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UNIVERSITATEA OVIDIUS,CONSTANTA

La littérature française

Prof.Univ.Ion Magiru

Dragoi Platon Alina Diana

Litere,Romana-Franceza

Anul I

La littérature francaise du XVIe siecle

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La littérature française du XVIe siècle est marquée par l’établissement de la langue française
comme une grande langue littéraire et par d’importants créateurs qui fondent les principaux
genres de la littérature moderne en France avec François Rabelais pour la prose narrative, Pierre
de Ronsard et Joachim du Bellay pour la poésie, Michel de Montaigne pour la littérature d'idées
ou Robert Garnier et Étienne Jodelle pour le théâtre. Elle s’inscrit dans un siècle de
transformations multiples et fondamentales, dans tous les domaines (croyances religieuses,
démarches intellectuelles, sciences et techniques, découvertes géographiques, transformations
politiques…) qu'expriment les termes de « Renaissance »,d'« Humanisme » et de « Temps
modernes ».

Regard général sur la littérature du XVIe siècl.La notion de littérature ne prendra son sens
moderne qu’à la fin du XVIIe siècle. Au Moyen Âge le savoir et la création à visée esthétique
représentent un tout et c’est au XVIe que commence la dissociation lente entre les lettres et les
sciences, qu’apparaissent (dans leur état de naissance) l’histoire et la critique littéraires et que les
genres et les modèles esthétiques se codifient. La production littéraire au cours du XVIe siècle est
très variée dans ses formes comme dans ses approches thématiques, avec l'élaboration d'une
langue française expressive et enrichie et un enthousiasme que tempère les troubles de la fin du
siècle.

Les différents genres

Contes et nouvelles

Les contes continuent la tradition médiévale en traitant des problèmes de la morale, de la


religion, du savoir. Ils sont pour la plupart amusants et gardent le caractère oral des fabliaux et
des farces. En général, ils représentent des récits invraisemblables. Les personnages sont choisis
dans diverses couches de la société. S’il y a des pointes satiriques, elles sont adressées aux
moines et aux curés, aux gens de la justice, aux femmes bavardes et inconstantes. On peut citer
dans la fibre satyrique, les œuvres de Noël du Fail dont les étonnants Propos rustiques (1547)
mettent en scène quatre vieux paysans évoquant les mœurs d’autrefois.

Les nouvelles sont introduites en France grâce à l’imitation de Boccace. Il s’agit de récits
généralement brefs, de construction dramatique, avec des personnages peu nombreux. Au XVIe
la nouvelle française est liée au nom de Marguerite de Navarre (1492-1549), sœur de François Ier.
Dans son Heptaméron elle peint des situations simples et contemporaines et marque le début de
l’étude psychologique en littérature. L’intrigue est toujours amoureuse, les personnages sont pris
du réel.

Roman

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Rabelais

Si le roman d’aventures continue à avoir le plus de succès, c’est


l’œuvre de François Rabelais (1483-1553), à la fois homme d’Église et
médecin, qui domine le siècle par sa truculence et son humanisme
optimiste. Cette œuvre porte en elle toute la complexité du genre
romanesque et, ce qui est plus important, de la réflexion humaniste de
l’époque. C’est le roman de François Rabelais (1483-1553) Gargantua et Pantagruel. Dans cinq
livres publiés de 1532 à 1564, Rabelais, nourri de ses lectures et de ses souvenirs, reprend les
légendes d’une famille de géants et, à travers les aventures de ses personnages Gargantua et
Pantagruel, père et fils, exprime ses idées humanistes sur le bonheur, la guerre, l’Église,
l’éducation, la politique d’un roi, l’ordre social. Son idée maîtresse est la foi enthousiaste dans la
raison et les possibilités humaines. Ses personnages principaux ont l’esprit large, l’âme
magnanime, le bon sens, l’avidité du savoir, l’amour de l’action, la haine du fanatisme religieux
et politique, la volonté de chercher la vérité sans arrêt. Ce sont, en effet, les traits de l’Homme de
la Renaissance. L’idée de l’homme fidèle à sa nature, qui reste lui-même, sans masque, trouve
son incarnation dans le personnage de Pantagruel et s’exprime aujourd’hui par la notion de
« pantagruélisme ».

Les cinq livres de Rabelais constituent une œuvre continue, comportant des «genres»
différents : légendes antiques parodiées, récits épiques, scènes de lamentation ou de la comédie,
dialogues, enquêtes. Rabelais se sert de l’allégorie, du grotesque, de la caricature, de la
bouffonnade, de tous les moyens traditionnels médiévaux, pour revêtir le fond humaniste de son
œuvre. L’unité est assurée par sa langue prodigieuse, extrêmement riche, abondante. On dit
souvent que le vrai géant de l’œuvre, c’est la parole. Une autre caractéristique importante en est
le rire : tout est dit dans le rire et par le rire, ce qui, d’après Rabelais est le propre de l’homme
Essai.

Montaigne

Ce titre créé par Montaigne (1533-1592) est sans précédent dans la


littérature française. Les Essais paraissent en trois éditions qui sont tour à
tour inspirés par la lecture des Anciens. Deux choses attirent l’intérêt : la
réflexion générale sur l’homme et le monde et la réflexion sur ce que lui,
Montaigne, représente en tant qu’homme. La façon dont il parle de lui sans
la moindre gêne, avec une sincérité mêlée de modestie et d’orgueil à la fois,
reste unique. Partant de son cas individuel, il s’engage à réfléchir et à

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donner des jugements sur tout ce qui l’impressionne : la vie et la mort, la vérité et le mensonge
de certaines sciences, les possibilités de comprendre le monde, les faiblesses de l’homme et de la
religion, l’amitié, l’instruction des enfants, les voyages, les affaires, la politique. Il enseigne l’art
de vivre aisément, même avec un certain égoïsme, en prenant la nature pour guide. Son
humanisme n'est pas enthousiaste comme celui de Rabelais : il doute de la force humaine et
conseille de former le jugement de l’homme pour qu’il puisse mieux organiser sa vie. Quant à
ses idées politiques, il est pour l’entière soumission au pouvoir du roi.

Les critiques cherchent dans l’œuvre de Montaigne très riche et très complexe, la sagesse, le
stoïcisme, l’épicurisme, le scepticisme. Mais son grand mérite réside d’abord dans l’intelligence
et l’habileté avec lesquelles, à travers sa personnalité, il peint l’homme de la deuxième moitié du
siècle, et dans sa volonté de trouver une méthode, un art personnel de vivre.

Poésie

Ronsard du Bellay

 La poésie lyrique occupe de loin la première place avec le rôle majeur joué par la Pléiade,
un groupe de poètes humanistes qui veulent égaler les auteurs latins en versifiant en
français. Il réunit sept personnes : Ronsard, Du Bellay, Jean Dorat (leur professeur de
grec), Rémi Belleau (lequel remplaça, en 1554, Jean de La Péruse, décédé), Étienne
Jodelle, Pontus de Tyard et Jean Antoine de Baïf.

En 1549 un manifeste est publié, Défense et Illustration de la langue française. Il proclame


avec enthousiasme les principes esthétiques d’un groupe d’humanistes, la Pléiade. Ils sont
nouveaux par rapport au Moyen Âge : enrichissement de la langue poétique nationale par des
emprunts aux dialectes ou aux langues antiques et étrangères ou bien par la création de mots

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nouveaux ; imitation des Anciens et des Italiens ; conception du poète comme un démiurge et de
la poésie comme un art sacré. Les humanistes de la Pléiade défendent la poésie du latin et
veulent l’illustrer par des genres imités ou empruntés. L’imitation et les emprunts sont conçus à
l’époque comme un moyen de dérober les secrets des étrangers pour créer une poésie française
infiniment plus belle.

Le chef incontestable de ce groupe est Pierre de Ronsard (1524-1586). Poète de cour, il


connaît la gloire de son vivant. Il pratique quatre grandes formes : l’ode, le sonnet, l’hymne, le
discours. Ses premières œuvres sont marquées par l’imitation des poètes antiques et italiens,
mais son imagination et sa sensibilité prennent le dessus pour les imprégner d’un lyrisme
personnel. Il fait l’éloge de la beauté physique et de la perfection morale de quelques
personnages féminins, devenus célèbres grâce à la puissance évocatrice de ses images :
Cassandre, Marie, Hélène. Recueils lyriques principaux : Odes (1550-1552), les Amours de
Cassandre (1552), les Amours de Marie (1555), Sonnets pour Hélène (1578).

