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CONTRIBUTION

LA GESTION DES RECETTES OU DES REVENUS


PETROLIERS ET GAZIERS DU SENEGAL

Henri Valentin B. GOMIS


Avocat à la cour
1er Secrétaire de Conférence
Maitrise en Droit Public
Master II en Droit de l’Homme
Master II en Droit & Gestion Maritime
Master II en Management de l’Energie et des Ressources Pétrolière

INTRODUCTION
Les contrats pétroliers et gaziers1sont de façon générale préparés et négociés par
le Ministre du pétrole et de l’énergie (MPE) sous la forme d’appel d’offres ou de
consultation directe (entente directe)2. Après la phase d’appel d’offres ou de
consultation directe, les négociations menées se concluent par la signature du
contrat pétrolier dont l’approbation lui confère l’effectivité juridique. Les contrats
de services sont directement signés par le MPE et dans le cas des Contrats de
recherche et de partage de production (CPPR) le MPE signe seulement après avis
conforme du Ministre chargé des finances sur les dispositions financières et
douanières. Ces contrats ainsi signés par le MPE, que ce soit le contrat de services
ou le contrat de recherche et de partage de production, doivent être approuvés par
décret du Président de la République publié au JORS. Ce qui est une atteinte à
l’affirmation constitutionnelle que les ressources naturelles appartiennent au

1 Note : Tous les contrats ont été signés sous l’égide Du code pétrolier de 1988 et non du nouveau code de
2019
2 Pour plus de transparence l’entente directe ou la négociation dans ce secteur est à bannir.

1
peuple3. Afin de rendre effective cette nouvelle disposition et pour des soucis de
transparence il aurait fallu que les contrats soient paraphés par le MPE puis signés
par le Président de la République et enfin approuvés par l’Assemblée Nationale
dans le cadre de la procédure parlementaire. Cette exclusion de la représentation
parlementaire dans le processus d’approbation pose un sérieux problème qui
explique les supputations dans les débats politiques.
Dès l’exploitation des ressources pétrolières et gazières, les recettes issues de
celle-ci font l’objet de répartition entre le contractant (Compagnie pétrolière),
Petrosen et l’état. C’est la problématique de la répartition et de la gestion des
recettes issues de l’exploitation des hydrocarbures. En effet ces recettes jouent un
rôle primordial sur la croissance, le développement économique, dans le niveau
de vie plus élevée pour les populations sénégalaises le PIB national et par tête
d’habitant, de même que sur la balance commerciale4
Avec les deux principaux projets notamment Sangomar et GTA (Grand Tortue
Ahmeyim), le gouvernement du Sénégal pourrait percevoir du secteur des
hydrocarbure des recettes modestes mais non négligeables à partir de mi-2024,
nouvelle date retenue par Woodside pour le démarrage de l’exploitation de
Sangomar et cela jusqu’en 2040.
La gestion de ces recettes issues de l’exploitation du pétrole et du gaz doit induire
une bonne gouvernance, une transparence et une redevabilité. A cet effet un fonds
intergénérationnel (géré par le FONSIS), un FADCL5 géré par le ST-CNSCL6 ,
et un fonds national d’investissement stratégiques ont été mis en place pour une
gestion rationnelle mais le mieux serait de mettre en place des politiques
rationnelles, efficaces et spécifiques pour épargner, affecter et orienter les revenus
pétroliers et gaziers dans des secteurs de développement que sont :
• Secteur Primaire : agriculture, élevage, pêche et mines,
• Secteur Secondaire : activités de transformation de matières premières,
• Secteur Tertiaire : santé et action sociale, éducation, transport aérien,
maritime et routier, construction de routes de production…
Relativement aux recettes prévues, le document de NRGI (National Resource
Governance Institute) de décembre 2021 montre déjà, à cette date, que la rétention
des recettes par Petrosen et son endettement peuvent être un risque important pour
les finances publiques. C’est pourquoi NRGI suggère, qu’il faut renforcer le

3 Cf. Article 25.1 de la révision constitutionnelle de 2016.


4 La balance commerciale représente la différence entre la valeur des exportations et des importations de biens
et services.
5 Fonds d’Appui au Développement du Contenu Local.
6 Secrétariat Technique du Comité National de Suivi du Contenu Local.

