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1. Problématique
L’année 2007-2008 restera dans les annales économiques comme celle du déclenchement de la pire crise
que le système financier international ait connue depuis celle qui a causé la grande dépression dans les
années trente. Alors que cette crise est née du marché hypothécaire américain à l’été 2007, elle s’est
traduite quasi immédiatement par une crise de liquidité en Europe, avant de dégénérer, en moins d’un
an, en une crise financière globale d’une ampleur inédite.
Cette crise a mis sur le devant de la scène une notion que seuls les comptables ou les financiers
utilisaient jusque là : la « fair value » (« juste valeur »). Cette notion si chère aux américains et à leur
régulateur comptable le FASB (Financial Accounting Standard Board), mais également aux anglo-saxons
d’une manière générale, s’est retrouvée du jour au lendemain pointée du doigt par l’ensemble de la
communauté financière et des observateurs du sujet.
Introduite dès 2004 par l’IASB (International Accounting Standard Board), le régulateur comptable
mondial, à travers une norme qui va se retrouver controversée elle aussi, la juste valeur consiste en
résumé à évaluer un instrument financier à sa valeur de marché, ou à une valeur de modèle le cas
échéant si l’instrument n’est pas coté sur un marché. Dans la mesure où la juste valeur peut être volatile,
les résultats et les fonds propres d’une entreprise peuvent devenir volatiles à leur tour. Les sociétés
financières et les organismes de crédit sont d’autant plus concernés par ce phénomène que leurs
principales activités sont évaluées à la juste valeur.
Au-delà de ce débat même, les effets vertueux de la juste valeur ont souvent été passés sous silence.
Ces effets se sont pourtant manifestés en deux temps lors de la crise :
En premier lieu, lors de son déclenchement, la juste valeur a constitué un révélateur de la
crise, en contraignant les banques à enregistrer dans leurs comptes la dégradation de la
qualité de leurs titres dès sa constatation, enregistrement qui aurait été plus tardif si ces titres
avaient été valorisés à leur coût historique.
En second lieu, les garanties de transparence apportées aux investisseurs par la juste valeur
peuvent contribuer à restaurer la confiance, et donc à accélérer la sortie de crise. Comme le
prouve l’exemple de certaines crises passées, le maintien d’une comptabilisation au coût
historique aurait occulté plus longtemps la réelle exposition au risque des banques et favorisé
la défiance des analystes, sans pour autant garantir l’absence de mécanismes procycliques,
générés par le passage de provisions pour dépréciations.
Il résulte de ce qui précède que la mesure des instruments financiers comptabilisés au coût amorti
pourrait être aussi problématique que l'évaluation des actifs à la juste valeur. La raison peut être trouvée
dans les exigences de la norme IAS 39 pour la dépréciation des actifs financiers évalués au coût
amorti. Cette norme prescrit un modèle dit «des pertes avérées» qui reportait la comptabilisation
des pertes de crédit jusqu’à l’identification d’une indication objective d’un évènement générateur de
perte de crédit. Ce principe a diverses conséquences, parmi les plus importantes est que les banques
ne peuvent pas déclarer les pertes probables.
En outre, avec ce mode de provisionnement, les banques étaient capables de reporter les pertes et
cacher les risques que certains instruments financiers génèrent, la vérité ne peut être connue que
lorsque la perte serait effectivement encourue et affecterait fortement les parties prenantes sans leur
donner la moindre chance de réagir.
De plus, Certains économistes ont considéré que le mode de provisionnement selon les pertes
avérées était pro-cyclique dans la mesure où les banques sont incitées à restreindre leur offre de
crédit dans les périodes de récession en raison du montant élevé des provisions. Dans ce contexte, le
Forum de stabilité financière a affirmé que la reconnaissance précoce des pertes sur prêts par le biais
d'un modèle de perte attendue pourrait avoir freiné les mouvements cycliques au cours de la crise
financière mondiale.
Dans le cadre de leur réponse à la crise financière mondiale, en Avril 2009, le G20 a convenu que le
normalisateurs comptables devrait prendre des mesures pour :
Réduire la complexité des normes comptables relatives aux instruments financiers ;
Élargir les possibilités de reconnaissance comptable des provisions pour pertes sur prêts en
incluant une large gamme d’informations en matière de crédit ;
Améliorer les normes comptables relatives aux provisions, aux expositions "hors bilan" et à
l’incertitude des valorisations ;
Répondant à l'appel lancé par le G20 décrit ci-dessus, l'International Accounting Standards Board
(IASB) a mis en œuvre, dès 2008, une refonte complète de la norme IAS 39. Le projet IFRS 9 s’articule
autour de trois phases :
Phase 1 : Classification et évaluation des instruments financiers.
Phase 2 : Coût amorti et dépréciation.
Phase 3 : Comptabilité de couverture.
Cette évolution normative est censée venir en réponse à la crise et aux problématiques qui y sont liées.
Elle s’accompagne donc d’objectifs bien définis en matière de juste valeur, de transparence, de
volatilité, d’anticipation mais aussi de simplification.
2. Objectifs
Le présent travail devrait donc être une analyse critique du modèle des pertes encourues et les
implications pratiques du modèle des pertes attendues.
La Phase I « classification et évaluation des instruments financiers » et la Phase III « comptabilité de
couverture » du projet de remplacement sont brièvement mises en revue, mais pas décrit en détail,
puisque le travail en pleine mesure porte sur la phase II « coût amorti et dépréciation ».
Mon analyse dans ce mémoire se concentrera en majeure partie sur le cas particulier des banques,
premières concernées par le changement du mode de provisionnement des actifs financiers évalués
au coût amorti.
Les résultats de ce mémoire sont mesurés sur la base des objectifs, ambitieux, initialement fixés au
modèle de pertes attendues. Je me poserai ainsi la question de savoir si cette évolution normative
permettra de réduire la volatilité des états financiers des banques. J’évoquerai également le sujet de la
transparence, qui est un objectif propre aux normes IAS/IFRS en général. L’IFRS 9 est également née
avec un objectif majeur de simplification du traitement des instruments financiers. Nous verrons si
cette volonté se traduit en pratique.
Les applications comptables futures du nouveau mode de provisionnement peuvent ainsi laisser
entrevoir un avenir plus réjouissant pour la santé des états financiers des banques et la qualité du
reporting qui y est lié. Malgré cela, le modèle des pertes attendues ne réalise pas un sans faute.
Perfectibles sur plusieurs points, remède curatif sur d’autres, le modèle des pertes attendues laisse les
banques assez réservées sur le verdict qu’elles accorderont au final à un mode de provisionnement qui
n’a pas cessé d’évoluer et qu’elles ont donc du mal à anticiper correctement les résultats.
3. Les travaux de construction
Je m’efforcerai tout au long de ce mémoire de rester « lisible » et « accessible » sans trop aller dans la
technique pure et d’analyser les tendances et enjeux majeurs du projet de révision portant sur le
mode de provisionnement des actifs financiers évalués au coût amorti. Pour ce faire, une première
partie sera élaborée et portera sur 3 chapitres :
Je me contenterai, dans un premier chapitre, d’analyser les conséquences des normes
comptables sur la crise financière ainsi que les conséquences de la crise financière sur la
normalisation comptable internationale ;
Le deuxième chapitre abordera succinctement les phases 1 et 3 (Classification et évaluation des
instruments financiers et Comptabilité de couverture)
L'accent sera mis sur le chapitre trois, qui porte sur le passage du modèle des pertes encourues à
un modèle de pertes attendues dans ses détails
Je rendrai ensuite compte dans une deuxième partie des particularités de provisionnement dans le
secteur bancaire en Tunisie, ainsi, que des travaux empiriques sur le sujet.
Enfin, dans une troisième et dernière partie, j’essaierai d’analyser les enjeux théoriques avec les
problématiques rencontrées en pratique par les banques tunisiennes, pour finalement conclure sur
les différentes questions évoquées dans cette introduction.
1. Normes comptables et crise financière
Qui dit crise de la finance, dit aussi remise en question de son « langage » : la comptabilité.
Ainsi au fur et à mesure que la crise s’est amplifiée, on a vu des critiques s’élever contre les règles
comptables, en particulier les normes comptables internationales (les normes IAS/IFRS publiées
l’IASB) qui véhiculent le principe de la juste valeur. Cette dernière offre au lecteur des comptes un
éclairage nouveau et plus économique que les méthodes traditionnelles en valorisant certains actifs
et passifs à leur valeur de marché.
L’évaluation à la juste valeur est au centre de nombreux débats entre partisans et opposants d’une
conception anglo-saxonne de la comptabilité. Ses détracteurs y voient la porte ouverte aux
évaluations potentiellement biaisées et à l’introduction de la volatilité dans les états financiers des
firmes.
Qu’en est-il réellement du rôle des normes comptables dans la débâcle financière mondiale ? Ne
chercherait-on pas un responsable pour expliquer l’incapacité des dirigeants à enrayer une crise
profonde ? Ou bien la juste valeur est-elle un engrenage vertueux qui accentue les effets de la crise ?
Pour comprendre les enjeux du problème, nous allons dans un premier temps établir une brève
chronologie de la crise financière, puis nous verrons quels sont les effets de la juste valeur sur le cycle
de la crise et enfin pour terminer, nous nous demanderons, si ce n’est pas la juste valeur, quelles sont
les causes principales de la crise financière ?
1.1. L’enchaînement des évènements qui ont amené la crise de 2007
Depuis août 2007 s’est déclenché ce qu’on compare désormais à un « tsunami financier » (Jacques Attali)
ou à « la plus grave crise économique depuis 1929 » (Alan Greenspan). Les unes après les autres, des
banques d’affaires prestigieuses, des compagnies d’assurances centenaires, de grands noms de la banque
commerciale, aux États-Unis comme en Europe, accumulent des pertes considérables aboutissant à un
rachat – souvent à vil prix – par un concurrent (Merril Lynch, Bear Stearn…), à une nationalisation
(Northern Rock, Fortis…), ou, pour les moins chanceuses, à la faillite (Lehman Brothers…).
Il serait bien audacieux de ne voir là qu’un processus de « destruction créatrice », selon les termes de
Schumpeter, au vu des conséquences brutales et dramatiques sur l’économie réelle, celle de la
production et de la consommation, de l’emploi et de l’investissement, des pays du monde entier, à
commencer par les pays les plus développés (États-Unis et Europe).
Le mécanisme de la crise est désormais bien connu, et nombreux sont les travaux économiques qui
en dévoilent le « scénario ». La crise trouve sa source au début des années 2000 aux États-Unis
lorsque, pour lutter contre la récession générée par l’éclatement de la bulle Internet puis les attentats
du 11 septembre 2001, les taux d’intérêt américains ont été ramenés à des niveaux historiquement
bas (1 % soit des taux réels négatifs), générant une abondance de liquidités et des primes de risque
très faibles. Une bulle du crédit s’est donc formée qui s’est traduite, aidée par la concurrence entre
des prêteurs parfois avides et peu scrupuleux, par une distribution souvent agressive de prêts
immobiliers à taux variable aux ménages américains, en particulier les plus modestes (prêts «
subprimes »). Octroyés sur la valeur estimée des biens et non sur la capacité de remboursement,
nombre de ménages sont ainsi devenus « propriétaires » sans en avoir les moyens ; mais qu’importe,
les prix de l’immobilier américain semblaient devoir grimper sans limite. Tel est le premier acte de la
crise.
Le deuxième acte de la crise a pour nom « titrisation ». Afin de poursuivre plus encore leur activité de
prêts hypothécaires que les normes prudentielles (dites de « Bâle II ») bridaient par leurs exigences
d’un ratio de fonds propres, les institutions financières ont cédé des portefeuilles de prêts à des
investisseurs spécialisés qui les transformaient par des techniques de titrisation en produits structurés
de crédit et les cédaient ensuite sur le marché. Certains des prêts immobiliers qui étaient identifiés
comme plus risqués que les autres (subprimes) se sont ainsi retrouvés mélangés à d’autres prêts,
noyés dans des produits « exotiques » bien notés par les agences de notation et achetés par les
investisseurs du monde entier.
Entre 2000 et 2007, porté par une hausse continue des prix de l’immobilier américain et un laxisme
grandissant dans les conditions d’octroi des prêts, le marché des produits structurés de crédit a connu
un développement spectaculaire, passant de 640 à plus de 2 000 milliards de dollars. Sur ce total, la
part des crédits subprimes est elle-même passée durant la même période de 8 % à plus de 20 %.
Le troisième acte de la crise intervient à la fin de l’année 2005, lorsque la FED, la banque centrale
américaine, a commencé à relever fortement ses taux d’intérêt. Les ménages américains les plus
fragiles ne furent alors plus en mesure d’assumer la charge de leur emprunt dont le taux était
variable. Le taux de défaut de paiement sur les prêts hypothécaires des ménages, qui atteignait à
peine 4 % en 2005 a alors considérablement augmenté pour atteindre 10 % en septembre 2007 puis
20 % à la fin de cette même année.
L’effondrement de la valeur des prêts subprimes et des titres adossés aux prêts hypothécaires dans
leur ensemble – comme une pomme pourrie dans un panier contamine tous les fruits – a obligé les
institutions financières qui les détenaient – banques, compagnies d’assurances, fonds communs de
placement, aux États-Unis mais également dans le monde entier, car le monde entier avait acheté ces
produits – à inscrire dans leurs comptes des dépréciations considérables et à afficher des pertes dont
le montant cumulé, en janvier 2009, atteignait 1 200 milliards de dollars (soit 925 milliards d’euros).
Le FMI a même pronostiqué qu’elles atteindraient un total de 2 200 milliards de dollars…
Le quatrième acte de la crise est, bien sûr, sa transmission à l’économie réelle, par le biais des faillites
d’institutions financières, du resserrement du crédit et de la paralysie du marché interbancaire.
1.2. Le rôle des normes comptables dans la crise financière
Les normes comptables interviennent au troisième acte de la crise, lorsqu’elles ont contraint les
institutions financières à afficher des pertes considérables sur leur portefeuille d’instruments
financiers, pertes qui, pour certaines, les ont menées à la faillite.
En effet, tant la norme IAS 39, applicable dans l’Union européenne, que la norme FAS 157, applicable
aux États-Unis, imposent que les actifs et passifs négociables soient évalués à leur « juste valeur »,
c'est-à-dire à leur valeur telle qu’elle est fixée par le marché.
Cependant, dans le monde économique, se pose la question du rôle d’accélérateur de crise d’un tel
principe comptable. En outre, « le concept de juste valeur, qui a été élaboré pour amener de la
transparence, a été vilipendé comme un traître par certains, et porté aux nues par d’autres, comme
un sauveur révélant les problèmes à point nommé ». C’est en ces termes que Robert Herz, le
président du Financial Accounting Standards Board (FASB – organisme chargé d’établir et d’améliorer
les normes comptables américaines), résumait la situation le 8 décembre 2008. En effet, si la juste
valeur, principe commun et fer de lance des IFRS et des US GAAP, présente l’avantage de gonfler les
performances d’un groupe en période de croissance et de favoriser une communication financière
plus limpide, elle entraîne inexorablement un cercle vicieux lorsque les indicateurs virent au rouge.
C’est d’ailleurs ce même concept qui a engendré une vague de défiance parmi tous les acteurs du
monde des affaires et enclenché la mutation progressive d’une crise financière qui est peu à peu
devenue bancaire. Parmi ces acteurs, on note principalement les dirigeants de grandes banques qui
ont accusé l’IAS 39 d’être à l’origine de l’amplification de la crise. En effet, ces derniers détiennent une
grande quantité d’actifs et de passifs financiers, et la dégradation de la situation financière mondiale a
entraîné une crise de l’évaluation de ces éléments, sensiblement liés à la situation boursière du
marché. Par conséquent, les organismes financiers ont dû revoir à la baisse la valeur de leurs
portefeuilles, aggravant ainsi un peu plus le sentiment de défiance.
