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Universitatea Ovidius Constanta
Universitatea Ovidius Constanta
La littérature française
Prof.Univ.Ion Magiru
Litere,Romana-Franceza
Anul I
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La littérature française du XVIe siècle est marquée par l’établissement de la langue française
comme une grande langue littéraire et par d’importants créateurs qui fondent les principaux
genres de la littérature moderne en France avec François Rabelais pour la prose narrative, Pierre
de Ronsard et Joachim du Bellay pour la poésie, Michel de Montaigne pour la littérature d'idées
ou Robert Garnier et Étienne Jodelle pour le théâtre. Elle s’inscrit dans un siècle de
transformations multiples et fondamentales, dans tous les domaines (croyances religieuses,
démarches intellectuelles, sciences et techniques, découvertes géographiques, transformations
politiques…) qu'expriment les termes de « Renaissance »,d'« Humanisme » et de « Temps
modernes ».
Regard général sur la littérature du XVIe siècl.La notion de littérature ne prendra son sens
moderne qu’à la fin du XVIIe siècle. Au Moyen Âge le savoir et la création à visée esthétique
représentent un tout et c’est au XVIe que commence la dissociation lente entre les lettres et les
sciences, qu’apparaissent (dans leur état de naissance) l’histoire et la critique littéraires et que les
genres et les modèles esthétiques se codifient. La production littéraire au cours du XVIe siècle est
très variée dans ses formes comme dans ses approches thématiques, avec l'élaboration d'une
langue française expressive et enrichie et un enthousiasme que tempère les troubles de la fin du
siècle.
Contes et nouvelles
Les nouvelles sont introduites en France grâce à l’imitation de Boccace. Il s’agit de récits
généralement brefs, de construction dramatique, avec des personnages peu nombreux. Au XVIe
la nouvelle française est liée au nom de Marguerite de Navarre (1492-1549), sœur de François Ier.
Dans son Heptaméron elle peint des situations simples et contemporaines et marque le début de
l’étude psychologique en littérature. L’intrigue est toujours amoureuse, les personnages sont pris
du réel.
Roman
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Rabelais
Les cinq livres de Rabelais constituent une œuvre continue, comportant des «genres»
différents : légendes antiques parodiées, récits épiques, scènes de lamentation ou de la comédie,
dialogues, enquêtes. Rabelais se sert de l’allégorie, du grotesque, de la caricature, de la
bouffonnade, de tous les moyens traditionnels médiévaux, pour revêtir le fond humaniste de son
œuvre. L’unité est assurée par sa langue prodigieuse, extrêmement riche, abondante. On dit
souvent que le vrai géant de l’œuvre, c’est la parole. Une autre caractéristique importante en est
le rire : tout est dit dans le rire et par le rire, ce qui, d’après Rabelais est le propre de l’homme
Essai.
Montaigne
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donner des jugements sur tout ce qui l’impressionne : la vie et la mort, la vérité et le mensonge
de certaines sciences, les possibilités de comprendre le monde, les faiblesses de l’homme et de la
religion, l’amitié, l’instruction des enfants, les voyages, les affaires, la politique. Il enseigne l’art
de vivre aisément, même avec un certain égoïsme, en prenant la nature pour guide. Son
humanisme n'est pas enthousiaste comme celui de Rabelais : il doute de la force humaine et
conseille de former le jugement de l’homme pour qu’il puisse mieux organiser sa vie. Quant à
ses idées politiques, il est pour l’entière soumission au pouvoir du roi.
Les critiques cherchent dans l’œuvre de Montaigne très riche et très complexe, la sagesse, le
stoïcisme, l’épicurisme, le scepticisme. Mais son grand mérite réside d’abord dans l’intelligence
et l’habileté avec lesquelles, à travers sa personnalité, il peint l’homme de la deuxième moitié du
siècle, et dans sa volonté de trouver une méthode, un art personnel de vivre.
Poésie
Ronsard du Bellay
La poésie lyrique occupe de loin la première place avec le rôle majeur joué par la Pléiade,
un groupe de poètes humanistes qui veulent égaler les auteurs latins en versifiant en
français. Il réunit sept personnes : Ronsard, Du Bellay, Jean Dorat (leur professeur de
grec), Rémi Belleau (lequel remplaça, en 1554, Jean de La Péruse, décédé), Étienne
Jodelle, Pontus de Tyard et Jean Antoine de Baïf.
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nouveaux ; imitation des Anciens et des Italiens ; conception du poète comme un démiurge et de
la poésie comme un art sacré. Les humanistes de la Pléiade défendent la poésie du latin et
veulent l’illustrer par des genres imités ou empruntés. L’imitation et les emprunts sont conçus à
l’époque comme un moyen de dérober les secrets des étrangers pour créer une poésie française
infiniment plus belle.
Théâtre
Si le début du siècle voit se perpétuer le théâtre religieux du Moyen Âge, la deuxième moitié
du siècle est marquée par l’apparition d’un théâtre politique (lié aux guerres de religion)
aujourd’hui oublié. Mais, pour cette période, c’est essentiellement un genre nouveau que l’on
nomme souvent (d’un terme maladroit) la tragédie antique qui mérite l’attention.
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Ce renouveau littéraire est porté par des auteurs comme Étienne Jodelle qui écrit la première
tragédie en langue française et en alexandrins avec Cléopâtre Captive en 1552 ou encore Didon
se sacrifiant, avant de connaître disgrâce et misère. Jodelle fait également représenter la première
comédie, Eugène (1552) : écrite en vers, la pièce suit des modèles italiens et ses traits amusants
viennent de la farce.
Robert Garnier (1544-1590) laissera lui aussi des œuvres à la manière antique : Hippolyte ou
Antigone (1580) et surtout les Juives (1583) dont le sujet vient de l’Antiquité biblique mais dont
l’esthétique est bien dans l’esprit d’Aristote. Il inventera également la tragédie à fin heureuse – la
tragicomédie – avec Bradamante en 1582.