2
contrôle de Petrosen dans la politique de distribution des dividendes de la Société.
En effet Petrosen porte la part de l’état dans le partage de production mais
également la participation de l’état aux investissements ou coûts pétroliers pour
le même pourcentage, c’est pourquoi il serait important de voir quelle est sa
participation dans les contrats de partage de production et de recherche pétroliers
et gaziers.
Pour comprendre les enjeux de cette étude, il convient d’abord d’exposer le cadre
général pour permettre au lecteur de bien comprendre la démarche.
CHAPITRE 1 – LE CADRE GENERAL
Ce chapitre permettra au lecteur de comprendre aisément les notions de part dans
la production et de participation. La part dans la production est ce que
PETROSEN va recevoir dans la production après la récupération des coûts
pétroliers tandis que la participation est la contribution de PETROSEN aux
investissements dans les activités de développement pétrolier et gazier.
Cependant il faut préciser que le contrat de services est le contrat dans lequel l’état
s’engage avec le contractant par le truchement de PETROSEN à qui est délivrée
les titres miniers d’hydrocarbures. Dans ce type de contrat le contractant agi
d’ordre, au nom et pour le compte de l’état qui supporte les risques et frais
financiers, techniques exclusifs. A l’opposé il y a le contrat de partage de
production dans lequel le contractant, à qui l’état délivre un titre minier
d’hydrocarbure, s’engage à réaliser des activités à ses risques et périls. Le
contractant supporte les risques, frais financiers et techniques de son
investissement, et le cas échéant, il reçoit une partie de la production issue de tout
gisement commercial, appelée le « coût pétrolier ou Cost oil ». Selon El Hadji
Diallo de FORTESA, doctorant et membre du cadre de concertation des
compagnies pétrolières dans le CN-ITIE (Comité National -ITIE) les coûts
pétroliers se répartissent entre les dépenses de recherche, de développement,
d’exploitation récupérables au fur et à mesure de l’affectation des produits de la
vente. Le seul problème est la possibilité pour les compagnies pétrolières de
gonfler les dépenses. En effet ce gonflement représente une grande menace pour
les recettes découlant du pétrole et du gaz. Ce recouvrement dans l’amont
pétrolier est crucial aussi bien pour l’investisseur que pour l’état qui les négocie
dans le contrat pétrolier et gazier. Il est dès lors impératif pour l’Etat de veiller à
des audits des coûts par un organisme compétent et indépendant pour limiter les
pertes de recettes et éviter les gonflements des coûts pétroliers engagés7. Le coût

7Diallo El Hadji, « Le coût pétrolier, une fiscalité inavouée pour l’état du Sénégal et les Compagnies pétrolières,
Equonet Dakar, visité le mercredi 10-01-2024 à 13 :37.
3
pétrolier est un facteur important de récupération rapide de l’investissement par
la compagnie pétrolière et un enjeu important du partage de production.
A noter qu’au Sénégal il n’existe pour le moment que des contrats de recherche
et de partage de production.
SECTION 1- LA PART DANS LA PRODUCTION ET LA
PARTICIPATION DE PETROSEN POUR LE COMPTE DE L’ETAT
DANS LES CONTRATS PETROLIERS
Pour comprendre cette part dans la production et cette participation, il faut d’abord
recenser les blocs pétroliers et gaziers attribués et ensuite analyser la structure qui
gère ces blocs avec PETROSEN.
A - Description des blocs au Sénégal
Ces ressources sont réparties dans différents blocs qui sont définis dans le tableau ci-dessous8.

BLOC Arrêté Opérateur Début Superficie


d’octroi Associé d’exploitation
DIENDER/ Décret Fortesa PETROSEN 21/ 08/2014 1.063,55 Km²
GADIAGA n°2014-977
DJIFFERE Décret Rex Atlantic Ltd 18/07/2013 4584,4 Km²
OFFSHORE n°2013-800 PETROSEN
CAYAR Décret n° BP Senegal 19/06/2012 5465 Km²
OFFSHORE 2012-596 Invest Ltd
PROFOND Kosmos Energy
PETROSEN
SAINT- Décret BP Senegal 19/06/2012 6955 Km²
LOUIS n°2012-597 Invest Ltd
OFFSHORE Kosmos Energy
PROFOND PETROSEN
CAYAR Décret Oranto Petroleum 12/12/2008 3618 Km²
OFFSHORE n°2008-1435 Ltd
SHALLOW
PETROSEN
RUFISQUE Décret Total E&P Senegal 12/05/2017 10 357 Km²
OFFSHORE n°2017-985
PROFOND PETROSEN
ZONE Décret Total E&P Senegal 01/03/2018 UDO-Nord
ULTRA n°2017-086 (47 539 Km²)
UDO-Sud
PROFOND PETROSEN (17 709 Km²)
(UDO)
SAINT Décret Oranto Petroleum 20/08/2015 5250Km²
LOUIS n°2015-1181 Ltd