Cette crise financière a remis en lumière les attaques adressées aux normes comptables
internationales, et principalement l’IAS 39, quant à la volatilité potentielle que pourrait provoquer la
notion de la juste valeur sur les comptes. Ce concept, essentiellement utilisé pour la valorisation des
instruments financiers, reste un sujet délicat et controversé. Il fait donc l'objet d’une multitude de
débats, à tel point que c'est avec une réactivité étonnante que l’organisme chargé de la normalisation
comptable (IASB) a envisagé un assouplissement de la norme avant de se diriger vers un projet
d’amendement.
Ces critiques, souvent formulées de manière plus au moins vague, couvre un champ et des intentions
beaucoup plus larges. Elles remettent, en effet, en cause tout le système comptable international, non
seulement lorsqu’il s’agit de l’application de la notion de la juste valeur, mais de manière beaucoup
plus générale l’inadaptation pure et simple de ses règles comptables vis-à-vis du système financier en
situation de crise.
1.2.1. La Juste Valeur comme Bouc-Emissaire de la crise financière de 2007
1.2.1.1 L’institution de la Juste Valeur comme Modèle d’Evaluation
L’objectif premier de l’évaluation des actifs à la juste valeur en IFRS est de délivrer aux investisseurs
une valeur plus juste car plus proche de la réalité des marchés. Cet objectif se fonde sur la théorie de
l’agence et la théorie des marchés efficients.
Les défenseurs de la juste valeur mettent en avant la valeur de marché qui est indépendante des
contingences propres aux entreprises, et permet ainsi la comparaison. La juste valeur, au sens de
valeur de marché, est censée être observable et fiable et doit permettre aux investisseurs d’émettre
un meilleur jugement sur la performance des entreprises. La juste valeur est alors la valeur la plus
pertinente.
En réalité, le mot anglais « fair » ne laisse pas de doute, il s’agit bien du sens moral puisqu’il signifie
dans ce contexte : loyal, équitable, impartial, honorable, honnête.
Dans un souci de transparence l’IASB a longtemps souhaité un périmètre d’application très large de la
juste valeur. Le projet « full faire value » ou juste valeur intégrale proposé en 2000 prévoyait une
extension de la juste valeur à tous les instruments financiers. Devant les réticences exprimées par de
nombreuses parties prenantes lors de l’exposé du projet de norme, la version définitive de 2003 ne
prévoyait plus cette extension.
L’IASB avait pris conscience de la difficulté d’application de la juste valeur et avait donc limité son
champ d’application aux actifs et aux passifs pour lesquels il existait à priori, un marché.
L’approche de la comptabilité à la juste valeur a trouvé une partie de sa justification en raison de
l’utilisation croissante d’instruments financiers. Le modèle de la juste valeur permettait alors une
analyse plus fine des variations de valeur.
Il est légitime de considérer que l’introduction de la « juste valeur » dans l’évaluation des actifs et des
passifs constitue un indéniable progrès par rapport à l’évaluation traditionnelle au coût historique ;
cette dernière figeait en effet dans le bilan des entreprises une valeur parfois très éloignée de leur
valeur réelle. La « juste valeur » améliore donc l’information des investisseurs qui disposent ainsi,
trimestre après trimestre, d’une évaluation fine de leurs plus ou moins-values potentielles, ainsi que
du profil de risque des entreprises concernées, permettant ainsi une meilleure allocation des
investissements.
La contrepartie, c’est cependant une forte volatilité de la valeur des actifs et des passifs. Parce que
celle-ci est fixée par des marchés financiers qui peuvent connaître aléas, passions médiatiques ou «
bulles », le résultat et le bilan des entreprises – et en particulier celui des institutions financières qui
sont gorgées d’instruments financiers – découlent plus de la bonne ou mauvaise orientation de ceux-
ci que des résultats de la gestion ordinaire de leur activité. Lorsque les marchés sont à la hausse, le
résultat augmente mécaniquement ; à l’inverse, lorsque les marchés sont à la baisse, le résultat se
réduit dans les mêmes proportions, quelles que soient les décisions de gestion des dirigeants ou la
performance de l’activité ordinaire. Ces normes comptables aboutissent à déconnecter les résultats et
la valeur de l’entreprise de son activité propre.
Ce qui est déjà un problème en soi peut devenir encore plus grave lorsque les marchés ne
fonctionnent plus correctement, comme en période de crise. En effet, la « juste valeur » repose, dans
sa définition même, sur un postulat : « La juste valeur est le montant pour lequel un actif pourrait
être échangé, ou un passif éteint, entre parties bien informées, consentantes, et agissant dans des
conditions de concurrence normale ». En d’autres termes, l’application de la « juste valeur » suppose
un marché fonctionnant dans des conditions normales, c'est-à-dire suffisamment liquide pour fixer un
prix à l’actif ou au passif concerné.
Or, l’une des caractéristiques de la crise financière est la contraction du marché des produits
structurés de crédit et de la titrisation en général. Revenus à la raison et conscients de l’effondrement
du sous-jacent de ces produits dérivés (l’immobilier américain), les investisseurs refusent désormais
d’acheter ces produits. Leur valeur de marché est donc théoriquement nulle, obligeant ainsi leurs
détenteurs, en application des normes comptables, à les déprécier massivement dans leur bilan. Or, la
valeur ne peut être nulle, et l’immobilier américain ne vaudra jamais zéro. La valeur reflétée par les
marchés n’est plus la valeur réelle, même amoindrie, mais reflète simplement le volume de liquidé
dont disposent les acheteurs, ce qui est le propre des marchés imparfaits. Les normes IFRS n’avaient
simplement pas anticipé les effets de la liquidité sur la valeur des instruments financiers, postulant le
fonctionnement parfait des marchés.
1.2.1.2. La juste valeur dans un contexte de crise
Le concept de juste valeur fait l’hypothèse d’un marché efficient. Or, ces hypothèses, déjà discutables
en temps normal, se retrouvent totalement remises en question dans les circonstances qu’ont
connues les marchés à l’automne 2008. Dans un marché efficient, le prix d’un titre financier est censé
refléter parfaitement ses caractéristiques (rendement attendu, risque encouru, liquidité, dispositions
fiscales...). Si l’on se replace dans un contexte de crise, on voit mal comment l’évaluation des actifs
financiers pourrait se réaliser de manière optimale. D’une part, l’accès à l’information devient difficile
de par l’opacité de la communication financière des entreprises, les incertitudes liées à la conjoncture
et la complexité des montages financiers opérés ces dernières années (à l’instar de la titrisation).
D’autre part, un véritable phénomène de défiance se met en place entre les acteurs, rendant
rapidement les titres illiquides sur des marchés devenus inactifs. Par conséquent, la rareté des
transactions implique des prix excessivement faibles, ce qui se traduit par des valorisations
anormalement basses et des provisionnements massifs dans les états financiers des banques. Il
devient ainsi très compliqué de procéder à l’évaluation à la juste valeur de titres pour lesquels il n’y a
aucune visibilité. Lorsque l’on sait que l’essentiel du bilan des banques est composé d’instruments
financiers, on comprend mieux pourquoi celles-ci ne cessent de solliciter un assouplissement rapide
de la juste valeur.
Au-delà de l’évaluation séparée de chaque instrument financier, il faut bien comprendre que les bilans
des établissements financiers sont interdépendants de par la mondialisation des échanges et qu’un
cercle vicieux peut rapidement être enclenché en cas de dégradation prolongée de la conjoncture.
C’est donc en ce sens que la norme IAS 39 a rapidement été accusée d’être un accélérateur de crise.
1.2.1.3. Les problèmes posés par la juste valeur
La volatilité inhérente à l’évaluation à la Juste Valeur : Un des problèmes posés par la juste
valeur concerne la volatilité des résultats et des fonds propres bancaires. Sur un échantillon de
grandes banques américaines, [Barth M. E. et al.(1995)] ont constaté que l’évaluation à la juste valeur
telle que préconisée dans les normes américaines sur les instruments financiers induisait une plus
forte volatilité des résultats qu’avec le coût historique.
La volatilité d’un instrument financier illustre sa propension à s’écarter de façon positive ou négative
de son prix moyen durant une période précise. L’ampleur de cette propension interagie en grande
partie avec l’instabilité du marché. Le niveau de volatilité d’un produit renseigne sur le niveau de
risque qui lui est associé, plus la volatilité est grande, et moins le produit sera convoité, ce qui est tout
à fait normal.
Associée au facteur temps, la volatilité sur un même instrument peut facilement varier. Plus
précisément, l’évaluation à court terme du prix d’une action, peut subir de plus fortes fluctuations
que son évaluation à long terme. Certains facteurs comme la modification du taux d’intérêt ou d’une
évolution de la perception du risque, sont déclencheurs des effets de la volatilité. Une minime
variation des ces facteurs va entraîner une plus ou moins forte volatilité. C’est le cas des entités
bancaires, qui ont vu altérer leur perception du risque et ainsi multiplier leurs transactions dans un
élan de confiance.
La volatilité causée par l’évaluation à la Juste Valeur, a été mise sous le feu des projecteurs lors de la
crise des « Subprimes » sans doute à juste titre. En effet, nous avons assisté à une diminution des
instruments évalués à la Faire Value, causé par une atmosphère de méfiance à leur égard. Rappelons
que nous sommes en présence d’un contexte de crise de confiance, ayant affecté le monde de la
finance. Par effet de cascade, la crise a laissé place au phénomène d’illiquidité dans les marchés,
rendant difficile la détermination de la Juste Valeur dans un marché actif. C’est alors que des
difficultés de mise en oeuvre de la Juste Valeur apparaissent.
L’IASB suggère dans ses normes comptables, qu’en cas d’absence de marché actif, qu’une estimation
interne de la Juste Valeur soit effectuée, bien évidement ceci inclus un part de jugement dans cette
situation. En d’autres termes, l’illiquidité des marchés a contraint les banques à développer dans
l’urgence des modèles de valorisation afin de répondre aux conditions de marché. C’est en ce simple
fait que réside le risque majeur inhérent à la Juste Valeur, dès lors qu’il y a une appréciation
extérieure à ses principes de mesure, cette dernière perd alors son caractère objectif, et devient
subjective.
L’effet procyclique de la juste valeur : la procyclicité au sens strict, est la propension des
variables financières à évoluer autour d’une tendance durant le cycle économique. Son augmentation
correspond donc à des fluctuations d’une ampleur plus importante. On observe alors des
comportements dit « procycliques », c'est-à-dire qu’en période d’ « euphorie », les marchés ont
tendance à montrer de bonnes performances multipliant ainsi les prises de risques de la part des
acteurs financiers. La Juste Valeur est rendue responsable d’accentuer les effets du cycle économique.
Ce phénomène a été de très grande ampleur pour les banques, qui durant la Bulle financière ont
accentué fortement leur prise de risque.
Avec l’application de la Juste Valeur, dans le cas où le cours en bourse augmente, les banques vont
enregistrer une plus-value qui augmentera la valeur du bilan. A contrario, si elle constate une baisse
des cours boursiers, cette baisse sera immédiatement répercutée dans les états financiers soumettant
ainsi les bilans des banques à une forte volatilité, mais surtout à une forte vulnérabilité. Autant de
volatilité illustre une logique court-termiste de la Juste Valeur.
C’est alors qu’intervient cet effet procyclique, qui va accentuer la volatilité du marché, et par effet
ricochet accentuer l’illiquidité de ce dernier. Une tendance boursière à la baisse, va entrainée de la
part des banques l’enregistrement de très grosses pertes détériorant ainsi le bilan en cette période de
ralentissement.
Modélisation de la juste valeur : les normes IFRS comme les normes américaines US GAAP,
ont prévu le cas où la « juste valeur » ne peut être fixée, en l’absence de valeur de marché. Dans ces
conditions, elle est déterminée grâce à des modèles mathématiques de valorisation qui recréent,
théoriquement, le prix auquel aurait abouti une opération équilibrée dans un marché liquide. Mais
ces modèles étaient à l’origine conçus pour des actifs pour lesquels n’existaient pas de marchés
organisés, et non pour les cas où le marché existant ne fonctionnait pas.
Ce « mark to model », par opposition au « mark to market », est depuis août 2007 largement utilisé
par les institutions financières pour leurs produits structurés de crédit, du moins par celles qui avaient
anticipé le problème et affecté des ressources suffisantes au développement de ces modèles
mathématiques complexes.
Mais le problème n’est pas pour autant résolu. Non seulement la « juste valeur » ainsi établie par la
modélisation mathématique des conditions de marché des produits structurés de crédits n’a pas
empêché leur dépréciation massive dans le bilan des banques mais elle a aussi jeté la suspicion sur les
montants de dépréciation ainsi annoncés. En effet, personne ne sait, en dehors des directions
financières des établissements concernés, quelles hypothèses ont été utilisées pour créer ces
modèles. L’asymétrie d’information ainsi créée entre les banques et les investisseurs a renforcé la
méfiance de ces derniers ainsi que celle des banques entre elles.
Par conséquent, les banques, déjà échaudées, ont commencé à se méfier les unes des autres parce
qu’aucune n’était en mesure, malgré la publication des comptes trimestriels de leurs contreparties, de
savoir si leur bilan comportait une juste évaluation des risques et des dépréciations. La paralysie du
marché interbancaire que nous vivons actuellement découle sans aucun doute de ce phénomène qui
repose en partie sur les normes comptables.
La « juste valeur », que celle-ci découle du « mark to market » ou du « mark to model », a donc
contraint les institutions financières à déprécier massivement la valeur de leurs produits structurés de
crédit mais également celle de l’ensemble de leur portefeuille de titres négociables, à mesure que les
marchés boursiers se retournaient.
Au-delà de ce débat même, les effets vertueux de la juste valeur ont souvent été passés sous silence.
Ces effets se sont pourtant manifestés en deux temps lors de la crise :
En premier lieu, lors de son déclenchement, la juste valeur a constitué un révélateur de la
crise, en contraignant les banques à enregistrer dans leurs comptes la dégradation de la
qualité de leurs titres dès sa constatation, enregistrement qui aurait été plus tardif si ces titres
avaient été valorisés à leur coût historique.
En second lieu, les garanties de transparence apportées aux investisseurs par la juste valeur
peuvent contribuer à restaurer la confiance, et donc à accélérer la sortie de crise. Comme le
prouve l’exemple de certaines crises passées, le maintien d’une comptabilisation au coût
historique aurait occulté plus longtemps la réelle exposition au risque des banques et favorisé
la défiance des analystes, sans pour autant garantir l’absence de mécanismes procycliques,
générés par le passage de provisions pour dépréciations.
Il résulte de ce qui précède que la mesure des instruments financiers comptabilisés au coût amorti
pourrait être aussi problématique que l'évaluation des actifs à la juste valeur. La raison peut être trouvée
dans les exigences de la norme IAS 39 pour la dépréciation des actifs financiers évalués au coût
amorti. Cette norme prescrit un modèle dit «des pertes avérées» qui reportait la comptabilisation
des pertes de crédit jusqu’à l’identification d’une indication objective d’un évènement générateur de
perte de crédit. Ce principe a diverses conséquences qu’on évoquera dans la section suivante.
1.2.2. La procyclicité et la constitution de provisions bancaires
Les banques utilisent les provisions pour créances douteuses pour couvrir les pertes provenant de la
défaillance de leurs emprunteurs ou de l’incapacité des emprunteurs à rembourser le principal et/ou
les intérêts. Les pertes sont généralement enregistrées, poste par poste, lorsqu’elles interviennent, ou
au moment où elles sont susceptibles d’intervenir, comme conséquence d’une dépréciation des actifs,
d’une appréciation des passifs ou d’une forte présomption de la dégradation de la valeur d’un
engagement.
Du point de vue de la surveillance prudentielle, ce traitement comptable pourrait être amélioré.
Actuellement, étant donné que les pertes ne sont enregistrées qu’après être intervenues, les risques
de crédit apparaissent souvent trop tard dans le système comptable. En ce sens, les provisions ne
reflètent pas le véritable risque de crédit inhérent au portefeuille de prêts qui, d’un point de vue
économique, existe dès l’octroi du prêt. Pour ces raisons, on peut affirmer que le traitement
comptable actuel, découlant de la réglementation, favorise chez les banques un comportement de
prêt procyclique.
