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GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L'ÉCHEVEAU

Imen Khanchel El Mehdi

ISEOR | « Recherches en Sciences de Gestion »

2013/4 N° 97 | pages 163 à 186


ISSN 2259-6372
Article disponible en ligne à l'adresse :
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https://www.cairn.inforevue-recherches-en-sciences-de-gestion-2013-4-page-163.htm
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revue Recherches en Sciences de Gestion-Management Sciences-Ciencias de
Gestión, n°97, p. 163 à 186

Gouvernance et RSE : Démêler l’écheveau

Imen Khanchel El Mehdi


Maître de conférences
École Supérieure de Commerce de Tunis
Université de la Manouba

La responsabilité sociale et la gouvernance ont fait l’objet de


recherches, de discussions et même de controverses, Elles sont au
centre des préoccupations des différents chercheurs et académiciens.
Celles-ci se sont faites plus pressante à la suite des différents
scandales financiers et comptables qui ont touché le domaine de
l’éthique et qui ont coûté chers aux actionnaires et aux autres parties
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prenantes. Cet article se propose donc de traiter l’impact de la
gouvernance sur la responsabilité sociale. A partir d’un échantillon
de 200 entreprises tunisiennes, nous avons démontré que la
gouvernance a un effet sur les pratiques de RSE et en particulier sur
sa dimension économique. Toutefois la gouvernance n’affecte pas la
dimension non économique de la RSE.

Mots-clés : Gouvernance, Responsabilité Sociale des Entreprises.

The social responsibility and the governance were under studies


and thus subjects of discussions and controversy. They are the center
of attention of many researches. These matters became more urgent to
deal with as many financial scandals have affected the field of ethics
and consequently it coasted a lot to stakeholders and shareholders.
This paper studies the impact of governance on corporate social
responsibility. Based on a sample of 200 Tunisian firms, our results
show that governance has an effect on corporate social responsibility
practices especially on its economic dimension. Nevertheless, the
164 Imen Khanchel EL MEHDI

governance does not affect the non-economic dimension of corporate


social responsibility.

Key-words: Governance, corporate social responsibility.

La responsabilidad social y la gobernanza han sido objeto de


investigaciones, discusiones e incluso de controversias. Constituyen el
centro de las preocupaciones de diferentes investigadores y docentes.
Éstas se han vuelto socialmente urgentes tras los diversos escándalos
financieros y contables que han afectado el ámbito ético y que han
resultado caros a los accionistas y a las otras partes involucradas. El
presente artículo pretende abordar el impacto de la gobernanza sobre
la responsabilidad social. Basándonos en una muestra de 200
empresas tunecinas, hemos podido demostrar que la gobernanza
ejerce un impacto sobre las prácticas de RSE y especialmente sobre
su dimensión económica. Sin embargo, la gobernanza no afecta la
dimensión extra económica de la RSE.

Palabras claves: Gobernanza, Responsabilidad Social de las


Empresas.
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Introduction

Depuis le début des années 1990, les faibles niveaux de


performances enregistrés et la faillite des grandes entreprises réputées
ont poussé les dirigeants à accorder plus d’attention au système de
gestion et de contrôle ; à la gouvernance. Cette attention s’est
accentuée suite à la publication des codes de bonnes pratiques de
gouvernance. Ces codes stipulent que l’application des recom-
mandations édictées permet d’améliorer le système de gestion et de
contrôle et par conséquent gagner la confiance des parties prenantes et
en particulier les investisseurs (Khanchel, 2007). Par ailleurs, les
études antérieures ont démontré que d’autres pratiques telles que la
gestion des résultats (Bauwhede et al., 2003 ; Khanchel et Seboui,
2009) et la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE) (Jones, 1995 ;
Quaak et al, 2007; Fika, 2013) permettent de s’assurer de la confiance
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des investisseurs et d’éviter une situation de mauvaise performance.


Dans ce cadre la RSE est étroitement liée à l’éthique qui lui-même
relève de la morale et de la déontologie (Jackson et Apostolakou,
2010). Ainsi la RSE s’inspirant et réclamant les valeurs éthiques de
solidarité, de justice, de vérité, loyauté et transparence, s’impose
comme une réflexion éthique appliquée à l’entreprise et est par
conséquent considérée comme la valeur la plus englobante (Dorthe et
Oliveira, 1997). Dans ce cadre, plusieurs études antérieures (Waddock
et Graves, 1997) ont démontré que la RSE permet d’améliorer la
performance. Toutefois, avec le développement des marchés
financiers, le revers de la médaille de la RSE a vu le jour. La RSE
n’est plus synonyme de prise en compte des valeurs éthiques et
d’amélioration de la performance, au contraire elle signifie une
décote : Il semble que la RSE n’est plus synonymes de véhicules des
valeurs morales mais plutôt un phénomène de mode (Abrahamson,
1991 ; Khanchel, 2013). Ainsi plusieurs études antérieures se sont
penchées sur les moyens permettant d’améliorer réellement les
pratiques de RSE.
Tous ces arguments ont motivé cette recherche. En effet, nous
essaierons de répondre à la question suivante : Est ce que la
gouvernance est un levier qui contribue à l’amélioration des pratiques
de RSE ?

Pour répondre à cette question, nous allons présenter dans la


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première section la notion de responsabilité sociale, de gouvernance et
l’impact de la gouvernance sur la RSE. Dans la deuxième section,
nous présenterons le design de la recherche, les mesures des variables
ainsi que l’échantillon. La troisième section sera consacrée à la
présentation des résultats et la quatrième à la conclusion.

