
234 DESIGN DES SEUILS DISSIPATEURS D’ÉNERGIE
la vitesse d’écoulement en amont du seuil soit inféreure à la vitesse maximale permise, il est
possible d’imposer que la hauteur d’eau, juste en amont du seuil, soit supérieure d’au moins
10% à la hauteur normale d’écoulement sur la pente maximale. On fixe du même coup la lar-
geur du déversoir.
La dernière étape dans la conception d’un seuil est le dimensionnement du bassin de dissipa-
tion. Celui--ci se situe directement à la suite du déversoir et permet d’amener l’écoulement à
une cote inférieure tout en dissipant localement le surplus d’énergie hydraulique. Les princi-
paux éléments fonctionnels du bassin de dissipation sont (figure 17.4) :
1. Chute, entre les sections 0 et 1;
2. Dissipation d’énergie, entre les sections 1 et 2 ; et,
3. Jonction au cours d’eau aval, entre les sections 2 et 3.
Chute
Deux types de chute sont utilisés dans les dissipateurs : la chute inclinée et la chute verticale
(figure 17.4). Pour les fins de dimensionnement, il est possible de ne pas considérer la perte
d’énergie durant cette chute : il en résultera un facteur de sécurité plus élevé dans le fonction-
nement du dissipateur. Cependant, il pourra être avantageux, économiquement ou pratique-
ment, de tenir compte de ces pertes d’énergie.
Dissipation d’énergie
La dissipation d’énergie est réalisée au moyen du ressaut hydraulique réalisé dans le bassin
(figure 17.4 a) et b)) ou par simple turbulence dans une fosse de dissipation (figure 17.4 c)).
Jonction
La jonction entre l’écoulement après le ressaut (section 2) et le cours d’eau en aval du seuil
(section 3) nécessite généralement une modification dans la structure. En effet, la hauteur
d’eau y2 nécessaire à la formation du ressaut est presque toujours différente de la hauteur d’eau
y3 , de sorte que l’on doit maintenir artificiellement cette hauteur y2 . Ceci se fait à l’aide de
structures connexes telles que le bassin en dépression et le bassin en dévers dans les cas où la
hauteur y2 est plus grande que la hauteur y3 , ce qui est généralement le cas. Le contre--épi utilisé
dans le bassin en dévers permet de plus de rendre l’écoulement à la section 2 indépendant de
l’écoulement aval à la section 3. La formation du ressaut est alors assurée à tous les débits infé-
rieurs au débit de projet.
Dimensionnement
La jonction entre les sections 2 et 3 est généralement nécessaire pour que le ressaut puisse se
réaliser. Dans le cas d’un bassin en dépression (figure 17.4 a)), on supposera qu’il y a conserva-
tion d’énergie entre les sections 2 et 3. Connaissant les caractéristiques d’écoulement à ces
deux sections, la hauteur h’ sera facilement obtenue. Si, d’autre part, la jonction se fait par l’in-
termédiaire d’un contre--épi (figure 17.4 b)), sa hauteur sera déterminée en le considérant
comme un déversoir (section 17.2.5). On doit cependant noter que l’utilisation d’un contre--
épi nécessite la protection du cours d’eau en aval de celui--ci, contrairement à l’élévation du
fond du cours d’eau.
Finalement, dans le cas de la chute verticale avec fosse de dissipation, la profondeur de cel-
le--ci est évaluée à l’aide de l’équation [16.8] de Veronese ou de l’équation [16.9] Schoklitsch .
Le contre--épi n’est utilisé ici que pour diminuer la profondeur de la fosse. Une protection doit
alors être assurée en aval du contre--épi.
236
Q [17.3]
A min = = 1, 25 m 2
V max
En utilisant l’équation [17.1], la pente maximale devient (figure 17.6) :: S1 = 0,0035 m/m
Figure 17.6 Caractéristiques du cours d’eau après recreusage à la pente d’équilibre. Ecou-
lement uniforme..