Le traitement actuel accroît également la variabilité des bénéfices et pertes bancaires au cours du
cycle d’activité, ce qui influe sur la stabilité financière globale :
Durant une phase de ralentissement économique, en raison de la détérioration généralisée de
l’activité, les emprunteurs éprouvent davantage de difficultés à satisfaire leurs obligations
financières, ce qui conduit les banques à renforcer leurs provisions pour créances douteuses.
Durant une telle phase économique, les provisions sont aussi gonflées par le volume
relativement important de prêts inscrits sur les livres des banques (prêts qui avaient été
contractés durant la phase antérieure de reprise lorsque les conditions de crédit étaient plus
souples). L’augmentation des provisions réduit les bénéfices comptables, incitant les banques
à restreindre leur offre de crédit précisément au moment où les emprunteurs ont le plus
besoin de liquidité. Cette restriction du crédit a tendance à accentuer le ralentissement
économique, créant ainsi un cercle vicieux.
En revanche, au cours d’une phase de reprise, les profits sont dopés par la diminution des
provisions, due à l’amélioration générale de la conjoncture et au fait que les prêts contractés
durant la phase précédente de ralentissement représentent un volume moindre. Cette
rentabilité accrue amène les banques à assouplir leurs normes de crédit et à surfinancer les
emprunteurs intrinsèquement fragiles, amplifiant ainsi le cycle d’activité et contribuant à la
création de « bulles financières ».
Il convient de noter que, au sens statistique, un ralentissement économique devrait normalement
s’accompagner d’une augmentation des créances douteuses. Même s’il n’existe aucun signe de
dépréciation du portefeuille de prêts en phase ascendante du cycle d’activité, il est clair qu’une partie
du portefeuille se dépréciera au cours de la phase de recul qui s’ensuivra. Dans la mesure où les
pratiques actuelles de provisionnement ne peuvent prendre en compte ces pertes attendues, elles
surestiment les bénéfices durant les phases de reprise et les sous-estiment durant les phases de recul
de l’activité.
1.3. Les conséquences de la crise financière sur les normes comptables
1.3.1.La tentation d’un retour en arrière
L’une des pires décisions qui pourraient être prises, dans le contexte de crise actuel, serait de
remettre en cause l’application du référentiel IFRS. En effet, ce ne sont pas tant les normes IFRS elles-
mêmes qu’une seule norme, la norme IAS 39, dont la procyclicité peut être mise en accusation. Les
autres normes IFRS, de l’avis général, ne sont certes pas parfaites mais ont amélioré la transparence,
la sincérité et l’image fidèle des comptes ; elles ont conforté l’information financière des investisseurs
dans un contexte post-Enron où la comptabilité avait (déjà !) été mise en accusation. Il est facile
d’imaginer l’impact qu’aurait sur les investisseurs la remise en cause par l’Union européenne des
normes IFRS.
Certains soutiennent qu’il faudrait revenir sur l’évaluation des actifs et des passifs à la « juste valeur »,
le temps que l’orage se passe. Mais est-on sûr des conséquences d’une telle décision ? Si un titre est
inscrit dans les comptes d’une banque, par exemple à sa valeur historique, pour 100, mais que le
marché lui donne une valeur de 10, certes la banque n’inscrirait pas de dépréciation dans ses
comptes. Mais les conséquences seraient bien pires ! La confiance des investisseurs, de ses
actionnaires comme celle de ses clients serait ébranlée ! Qui investirait ou déposerait son argent dans
une banque dont le bilan ne refléterait pas la « juste valeur » de ses actifs qui, in fine, garantissent, en
cas de faillite, le remboursement de leurs créances ou de leurs dépôts ?
Adapter les modalités de calcul de la « juste valeur » ne serait-il pas la solution ? Ce ne sont pas les
idées qui manquent. Mais toutes présentent des inconvénients. Lisser les valeurs de marché sur six ou
douze mois ? Avec des indices de crédit déprimés depuis plus d'un an, la mesure aurait été inefficace.
Abandonner immédiatement, en cas de crise, la valeur de marché (« mark-to-market ») au profit
d'une estimation interne aux entreprises (« mark-to-model ») s'appuyant sur l'analyse fondamentale
de l'actif concerné ? Le procédé permet généralement aux dirigeants « d'ajuster les paramètres clefs
et, ainsi, d'influencer largement la valeur attribuée à un instrument donné », observe l'économiste
Nicolas Véron. « S'il est facile d'identifier les défauts de la « juste valeur », il est moins évident de
proposer une méthode alternative qui remplirait mieux les exigences de pertinence, de fiabilité, de
compréhension indispensables pour des normes de comptabilité financière ».
Or c’est justement une crise de confiance que traversait en 2007 le système financier. Le marché
interbancaire est bloqué parce que les banques ne se font plus confiance les unes aux autres. Qu’en
serait-il si leur bilan publié ne faisait plus mention de la valeur réelle de leurs actifs « toxiques » mais
d’une valeur « fictive » reposant par exemple sur le prix d’acquisition de ceux-ci ?
Alors, en période de crise, n’y aurait-il pas des vertus à voir ces corrections prises en compte dans le
bilan des institutions financières ? En les incitant à un assainissement de leur bilan, les normes IFRS
obligent les banques à constater trimestre après trimestre leurs pertes sans possibilité de s’accrocher
au coût historique pour en reporter la constatation.
Il est toujours tentant de vouloir casser le thermomètre mais la fièvre ne disparaîtra pas pour autant.
La grande majorité des analystes financiers soulignent avec force la pertinence de la « juste valeur »,
qui seule garantit la transparence des comptes, la confiance des investisseurs et, in fine, le bon
fonctionnement de l’économie.
1.3.2. Un aménagement bienvenu mais incomplet de la norme IAS 39
Cependant, le maintien de l’évaluation des actifs et des passifs à la « juste valeur » n’interdit pas – et
justifie d’une certaine façon – que celle-ci soit améliorée. L’un des reproches majeurs adressés à la
norme IAS 39 par les intervenants auditionnés par la Mission d’information, en particulier les
banques, est la rigidité introduite par celle-ci en matière de classification des instruments financiers.
En effet, la norme IAS 39 définit quatre catégories dans lesquels les entreprises doivent classer leurs
actifs :
– les actifs financiers détenus à des fins de transaction ;
– les placements détenus jusqu’à leur échéance ;
– les prêts et créances émis par l’entreprise ;
– les actifs disponibles à la vente (c'est-à-dire les actifs financiers qui ne sont classés dans aucune des
trois autres catégories).
De plus, les modalités d’évaluation de ces instruments diffèrent selon la catégorie dans laquelle ils ont
été classés :
o les actifs et passifs financiers détenus à des fins de transaction sont comptabilisés à
leur « juste valeur », les variations de juste valeur étant comptabilisées dans le résultat
de l’exercice ;
o les placements détenus jusqu’à leur échéance et les prêts et créances émis ou détenus
jusqu’à leur échéance sont comptabilisés au coût historique amorti, la perte ou le
profit étant constaté dans le résultat de l’exercice ;
o les actifs disponibles à la vente sont comptabilisés à leur « juste valeur », la variation
de juste valeur étant constatée dans les capitaux propres.
Enfin, la norme IAS 39 n’autorise pas les transferts d’instruments financiers d’une catégorie à une
autre, sauf les transferts de la catégorie des placements détenus à échéance vers celle des actifs
disponibles à la vente, c'est-à-dire d’une évaluation au coût historique à une évaluation à la « juste
valeur ».
Or, les institutions financières ont leur bilan gorgé d’actifs financiers détenus à des fins de transaction
ou disponibles à la vente, notamment les banques d’investissement dont le métier est justement
d’acheter et de vendre des actifs financiers. Ces derniers étant obligatoirement comptabilisés à leur «
juste valeur », lorsque celle-ci s’effondre, les pertes se révèlent rapidement insoutenables. Si elles
avaient la possibilité (sous certaines conditions strictes) de transférer les actifs d’une catégorie où ils
sont évalués à la « juste valeur » vers une autre catégorie, elles n’auraient plus à subir dans leurs
comptes les soubresauts des marchés.
L’Union européenne a pris conscience des conséquences dommageables de la norme IAS 39 et a fait
pression sur l’IASB pour que celui-ci assouplisse ladite norme. L’IASB a adopté très rapidement un
amendement à la norme IAS 39 qui autorise les entreprises :
à reclasser des actifs financiers non dérivés hors de la catégorie des actifs et passifs
détenus à des fins de transaction ;
et à transférer les actifs financiers de la catégorie des actifs disponibles à la vente vers la
catégorie des placements détenus jusqu’à l’échéance (où ils sont évalués au coût
historique amorti), à la condition toutefois que l’entreprise ait l’intention et la capacité de
détenir ces actifs pendant un avenir prévisible ou jusqu’à la date d’échéance.
Cette possibilité de reclassement est applicable rétroactivement, à compter du 1er juillet 2008.
L’impact s’est donc fait sentir dès l’établissement des comptes du troisième trimestre 2008, clos le 30
septembre.
Cette possibilité de reclassement doit avoir pour effet de limiter l’impact négatif des fluctuations de
ces actifs sur le marché et de réduire l’incertitude sur la valeur comptable des établissements
bancaires et des compagnies d’assurance plus particulièrement.
Cette reclassification des instruments financiers va naturellement impacter les comptes. Les
reclassements doivent être effectués à la juste valeur des actifs en date de reclassement. Cette juste
valeur devient alors le prix de revient mais interdit toute reprise de gains ou de pertes constatés en
résultat avant ce reclassement. L’application de la norme permet de transférer des actifs financiers
initialement enregistrés dans une rubrique comptable nécessitant l’utilisation du mark-to-market vers
d’autres rubriques (held-to-maturity ou Available for sales, par exemple).
L’amendement offert par les normes IAS 39 et IFRS 7 a été utilisé significativement pour la clôture du
31/12/2008 et semble avoir été bien accueilli par les établissements financiers, qui espèrent toutefois
voir leur périmètre s’élargir.
Son utilisation reste néanmoins hétérogène et ne favorise ni la transparence des comptes ni leur
comparabilité, introduisant un changement de méthode en cours d’exercice.
Enfin, ces assouplissements de la norme IAS 39 n’ont pas été jugés suffisants par les gouvernements
qui ont contribué à faire pression sur les deux normalisateurs (IASB et FASB) afin qu’ils repensent
leurs normes. Et s’il n’est pas question d’abandonner le principe de la juste valeur, on se dirige tout de
même vers une réforme complète de l’IAS 39 annoncée pour l’été 2009.
2. De l’IAS 39 à l’IFRS 9
Après plusieurs années consacrées à son élaboration, l’International Accounting Standards Board
(IASB) a finalisé son projet de remplacement de l’IAS 39 Instruments financiers : Comptabilisation et
évaluation avec la publication d’IFRS 9 Instruments financiers en juillet 2014.
L’IASB a décidé de remplacer l’IAS 39 suite aux critiques sévères vis-à-vis de cette norme dans la
foulée de la crise financière de 2007-2008. La première étape principale a été franchie en novembre
2009 avec la publication de nouvelles exigences de classement et d’évaluation des actifs financiers
(IFRS 9 (2009)). À ce moment, il semblait que le reste des exigences suivraient rapidement. Il n’est
toutefois pas étonnant qu’en raison de la complexité et du caractère controversé de cette question,
l’IFRS 9 n’ait été finalisée que presque cinq ans plus tard. L’échéancier qui suit présente l’historique de
la norme et des diverses modifications et révisions qui lui ont été apportées :
L’IFRS 9 (2014) constitue un remaniement important des règles comptables qui s’appliquent aux
instruments financiers. Une nouvelle approche de classement des actifs financiers y est présentée et
le modèle de dépréciation fondé sur les pertes subies, maintenant obsolète, est remplacé par un
modèle de pertes attendues plus prospectif. Cela s’ajoute aux importantes nouvelles exigences à
l’égard de la comptabilité de couverture présentées à la fin de 2013.
Cette partie du mémoire sera consacrée à présenter les exigences de la nouvelle norme. Il traite de
chacun des chapitres qui composent la norme.
2.1. Phase 1 : Classification et évaluation des instruments financiers
Le classement et l’évaluation des actifs financiers constituent l’un des éléments de l’IAS 39 ayant fait
l’objet du plus grand nombre de critiques pendant la crise financière. Par conséquent, au moment de
la publication de la version initiale en 2009 de l’IFRS 9, l’IASB a fait un effort particulier afin de réduire
la complexité de la comptabilisation des actifs financiers en abaissant à deux le nombre de catégories
(juste valeur et coût amorti). Toutefois, à la suite de commentaires voulant que l’établissement de
deux catégories seulement créait une ligne de démarcation trop stricte et ne reflétait pas la façon
dont de nombreuses entreprises gèrent leurs actifs financiers, une catégorie additionnelle a été
ajoutée en juillet 2014 au moment de la publication de l’IFRS 9 (2014).
Selon l’IFRS 9, chaque actif financier doit être classé dans une des trois principales catégories qui
suivent :
• Coût amorti;
• Juste valeur par le biais des autres éléments du résultat global (JVAÉRG);
• Juste valeur par le biais du résultat net (JVRN).
Le classement est établi en fonction des deux éléments suivants à la fois :
a) Le modèle économique que suit l’entité pour la gestion des actifs financiers (test lié au modèle
économique);
b) Les caractéristiques des flux de trésorerie contractuels de l’actif financier (test lié aux
caractéristiques des flux de trésorerie).
Option de la juste valeur JVRN S’applique aux autres Option de la juste valeur
pour les non concordances actifs financiers qui ne pour les non concordance
comptables respectent pas les conditions comptables
du coût amorti ou de la
JVAÉRG (y compris les dérivés
JVAÉRG S’applique aux actifs sous et les placements dans des Coût amorti S’applique aux actifs
forme ‘d’instruments d’emprunt à sous forme d’instruments
instruments de capitaux
l’égard desquels : d’emprunt à l’égard desquels :
a) les flux de trésorerie contractuels propres). a) les flux de trésorerie contractuels
correspondent uniquement à des correspondent uniquement à des
remboursements de principal et à remboursements de principal et à
des versements d’intérêts et des versements d’intérêts et
L’IFRS
b) 9 utilise
le modèle le termeest« d’en
économique modèle économique » pour expliquer comment les actifs
b) le modèle financiers
économique est desont
les
percevoir les flux de trésorerie et la détenir afin d’en percevoir les flux
gérés et la mesure dans laquelle les flux de trésorerie découleront de la perception des flux de
vente. de trésorerie.
trésorerie contractuels, de la vente des actifs financiers, ou de ces deux éléments. La norme définit
clairement deux « modèles économiques » :
Un modèle économique dont l’objectif est de détenir des actifs financiers afin d’en percevoir
les flux de trésorerie contractuels (« détenir afin de percevoir »);
Un modèle économique selon lequel les actifs sont gérés dans le but d’atteindre un objectif
particulier en percevant les flux de trésorerie contractuels et en vendant les actifs financiers
(« détenir afin de percevoir et en vue de la vente »).
Le modèle économique que suit l’entité pour la gestion des actifs financiers :
reflète la façon dont les actifs financiers sont gérés en vue de générer des flux de trésorerie;
est établi par les principaux dirigeants de l’entité;
ne dépend pas des intentions de la direction à l’égard de chaque instrument (est fondé sur un
niveau de regroupement supérieur qui reflète la façon dont les groupes d’actifs financiers sont
gérés collectivement afin d’atteindre un objectif d’affaires particulier).