Le poète Joachim du Bellay (1522-1560), auteur du manifeste Défense et illustration de la


langue française (1549), fait preuve d’un lyrisme profond et vrai. Il se traduit à travers quelques
thèmes : la force destructrice du temps, la beauté et la gloire du passé, la nostalgie pour son pays
et l’admiration de la nature. La sincérité est le trait caractéristique de sa poésie qu’illustrent les
Antiquités de Rome et les Regrets (1558).

Théâtre

Si le début du siècle voit se perpétuer le théâtre religieux du Moyen Âge, la deuxième moitié
du siècle est marquée par l’apparition d’un théâtre politique (lié aux guerres de religion)
aujourd’hui oublié. Mais, pour cette période, c’est essentiellement un genre nouveau que l’on
nomme souvent (d’un terme maladroit) la tragédie antique qui mérite l’attention.

Robert Garnier (1544-1590 ) Étienne Jodelle (1532-1573)

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Ce renouveau littéraire est porté par des auteurs comme Étienne Jodelle qui écrit la première
tragédie en langue française et en alexandrins avec Cléopâtre Captive en 1552 ou encore Didon
se sacrifiant, avant de connaître disgrâce et misère. Jodelle fait également représenter la première
comédie, Eugène (1552) : écrite en vers, la pièce suit des modèles italiens et ses traits amusants
viennent de la farce.

Robert Garnier (1544-1590) laissera lui aussi des œuvres à la manière antique : Hippolyte ou
Antigone (1580) et surtout les Juives (1583) dont le sujet vient de l’Antiquité biblique mais dont
l’esthétique est bien dans l’esprit d’Aristote. Il inventera également la tragédie à fin heureuse – la
tragicomédie – avec Bradamante en 1582.

D’autres noms méritent d’être cités même si leurs œuvres sont aujourd’hui presque oubliées :
Antoine de Montchrestien (1575-1621) ou encore Alexandre Hardy (1572? - 1632?) auteur
prolifique dont on peut citer quelques titres évocateurs de leur sujet antique comme Didon ou
Lucrèce) ou encore Jean Mairet (1604-1684). Autant de créateurs qui assurent la transition avec
le jeune Pierre Corneille (1606-1686) dont la première tragédie, Médée date de 1635.

Mémoires

Blaise de Moncul

L’écriture de soi apparaît vraiment au XVIe siècle avec certaines pages


de Montaigne, mais elle enrichit aussi le genre traditionnel des récits de vie
des grands acteurs de l’Histoire. C’est ainsi que Blaise de Moncul, chef des
armées catholiques pendant les guerres de religion, a écrit, avec ses
Commentaires, publiés en 1592 après sa mort, des mémoires qui
constituent à la fois une mine d’informations pour les historiens et une
forme intéressante d’autobiographie.

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La littérature francaise du XVIIe siecle

Jardins du château de Versailles.

Sculpture baroque.

La littérature française du XVIIe siècle est liée aux évolutions politiques, intellectuelles et
artistiques qui se font jour entre 1598 - promulgation de l’édit de Nantes d’Henri IV qui met fin
aux guerres de religions du XVIe siècle -, et 1715, date de la mort de Louis XIV, le Roi-Soleil
qui a imposé la monarchie absolue au royaume.L'un des faits dominants dans le domaine culturel
est la forte consolidation du pouvoir royal qui fait, à la fin du XVIIe siècle, de la Cour et du roi, à
Versailles, les maîtres du bon goût, même si la « ville » et sa bourgeoisie commencent à jouer un
rôle dans le domaine des arts et de la littérature avec une diffusion plus large des œuvres et un
développement de la lecture.

Le XVIIe siècle est un siècle majeur pour la langue et la littérature françaises en particulier


pour les œuvres du théâtre classique avec les comédies de Molière et les tragédies de Corneille et
Racine. Mais si le classicisme s’impose dans la seconde moitié du siècle sous le règne de Louis
XIV, les chefs-d’œuvre qu'il a produits ne doivent pas éclipser d’autres genres comme les textes
des moralistes et des fabulistes (La Fontaine) et le genre du roman qui s’invente au cours de cette
période avec les romans précieux, les histoires comiques et les premiers romans psychologiques
comme La Princesse de Clèves, ou encore la poésie baroque de la période Louis XIII, remise en
honneur depuis Les Grotesques de Théophile Gautier.

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Contexte

Louis XIV. Richelieu.

Louis XIII. Mazarin.

Pour la France, le XVIIe siècle en tant qu’unité historique peut être défini par deux
dates : 1598 et l’édit de Nantes d’Henri IV qui met fin aux guerres de religions du XVIe siècle, et
1715, date de la mort de Louis XIV qui a imposé au cours de son très long règne la monarchie
absolue au royaume qu’il a agrandi par de nombreuses conquêtes. Entre ces deux dates le
pouvoir royal s’affermit par l’œuvre de Louis XIII secondé par Richelieu et durant la régence
d’Anne d’Autriche grâce à Mazarin.

Ce pouvoir royal intervient dans le monde des arts par le soutien qu’il apporte aux artistes
instituant ainsi ce qu’on a appelé le « classicisme français » et par la création de l’Académie
française qui établit une norme pour le vocabulaire, la syntaxe ou la poétique comme le montre
en 1637 la querelle du Cid. Ce souci de la codification du langage anime aussi les salons et les
cercles littéraires : c’est par exemple la Grammaire de Port-Royal, élaborée par les Solitaires de
Port-Royal-des-Champs, qui fixe pour la première fois les règles grammaticales et sert de base,

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jusqu’à nos jours, à la grammaire française. Si le XVIe siècle s’était occupé d’enrichir la langue
française pour la rendre rivale des autres langues anciennes et si les auteurs accueillaient
volontiers toute invention, le XVIIe siècle se charge de l’épurer et d’établir des règles comme
avec Vaugelas, et c’est à la fin du XVIIe siècle qu’apparaissent les premiers dictionnaires de la
langue française avec Richelet (en 1680), Furetière (posthume, en 1690) et un peu plus tard
l’Académie française (1698).

En même temps, l’idéal social évolue avec le type de l’honnête homme, cultivé, sociable et
ouvert, et le monde des idées poursuit son évolution avec le cartésianisme qui modifie les
démarches intellectuelles en donnant une place primordiale à la Raison (Cogito ergo sum) et qui
influera sur l’idéal classique par son souci d’ordre et de discipline. La philosophie de René
Descartes (1596-1650), en érigeant le doute comme principe de son système métaphysique,
débouchera à la fin du siècle sur les prémices des Lumières avec les remises en cause d’esprits
novateurs comme Bayle ou Fontenelle en même temps que s’affirmeront, en Europe, les
démarches scientifiques avec Kepler, Harvey, Blaise Pascal ou Newton. Le libertinage
intellectuel, bien que sévèrement combattu par l’Église, pèse aussi peu à peu sur les esprits dans
le sillage de Pierre Gassendi (1592-1655), matérialiste sensualiste qui ouvre des brèches encore
timides à l’athéisme.

René Descartes.

En effet les considérations et les pratiques religieuses marquent aussi fortement


le siècle avec la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685, qui met
fin à la tolérance vis-à-vis des protestants, et le poids des Jésuites et des
Jansénistes. En effet les Jésuites, en plus de leur influence politique, critiquée
par les tenants du gallicanisme, contribuent à la formation de la pensée du
siècle et à l’élaboration du style classique. Les écoles jésuites apportent deux
éléments essentiels dans la formation du classicisme : le goût humaniste pour les Anciens
reconnus comme modèle de beauté et de sagesse, et la psychologie, qui vise à connaître
l’homme, à discuter sur lui, mesurer la puissance de ses passions et de sa volonté. Le jansénisme
exerce quant à lui une influence plutôt indirecte et morale avec leur idéal austère lié à une
théologie de la prédestination.

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Château de Versailles. Louis XIV et la Cour.