II est à noter que cette pente peut s’obtenir par un nouveau creusage du cours d’eau. II s’en
suivra un cours d’eau de section régulière. Par contre, si un seuil formant une saillie sur le fond
du cours d’eau est érigé, la pente d’équilibre sera obtenue par dépôt de sédiments à l’amont du
seuil. Il en résultera un cours d’eau de forme irrégulière, la largeur au fond étant plus élevée
près du seuil (à cause du remplissage) que loin en amont de celui--ci.
Cette hauteur rencontre les exigences posées à la section 15.2.4. En effet, h > 1,2 yc (yc =
0,333 m) et h > h’ + y3 ( ≅0,80 m pour h’ ≅ h/4 et y3 = 0,413 m, hauteur normale d’écoulement
avec la pente maximale).
DS = h = 270 m [17.4]
So − S1
DÉVERSOIR 239
17.6 DÉVERSOIR
Dans cette section, nous étudierons et comparerons le fonctionnement de différents déversoirs
dans les deux situations suivantes :
1. Aménagement de seuils avec recreusage du cours d’eau; et
2. Aménagement de seuils dans un cours d’eau dégradé.
Dans ce cas, le recreusage du cours d’eau se fait avec la pente maximale S1 . Le seuil constitue
alors une ”marche” dans le cours d’eau (figure 17.7) et sa crête est à la même cote que le fond
du cours d’eau.
Figure 17.7 Déversoir trapézolidal sans restriction et avec recreusage du cours d’eau.
La forme et les dimensions du déversoir, de même que le débit étant connus, seule la hauteur
d’eau sur la crête reste à déterminer pour caractériser l’écoulement en amont du seuil. Cette
hauteur s’obtient en supposant la formation de l’état critique sur la crête du seuil, soit :
V =1 [17.5]
g Al
d’où yc = 0,333 m
À partir de cette hauteur d’eau, le calcul de la courbe de remous permet de caractériser l’écou-
lement en amont du seuil, soit la hauteur d’eau (figures 17.9 et 17.11) et la vitesse de l’écoule-
ment (figure 17.10).
240
Déversoir rectangulaire
Ce déversoir impose une restriction à l’écoulement sur les côtés seulement, la crête étant à la
même cote que le fond du cours d’eau. Afin d’évaluer sa largeur, on impose que la hauteur
d’eau en amont de la crête soit supérieure à au moins 1.1 fois la hauteur normale d’écoulement
du cours d’eau à la pente aménagée. La revanche du cours d’eau étant importante, nous choisi-
rons ici que la hauteur d’eau sur la crête est égale à la hauteur normale yn = 0,413 m. D’autre
part, le coefficient de débit est presque maximum, soit C = 2,66. Par l’équation du déversoir, on
obtient la largeur du déversoir :
Q [17.6]
B= = 1, 15 m
C H s32
La hauteur hydraulique au--dessus du seuil Hs est considérée égale à l’énergie totale :
V 2 = 0, 024 m >> H = 0, 50 m
2g
Cette énergie totale est évaluée en considérant que l’écoulement est critique sur le seuil, d’où
yc = 0,333 m et Hs = 3/2 yc = 0,50 m.
Par le calcul de la courbe de remous, la hauteur d’eau (figures 17.9 et 17.11) et la vitesse
d’écoulement (figure 17.10) sont obtenues en amont du seuil.
Les courbes de remous pour ces situations sont présentées aux figures 17.12 et 17.13 et la
vitesse d’écoulement au graphique 17.14.
Figure 17.8 Déversoir rectangulaire dans un cours d’eau dégradé après sédimentation.
Dans le cas de l’aménagement de seuil avec recreusage, les conclusions sont nettes. Des gra-
phiques (17.9 et 17.11), il apparaît que le déversoir trapézoïdal sans restriction procure une
hauteur d’eau inférieure à la hauteur normale d’écoulement de 0,41 m sur les premiers 50 m en
amont du seuil. Ceci se répercute au niveau de la vitesse d’écoulement (figure 17.10). La
vitesse est alors supérieure à la vitesse maximale permise sur cette portion du cours d’eau
(Vmax. = 1.2 m/s), d’où la nécessité de protéger le cours d’eau sur cette distance.