Dans l’ensemble, le modèle économique que suit l’entité pour la gestion des actifs financiers est une
question de faits et est habituellement observable par des activités particulières que l’entité exécute
dans le but d’atteindre les objectifs dudit modèle économique. La norme met l’accent sur le fait qu’il
doit être établi en tenant compte de tous les éléments probants, pertinents et objectifs. Les facteurs
dont on peut tenir compte à cette fin comprennent ce qui suit :
o La façon dont la performance est évaluée et présentée aux principaux dirigeants de l’entité;
o La façon dont les risques influencent la performance du modèle économique et la façon dont
ces risques sont gérés;
o La façon dont les dirigeants de l’entité sont rémunérés (p. ex. si la rémunération est fondée sur
la juste valeur des actifs gérés ou le montant des flux de trésorerie contractuels perçus).
La détermination du modèle requiert l’expression d’attentes par rapport aux activités futures de
l’entité, mais ne devrait pas être fondé sur des scénarios auxquels l’entité ne s’attend
raisonnablement pas (p. ex. le « scénario le plus défavorable » ou le « scénario de simulation de
crise » sont exclus dans l’établissement du modèle).
Les flux de trésorerie contractuels qui correspondent uniquement à des remboursements de principal
et à des versements d’intérêts sont cohérents avec une convention de prêt de base. Les modalités
contractuelles qui exposent une entité à des risques ou à la volatilité des flux de trésorerie
contractuels, qui ne sont pas présents dans une convention de prêt de base, comme l’exposition aux
variations du cours des actions ou du prix des marchandises, ne satisfont pas au test lié aux
caractéristiques des flux de trésorerie. De la même manière, les modalités qui rehaussent l’effet de
levier ne satisfont pas au test puisqu’elles augmentent la variabilité des flux de trésorerie
contractuels, ce qui se traduit par l’absence des caractéristiques économiques des intérêts.
Le traitement actuel accroît également la variabilité des bénéfices et pertes bancaires au cours du
cycle d’activité, ce qui influe sur la stabilité financière globale :
Durant une phase de ralentissement économique, en raison de la détérioration
généralisée de l’activité, les emprunteurs éprouvent davantage de difficultés à
satisfaire leurs obligations financières, ce qui conduit les banques à renforcer leurs
provisions pour créances douteuses. Durant une telle phase économique, les
provisions sont aussi gonflées par le volume relativement important de prêts inscrits
sur les livres des banques (prêts qui avaient été contractés durant la phase antérieure
de reprise lorsque les conditions de crédit étaient plus souples). L’augmentation des
provisions réduit les bénéfices comptables, incitant les banques à restreindre leur offre
de crédit précisément au moment où les emprunteurs ont le plus besoin de liquidité.
Cette restriction du crédit a tendance à accentuer le ralentissement économique,
créant ainsi un cercle vicieux.
En revanche, au cours d’une phase de reprise, les profits sont dopés par la diminution
des provisions, due à l’amélioration générale de la conjoncture et au fait que les prêts
contractés durant la phase précédente de ralentissement représentent un volume
moindre. Cette rentabilité accrue amène les banques à assouplir leurs normes de
crédit et à surfinancer les emprunteurs intrinsèquement fragiles, amplifiant ainsi le
cycle d’activité et contribuant à la création de « bulles financières ».
Il convient de noter que, au sens statistique, un ralentissement économique devrait normalement
s’accompagner d’une augmentation des créances douteuses. Même s’il n’existe aucun signe de
dépréciation du portefeuille de prêts en phase ascendante du cycle d’activité, il est clair qu’une partie
du portefeuille se dépréciera au cours de la phase de recul qui s’ensuivra. Dans la mesure où les
pratiques actuelles de provisionnement ne peuvent prendre en compte ces pertes attendues, elles
surestiment les bénéfices durant les phases de reprise et les sous-estiment durant les phases de recul
de l’activité.
Beaucoup pensent qu’une approche plus prospective, basée sur les anticipations manifestes de
pertes, aurait permis que les banques traversent le cycle économique des années 2000 avec des
provisions plus solides et donc des besoins en fonds propres plus élevés. Si les pertes anticipées ne
figurent pas dans les provisions, elles restent masquées dans les fonds propres, qui deviennent
surévalués. Les fonds propres sont comme une police d’assurance (tout risque), et, comme pour toute
assurance, ne doivent pas inclure des pertes jugées certaines.
Ce chapitre traite le nouveau modèle de perte de crédit attendue comme indiqué dans la version
finale de la norme IFRS 9 et décrit également les nouvelles informations sur les risques de crédit par
rapport au modèle de perte de crédit prévue, comme indiqué dans IFRS 7, Instruments financiers :
informations à fournir.
2009 : Amortised Cost and Impairment Cette première version proposée entraîne :
• Une mesure des risques intégrée à la reconnaissance des intérêts sur les prêts.
• Mais une mise en application engendrant des points bloquants d’ordre opérationnel.
• Une déconnection est proposée entre le provisionnement des pertes de crédit attendues, et la
comptabilisation des taux d’intérêts effectifs, afin de régler les points bloquants d’ordre opérationnel.
• Un modèle encore trop binaire, qui manquait de soutien par les acteurs du marché.
• Un équilibre des coûts et des bénéfices meilleur (un résultat proche de la publication de 2009, mais
bien plus opérationnel).
• Une reconnaissance plus juste et au bon moment des pertes de crédit attendues.
• Un modèle permettant d’identifier les actifs dont la valeur s’est significativement détériorée.
Ainsi le nouveau modèle d’Impairment permet de mieux provisionner les risques de crédit en
fonction des pertes attendues, donc de façon plus prospective qu’avec IAS39, norme qui demandait
qu’un évènement de crédit ait eu lieu pour justifier le provisionnement (par exemple un impayé, une
demande de règlement judiciaire ou de suspension provisoire des poursuites).
les engagements de prêts, lorsqu’il existe une obligation contractuelle actuelle d’octroyer du
crédit (exception faite de ceux qui sont évalués à la juste valeur par le biais du résultat net);
les contrats de garantie financière auxquels l’IFRS 9 s’applique (exception faite de ceux qui sont
évalués à la juste valeur par le biais du résultat net);
les créances résultant de contrats de location qui entrent dans le champ d’application de l’IAS
17, Contrats de location;
les actifs contractuels entrant dans le champ d’application de l’IFRS 15, Produits des activités
ordinaires tirés de contrats avec des clients (c.-à-d. les droits à une contrepartie à la suite du
transfert de biens ou de services).
• les événements passés, comme l’historique des pertes pour des instruments financiers similaires;
• les circonstances actuelles;
• les prévisions raisonnables et justifiables qui influent sur la recouvrabilité attendue des flux de
trésorerie futurs liés à l’instrument financier.
Dans l’application de cette approche davantage prospective, une distinction est apportée entre :
• les actifs financiers dont la qualité du crédit ne s’est pas détériorée de façon importante depuis la
comptabilisation initiale, ou dont le risque de crédit est faible; et
• les actifs financiers dont la qualité du crédit s’est détériorée de façon importante depuis la
comptabilisation initiale et dont le risque de crédit n’est pas faible.
Les « pertes de crédit attendues pour les 12 mois à venir » sont comptabilisées pour la première
catégorie, alors que les « pertes de crédit attendues pour la durée de vie » sont comptabilisées pour
la deuxième catégorie. Un actif est transféré de la catégorie des pertes attendues pour les 12 mois à
venir à la catégorie des pertes de crédit attendues pour la durée de vie lorsqu’il y a eu une
détérioration importante de la qualité du crédit depuis la comptabilisation initiale et que le risque de
crédit est plus élevé que « faible ». La « frontière » entre les pertes pour les 12 mois à venir et celles
attendues pour la durée de vie est donc fondée à la fois sur la variation du risque de crédit et sur le
niveau de risque absolu à la date de clôture.
Le modèle comporte également une troisième phase. À l’égard des actifs présentant une indication
objective de dépréciation, les intérêts sont calculés en fonction du coût amorti, déduction faite de la
correction de valeur pour pertes (cette phase est essentiellement la même que celle du modèle des
pertes subies utilisé dans l’IAS 39). Il est attendu que les entités seront en mesure d’utiliser leurs
systèmes de gestion des risques actuels comme point de départ de la mise en œuvre de ces
exigences.
Aspect pratique
Figure – illustration
3 : Processus simple
en trois du principe de la perte attendue
phases
Le processus en trois phases reflète le cycle de détérioration de la qualité du crédit d’un instrument financier
Les revenus d'intérêts pour la première année sera calculée à 6% x 1 000 000 = 60 000 UM.
Si, à la fin de la deuxième année, il y a eu une détérioration significative de la qualité de crédit, mais il
n'y a aucune preuve objective d'une perte de valeur, des pertes attendues pour la durée de vie du
crédit sont comptabilisées. Si les pertes attendues sur la période restante du prêt sont estimées à
100 000 UM, l'entité comptabilise les pertes attendues pour la durée de vie, comme suit :
(R) Dotations aux Provisions pour 96 250
dépréciation des actifs financiers
(100 000 – 3 750)
(B) Provisions pour dépréciation 96 250
des actifs financiers
Les revenus d'intérêts pour la deuxième année continueront d'être calculés sur le montant brut soit :
6% x 1 000 000 = 60 000 UM.
Supposons qu’à la fin des années 3 et 4, la qualité de l'emprunt de crédit continue de se détériorer,
mais il n'y a aucune preuve objective de dépréciation. Supposons que, dans ces deux années, le
montant comptabilisé des pertes de valeur se présente comme suit :
(R) Dotations aux Provisions pour 100 000
dépréciation des actifs financiers
(B) Provisions pour dépréciation 100 000
des actifs financiers
Les revenus d'intérêts pour la 3 ème et 4ème année continueront d'être calculés sur le montant brut soit :
6% x 1 000 000 = 60 000 UM.
Supposons que les défauts de paiement à la fin de la 5 ème année et la perte de valeur réelle est
estimée à 250 000 UM, l'entité enregistre une nouvelle perte de valeur comme suit:
(R) Dotations aux Provisions pour 50 000
dépréciation des actifs financiers
(B) Provisions pour dépréciation 50 000
des actifs financiers
La valeur nette comptable du prêt à la fin de l'année 5 sera de 750 000 UM. Par la suite, à partir de la
6ème année, le revenu d'intérêt serait calculé à 6% de la valeur nette comptable de l'emprunt.
Si au début de la 6ème année, le prêt est vendu à un tiers pour 740 000 UM, l’écriture au journal serait
comme suit :
(B) Trésorerie 740 000
(B) Provisions pour dépréciation 250 000
des actifs financiers
(R) Perte nette sur cession 10 000
d’actifs financiers
(B) Actifs financiers évalués au 1 000 000
coût amorti
4.4. Exceptions au modèle général
• Une méthode simplifiée pour les créances clients, les actifs sur contrats et les créances locatives.
3.2.3.1. Une approche particulière pour les actifs financiers dépréciés dès leur
acquisition ou leur création
Les actifs financiers achetés ou créés dont la qualité de crédit est faible sont définis comme des actifs
financiers achetés ou créés présentant une indication objective de dépréciation dès la
comptabilisation initiale. L’indication objective d’une dépréciation s’entend à son tour d’un ou de
plusieurs événements survenus et ayant une incidence sur les flux de trésorerie futurs attendus des
instruments financiers. Est considérée comme une indication objective de dépréciation notamment
toute donnée observable portée à l’attention du porteur de l’instrument financier sur les événements
générateurs de pertes suivants :
• l’octroi par le prêteur à l’emprunteur, pour des raisons économiques ou juridiques liées aux
difficultés financières de l’emprunteur, d’une facilité que le prêteur n’aurait pas envisagée dans
d’autres circonstances;
• la disparition d’un marché actif pour cet actif financier, suite à des difficultés financières;
• l’acquisition d’un actif financier avec une forte décote qui reflète des pertes de crédit avérées.
Aspect
L’IFRS pratique
9 présente– Illustration Calcul de particulière
une approche crédit ajusté au
à taux d'intérêt
l’égard effectiffinanciers
des actifs et la reconnaissance
dépréciésdedès
perteleur
pour les actifs financiers dépréciés dès leur acquisition ou leur création
acquisition ou leur création qui diffère du modèle général pour les actifs financiers. En vertu de cette
approche
Le particulière,
1er Janvier une entité
2009, la société est tenue
D a émis d’appliquer
un emprunt le taux
obligataire d’intérêt effectif
en contrepartie ajusté en
du paiement fonction
d’un couponde
annuel de 800
la qualité UM à terme
du crédit au coûtéchu et un de
amorti remboursement
l’actif financierdu principal
depuis sadecomptabilisation
10 000 UM le 31 Décembre 2018.
initiale. Par En
la suite,
2014,
elle ne doit comptabiliser que le cumul des variations des pertes de crédit attendues pour la duréeàde
la société D était en difficultés financières importantes et était incapable de payer le coupon
échéance le 31 Décembre 2014. Le 1er Janvier 2015, la société V estime que le détenteur des obligations
vie de l’instrument depuis sa comptabilisation initiale à titre de correction de valeur pour pertes. Le
pouvait espérer recevoir un paiement unique de 4 000 UM à la fin de 2016. Elle acquiert les obligations à
montantattachés
coupons de la variation
au prix dedes pertes
3 000 UM.deLacrédit
sociétéattendues
V déterminepourquela l'instrument
durée de viede est comptabilisée
la dette est un actifen
financier déprécié dès son acquisition, en raison
résultat net à titre de gain ou de perte de valeur. de la preuve de difficultés financières importantes de la
société D et vu que l'instrument de la dette a été acquis avec une décote importante.
Il peut être démontré que l'utilisation des flux de trésorerie contractuels (y compris le retard de 800 UM)
donne lieu à un TIE de 70,1% (3 000 = 800 + 800 * [1- (1 + TIE) -4/ TIE ] + 10 000 * (1 + TIE)-4). Cependant, vu
qu’il s’agit d’un actif financier déprécié dès son acquisition, V doit calculer le TIE en utilisant les flux de
trésorerie estimés sur l'instrument. Dans ce cas, le TIE est de 15,5% (3 000 = 4 000 * (1 + TIE )-2).
Toutes choses étant égales, les revenus d'intérêts s’élevant à 465 UM (3 000 UM× 15,5%) seraient reconnus
sur l'instrument au cours de 2015 et sa valeur comptable à la fin de l'année serait de 3 464 UM (3 000 UM +
464 UM). Toutefois, si à la fin de l'année, sur la base de preuves raisonnables et justifiables, les flux de
trésorerie attendus pouvant être reçu sur l'instrument auraient augmenté à, disons, 4 250 UM (à recevoir à la
fin de 2016), un ajustement devrait se faire sur le coût amorti de l'actif. En conséquence, sa valeur comptable
serait porté à 3 680 UM (4 250 UM actualisés sur un an à 15,5%) et un gain de 217 UM (3 680 - 4000 * 1.155 -
1
) serait reconnue en résultat.
Comme nous l’avons remarqué dans l’exemple précédent, pour les instruments financiers qui sont
considérés comme des actifs financiers dépréciés dès leur acquisition ou leur création, le taux
d’intérêt effectif est déterminé en tenant compte des pertes de crédit attendues pour la durée de vie
d’origines calculé sur la base des flux de trésorerie estimatifs initiales. Ce traitement comptable est
identique à celui exigé par la norme IAS 39. Par conséquent, ce traitement peut être utilisé sans
développement significatif des systèmes ou processus déjà mis en place. Il est également compatible
avec la méthode de dépréciation proposée dans l'Exposé-sondage 2009.
La raison de ne pas avoir enregistré de pertes de crédit pour les 12 mois à venir pour ces actifs est que
les pertes sont déjà reflétées dans les justes valeurs auxquelles ils sont initialement comptabilisés. La
même logique pourrait être appliquée à tous les autres actifs financiers qui ne sont pas des actifs
financiers dépréciés dès leur acquisition ou leur création, en faisant valoir que, eux aussi, sont
initialement comptabilisés à la juste valeur qui reflète les attentes de pertes futures. Toutefois, le
double comptage de pertes de crédit pour les 12 mois à venir lors de la comptabilisation initiale serait
trop important pour des actifs avec un risque de crédit élevé, et l'exclusion de pertes de crédit
attendue initiales lors du calcul du taux d’intérêt effectif conduirait à une distorsion qui serait trop
En savoir plus pour
importante – Calcul desacceptable.