Tous ces éléments vont peser dans le domaine esthétique et dans l’importance relative des deux
courants qui dominent le siècle : d’abord le mouvement baroque, plus long et paneuropéen, puis
le classicisme, plus spécifiquement français et moins long, lié au « siècle de Louis XIV ». Si le
baroque est une esthétique de l’incertain, du flou et de la surabondance, le classicisme est fait de
retenue, d’ordre et d’ambition morale : c’est ce courant qui s’imposera en France dans la
deuxième moitié du siècle avec l’intervention du monarque absolu et centralisateur qui
encouragera la fondation de nombreuses académies pour veiller aux principes et aux usages
admis de la pensée et des arts (l’Académie française en 1635, l’Académie royale de peinture et
de sculpture en 1665, l’Académie des sciences en 1666). La Cour et le roi, à Versailles, sont
bien, à la fin du XVIIe siècle, en France, les maîtres du bon goût même si la « ville » et sa
bourgeoisie commencent à jouer un rôle dans le domaine des arts et de la littérature avec une
diffusion plus large des œuvres et un développement de la lecture.

Pour avoir un panorama littéraire du siècle précédent on se reportera à Littérature française du


XVIe siècle.

La variété de la littérature française du XVIIe siècle

Les deux courants qui dominent le siècle sont le baroque et le classicisme, mais ces notions ne
seront systématisées que bien plus tard et s’il y a débat et opposition esthétiques, il y a aussi
souvent cohabitation des deux approches dans une œuvre ou chez un auteur. D’autres
orientations, plus mineures, sont également identifiables, ce qui interdit une approche trop
simpliste ou simplifiée des créations littéraires du temps.

Le BAROQUE

Rubens - L’éducation de Marie de Médicis.

C’est un mouvement qui dominera l’Europe du XVIIe siècle.


Peu agressif en France, il se développe sous l’influence avant tout de
l’Italie et représente souvent la tendance principale des années 1598 -
1630. Le baroque est né en réaction contre l’austérité protestante. Il est
attaché à une conception d’un monde instable, d’un monde en
transformation incessante. Ce courant est avide de liberté et ouvert à la
complexité de la vie. En littérature il comporte une multitude de
tendances contradictoires mais peut se concentrer autour de quelques
principes communs : goût de la sensualité, des extrêmes, de
l’ornementation, du langage à effets. Les genres privilégiés du baroque

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sont la poésie avec Théophile de Viau, Pierre de Marbeuf ou Saint-Amant, et le théâtre, influencé
par les auteurs espagnols (par exemple L'illusion comique de Pierre Corneille).

Durant la période de transition qui va de 1630 à 1660, le baroque, bien que peu à peu
supplanté déjà par le classicisme, continue encore à jouer son rôle. Il est présent dans le courant
précieux, le courant burlesque et le courant libertin. Cependant ces trois courants ne se
confondent pas avec le baroque, mais chacun développe, de façon privilégiée, un de ses aspects.

Le Courant précieuxLa préciosité est un mouvement européen des lettres qui atteint son
apogée en France dans les années 1650-1660. C’est un courant esthétique d'affirmation
aristocratique marqué par un désir de se distinguer du commun. Cette volonté d’élégance et de
raffinement se manifeste dans le domaine du comportement, des manières, du goût aussi bien
que dans celui du langage. Ce courant est également associé à une revendication féministe
soucieuse de faire reconnaître la femme dans le monde des intellectuels et des artistes mais aussi
dans une fonction sociale nouvelle.

La société précieuse s’épanouit dans les salons dont les plus célèbres sont ceux de la marquise
de Rambouillet et de Madeleine de Scudéry. D’abord aristocratiques, après l’échec de la Fronde
(histoire), ces salons s’ouvrent peu à peu à des écrivains bourgeois. La volonté d’élégance dans
la conversation, la recherche de pureté du vocabulaire en proscrivant les jargons, les archaïsmes,
le langage populaire et l’invention de termes nouveaux ou de périphrase remplaçant des noms
d’objets réputés bas ou seulement trop ordinaires, conduisent à des abus dont se moquera
Molière dans Les Précieuses ridicules.

L'Astrée, édition du XVIIe siècle

La littérature est un des sujets privilégiés de ces salons et les


auteurs transposent dans leurs romans-fleuves ce monde raffiné qui
revendique aussi une place centrale pour l'amour idéalisé.

Avec précaution, on peut repérer une évolution du genre romanesque


lié à cette esthétique particulière avec d'abord, au début du siècle, le
roman pastoral et sentimental d'Honoré d'Urfé, L'Astrée, en 1607, puis
les romans héroïques dont les traits communs sont la peinture des
mœurs aristocratiques, les nombreuses aventures et l'étude des
personnages en particulier dans la relation amoureuse. Les principaux auteurs sont Marin Le Roy
de Gomberville (1600 ?-1674) avec Carithée (1621) ou Polexandre (5 volumes, 1632-1637), et
Gautier de Costes de La Calprenède (1614-1663), avec Cassandre (1642-1645) en 10 volumes,
Cléopâtre, la belle Égyptienne (1646-1658), 12 volumes, ou Faramond ou l’Histoire de France
dédiée au Roy (1661-1670, 7 volumes - inachevé).

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On placerait à part, sous l'étiquette étroite de romans précieux à cause de la place faite aux
femmes et à l'étude de l'amour, les romans de Madeleine et Georges de Scudéry, en particulier
les volumes dus à Madeleine de Scudéry. On citera Ibrahim ou l’Illustre Bassa (1641-1642) et
surtout Artamène ou le Grand Cyrus (1649-1653), 10 volumes, et plus encore La Clélie (titre
exact : Clélie, histoire romaine) avec sa célèbre carte du Tendre (dix volumes entre 1654 et 1660
dont les premiers ont été signés par Georges de Scudéry).

Les excès du roman « héroïque et précieux » lui attireront des condamnations comme celle de
Lenoble qui rejette « les longs Romans pleins de paroles et d’aventures fabuleuses, et vides des
choses qui doivent rester dans l’esprit du Lecteur et y faire fruit » (). Par réaction s'élaboreront le
roman psychologique dit « classique » comme La Princesse de Clèves de Madame de Lafayette
mais aussi des formes parodiques et comiques comme les romans de Scarron et de Francion.

Le Courant classique

Le classicisme, une des époques culturelles les plus brillantes de l’histoire de la France, est
une expression idéologique et esthétique de la monarchie absolue. Il se développe pendant toute
la première partie du siècle et atteint son apogée vers les années soixante. Le classicisme est en
liaison étroite avec les courants philosophiques de l’époque, en premier lieu celui du rationalisme
de Descartes dont il subit l’influence.

Les dramaturges « classiques >>

La tragédie

Nombreux sont les auteurs de tragédies mais deux d’entre eux la conduisent à sa perfection :
Pierre Corneille (1606-1684) et Jean Racine (1639-1699).

Pierre Corneille. Jean Racine.

Les comédies de Molière

Molière.

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Le génie de Molière (1622-1673) est inséparable de l’histoire du théâtre classique français.
Ses comédies de mœurs et de caractère représentent une véritable galerie de la société du
XVIIe siècle. Son premier souci est de «plaire». Pour lui plaire voulait dire rire. Et le rire est son
arme. Son comique est toujours significatif. Molière cherche le réel des situations et excelle dans
la peinture de la nature humaine.

Le roman psychologique

Marie-Madeleine de La Fayette.

Madame de La Fayette, avec La Princesses de Clèves inaugure avec la


maîtrise de la forme et le souci de la peinture des sentiments dans un contexte
réel, un genre appelé à une spectaculaire postérité.

La poésie

François Malherbe codifie au début du siècle les règles de la versification et


est salué par Boileau qui brille dans la poésie d’idées avec son Art poétique ou ses Satires.

Les « moralistes »

Blaise Pascal. Jacques-Bénigne Bossuet.

On nomme ainsi les auteurs qui dans des genres divers ont exploré le comportement des
hommes avec des approches souvent pessimistes comme Blaise Pascal - Bossuet - La
Rochefoucauld – et les mémorialistes comme le cardinal de Retz et Saint-Simon ; ce dernier, né
à la fin du XVIIè siècle, a écrit ses « mémoires » au cours de la première moitié du XVIIIè siècle
et est classé par certains pour un écrivain classique du XVIIè siècle alors que son style, en réalité
très novateur, a inspiré par la suite de grands écrivains (François René de Chateaubriand, Marcel

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Proust). Ces « analyses de l’âme » se retrouvent avec Madame de Sévigné et ses fameuses
Lettres ou avec La Bruyère et ses Caractères.

Une œuvre singulière : Les Fables de La Fontaine

Jean de La Fontaine.

