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[ETHIQUE ET DEONTOLOGIE MEDICALE]

Introduction :
La seconde moitié du XXe siècle a été marquée par de profonds
bouleversements qui n’ont pas manqué de toucher la médecine.
, en premier lieu, qui sont à
l’origine d’une médecine délibérément efficace et factuelle.
, en second lieu, à
l’origine de nouvelles représentations de la vie et de la mort, de la
santé et de la maladie, du soin et des traitements préventifs,
curatifs ou palliatifs:

Est-ce que la préoccupation éthique peut répondre aujourd’hui


aux multiples dilemmes extrêmement complexes que rencontre
la médecine ?

C’est à quoi, cet exposé va essayer de répondre, en abordant les


raisons de ce choix ? Ces buts ? Et ces moyens ?

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A. Définitions :

Ethique : L’éthique vient étymologiquement du grec “ETHOS” qui
signifie manière d’être et de se comporter selon les mœurs.
Dans sa définition la plus simple, l’éthique est l’étude de la
moralité.
Une réflexion et une analyse attentive et systématique des
décisions et comportements moraux, passés, présents ou futurs.

Morale : morale vient du latin “MORES” (la coutume).
C’est la science du bien et du mal, c'est une théorie de l'action
humaine reposant sur la notion de devoir avec pour but le bien.
La morale est un ensemble de normes sociales conformes à la
conscience.
La morale, c'est aussi l'ensemble des règles de conduite
considérées comme bonnes de manière absolue
La morale est collective et s’applique à chacun qui veut s’y
référer et l’appliquer.

Déontologie et droit : de l'anglais “DEONTOLOGY”, venant du
grec “DEON”, ce qu'il faut faire, devoir, et de logos, science,
discours, parole.
C’est « l’ensemble des règles de bonne conduite dont une
profession se dote pour régir son fonctionnement au regard de sa
mission ».
La déontologie est l'ensemble des règles ou des devoirs régissant
la conduite à tenir pour les membres d'une profession ou pour les
individus chargés d'une fonction dans la société.

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B. Bref historique :
L’éthique est loin d’être toujours restée identique à elle-même. Au
contraire, elle a connu de nombreuses et importantes
transformations au cours de son histoire.
L’éthique a connu plusieurs grandes périodes.

l’Antiquité :
était dominée par le concept de « vertu » aussi bien chez
Socrate que chez Platon ;
Lien étroit entre médecine et philosophie ;
L’éthique médicale à ce temps n’est ni le fait d’une société, ni
celle d’une profession, mais c’est l’idéale d’un homme.
o « Tu établiras une discipline et une jurisprudence se bornant à
donner des soins aux citoyens qui seront bien constitués de corps
et d’âme. Quand à ceux qui ne sont pas sains de corps, on les
laissera mourir » - Platon (La République). Légitime l’euthanasie et l’eugénisme

Le Moyen Âge :
fit fond non seulement sur l´éthique antique, mais aussi sur la
tradition biblique;
L’éthique chrétienne concerne tous les secteurs de vie;
Période de développement pour les musulmans;
Avicenne, pose clairement la "base éthique de la médecine",
avec beaucoup d'humilité : l'art de soigner "l'humain", en toute
culture, sans autre considération que "le patient".
o « Le médecin doit être l’ami des gens, gardien de leurs secrets…
Tu devras alors te vêtir de la robe de la pureté, de la pitié, et du
sentiment de la présence de Dieu, en particulier lorsque tu
soigneras les femmes, dissimulant leurs secrets… aimant le bien et
la religion, laissant les plaisirs corporels, assidu avec les malades,
désireux de leur guérison, engagé dans leur santé … » - Lettre de Rhazès à un
de ses disciples

siècle des Lumières :


Descartes est le premier qui a pris nettement ses distances avec
l’éthique antique, qu’il jugeait trop métaphysique
La préoccupation éthique devient plurielle, partagée: médecin
,gouvernement;
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Le développement de l´éthique moderne se poursuit avec


Kant et l’éthique déontologique;
o « chacun doit traiter autrui tel qu'il voudrait être traité lui-même
»- Kant

Notre époque :
vit un développement de l´éthique appliquée en rapport avec
des préoccupations précises.
La déontologie établit des codes de comportements et des lois
pour les activités professionnelles.
o « Il ne suffit pas de faire le bien, encore faut-il le faire bien »,
- Diderot

C. De quoi parle-t-on lorsqu’on aborde les concepts


de Morale, D’éthique, de Déontologie ou de Droit ?

Ces trois mots ont en commun de faire référence à ce qu’il faut


faire ou ne pas faire. Bref, à des règles de conduite, au permis et
au défendu, à une certaine notion du bien et du mal.