être Revenus d'intérêts et du taux d'intérêt effectif comme point de divergence entre
l’approche générale et l’approche particulière
Dans l’approche générale, les revenus d’intérêts devront être calculés selon la méthode du taux d’intérêt
effectif, appliquée à la valeur comptable brute de l’actif financier.
En revanche, ils devront être calculés selon la méthode du taux d’intérêt effectif appliquée à la valeur
comptable nette (coût amorti) s’il existe, à la date de clôture, une indication objective de dépréciation.
En outre, si une indication objective de détérioration de la qualité de crédit de l’actif financier existe lors de
la comptabilisation initiale (actifs financiers déprécié dès leur acquisition ou leur création), les produits
d’intérêts devront être calculés selon le taux d’intérêt effectif ajusté en fonction de la qualité de crédit,
appliqué au coût amorti.
3.2.3.2. Une approche simplifiée pour les créances clients, les actifs sur contrats et
les créances locatives
Dans le cadre de la conception des exigences de dépréciation de l’IFRS 9, il existait une préoccupation
quant à savoir s’il était justifié de comptabiliser des pertes de crédit attendues pour les 12 mois à
venir ou pour la durée de vie à l’égard d’instruments comme des créances clients et des créances
locatives.
Par conséquent, l’IASB a inclus les mesures de simplification suivantes dans les exigences finales :
• À l’égard des créances clients et des actifs sur contrats 1 dont la durée n’excède pas un an ou qui ne
comportent pas de composante financement importante 2, une entité doit toujours comptabiliser une
correction de valeur pour pertes d’un montant correspondant aux pertes de crédit attendues pour la
durée de vie;
• À l’égard des créances clients et des actifs sur contrats qui comportent une composante
financement importante (conformément à l’IFRS 15), les entités peuvent choisir de toujours
comptabiliser une correction de valeur pour pertes d’un montant correspondant aux pertes de crédit
attendues pour la durée de vie;
• De la même manière, pour les créances locatives qui entrent dans le champ d’application de
l’IAS 17, une entité peut choisir à titre de méthode comptable d’évaluer la correction de valeur pour
pertes à un montant correspondant aux pertes de crédit attendues pour la durée de vie.
Le choix de la méthode comptable s’applique indépendamment aux créances clients comportant une
composante financement importante, aux créances locatives et aux actifs sur contrats comportant
une composante financement importante.
Aspect pratique – Matrice de provision (fournie par l’IFRS 9) pour les créances clients qui ne comportent pas de
composante financement importante
Une institution non financière détient des créances clients qui ne possèdent pas une composante importante de
financement. Afin de déterminer le montant des pertes de crédit attendues pour la durée de vie qui doit être mentionné
Dans la pratique, de nombreuses entreprises utilisent une matrice de disposition pour calculer leurs
dans les états financiers, elle a mis en place la matrice suivante :
provisions
Pas de pour retarddépréciation.
: 0,3 % de la valeur comptable
30 jours de retard : 1,6 % de la valeur comptable
31 à60 jours de retard : 3,6 % de la valeur comptable
61 à 90 jours de retard : 6,6 % de la valeur comptable
1 L’actif sur contrat est défini comme le droit d’une entité à la contrepartie en échange de biens ou services qui ont été
Plus
fournis à undeclient,
90 jours
maisdeleretard de retard
droit est : 10,6 %
conditionnel de la valeur
à autre comptable
chose que l’écoulement du temps (par exemple la performance
La future)
norme présente cette matrice à titre illustratif, de ce fait, toute entité peut calibrer la matrice en ajustant son expérience
de 2perte
L’IFRSde15crédit historique
fournit avec lesafin
des indicateurs conditions actuelles
d’aider une entitéetàles informations
déterminer prévisionnelles
si une dont elle dispose.
composante financement importante existe
dans un contrat, y compris (entre autres choses) la relation entre la contrepartie promise et le prix de vente au comptant
et l’intervalle entre la livraison des biens et services promis et le moment du paiement par le client. Lorsque l’intervalle
entre la prestation et le recouvrement n’excède pas un an, les effets de la composante financement peuvent être ignorés.
Dans le cas contraire, les effets d’une composante financement importante sont comptabilisés séparément des produits.
Toutefois, afin de se conformer aux exigences de la norme IFRS 9, les entreprises auraient besoin
d'examiner l’influence des informations actuelles et prévisionnelles sur les taux de défaut historiques
de leurs clients et, par conséquent, la manière dont l'information aurait une incidence sur leurs
attentes et les estimations de pertes de crédit attendue.
Aspect pratique – Matrice de provision (établie par l’entité) pour les créances clients qui ne comportent pas de
composante financement importante
La société M dispose d'un portefeuille de créances commerciales de 20 000 000 UM au 31/12/20X4. L'entité
fonctionne seulement en Malaisie.
La clientèle se compose d'un grand nombre de petits clients et les créances commerciales sont classées par
caractéristiques de risque commun qui sont représentatifs de la capacité des clients à payer tous les montants
dus conformément aux conditions contractuelles. Toutes les créances clients ont une échéance de moins d'un an
et ne présentent pas une composante importante de financement conformément à la norme IFRS 15. La clientèle
se compose de deux groupes, classés par caractéristiques de risque de crédit.
Conformément aux dispositions de la norme IFRS 9, la provision pour pertes de telles créances est toujours
évaluée à un montant égal aux pertes de crédit pour la durée de vie prévue.
Pour déterminer les pertes sur créances prévues pour le portefeuille, la Société M utilise une matrice de
disposition. La matrice de disposition est fondée sur ses taux de défaut historiques observés et est ajusté pour
les besoins d’estimation des pertes attendues sur la durée de vie des dites créances.
La matrice de provision de la société M est basée sur les taux de défauts historiques observés sur la durée de vie
des créances clients et est, en outre, ajusté par une estimation prévisionnelle qui comprend la probabilité d'un
environnement économique dégradé dans la prochaine année. A chaque date de clôture, les taux de défaut
historiques observées sont mises à jour et les changements des estimations sont analysées. Sur cette base, la
société M estime la matrice de disposition suivante :
Groupe de Pas de retard Retard de 1 à Retard de 31 Retard de 61 Retard de plus
clients de paiement 30 jours à 60 jours à 90 jours de 90 jours
Groupe A
Taux de perte 0,5 % 1,5 % 3,5 % 7,0 % 10,5 %
attendue sur la
durée de vie
Groupe B
Taux de perte 0,6 % 1,8 % 3,8 % 8,2 % 11,3 %
attendue sur la
durée de vie
Pour chaque groupe de clients, les créances commerciales et les pertes attendues sur la durée de vie sont
évaluées et comptabilisées comme suit:
Groupe A Valeur brute comptable Taux de perte prévu Montant de la perte
attendue sur la durée de
vie des créances
Non échu 6 700 000 0,5 % 33 500
1-30 jours de retard 2 000 000 1,5 % 30 000
31-60 jours de retard 1 600 000 3,5 % 56 000
61-90 jours de retard 1 200 000 7,0 % 84 000
Plus que 90 jours de retard 500 000 10,5 % 52 500
Total Groupe A 12 000 000 256 000
• Actifs sur contrats aux termes de l’IFRS 15 ou créances clients ne comportant pas de composante financement importante (y coms
Méthode
• Correction
• Actifs sur contrats aux termes de l’IFRS 15 ou créances clients comportant une composante financeme
• Créances locatives
L’estimation des pertes sur créances attendues, selon l’IFRS 9, doit refléter :
a) Un montant impartial et pondéré en fonction des probabilités des résultats possibles ;
b) la valeur temps de l’argent ;
c) De l'information raisonnable et supportable qui est disponible sans coût ou effort excessif à la
date de reporting sur les événements passés, des conditions actuelles et les prévisions des
conditions économiques futures
L'utilisation d'un résultat fondé sur une meilleure ou la pire des cas, la prise en compte de scénario
n’est pas autorisée.
IFRS 9 ne prévoit pas de méthodes particulières de mesure. Une entité devra examiner un éventail
plus large de l'information lors de l'évaluation et de mesure de pertes sur créances prévues. La
mesure devrait être basée sur l'information pertinente qui est disponible sans coût ou effort excessif,
y compris des informations sur:
(A) des événements passés, comme l'expérience passée des pertes sur les instruments
financiers semblables;
(B) des conditions actuelles; et
(C) des prévisions raisonnables et justifiables qui affectent la recouvrabilité prévue des flux de
trésorerie futurs sur l'instrument.
Bien que le modèle soit tourné vers l'avenir, l'information historique est toujours considérée comme
un point d'ancrage important ou de base de mesure des pertes sur créances prévues. Toutefois, les
données historiques doivent être ajustées sur la base des données observables actuelles pour refléter
les effets des conditions et des prévisions des conditions futures actuelles.
L’estimation des pertes de crédit attendues ne doit correspondre ni au scénario le plus défavorable ni
au scénario le plus favorable. En fait, elle doit toujours refléter la possibilité qu’une perte de crédit
soit subie et la possibilité qu’aucune perte de crédit ne soit subie, même lorsque le résultat le plus
probable consiste en une absence de perte.
La Durée de vie prévue par rapport à la période contractuelle
Lors de la mesure des pertes de crédit attendues, les entités doivent tenir compte de la période
contractuelle maximale (y compris les extensions) sur laquelle l'entité est exposée au risque de crédit.
Ces extensions seraient normalement au gré de l'emprunteur.
Pour les engagements de prêts et les contrats de garantie financière, l'horizon de temps pour mesurer
les pertes attendues est la période contractuelle maximale pendant laquelle une entité a une
obligation contractuelle.
Toutefois, pour les facilités de crédit renouvelables (par exemple, les cartes de crédit et découverts),
cette période est prolongée au-delà de la période contractuelle et comprend la période pendant
laquelle l'entité devrait être exposée au risque de crédit. Cette période doit être calculée sur la base
de l'expérience historique.
La valeur temps de l’argent
Une entité doit tenir compte de la valeur temps de l'argent lors de la mesure des pertes attendues, en
actualisant ce montant à la date de clôture en utilisant un taux qui se rapproche du taux d’intérêt
effectif de l'actif.
Le taux d’actualisation est calculé comme suit:
• Pour un actif financier à taux fixe, les entités sont tenues d’utiliser le taux d'intérêt effectif calculé
lors de la comptabilisation initiale de l'actif financier, tandis que pour un actif financier à taux variable,
les entités sont tenues d'utiliser le taux d'intérêt effectif actuel.
• Pour les actifs financiers dépréciés dès leur acquisition ou leur création, les entités sont tenues de
mesurer des changements dans les pertes de crédit attendues en utilisant le taux d'intérêt effectif
ajusté du crédit déterminé lors de la comptabilisation initiale de l'actif financier.
Le projet de l’exposé-sondage 2013 a proposé que les entités actualisent les pertes sur crédit
attendues dans tous les cas entre le taux sans risque et le taux d'intérêt effectif de l'actif financier.
Cette proposition a été conçue pour éviter la complexité opérationnelle de la détermination du taux
d'intérêt effectif, ce qui nécessiterait l'intégration des systèmes de gestion des risques de crédit et de
comptabilité. Un certain nombre de répondants estiment que cette proposition a donné trop de
flexibilité et que le taux d'intérêt effectif était, sur le plan conceptuel, le taux le plus correct à utiliser.
En conséquence, l'IASB a modifié l'obligation d’actualiser les pertes de crédit attendues à l'aide du
taux d'intérêt effectif ou une approximation de celui-ci.
Les informations raisonnables et supportable qui sont disponibles sans coût ou effort
excessif
L’IFRS 9 exige qu'une entité tienne compte des informations raisonnables et supportables qui sont
disponibles sans coût ou effort excessif à la date de reporting portant sur les événements passés, les
conditions et les prévisions des conditions économiques actuelles et futures qui sont pertinentes pour
l'estimation des pertes de crédit attendues, y compris l’effet de remboursements anticipés prévus.
L'un des changements importants par rapport aux exigences de la norme IAS 39 réside dans le fait
que les entités ne sont pas seulement tenus d'utiliser les informations historiques qui sont ajustées
pour refléter les effets des conditions actuelle, mais ils sont également tenus d'examiner la manière
dont les prévisions sur les conditions économiques futures affecteraient leurs données historiques.
Une entité n’est pas obligée d'incorporer des prévisions détaillées sur les conditions économiques
futures sur toute la durée de vie prévue d'un instrument financier. La norme note que lorsque
l’horizon de prévision augmente, la disponibilité d'informations détaillées diminue et le degré de
jugement nécessaire pour estimer les pertes sur crédit attendues augmente.
Par conséquent, lorsqu’il n’est pas possible d’effectuer une estimation détaillée sur des périodes
lointaines, une entité peut extrapoler les projections de l'information disponible.
Bien que le modèle soit tourné vers l'avenir, l'information historique est toujours considérée comme
un point d'ancrage important ou de base de mesure des pertes sur créances prévues :
Dans la plupart des cas, des ajustements seraient nécessaires pour intégrer les effets qui ne
figuraient pas dans le passé ou pour éliminer les effets qui ne sont pas pertinents pour
l'avenir ;
Dans certains cas, des informations historiques non ajustées peuvent représenter la meilleure
estimation, ceci dépends de la nature de l'information historique, des circonstances à la date
de clôture et les caractéristiques de l'instrument financier considéré.
En outre, en considérant comment, et dans quelle mesure, les pertes de crédit historiques devraient
être ajustées, une entité devra tenir compte de divers éléments, notamment:
La période de temps pendant laquelle ses données historiques ont été collectées et les
conditions économiques y correspondant.
Que les données antérieures sur les pertes de crédit attendues correspondent à un cycle
intégral (par exemple les estimations basées sur l'historique des événements de perte de
crédit et de l'expérience sur l'ensemble du cycle économique) ou à une date déterminée (par
exemple des estimations basées sur des informations, des circonstances et des événements à
la date de clôture)
Que les données antérieures correspondent à un cycle économique spécifique et que ce cycle
représente les conditions actuelles et les prévisions des conditions économiques futures.
Les données historiques peuvent également ne pas être fiables ou précises si elles n'ont pas déjà été
utilisées à des fins de reporting financier.
Les estimations de l'évolution des pertes de crédit attendues devraient être conformes à l'évolution
des données observables liées d'une période, c’est à dire, conforme aux tendances observées sur
l'état des paiements et les données macro-économiques tels que les changements dans les taux de
chômage, les prix de l'immobilier, ou les prix des produits de base. Aussi, afin de réduire les
différences entre les estimations d'une entité et la réalité de la perte de crédit, les estimations des
pertes de crédit attendues devraient être testés et réajustés en permanence, à savoir, une entité doit
revoir régulièrement ses entrées, les hypothèses, les techniques et méthodologie d'estimation
utilisées.
3.2.4.2. Les pertes de crédit attendues pour la durée de vie
L’IFRS 9 définit les pertes de crédit attendues pour la durée de vie comme la totalité des cas de
défaillance dont un instrument financier peut faire l’objet au cours de sa durée de vie.
Les pertes de crédit attendues sur la durée de vie d’un actif financier seraient estimées sur la base de
la valeur actuelle de tous les déficits de trésorerie au cours de la durée restante prévue de l'actif
financier, soit la différence entre:
• Les flux de trésorerie contractuels qui sont dues à une entité en vertu du contrat
Et
• Le flux de trésorerie que le titulaire attend à recevoir
Comme pertes de crédit attendues prennent en compte à la fois le montant et le calendrier des
paiements, une perte de crédit se pose même si le titulaire attend à recevoir tous les paiements
contractuels, mais à une date ultérieure.
Pour un contrat de garantie financière, l'estimation de la perte de crédit pour la durée de vie serait
fondée sur la valeur actualisée des flux de trésorerie attendus de la saisie, diminués des coûts de prise
de possession et de vente des actifs affectés en garantie, peu importe que la saisie soit ou non
probable (c’est-à-dire que l’estimation des flux de trésorerie attendus tient compte de la probabilité
d’une saisie et des flux de trésorerie qui en résulteraient).