8 http://itie.sn/contrat-petrolier/
4
OFFSHORE
SHALLOW PETROSEN
RUFISQUE Décret Capricorn Senegal 23/11/2004 7 136,935Km²
OFFSHORE n°2004-1491
Woodside
SANGOMAR
OFFSHORE Far

SANGOMAR PETROSEN
OFFSHORE
PROFOND

Avec ce tableau nous pouvons dès l’entame de notre étude déterminer la part- ce
qu’elle doit recevoir en cas de vente de pétrole comme coût pétrolier - de
PETROSEN dans les différents blocs pétroliers et gaziers attribués et ceux en
phase d’exploitation. Ce qui est différent de la participation qui signifie
l’investissement de PETROSEN dans les coûts financiers en phase de
développement. Avant de voir les CRPP dans lesquels PETROSEN à une part, il
convient de décrire succinctement PETROSEN en tant société d’état. Il faut noter
que cette participation de PETROSEN est de nature contractuelle, car elle
émane d’un contrat.
B - Description de la société des pétroles du Sénégal
La société Petrosen est aujourd’hui un groupe composé de trois entités à savoir
Petrosen Holding SA, Petrosen Exploration et Production appelé Petrosen E&P
et Petrosen Trading et Services appelé Petrosen T&S. Jusque-là focalisée sur la
promotion du bassin sédimentaire et la recherche, la Société des Pétroles du
Sénégal (PETROSEN) prend en charge les nouveaux enjeux liés aux importantes
découvertes réalisées au Sénégal ces cinq (5) dernières années. Les deux dernières
entités voire filiales ont été créées en 2019, dont l’une se focalise sur l’amont,
Petrosen E&P et l’autre dédiée à l’aval, Petrosen Trading & Services.
1. PETROSEN HOLDING SA
C’est une société anonyme à participation publique détenue à 99% par l’état et
1% par la Société Nationale de Recouvrement (SNR). Elle a été créée en mai 1981
et placée sous la tutelle du MPE. Son capital est de cinq milliards vingt et un
millions (5.021.000.000) Francs CFA. Elle a pour objet le développement et la
promotion du bassin sédimentaire que partagent la Mauritanie, le Sénégal, la
Gambie, la Guinée Bissau et la Guinée Conakry appelé bassin sédimentaire
MSGBC et l’application de la politique pétrolière du Sénégal. PETROSEN
HOLDING fonctionne comme une Société de droit privé sur la base de règles de
5
droit privé (Droit OHADA-AUDSC & GIE) qui lui permettent de conclure des
contrats financiers appelés « instruments financiers à termes ». Depuis 2015 ses
états financiers sont publics. Ils convient de noter pour notre gouverne que
PETROSEN détenait en 2022 des parts dans des sociétés publiques comme : la
SAR (98%), le réseau gazier du Sénégal (51%)9 et dans les blocs attribués en
phase d’exploration (10%)10.
2. PETROSEN E&P
PETROSEN E&P (Exploration & Production) est une filiale de PETROSEN
Holding créée en novembre 2019 qui se focalise sur l’amont pétrolier et gazier.
Elle est spécialisée dans les activités amont (Upstream) et intermédiaires
(Midstream) des hydrocarbures.
3. PETROSEN T&S
PETROSEN Trading & Services est elle aussi une filiale de Petrosen Holding
créée en 2019 qui se focalise sur l’aval pétrolier et gazier (Downstream). Elle est
l’instrument d’application de la politique de l’état du Sénégal dans le segment de
l’aval. A ce titre elle est chargée de l’importation, l’exportation et le commerce
en général de tout matériel utilisé par l’industrie des hydrocarbures, de l’achat, du
raffinage, de la transformation et du commerce des hydrocarbures, de la mise en
place de stations-services…
Après cette brève description, il serait intéressant de se poser la question de savoir
quels sont les blocs pétroliers et gaziers dans lesquels PETROSEN participe aux
coûts d’investissement et détient une part ?
SECTION 2 - DESCRIPTION DES BLOCS PETROLIERS ET GAZIERS
ET DE LA PART DES COCONTRACTANTS ET DE PETROSEN
Il s’agit de voir ci-dessous quelle est la part contractuelle du contractant et celle de PETROSEN
dans les différents blocs attribués.