Relation éthique / morale :
La morale est le fait d'une communauté s'incarnant dans les
valeurs "vivre ensemble". L’éthique renvoie l'individu à lui-même,
sa conscience, sa raison, sa personne elle est rapportée à un ici et
maintenant : en renonçant à l'universel l'homme choisit l'éthique
et non la morale exigence universelle.
- la morale peut être définie comme « l’ensemble des règles
de conduite socialement considérée comme bonnes » ;
- l’éthique, c’est « l’ensemble des principes qui sont à la base de la
conduite de chacun ».
L’éthique est plus théorique que la morale ; elle se veut
davantage tournée vers une réflexion sur les fondements de la
morale.
Elle s’efforce de déconstruire les règles de conduite qui forment la
morale, les jugements de bien et de mal qui se rassemblent au

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sein de cette dernière.


La morale est un ensemble de règles propres à une culture ; elle
s’impose à l’individu de l’extérieur, même si elle est ensuite
intériorisée : tu ne voleras pas le bien d’autrui, tu ne mentiras pas.
Ces règles varient d’une culture à l’autre. On peut parler de
morale chrétienne, de morale
bourgeoise ; la ruse était une valeur chez les grecs anciens, elle
est inacceptée dans d’autres cultures. Platon légitime
l’euthanasie et l’eugénisme :
o “Tu établiras une discipline et une jurisprudence se bornant à
donner des soins aux citoyens qui seront bien constitués de corps
et d’âme. Quand à ceux qui ne sont pas sains de corps, on les
laissera mourir” - (La République).

Notion d’éthique et de droit :


Différence éthique/ droit, l’application du droit est fondée sur
crainte de répression, alors que éthique est dictée par sens du
devoir.
L’éthique ne peut remplacer l’application de la loi, elle peut
influencer son élaboration, ou résoudre des situations dépassant le
strict cadre juridique.
Le rôle du législateur n’est pas de dire l’éthique mais de
l’accompagner et la vocation du chercheur n’est pas de
l’interpréter mais de s’y conformer.
Garantir le respect de la dignité et des droits de l’homme face
aux nouvelles technologies est un message de tous ceux qui se
préoccupent du sort de l’humanité. Comme le soulignait Diderot,
« Il ne suffit pas de faire le bien, encore faut-il le faire bien ».
Kant postule la règle d'or selon laquelle chacun doit traiter autrui
tel qu'il voudrait être traité lui-même

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A. C’est quoi l’éthique médicale :


L’éthique médicale est une démarche visant, face à un
problème de santé donné à adopter la meilleure solution en
s’appuyant sur des valeurs apprises, admises et intégrées et en
tenant compte du contexte dans lequel le problème se pose
factuellement.

B. Quelle est la particularité d’éthique médicale ?


La compassion, la compétence et l’autonomie n’appartiennent
pas en exclusivité à la médecine. Cependant, on attend des
médecins qu’ils les portent à un degré d’exemplarité plus grand
que dans beaucoup d’autres professions.
Outre son adhésion à ces trois valeurs fondamentales, l’éthique
médicale se distingue de l’éthique générale qui s’applique à
chacun en ce qu’elle est publiquement professée dans un
serment (par exemple, la Déclaration de Genève de l’AMM) et/ou un code.
Ces serments et ces codes, bien que différents d’un pays à
l’autre, voire à l’intérieur d’un même pays, ont cependant
plusieurs points communs, notamment la promesse que
le médecin fera prévaloir les intérêts de son patient, s’abstiendra
de toute discrimination sur la base de la race, de la religion ou
d’autres droits humains, protègera la confidentialité de
l’information du patient et fournira, le cas échéant, les soins
d’urgence ou exigés.

C. Pourquoi avons-nous besoin de l’éthique médicale


En raison:
la fin des certitudes : des changements constants de la
société et de la nécessité d’y adapter nos règles de conduite.
la montée de l’individualisme : des pressions sociales
pour les droits individuels afin de trouver un équilibre optimal entre
ceux-ci et les droits collectifs.

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l’arrivée des technologies nouvelles : de la


progression de la science et de la médecine et de leurs moyens
nouveaux.
un besoin d’assurance accru et une crainte de
responsabilités accrus : vu le pouvoir des soignants face la
vie et à la mort.

D. Champs d’investigations spécifiques à L’éthique médicale :

Portent essentiellement sur les questions éthiques de la naissance,


de la vie et de la mort parmi ces questions on peut citer :
L’avortement ;
Les techniques de procréations médicalement assistés ;
Le dépistage génétique prénatal ;
Les transplantations d’organes, de tissus et de cellules;
Les xénogreffes ;
L’acharnement thérapeutique ;
Le consentement éclairé ;
Les décisions d’arrêt de traitement ;
Les soins en fin de vie ;
Les questions d’allocations des ressources.