Figure 17.9 Courbes de remous obtenues par différents déversoirs dans un cours d’eau
recreusé.
242
Figure 17.10 Vitesse calculée pour différents déversoirs dans un cours d’eau recreusé.
II est possible de corriger partiellement ce problème en choisissant une pente plus faible que la
pente maximale. La distance à protéger sera moindre mais elle subsistera et, de plus, le nombre
de seuils requis pour aménager le cours d’eau augmentera.
D’autre part, les déversoirs rectangulaire et trapézoïdal permettent de maintenir une hauteur
d’eau supérieure à la hauteur normale et donc une vitesse inférieure à la vitesse maximale per-
mise. Aucune protection du cours d’eau n’est alors requise en amont du seuil.
Il faut également remarquer qu’à une distance supérieure à 100 m en amont du seuil, tous les
déversoirs procurent une hauteur d’eau égale à la hauteur normale d’écoulement.
Dans le cas de l’aménagement de seuils dans un cours d’eau dégradé, les conclusions diffèrent
si la sédimentation a eu lieu ou non (figures 17.12 à 17.14). Lorsque celle--ci s’est réalisée, la
vitesse est toujours inférieure à la vitesse maximale permise et ce, même si à cause de la largeur
variable au fond du cours d’eau, la hauteur d’eau peut être inférieure à la hauteur normale. Par
contre, avant la sédimentation, la vitesse augmente à une valeur supérieure à la vitesse maxi-
male permise à des distances de plus de 200 m en amont du seuil. II y a donc risque d’érosion
dans cette section du cours d’eau. Cette érosion s’estompera au fur et à mesure de la sédimenta-
tion.
243
Figure 17.11 Courbes de remous obtenues près du déversoir par différents déversoirs
dans un cours d’eau recreusé.
Figure 17.12 Courbes de remous obtenues par différents déversoirs dans un cours d’eau
dégradé et avant sédimentation..
244
Figure 17.13 Courbes de remous obtenues par différents déversoirs dans un cours d’eau
dégradé et après sédimentation..
Figure 17.14 Vitesses d’écoulement calculées pour différents déversoirs dans un cours
d’eau dégradé avant et après sédimentation..
245
Dans cette dernière section, nous allons effectuer le dimensionnement du bassin de dissipa-
tion. Celui--ci comprend de façon plus concrète la chute, inclinée ou verticale, le bassin de dis-
sipation lui--même et la structure connexe (figures 17.15 à 17.17). Dans le but de passer en
revue les différents types de composantes, trois exemples sont donnés.
Pour dimensionner les différents bassins de dissipation, nous avons retenu ur seul déversoir,
soit le déversoir trapézoïdal aménagé après le recreusage du cours d’eau (section ). Les condi-
tions d’écoulement pour les sections 0 et 3 sont donc les suivantes
Section 0 :
Hauteur d’écoulement yo = 0,413 m
Vitesse d’écoulement Vo = 1,20 m/s
Énergie spécifique Ho = 0,555 m
Énergie totale Eo = 2,055 m
Section 3 :
Hauteur d’écoulement y3 = 0,413 m
Vitesse d’écoulement V3 = 1,20 m/s
Énergie de vitesse V 23 2 g = 0,073 m
Énergie spécifique H3 = 0,486 m
Énergie totale (p/r base de la chute) E 3 = H 3 + h
Cette combinaison de composantes est illustrée à la figure 17.15. Elle représente la structure la
plus utilisée jusqu’à maintenant au Québec. La pente aval de la chute est de 1:1,5 et le coeffi-
cient de rugosité de Manning est de n = 0,04. Nous supposerons pour ce dimensionnement
qu’aucune énergie n’est dissipée dans la pente de la chute, entre les sections 0 et 1. L’écoule-
ment à la section 1 sera donc régi par l’équation de conservation d’énergie :
E1 = Eo
ou H1 = Ho + h
Q2
y1 + = 2, 055 m
2 g A 21