BLOC Arrêté Opérateur Part Début Superficie


d’octroi Associé d’exploitation
DIENDER Décret Fortesa 90% 21/ 08/2014 1.063,55 Km²
n°2014-977 PETROSEN 10%
DJIFFERE Décret n°2013- Rex Atlantic Ltd 90% 18/07/2013 4584,4 Km²
OFFSHORE 800 PETROSEN 10%
CAYAR Décret n° 2012- BP Senegal 60% 19/06/2012 5465 Km²
OFFSHORE 596 Invest Ltd
PROFOND Kosmos Energy 30%

9 Ce projet à travers le RGS a pour objectif le développement et la gestion du réseau de gazoducs au Sénégal.
Cela permettra de diversifier davantage les sources énergétiques et de bénéficier d’une énergie plus propre et
plus économique pour renforcer la compétitivité des entreprises. Ce réseau est sous la tutelle du MPE.
10 https://lie.sn/entreprises-débat.

6
PETROSEN 10%
SAINT-LOUIS Décret n°2012- BP Senegal 60% 19/06/2012 6955 Km²
OFFSHORE 597 Invest Ltd
PROFOND Kosmos Energy 30%
PETROSEN 10%
CAYAR Décret n°2008- Oranto Petroleum Ltd 90% 12/12/2008 3618 Km²
OFFSHORE 1435
SHALLOW PETROSEN
10%
RUFISQUE Décret n°2017- Total E&P Senegal 90% 12/05/2017 10 357 Km²
OFFSHORE 985
PROFOND PETROSEN
10%
ZONE ULTRA Décret n°2017- Total E&P Senegal 90% 01/03/2018 UDO-Nord
PROFOND 086 (47 539 Km²)
(UDO) PETROSEN UDO-Sud
10% (17 709 Km²)
SAINT LOUIS Décret n°2015- Oranto Petroleum Ltd 90% 20/08/2015 5250Km²
OFFSHORE 1181
SHALLOW PETROSEN
10%
RUFISQUE Décret n°2004- Capricorn Senegal 40% 23/11/2004 7 136,935Km²
OFFSHORE 1491
Woodside 35%
SANGOMAR
OFFSHORE Far 15%

SANGOMAR PETROSEN 10%


OFFSHORE
PROFOND
Ce tableau détermine la part de PETROSEN dans chaque contrat de partage de production et celle des
investisseurs ou compagnies pétrolières étrangères.

A – ANALYSE DU TABLEAU
Force est de constater que dans tous les blocs en activité, la part contractuelle de
Petrosen est de 10%11.
En effet le débat élevé çà et là notamment par Monsieur Ousmane Sonko dans son
livre et les tentatives de réponse des gouvernants, est toujours d’une actualité
accrue et aigue. Ousmane Sonko est monté au créneau pour dénoncer le bradage
des ressources pétrolières et gazières du Sénégal par le régime en place. Dans une
déclaration diffusée sur les réseaux sociaux, il faisait une comparaison avec la
gestion des ressources pétrolières et gazières des pays comme le Qatar, Dubaï et
l’Arabie Saoudite, en déplorant le faible pourcentage détenu par le Sénégal sur les
contrats des ressources pétrolières et gazières. « Des pays comme le Qatar, ce
pays, petit par la superficie, Dubaï, l’Arabie Saoudite, ont une place privilégiée
sur l’échiquier mondial parce qu’ils ont jalousement préservé la souveraineté de
leurs ressources. En plus des ressources pétrolières et gazières, nous avons la
11 Sous l’égide du Code pétrolier de 1998.
7
richesse du sol et le climat propice en plus. Malheureusement, nous ne détenons
que 10% sur ces ressources pétrolières et gazières », a-t-il fait remarquer avant
de faire part de sa volonté de renégocier les contrats une fois élu président du
Sénégal12. L’ITIE face à ce débat soutient « En aucun cas, dans les contrats
pétroliers en vigueur, le Sénégal ne cède 90 % des revenus pétroliers aux
compagnies internationales pour ne garder que 10 % ». Or ce qui apparait du
graphique ci-dessus montre à suffisance les contrevérités portant sur la part du
contractant et de PETROSEN dans tous les CPPR où la part de PETROSEN 10%
et le contractant selon les blocs, dispose d’une part de 90%.
Des soi-disant techniciens pétroliers soutiennent, qu’en regroupant les parts issues
du profit pétrolier (profit oil) et des différents impôts et taxes, additionnées à
celles de PETROSEN (qui est une société étatique), l’État sénégalais peut
engranger entre 50 % à 60 % des revenus pétroliers, selon plusieurs experts
interrogés par Africa Check. Quelle tromperie ?
Selon PETROSEN les revenus de l’État dans les contrats de recherche et de
partage de production proviennent de trois sources :
• la part de la société nationale Petrosen (10 % portés en phase d’exploration
et jusqu’à 18 % à 20 % en phase de développement et production) ;
• la part de l'État sur le profit pétrolier (revenus après déduction des
investissements c’est-à-dire du Cost oil ou coûts pétroliers ) qui dépend du
niveau de production journalière (article 22 des contrats) ;
• les différents impôts, les redevances, les loyers superficiaires et taxes.
Il convient de faire des clarifications :
La notion de « participation » : selon l’ITIE la participation de PETROSEN aux
opérations pétrolières dans les contrats en cours de validité, notamment ceux
régissant les blocs dans lesquels des hydrocarbures ont été découverts (Saint-
Louis Offshore profond, Cayar Offshore Profond et Rufisque Offshore Sangomar
Offshore Sangomar Offshore Profond) est tirée de l’article 24 des CRPP. Or
l’article 24 desdits contrats indique que la participation de PETROSEN de 10%
lui confère tous les droits et obligations du contrat en phase de recherche, sans
pour autant entrainer pour la société pétrolière nationale, de participation aux
dépenses et charges encourues par les entités qui ont contracté avec l’Etat. En
effet, la quote-part de PETROSEN pour les engagements de travaux et les frais
liés au Contrat est supportée par les autres entités constituant le Contractant. C’est