3.2.4.3. Les pertes de crédit attendues pour les 12 mois à venir
L’IFRS 9 définit les pertes de crédit attendues pour les 12 mois à venir comme la totalité des cas de
défaillance dont un instrument financier peut faire l’objet dans les 12 mois suivant la date de clôture.
En d’autres termes, Les pertes de crédit attendues pour les 12 mois à venir correspondent aux
insuffisances attendues des flux de trésorerie contractuels pour la durée de vie d’un instrument
financier qui surviendraient advenant une défaillance dans les 12 mois suivant la date de clôture,
pondérées par la probabilité qu’il y ait défaillance.
Aspect pratique –mesure de la perte attendue de crédit pour les 12 mois à venir en utilisant une approche
basée sur la probabilité explicite de défaillance
Entité L émet un prêt pour une valeur de 1 000 000 UM. En utilisant l'information la plus récente disponible,
comme les données de l'industrie, la qualité de crédit de l'emprunteur et les perspectives économiques pour les
12 prochains mois, l'entité L estime que l'instrument a une probabilité de défaillance de 1% se produisant dans
le 12 prochains mois. Il estime en outre que 25% de la valeur brute comptable sera perdue en cas de défauts de
paiement.
L’entité L reconnaît, alors, une provision pour perte à un montant égal à 12 mois de pertes sur créances prévues
à l'aide de la probabilité de défaut de du 1% sur 12 mois. Cette provision est calculée comme suit:
1% x 25% x RM1 000 000 = RM2 500.
La norme énonce que, pour établir la définition d’une défaillance, une entité doit appliquer une
définition conforme à celle utilisée aux fins de la gestion interne du risque de crédit de l’instrument
financier pertinent et tenir compte d’indicateurs qualitatifs (p. ex. des clauses restrictives financières)
lorsque c’est approprié.
Pratiquement, L’entité peut avoir recours à diverses méthodes pour déterminer les pertes de crédit
pour les 12 mois à venir, parmi ces méthodes on peut citer, par exemple, l’application d’un taux de
pertes de crédit, même si elle ne fait pas appel à une probabilité explicite de défaillance à titre de
donnée d’entrée. En utilisant cette approche, l'entité développe des statistiques de taux perte sur la
base du montant amortis sur la durée de vie des actifs financiers. Il doit ensuite ajuster ces tendances
de perte de crédit historiques pour les conditions actuelles et les attentes futures.
L'exemple suivant est destiné à illustrer comment une entité évalue les pertes de crédit attendues
pour les 12 mois en utilisant une approche de taux de perte :
Aspect pratique –mesure de la perte attendue de crédit pour les 12 mois à venir en utilisant une
approche basée sur le taux de perte
La Banque X segmente son portefeuille de prêts au logement dans des groupes d'emprunteurs P et Q sur la base
des caractéristiques de risque communs qui sont indicatives de la capacité de l'emprunteur à payer tous les
montants qui sont contractuellement dus. La valeur comptable des deux Groupes P et Q s’élève respectivement à
200 000 000 UM et 300 000 000 UM. En moyenne, le principal par client s’élève à 200 000 UM pour le groupe P
et 600 000 pour le groupe Q.
La Banque X mesure les pertes de crédit attendues sur la base d'une approche de taux de perte pour les groupes
P et Q. Afin de développer ses taux de perte, la Banque X étudie l’historique de défaillance d’un échantillon de 50
prêts de chaque groupe ainsi que la perte historique sur ces types de prêts. En outre, la Banque X prend en
considération les conditions économiques actuelles ainsi que des prévisions raisonnables et justifiables afin de
mettre à jour ses informations historiques.
Historiquement, pour un échantillon de 50 prêts dans chaque groupe :
la moyenne par an du Groupe P était 4 prêts en défaut dans la première année, et
la moyenne par an du Groupe Q était 2 prêts en défaut dans la première année.
Au cours de toute la durée contractuelle de ces prêts ayant fait défaillance dans la première année après leur
création, la valeur actuelle des pertes de crédit observée était 750 000 UM pour le groupe P et 1 130 000 UM
pour le groupe Q. Les taux de pertes historiques pour la première année sont déterminés comme suit :
Nombre Valeur Valeur Nombre Valeur La valeur Taux de
de clients comptable comptable de comptabl actuelle perte
par brute de brute de défaillanc e brute de la
échantillo défaillanc défaillanc e totale de perte
n e par e totale historique défaut observée
client par an estimée
Group A B C=A*B D E=B*D F G= F+C
es
P 50 200 000 10 000 000 4 800 000 750 000 7,50 %
Q 50 600 000 30 000 000 2 1 200 000 1 130 000 3,77 %
À la fin de l'année en cours de la Banque X prévoit une augmentation des défauts de paiement au cours des 12
prochains mois, comparativement au taux historique. En conséquence, la Banque X estime pour un échantillon
de 50 prêts dans chaque groupe :
la moyenne par an du Groupe P sera de 5 prêts en défaut dans les 12 prochains mois, et
la moyenne par an du Groupe Q sera 3 prêts en défaut dans les 12 prochains mois.
La banque X estime que la valeur actuelle des pertes de crédit observée par client restera compatible avec la
perte historique par client. La Banque X révise les taux de pertes historiques, comme suit :
Nombre Valeur Valeur Nombre Valeur La valeur Taux
de clients comptable comptable de comptabl actuelle de de
par brute de brute de défaillanc e brute la perte perte
échantillo défaillanc défaillanc e totale de observée
n e par e totale historique défaut
client par an estimée
Group A B C=A*B D E=B*D F G= F
es +C
P 50 200 000 10 000 5 1 000 000 937 500 = 9,375
000 5*750 000/4 %
Q 50 600 000 30 000 3 1 800 000 1 695 000 = 5,65 %
000 3*1130000/
2
3 La norme énonce que, pour établir la définition d’une défaillance, une entité doit appliquer une définition conforme à
celle utilisée aux fins de la gestion interne du risque de crédit de l’instrument financier pertinent et tenir compte
d’indicateurs qualitatifs (p. ex. des clauses restrictives financières) lorsque c’est approprié.
au modèle des pertes encourues IAS 39 et, par conséquent, peut conduire à la reconnaissance
tardive des pertes sur crédit attendues.
Les Politiques d’octroi de crédit : L'IASB a, en outre, examiné si le changement du plafond de
crédit à octroyer pour une catégorie particulière d'instruments financiers à la date de clôture
(c’est à dire qu’une entité ne serait pas accorder de nouveaux prêts avec les mêmes modalités)
doit constituer la base de l'évaluation de l’augmentation significative du risque de crédit.
L'IASB a noté que cette approche est similaire à l'approche «absolue». En outre, le
changement dans les limites de souscription de crédit d'une entité peut être entraîné par
d'autres facteurs qui ne sont pas liés à un changement dans le risque de crédit de ses
emprunteurs (par exemple, l'entité peut proposer des conditions favorables pour maintenir
une bonne relation d'affaires ou pour augmenter les prêts).
Comme déjà souligné, l'évaluation de l’augmentation significative du risque de crédit est basée sur
la variation de la probabilité de défaillance pendant la durée de vie prévue de l’instrument
financier et non pas sur la variation du montant des pertes de crédit attendues.
3.2.5.2. Les indicateurs de l'évolution du risque de crédit
Comme pour l'évaluation de pertes sur crédit attendues, lors de l'évaluation des augmentations
significatives de risque de crédit, une entité doit prendre en compte toutes les informations
raisonnables et justifiables qui sont disponibles sans coût ou effort excessif et qui sont pertinentes
pour un instrument financier, un portefeuille, des parties d'un portefeuille, et les groupes de
portefeuilles.
L'IASB a noté qu'il n'a pas l'intention de prescrire une approche spécifique ou mécaniste pour évaluer
les changements dans le risque de crédit et que l'approche appropriée dépendra de différents
niveaux de complexité de l’entité, de l'instrument financier en question et la disponibilité des
données. Il est important de souligner que l'évaluation de l'augmentation significative du risque de
crédit implique souvent une analyse globale et multifactorielle.
La norme a fournit une liste non exhaustive des facteurs ou indicateurs que l’une entité doit prendre
en considération au moment de déterminer la nécessité de reconnaissance des pertes de crédit
attendues pour la durée de vie d’un instrument financier. Cette liste de facteurs ou indicateurs est
détaillée comme suit :
Données internes
Cette présomption peut être réfutée, mais seulement lorsque l’entité présentant l’information
financière dispose d’informations raisonnables et justifiables qui démontrent que, même si les
paiements contractuels deviennent en souffrance depuis plus de 30 jours, cela ne représente pas une
augmentation importante du risque de crédit d’un instrument financier.
Par exemple, lorsque les données historiques démontrent qu’il n’y a pas de corrélation entre des
augmentations importantes du risque de défaillance et les actifs financiers à l’égard desquels les
paiements sont en souffrance depuis plus de 30 jours, mais qu’une telle corrélation existe lorsque les
paiements sont, par exemple, en souffrance depuis plus de 45 jours.
Il est important de souligner que cette présomption ne s’applique pas lorsqu’une entité détermine
qu’il y a eu augmentation importante du risque de crédit avant que les paiements contractuels ne
soient en souffrance depuis plus de 30 jours.
Figure 5 : Appréciation des augmentations importantes du risque de crédit
Le tableau qui suit présente quelques exemples de données pouvant possiblement être utilisées afin d’établir s’il y a eu une augment
Présumer que le risque de crédit n’a pas augmenté de façon importante s’il est faible
Présomption réfutable que le risque de crédit a augmenté de façon importante si les paiements sont en souffrance d
Tenir compte des informations raisonnables et justifiables, disponibles sans devoir engager un coût ou un effor
Scénario 1
En 20X0, la Banque « A » a accordé un prêt de 10 000 UM avec une durée contractuelle de 15 ans à la
Société Q lorsque cette dernière avait une notation de risque de crédit interne de 4 sur une échelle
allant de 1 (le plus faible du risque de crédit) à 10 (le plus élevé du risque de crédit). Le risque de la
survenance d'une défaillance augmente de façon exponentielle lorsque la notation du risque de crédit
se détériore, en d’autres termes, le risque de défaillance correspondant à la différence entre la
notation du risque de crédit grades 1 et 2 est inférieure au risque de défaillance correspondant à la
différence entre la notation du risque de crédit grades 2 et 3.
En 20X5, lorsque la Compagnie Q avait une notation de risque de crédit interne de 6, la Banque lui a
accordé un autre emprunt pour 5 000 UM d'une durée contractuelle de 10 ans.
En 20X7, la Société Q ne parvient pas à conserver son contrat avec un client important et subit en
conséquence une forte baisse de son chiffre d'affaires. La Banque A estime que, suite à la perte du
contrat, la société Q aura une capacité considérablement réduite pour répondre à ses obligations en
matière de prêt et modifie en conséquence sa note interne du risque de crédit à 8.
La Banque A évalue le risque de crédit au niveau de la contrepartie à des fins de gestion des risques de
crédit et considère que l'augmentation du risque de crédit de la Société Q est significatif. Bien que la
banque A n'a pas effectué une évaluation individuelle de l'évolution du risque de crédit sur chaque
prêt depuis sa comptabilisation initiale, l'évaluation du risque de crédit au niveau de la contrepartie et
la comptabilisation d’une perte de crédit pour la durée de vie sur tous les prêts consentis à la Société Q
respecte l'objectif de la norme IFRS 9 en matière de dépréciation comme indiqué au paragraphe 5.5.4
de la dite norme.
Scénario 2
La banque A accordé un prêt de 150 000 UM avec une durée contractuelle de 20 ans à la société X en
20X0 lorsque la société avait une notation de risque de crédit interne de 4.
Au cours de 20X5, les conditions économiques se sont détériorées et la demande pour les produits de
la Société X a diminué de façon significative. La Banque A estime que, en raison de la liquidité réduite
découlant de la baisse des vente, la société Q aura une capacité considérablement réduite pour
répondre à ses obligations en matière de prêt et par conséquent elle modifie sa note interne du risque
de crédit à 7. La Banque A évalue le risque de crédit au niveau de la contrepartie à des fins de gestion
des risques de crédit et considère que l'augmentation du risque de crédit de la Société Q est
significatif et estime que la perte attendue pour la durée de vie du crédit s’élève à 150 000 UM.
Malgré la révision à la baisse récente de la notation du risque de crédit interne, la banque A accorde
un prêt de 50 000 UM à la société X en 20X6 avec une durée contractuelle de 5 ans, en tenant compte
du risque de crédit supérieur à cette date.
Au-delà des paiements en souffrance, les banques gèrent ces crédits de manière agrégée, combinant
les dernières données dues à l'expérience historique et la statistique des indicateurs
macroéconomiques (comme les taux d'intérêt et des taux de chômage, qui ont tendance à corréler
avec les défaillances futures).
En d’autres termes, selon la nature de l’instrument financier considéré et l’information disponible sur
le risque de crédit, une entité pourrait ne pas être en mesure de relever des changements important
de risque de crédit à l’égard d’instruments financiers individuels avant qu’ils ne se retrouvent en
souffrance. Il pourrait alors être nécessaire de procéder à l’appréciation de l’augmentation importante
du risque de crédit d’un groupe d’instruments afin d’assurer que l’objectif de comptabilisation des
pertes de crédit attendues pour la durée de vie en présence d’augmentations importantes du risque
de crédit est atteint.
Aspect pratique – Appréciation de l’importance d’une augmentation du risque de crédit sur une
base individuelle ou collective
La banque évalue chacun de ses prêts hypothécaires sur une base mensuelle au moyen d'un
système de notation comportementale automatisé basé sur le niveau d'endettement du client, le
comportement des clients sur d'autres instruments financiers avec la banque, le montant du prêt et
le temps écoulé depuis l'octroi du prêt. Il est dit que les données historiques indiquent une forte
corrélation entre la valeur de l'immobilier résidentiel et les taux de défaillance pour les prêts
hypothécaires.
La banque met à jour d’une manière régulière la notation du risque correspondant aux prêts
hypothécaires par le biais d'un processus automatisé qui ré-estime les valeurs des propriétés en se
basant sur les ventes récentes dans chaque zone et sur les informations raisonnables et
supportables prospectives qui sont disponibles sans coût ou effort excessif. Par conséquent, un
risque accru d'une défaillance éventuelle en raison d'une baisse prévue de la valeur de l'immobilier
résidentiel permet à la Banque d'identifier une augmentation significative du risque de crédit d’une
manière individuelle avant qu’un prêt hypothécaire ne devienne en souffrance.
Il résulte de ce qui précède que, si la banque était incapable de mettre à jour la notation du risque
correspondant aux prêts hypothécaires d’une manière individuelle, elle doit utiliser l'information
raisonnable et supportable qui est disponible sans coût ou effort afin de faire une évaluation
collective des prêts.
Les instruments financiers ne doivent pas être regroupés pour être appréciés collectivement lorsque
l’évaluation des pertes de crédit attendues pour la durée de vie n’est appropriée que pour une partie
seulement des instruments financiers compris dans le groupe. De plus, l’entité doit réévaluer la façon
dont elle regroupe les instruments financiers lorsque de nouvelles informations deviennent
disponibles, pour s’assurer que l’appréciation collective des instruments financiers demeure
appropriée.
Les caractéristiques de risque comprennent notamment :
(a) le type d’instrument ;
(b) la note de risque de crédit ;
(c) le type de garantie ;
(d) la date de création ;
(e) la durée à courir jusqu’à l’échéance ;
(f) le secteur d’activité ;
(g) l’emplacement géographique de l’emprunteur ;
(h) la valeur de l’actif affecté en garantie par rapport à l’engagement si cela a une incidence sur la
probabilité de défaillance (par exemple, le cas, dans certains pays, des prêts garantis uniquement par
sûreté réelle).