À travers un genre mineur et non codifié, La Fontaine (1621-1695) s’inspire, comme les autres
classiques, dans ses fables, des Anciens mais aussi du folklore français et du folklore étranger. Il
imite ses maîtres avec une grande liberté. Tout comme les personnages de Molière, ses
personnages représentent toutes les couches sociales. En moraliste La Fontaine dépeint toute la
société française de la seconde moitié du siècle. La recherche du bonheur, l’homme et le pouvoir
sont les deux thèmes chers à La Fontaine qu’on retrouve dans ses «Fables» (1668-1696). La
fable qui était avant La Fontaine, un genre bref où l’anecdote se hâtait vers la morale, devient
chez lui un Littérature française du XVIIIe siècle e ample comédie où tout est mis à sa place : le
décor, les personnages, le dialogue.

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La littérature francaise du XVIIIe siecle

La littérature française du XVIIIe siècle s’inscrit dans une période le plus souvent définie par
deux dates repères : 1715,date de la mort de Louis XIV, et d’autre part, 1799, date du coup
d’État de Bonaparte qui instaure le Consulat et met d’une certaine façon fin à la période
révolutionnaire. Ce siècle de transformations économique, sociale, intellectuelle et politique est
riche d’une multiplicité d’œuvres qui peuvent se rattacher, en simplifiant, à deux orientations
majeures : le mouvement des Lumières et ses remises en cause des bases de la société et, par
ailleurs, la naissance d’une sensibilité que l’on qualifiera postérieurement de préromantique.e
ample comédie où tout est mis à sa place : le décor, les personnages, le dialogue.

Voltaire. Rousseau.

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La variété littéraire du XVIIIe siècle

L’Encyclopédie.

La littérature d'idées : les Lumières

Continuateurs des libertins du XVIIe siècle et d’esprits critiques comme Bayle et Fontenelle,


ceux que l’on appellera les Lumières dénoncent au nom de la Raison et de valeurs morales les
oppressions qui perdurent à leur époque.

Le théâtre du XVIIIe siècle

Beaumarchais Marivaux

L’influence des grands dramaturges du « siècle de Louis XIV » persiste sur la scène de la
Comédie-Française mais des renouvellements apparaissent avec les tragédies de Voltaire (1694-
1778) qui introduit des sujets modernes en gardant la structure classique et l’alexandrin (Zaïre,
1732, Mahomet, 1741) et qui obtient de grands succès. Néanmoins la censure est toujours active

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comme en témoignent, sous Louis XVI encore, les difficultés de Beaumarchais pour son Mariage
de Figaro.

Le théâtre du XVIIIe siècle est marqué aussi par des genres nouveaux, aujourd’hui considérés
comme mineurs mais que reprendra et transformera le XIXe siècle, comme la comédie
larmoyante et le drame bourgeois qui mettent en avant des situations pathétiques dans un
contexte réaliste et dramatique qui touchent des familles bourgeoises. Quelques titres explicites :
le Fils naturel (Diderot, 1757), le Père de famille (Diderot, 1758), le Philosophe sans le savoir
(Sedaine, 1765), la Brouette du vinaigrier (Louis-Sébastien Mercier, 1775) ou encore la Mère
coupable (Beaumarchais, 1792).

Mentionnons enfin le développement de genres qui associent texte et musique comme le


vaudeville ou l’opéra comique ainsi que des textes de réflexion sur le théâtre avec Diderot et son
Paradoxe sur le comédien, les écrits de Voltaire pour défendre la condition des gens de théâtre
toujours au ban de l’Église et les condamnations du théâtre pour immoralité par Rousseau.

Le roman du XVIIIe siècle __ Le roman du XVIIIe siècle est marqué par le


renouvellement des formes et des contenus qui préfigurent le roman moderne considéré comme
une œuvre de fiction en prose, racontant les aventures et l’évolution d’un ou de plusieurs
personnages. Le genre, en pleine croissance avec un lectorat élargi, est marqué par le
développement de la sensibilité, par le souci d'une apparente d'authenticité (avec le procédé du
manuscrit trouvé, l’emploi de la première personne, de l’échange épistolaire ou des dialogues) et
par l’esprit des Lumières en prenant en compte les valeurs nouvelles d’une société qui évolue.
L’influence la littérature anglaise est également sensible à travers la traduction des œuvres de
Richardson, Swift ou Daniel Defoe. Néanmoins le roman restera, au cours du XVIIIe siècle
siècle, un genre en quête de légitimation et de définition, comme le montrent les nombreuses
réflexions sur le roman au XVIIIe siècle.

Le roman de ce siècle très riche explore toutes les possibilités romanesques : question du
narrateur, éclatement du récit, engagement, analyse psychologique minutieuse, peinture réaliste
du monde, imagination et confidence, apprentissage, souci de la forme… et les textes sont
difficilement réductibles à des catégories indiscutables ; on peut cependant risquer un
regroupement par sous-genre.

 Les romans philosophiques : on peut discuter le genre des œuvres narratives de Voltaire
comme Zadig (1747) ou Candide (1759) mais l’appellation la plus fréquente aujourd’hui
est « contes philosophiques ». La discussion est plus pertinente pour l'Ingénu, plus tardif
(1768), qui s’éloigne du merveilleux et introduit une large part de réalisme social et
psychologique.

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 Les romans réalistes : l’association du réalisme social et du parcours amoureux s’installe
au cours du siècle. Citons les romans-mémoires la Vie de Marianne (1741) le Paysan
parvenu (1735) de Marivaux, Manon Lescaut (1731) de l’abbé Prévost (1697-1763), le
Paysan perverti (1775) et son deuxième volet la Paysanne pervertie (1784), roman
épistolaire de Restif de la Bretonne (1734-1806)[1]. On peut aussi déterminer un sous-
genre né de l’influence espagnole : le roman picaresque avec sa truculence satirique, sa
variété des milieux sociaux et l’apprentissage de la vie et qu’illustre l’Histoire de Gil Blas
de Santillane (1715-1735) de Lesage (1668-1747).

 Le roman d’imagination est, pour sa part, représenté par des romans d’anticipation
comme l’An 2440 de Mercier (1771) ou des romans fantastiques comme le Diable
amoureux de Jacques Cazotte (1772).

Fragonard - la déclaration d’amour.

 Les romans libertins associent grivoiserie, érotisme, manipulation et jeu social avec
Crébillon fils (le Sopha, 1745), Diderot (les Bijoux indiscrets, 1748 ; la Religieuse, 1760-
1796) ; Laclos (les Liaisons dangereuses, 1782) et finalement Sade (Justine ou les
Malheurs de la vertu, 1797).

 Les romans du sentiment s’imposent dans la deuxième moitié du siècle avec la Nouvelle
Héloïse (1761), le roman par lettres de Jean-Jacques Rousseau (sur le modèle anglais du
Pamela de Richardson) qui sera le plus gros tirage du siècle en séduisant par sa peinture
préromantique du sentiment amoureux et de la nature, ou Paul et Virginie (1787) de
Bernardin de Saint-Pierre (1737-1814).

 Les romans « éclatés » comme Jacques le fataliste et son maître (1773-1778) ou le Neveu
de Rameau (1762-1777) de Diderot sont des œuvres assez inclassables mais porteuses de
modernité.

La naissance de l’autobiographie au XVIIIe siècle

18
Le goût des récits de vie est très fort tout au long du siècle avec des œuvres notables comme la
Vie de mon père (1779) ou Monsieur Nicolas (1794-1797) de Restif de la Bretonne, mais c’est
l’apport essentiel de Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) qui fonde l’autobiographie moderne
avec les Confessions (1782-1789) et les Rêveries du promeneur solitaire (1776-1778) dans
lesquelles il nous offre un portrait exemplaire et approfondi de lui-même centré sur son « moi ».

La poésie du XVIIIe siècle

André Chénier.

Si la forme versifiée est utilisée avec habileté par Voltaire dans son Poème sur le désastre de
Lisbonne ou dans le Mondain, la poésie, au sens commun du terme, ne se libère pas des
influences du classicisme et l’histoire littéraire ne retient que quelques noms comme ceux de
Jacques Delille (1738-1813) (les Jardins, 1782) ou Évariste Parny (1753-1814) (Élégies, 1784)
qui préparent modestement le romantisme en cultivant une certaine sensibilité à la nature et au
temps qui passe. Mais c’est essentiellement André Chénier (1762-1794) qui réussit une poésie
expressive comme dans le poème célèbre de la Jeune Tarentine ou celui de la Jeune Captive (son
œuvre ne sera publiée qu’en 1819, bien après sa mort tragique lors de la Terreur).