1. – Revue de la littérature

1.1. La RSE : Un concept en plein évolution

Trois voies de réflexions se développent pour décrire l’évolution des


conceptions de RSE.
La première réflexion comprend deux courants. Dans un premier
courant, les recherches se sont intéressées à ce qui est important de
faire c’est-à-dire les responsabilités et leur catégorisation. Par
exemple, Friedman (1962) considère que la responsabilité de
l’entreprise est de maximiser son profit pour les actionnaires ; c’est-à-
dire la responsabilité économique. Ultérieurement, d’autres études ont
166 Imen Khanchel EL MEHDI

critiqué l’approche de Friedman (1962) en mettant l’accent sur la


contingence de la RSE et son exercice en fonction des parties
prenantes importantes. Par exemple, Freeman (1984) a souligné
l’importance de formuler la RSE sur le plan stratégique en tenant
compte des intérêts des différentes parties prenantes car la non prise
en compte des intérêts de ces parties peut affecter négativement la
rentabilité financière. Ainsi les pratiques de RSE, selon Freeman
(1984), sont utilitaristes à vision stratégique. En admettant d’autres
formes de légitimité, Carroll (1979) considère que la RSE englobe les
catégories économiques, légales, éthiques et discrétionnaires. Un
second courant de la première réflexion, met l’accent sur la manière
d’agir. Par exemple selon Ackerman et Bauer (1976), la RSE est
plutôt une réponse des entreprises face aux pressions sociales.
En intégrant ces deux courants, la deuxième réflexion met
l’accent sur la performance sociale de l’entreprise tout en tenant
compte des dimensions visibles de la responsabilité sociale telles que
les politiques de gestion des relations sociales et leurs conséquences.
Dans cette réflexion la prise en compte de la légitimité est primordiale
(Watrick et Cochran, 1985).
Dans le prolongement de ces idées, une troisième réflexion
focalisée sur le concept de rectitude s’est développée. Dans ce cadre,
la RSE tient compte d’une culture éthique où la justice, la droiture des
actions menées et des décisions prises sont à privilégier (Frederick,
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1987).
Toutefois, plusieurs critiques théoriques et idéologiques ont été
adressées à la notion de RSE. Les critiques théoriques se rapportent
principalement à la confusion des concepts de RSE et de performance
sociale de l’entreprise et à leur opérationnalisation. En effet, la plupart
des études tiennent compte généralement de quelques dimensions de
la RSE (et non pas toutes) ou des proxys de la performance sociales ce
qui pourrait engendrer une divergence avec les autres dimensions non
prises en comptes (Agle et Kelley, 2001). Les critiques idéologiques
se rapportent à la conceptualisation de la RSE qui ne prend pas
suffisamment en compte l’implication sociale de l’entreprise. Dans ce
cadre, plusieurs travaux ont mis l’accent sur le côté instrumental de la
RSE (Salmon, 2002 ; Gendron, 2000).
Par ailleurs, bien que la plupart des études antérieures aient
abordé la RSE de manière universelle en se basant sur un ensemble de
dimensions stables, des approches plus critiques ont été élaborées.
D’une part, certains auteurs (Salmon, 2002 ; Gendron, 2000) se sont
basés sur une approche sociologique pour démontrer que la RSE n’est
qu’un outil de légitimation du capitalisme et a par conséquent des
répercussions institutionnelles, organisationnelles et individuelles.
GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L’ÉCHEVEAU 167

Dans ce même courant, la RSE est considérée comme le moyen


permettant de maitriser une réglementation imposée par l’Etat.
D’autre part, une approche RSE se limite parfois à décrire l’ensemble
des éléments qui la composent sans pour autant aborder une éventuelle
interaction de ces éléments ou leur dynamique (Rowley et Berman,
2000)
Enfin il s’avère important de distinguer les plaidoyers d’une
approche volontaire de la RSE de ceux d’une régulation et d’un
encadrement des politiques de RSE. Ainsi il n’y a pas de consensus en
matière de RSE aussi bien au niveau académique que sociologique.

1.2. La gouvernance : De l’approche disciplinaire à l’approche


cognitive

La gouvernance, de nos jours, suppose l’application de trois


principes. Le premier est l’accountability c’est-à-dire le dirigeant doit
rendre compte de la gestion aux différents partenaires. Ce principe
trouve principalement son intérêt dans la relation d’agence qui lie les
partenaires au dirigeant. Dans cette optique, l’approche de
gouvernance axée sur la surveillance est justifiée. Par conséquent le
comportement du dirigeant doit être conforme aux intérêts des parties
prenantes. Le deuxième principe est l’intégrité qui suppose le respect
de certaines valeurs qui relèvent de l’honnêteté dans la gestion
quotidienne de l’entreprise. Le troisième principe de gouvernance est
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la transparence à travers la divulgation des informations pertinentes à
tous les partenaires se rapportant essentiellement à la rémunération du
dirigeant, au degré d’indépendance du conseil d’administration…
Les trois principes de gouvernance présentés se basent sur des
arguments théoriques relatifs à plusieurs théories dont principalement
la théorie de l’agence, la théorie de l’enracinement, la théorie du free
cash flow, la théorie de l’agence généralisée et la théorie cognitive.
La théorie de l’agence (Jensen et Meckling, 1976), fondée sur
l’hypothèse d’existence d’asymétrie d’informations et de conflits
d’intérêts, suppose que la création de valeur est possible à travers la
mise en place de mécanismes d’incitation et de contrôle c’est-à-dire
des mécanismes disciplinaires. Ainsi la gouvernance se limite à une
question de discipline afin de contraindre les dirigeants à prendre des
décisions qui minimisent les coûts d'agence résultant des conflits entre
les différents stakeholders. Toutefois la théorie de l’agence est
supposée être appliquée aux entreprises managériales où la séparation
de la propriété du contrôle est assez prononcée.
168 Imen Khanchel EL MEHDI