D’autres noms méritent d’être cités même si leurs œuvres sont aujourd’hui presque oubliées :
Antoine de Montchrestien (1575-1621) ou encore Alexandre Hardy (1572? - 1632?) auteur
prolifique dont on peut citer quelques titres évocateurs de leur sujet antique comme Didon ou
Lucrèce) ou encore Jean Mairet (1604-1684). Autant de créateurs qui assurent la transition avec
le jeune Pierre Corneille (1606-1686) dont la première tragédie, Médée date de 1635.
Mémoires
Blaise de Moncul
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La littérature francaise du XVIIe siecle
Sculpture baroque.
La littérature française du XVIIe siècle est liée aux évolutions politiques, intellectuelles et
artistiques qui se font jour entre 1598 - promulgation de l’édit de Nantes d’Henri IV qui met fin
aux guerres de religions du XVIe siècle -, et 1715, date de la mort de Louis XIV, le Roi-Soleil
qui a imposé la monarchie absolue au royaume.L'un des faits dominants dans le domaine culturel
est la forte consolidation du pouvoir royal qui fait, à la fin du XVIIe siècle, de la Cour et du roi, à
Versailles, les maîtres du bon goût, même si la « ville » et sa bourgeoisie commencent à jouer un
rôle dans le domaine des arts et de la littérature avec une diffusion plus large des œuvres et un
développement de la lecture.
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Contexte
Pour la France, le XVIIe siècle en tant qu’unité historique peut être défini par deux
dates : 1598 et l’édit de Nantes d’Henri IV qui met fin aux guerres de religions du XVIe siècle, et
1715, date de la mort de Louis XIV qui a imposé au cours de son très long règne la monarchie
absolue au royaume qu’il a agrandi par de nombreuses conquêtes. Entre ces deux dates le
pouvoir royal s’affermit par l’œuvre de Louis XIII secondé par Richelieu et durant la régence
d’Anne d’Autriche grâce à Mazarin.
Ce pouvoir royal intervient dans le monde des arts par le soutien qu’il apporte aux artistes
instituant ainsi ce qu’on a appelé le « classicisme français » et par la création de l’Académie
française qui établit une norme pour le vocabulaire, la syntaxe ou la poétique comme le montre
en 1637 la querelle du Cid. Ce souci de la codification du langage anime aussi les salons et les
cercles littéraires : c’est par exemple la Grammaire de Port-Royal, élaborée par les Solitaires de
Port-Royal-des-Champs, qui fixe pour la première fois les règles grammaticales et sert de base,
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jusqu’à nos jours, à la grammaire française. Si le XVIe siècle s’était occupé d’enrichir la langue
française pour la rendre rivale des autres langues anciennes et si les auteurs accueillaient
volontiers toute invention, le XVIIe siècle se charge de l’épurer et d’établir des règles comme
avec Vaugelas, et c’est à la fin du XVIIe siècle qu’apparaissent les premiers dictionnaires de la
langue française avec Richelet (en 1680), Furetière (posthume, en 1690) et un peu plus tard
l’Académie française (1698).
En même temps, l’idéal social évolue avec le type de l’honnête homme, cultivé, sociable et
ouvert, et le monde des idées poursuit son évolution avec le cartésianisme qui modifie les
démarches intellectuelles en donnant une place primordiale à la Raison (Cogito ergo sum) et qui
influera sur l’idéal classique par son souci d’ordre et de discipline. La philosophie de René
Descartes (1596-1650), en érigeant le doute comme principe de son système métaphysique,
débouchera à la fin du siècle sur les prémices des Lumières avec les remises en cause d’esprits
novateurs comme Bayle ou Fontenelle en même temps que s’affirmeront, en Europe, les
démarches scientifiques avec Kepler, Harvey, Blaise Pascal ou Newton. Le libertinage
intellectuel, bien que sévèrement combattu par l’Église, pèse aussi peu à peu sur les esprits dans
le sillage de Pierre Gassendi (1592-1655), matérialiste sensualiste qui ouvre des brèches encore
timides à l’athéisme.
René Descartes.
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Château de Versailles. Louis XIV et la Cour.
Tous ces éléments vont peser dans le domaine esthétique et dans l’importance relative des deux
courants qui dominent le siècle : d’abord le mouvement baroque, plus long et paneuropéen, puis
le classicisme, plus spécifiquement français et moins long, lié au « siècle de Louis XIV ». Si le
baroque est une esthétique de l’incertain, du flou et de la surabondance, le classicisme est fait de
retenue, d’ordre et d’ambition morale : c’est ce courant qui s’imposera en France dans la
deuxième moitié du siècle avec l’intervention du monarque absolu et centralisateur qui
encouragera la fondation de nombreuses académies pour veiller aux principes et aux usages
admis de la pensée et des arts (l’Académie française en 1635, l’Académie royale de peinture et
de sculpture en 1665, l’Académie des sciences en 1666). La Cour et le roi, à Versailles, sont
bien, à la fin du XVIIe siècle, en France, les maîtres du bon goût même si la « ville » et sa
bourgeoisie commencent à jouer un rôle dans le domaine des arts et de la littérature avec une
diffusion plus large des œuvres et un développement de la lecture.
Les deux courants qui dominent le siècle sont le baroque et le classicisme, mais ces notions ne
seront systématisées que bien plus tard et s’il y a débat et opposition esthétiques, il y a aussi
souvent cohabitation des deux approches dans une œuvre ou chez un auteur. D’autres
orientations, plus mineures, sont également identifiables, ce qui interdit une approche trop
simpliste ou simplifiée des créations littéraires du temps.
Le BAROQUE
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sont la poésie avec Théophile de Viau, Pierre de Marbeuf ou Saint-Amant, et le théâtre, influencé
par les auteurs espagnols (par exemple L'illusion comique de Pierre Corneille).
Durant la période de transition qui va de 1630 à 1660, le baroque, bien que peu à peu
supplanté déjà par le classicisme, continue encore à jouer son rôle. Il est présent dans le courant
précieux, le courant burlesque et le courant libertin. Cependant ces trois courants ne se
confondent pas avec le baroque, mais chacun développe, de façon privilégiée, un de ses aspects.