On mentionnera aussi Fabre d'Églantine pour ses chansons (Il pleut bergère) et sa participation
« poétique » au calendrier révolutionnaire.

Autres genres du XVIIIe siècle

19
Saint-Just.

 La critique d’art est inventée par Diderot dans ses Salons où il explore la part de la
sensibilité dans l’émotion artistique comme à propos de la poésie des ruines peintes par
Hubert Robert.
 Buffon offre quant à lui une réussite littéraire intéressante avec ses écrits de vulgarisation
scientifique dans son imposante Histoire naturelle, publiée avec grand succès de 1749 à
1789.

Robespierre.

 Le discours politique et sa rhétorique peut être lui aussi d’une certaine façon considéré
comme un genre littéraire avec les orateurs de talent comme Mirabeau, Saint-Just,
Danton ou Robespierre qui ont marqué la période révolutionnaire.

Bilan

La littérature française du XVIIIe siècle montre une grande richesse d’œuvres dans tous les
genres, en associant plus qu’en opposant l’engagement des Lumières et la naissance de la
subjectivité et de la sensibilité deux valeurs modernes. L’histoire littéraire n’a pas tout retenu
mais l’originalité du XVIIIe siècle tient pour une bonne part au fait que l’expression des idées
relevait encore de la littérature - ceux qu’on appelle les « Philosophes » étaient des hommes de
lettres à part entière - et les créateurs ne répugnaient pas à faire de leurs romans ou de leurs
pièces des œuvres de combat tout en exprimant leur personnalité et leur sensibilité dans une
langue qui devenait la langue de la culture de toute l’Europe.

20
La littérature francaise du XIXe siecle

La poésie du XIXe siècle

Lamartine

Le romantisme

Le romantisme nourrit toute la première moitié du XIXe siècle et pour la poésie plus


précisément les années 1820- 1850 : par convention, des Méditations poétiques de Lamartine, en
1820, aux Contemplations de Victor Hugo en 1856. Ce mouvement esthétique européen fait une
place toute particulière au lyrisme et à l'effusion du moi avec un goût marqué pour la

21
mélancolie :les poètes vont donc exprimer leur mal de vivre et leurs souffrances affectives en
méditant sur la mort, sur Dieu, sur l'amour et la fuite du temps, sur la nature et sur la gloire, et
au-delà de ces thèmes lyriques traditionnels sur la fonction du poète (Hugo) et sur une perception
plus originale du fantastique avec Nerval, Nodier ou Aloysius Bertrand. Au-delà des thèmes pas
toujours novateurs, les poètes romantiques revendiqueront un assouplissement de l'expression
versifiée à la recherche d'une plus grande musicalité et de quelques audaces dans les mots et dans
les images, chez Victor Hugo en particulier.

Cette recherche de nouveauté se concrétisera aussi par « l'invention » du poème en


prose par Aloysius Bertrand (1807 - 1841) dans Gaspard de la nuit, publié en 1842 après sa mort,
où il nous fait entrer dans un monde onirique, et qui initie une forme que reprendront plus tard
Baudelaire et Rimbaud.

Poésie de la sensibilité et d'une certaine musicalité, la poésie romantique se plaît dans des
poèmes plutôt longs que la génération suivante trouvera pesante, oratoire, bavarde et convenue
(Rimbaud parlera de « la forme vieille »), avec des exceptions notoires comme Nerval (1808-
1855) et son recueil des Chimères (1854) ; certains poèmes de cette période constituent
cependant des pièces de référence qui touchent encore le lecteur d'aujourd'hui.

Mentionnons les œuvres principales de cette époque romantique marquée par une création
abondante :

Vigny

Alphonse de Lamartine (1790-1869) : l'initiateur, lyrique et religieux. Recueil : Méditations


Poétiques (1820) (poèmes : Le lac - Le vallon.…) - Harmonies Poétiques et Religieuses (1830).

Alfred de Musset (1810-1857) sensible et émouvant : Les Nuits (1835-1837).

Alfred de Vigny (1797-1863), métaphysique et sombre : Les Destinées (1864) (poèmes : Le cor -
Moïse - La Mort du Loup - La Maison du Berger…).

22
Hugo

Victor Hugo (1802-1885) couvre tout le siècle avec sa poésie multiforme. Recueils : Les
Orientales (1829) (poème : Les Djinns) - Les Feuilles d'automne (1831) (Ce siècle avait deux
ans…) - Les Chants du crépuscule (1835) (Les Semailles) - Les Voix intérieures (1837) (A
Eugène, vicomte H.) - Les Rayons et les Ombres (1840) (Fonction du poète - Tristesse
d'Olympio - Oceano Nox) - Les Châtiments (1853) (O Soldats de l'an deux ! - Souvenir de la nuit
du 4 - L'expiation : « Il neigeait…/Waterloo ») - Les Contemplations (1856) (Demain dès
l'aube… - A Villequier - Le Mendiant - Ce que dit la bouche d'ombre) - La Légende des Siècles
(1859-1883) (La conscience : Caïn - Booz endormi - L'aigle du casque - Les Pauvres gens).

Nerval

Gérard de Nerval (1808 – 1855), dense et mystérieux : Les Chimères (1854)(El desdichado)

Le Parnasse

En réaction contre l'effusion égocentrique du romantisme, un mouvement se fait jour: le


Parnasse, qui veut recentrer la poésie sur le travail formel du poète et développe une théorie de « 
l'art pour l'art  ». Cette école, héritière de Théophile Gautier, est représentée surtout par Leconte
de Lisle (1818 – 1894) avec ses Poèmes antiques (1852 - 1874) et ses Poèmes barbares (1862 –
1878), et Théodore de Banville (1823 - 1891) (Odelettes - Odes Funambulesques en 1857 et
animation de la revue du Parnasse contemporain).

L'influence de ce mouvement n'est pas à négliger : la densité et l'expressivité seront retenues par
les poètes suivants et c'est d'ailleurs à Théophile Gautier que Baudelaire dédiera Les Fleurs du
mal et à Théodore de Banville que le jeune Rimbaud écrira en 1870. Le recueil tardif des

23
Trophées de José-Maria de Heredia en 1893 témoigne aussi de la pérennité de l'approche
parnassienne, symbolisée par la forme contraignante du sonnet.

Baudelaire

Charles Baudelaire (1821 – 1867) est l'un des poètes majeurs du XIXe siècle. Associant le
souci formel des poèmes courts (ou plutôt courts) et le réalisme (Une charogne – Tableaux
parisiens…) à l'expression d'une angoisse existentielle partagée entre le Spleen et l'Idéal
(Harmonie du soir – La cloche fêlée – La Mort des pauvres, il a su réussir une « alchimie
poétique » exemplaire en extrayant Les Fleurs du mal dans son recueil publié en 1857
(condamné partiellement pour outrage aux bonnes mœurs) qui contient ce vers révélateur : « Tu
m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or ». Poète du monde réel et de la beauté, du bonheur et de
la souffrance, de la morbidité et du péché, il a en grande partie fondé le type du poète tourmenté
et inadapté au monde. Baudelaire a également donné au poème en prose sa notoriété avec ses
Petits poèmes en prose (Le port – Un hémisphère dans une chevelure…).

Les poètes de la fin du siècle

Rimbaud Verlaine et Rimbaud

24
Les figures de Verlaine (1844 – 1896) et de Rimbaud (1854 – 1891) prolongent le type du poète
maudit par leurs vies hors des normes sociales. Si Arthur Rimbaud (Une saison en enfer -
Illuminations) reste comme le « voleur de feu », le voyant et l'aventurier éphémère de la poésie
avec ses fulgurances et ses révoltes, Paul Verlaine, avec une œuvre plus longue, est associé à la
musicalité, au lyrisme mélancolique et à une sorte d'impressionnisme avec son art de la nuance,
« Sans rien en lui qui pèse ou qui pose ». (Poèmes saturniens – Les Fêtes galantes – Sagesse…).
On peut leur adjoindre Lautréamont (1846 – 1870) qui laisse inachevé Les Chants de Maldoror,
prose flamboyante de révolte contre Dieu et la société que découvriront les Surréalistes.

