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Le charbon est une roche carbonée, formée il y a plus de 300 millions d'années, à une époque
nommée, de ce fait, carbonifère. Les nombreux fossiles trouvés dans les gisements miniers et
les schistes bordant les veines houillères permettent d'imaginer à cette époque une végétation
forestière particulièrement florissante. Les végétaux, comme les fougères arborescentes,
pouvaient atteindre 30 à 40 m de haut. Des mille-pattes de 50 cm de long et des libellules
gigantesques peuplaient les arbustes. L'abondance de la végétation, des troncs d'arbres
dépourvus de cernes et la taille géante de certains êtres vivants suggèrent un climat chaud et
humide. Nos continents n'avaient pas alors la configuration qu'ils affichent aujourd'hui :
l'Amérique du Nord ou l'Europe se situaient aux alentours de l'Equateur ; les bassins houillers
de ces continents se sont formés là au cours du temps.
Suivant les bassins, en bordure de mer ou dans des dépressions formées par le relief, différents
facteurs ont joué tels l'érosion des montagnes environnantes, le ruissellement des eaux, la
formation de lacs ou la destruction des forêts par des inondations. Des cycles ont pu se
reproduire au cours desquels les terrains se sont affaissés, ont été recouverts par des alluvions
et soumis aux mouvements de l'écorce terrestre. La reproduction de ces phénomènes au cours
du temps explique la présence, dans les mines, de plusieurs couches de charbon à des
profondeurs différentes. Selon les théories, on considère que les débris végétaux et animaux
sont soit restés sur place, soit ont été entraînés par les cours d'eau.
La production du charbon
En France, la première exploitation du charbon date du 11ème siècle : on la doit aux moines de
Cendras, dans le Gard, qui utilisèrent "les pierres noires" qui brûlent pour satisfaire les besoins
énergétiques de leur monastère.
L'exploitation d'affleurements est attestée au 13ème siècle à Saint Etienne, au Creusot, à Alès,
Graissessac, Carmaux, etc. (le premier acte officiel, le 6 avril 1201, sous Philippe Auguste,
concerne les mines de Villemagne et Boussagues).
L'exploitation industrielle effective débute en février 1720 dans le Nord à Fresnes-sur-Escaut.
Elle s'étend à d'autres régions au 19ème siècle, notamment en Lorraine en 1815.
http://www.je.minefi.gouv.fr
http://www.groupecharbonnages.fr/version_francaise/Dhtml/test5.html
Exploitation souterraine
Lorsque les couches de charbon sont situées en profondeur, des puits sont creusés pour les
atteindre (d'environ 400 mètres en moyenne, mais s'échelonnant entre 100 et 1 200 mètres),
puis, à partir de ceux-ci, à différents niveaux, des galeries menant aux chantiers d'extraction où
le charbon est abattu puis transporté jusqu'au jour par des engins mécanisés. Deux techniques
d'exploitation des gisements souterrains sont principalement utilisées. Dans la première,
appelée "longue taille", la plus utilisée en France et en Europe, l'extraction s'effectue dans une
longue galerie, dans l'épaisseur de la veine, qui se déplace parallèlement à elle-même et dont
la largeur ne dépasse pas 3 à 4 mètres. La seconde, dite "chambres et piliers" consiste à
creuser un réseau de galeries se recoupant perpendiculairement, suffisamment proches les
unes des autres pour extraire une proportion substantielle du gisement, et ne laissant que des
"piliers" résiduels.
L'extraction souterraine fut à ses débuts des plus éprouvantes pour les mineurs, longtemps
caractérisée par des conditions de travail extrêmement difficiles (aucune machine n'existant
alors), des accidents souvent tragiques (explosion de grisou) et des ravages en termes de
santé (la poussière, en se déposant sur les poumons et les bronches pouvant provoquer une
grave maladie, la silicose). Des progrès considérables ont été accomplis durant les dernières
décennies pour améliorer la productivité et la sécurité du personnel, même si l'on déplore
encore des accidents. L'abattage et l'extraction s'automatisent de plus en plus, des engins
télécommandés abattant le charbon en permettant de rester à l'écart des poussières et des
chutes de blocs. Le pilotage des ventilateurs et le fonctionnement des salles de pompage des
eaux vers la surface sont également assurés par des automates programmables. Les systèmes
de transport du charbon et des hommes sont reliés à un central, le télévigile, qui regroupe,
traite et synthétise toutes les informations transmises depuis les galeries et chantiers du fond.