Le Courant précieuxLa préciosité est un mouvement européen des lettres qui atteint son
apogée en France dans les années 1650-1660. C’est un courant esthétique d'affirmation
aristocratique marqué par un désir de se distinguer du commun. Cette volonté d’élégance et de
raffinement se manifeste dans le domaine du comportement, des manières, du goût aussi bien
que dans celui du langage. Ce courant est également associé à une revendication féministe
soucieuse de faire reconnaître la femme dans le monde des intellectuels et des artistes mais aussi
dans une fonction sociale nouvelle.
La société précieuse s’épanouit dans les salons dont les plus célèbres sont ceux de la marquise
de Rambouillet et de Madeleine de Scudéry. D’abord aristocratiques, après l’échec de la Fronde
(histoire), ces salons s’ouvrent peu à peu à des écrivains bourgeois. La volonté d’élégance dans
la conversation, la recherche de pureté du vocabulaire en proscrivant les jargons, les archaïsmes,
le langage populaire et l’invention de termes nouveaux ou de périphrase remplaçant des noms
d’objets réputés bas ou seulement trop ordinaires, conduisent à des abus dont se moquera
Molière dans Les Précieuses ridicules.
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On placerait à part, sous l'étiquette étroite de romans précieux à cause de la place faite aux
femmes et à l'étude de l'amour, les romans de Madeleine et Georges de Scudéry, en particulier
les volumes dus à Madeleine de Scudéry. On citera Ibrahim ou l’Illustre Bassa (1641-1642) et
surtout Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653), 10 volumes, et plus encore La Clélie (titre
exact : Clélie, histoire romaine) avec sa célèbre carte du Tendre (dix volumes entre 1654 et 1660
dont les premiers ont été signés par Georges de Scudéry).
Les excès du roman « héroïque et précieux » lui attireront des condamnations comme celle de
Lenoble qui rejette « les longs Romans pleins de paroles et d’aventures fabuleuses, et vides des
choses qui doivent rester dans l’esprit du Lecteur et y faire fruit » (). Par réaction s'élaboreront le
roman psychologique dit « classique » comme La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette
mais aussi des formes parodiques et comiques comme les romans de Scarron et de Francion.
Le Courant classique
Le classicisme, une des époques culturelles les plus brillantes de l’histoire de la France, est
une expression idéologique et esthétique de la monarchie absolue. Il se développe pendant toute
la première partie du siècle et atteint son apogée vers les années soixante. Le classicisme est en
liaison étroite avec les courants philosophiques de l’époque, en premier lieu celui du rationalisme
de Descartes dont il subit l’influence.
La tragédie
Nombreux sont les auteurs de tragédies mais deux d’entre eux la conduisent à sa perfection :
Pierre Corneille (1606-1684) et Jean Racine (1639-1699).
Molière.
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Le génie de Molière (1622-1673) est inséparable de l’histoire du théâtre classique français.
Ses comédies de mœurs et de caractère représentent une véritable galerie de la société du
XVIIe siècle. Son premier souci est de «plaire». Pour lui plaire voulait dire rire. Et le rire est son
arme. Son comique est toujours significatif. Molière cherche le réel des situations et excelle dans
la peinture de la nature humaine.
Le roman psychologique
Marie-Madeleine de La Fayette.
La poésie
Les « moralistes »
On nomme ainsi les auteurs qui dans des genres divers ont exploré le comportement des
hommes avec des approches souvent pessimistes comme Blaise Pascal - Bossuet - La
Rochefoucauld – et les mémorialistes comme le cardinal de Retz et Saint-Simon ; ce dernier, né
à la fin du XVIIè siècle, a écrit ses « mémoires » au cours de la première moitié du XVIIIè siècle
et est classé par certains pour un écrivain classique du XVIIè siècle alors que son style, en réalité
très novateur, a inspiré par la suite de grands écrivains (François René de Chateaubriand, Marcel
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Proust). Ces « analyses de l’âme » se retrouvent avec Madame de Sévigné et ses fameuses
Lettres ou avec La Bruyère et ses Caractères.
Jean de La Fontaine.
À travers un genre mineur et non codifié, La Fontaine (1621-1695) s’inspire, comme les autres
classiques, dans ses fables, des Anciens mais aussi du folklore français et du folklore étranger. Il
imite ses maîtres avec une grande liberté. Tout comme les personnages de Molière, ses
personnages représentent toutes les couches sociales. En moraliste La Fontaine dépeint toute la
société française de la seconde moitié du siècle. La recherche du bonheur, l’homme et le pouvoir
sont les deux thèmes chers à La Fontaine qu’on retrouve dans ses «Fables» (1668-1696). La
fable qui était avant La Fontaine, un genre bref où l’anecdote se hâtait vers la morale, devient
chez lui un Littérature française du XVIIIe siècle e ample comédie où tout est mis à sa place : le
décor, les personnages, le dialogue.
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La littérature francaise du XVIIIe siecle
La littérature française du XVIIIe siècle s’inscrit dans une période le plus souvent définie par
deux dates repères : 1715,date de la mort de Louis XIV, et d’autre part, 1799, date du coup
d’État de Bonaparte qui instaure le Consulat et met d’une certaine façon fin à la période
révolutionnaire. Ce siècle de transformations économique, sociale, intellectuelle et politique est
riche d’une multiplicité d’œuvres qui peuvent se rattacher, en simplifiant, à deux orientations
majeures : le mouvement des Lumières et ses remises en cause des bases de la société et, par
ailleurs, la naissance d’une sensibilité que l’on qualifiera postérieurement de préromantique.e
ample comédie où tout est mis à sa place : le décor, les personnages, le dialogue.
Voltaire. Rousseau.
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La variété littéraire du XVIIIe siècle
L’Encyclopédie.