Dans la même lignée, la théorie de free cash flow (Jensen, 1986)


montre que dans les entreprises en déclin ou à faible opportunités de
croissance, la gouvernance a également un rôle disciplinaire afin de ne
pas permettre aux dirigeants de s’engager autant dans des stratégies de
diversification excessives destructrices de valeur. En effet, les
dirigeants de ces firmes disposent de free cash-flows importants et
sont incités à accroître la taille des entreprises au-delà du niveau
optimal en adoptant des stratégies de diversification non créatrices de
valeur afin de maximiser leur propre utilité qui est fonction de la taille
et du risque de la firme. En outre, les avantages pécuniaires et non
pécuniaires des dirigeants (réputation, pouvoir, prestige, rémuné-
rations élevées) augmentent en général avec la taille de la firme
(Murphy, 1985). Toutefois, bien que les implications de cette théorie
soient importantes, les conclusions sont valables aux entreprises à
faible croissance (ou en déclin) ayant des coûts d’agence du free cash
flow élevés (Jensen, 1993) et ne peuvent donc être transposées aux
entreprises appartenant à des secteurs marqués par une forte
incertitude.
Pour la théorie de l’enracinement, la gouvernance à travers ses
mécanismes se justifie non comme des mécanismes de contrôle, mais
comme des leviers d'enracinement dont dispose le dirigeant (Shleifer
et Vishny, 1989). Dans ce cadre, pour s’enraciner le dirigeant adopte
plusieurs stratégies telles que l’achat des actions afin d’augmenter sa
part du capital, la mise en place d’une politique bien déterminée (telle
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que le choix d’un portefeuille d’activités liées à ses compétences) afin
de garder le poste de dirigeant pour longtemps et donc réduire le
risque de son licenciement, accéder à la présidence du conseil
d’administration en plus du poste de dirigeant afin d’avoir le plus de
contrôle au sein de la firme. Ainsi toute décision prise par le dirigeant
dépend de ses compétences spécifiques et ne s’insère pas
systématiquement dans une optique de création de valeur (Amihud et
Lev, 1981). Subséquemment en remettant en cause le rôle
disciplinaire de la gouvernance telle qu’énoncé par la théorie de
l’agence et la théorie de free cash flow, la théorie de l’enracinement
considère que la gouvernance est un moyen qui permet au dirigeant de
s’enraciner afin de rendre sa révocation coûteuse pour l’entreprise.
Ultérieurement Hill et Jones (1992) proposent une théorie de
l'agence généralisée prenant en compte tout agent ayant une ‘créance
légitime sur la firme’, dont l'origine est liée à une relation d'échange,
portant sur les ressources apportées par ces agents (matérielles,
financières, humaines, infrastructures publiques...) ou sur les produits
ou services achetés et consommés. Dans ce cadre, il y a eu
l’introduction de la notion de stakeholders. Ainsi la notion de coûts
GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L’ÉCHEVEAU 169

d'agence telle que présentée dans la théorie de l’agence est élargie, et


donc Hill et Jones (1992) introduisent les coûts contractuels comme
étant les coûts liés à la réduction d’utilité supportée par les différents
stackeholders suite à la consommation de ressources afin de faire
fonctionner les mécanismes disciplinaires de gouvernance. Dans ce
cadre, la gouvernance outre son rôle disciplinaire, assure l’exécution
des contrats implicites qui lient les dirigeants et les différents
stakeholders. Tout en prenant en compte le différentiel de pouvoir, la
gouvernance a pour objectif la création et le partage des rentes afin de
minimiser les pertes d'utilité pour l'ensemble des stakeholders.
Enfin l’approche cognitive, même si elle n'attribue pas
explicitement une fonction aux mécanismes de gouvernance, elle
propose cependant des explications partielles à travers les différentes
théories sous jacentes (telles que la théorie comportementale de la
firme, la théorie de l’apprentissage organisationnel et les théories des
ressources et des compétences). Selon cette approche, la gouvernance
contribue au développement de l’innovation et des compétences de
l’entreprise, à la création de nouvelles occasions d’investissement et à
la modification de l’environnement

1.3. Relation RSE et gouvernance

La relation entre RSE et gouvernance a fait l’objet de plusieurs


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études antérieures. Dans le cadre de cette recherche nous allons
présenter quatre théories qui ont abordé une telle relation : la théorie
des parties prenantes, la théorie du contrat entreprise-société, la
théorie néo-institutionnelle et la théorie du contrat psychologique.
Selon la théorie des parties prenantes, la firme a des respon-
sabilités étendues qui vont au-delà de l’objectif de maximisation du
profit ou de ceux prescrits par la loi (Donaldson et Preston, 1995). Les
activités de l’entreprise affectent donc volontairement ou pas un
ensemble d’individus en relation directe ou non avec elle. Dans ce
cadre, la gouvernance n’est pas un outil permettant de déceler les
opportunités d’investissement mais plutôt un moyen permettant de
minimiser les pertes d’efficience dues aux conflits d’intérêt entre
parties prenantes suite à des asymétries d’information. Par ailleurs,
mis à part les contraintes économiques, les entreprises ont d’autres
contraintes telles que la morale, la légitimité et la justice (Mitchell et
al., 1997). La gouvernance doit donc prendre en compte les aspects
éthiques en reconnaissant les besoins des partenaires. Ainsi la
séparation de l’aspect économique, dominé par l’intérêt et
l’opportunisme, de l’aspect éthique, marqué par la recherche du bien
commun et de l’équité, est remise en cause. Tous ces arguments
170 Imen Khanchel EL MEHDI