Mallarmé

Mallarmé (1842 – 1898) recherche quant à lui le raffinement et la concision parfois hermétique
dans une œuvre rare (L'Après-Midi d'un faune - Poésies, regroupement posthume) qui
influencera Paul Valéry.

Les années 1880 voient s'affirmer des courants aux contours incertains comme le décadentisme
et le symbolisme qui ont en commun l'éclatement de la forme poétique avec l'utilisation du vers
libre et le refus du prosaïsme au bénéfice de la suggestion avec un goût pour le raffinement et
l'irrationnel. On peut citer les noms de Jean Moréas, Henri de Régnier, Albert Samain, Georges
Rodenbach. La fantaisie de Charles Cros et Jules Laforgue, n'est parfois pas si loin des chansons
d'Aristide Bruant, lui-même lointain successeur de Béranger.

Le théâtre du XIXe siècle

Le théâtre devient un divertissement pour toutes les couches sociales au cours du


e
XIX  siècle avec une grande variété de salles et de genres. C'est aussi l'époque de l'extraordinaire
célébrité des comédiens comme Talma, Frédérick Lemaître (cf. le film de Marcel Carné Les
Enfants du Paradis), Marie Dorval, Rachel et plus tard Sarah Bernhardt.

Musset

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Le texte de théâtre connaît cependant un nouveau souffle avec le drame romantique qui
s'impose durant une décennie de 1830-1840 en revendiquant, comme Victor Hugo dans la
Préface de Cromwell en 1827, une esthétique de la sensibilité, de la liberté et de la vérité avec le
rejet des règles classiques et de la distinction des genres et des tons, la recherche de la couleur
locale avec des sujets empruntés à l'histoire des XVIe-XVIIe siècles et l'utilisation de la prose ou,
pour Victor Hugo, de l'alexandrin libéré. Les principales œuvres de cette période sont : Hernani
(1830) et Ruy Blas (1838) de Victor Hugo, On ne badine pas avec l'amour (1834) et Lorenzaccio
(1834 - non représenté) de Musset, Chatterton (1835) de Vigny, Kean (1831) et La Tour de
Nesles (1832) d'Alexandre Dumas père; et un peu plus tard, dans une catégorisation difficile, La
Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils (adapté en 1852 de son propre roman ; ce que fera
aussi Zola avec Renée adapté de La Curée).

Le théâtre romantique, complexe à représenter et passé de mode, cédera ensuite la place au


mélodrame aux effets forcés avec rebondissements et victoire des bons sur les méchants qui en
feront un genre populaire à grand succès, mais que ne retient guère l'histoire littéraire.

D'autres formes de théâtre vont cohabiter dans la suite du siècle, par exemple le théâtre de
boulevard avec le vaudeville qui associe divertissement et satire conventionnelle et qu'illustrent
Labiche, Courteline ou Feydeau. Le théâtre musical s'installera lui aussi dans la deuxième moitié
du siècle avec l'opérette et l'opéra comique que représentent bien les œuvres d'Offenbach.

Edmond Rostand Ubu Roi – Alfred Jarry

L'histoire littéraire garde le souvenir de tentatives de renouvellement à la fin du siècle comme


le Théâtre-Libre et le théâtre naturaliste et son regard sombre sur le monde contemporain (Henry
Becque : Les Corbeaux - 1882, Octave Mirbeau : Les Affaires sont les affaires - 1903) ou le
théâtre symboliste avec sa force de suggestion et ses correspondances poétiques (Pelléas et
Mélisande de Maeterlinck en 1892 que mettra en musique Debussy).

26
On retient également quelques autres aspects originaux de la période comme le théâtre de
provocation burlesque d'Alfred Jarry (Ubu Roi – 1888), le théâtre à la fois lyrique et épique,
d'Edmond Rostand avec ses alexandrins flamboyants (Cyrano de Bergerac -1899, L'Aiglon -
1900) ou les premières œuvres, catholiques et patriotiques, de Charles Péguy (Jeanne d'Arc -
1897).

Les romans du XIXe siècle

Le roman va devenir le genre dominant par sa diffusion massive entretenue par l'instruction
publique croissante et le développement de la presse et des feuilletons dans la deuxième moitié
du siècle. La plupart des romanciers sont issus de la bourgeoisie et vivent désormais de leur
plume (parfois très bien comme Hugo, Maupassant ou Zola…). Le roman devient un genre
attrape-toutautour d'une base minimum : récit en prose, d'une longueur relativement importante,
comportant une part d’imaginaire et s'attachant à des moments de vie des personnages. La
typologie est évidemment discutée mais quelques grandes lignes de force sont bien définies.

Chateaubriand

Le roman du moi

Voisin de l'autobiographie qu'illustre l'imposant Mémoires d'outre-tombe de Chateaubriand


(1848), le roman autobiographique à la première personne marque le début du siècle avec le goût
pour la confession intime cachée derrière un prête-nom, en associant lyrisme et narcissisme pour
explorer le mal de vivre d'une génération. Il constitue l'un des apports importants du romantisme
à la littérature avec des œuvres personnelles comme René (Chateaubriand -1802), Corinne
(Madame de Staël -1807), Adolphe (Benjamin Constant -1816) ou La Confession d'un enfant du
siècle (Musset – 1836).

27
Dumas père

Le roman historique

Walter Scott a mis à la mode le genre du roman historique. Les écrivains y cultivent nostalgie et
pittoresque avec un souci de documentation (parfois pesante) et de recréation du passé en mêlant
personnages et faits imaginés à des personnages et des actions historiques. Quelques titres
exemplaires : Les Chouans (Balzac - 1829), Cinq-Mars (Vigny – 1828), Notre-Dame de Paris
(Hugo – 1831), Les Trois Mousquetaires (Alexandre Dumas père – 1844), Le Bossu (Paul Féval
– 1858). Le genre se prolonge tout au long du siècle avec quelques œuvres notables comme Le
Roman de la momie (Gautier – 1857), Salammbô (Flaubert – 1862), Quatrevingt-treize (Hugo –
1874)… Il est cependant concurrencé par le genre voisin du roman-feuilleton qui fait la fortune
de la presse et le bonheur des prosateurs comme Eugène Sue avec ses Les Mystères de Paris
(1842-1843) et sa fresque pittoresque et moraliste de la société du temps.

Le roman réaliste

Le roman réaliste est une catégorisation sujette à caution, et largement rediscutée de nos jours.
Mais on peut retenir un objectif esthétique clair : il s'agit de produire un « effet de réel » en
peignant avec un souci constant du détail et de la vraisemblance les décors, les personnages et les
faits. Les expressions de Stendhal (roman = miroir) ou de Balzac (romancier = historien du
présent) montrent dans la première moitié du siècle une voie qu'approfondiront Gustave Flaubert
et Maupassant (préface de Pierre et Jean), puis Zola et son naturalisme. Le roman du XIXe siècle
fera parallèlement une large place au roman d'apprentissage, en accompagnant les débuts dans la
vie sociale des personnages.

La fin du siècle est marquée cependant par une réaction contre ce réalisme jugé trop « bas » et
par une attitude « idéaliste » associée à un retour à la perspective religieuse avec Huysmans (A
Rebours - 1884), Léon Bloy (Le Désespéré - 1886) ou Maurice Barrès (Les Déracinés -1897).
D'autres ouvertures apparaissent comme l'exotisme, impressionniste et réaliste à la fois, de Pierre
Loti (Pêcheur d'Islande- 1886) et la naissance du roman d'analyse « pré-proustien » avec Paul
Bourget (Le Disciple - 1889) ou Anatole France (Le Lys Rouge - 1894).

28
La Liseuse - Charles Louis Gratia (1815-1911).

La littérature française du XIXe siècle s'inscrit dans une période définie par deux dates
repères : 1799, date du coup d'État de Bonaparte qui instaure le Consulat et met d'une certaine
façon fin à la période révolutionnaire, et 1899, moment de résolution des tensions de l'affaire
Dreyfus et de la menace du Boulangisme et où s'imposent finalement les valeurs de la IIIe
République. La modernité littéraire s'affirme dans ce siècle à l'Histoire mouvementée avec des
courants marquants qui touchent tous les arts, comme le romantisme, le réalisme, le naturalisme
ou le symbolisme. Les créateurs les plus importants échappent cependant à un étiquetage étroit et
offrent des œuvres multiples et encore proches de nous, particulièrement dans le domaine de la
poésie (avec Lamartine, Vigny, Musset, Hugo, Baudelaire, Rimbaud, Verlaine, Mallarmé…)
comme dans le domaine du roman (avec Stendhal, Balzac, Dumas, Hugo, Flaubert, Zola,
Maupassant, Verne…) et dans une moindre mesure au théâtre avec le drame romantique et ses
épigones (avec Musset, Hugo, Edmond Rostand…).