E. Qui décide de ce qui est éthique en médecine ?


La réponse à la question de qui décide de ce qui est éthique en
général diffère donc d’une société à l’autre mais la culture et la
religion jouent souvent un rôle important dans la détermination du
comportement éthique.
Chez nous (en ALGERIE) La loi 90-17 du 31.07.1990 modifiant et
complétant la loi 85-05 du 16.02.1985 relative à la protection et la
promotion de la santé fixe le code de l’éthique médicale au
chapitre III du titre IV.
Il existe un conseil national de l’éthique des sciences de la santé.
1Site du Conseil National de l'Ordre des Médecins: www.cnomedecins-dz.com/

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A. GENERALITES :
La notion de droit médical représente l’ensemble des règles
imposées par la société pour ce qui touche la profession
médicale.
Donc la déontologie médicale :
Indique les conduites à tenir.
Engage des situations concrètes et réelles.
Indique les règles, les principes de morale et juridiques.
Donc la déontologie médicale est définie comme étant
l’ensemble des principes, règles et usages que doit respecter le
médecin ou l’étudiant en médecine dans l’exercice de la
profession médicale.
Pour cela il existe un code de déontologie médicale qui précise :
Les devoirs du médecin envers ses confrères.
Les relations et devoirs du médecin envers les membres des
autres professions de santé.
Les devoirs du médecin envers les malades et la société.

B. Évolution de la déontologie médicale en Algérie :


L’évolution de la déontologie médicale à subi plusieurs étapes :
Avant 1962 : le code de déontologie français
A partir de 1963 : création du bureau de surveillance des
professions médicales.
Octobre 1976 : naissance du 1er code de déontologie
médicale algérien inclut dans le code de la santé algérien.
Février 1985 : promulgation de la loi 85/05 relative à la
protection et à la promotion de la santé, abrogeant le code de
déontologie médicale.
Juillet 1990 : promulgation de la loi 90-17 « Création du
conseil national de déontologie médicale constitué de ses 03
sections ordinales nationales ».

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Avril 1998 : installation officielle du conseil national de


déontologie médicale suite à des élections nationales.
Juillet 1992 : le décret exécutif N° 276 du 06/07/1992
comportant le code de déontologie médicale fait de 226 articles
repartis sur 05 titres.

C. ORGANISATION DE LA DEONTOLOGIE MEDICALE (CONSEILS) :

le conseil national de déontologie médicale :


Siège à Alger, il est formé de 12 conseils régionaux.
Ces conseils sont investis du pouvoir disciplinaire ; ils se
prononcent sur les infractions aux règles de déontologie médicale
et sur les violations de la loi sanitaire.
Le conseil est composé de médecins âgés de 35 ans ou plus, ils
sont élus par leurs confrères pour 04 ans.
L’inscription au conseil :

Nul ne peut exercer la profession de médecin s’il
inscrit au n’est pas
tableau.
Exception faite pour les médecins militaires et étrangers
exerçant dans le cadre de convention.
Qui peut saisir le conseil de déontologie médicale :
Le ministre de la santé ;
Les membres du corps médical (médecins autorisés à
exercer) ;
Les chirurgiens dentistes et pharmaciens (leurs associations
légales) ;
Les associations de médecins légalement formés ;
Tout patient ou son tuteur ;
Les ayants droit des patients.

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D. LES REGLES DE DEONTOLOGIE MEDICALE :


Les devoirs généraux : Art 6 à 41
Le médecin est au service de l’individu ;
Le médecin est au service de la santé publique ;
Le médecin doit exercer dans le respect de la vie et de la
personne humaine.
Le secret professionnel : Art 36 à 41
Le secret professionnel s’impose à tout médecin sauf quand la
loi en dispose autrement.
Il couvre tout ce que le médecin a vu, entendu, compris ou
tout ce qu’il lui a été confié dans l’exercice de sa profession.
Le médecin doit veiller à la protection contre toute indiscrétion
des fiches cliniques et documents qu’il détient concernant les
malades.
En cas de publications scientifiques, il doit veiller à ce que
l’identification du malade ne soit pas possible.
Le secret médical n’est pas aboli par le décès du malade
sauf pour faire valoir ses droits.
Devoirs envers les malades : Art 43 et 44
Le malade est libre de choisir son médecin ;
Le malade est libre de quitter son médecin ; c’est le libre choix.

La confraternité : Art 44 à 51


C’est un devoir primordial, elle doit s’exercer dans l’intérêt
du malade et de la profession médicale.
Rapport avec les membres de la profession : Art 52 à 61
Ils doivent être courtois et bienveillants avec les auxiliaires
de santé. Chacun doit respecter l’indépendance de l’autre.
Règles particulières à certains modes d’exercice :
Dans le privé ;
Médecine salariée ;
Médecine de contrôle ; Médecine d’expertise.

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E. SANCTIONS PREVUES DANS LE CODE DE DEONTOLOGIE :

Le conseil saisi d’une plainte doit statuer dans un délai de 04 mois.


Les sanctions disciplinaires sont :
L’avertissement ;
Le blâme ;
La proposition d’interdire d’exercer ;
La fermeture de l’établissement.
Les sanctions sont susceptibles d’appel ou de recours auprès du
conseil national de déontologie médicale, dans un délai de 06
mois.
En cas de non-satisfaction, un appel peut à nouveau être
introduit auprès de la cour suprême dans un délai de 01 an.

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La médecine est à la fois une science et un art. La science


s’occupe de ce qui peut être observé et mesuré et un médecin
compétent reconnaît les signes d’une maladie et sait comment
rétablir une bonne santé.
Mais la médecine scientifique a ses limites, notamment au regard
de l’humanité de l’individu, de la culture, de la religion, de la
liberté, des droits et des responsabilités.

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