avancés ne font que renforcer la mise en place des codes d’éthiques et


des actions de RSE. Dans ce cadre, la RSE synonyme de bonne
gestion et prenant en compte les aspects stratégiques et éthiques est
une réponse concrète à ces questions et permet par conséquent de
véhiculer un modèle partenarial.
Dans le cadre de la théorie du contrat entreprise-société, la RSE
se trouve à l’intersection entre l’entreprise et la société. Ainsi la RSE
est le moyen qui permet de prendre en compte les attentes de la
société et de l’entreprise. Ces attentes vont au-delà de ce qui est
purement économique. Dans ce cadre, la mise en place d’un contrat
social entre l’entreprise et la société constitue une réponse concrète
aux attentes de la société. D’un côté, certaines études se sont
intéressées, dans le cadre d’une approche philosophique, à expliquer
la nature d’un tel contrat : l’existence de l’entreprise est fondée sur la
société qui lui accorde un droit d’utilisation des ressources et
d’embauche des individus. Donaldson et Dunfee (1999) orientent leur
théorie intégrative du contrat social vers l’éthique des affaires en
mettant l’accent sur la façon dont on crée des normes (telles que les
bonnes pratiques de gouvernance, les caractéristiques d’un
comportement socialement responsable…). D’un autre côté, quelques
recherches se basent sur une approche sociologique pour chercher à
rendre compte du caractère obligatoire du contrat social tout en
mettant l’accent sur le jeu de pouvoirs entre l’entreprise et la société.
En contrepartie des services qu’elle rend, l’entreprise accorde un
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certain pouvoir pour la société tout en assumant des responsabilités
envers cette dernière. Ainsi toute entreprise qui dénie ses
responsabilités ou abuse de ses pouvoirs se voit sanctionner par la
société en retirant ses responsabilités. Les responsabilités de
l’entreprise sont donc liées au pouvoir qu’elle détient. L’existence
d’une logique de contrôle exercé par la société sur l’entreprise justifie
la responsabilité sociale (Gendron, 2000). Toutefois il est à noter que
selon la théorie du contrat entreprise-société, il n’y a pas un consensus
sur la notion de contrat social entreprise/société. Par ailleurs, cette
théorie écarte tout comportement qui suppose la mise en place de
certaines pratiques de RSE ou de gouvernance volontaires et
spontanées.
Selon la théorie néo-institutionnelle, les entreprises sont
connectées entre elles et construites par leur environnement social
(Rojot, 1999). Ainsi les entreprises adoptent des pratiques et des
procédures qui ne dépendent pas de leur valeur mais plutôt véhiculées
par la société et donc institutionnalisées (Meyer et Rowan, 1977).
Ainsi l’incorporation de ces pratiques institutionnalisées permet aux
organisations d’avoir le statut de « bonnes organisations » et garantit
GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L’ÉCHEVEAU 171

leur existence. Ainsi l’adoption de certaines pratiques par les


entreprises permet de répondre aux attentes de la société et justifie une
certaine légitimité garantissant leur survie (Zucker, 1991). Ainsi la
responsabilité sociale et l’adoption de certaines pratiques de
gouvernance constitue une réponse aux pressions institutionnelles.
Donc la recherche de légitimité explique la similarité des pratiques de
gouvernance et de comportement socialement responsable adoptés par
les entreprises. Dans ce cadre, certaines théories s’inscrivent dans ce
courant de pensées. Par exemple, la théorie de la gestion des
impressions stipule que les entreprises peuvent répondre aux pressions
de l’environnement institutionnel en adoptant certaines pratiques de
gouvernance ou un comportement socialement responsable. Toutefois,
la théorie néo institutionnelle réduit ces pratiques à une commu-
nication externe qui sert le plus souvent à améliorer l’image de
l’entreprise et la détourne de sa finalité principale.
Enfin la théorie du contrat psychologique constitue une nouvelle
approche pour expliquer la relation RSE et gouvernance en étendant la
relation de l’entreprise et ses salariés à l’ensemble des parties
prenantes (Ring et Van de Ven, 1994). Un contrat psychologique lie
chaque partie prenante à l’entreprise et le non-respect des termes de
contrat conduit à le rompre. Ainsi face à l’évolution économique et
sociale et suite à l’effondrement des grandes entreprises, les firmes
doivent trouver de nouveaux moyens basés sur de nouveaux types de
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contrats psychologiques. Ces derniers devraient stipuler que la prise
en considération des intérêts d’une partie prenante dépend moins de
ceux des autres parties prenantes. Ainsi la gouvernance et la RSE sont
les moyens et sont considérées comme deux nouveaux termes du
contrat psychologique visant à prendre en considération les attentes
des parties prenantes qui s’orientent de plus en plus vers leurs souhaits
de voir les entreprises assumer leurs responsabilités. Ainsi la RSE et la
gouvernance sont liées et sont considérées comme des obligations
sociales.

2. – Sélection de l’échantillon et mesures des variables

2.1. Design de la recherche

Nous mènerons une étude en deux étapes et ce afin de vérifier si


la gouvernance constitue réellement un levier déterminant qui
contribue davantage à la mise en place des pratiques de RSE
Dans une première étape, nous allons tester si les caractéristiques
de gouvernance permettent d’expliquer les similarités ou les
172 Imen Khanchel EL MEHDI

différences dans les pratiques de RSE. L’objectif d’une telle démarche


serait de détecter les aspects de gouvernance qui caractérisent les
entreprises ayant adopté une démarche RSE et qui les différencieraient
des autres entreprises. Pour ce faire, une analyse discriminante a été
utilisée.
Dans une seconde étape, nous examinerons si les caractéristiques
de gouvernance influencent les pratiques de RSE. Pour ce faire, nous
avons eu recours à une régression estimée par la méthode de poisson.