246
Connaissant le débit Q = 1,5 m3/s, nous trouvons les paramètres d’écoulement suivants :
Section 1 :
Hauteur d’écoulement y1 = 0,107 m
Vitesse d’écoulement V1 = 6,18 m/s
Facteur de forme (k = b/zy1) k= 7,5
Nombre de Froude modifié F1’ = 6,0
Les conditions avant le ressaut étant connues, nous déterminons la hauteur d’écoulement après
le ressaut, y2 , à partir de la figure 13.6, soit y2 / y1 = 7,0. Les paramètres de l’écoulement à la
section 2 sont donc les suivants :
Section 2 :
Hauteur d’écoulement y2 = 0,75 m
Vitesse d’écoulement V2 = 0,52 m/s
Énergie spécifique et totale H2 = E2 =0,764 m
La longueur de la fosse est donnée de façon sécuritaire par la longueur maximale du ressaut :
L = 6, 9 y 2 − y 1 = 4, 4 m
Pour déterminer la hauteur de l’élévation du lit, nous poserons que l’énergie totale de l’écoule-
ment à la section 3 doit être égale ou supérieure (ce cas n’est pas réel) à l’énergie totale à la
section 2, soit :
E 3 = H 3 + h ≥ E 2
soit h ≥ 0, 28 m
Rappelons que la dépression du bassin est essentielle car la hauteur d’eau nécessaire à la réali-
sation du ressaut (y2 ) est supérieure à la hauteur d’eau en aval du seuil (y3 ). Ce dernier paramè-
tre complète donc le dimensionnement hydraulique du seuil.
Il est à noter que si nous avions tenu compte de la dissipation d’énergie dans la chute inclinée,
les résultats auraient été sensiblement modifiés. Considérant que la chute inclinée est un canal
de pente S = 0,667 m/m et de rugosité n = 0,04, nous aurions trouvé, par le calcul de la courbe de
remous, une valeur différente pour yj et par conséquent, de tous les paramètres qui en décou-
lent. Les résultats sont les suivants :
Hauteur d’écoulement avant ressaut y1 = 0,137 m
Hauteur d’écoulement après ressaut y2 = 0,62 m
Longueur de la fosse L = 3,33 m
Élévation du lit h’ = 0,16 m
247
II est donc permis de constater qu’en considérant la conservation d’énergie entre les sections 0
et 1, nous disposons d’une sécurité. accrue quant à la longeur du bassin de dissipation et de
l’importance de l’élévation du lit.
y t y c = − 1, 8 et h y c = 3, 6
L d y c = 3, 9
d’ou L d = 1, 6 m
La longueur de la fosse est donc Ld + L = 6,0 m, où la longueur du ressaut est de 4,4 m (section
15.6.1).
Si nous utilisons un contre--épi pour favoriser le ressaut, sa hauteur sera évaluée en le considé-
rant comme un déversoir trapézoïdal dont la base est approximativement la largeur au fond du
248
cours d’eau. Encore ici, le contre--épi est nécessaire pour la réalisation du ressaut (Y2 > Y3). II
est important de comprendre qu’une élévation du lit aurait également résolu ce problème.
Nous supposons alors la formation de l’état critique sur le contre--épi, donc
V= glA
c
c
Section 4 :
Hauteur d’écoulement y4 = 0,75 m
Vitesse d’écoulement V4 = 0,52 m/s
Énergie totale H4 = 0,764 m
Finalement, par conservation d’énergie entre les sections 2 et 4
E4 ≥ E2
h + H 4 ≥ H 2
donc h ≥ 0, 30 m
Si nous considérons la perte d’énergie lors de l’impact de la nappe avec le fond du cours d’eau,
la hauteur d’eau avant ressaut y1 est obtenue par l’équation [16.3]. Nous trouvons alors les
valeurs suivantes :
y1 = 0,176 m
V1 = 3,50 m/s
F’ = 2,7
k1 = 4,6
y2/y1 = 3,2
y2 = 0,56 m≥≥
V2 = 0.782 m
H2 = 0.59 m
Ld = 1,6 m L = 2,69 m
E 4 ≥ E2
h’ ≥ 0,59 -- 0,462 = 0,13 m
249
Encore ici, le fait de considérer la conservation d’énergie entre les sections 0 et 1 permet une
sécurité accrue dans le fonctionnement du seuil. Cette sécurité est procurée par un bassin de
dissipation plus long et par un contre--épi plus haut.