http://www.groupecharbonnages.fr
Le traitement du minerai
Lorsque le charbon est extrait il est mélangé à de la terre et des pierres, regroupées sous la
dénomination de "stériles", et doit donc être lavé avant d'être livré. Le charbon est immergé
dans un liquide dense composé d'eau et de particules d'oxyde de fer, dans lequel les stériles
précipitent alors que le charbon y flotte. Le charbon est rincé et les stériles sont alors évacués
dans les terrils. Ce traitement est appliqué aux grains de charbon assez gros (supérieurs au
millimètre). Pour des grains plus petits, différentes solutions sont adoptées, notamment le tri par
pulsations mécaniques provoquant la séparation (grains compris entre 0,5 et 0,7 mm). Les
produits résiduels, appelés schlamms, sont soit stockés dans des bassins de décantation, soit
envoyés tels quels par carboduc vers les centrales thermiques. Une fois lavé, le charbon est
calibré, puis classé par granulométrie.
La production de stériles importants pollue durablement les sols et les nappes phréatiques.
Dans les chambres de combustion à lit fluidisé atmosphérique, le charbon est brûlé dans un lit
de cendres chaudes ou de sable rajouté, à travers lequel on souffle de l'air. Un mélange de
charbon et de calcaire, ou de dolomite, [(Ca, Mg)(CO3)2] en suspension brûlent dans l'air. Ce
mélange entoure, avec les gaz chauds produits lors de la combustion, les canalisations où
circule l'eau. Le calcaire absorbe ainsi jusqu'à 90 % du soufre qui serait normalement émis sous
forme d'oxyde. Le brassage constant des particules facilite la combustion du charbon et le
transfert de la chaleur à l'eau. La combustion s'effectue à température plus basse que dans les
chaudières à vapeur classique, et génère une moindre formation d'oxydes d'azote.
Les chambres à lit fluidisé pressurisé sont plus performantes que les chambres à lit fluidisé
atmosphérique. On y exploite, en effet, après leur combustion les gaz sous pression : la vapeur
produite lors du premier cycle actionne une turbine à vapeur classique et, lors du second cycle,
les gaz usés sous pression, entraînent une turbine à gaz. Le rendement est ainsi amélioré, de
l'ordre de 42 %, alors qu'il est de 34 % pour une centrale classique.
La gazéification
Les centrales thermiques au charbon gazéifié à cycle combiné ont un rendement équivalent à
celui des chambres à lit fluidisé pressurisé. Dans ces centrales, le charbon est transformé en
gaz de synthèse. C'est ce gaz qui fournit l'énergie, comme dans le système précédent : les gaz
chauds brûlés dans une chambre de combustion actionnent une turbine à gaz, puis les gaz
usés produisent de la vapeur qui actionne une turbine à vapeur. Le gaz de synthèse est
constitué essentiellement de dihydrogène et de monoxyde de carbone et, en moindre quantité,
de méthane, de dioxyde de carbone et de sulfure d'hydrogène.
La cokéfaction
Le coke est un produit obtenu à partir d'un traitement thermique du charbon par carbonisation.
Ce traitement s'effectue à l'abri de l'air dans des fours dits "à coke". Les matières volatiles du
charbon sont éliminées, et cette dévolatilisation du charbon laisse un produit solide, fissuré et
mécaniquement résistant : le coke. Il est constitué uniquement de carbone et de matières
minérales calcinées.
La cokéfaction libère trois types de produits :
• les cokes, parmi lesquels on distingue le coke métallurgique utilisé dans les
hauts fourneaux, le coke de fonderie utilisé dans les ateliers spécialisés, les petits
cokes utilisés dans l'électrométallurgie, l'industrie et les foyers domestiques, le
poussier de coke réincorporé à la pâte à coke ou utilisé à l'agglomération du
minerai de fer ;
• des goudrons, des benzoles et de l'ammoniaque ;
• du gaz combustible.
Du coke à la fonte
Le coke, mélangé au minerai de fer, est utilisé dans les hauts fourneaux pour réaliser les
réactions de réduction des oxydes de fer qui aboutissent à la formation de fonte. Les réactions
fondamentales sont les suivantes :
• la réaction de Boudouard :
C + CO2 = 2CO
Cette réaction s'effectue dans le sens de la production de monoxyde de carbone
dans les parties chaudes du haut fourneau.
• la réduction de l'oxyde déshydraté :
3 Fe2O3 + CO = 2 Fe3O4 + CO2
• l'oxyde de carbone réduit ensuite la magnétite Fe3O4 :
Fe3O4 + CO = 3 FeO + CO2
• l'oxyde de fer est enfin réduit à l'état de fer :
FeO + CO = Fe + CO2
La fonte obtenue est un alliage fer-carbone (environ 3,5 %), qui contient d'autres éléments tels
le manganèse, le silicium, le soufre ou le phosphore.