2.2. Mesure de la responsabilité sociale

La mesure de la RSE dans cette étude est basée sur la définition


de Carroll (1979) et prend en compte les quatre aspects : économique,
légal, éthique et discrétionnaire. Ainsi une mesure quadridi-
mensionnelle a été construite. Des 29 items spécifiés par Maignan et
al. (1999), nous avons retenu 18 items tout en tenant compte des
spécificités des entreprises tunisiennes. Ces items sont comme suit :

Tableau 1 : Les items retenus pour mesurer la RSE

Importance
des items
RSE à travers les quatre aspects :
1 2 3 4 5
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Dimension économique
1. S’efforcer à réduire les coûts de production.
2. Contrôler strictement la productivité des employés.

3. Etablir des stratégies de long terme.

4. Atteindre l’objectif de maximisation des profits.

Dimension légale

5. Essayer toujours de se conformer à la loi.

6. Respecter le code du travail (recrutement, licenciement,…..).

7. Encourager la diversité des employés (âge, sexe, race).

8. Disposer (se conformer) d’un règlement intérieur qui écarte la


discrimination dans la promotion des employés
GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L’ÉCHEVEAU 173

Dimension éthique

9. Disposer d’un code de conduite compréhensible.

10. Etre reconnue comme digne de confiance.

11. Mettre en place une procédure en cas d’un comportement non


éthique (sanctionner les comportements non éthiques).

12. Fournir une information précise et complète aux clients.

13. Considérer l’égalité des chances comme partie intégrante dans le


processus d’évaluation des employés (promotion, …).

Dimension discrétionnaire

14. Accorder des fonds aux associations à but non lucratif.

15. Encourager les employés qui ont acquis une formation


supplémentaire.
16. Disposer d’un programme de réduction de la consommation
d’énergie (réduire l’émission de déchets toxiques).
17. Etre flexible en matière de travail et permettre aux employés de
mieux gérer leur vie privée.
18. Encourager les partenariats (les dons) avec les entreprises locales et
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les universités.
1 : Pas du tout d’accord, 2 : Pas d’accord, 3 : Indécis, 4 : D’accord, 5 : Tout à fait
d’accord

Pour synthétiser l’information dans ces items, nous avons calculé


six indices. Quatre indices résument l’information dans chacune des
dimensions (économique, légale, éthique et discrétionnaire). Un indice
global égal à la somme des quatre indices. Enfin un indice de l’aspect
non économique prenant en compte l’aspect légal, éthique et
discrétionnaire (la démarche d’Aupperle et al., 1985).
La méthode de calcul des indices est basée sur l’octroi de 2
valeurs : 1 et 0. Pour un item, nous avons accordé une note égale à 1 si
la réponse est d’accord ou tout à fait d’accord. Sinon la note 0 est
attribuée. L’indice est par la suite calculé comme étant la somme des
différentes notes obtenues dans les différents items. Cette méthode
suppose par ailleurs que les différents items contribuent de la même
façon dans la construction d’un indice bien déterminé. Par ailleurs, le
calcul de l’indice global suppose aussi que les quatre dimensions de la
RSE contribuent de la même façon dans l’opérationnalisation de ce
174 Imen Khanchel EL MEHDI

concept. Enfin la construction de l’indice non économique se base sur


l’hypothèse selon laquelle chaque dimension (légale, éthique et
discrétionnaire) a la même importance (Aupperle et al., 1985).

2.3. Mesure de la gouvernance

Nous avons approximé la gouvernance par des variables relatives


aux caractéristiques du conseil d’administration et à la structure de
propriété. Ces variables sont résumées dans le tableau 2.

Tableau 2 : Variables représentant les caractéristiques de gouvernance


Abréviati
Variables Mesures
on

Nombre d’administrateurs siégeant au conseil


Taille du CA TCA
d’administration (CA).

Elle prend la valeur 1 si le directeur général de


Dualité DUA
l’entreprise est le président du CA et 0 sinon.

Pourcentage des
Le nombre d’administrateurs externes dans le
administrateurs EXTCA
CA/ taille du CA.
externes

Diversité des FEMADM Le pourcentage d’administrateurs femmes


administrateurs I siégeant dans le CA
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Auditeur parmi les big BIG 4 Variable binaire qui est égale à 1 si l’auditeur
4 est parmi les big 4 et 0 sinon.

Réunions du CA RCA Nombre de réunions du CA.

Propriété des Le pourcentage d’actions détenues par les


PADM
administrateurs administrateurs

Propriété des Le pourcentage d’actions détenues par les


PINSTI
institutionnels investisseurs institutionnels

Le pourcentage d’actions détenues par le


Propriété du dirigeant PCEO
dirigeant.

Propriété des
Le pourcentage d’actions détenues par les
actionnaires PMAJO
actionnaires détenant plus que 5% du capital.
majoritaires
GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L’ÉCHEVEAU 175

2.4. Échantillon

Nous avons considéré un échantillon de 200 entreprises


tunisiennes non cotées à la bourse des valeurs mobilières de Tunis,
ayant la forme juridique de société anonyme et appartenant au secteur
industriel. Afin de collecter l’information pertinente et adéquate, un
questionnaire a été élaboré puis présenté aux responsables des
entreprises constituant notre échantillon. Nous avons mené une étude
sur une seule année; l’année 2010 vu que les caractéristiques de
gouvernance et les pratiques de RSE n’ont pas changé
significativement d’une année à une autre.