12Notamment sur la chaîne YouTube de Jotna dans la nuit du samedi 15 octobre dernier, NANDO CABRAL
GOMIS, Sud Quotidien.sn, https://www.sudquotidien.sn/contrats-petroliers-et-gaziers-cout-de-la-vie-au-
senegal-sonko-jette-un-pave-dans-la-mare-du-gouvernement/ visité le Mardi 09 janvier 2024 à 15 :42.
8
la raison pour laquelle, on parle de participation « portée » par PETROSEN en
phase de recherche, car elle ne débourse aucun franc. Il faut noter en phase de
recherche que PETROSEN ne débourse aucun franc mais qu’en est-il alors en cas
de découverte, d’exploitation et de développement du pétrole et du gaz ?
En cas de découverte d’hydrocarbures, l’article 24 sus-évoqué dans les contrats
précités stipule que lors de l’entrée en vigueur de l’autorisation d’exploitation
relative à un périmètre d’exploitation, PETROSEN a l’option d’accroitre sa
participation (sa contribution ou ses dépenses) aux risques et aux résultats des
opérations pétrolières dans ledit périmètre d’exploitation. Ainsi, conformément
aux dispositions des contrats régissant respectivement les blocs de Sangomar et
de Saint-Louis, PETROSEN a porté sa participation à 18% dans Sangomar et à
20% pour GTA. Cela signifie que PETROSEN participera à hauteur de ces
pourcentages dans les coûts de développement de ces deux projets, et se fera
rembourser les coûts pétroliers (Cost oil) qu’elle a engagés avec ces mêmes
proratas (18 et 20%) dans la limite fixée pour la part allouée aux coûts à
défalquer des revenus. A cet effet, elle encaissera sa part à hauteur de ces
pourcentages dans les profits pétroliers réservés au Contractant (profit oil
Contractant). Ce qui conduit à la question de savoir alors ce qu’est une part ?
La notion de « part » : En effet, si la participation n’était pas définie dans la loi
pétrolière de 1998 mais plutôt dans les contrats, la nouvelle loi 2019-03 du 1er
février 2019 dispose en son article 9 : « Dans le cas d’un contrat pétrolier, les
parts de la société pétrolière nationale sont fixées comme suit :
• au minimum 10 %, portés par les autres cotitulaires du titre minier
d’hydrocarbures, en phases d’exploration et de développement, y compris
les redéveloppements ;
• une option d’accroitre cette participation jusqu’à 20 % supplémentaires en
phases de développement et d’exploitation non portés par les autres
cotitulaires du titre minier d’hydrocarbures.
Ainsi, PETROSEN et les privés nationaux pourront s’arroger jusqu’à 30% de
parts dans les périmètres d’exploitation qui seraient régis par le Code pétrolier de
2019. Or le bluff c’est que cette démonstration est fausse, car tous les contrats
ont été signés sous l’égide du Code pétrolier de 1998. L’article 9 du code pétrolier
de 2019 ne s’applique pas à ces contrats déjà signés et approuvés par décret. Cette
disposition ne s’appliquera qu’aux nouveaux contrats qui seront signés et
approuvés après l’entrée en vigueur du code de 2019. Tel n’est pas encore le cas
aujourd’hui.