Beaumarchais Marivaux
L’influence des grands dramaturges du « siècle de Louis XIV » persiste sur la scène de la
Comédie-Française mais des renouvellements apparaissent avec les tragédies de Voltaire (1694-
1778) qui introduit des sujets modernes en gardant la structure classique et l’alexandrin (Zaïre,
1732, Mahomet, 1741) et qui obtient de grands succès. Néanmoins la censure est toujours active
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comme en témoignent, sous Louis XVI encore, les difficultés de Beaumarchais pour son Mariage
de Figaro.
Le théâtre du XVIIIe siècle est marqué aussi par des genres nouveaux, aujourd’hui considérés
comme mineurs mais que reprendra et transformera le XIXe siècle, comme la comédie
larmoyante et le drame bourgeois qui mettent en avant des situations pathétiques dans un
contexte réaliste et dramatique qui touchent des familles bourgeoises. Quelques titres explicites :
le Fils naturel (Diderot, 1757), le Père de famille (Diderot, 1758), le Philosophe sans le savoir
(Sedaine, 1765), la Brouette du vinaigrier (Louis-Sébastien Mercier, 1775) ou encore la Mère
coupable (Beaumarchais, 1792).
Le roman de ce siècle très riche explore toutes les possibilités romanesques : question du
narrateur, éclatement du récit, engagement, analyse psychologique minutieuse, peinture réaliste
du monde, imagination et confidence, apprentissage, souci de la forme… et les textes sont
difficilement réductibles à des catégories indiscutables ; on peut cependant risquer un
regroupement par sous-genre.
Les romans philosophiques : on peut discuter le genre des œuvres narratives de Voltaire
comme Zadig (1747) ou Candide (1759) mais l’appellation la plus fréquente aujourd’hui
est « contes philosophiques ». La discussion est plus pertinente pour l'Ingénu, plus tardif
(1768), qui s’éloigne du merveilleux et introduit une large part de réalisme social et
psychologique.
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Les romans réalistes : l’association du réalisme social et du parcours amoureux s’installe
au cours du siècle. Citons les romans-mémoires la Vie de Marianne (1741) le Paysan
parvenu (1735) de Marivaux, Manon Lescaut (1731) de l’abbé Prévost (1697-1763), le
Paysan perverti (1775) et son deuxième volet la Paysanne pervertie (1784), roman
épistolaire de Restif de la Bretonne (1734-1806)[1]. On peut aussi déterminer un sous-
genre né de l’influence espagnole : le roman picaresque avec sa truculence satirique, sa
variété des milieux sociaux et l’apprentissage de la vie et qu’illustre l’Histoire de Gil Blas
de Santillane (1715-1735) de Lesage (1668-1747).
Le roman d’imagination est, pour sa part, représenté par des romans d’anticipation
comme l’An 2440 de Mercier (1771) ou des romans fantastiques comme le Diable
amoureux de Jacques Cazotte (1772).
Les romans libertins associent grivoiserie, érotisme, manipulation et jeu social avec
Crébillon fils (le Sopha, 1745), Diderot (les Bijoux indiscrets, 1748 ; la Religieuse, 1760-
1796) ; Laclos (les Liaisons dangereuses, 1782) et finalement Sade (Justine ou les
Malheurs de la vertu, 1797).
Les romans du sentiment s’imposent dans la deuxième moitié du siècle avec la Nouvelle
Héloïse (1761), le roman par lettres de Jean-Jacques Rousseau (sur le modèle anglais du
Pamela de Richardson) qui sera le plus gros tirage du siècle en séduisant par sa peinture
préromantique du sentiment amoureux et de la nature, ou Paul et Virginie (1787) de
Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814).
Les romans « éclatés » comme Jacques le fataliste et son maître (1773-1778) ou le Neveu
de Rameau (1762-1777) de Diderot sont des œuvres assez inclassables mais porteuses de
modernité.
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Le goût des récits de vie est très fort tout au long du siècle avec des œuvres notables comme la
Vie de mon père (1779) ou Monsieur Nicolas (1794-1797) de Restif de la Bretonne, mais c’est
l’apport essentiel de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui fonde l’autobiographie moderne
avec les Confessions (1782-1789) et les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778) dans
lesquelles il nous offre un portrait exemplaire et approfondi de lui-même centré sur son « moi ».
André Chénier.
Si la forme versifiée est utilisée avec habileté par Voltaire dans son Poème sur le désastre de
Lisbonne ou dans le Mondain, la poésie, au sens commun du terme, ne se libère pas des
influences du classicisme et l’histoire littéraire ne retient que quelques noms comme ceux de
Jacques Delille (1738-1813) (les Jardins, 1782) ou Évariste Parny (1753-1814) (Élégies, 1784)
qui préparent modestement le romantisme en cultivant une certaine sensibilité à la nature et au
temps qui passe. Mais c’est essentiellement André Chénier (1762-1794) qui réussit une poésie
expressive comme dans le poème célèbre de la Jeune Tarentine ou celui de la Jeune Captive (son
œuvre ne sera publiée qu’en 1819, bien après sa mort tragique lors de la Terreur).
On mentionnera aussi Fabre d'Églantine pour ses chansons (Il pleut bergère) et sa participation
« poétique » au calendrier révolutionnaire.
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Saint-Just.
La critique d’art est inventée par Diderot dans ses Salons où il explore la part de la
sensibilité dans l’émotion artistique comme à propos de la poésie des ruines peintes par
Hubert Robert.
Buffon offre quant à lui une réussite littéraire intéressante avec ses écrits de vulgarisation
scientifique dans son imposante Histoire naturelle, publiée avec grand succès de 1749 à
1789.
Robespierre.
Le discours politique et sa rhétorique peut être lui aussi d’une certaine façon considéré
comme un genre littéraire avec les orateurs de talent comme Mirabeau, Saint-Just,
Danton ou Robespierre qui ont marqué la période révolutionnaire.