3. – Résultats empiriques

3.1. Statistiques descriptives

Dans le panel A du tableau 3, nous avons présenté les moyennes


des différents indices de RSE calculés. Nous remarquons que l’indice
le plus élevé est l’indice économique de RSE puis l’indice légal. Ceci
nous amène à conclure que l’accumulation des fonds et les obligations
légales constituent l’une des principales motivations des entreprises
tunisiennes à adopter des pratiques de RSE.
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A partir du panel B du tableau 4, nous remarquons que le CA
comprend en moyenne 8 administrateurs dont environ 11.2% sont
externes et 8.4% sont des femmes. Nous remarquons également que
dans 61.2% des entreprises il y a un cumul de postes de dirigeant et de
président du CA. Les administrateurs et les investisseurs
institutionnels détiennent en moyenne respectivement 34.5 % et
36.3% des actions. Le dirigeant détient en moyenne 27.8%. Enfin les
résultats mettent en évidence une forte présence des actionnaires
majoritaires qui détiennent en moyenne 47.5% des actions.
176 Imen Khanchel EL MEHDI

Tableau 3 : Statistiques descriptives des variables de RSE et de gouvernance


Moyenne Minimum Maximum Ecart
type

Panel A : Indices de RSE

Indice économique (IECRSE) 3.24 0 4 0.125

Indice légal (ILRSE) 2.89 0 4 0.134

Indice éthique (IETRSE) 2.12 0 5 0.324

Indice discrétionnaire (IDRSE) 1.54 0 5 0.412

Indice non économique 2.13 0 14 0.514


(INERSE)

Indice global (IGRSE) 2.37 0 18 0.256

Panel B : les caractéristiques de gouvernance

TCA 8.12 4 11 0.145

DUA* 0.612 - - -

EXTCA 0.112 0 0.246 0.165


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FEMADMI 0.084 0 0.213 0.356

BIG 4* 0.143 - - -

RCA 2.965 1 6 0.546

PADM 0.345 0.212 0.645 0.4578

PINSTI 0.363 0.096 0.512 0.389

PCEO 0.278 0 0.653 0.356

PMAJO 0.475 0.203 0.645 0.612

*: Ce sont des variables binaires, la moyenne indique donc la fréquence de la modalité


1.

3.2. Résultats de l’analyse discriminante

Nous formons des groupes de firmes de manière à avoir le plus


de ressemblance à l’intérieur des groupes et le plus de différences
GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L’ÉCHEVEAU 177

entre eux. Les ressemblances entre firmes appartenant à un même


groupe sont basées sur les pratiques de RSE. Nous utilisons un
algorithme à K moyennes (avec K le nombre de groupes spécifiés au
début de l’analyse). Etant donné que nous voulons distinguer les
firmes selon leurs pratiques de RSE, nous allons diviser l’échantillon
total, en premier lieu, en fonction de l’indice global de RSE. En
second lieu, nous allons tenir compte de la dimension économique et
non économique.

Ainsi la première classification fait apparaitre deux groupes de firmes


formés en tenant en compte l’indice global de RSE (IGRSE) :

G1 : IGRSE > 2

G2 : IGRSE≤ 2

Selon la seconde classification (tenant compte de la dimension


économique et non économique de la RSE), quatre groupes de firmes
ont été identifiés

G3 : IECRSE > 2et INERSE> 2

G4 : IECRSE> 2 et INERSE≤ 2
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G5 : IECRSE ≤ 2 et INERSE> 2

G6 : IECRSE ≤ 2 et INERSE≤ 2

Deux analyses discriminantes ont été réalisées. La première


consiste à comparer les caractéristiques de gouvernance des deux
premiers groupes ; c’est-à-dire en tenant compte l’indice global de la
RSE. La seconde analyse est menée tout en tenant compte des
caractéristiques de gouvernance des quatre groupes restants ; c’est-à-
dire en distinguant l’aspect économique de la RSE de celui non
économique.
Afin d’apprécier la validité de ces classifications nous adoptons
des analyses de la variance (ANOVA). La significativité du test de
Fisher (tableau 4) indique que les différences entre ces groupes sont
statistiquement significatives.
178 Imen Khanchel EL MEHDI

Tableau 4 : Résultats des regroupements : Moyennes et tests de comparaison


des moyennes des indices de RSE pour les deux classifications

Les deux classifications seront utilisées dans l’analyse


discriminante comme des variables d’intérêt alors que les variables
indépendantes sont les caractéristiques de gouvernance. Par ailleurs,
nous prenons en compte des variables financières, qui selon la
littérature sont supposées influencer la RSE. Ces variables sont le
niveau de performance (ROA) mesuré par le bénéfice net/ total actif et
la taille de l’entreprise (TAILLE) mesurée par le logarithme népérien du
total actif.
L’analyse discriminante permet de construire un model
permettant de prévoir le nombre de groupes auquel appartient
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l’entreprise en se basant sur les caractéristiques observables de chaque
entreprise. La procédure génère une fonction discriminante (dans la
première classification) et trois fonctions discriminantes (dans la
deuxième classification) basée sur des combinaisons linéaires des
variables prédictives qui fournissent la meilleure discrimination entre
les groupes. La fonction est générée à partir d’un ensemble
d’entreprises pour lesquelles le groupe d’appartenance est connu. La
fonction est par la suite appliquée à d’autres entreprises tout en
disposant des informations sur les variables prédictives mais dont le
groupe d’appartenance n’est pas connu.
Les résultats de la première analyse discriminante, présentés
dans le tableau 5, présentent les variables les plus corrélées à chaque
groupe. Comparées aux firmes du deuxième groupe, les firmes du
premier groupe (G1) ayant un indice global de RSE supérieur à 2
(IGRSE > 2) sont caractérisées par la présence d’un auditeur réputé et
par la présence considérable d’investisseurs institutionnels. Ce groupe
se distingue également par un conseil d’administration actif (en terme
de nombre de réunions) et diversifié (à travers la présence des
administrateurs externes et des administrateurs femmes). Un tel
GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L’ÉCHEVEAU 179

résultat confirme celui de Pluchart (2013). Enfin la performance est


une variable discriminante pour ce groupe. Par opposition le groupe 2
(IGRSE≤ 2) se distingue par trois caractéristiques de gouvernance à
savoir le cumul du poste de dirigeant et de président du conseil
d’administration, la taille de cet organe de contrôle interne et la
propriété des administrateurs.