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Napoléon Ier en 1812 Génie de la Liberté – colonne de Juillet

Ce siècle des Révolutions (Restauration – Révolution de juillet 1830 et de 1848 – Commune


de Paris en 1871) voit se succéder des systèmes politiques différents (Premier Empire -
monarchie d'Ancien Régime restaurée – monarchie constitutionnelle – éphémère IIe République
- Second Empire – IIIe République) qui cherchent à répondre (ou à s'opposer) aux aspirations
démocratiques nouvelles et aux transformations économiques qui s'accélèrent avec
l'industrialisation, la colonisation et les conflits entre les puissances européennes.

Napoléon III Jules Ferry

Les changements de société sont extrêmement importants tout aux longs du siècle avec par
exemple l'instruction publique qui finit par devenir générale et qui, accompagnée par de
30
remarquables progrès scientifiques et techniques, participe à l'évolution des mentalités.
L'aristocratie et l'Église perdent peu à peu leurs positions de force et une société laïque s'installe
à la fin du siècle, marquée aussi par le poids croissant de la bourgeoisie et de la classe ouvrière
qui s'affrontent. La République s'impose finalement à tous et vote des lois sociales tout en
organisant les conquêtes coloniales et en préparant la revanche contre l'Allemagne. Les auteurs
rendent compte de ces transformation dans leurs œuvres et pour une part d'entre eux s'engagent
dans les camps politiques, progressistes (comme Lamartine, Hugo ou Zola) ou parfois
réactionnaires comme Maurice Barrès, ou Léon Daudet (Le Stupide XIXe siècle). Ils se
rejoignent cependant souvent pour exalter la figure de l'artiste libre contre le bourgeois vulgaire
et matérialiste, en créant le mythe de l'artiste bohème et rejeté qu'illustre notamment la figure du
peintre ou du poète maudit.

Dans le domaine des arts, en France, à côté d'un néo-classicisme officiel et académique (allant
parfois jusqu'à l'art pompier), on retrouve les grands courants esthétiques du siècle comme le
romantisme avec Delacroix ou Berlioz et, plus tard, le réalisme avec Courbet et, à la même
période, en musique Gounod et Bizet. Dans les dernières années du Second Empire s'impose peu
à peu l'Impressionnisme auquel on peut rattacher Manet, Monet ou Renoir, pour ne citer que les
plus grands. La fin du siècle est plus diverse avec des mouvements comme le pointillisme ou le
groupe des Nabis et des personnalités comme Cézanne, Gauguin ou Van Gogh, ou du sculpteur
Rodin, alors que Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns et Claude Debussy dominent la composition
musicale française.

Pour avoir un panorama littéraire du siècle précédent on se reportera à Littérature française du


XVIIIe siècle.

La richesse littéraire du XIXe siècle

La poésie du XIXe siècle

Lamartine

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Le romantisme

Le romantisme nourrit toute la première moitié du XIXe siècle et pour la poésie plus


précisément les années 1820- 1850 : par convention, des Méditations poétiques de Lamartine, en
1820, aux Contemplations de Victor Hugo en 1856. Ce mouvement esthétique européen fait une
place toute particulière au lyrisme et à l'effusion du moi avec un goût marqué pour la
mélancolie :les poètes vont donc exprimer leur mal de vivre et leurs souffrances affectives en
méditant sur la mort, sur Dieu, sur l'amour et la fuite du temps, sur la nature et sur la gloire, et
au-delà de ces thèmes lyriques traditionnels sur la fonction du poète (Hugo) et sur une perception
plus originale du fantastique avec Nerval, Nodier ou Aloysius Bertrand. Au-delà des thèmes pas
toujours novateurs, les poètes romantiques revendiqueront un assouplissement de l'expression
versifiée à la recherche d'une plus grande musicalité et de quelques audaces dans les mots et dans
les images, chez Victor Hugo en particulier.

Cette recherche de nouveauté se concrétisera aussi par « l'invention » du poème en prose par
Aloysius Bertrand (1807 - 1841) dans Gaspard de la nuit, publié en 1842 après sa mort, où il
nous fait entrer dans un monde onirique, et qui initie une forme que reprendront plus tard
Baudelaire et Rimbaud.

Poésie de la sensibilité et d'une certaine musicalité, la poésie romantique se plaît dans des
poèmes plutôt longs que la génération suivante trouvera pesante, oratoire, bavarde et convenue
(Rimbaud parlera de « la forme vieille »), avec des exceptions notoires comme Nerval (1808-
1855) et son recueil des Chimères (1854) ; certains poèmes de cette période constituent
cependant des pièces de référence qui touchent encore le lecteur d'aujourd'hui.

Mentionnons les œuvres principales de cette époque romantique marquée par une création
abondante :

Vigny

Alphonse de Lamartine (1790-1869) : l'initiateur, lyrique et religieux. Recueil : Méditations


Poétiques (1820) (poèmes : Le lac - Le vallon.…) - Harmonies Poétiques et Religieuses (1830).

Alfred de Musset (1810-1857) sensible et émouvant : Les Nuits (1835-1837).

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Alfred de Vigny (1797-1863), métaphysique et sombre : Les Destinées (1864) (poèmes : Le cor -
Moïse - La Mort du Loup - La Maison du Berger…).

Nerval

Gérard de Nerval (1808 – 1855), dense et mystérieux : Les Chimères (1854)(El desdichado)

Le Parnasse

En réaction contre l'effusion égocentrique du romantisme, un mouvement se fait jour: le


Parnasse, qui veut recentrer la poésie sur le travail formel du poète et développe une théorie de « 
l'art pour l'art  ». Cette école, héritière de Théophile Gautier, est représentée surtout par Leconte
de Lisle (1818 – 1894) avec ses Poèmes antiques (1852 - 1874) et ses Poèmes barbares (1862 –
1878), et Théodore de Banville (1823 - 1891) (Odelettes - Odes Funambulesques en 1857 et
animation de la revue du Parnasse contemporain).

L'influence de ce mouvement n'est pas à négliger : la densité et l'expressivité seront retenues par
les poètes suivants et c'est d'ailleurs à Théophile Gautier que Baudelaire dédiera Les Fleurs du
mal et à Théodore de Banville que le jeune Rimbaud écrira en 1870. Le recueil tardif des
Trophées de José-Maria de Heredia en 1893 témoigne aussi de la pérennité de l'approche
parnassienne, symbolisée par la forme contraignante du sonnet.

Les poètes de la fin du siècle

33
Rimbaud

Verlaine et Rimbaud

Les figures de Verlaine (1844 – 1896) et de Rimbaud (1854 – 1891) prolongent le type du
poète maudit par leurs vies hors des normes sociales. Si Arthur Rimbaud (Une saison en enfer -
Illuminations) reste comme le « voleur de feu », le voyant et l'aventurier éphémère de la poésie
avec ses fulgurances et ses révoltes, Paul Verlaine, avec une œuvre plus longue, est associé à la
musicalité, au lyrisme mélancolique et à une sorte d'impressionnisme avec son art de la nuance,
« Sans rien en lui qui pèse ou qui pose ». (Poèmes saturniens – Les Fêtes galantes – Sagesse…).
On peut leur adjoindre Lautréamont (1846 – 1870) qui laisse inachevé Les Chants de Maldoror,

Les années 1880 voient s'affirmer des courants aux contours incertains comme le
décadentisme et le symbolisme qui ont en commun l'éclatement de la forme poétique avec
l'utilisation du vers libre et le refus du prosaïsme au bénéfice de la suggestion avec un goût pour
le raffinement et l'irrationnel. On peut citer les noms de Jean Moréas, Henri de Régnier, Albert
Samain, Georges Rodenbach. La fantaisie de Charles Cros et Jules Laforgue, n'est parfois pas si
loin des chansons d'Aristide Bruant, lui-même lointain successeur de Béranger. Le théâtre du
XIXe 

Le théâtre du XIXe 

Le théâtre devient un divertissement pour toutes les couches sociales au cours du XIXe siècle
avec une grande variété de salles et de genres. C'est aussi l'époque de l'extraordinaire célébrité
des comédiens comme Talma, Frédérick Lemaître (cf. le film de Marcel Carné Les Enfants du
Paradis), Marie Dorval, Rachel et plus tard Sarah Bernhardt.