Bilan
La littérature française du XVIIIe siècle montre une grande richesse d’œuvres dans tous les
genres, en associant plus qu’en opposant l’engagement des Lumières et la naissance de la
subjectivité et de la sensibilité deux valeurs modernes. L’histoire littéraire n’a pas tout retenu
mais l’originalité du XVIIIe siècle tient pour une bonne part au fait que l’expression des idées
relevait encore de la littérature - ceux qu’on appelle les « Philosophes » étaient des hommes de
lettres à part entière - et les créateurs ne répugnaient pas à faire de leurs romans ou de leurs
pièces des œuvres de combat tout en exprimant leur personnalité et leur sensibilité dans une
langue qui devenait la langue de la culture de toute l’Europe.
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La littérature francaise du XIXe siecle
La poésie du XIXe siècle
Lamartine
Le romantisme
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mélancolie :les poètes vont donc exprimer leur mal de vivre et leurs souffrances affectives en
méditant sur la mort, sur Dieu, sur l'amour et la fuite du temps, sur la nature et sur la gloire, et
au-delà de ces thèmes lyriques traditionnels sur la fonction du poète (Hugo) et sur une perception
plus originale du fantastique avec Nerval, Nodier ou Aloysius Bertrand. Au-delà des thèmes pas
toujours novateurs, les poètes romantiques revendiqueront un assouplissement de l'expression
versifiée à la recherche d'une plus grande musicalité et de quelques audaces dans les mots et dans
les images, chez Victor Hugo en particulier.
Poésie de la sensibilité et d'une certaine musicalité, la poésie romantique se plaît dans des
poèmes plutôt longs que la génération suivante trouvera pesante, oratoire, bavarde et convenue
(Rimbaud parlera de « la forme vieille »), avec des exceptions notoires comme Nerval (1808-
1855) et son recueil des Chimères (1854) ; certains poèmes de cette période constituent
cependant des pièces de référence qui touchent encore le lecteur d'aujourd'hui.
Mentionnons les œuvres principales de cette époque romantique marquée par une création
abondante :
Vigny
Alfred de Vigny (1797-1863), métaphysique et sombre : Les Destinées (1864) (poèmes : Le cor -
Moïse - La Mort du Loup - La Maison du Berger…).
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Hugo
Victor Hugo (1802-1885) couvre tout le siècle avec sa poésie multiforme. Recueils : Les
Orientales (1829) (poème : Les Djinns) - Les Feuilles d'automne (1831) (Ce siècle avait deux
ans…) - Les Chants du crépuscule (1835) (Les Semailles) - Les Voix intérieures (1837) (A
Eugène, vicomte H.) - Les Rayons et les Ombres (1840) (Fonction du poète - Tristesse
d'Olympio - Oceano Nox) - Les Châtiments (1853) (O Soldats de l'an deux ! - Souvenir de la nuit
du 4 - L'expiation : « Il neigeait…/Waterloo ») - Les Contemplations (1856) (Demain dès
l'aube… - A Villequier - Le Mendiant - Ce que dit la bouche d'ombre) - La Légende des Siècles
(1859-1883) (La conscience : Caïn - Booz endormi - L'aigle du casque - Les Pauvres gens).
Nerval
Gérard de Nerval (1808 – 1855), dense et mystérieux : Les Chimères (1854)(El desdichado)
Le Parnasse
L'influence de ce mouvement n'est pas à négliger : la densité et l'expressivité seront retenues par
les poètes suivants et c'est d'ailleurs à Théophile Gautier que Baudelaire dédiera Les Fleurs du
mal et à Théodore de Banville que le jeune Rimbaud écrira en 1870. Le recueil tardif des
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Trophées de José-Maria de Heredia en 1893 témoigne aussi de la pérennité de l'approche
parnassienne, symbolisée par la forme contraignante du sonnet.
Baudelaire
Charles Baudelaire (1821 – 1867) est l'un des poètes majeurs du XIXe siècle. Associant le
souci formel des poèmes courts (ou plutôt courts) et le réalisme (Une charogne – Tableaux
parisiens…) à l'expression d'une angoisse existentielle partagée entre le Spleen et l'Idéal
(Harmonie du soir – La cloche fêlée – La Mort des pauvres, il a su réussir une « alchimie
poétique » exemplaire en extrayant Les Fleurs du mal dans son recueil publié en 1857
(condamné partiellement pour outrage aux bonnes mœurs) qui contient ce vers révélateur : « Tu
m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or ». Poète du monde réel et de la beauté, du bonheur et de
la souffrance, de la morbidité et du péché, il a en grande partie fondé le type du poète tourmenté
et inadapté au monde. Baudelaire a également donné au poème en prose sa notoriété avec ses
Petits poèmes en prose (Le port – Un hémisphère dans une chevelure…).
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Les figures de Verlaine (1844 – 1896) et de Rimbaud (1854 – 1891) prolongent le type du poète
maudit par leurs vies hors des normes sociales. Si Arthur Rimbaud (Une saison en enfer -
Illuminations) reste comme le « voleur de feu », le voyant et l'aventurier éphémère de la poésie
avec ses fulgurances et ses révoltes, Paul Verlaine, avec une œuvre plus longue, est associé à la
musicalité, au lyrisme mélancolique et à une sorte d'impressionnisme avec son art de la nuance,
« Sans rien en lui qui pèse ou qui pose ». (Poèmes saturniens – Les Fêtes galantes – Sagesse…).
On peut leur adjoindre Lautréamont (1846 – 1870) qui laisse inachevé Les Chants de Maldoror,
prose flamboyante de révolte contre Dieu et la société que découvriront les Surréalistes.
Mallarmé
Mallarmé (1842 – 1898) recherche quant à lui le raffinement et la concision parfois hermétique
dans une œuvre rare (L'Après-Midi d'un faune - Poésies, regroupement posthume) qui
influencera Paul Valéry.
Les années 1880 voient s'affirmer des courants aux contours incertains comme le décadentisme
et le symbolisme qui ont en commun l'éclatement de la forme poétique avec l'utilisation du vers
libre et le refus du prosaïsme au bénéfice de la suggestion avec un goût pour le raffinement et
l'irrationnel. On peut citer les noms de Jean Moréas, Henri de Régnier, Albert Samain, Georges
Rodenbach. La fantaisie de Charles Cros et Jules Laforgue, n'est parfois pas si loin des chansons
d'Aristide Bruant, lui-même lointain successeur de Béranger.