Le chauffage
Le charbon est utilisé dans des chaufferies industrielles, dans des réseaux de chaleur
alimentant des chauffages collectifs, et pour le chauffage individuel. L'anthracite est surtout
utilisée pour le chauffage domestique individuel, alors que les flambants sont utilisés dans les
chaudières industrielles.
On distingue trois catégories de foyers (à grille, à charbon pulvérisé, fluidisés), au sein desquels
s'opère le contact entre les combustibles solides et l'air de combustion). Les plus performants
sont actuellement les foyers fluidisés, notamment le lit fluidisé circulant, intéressant pour des
installations de puissance supérieure à 100 MWth.
Source : SNCU
Le transport du charbon
Au niveau national, le transport intérieur du charbon vers les gros utilisateurs (centrales
électriques, sidérurgie) se fait surtout par voies ferroviaires et fluviales. Pour le transport sur de
courtes distances (une dizaine de kilomètres), on peut aussi utiliser le carboduc, conduite dans
laquelle circule une pulpe de fines particules de charbon en suspension dans l'eau. Pour les
autres utilisateurs (moyennes industries, chaufferies urbaines, collectivités locales), dont les
consommations plus faibles ne justifient que rarement qu'ils soient équipés pour traiter eux-
mêmes le charbon, celui-ci est distribué par les négociants charbonniers (stockage,
conditionnement, livraison). Livré par train ou par camion, le charbon est transféré
automatiquement dans les silos ou des soutes enterrées qui remplacent aujourd'hui les aires de
stockage.
Au niveau international, le transport revêt une importance capitale, son coût représentant en
moyenne entre la moitié et les trois quarts des prix du charbon vendu dans les grands pays
importateurs. 90 % du commerce international du charbon est assuré par voie maritime, et la
plupart des grands ports ont été modernisés en raison de ce trafic de plus en plus important. Le
charbon est acheminé soit par vraquiers, soit par des navires mixtes qui peuvent transporter
aussi du pétrole. Si les grands cargos se sont multipliés, pour réduire le taux du fret maritime,
on compte encore des navires de petite taille qui peuvent emprunter les canaux de Panama ou
de Suez, et des petits cargos pour les lignes de cabotage entre pays européens.
Les quatre grands ports importateurs de charbon en France sont Dunkerque et Fos-sur-Mer,
principalement pour le charbon à coke destiné à la sidérurgie, et Le Havre/Rouen et Saint
Nazaire/Montoir pour le charbon vapeur.
Tonnage reçu en 1998 (en millions de tonnes)
Dunkerque 5,6
Fos-sur-Mer 3,6
Le Havre/Rouen 4,9
La consommation de charbon
Consommation mondiale de charbon et perspectives
Le charbon fut le moteur essentiel du développement économique au XIX ème siècle et au début
du XXème siècle, satisfaisant jusqu'à 90 % de la demande mondiale d'énergie. Depuis lors, sa
part dans la consommation globale d'énergie s'est progressivement réduite, du fait, notamment,
de la concurrence accrue du pétrole, puis du nucléaire, jusqu'à en représenter aujourd'hui
environ 25 %. L'évolution de la demande est néanmoins très différente selon les pays. Le
charbon couvrait, en 1997, 23,4 % de la consommation totale mondiale d'énergie primaire, 20
% environ de la consommation européenne, et 6 % de la consommation française.
Face à ses "concurrents", le charbon occupe une place variable selon la conjoncture, mais qui
devrait rester déterminante. Le pétrole occupe aujourd'hui la première place (40 % des
approvisionnements mondiaux), mais l'alerte des "chocs pétroliers", et leurs conséquences
économiques et financières ont fragilisé cette hégémonie. De plus, la concentration géopolitique
des lieux de production et la précarité des réserves ont poussé les pays consommateurs à une
diversification de leur approvisionnement énergétique. Avec une géopolitique également très
concentrée, le gaz pose aussi, à long terme, la question de son renouvellement. L'évolution du
recours au nucléaire n'est, quant à elle, pas clairement prévisible.
Le charbon dispose d'atouts considérables. Les problèmes environnementaux posés par son
utilisation sont de mieux en mieux résolus, et il bénéficie d'immenses ressources, bien réparties
sur l'ensemble du globe (près de 80 pays). Celles-ci sont évaluées à plus de 1 000 milliards de
tonnes (dont la moitié exploitable dans les conditions techniques et économiques actuelles),
représentant plus de 80 % des ressources énergétiques fossiles contre moins de 20 % pour le
pétrole et le gaz naturel, et pouvant assurer, au rythme actuel, 250 ans de consommation
mondiale.