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Balzac .

Honoré de Balzac (1799-1850) est un créateur d'exception, auteur d'une œuvre immense
qu'il intitulera tardivement La Comédie humaine en classant en trois groupes les 91 romans,
contes et nouvelles écrits entre 1829 et 1848. Le groupe le plus important (de très loin) est celui
des études de mœurs découpées en « scènes de la vie privée » (Le Père Goriot, Le Colonel
Chabert…), « scènes de la vie de province » (Eugénie Grandet, Le Lys dans la vallée, Illusions
perdues), « scènes de la vie parisienne » (César Birotteau, La Cousine Bette…), « scènes de la
vie politique  » (Une ténébreuse affaire…), « scènes de la vie militaire » (Les Chouans…) et
« scènes de la vie de campagne » (Le Médecin de campagne…). On trouve ensuite les études
philosophiques (La Peau de chagrin, Louis Lambert, Le Chef-d'œuvre inconnu…), ces dernières
œuvres ramenant davantage au fantastique et au mysticisme qu'au réalisme. La Comédie
humaine comprend aussi des études analytiques (la Physiologie du mariage).

Flaubert Maupassant

 La génération suivante amplifiera cette approche réaliste avec Gustave Flaubert (1821-
1880) dont on doit mentionner au moins deux chefs-d’œuvre où apparaissent aussi son
souci de la perfection du style et son ironie pessimiste : Madame Bovary (1857) et
L’Éducation sentimentale (1869). Son « disciple », Guy de Maupassant (1850-1893),
maître incontesté de la nouvelle, s'est essayé également au roman en approfondissant les
observations psychologiques et sociologiques comme dans Pierre et Jean (1888), Une Vie
(1883) et surtout Bel-Ami (1885).

35
De nombreux romanciers participent aussi à la création romanesque dans la seconde moitié du
siècle. Les frères Goncourt (Edmond et Jules) avec leur minutie descriptive et leur écriture
« artiste » (Germinie Lacerteux – 1865), Alphonse Daudet (Le Petit Chose – 1868) et Jules
Vallès ( L'Enfant – 1879) se rattachent au genre réaliste. Jules Verne aborde les romans
d'aventure et d'anticipation avec Cinq semaines en ballon en 1863.

Le roman social

George Sand.

À côté de ces œuvres phares de la première moitié du XIXe siècle, le


roman social (et champêtre parfois) trouve sa place dans la littérature avec
les textes de George Sand (Consuelo – 1842, La Mare au diable -1846, La
Petite Fadette – 1849) et, un peu plus tard, avec la grande fresque humaniste
de Victor Hugo, Les Misérables (1862).

Le roman naturaliste

Émile Zola

Émile Zola (1840-1902) est le dernier très grand romancier du siècle : il


théorise dans le Roman expérimental (1880) le naturalisme et donne au
réalisme extrême, au-delà même des bienséances et en prenant en compte la
physiologie, une ambition scientifique en voulant montrer l'influence des
milieux sur les individus. Son œuvre, Les Rougon-Macquart (sous-titrée
Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire) est une
somme romanesque de 20 volumes présentant à travers cinq générations
successives les conséquences du déterminisme physiologique et social et les manifestations
diverses d'une tare initiale. Ses romans puissants, souvent dramatiques et parfois épiques,
montrent un tableau critique de la société du Second Empire avec la dénonciation de
l'immoralisme des nantis comme dans La Curée (1872), Nana (1879), L’Argent (1891)… et sa
compassion pour le peuple et ses souffrances individuelles et collectives, par exemple Gervaise
dans L'Assommoir (1877), les paysans dans La Terre (1887), les mineurs dans Germinal (1885),
les soldats dans La Débâcle (1892)…

La nouvelle et le conte

Barbey d'Aurevilly.

Le genre narratif est aussi, tout au long du siècle, largement représenté


par la nouvelle qui exploite aussi bien l'approche réaliste que la veine

36
fantastique : les grands romanciers ont laissé des traces importantes. Le conte est aussi un mode
d'expression, surtout le conte fantastique dont la mode est lancée en France dès 1829 par la
traduction des textes de Ernst Theodor Amadeus Hoffmann publié en France en 1829 par Honoré
de Balzac qui s'en inspire, entre autres pour Maître Cornélius, l'Élixir de longue vie. L'influence
d'Hoffmann se fait sentir également surThéophile Gautier dans les Contes fantastiques, Prosper
Mérimée pour La Vénus d'Ille, Colomba. Guy de Maupassant poursuivra dans la même veine,
mais avec un autre style dans Les Contes de la bécasse, Le Horla, Barbey d'Aurevilly dans Les
Diaboliques, Villiers de l'Isle-Adam dans Contes cruels.

Bilan.Siècle très riche aux œuvres encore proches de nous, le XIXe siècle reste pour la
littérature française un âge d'or de la poésie et du roman, avec de très nombreux chefs-d'œuvre
qui laissent percevoir, au-delà des courants littéraires qui se succèdent, des créateurs aux fortes
personnalités artistiques

La Littérature française du XXe siècle

La littérature française du XXe siècle a été profondément marquée par les crises historiques,
politiques, morales et artistiques. Le courant littéraire qui a caractérisé ce siècle est le
surréalisme, qui est surtout un renouveau de la poésie (André Breton, Robert Desnos...), mais
aussi l'existentialisme (Gabriel Marcel, Jean-Paul Sartre), qui représente également une nouvelle
philosophie (L'existentialisme est un humanisme de Jean-Paul Sartre). La source première chez
les artistes de ce siècle est en rapport avec les conflits politiques de l'époque. La guerre est ainsi
présente aussi bien dans la poésie que dans les romans. Pour ce siècle,Marcel Proust apparaît

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comme le dernier grand auteur français. La seule comparaison est à chercher du côté de
Céline,dans le rôle non négligeable qu'il a joué dans la remise en cause d'une narration trop
policée et loin de la vie. Par une approche syntaxique au plus proche de la réalité de la rue, la
création d'une novlangue mêlée à un argot fantaisiste, il s'est également illustré comme l'un des
plus grands écrivains français de ce siècle et a marqué unombre d'écrivains, du père de San-
Antonio en passant par les écrivains anglo-saxons (Burroughs, Miller,...).

En France, le Nouveau Roman, théorisé par Alain Robbe-Grillet dans Pour un nouveau
roman, ne concerne initialement que peu d'écrivains mais a inspiré ensuite toute une génération
d'écrivains regroupés aujourd'hui autour des Éditions de Minuit, dont Jean Echenoz, Jean-
Philippe Toussaint, Tanguy Viel, Christian Oster, Laurent Mauvignier ou Christian Gailly. Après
cela, plus aucun mouvement au sens strict ne réussit à émerger. L'Oulipo, Ouvroir de littérature
potentielle, auquel ont appartenu Queneau ou Perec (et aujourd'hui des auteurs comme Roubaud,
Fournel, Jouet et Le Tellier) ne se conçoit en effet pas comme un mouvement, mais comme un
groupe de travail. Il en va de même pour la Nouvelle fiction regroupant des romanciers tels que
Hubert Haddad, Frédérick Tristan ou Georges-Olivier Châteaureynaud. Aujourd'hui on a cru
pouvoir rapprocher un certain nombre d'écrivains autour de la notion d'autofiction créée par
Serge Doubrovsky. Pour autant, il est parfois difficile de rassembler sous une même étiquette une
palette d'écrivains aux sensibilités, aux démarches artistiques et aux univers parfois antagonistes.
Cette définition est aussi un argument mis en avant par les détracteurs d'une littérature trop
nombriliste, germanopratine et qui, d'un point de vue strictement commercial, semble trouver
peu d'échos à l'étranger.

Bibliografie :Wikipedia-La littérature francaise

CUPRINS

1.La littérature francaise du XVIe siecle……………………………..1


38
2.La littérature francaise du XVIIe siecle……………………….…...7

3.La littérature francaise du XVIIIe siecle…………………………...16

4.La littérature francaise du XIXe siecle…………………………...22

5.La littérature francaise su XXe siecle…………………………….38

39

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