Pour conclure, on peut dire que L’entité doit apprécier pour chaque instrument pris individuellement
s’il y a lieu de comptabiliser une correction de valeur pour pertes ou une provision correspondant aux
pertes de crédit attendues pour les 12 mois à venir ou aux pertes de crédit attendues pour la durée
de vie. Elle peut toutefois effectuer cette appréciation sur une base collective (par exemple, pour un
groupe ou un portefeuille d’instruments) si les instruments financiers ont en commun des
caractéristiques de risque qui sont indicatives de la capacité des débiteurs à payer toutes les sommes
dues selon les conditions contractuelles. Lorsque l’appréciation est réalisée sur cette base et que les
instruments financiers compris dans le groupe ont en commun des caractéristiques de risque qui font
que la probabilité de défaillance pour le groupe a augmenté de façon importante depuis la
comptabilisation initiale, les pertes de crédit attendues seront comptabilisées pour la durée de vie
pour chaque instrument compris dans ce groupe.
Il ya un autre article dans la partie principale de la norme sur la façon d'évaluer les instruments
financiers collectivement. Cet article stipule que : « Les instruments financiers ne doivent pas être
regroupés pour être appréciés collectivement lorsque l’évaluation des pertes de crédit attendues pour
la durée de vie n’est appropriée que pour une partie seulement des instruments financiers compris
dans le groupe ». La norme principale ne se développe pas sur ce point, mais l’exemple illustratif 5 du
guide d'application de la norme IFRS 9 prévoit deux scénarios qui expliquent ce concept. Les dits
scénarios ont été mis au point à la suite de la publication de l’exposé-sondage de 2013. L'IASB a
développé ces illustrations comme une réponse aux commentaires reçus sur l’exposé-sondage.
Aspect pratique – Évaluation collective par rapport à la réactivité aux évolutions du risque de crédit
(approche «bottom up»)
Le deuxième volet de l’exemple illustratif 5 dans le Guide de mise en œuvre pour la norme IFRS 9 introduit la
méthode dite «bottom up» (ou approche ascendante). Il concerne une communauté minière dans une région
qui fait face à un risque de chômage en raison d'une baisse des exportations de charbon et, par conséquent,
anticipe des futures fermetures de mines. Bien que la plupart des prêts ne sont pas encore en souffrance
depuis plus de 30 jours et les emprunteurs ne sont pas encore au chômage, la banque re-segmente son
portefeuille de prêts
Pour ces prêts hypothécaires
(en plus de touts lesdeautres
manière
quià sont
séparer les prêts contractés
en souffrance de plus deà 30
desjours),
clientslatravaillant
Banque ABCdans
l'industrie
reconnaîtminière (basé
des pertes sur les informations
attendues dans
pour la durée de le
vie,formulaire de demande
tout en continuant de de prêt hypothécaire).
reconnaître les pertes attendues
pour les 12 mois à venir pour les autres prêts hypothécaires. Tous les nouveaux prêts aux emprunteurs qui
dépendent de l'industrie du charbon seront concernés par une dépréciation de 12 mois, jusqu'à ce qu'ils
démontrent une augmentation significative du risque de crédit.
L’approche «bottom up» est décrit comme un exemple de la façon d'évaluer la détérioration du risque
de crédit en utilisant l'information la plus prospective, que le statut en souffrance. Mais cet exemple
illustre également que les groupes évalués collectivement peuvent avoir besoin de mises à jour
continues au fil du temps, afin qu'on obtienne des groupes de prêts qui partagent des caractéristiques
de risque de crédit similaires. Une fois que l'industrie de l'extraction du charbon commence à
décliner, les prêts qui s'y rattachent n’auraient plus les mêmes caractéristiques de risque que les
autres prêts et ainsi devront être évaluées séparément.
Comme déjà décrit ci-dessus (critères possibles pour le regroupement d'actifs financiers présentant
des caractéristiques de risque de crédit similaires), l'approche de «bottom up» pourrait être
appliquée à des sous-portefeuilles différenciés par type d'instrument, l’évaluation des risques, le type
de garantie, la date de la comptabilisation initiale, la durée restante à l'échéance, le secteur d’activité,
la situation géographique de l'emprunteur, ou la valeur de l’actif affecté en garantie par rapport à
l’engagement si cela a une incidence sur la probabilité de défaillance. Cette approche pourrait
représenter un bon exemple pour les expositions aux risques de crédit dans des pays qui sont
disposés à souffrir de grandes difficultés économiques dues à des guerres ou à des bouleversements
politiques.
Aspect pratique – Évaluation collective par rapport à la réactivité aux évolutions du risque de crédit
(approche «Top Down»)
Le troisième volet de l'exemple illustratif 5 dans le guide d'application de la norme IFRS 9, la Banque
ABC prévoit une augmentation des défaillances de paiement suite à une hausse attendue des taux
d'intérêt. La banque sait pertinemment que, historiquement, une augmentation des taux d'intérêt a
été un indicateur principal de défaillances futures sur prêts hypothécaires à taux flottant. La banque
se penche sur le portefeuille de prêts hypothécaires à taux variables pour étudier leur degré
d’homogénéité mais elle se retrouve incapable d'identifier certains sous portefeuilles sur la base des
caractéristiques de risque de crédit partagés. Par conséquent, il utilise ce qui est décrit comme une
approche «top down».
En se basant sur des données historiques, la banque estime qu’une augmentation des taux d'intérêt
de 2 % entraînera une augmentation significative du risque de crédit sur 20 % des prêts
hypothécaires. En conséquence, si la banque s’attend à une augmentation des taux d'intérêt de 2 %,
elle doit reconnaître des pertes attendues pour la durée de vie sur 20 % du portefeuille (sans oublier
les prêts qui sont en souffrance sur plus de 30 jours) et des pertes attendues pour les 12 mois à venir
sur le reste des prêts hypothécaires.
Cet exemple, comme tous les exemples illustratifs de la norme, simplifie la configuration de fait en se
concentrant sur un seul indicateur de pertes sur créances, alors qu'en réalité, il peut y avoir plusieurs
indicateurs et il peut ne pas être possible de trouver de données historiques sur l’effet de la
combinaison de ces indicateurs économiques. En outre, le fait de se plonger dans le passé pour
prédire l'avenir exige un niveau de données que les banques peuvent ne pas disposer.
Les banques ont mis au point des techniques pour évaluer l'impact des changements dans les
indicateurs macro-économiques sur les pertes de valeur. Mais ces techniques ne se prêtent pas
nécessairement à déterminer quelle proportion d'un portefeuille doit être mesurée à l'aide des pertes
attendues pour la durée de vie. La méthode qui pourrait fournir cette information est de déterminer
la migration prévue de prêts par le biais du système de classification des risques de la banque, sur la
base des informations prospectives. Cette méthode pourrait être utilisée pour prévoir combien de
prêts supplémentaires vont être déclassés.
L'effet que les différentes hypothèses peuvent avoir sur la dépréciation globale de perte est illustré
dans l'exemple suivant. Dans chaque cas, la banque assume les mêmes probabilités de défaillances,
mais chaque scénario, fait apparaitre une hypothèse différente quant à la proportion du portefeuille
qui doit être mesurée à l'aide des pertes attendues pour la durée de vie.
Aspect pratique – Détermination des pertes attendues d’un portefeuille en utilisant l'approche « top-
down »
La Banque A a un portefeuille de 100 000 000 UM de prêts hypothécaires à taux flottant dans la région 1
considérée comme partageant des caractéristiques de risque similaires. Elle a évalué la probabilité de
défaillance attendue pour la durée de vie à 4%, la probabilité de défaillance attendue pour les 12 mois à venir à
1% et le taux de perte à 10%. (Pour cet exemple très simple, le taux de perte est maintenu inchangé et la valeur
Scénario 2
temporelle de l'argent est ignorée). La provision pour pertes sur la base de la probabilité de défaillance pour les
12La mois
banqueà venir est,que
estime par80%
conséquent, 100 000
du portefeuille UM. La d'avoir
continue banqueuneprévoit que lesde
probabilité taux d'intérêt pour
défaillance vont augmenter
la durée dede
2%vieet
dedétermine
4% et unequ'une augmentation
probabilité de 2%pour
de défaillance des les
taux
12d'intérêt va augmenter
mois à venir la probabilité
de 1%. Elle estime que de défaillance de
la probabilité pour
ladéfaillance
durée de pour
vie àla5% et la probabilité de défaillance pour les 12 mois à venir à 1,2%. La banque
durée de vie des 20% restants du portefeuille est maintenant passée à 9% tandis que la applique
l'approche « top-down » afinpour
probabilité de défaillance d'évaluer
les 12lamois
proportion
à venirduest
portefeuille
maintenantquide
devrait
2% (demaintenant être
sorte que, à mesurée
nouveau,surla la
base de pertes
probabilité attendues pour
de défaillance pour la
la durée
durée de
de vie
vie prévue.
moyenne de la totalité du portefeuille est actuellement de 5%
tandis que une probabilité de défaillance pour les 12 mois à venir est de 1,2%).
Scénario 1
Elle considère l'augmentation de la probabilité de défaillance pour la durée de vie pour les 20% du
La banque estime que 50% du portefeuille continuera d'avoir une probabilité de défaillance pour la durée de vie
portefeuille, de 4% à 9%, comme importante et par conséquent elle doit mesurer les pertes attendues pour
de 4% et une probabilité de défaillance pour les 12 mois à venir de 1% et les 50% restants du portefeuille
la durée de vie des 20% du portefeuille. La provision pour pertes est de 80 000 UM pour la proportion de
seraient maintenant avoir une probabilité de défaillance pour la durée de vie de 6% et une probabilité de
80% (mesurée à 1%) et 180 000 UM pour les 20% (mesurée à 9%), totalisant 260 000 UM.
défaillance pour les 12 mois à venir de 1,4% (de sorte que l'ensemble du portefeuille a une probabilité de
défaillance pour la durée de vie moyenne de 5% etScénario
probabilité
3 de défaillance pour les 12 mois à venir de 1,2%).
La
La banque ne considère
banque estime que 90%pas
du une augmentation
portefeuille continueded'avoir
la probabilité de défaillance
une probabilité pourpour
de défaillance la proportion
la durée dedu
portefeuille la plus
vie de 4% (et une risquée, passant
probabilité de 4% à 6%,
de défaillance pourcomme
les 12 significative,
mois à veniretdeil 1%).
conclut
Pardonc que l'ensemble
conséquent, les 10%du
portefeuille devrait encore être mesurée à l'aide des pertes attendues pour les 12 mois à venir,
restants du portefeuille doivent avoir une probabilité de défaillance pour la durée de vie de 14%, pour donnant une
indemnité deprobabilité
obtenir une perte de 120 000 UM. pour la durée de vie moyenne de 5%.
de défaillance
Le risque de crédit sur les 10% a augmenté de manière significative. La provision pour pertes est de 90 000
UM pour les 90% du portefeuille et de 140 000 UM pour les 10%, totalisant 230 000 UM.
Le fait qu'une hausse des taux d'intérêt pourrait conduire à une dégradation significative du risque de
crédit pour certains emprunteurs à taux variable n’est pas sujet à controverse, mais le fait de
déterminer si cette dégradation porte sur 5 %, 20 % ou 35 % du portefeuille semble être un art plus
qu'une science, et il est peu probable que deux banques puissent arriver au même pourcentage. Ceci
nous amène à dire que, pour éviter de prendre de telles décisions arbitraires, il est plus adéquat de
privilégier l'approche «bottom up» pour la détermination des pertes attendues.
Toutefois, il convient de souligner que les entités ne disposent pas d'un choix d'appliquer, lors d’une
évaluation collective d’actifs financiers, l’approche « top down » ou l’approche «bottom up». Comme
nous l'avons déjà dit, un portefeuille évalué collectivement doit partager des caractéristiques de
risque de crédit similaires, de sorte que tous les actifs financiers qui commencent à montrer des
caractéristiques différentes de risques doivent être évalués comme un portefeuille distinct.
Pour trancher, la norme précise que l'approche « top down » est conçue lorsqu'une entité ne peut pas
regrouper des instruments financiers pour lesquels le risque de crédit est considéré comme ayant
considérablement augmenté depuis la reconnaissance initiale en se basant sur les caractéristiques de
risque de crédit partagées.
On ne sait pas dans quelle mesure un prêteur peut combiner l’approche «bottom up» et l’approche
« top down ». Dans l’exemple illustratif correspondant à l’approche «bottom up», tous les
emprunteurs reliés à l'industrie du charbon sont réputés avoir leur risque de crédit augmenté de
façon significative. On peut présumer qu’un prêteur pourrait faire valoir que, une fois les emprunteurs
reliés au secteur minier sont évalués séparément, seule une partie doit être mesurée à l'aide des
pertes attendues pour la durée de vie, en utilisant une approche « top down ».
Un autre problème avec l'approche « top down » est la question de ce que le prêteur doit faire s’il
découvre ultérieurement que des différences dans les caractéristiques de risque apparaissent au sein
du portefeuille, de telle sorte que certains actifs doivent être mesurés à l'aide des pertes attendues
pour la durée de vie en utilisant l'approche de «bottom up». Une question analogue se pose si,
ultérieurement, des actifs au sein d’un portefeuille doivent être mesurés à l'aide des pertes attendues
pour la durée de vie, par exemple, car ils deviennent en souffrance de plus de 30 jours. On peut
présumer, dans chaque cas que le prêteur aura besoin de réaffecter une partie de la portion du
portefeuille déjà mesurée à l'aide des pertes attendues pour la durée de vie basé sur l'approche « top
down », mais à quel point? Par exemple, si 20% du portefeuille avait été évalué en utilisant l'approche
« top down » et maintenant un autre 15% doit être mesurée en utilisant des pertes attendues pour la
durée de vie en raison de l'approche de «bottom up», le prêteur devrait supposer que la proportion
de 15% étaient déjà 'couverte' par la perte attendue pour la durée de vie dégagée par l’approche
« top down », ou bien il devrait considérer que les 15 % représentent une proportion
supplémentaire ?
Les approches de « top down » et de «bottom up» ne sont que des exemples de la façon dont une
évaluation collective pourrait être faite et ainsi nous nous attendons qu'elles soient appliquées avec
souplesse, en fonction des circonstances.
En outre, on peut présumer qu’une partie des prêts qui sont mesurés en utilisant les pertes attendues
pour la durée de vie peut être mesurée en utilisant une fois de plus des pertes attendues pour les 12
mois à venir si les conditions économiques sont attendues à s’améliorer. Cependant, la norme semble
claire qu'il est impossible de reclasser les pertes attendues sur les actifs financiers en souffrance
depuis plus de 30 jours en cas de perspectives économiques favorables.
La norme est claire que la détérioration significative doit être évaluée à l'aide des informations
prospectives. L'évaluation sera faite sur une base individuelle si l'entité possède l'information qui est
suffisamment tourné vers l'avenir à ce niveau, ou sur une base collective si elle ne l’est pas. Cela
suggère que, même si un actif financier est normalement géré sur une base individuelle, il devrait
plutôt être évalué collectivement (par exemple, basé sur des indicateurs macro-économiques), si
l'entité ne dispose pas d'information prospective suffisante au niveau individuel afin de calculer les
pertes attendues.
Dans le cadre de ce travail nous allons définir les différents engagements accordés par les
établissements bancaires au profit de leur clientèle, les différentes classes d'engagements et les taux
de provision à appliquer.
1.1. Les différents types d’engagements accordés par les établissements de crédit
1.1.1. Les crédits
Ils correspondent aux créances résultant des prêts et avances accordés généralement suite à
l’utilisation d’un engagement de financement ou encore lorsque l’établissement bancaire se substitue
à son client dans le cadre d’un engagement de garantie.
1.1.2. Les engagements de financement
Ils constituent une promesse irrévocable faite par l’établissement bancaire de consentir des concours
en trésorerie en faveur de bénéficiaires suivant les modalités prévues par le contrat. Ils figurent en
hors bilan dès lors qu’ils ne sont pas encore utilisés et cessent d’y figurer au fur et à mesure de leur
utilisation.