Le théâtre du XIXe siècle
Musset
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Le texte de théâtre connaît cependant un nouveau souffle avec le drame romantique qui
s'impose durant une décennie de 1830-1840 en revendiquant, comme Victor Hugo dans la
Préface de Cromwell en 1827, une esthétique de la sensibilité, de la liberté et de la vérité avec le
rejet des règles classiques et de la distinction des genres et des tons, la recherche de la couleur
locale avec des sujets empruntés à l'histoire des XVIe-XVIIe siècles et l'utilisation de la prose ou,
pour Victor Hugo, de l'alexandrin libéré. Les principales œuvres de cette période sont : Hernani
(1830) et Ruy Blas (1838) de Victor Hugo, On ne badine pas avec l'amour (1834) et Lorenzaccio
(1834 - non représenté) de Musset, Chatterton (1835) de Vigny, Kean (1831) et La Tour de
Nesles (1832) d'Alexandre Dumas père; et un peu plus tard, dans une catégorisation difficile, La
Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils (adapté en 1852 de son propre roman ; ce que fera
aussi Zola avec Renée adapté de La Curée).
D'autres formes de théâtre vont cohabiter dans la suite du siècle, par exemple le théâtre de
boulevard avec le vaudeville qui associe divertissement et satire conventionnelle et qu'illustrent
Labiche, Courteline ou Feydeau. Le théâtre musical s'installera lui aussi dans la deuxième moitié
du siècle avec l'opérette et l'opéra comique que représentent bien les œuvres d'Offenbach.
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On retient également quelques autres aspects originaux de la période comme le théâtre de
provocation burlesque d'Alfred Jarry (Ubu Roi – 1888), le théâtre à la fois lyrique et épique,
d'Edmond Rostand avec ses alexandrins flamboyants (Cyrano de Bergerac -1899, L'Aiglon -
1900) ou les premières œuvres, catholiques et patriotiques, de Charles Péguy (Jeanne d'Arc -
1897).
Le roman va devenir le genre dominant par sa diffusion massive entretenue par l'instruction
publique croissante et le développement de la presse et des feuilletons dans la deuxième moitié
du siècle. La plupart des romanciers sont issus de la bourgeoisie et vivent désormais de leur
plume (parfois très bien comme Hugo, Maupassant ou Zola…). Le roman devient un genre
attrape-toutautour d'une base minimum : récit en prose, d'une longueur relativement importante,
comportant une part d’imaginaire et s'attachant à des moments de vie des personnages. La
typologie est évidemment discutée mais quelques grandes lignes de force sont bien définies.
Chateaubriand
Le roman du moi
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Dumas père
Le roman historique
Walter Scott a mis à la mode le genre du roman historique. Les écrivains y cultivent nostalgie et
pittoresque avec un souci de documentation (parfois pesante) et de recréation du passé en mêlant
personnages et faits imaginés à des personnages et des actions historiques. Quelques titres
exemplaires : Les Chouans (Balzac - 1829), Cinq-Mars (Vigny – 1828), Notre-Dame de Paris
(Hugo – 1831), Les Trois Mousquetaires (Alexandre Dumas père – 1844), Le Bossu (Paul Féval
– 1858). Le genre se prolonge tout au long du siècle avec quelques œuvres notables comme Le
Roman de la momie (Gautier – 1857), Salammbô (Flaubert – 1862), Quatrevingt-treize (Hugo –
1874)… Il est cependant concurrencé par le genre voisin du roman-feuilleton qui fait la fortune
de la presse et le bonheur des prosateurs comme Eugène Sue avec ses Les Mystères de Paris
(1842-1843) et sa fresque pittoresque et moraliste de la société du temps.
Le roman réaliste
Le roman réaliste est une catégorisation sujette à caution, et largement rediscutée de nos jours.
Mais on peut retenir un objectif esthétique clair : il s'agit de produire un « effet de réel » en
peignant avec un souci constant du détail et de la vraisemblance les décors, les personnages et les
faits. Les expressions de Stendhal (roman = miroir) ou de Balzac (romancier = historien du
présent) montrent dans la première moitié du siècle une voie qu'approfondiront Gustave Flaubert
et Maupassant (préface de Pierre et Jean), puis Zola et son naturalisme. Le roman du XIXe siècle
fera parallèlement une large place au roman d'apprentissage, en accompagnant les débuts dans la
vie sociale des personnages.
La fin du siècle est marquée cependant par une réaction contre ce réalisme jugé trop « bas » et
par une attitude « idéaliste » associée à un retour à la perspective religieuse avec Huysmans (A
Rebours - 1884), Léon Bloy (Le Désespéré - 1886) ou Maurice Barrès (Les Déracinés -1897).
D'autres ouvertures apparaissent comme l'exotisme, impressionniste et réaliste à la fois, de Pierre
Loti (Pêcheur d'Islande- 1886) et la naissance du roman d'analyse « pré-proustien » avec Paul
Bourget (Le Disciple - 1889) ou Anatole France (Le Lys Rouge - 1894).
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La Liseuse - Charles Louis Gratia (1815-1911).
La littérature française du XIXe siècle s'inscrit dans une période définie par deux dates
repères : 1799, date du coup d'État de Bonaparte qui instaure le Consulat et met d'une certaine
façon fin à la période révolutionnaire, et 1899, moment de résolution des tensions de l'affaire
Dreyfus et de la menace du Boulangisme et où s'imposent finalement les valeurs de la IIIe
République. La modernité littéraire s'affirme dans ce siècle à l'Histoire mouvementée avec des
courants marquants qui touchent tous les arts, comme le romantisme, le réalisme, le naturalisme
ou le symbolisme. Les créateurs les plus importants échappent cependant à un étiquetage étroit et
offrent des œuvres multiples et encore proches de nous, particulièrement dans le domaine de la
poésie (avec Lamartine, Vigny, Musset, Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Mallarmé…)
comme dans le domaine du roman (avec Stendhal, Balzac, Dumas, Hugo, Flaubert, Zola,
Maupassant, Verne…) et dans une moindre mesure au théâtre avec le drame romantique et ses
épigones (avec Musset, Hugo, Edmond Rostand…).