Dans cette utilisation de la chute verticale, l’énergie n’est pas dissipée par un ressaut hydrauli-
que mais par la diffusion de la nappe dans la fosse de dissipation (figure 17.17). Dans ce cas, la
nappe vient en contact avec l’eau de la fosse à une distance :
x = V o t 01
= Vo 2 h − y 3
g
Vo est la vitesse initiale de l’eau sur la crête, considérée ici comme étant la vitesse critique et,
t01 est le temps de chute de la nappe entre le haut du seuil et la surface de l’eau en aval du seuil.
La profondeur d’excavation du lit est obtenue par l’équation [14.8] de Veronese dans le cas où
les particules composant la fosse de dissipation ont un diamètre d90 inférieur à 17,5 mm et par
l’équation [14.9] de Schoklitsch dans les autres cas. Cette profondeur est donc fonction du dia-
mètre dgo des particules composant le fond de la fosse quand celui--ci est supérieur à 17,5 mm.
Ce diamètre peut être modifié par l’ajout, dans le fond de la fosse, de pierres d’un diamètre
approprié.
Figure 17.17 Chute verticale avec fosse de dissipation utilisant des pierres d’un diamètre
d90 de 100 mm.
17.7.1 Déversoir
Pour les enrochements libres, la forme trapézoïdale pour le déversoir est préconisée. Cette
forme permet de calculer ses dimensions à l’aide de logiciels déjà existants et de plus, elle est
facilement réalisée sur le terrain.
La cote des ailes du seuil, de chaque côté du déversoir, devrait être supérieure de 200 à 300 mm
à la cote de l’eau en amont du seuil. Cette surélévation des ailes permettront d’assurer la pro-
tection de la structure pour des débits supérieurs au débit du projet.
252
La forme de l’enrochement est caractérisée par l’angle amont (α) et par l’angle aval de celui--ci
(θ): Le côté amont de l’enrochement n’étant soumis qu’à une pression hydrostatique, sa stabi-
lité mécanique sera assurée par un angle amont d’enrochement égal à l’angle de repos des pier-
res (φ). À titre indicatif, la figure 11.1 donne l’angle de repos des pierres en fonction de leur
diamètre et de leur forme. Cette figure a été obtenue à partir d’enrochement à granulométrie
SEUIL EN ENROCHEMENT LIBRE 253
uniforme. Dans les cas d’un enrochement à granulométrie étendue, le D85e de l’enrochement
sera utilisé.
D’autre part, à cause de la pression hydrostatique exercée par l’écoulement de l’eau sur les
pierres du côté aval de l’enrochement, l’angle aval de cet enrochement doit être égal ou infé-
rieur à l’angle de repos des pierres. Cette pression est d’autant plus grande que le débit unitaire
(débit par mètre de largeur de crête) est grand. Par contre, la stabilité de l’enrochement du côté
aval augmentera avec le diamètre des pierres et l’angle de repos des pierres utilisées. Cet angle
aval d’enrochement ne peut donc être déterminé qu’en tenant compte de plusieurs paramètres.
Son évaluation est présentée à la section suivante.
La détermination du diamètre des pierres requises pour la partie aval est déterminée par le
modèle développé par Stephenson (1979) (équation [11.12]) en connaissant l’angle aval de
l’enrochement, l’angle de repos des pierres et le débit unitaire.
La longueur de la crête, dans le sens de l’écoulement, devrait être de 3 fois la hauteur d’eau sur
la crête du déversoir, considérée comme étant la hauteur critiqué yc, soit T = 3 yc (Stephenson,
1979). Cette longueur permet de stabiliser l’écoulement sur la crête en diminuant la turbulence
sur celle--ci.