Rentrent, essentiellement, dans cette catégorie d’engagements les éléments suivants :
Crédits notifiés et non utilisés ;
Participations non libérées ;
Lignes de crédits irrévocables et inconditionnelles en faveur des banques.
1.1.3. Les engagements de garantie
Ils sont définies comme étant des opérations pour lesquelles la banque (garant) s’engage en faveur
d’un tiers (bénéficiaire) à assurer, d’ordre et pour le compte d’un client, (donneur d’ordre) la charge
d’une obligation souscrite par ce dernier s’il n’y satisfait pas lui même.
Rentrent, essentiellement, dans cette catégorie d’engagements les éléments suivants :
Les cautionnements (cautionnements administratifs relatifs à l’obtention de marchés publics,
cautionnements douaniers, cautions fiscales et autres) ;
L’aval ;
Les garanties à première demande de bonne fin des opérations ou de remboursement des
crédits accordés aux clients.
Approbation ou accord
Engagement de Engagement de
financement garantie
oui non
Aspect pratique
La société mère "SM" forme avec sa filiale "SF" un groupe réputé dans l’industrie laitière. Ces sociétés
entretiennent depuis quelques années des relations privilégiées avec la Banque "DFB" qui leur a
consenti plusieurs concours.
Solution :
La société "SM" rencontre des difficultés financières et accuse des retards de règlement de ses
+échéances.
EngagementsAu de31/12/N, ses engagements
garantie donné (QPR>QPT) [(900se000trouvent
x2) x 10%être classés parmi les actifs préoccupants
x (4/5)] 144 000 de la
+ Principal à échoir [900 000 x (4/5)] 720 000
Banque "DFB". (Les engagements figuraient parmi les actifs nécessitant un suivi particulier au
+ Principal échu et impayé [900 000 x (1/5) + (900 000 x2) x 10% x (1/5)] 216 000
+31/12/N-1).
Intérêts courus échus [900 000 x 7%] 63 000
+ Intérêts courus et non échus [720 000 x 7%x (75/360)] 10 500
La société "SF", s’est vu consentir un prêt syndiqué de 900.000 DT (correspondant(60
- Intérêts et produits réservés [900 000 x 7% x ((360-75)/360)+10 500]
à la375)
quote-part en
=trésorerie
Exposition de "DFB" agissant en sa qualité de chef de file pour la moitié. Sa quote-part
brute 1 093 125en risque est
-fixée
Encaissements post-clôture
à 60%). Ce prêt a été engagé et utilisé intégralement le 15/10/N-1. Il est remboursable-
= Risque résiduel 1 093 125
annuellement par amortissement constant du principal, sur une période de 5 ans et porte intérêt
- Garanties admises par la B.C.T (600 000)
=payable à terme
Exposition nette échu au taux annuel de 7%. En garantie de ses engagements envers493 la 125
Banque
Taux applicable à la classe de risque 50%
"DFB", "SF" a consenti une hypothèque dûment inscrite en 1er rang estimée à 600.000
Provision pour engagements douteux 246 563
DT selon une
expertise externe récente.
T.A.F
La :
répartition de la provision entre les éléments bilantiels et extra-bilantiels se présente comme suit :
Hors bilan (a) 144 000 31 125
Sachant que la première échéance
Principal (b) 936 000
du crédit n’a pas été honorée ==par
202 313
[(d)-(c)] x (a) / [(a)+(b)]
la société "SF", il vous est
[(d)-(c)] x (b) / [(a)+(b)]
demandé, chez
Intérêtsla
(c) "DBF", de déterminer, éventuellement,
13 125 13 125 le montant
= (c) de la provision pour
1 093 125 246 563 (d)
engagements douteux au 31/12/N et de passer les écritures en découlant.
31/12/N
652 Dotations aux 246 563
provisions
sur opérations avec la
clientèle
2991 Provisions sur 215 438
1 crédits à la clientèle [13 125 +
202 313]
2992 Provisions sur 31 125
éléments du hors bilan
1.3. Regard «plus critique» du FMI sur les faiblesses du secteur bancaire tunisien en
matière de provisionnement des créances douteuses
Un niveau élevé de créances douteuses, des provisionnements insuffisants au regard des risques pris, une
concurrence faussée... Le Fonds Monétaire International comme les agences de notation s'inquiètent de la
fragilisation du secteur bancaire tunisien.
Un risque 8 sur l'échelle de Standard & Poor's. C'est la place que l'agence de notation a attribuée au
secteur bancaire tunisien dans son classement BICRA (Banking Industry Country Risk Assessment)
publié le 24 septembre 2012, sachant que 1 représente le risque le plus faible, 10 le plus élevé.
Dans une étude publiée en mars 2011, les analystes de la société financière tunisienne Amen
Invest anticipaient déjà l'essoufflement du secteur: "La conjoncture qui a suivi le renversement de
l'ancien régime prédit un exercice 2011 difficile pour le secteur financier et principalement pour le
secteur bancaire, puisqu'il y aura lieu de constater une croissance des pertes et des créances
classées [douteuses], et ce conjointement au ralentissement économique qui s'est déjà fait
ressentir".
Les analystes estimaient alors que les banques étatiques seraient les plus touchées. Quant aux
banques aux capitaux majoritairement étrangers, Amen Invest affirmait qu'elles "avaient
initialement affiché un très faible taux d'engagements auprès des membres de l'ancien régime, et
leur activité ne devrait aucunement être impactée".
1.3.5. Une concurrence faussée
Le FMI pointe aussi du doigt le fait que toutes les banques ne sont pas traitées de manière
identique. "Le fait que des établissements faibles ou non viables puissent entreprendre de
nouvelles activités, porte un grave préjudice à la concurrence en exerçant une tension sur les prix et
en rabaissant les normes de gestion des risques", lit-on dans le rapport.
Il en ressort que certaines banques ne dégagent pas suffisamment de marges, du fait de la
concurrence que se livrent les acteurs du marché: "pas moins de 21 banques opèrent sur un marché
qui présente quelques distorsions dues à la présence de banques publiques qui détiennent environ
un tiers des actifs du système", explique S&P. Lesquelles banques publiques sont recapitalisées par
l'Etat autant que nécessaire, sans pour autant qu'il leur soit demandé de modifier leur structure de
gouvernance.
Le niveau de supervision du secteur bancaire, jugé comme relativement faible par le FMI comme
par S&P, doit donc absolument être renforcé .
Enfin, La totalité des travaux sont unanimes sur les provisions pour créances douteuses comme
principale technique de gestion des résultats dans les banques, puisque l’activité bancaire est source
de crédit.
En d’autres termes, les dirigeants peuvent aisément manipuler à la hausse (baisse) ces provisions
lorsque le résultat est inférieur (supérieur) au résultat qu’ils souhaitent afficher.
Selon Jeanjean (2002), les provisions présentent une mesure plus fine des manipulations comptables,
et sont plus adaptées au secteur des banques et des assurances.
Les principales règles comptables en vigueur dans le monde vont dans le sens d’un provisionnement
fondé sur le jugement humain, soit prêt par prêt, soit par groupe de prêts homogènes.
Les provisions pour créances douteuses et litigieuses sont souvent utilisées par les dirigeants des
banques pour couvrir les pertes provenant de la défaillance de leurs emprunteurs ou de leurs
incapacités à rembourser leurs dettes. Ces pertes ne seront enregistrées que lorsqu’elles sont
réalisées (Jaudoin, 2001).
Pour comprendre ce phénomène de manipulation des résultats des banques tunisiennes à travers le
provisionnement des créances douteuses, j’ai choisi de donner des exemples qui datent de la période
du renversement politique de 2011.
Cas de la ATB 2012
En conclusion, le rapport du FMI estime que la surévaluation des garanties constatée signifie que «le
provisionnement des créances douteuses est probablement insuffisant puisque les provisions sont
calculées déduction faite des garanties», et recommande de se conformer aux standards
internationaux en matière de classification et de provisionnement des créances.
1.4. Niveau de convergence entre le dispositif prudentiel tunisien et les normes baloises
1.4.1. Le référentiel normatif international
Le comité de Bâle a été créé en fin 1974 par les gouverneurs des banques centrales du G10 (les pays
industrialisés). Le comité était initialement appelé le « comité de Cooke », du nom de Peter Cooke,
directeur de la Banque d’Angleterre qui avait été un des premiers à proposer sa création et fut son
premier président. Cas de la Banque Zitouna 2011
La suspension par la Bundesbank des activités de la banque Herstatt a entrainé la suspension de ses
paiements sur tous les marchés.
Comme plusieurs banques américaines avaient déjà versé des contreparties irrévocables en Deutchemarks à
la banque Herstatt avant sa cessation d’activités, elles se sont trouvées avec des créances en blanc
incapables de récupérer les contreparties dues à cause du décalage temporel qui existe sur le marché des
changes et la suspension immédiate par les correspondants de la banque à New-York des paiements sur le
sol américain.
Cas d’Amen Bank 2011
La cessation des activités de la banque Herstatt suscitera une création en chaine auprès des banques
américaines.
Le Comité de Bâle a pour mission de renforcer la solidité du système financier mondial ainsi que
l’efficacité du contrôle prudentiel. Il est de ce fait investi des missions suivantes:
o Le renforcement de la sécurité et de la fiabilité du système financier,
o L’établissement de standards minima en matière de contrôle prudentiel,
o La diffusion et la promotion des meilleures pratiques bancaires et de surveillance,
o La promotion de la coopération internationale en matière de contrôle prudentiel.
Le secrétariat du Comité est situé à la Banque des Règlements Internationaux à Bâle en Suisse.
Les travaux du Comité de Bâle ont abouti à la publication :
des Bonnes pratiques (best practices) et des recommandations sur la supervision prudentielle
trois grands accords: Bâle I en 1988, Bâle II en 2004 et Bâle III en 2011
Les normes édictées par Bâle ne revêtent pas un caractère obligatoire mais constituent de fait un
référentiel pour les meilleures pratiques dans le domaine prudentiel et de supervision bancaire vers
lesquels tant les pays membres que non membres s’efforcent à converger.
1.4.1.1. Bâle 1
L‘accord de Bâle I a placé au cœur de son dispositif le ratio Cooke, c’est l’obligation générale faite aux
banques de détenir des fonds propres d’un niveau équivalant à 8 % au moins du total de leurs actifs
pondérés en fonction des risques.
Aspect pratique
Lorsqu'une banque prête 100 Unités monétaires à un client, elle doit disposer d’au moins 8 Unités
de fonds propres et utiliser au maximum 92 Unités de ses autres sources de financement tels que
dépôt, emprunts, financement interbancaire, etc.
Principales limites:
Si l’accord de Bâle de 1988 a permis, l’accroissement des fonds propres des banques, il n’a pas
évolué, toutefois, au rythme des innovations financières et ne constitue qu’une mesure
simplificatrice des risques auxquels une banque est exposée.
Mesure rigide et simplificatrice du risque économique ou insensibilité au risque,
essentiellement parce que les divers degrés d’exposition au risque de crédit ne sont pas
suffisamment différenciés : par exemple toutes les entreprises sont pondérées à 100%
(absence de sensibilité aux risques)
Mesure limitée au risque de crédit et au risque de marché (introduit en 1996). Or d’autres
risques sont des facteurs importants de vulnérabilité : le risque opérationnel, le risque global
de taux d’intérêt et le risque de liquidité
1.4.1.2. Bâle II
Le tableau ci-dessous représente un bref historique sur le processus de l’instauration de l’accord de
Bâle II :
Chronologie de Bâle II
1999 Première proposition d’un nouvel accord soumise par le comité à
une consultation
2001 2ème document consultatif et plusieurs études d’impact (Q.I.S)
2003 3ème document consultatif
2004 Approbation des dispositions définitives de Bâle II
2007 Introduction de Bâle II dans les différents pays
L’architecture de l’accord de Bâle II repose sur trois piliers qui se consolident mutuellement pour
contribuer au renforcement de la sécurité et de la solidité du système financier.
Bâle II
Aspect pratique
Suivant cette méthode et pour qu’une Entreprise se distingue et bénéficie du vrai coût du risque
qu’elle présente. Elle doit être notée.
Une pondération des risques qui s’effectue en fonction de la notation externe des
contreparties
Chaque exposition est classée en fonction de la nature de la contrepartie (Souverain,
Banque, Entreprise,..)
N.B. Par pondération, on entend le coefficient permettant de traduire les composantes du risque en actifs
pondérés, puis en exigence de fonds propres
L’approche de Notation interne (« Internal Rating Based Approach » IRB Fondation)
Elle repose sur l’appréciation par les banques elles-mêmes de leur risque de crédit. Les banques
doivent classer leurs expositions en cinq portefeuilles : Souverains, Banques, Entreprises, Clientèle de
détail (retail) et Actions.
Pour chacun de ces portefeuilles, elles doivent déterminer trois éléments principaux :
Les paramètres d’appréciation du risque de crédit fournis tout ou partie par la banque : la
probabilité de défaut (PD)4, la perte en cas de défaut (LGD) 5, l’exposition en cas de défaut
(EAD)6 et la maturité (M)7.
Une fonction de calcul des pondérations spécifiée réglementairement, intégrant
l’ensemble de ces paramètres et permettant de les traduire en risques pondérés, puis en
exigences en fonds propres
Des exigences minimales de qualité de système de notation interne devant être remplies
par la banque souhaitant utiliser l’approche interne.
Dans cette approche, la banque estime elle-même la probabilité de défaut de ses débiteurs et utilise
les valeurs fournies par l'autorité de contrôle pour les autres paramètres de calcul des risques, LGD).
Notation Interne avancée (IRB Avancée)
Dans cette approche, les banques fournissent l’ensemble des paramètres d’appréciation du risque de
crédit. L’exigence en fonds propres en IRB avancée sera plus faible qu’en IRB fondation.
L’objectif de l’évaluation du risque de crédit est de pouvoir quantifier les pertes attendues et les
pertes inattendues.
Pertes attendues (expected losses)
Chaque établissement de crédit évalue le montant qu'il risque de perdre en moyenne sur son
portefeuille de crédit sur un horizon donné. Ce montant correspond aux «pertes attendues» qui est
couvert par des provisions.
La perte attendue (EL) est déterminé en appliquant la formule suivante : EL = PD x LGD x EAD
Pertes inattendues (unexpected losses)
9 instauration d’un coussin contracyclique, fixé par les autorités de régulation, pouvant varier de 0,25% à 2,5%, et
également composé de fonds propres Core tier 1 afin de se prémunir du risque systémique lié à un emballement de
l’activité de crédit.
renforcer les exigences prudentielles concernant le risque de contrepartie
1.4.2. Niveau de convergence entre le dispositif prudentiel tunisien et les normes Bâloises
1.4.2.1. La Tunisie est-elle concernée par Bâle II et Bâle
La réponse ne peut être que oui, principalement, pour deux raisons :
Parce que cela fait pratiquement vingt années qu’on est en train de s’aligner même avec un
décalage sur les pratiques internationales. On ne peut donc pas être en dehors de cette
mouvance.
La présence de banques étrangères filiales de banques internationales nous incite à aligner
l’ensemble du système bancaire aux meilleures pratiques internationales.
l’adhésion franche des autorités aux n normes et standards internationaux en particulier les
normes du Comité de Bâle.
Bâle III
Renforcement des FP L’essentiel des fonds propres de base est constitué de Tier One
Coussins de conservation Provisions collectives
Effet de Levier Non applicable
1.4.2.3. Démarche pour la convergence avec les normes Bâloises
Un préalable consiste à ce que les banques soient dotées des capacités à satisfaire les exigences
baloises (systèmes d’informations non encore prêts pour la modélisation des risques, révision
profonde des systèmes de contrôle interne, manque de profondeur des marchés..etc).
Le succès de Bâle II et III dépend moins de la rapidité de son adoption que de l’étendue de son
application par les banques, de la capacité des régulateurs à valider les approches retenues et de la
réactivité des marchés.