Tableau 5 : Résultats de la première analyse discriminante basée


sur l’indice global de RSE
G1 : IGRSE > 2 G2 : IGRSE≤ 2
BIG 4 DUA
RCA TCA
EXTCA PADM
FEMADMI
PINSTI
ROA
L’analyse discriminante fournit les variables les plus corrélées
à chaque groupe c’est-à-dire les variables qui discriminent les deux groupes.

Dans le tableau 6 présentant les résultats de la deuxième analyse


discriminante, nous constatons que les firmes du groupe 3 (IECRSE >
2et INERSE> 2) se distinguent des trois autres groupes par la présence
d’un auditeur réputé, l’indépendance du conseil d’administration et sa
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diversité. En ce qui concerne la structure de propriété, la propriété des
investisseurs institutionnels discrimine les entreprises de ce groupe de
celles appartenant aux autres groupes. La performance des entreprises
de ce groupe permet également de les discriminer des entreprises
appartenant aux autres groupes. Par ailleurs, nous remarquons que les
variables qui discriminent le groupe quatre (IECRSE> 2 et INERSE≤
2) des autres groupes sont les mêmes que celles identifiées pour le
groupe trois (IECRSE> 2et INERSE> 2). Ainsi nous pouvons déduire
que les aspects non économiques de la RSE ne sont pas pertinents
dans la détermination des caractéristiques de gouvernances distinctes.
Les résultats cette analyse discriminante montrent également que les
caractéristiques qui discriminent le groupe 6 (ayant IECRSE ≤ 2 et
INERSE≤ 2) par rapport aux autres groupes sont la taille du conseil
d’administration, le cumul du poste de dirigeant et de président du
conseil d’administration, la propriété des administrateurs et la
propriété du dirigeant. Enfin il est à remarquer que certaines de ces
caractéristiques permettent de discriminer le groupe 5 (IECRSE ≤ 2 et
INERSE> 2) des autres groupes. Un tel résultat permet de confirmer la
conclusion déjà avancée : les aspects non économiques de la RSE ne
180 Imen Khanchel EL MEHDI

permettent pas de discriminer les entreprises au niveau de leurs


caractéristiques de gouvernance.
Selon les résultats de la deuxième analyse discriminante menée,
nous pouvons conclure qu’une classification réelle et pertinente des
entreprises est basée uniquement sur les aspects économiques de la
RSE (indépendamment des aspects non économiques). Nos résultats
montrent que lorsque IECRSE >2 et quelque soit le niveau de
INERSE, les firmes appartenant au groupe 3 et au groupe 4 se
distinguent des deux autres groupes par la présence d’un auditeur
réputé, par un conseil d’administration où la présence des adminis-
trateurs externes et des administrateurs femmes est plus importante et
par une présence importante des investisseurs institutionnels dans le
capital. Ces caractéristiques sont bien appréciées par le marché et
s’inscrivent dans une logique d’amélioration du système de gouver-
nance et s’apparentent plus à de bonnes pratiques de gouvernance.
Cependant, lorsque l’IECRSE≤2 indépendamment de l’INERSE,
les firmes de ces groupes (groupe 5 et groupe 6) ont des
caractéristiques de gouvernance (cumul des postes de dirigeant et de
président du conseil d’administration, propriété des administrateurs,
propriété du dirigeant, taille du conseil d’administration) qui
s’inscrivent plus dans une logique d’enracinement du dirigeant et ne
servent pas pour autant les intérêts des actionnaires.
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Tableau 6 : Résultats de la deuxième analyse discriminante basée sur deux
indices de RSE : L’indice économique et l’indice
non économique
G3 : G4 : G5 : G6 :
IECRSE > 2 IECRSE> 2 IECRSE ≤ 2 IECRSE ≤ 2
et et et et
INERSE> 2 INERSE≤ 2 INERSE> 2 INERSE≤ 2
BIG 4 BIG 4 TCA TCA
EXTCA EXTCA DUA DUA
FEMADMI FEMADMI PADM PADM
PINSTI PINSTI PCEO
ROA ROA
L’analyse discriminante fournit les variables les plus corrélées à chaque groupe c’est-à-
dire les variables qui discriminent les quatre groupes.

3.3. Résultats de la régression : Effet de la gouvernance sur les


pratiques de RSE

Pour étudier si les caractéristiques de gouvernance influencent


les pratiques de RSE, nous avons eu recours à une régression estimée
par la méthode de poisson. Une telle estimation est utilisée car la
GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L’ÉCHEVEAU 181

variable dépendante représentant l’indice de RSE est une variable de


comptage (Cameron et Trivedi, 1998) et par conséquent l’utilisation
de la méthode des moindres carrées conduit à calculer des coefficients
biaisés.

Ainsi notre modèle s’écrit comme suit :

Indice= γ0 + γ1 TCA + γ2 DUA + γ3 EXTCA + γ4 FEMADMI + γ5


BIG4 + γ6 RCA + γ7 PADM + γ8 PINSTIT + γ9 PCEO + μ
Nous allons appliquer ce modèle pour l’indice économique
(IECRSE), l’indice non économique (INERSE) et l’indice global
(IGRSE).