Le bassin de dissipation étant horizontal, le diamètre des pierres nécessaires à son recouvre-
ment pourra être plus petit que le diamètre des pierres de l’enrochement du seuil. Selon le
modèle développé par Stephenson (1979), ce diamètre est fonction de la vitesse maximale de
l’écoulement dans le bassin de dissipation et de l’angle de repos des pierres. II est donné par:
250 V 21 V 21
D 85b = ≈ 15 [17.8]
g ( γ s − 1 ) tan tan
Lorsque l’enrochement se fait sur un cours d’eau recreusé, il est possible de n’utiliser que le
recouvrement de la chute inclinée (figure 4.11). Le diamètre D85e des pierres et l’épaisseur du
recouvrement se calculent alors comme précédemment.
La clé, située à la base de l’enrochement et sous le déversoir, remplit normalement une double
fonction. D’abord elle assure la stabilité du seuil contre le glissement horizontal sous la pous-
sée hydrostatique et la poussée des terres en amont de la structure. D’autre part, lorsque les
vides entre les pierres de la clé sont comblés par des particules de sol sédimentées, cette clé
augmente la distance de percolation sous la structure et assure la stabilité du seuil contre l’af-
fouillement. Il est à noter que cette clé n’est pas toujours nécessaire. En effet, l’enrochement
libre tel que proposé est déjà stable par rapport au glissement horizontal, de sorte que dans ce
cas l’utilisation de la clé à cette fin ne peut qu’améliorer la stabilité contre des poussées plus
importantes qui pourrait être occasionnées par les glaces ou par la formation d’embâcle au
niveau du déversoir. Dans le cas de l’affouillement, le calcul de la distance minimale de perco-
lation permettra d’évaluer la pertinence de l’utilisation de cette clé de même que ses dimen-
sions.
SIPHONNEMENT 255
17.8 SIPHONNEMENT
La construction d’un seuil dissipateur d’énergie dans un cours d’eau entraîne inévitablement
une différence de charge piézométrique entre l’amont et l’aval de ce seuil. Cette différence de
charge force l’eau à percoler au travers du sol de fondation et du sol de remblai. Lorsque la
structure est perméable (enrochement, gabions, bois) cette percolation a également lieu au tra-
vers de la structure elle--même (figures 3.3 et 3.4). Les forces de percolation peuvent alors
entraîner les particules fines du sol dès que le gradient hydraulique critique est atteint, soit
ic =ρs/ρw , rapport du poids volumique immergé du sol au poids volumique de l’eau. Ce phé-
nomène peut se produire en aval ou en--dessous de la structure. Le siphonnement de ces parti-
cules procède alors de l’aval vers l’amont, réduisant ainsi la longueur de percolation de l’eau.
Il en résulte une augmentation du gradient hydraulique et une accélération de la dégradation du
sol de fondation.
Afin de prévenir le siphonnement des particules fines du sol, les distances de percolation
devront être suffisantes pour réduire le gradient hydraulique à une valeur inférieure au gra-
dient critique (ic). Cette percolation s’effectuera préférentiellement par le chemin ayant la plus
petite longueur hydraulique et donc celui qui offre le moins de résistance à l’écoulement. Ce
chemin ne correspond pas nécessairement au plus court chemin géométrique. Il se situe géné-
ralement sur la ligne de contact entre la structure et le sol de fondation (ou de remblai) lorsque
ce dernier est très argileux ou de granulométrie très étendue. Par contre, pour des sols de fonda-
tion très perméables, le chemin hydraulique le plus court correspond globalement au chemin
géométrique le plus court.
La distance de percolation nécessaire pour éviter le siphonnement sera alors fonction de la tex-
ture du sol de fondation (et/ou de remblai) et également de la différence maximale entre la
charge piézométrique en amont de la structure et celle en aval. Pour les petits ouvrages tels
256
Figure 17.22 Percolation de l’eau avec siphonnement des particules fines du sol de
remblai et du sol de fondation au travers et sous le seuil en enrochement.
Figure 17.23 Percolation de l’eau avec siphonnement des particules fines du sol de rem-
blai et du sol de fondation au travers et sous le seuil en bois.
ceux concernés par ce rapport, cette distance peut être évaluée sécuritairement en utilisant la
règle de Lane, soit :
L p = c p ∆H [17.9]
Tableau 15.2 Coefficient de percolation pour différentes textures de sol (Agostini et al, 1982 et
Houk, 1956).