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Napoléon Ier en 1812 Génie de la Liberté – colonne de Juillet
Les changements de société sont extrêmement importants tout aux longs du siècle avec par
exemple l'instruction publique qui finit par devenir générale et qui, accompagnée par de
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remarquables progrès scientifiques et techniques, participe à l'évolution des mentalités.
L'aristocratie et l'Église perdent peu à peu leurs positions de force et une société laïque s'installe
à la fin du siècle, marquée aussi par le poids croissant de la bourgeoisie et de la classe ouvrière
qui s'affrontent. La République s'impose finalement à tous et vote des lois sociales tout en
organisant les conquêtes coloniales et en préparant la revanche contre l'Allemagne. Les auteurs
rendent compte de ces transformation dans leurs œuvres et pour une part d'entre eux s'engagent
dans les camps politiques, progressistes (comme Lamartine, Hugo ou Zola) ou parfois
réactionnaires comme Maurice Barrès, ou Léon Daudet (Le Stupide XIXe siècle). Ils se
rejoignent cependant souvent pour exalter la figure de l'artiste libre contre le bourgeois vulgaire
et matérialiste, en créant le mythe de l'artiste bohème et rejeté qu'illustre notamment la figure du
peintre ou du poète maudit.
Dans le domaine des arts, en France, à côté d'un néo-classicisme officiel et académique (allant
parfois jusqu'à l'art pompier), on retrouve les grands courants esthétiques du siècle comme le
romantisme avec Delacroix ou Berlioz et, plus tard, le réalisme avec Courbet et, à la même
période, en musique Gounod et Bizet. Dans les dernières années du Second Empire s'impose peu
à peu l'Impressionnisme auquel on peut rattacher Manet, Monet ou Renoir, pour ne citer que les
plus grands. La fin du siècle est plus diverse avec des mouvements comme le pointillisme ou le
groupe des Nabis et des personnalités comme Cézanne, Gauguin ou Van Gogh, ou du sculpteur
Rodin, alors que Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns et Claude Debussy dominent la composition
musicale française.
La poésie du XIXe siècle
Lamartine
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Le romantisme
Cette recherche de nouveauté se concrétisera aussi par « l'invention » du poème en prose par
Aloysius Bertrand (1807 - 1841) dans Gaspard de la nuit, publié en 1842 après sa mort, où il
nous fait entrer dans un monde onirique, et qui initie une forme que reprendront plus tard
Baudelaire et Rimbaud.
Poésie de la sensibilité et d'une certaine musicalité, la poésie romantique se plaît dans des
poèmes plutôt longs que la génération suivante trouvera pesante, oratoire, bavarde et convenue
(Rimbaud parlera de « la forme vieille »), avec des exceptions notoires comme Nerval (1808-
1855) et son recueil des Chimères (1854) ; certains poèmes de cette période constituent
cependant des pièces de référence qui touchent encore le lecteur d'aujourd'hui.
Mentionnons les œuvres principales de cette époque romantique marquée par une création
abondante :
Vigny
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Alfred de Vigny (1797-1863), métaphysique et sombre : Les Destinées (1864) (poèmes : Le cor -
Moïse - La Mort du Loup - La Maison du Berger…).
Nerval
Gérard de Nerval (1808 – 1855), dense et mystérieux : Les Chimères (1854)(El desdichado)
Le Parnasse
L'influence de ce mouvement n'est pas à négliger : la densité et l'expressivité seront retenues par
les poètes suivants et c'est d'ailleurs à Théophile Gautier que Baudelaire dédiera Les Fleurs du
mal et à Théodore de Banville que le jeune Rimbaud écrira en 1870. Le recueil tardif des
Trophées de José-Maria de Heredia en 1893 témoigne aussi de la pérennité de l'approche
parnassienne, symbolisée par la forme contraignante du sonnet.
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Rimbaud
Verlaine et Rimbaud
Les figures de Verlaine (1844 – 1896) et de Rimbaud (1854 – 1891) prolongent le type du
poète maudit par leurs vies hors des normes sociales. Si Arthur Rimbaud (Une saison en enfer -
Illuminations) reste comme le « voleur de feu », le voyant et l'aventurier éphémère de la poésie
avec ses fulgurances et ses révoltes, Paul Verlaine, avec une œuvre plus longue, est associé à la
musicalité, au lyrisme mélancolique et à une sorte d'impressionnisme avec son art de la nuance,
« Sans rien en lui qui pèse ou qui pose ». (Poèmes saturniens – Les Fêtes galantes – Sagesse…).
On peut leur adjoindre Lautréamont (1846 – 1870) qui laisse inachevé Les Chants de Maldoror,
Les années 1880 voient s'affirmer des courants aux contours incertains comme le
décadentisme et le symbolisme qui ont en commun l'éclatement de la forme poétique avec
l'utilisation du vers libre et le refus du prosaïsme au bénéfice de la suggestion avec un goût pour
le raffinement et l'irrationnel. On peut citer les noms de Jean Moréas, Henri de Régnier, Albert
Samain, Georges Rodenbach. La fantaisie de Charles Cros et Jules Laforgue, n'est parfois pas si
loin des chansons d'Aristide Bruant, lui-même lointain successeur de Béranger. Le théâtre du
XIXe
Le théâtre du XIXe
Le théâtre devient un divertissement pour toutes les couches sociales au cours du XIXe siècle
avec une grande variété de salles et de genres. C'est aussi l'époque de l'extraordinaire célébrité
des comédiens comme Talma, Frédérick Lemaître (cf. le film de Marcel Carné Les Enfants du
Paradis), Marie Dorval, Rachel et plus tard Sarah Bernhardt.
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Balzac .