Tableau 7: Résultats de la régression de Poisson : Effet de la gouvernance sur


les pratiques de RSE
Régression
Régression (2) Régression (3)
Variable dépendante (1)
IECRSE INERSE IGRSE
Constante 1.145 1.256 0.958
TCA -1.012** 1.457 -1.654***
(-2.26) (1.023) (-3.02)
DUA -1.356*** 2.013 -0.987**
(3.897) (1.231) (-1.789)
EXTCA 1.456*** 2.456 2.034***
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(3.145) (1.456) (3.02)
FEMADMI 1.245*** 2.789 1.897**
(2.968) (0.456) (1.97)
1.45***
BIG 4 2.034*** 2.789
(2.86)
(2.967) (1.123)
RCA 1.145 1.978 1.452**
(1.567) (1.212) (2.06)
PADM -2.458*** 1.789 -1.056**
(-2.923) (0.789) (-2.08)
1.789**
PINSTI 2.013 2.456**
(2.14)
(1.124) (1.86)
PCEO -1.478 3.478 2.145
(-0.786) (1.478) (1.123)
ROA 2.156*** 1.145 3.012**
(3.05) (1.144) (2.456)
Test du rapport de
vraisemblance de X² 89.457*** 47.654 109.216***

Nombre d’observations 200 200 200


182 Imen Khanchel EL MEHDI

Les résultats des deux régressions 1 et 3 montrent que la plupart


des variables de gouvernance sont significatives et confirment les
résultats obtenus dans l’analyse discriminante.
Les résultats de la régression 1 prenant en compte l’indice
économique de RSE comme variable dépendante (IECRSE) montrent
que les variables corrélées au groupe 3 et au groupe 4 ont un effet
positif significatif sur cet indice. La présence d’un auditeur réputé,
d’administrateurs externes, d’administrateurs femmes et d’inves-
tisseurs institutionnels dans le capital améliore l’indice économique de
RSE. Par ailleurs trois variables de gouvernance à savoir la taille du
conseil d’administration, la dualité et la propriété des administrateurs
ont un effet négatif sur l’IECRSE (ces variables sont corrélées au
groupe 5 et au groupe 6 tels qu'identifiés dans la deuxième analyse
discriminante).
Les estimations de la deuxième régression où la variable
dépendante est l’INERSE, montrent qu’aucune variable de
gouvernance n’a un effet sur la dimension non économique de la RSE.
Ce résultat nous permet de conclure que les entreprises tunisiennes
n’accordent pas autant d’attention à l’aspect non économique de la
RSE et ce dernier n’est pas affecté par les caractéristiques de
gouvernance
Les résultats de la régression 3 prenant en compte l’indice global
de RSE (IGRSE) comme variable dépendante montrent d’une part,
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que les variables de gouvernance corrélées au groupe 1 tels
qu’identifié dans la première analyse discriminante (IGRSE > 2) ont
un effet positif sur la RSE. Plus spécifiquement le nombre de réunions
du conseil d’administration, la présence des administrateurs externes
ou des administrateurs femmes dans cet organe améliorent
significativement les pratiques de RSE. Ce résultat est en accord avec
celui de Pluchart (2013). De plus si l’auditeur est réputé ou si la
présence des investisseurs institutionnels dans le capital est plus
importante l’indice global de RSE augmente. D’autre part les
variables de gouvernance corrélées au groupe 2 (IGRSE ≤ 2) affectent
négativement l’indice global de RSE. Il s’agit de la dualité, la taille du
conseil d’administration et la propriété des administrateurs.

4. – Conclusion

L’objectif de cette étude était de démontrer que la gouvernance


permet d’améliorer les pratiques de RSE. Pour cela, nous avons
considéré un échantillon de 200 entreprises tunisiennes appartenant au
secteur industriel. Dans cette étude, la RSE est mesurée tout en tenant
GOUVERNANCE ET RSE : DÉMÊLER L’ÉCHEVEAU 183

compte des quatre aspects (économique, légal, éthique et


discrétionnaire) tels que définis par Carroll (1979). La gouvernance
est appréhendée par des variables se rapportant à deux mécanismes à
savoir le conseil d’administration et la structure de propriété. En
utilisant la méthode de scoring, nous avons calculé trois indices pour
apprécier les pratiques de RSE mises en place : un indice économique,
un indice non économique et un indice global. L’analyse empirique a
été menée en deux étapes. Dans la première étape, nous avons réalisé
deux analyses discriminantes. Les résultats de la première analyse
(basée sur l’indice global de RSE) démontrent que la gouvernance est
un facteur déterminant qui permet de discriminer les entreprises selon
les pratiques de RSE mises en place. Dans la seconde analyse, nous
avons pu conclure que la gouvernance bien qu’elle est un facteur
discriminant des entreprises selon leurs pratiques économiques de
RSE, ce n’est pas le cas pour la dimension non économique. Dans la
seconde étape, nous avons testé l’effet de la gouvernance sur la RSE
en utilisant trois régressions de poisson. Les résultats confirment ceux
de l’analyse discriminante. Les variables de gouvernance retenues
dans l’analyse ont un effet sur l’indice global de RSE et sur l’indice
économique. Par ailleurs aucune variable de gouvernance n’est
significative lorsque nous avons considéré l’indice non économique de
RSE comme variable dépendante. Ce résultat nous a permis de
conclure que les entreprises tunisiennes appréhendent la RSE plus à
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travers son aspect économique. Il est toutefois à remarquer que ces
conclusions sont basées uniquement sur deux mécanismes de
gouvernance ; le conseil d’administration et la structure de propriété.
Par conséquent il serait intéressent de tenir compte d’autres
mécanismes de gouvernance afin d’étudier leurs effets sur les
pratiques de RSE.

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