Matériau de fondation Coefficient de
(ou de remblai) percolation (cp)
Limons et sables très fins (< 0,125 mm) 8,5
Sables fins (< 0,250 mm) 7,
Sables moyens (0,500 mm) 6,0
Sables grossiers (< 2,0 mm) 5,0
Graviers fins (< 8 mm) 4,0
Graviers moyens (<16 mm) 3,5
Graviers grossiers avec galets (<130 mm) 3,0
Gros galets avec graviers (<250 mm) 2,5
Argile plastique 3,0
Argile consistante 2,0
Argile dure 1,8
Hardpan 1,6
La distance de percolation Lp est cependant une distance pondérée. En effet, selon les observa-
tions de Lane, les distances verticales de percolation contribuent de façon plus importante que
les distances horizontales à la résistance à l’écoulement. De sorte que la distance pondérée Lp
est évaluée par :
Lh
Lp = Lv + [17.10]
3
Le coefficient de percolation est donné au tableau 15.2 pour différents types de sol. Ce coeffi-
cient est élevé pour des sols relativement perméables composés de particules fines car ces par-
ticules sont entraînées même à de faibles vitesses de percolation. Par contre, les sols composés
de matériaux grossiers, bien que très perméables, résistent à des vitesses de percolation éle-
vées. Quant aux argiles, les vitesses de percolation sont très faibles et leur cohésion est élevée.
Ceci explique donc que le coefficient de percolation pour ce dernier type de sol soit très petit.
Afin d’empêcher le siphonnement des éléments fins du sol de fondation vers l’aval du seuil,
deux solutions sont à considérer. La première consiste en l’installation d’une membrane syn-
258
Figure 17.24 Percolation de l’eau sans siphonnement des particules fines du sol de
remblai et du sol de fondation sous le seuil en enrochement recouvert
d’une membrane imperméable..
Figure 17.25 Percolation de l’eau sans siphonnement des particules fines du sol de rem-
blai et du sol de fondation au travers et sous le seuil en bois recouvert d’un
géotextile.
SIPHONNEMENT 259
tre permet de retenir les particules fines du sol de fondation tout en permettant à l’eau de le
traverser. Il a donc pour effet d’éviter le siphonnement de la structure même en présence d’un
gradient hydraulique supérieur au gradient critique. Cependant, dans l’éventualité de son col-
matage, le filtre devra également s’étendre sur une distance évaluée à l’aide de la règle de
Lane, tout comme pour la membrane imperméable.
De façon générale, pour les petites structures concernées par ce document, les principales
caractéristiques recherchées pour une géomembrane seront sa résistance à la perforation et à la
traction de même que son élasticité.
En plus des qualités requises pour une géomembrane, le géotextile utilisé à des fins de filtra-
tion devra répondre à des critères de perméabilité, de rétention de particules de sol et de com-
patibilité à long terme avec les sols de fondation et de remblai.