Honoré de Balzac (1799-1850) est un créateur d'exception, auteur d'une œuvre immense
qu'il intitulera tardivement La Comédie humaine en classant en trois groupes les 91 romans,
contes et nouvelles écrits entre 1829 et 1848. Le groupe le plus important (de très loin) est celui
des études de mœurs découpées en « scènes de la vie privée » (Le Père Goriot, Le Colonel
Chabert…), « scènes de la vie de province » (Eugénie Grandet, Le Lys dans la vallée, Illusions
perdues), « scènes de la vie parisienne » (César Birotteau, La Cousine Bette…), « scènes de la
vie politique » (Une ténébreuse affaire…), « scènes de la vie militaire » (Les Chouans…) et
« scènes de la vie de campagne » (Le Médecin de campagne…). On trouve ensuite les études
philosophiques (La Peau de chagrin, Louis Lambert, Le Chef-d'œuvre inconnu…), ces dernières
œuvres ramenant davantage au fantastique et au mysticisme qu'au réalisme. La Comédie
humaine comprend aussi des études analytiques (la Physiologie du mariage).
Flaubert Maupassant
La génération suivante amplifiera cette approche réaliste avec Gustave Flaubert (1821-
1880) dont on doit mentionner au moins deux chefs-d’œuvre où apparaissent aussi son
souci de la perfection du style et son ironie pessimiste : Madame Bovary (1857) et
L’Éducation sentimentale (1869). Son « disciple », Guy de Maupassant (1850-1893),
maître incontesté de la nouvelle, s'est essayé également au roman en approfondissant les
observations psychologiques et sociologiques comme dans Pierre et Jean (1888), Une Vie
(1883) et surtout Bel-Ami (1885).
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De nombreux romanciers participent aussi à la création romanesque dans la seconde moitié du
siècle. Les frères Goncourt (Edmond et Jules) avec leur minutie descriptive et leur écriture
« artiste » (Germinie Lacerteux – 1865), Alphonse Daudet (Le Petit Chose – 1868) et Jules
Vallès ( L'Enfant – 1879) se rattachent au genre réaliste. Jules Verne aborde les romans
d'aventure et d'anticipation avec Cinq semaines en ballon en 1863.
Le roman social
George Sand.
Le roman naturaliste
Émile Zola
La nouvelle et le conte
Barbey d'Aurevilly.
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fantastique : les grands romanciers ont laissé des traces importantes. Le conte est aussi un mode
d'expression, surtout le conte fantastique dont la mode est lancée en France dès 1829 par la
traduction des textes de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann publié en France en 1829 par Honoré
de Balzac qui s'en inspire, entre autres pour Maître Cornélius, l'Élixir de longue vie. L'influence
d'Hoffmann se fait sentir également surThéophile Gautier dans les Contes fantastiques, Prosper
Mérimée pour La Vénus d'Ille, Colomba. Guy de Maupassant poursuivra dans la même veine,
mais avec un autre style dans Les Contes de la bécasse, Le Horla, Barbey d'Aurevilly dans Les
Diaboliques, Villiers de l'Isle-Adam dans Contes cruels.
Bilan.Siècle très riche aux œuvres encore proches de nous, le XIXe siècle reste pour la
littérature française un âge d'or de la poésie et du roman, avec de très nombreux chefs-d'œuvre
qui laissent percevoir, au-delà des courants littéraires qui se succèdent, des créateurs aux fortes
personnalités artistiques
La littérature française du XXe siècle a été profondément marquée par les crises historiques,
politiques, morales et artistiques. Le courant littéraire qui a caractérisé ce siècle est le
surréalisme, qui est surtout un renouveau de la poésie (André Breton, Robert Desnos...), mais
aussi l'existentialisme (Gabriel Marcel, Jean-Paul Sartre), qui représente également une nouvelle
philosophie (L'existentialisme est un humanisme de Jean-Paul Sartre). La source première chez
les artistes de ce siècle est en rapport avec les conflits politiques de l'époque. La guerre est ainsi
présente aussi bien dans la poésie que dans les romans. Pour ce siècle,Marcel Proust apparaît
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comme le dernier grand auteur français. La seule comparaison est à chercher du côté de
Céline,dans le rôle non négligeable qu'il a joué dans la remise en cause d'une narration trop
policée et loin de la vie. Par une approche syntaxique au plus proche de la réalité de la rue, la
création d'une novlangue mêlée à un argot fantaisiste, il s'est également illustré comme l'un des
plus grands écrivains français de ce siècle et a marqué unombre d'écrivains, du père de San-
Antonio en passant par les écrivains anglo-saxons (Burroughs, Miller,...).
En France, le Nouveau Roman, théorisé par Alain Robbe-Grillet dans Pour un nouveau
roman, ne concerne initialement que peu d'écrivains mais a inspiré ensuite toute une génération
d'écrivains regroupés aujourd'hui autour des Éditions de Minuit, dont Jean Echenoz, Jean-
Philippe Toussaint, Tanguy Viel, Christian Oster, Laurent Mauvignier ou Christian Gailly. Après
cela, plus aucun mouvement au sens strict ne réussit à émerger. L'Oulipo, Ouvroir de littérature
potentielle, auquel ont appartenu Queneau ou Perec (et aujourd'hui des auteurs comme Roubaud,
Fournel, Jouet et Le Tellier) ne se conçoit en effet pas comme un mouvement, mais comme un
groupe de travail. Il en va de même pour la Nouvelle fiction regroupant des romanciers tels que
Hubert Haddad, Frédérick Tristan ou Georges-Olivier Châteaureynaud. Aujourd'hui on a cru
pouvoir rapprocher un certain nombre d'écrivains autour de la notion d'autofiction créée par
Serge Doubrovsky. Pour autant, il est parfois difficile de rassembler sous une même étiquette une
palette d'écrivains aux sensibilités, aux démarches artistiques et aux univers parfois antagonistes.
Cette définition est aussi un argument mis en avant par les détracteurs d'une littérature trop
nombriliste, germanopratine et qui, d'un point de vue strictement commercial, semble trouver
peu d'échos à l'étranger.
CUPRINS
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