La dimension des pores de même que la porosité du géotextile lui confèrent une perméabilité
relativement élevée par rapport à la majorité des sols. Lorsque les pores du géotextiles ne sont
pas colmatés, cette perméabilité permet de diminuer la pression hydrostatique en amont de la
structure hydraulique. Cette diminution de la pression statique permet à son tour d’augmenter
la pression effective dans le sol de remblai et donc d’améliorer la stabilité mécanique de l’ou-
vrage. La perméabilité du géotextile devrait idéalement se rapprocher de celle du sol a filtrer
tout en lui étant supérieure. Dans les sols cohérents cependant, la perméabilité du géotextile
pourra être de deux ordres de grandeur plus élevée que celle du sol (Polyfelt, 1991), soit :
kg = perméabilité du géotextile
ks = perméabilité du sol à filtrer
Cependant, dans les sols à faible cohésion, à cause de leur sensibilité à la mise en boulance, la
perméabilité du géotextile devra être dix fois plus grande que celle du sol à filtrer (Koerner,
1986), soit :
Le deuxième rôle que remplit le géotextile est la rétention des particules de sol. À cet égard, le
géotextile ne retient pas directement les particules fines du sol, mais il encourage plutôt la for-
mation de ponts entre les particules grossières. Ces ponts favorisent la formation d’un filtre
naturel en amont du géotextile. Il s’en suit que les pores du géotextile peuvent être de dimen-
sion supérieure aux particules de sol, ceci étant particulièrement vrai pour les sols à granulo-
métrie étendue et pour les sols cohérents. Plusieurs approches ont été développées pour éva-
luer la dimension idéale des pores du géotextiles (Polyfelt, 1991; Koerner, 1986; Rollin, 1985;
Rollin et al, 1985; Rankiler, 1980). Toutes ces approches comparent la granulométrie du sol
avec la dimension des pores du géotextile (la distribution des pores du géotextile selon leur
diamètre est très rarement disponible). Les ouvrages hydrauliques concernés par ce rapport
étant en majorité à faible risque, le critère suivant est recommandé (Koerner, 1986):
O95 = diamètre pour lequel 95 % des pores du géotextile sont plus petits
d85s = diamètre pour lequel 85 % des particules de sol sont plus petites.
Il est à noter que le diamètre des pores O95 est comparable à l’ouverture apparente (AOS) et à
l’ouverture effective des pores (EOS). Cette règle est applicable dans tous les types de sol et est
particulièrement sécuritaire pour les sols à granulométrie étendue et pour les sols cohérents.
La compatibilité à long terme du géotextile avec le sol de remblai et le sol de fondation réfèrent
au colmatage du géotextile. Ainsi, un risque élevé de colmatage se présente lorsque les condi-
tions suivantes sont réunies: a) sol sans cohésion; b) sol composé de deux ou plusieurs sols à
granulométrie étendue (gap--grandd); c) gradient hydraulique important.
Dans ces conditions, la porosité d’un géotextile non--tissé devra être supérieure à 40 % tout en
respectant les conditions déjà mentionnées pour la perméabilité et pour l’ouverture des pores
(Koerner, 1986).
Le filtre naturel inversé, à cause de la difficulté de son installation et des coûts élevés qui en
découlent, n’est pas recommandé pour les ouvrages traités dans ce document.
SIPHONNEMENT 261
Déversoirs -- Dimensions
Le débit d’un déversoir rectangulaire à seuil épais est estimé par l’équation suivante :
Q = Cd b 2
3
23g (H ) 32 [17.14]
Q = débit [m3/s]
b = largeur du déversoir [m]
Cd = coefficient de débit du déversoir
g = constante gravitationnelle [9,8 m/s2]
H = énergie spécifique au--dessus de la crête du déversoir à l’amont [m]
L’énergie spécifique est considérée pour les conditions de l’écoulement à l’amont du déversoir
et en référence à la crête du déversoir.
2
H=h+ V [17.15]
2g
32
Q = 1, 7 C d b h + V
2g
2
[17.16]
Cd = 1 −
0, 006 L
b
1 − 0, 003
h
L [17.17]
Le débit d’un déversoir trapézoïdal (figure 17.26) à seuil épais est estimé par l’équation sui-
vante :
32
Q = 1, 7 C d C s b h + V
2g
2
[17.18]
Cd = 1 − 0, 006 k L
b
1 − 0, 003
h
L [17.19]
k = (1 + z 2) − z [17.20]
h 1
z 1
b
Z
L B
B b
Pour réduire la vitesse à l’amont du déversoir et réduire la nécessité de protection, il est recom-
mandé que la hauteur d’eau à l’amont du déversoir soit d’au moins 1,1 fois la hauteur dnormale
d’écoulement dans le cours d’eau, les valeurs étant déterminées par rapport à la crête du seuil.
La vitesse est estimée pour la section à l’amont du déversoir avec cette hauteur.
SIPHONNEMENT 263
La largeur de déversoir (cas rectangulaire) ou de la base du déversoir (cas trapézoïdal) est faci-
lement déterminé :
Q [17.21]
b=
32
V2
1, 7 C d C s h + 2 g