9
Donc la part que porte PETROSEN pour l’état qui est de 10% dans le Cost oil
représente également la participation de PETROSEN aux activités d’exploration,
d’exploitation et de développement. Cela veut dire que l’état dans ces différentes
activités doit participer aux coûts pétroliers notamment à l’investissement au
prorata de 10% comme défini à l’article 24 des CPPR intitulé « Participation de
PETROSEN ». Avant de percevoir les 10% du coûts pétroliers13 également
appelé coûts techniques, PETROSEN devra préalablement contribuer au
financement de l’exploitation et du développement. Donc la part de PETROSEN
est égale à la participation de PETROSEN aux coûts pétroliers. C’est le
recouvrement de son investissement aux activités de développement. C’est
pourquoi l’article 24 stipule que « Petrosen possède dans la zone contractuelle
une part d’intérêts indivis de 10% qui lui confère dans la proportion de sa
participation tous les droit et obligations ». Plus loin au point 24.3 a) et b) il est
prévu « à partir de la date d’effet de sa participation visée à l’article 24.2.c)
ci-dessus, PETROSEN participera au prorata de sa part aux dépenses
afférentes au périmètre d’exploitation concerné et possédera et enlèvera sa
quote-part de la production obtenue à partir dudit périmètre
d’exploitation ».
Pour être juste, il aurait fallu dire que le profit pétrolier de l’état (profit oil) est lié
au recouvrement des investissements pétroliers (coûts pétroliers) et au partage de
la production après la vente.
Quelle est alors le pourcentage de partage de production appelé profit oil ou profit
pétrolier ?
Aux termes de l’article 22 intitulé de tous les CRPP « Recouvrement des coûts
pétroliers et le partage de production », il est bien dit que « le contractant aura
droit de recevoir, chaque année civile, en vue du recouvrement de ses coûts
pétroliers, une partie maximale de 75% de la production totale commerciale
pour le pétrole brut et le gaz naturel ». Ce qui induit que la part de l’état serait
de 25% du bénéfice pétrolier après la vente du produit pétrolier. Donc si on
additionne la part de PETROSEN (10% du cost oil) et la part de l’état du profit
oil14(25%), le Sénégal se retrouve mathématiquement avec 35% de revenus
pétroliers.
Au fait, les parts d’intérêts servent à déterminer uniquement le pourcentage de
participation aux investissements des opérations pétrolières. Petrosen dispose de
13 Les coûts pétroliers sont généralement classés en CAPEX (coûts d'exploration et de développement) et en
OPEX (coûts d'exploitation
14 Le montant de la production, après déduction du coût de production pétrolier alloué aux coûts et dépenses,

qui sera partagé entre les parties participantes et le gouvernement hôte dans le cadre du contrat de partage de
production.
10
10% mais elle est dispensée par le CRPP de participer aux frais des opérations
pétrolières. Cette part d’intérêt à mon avis est différent du partage de profit oil
après affectation de 75 % de la production au remboursement des Cost oil dont
les modalités de partage sont fixées par le contrat pétrolier.
Par ailleurs les différents impôts, les redevances, les loyers superficiaires et taxes
sont des revenus non pétroliers c’est-à-dire qui ne sont pas directement tirés de la
production pétrolière.
Donc il faut faire la distinction entre les revenus pétroliers et les revenus non
pétroliers.
• Les revenus pétroliers sont les coûts d’investissement du contractant et de
PETROSEN (participation = part) et le bénéfice pétrolier issu de la vente
du pétrole et du gaz réparti entre le contractant et l’état du Sénégal (profit
oil).
• Les revenus non pétroliers sont les taxes, les redevances, les impôts sur
les revenus des salariés et sur la société (25%)15 et les loyers superficiaires
d’occupation d’un périmètre attribué par le MPE. Ces revenus non
pétroliers sont régis par les articles 23 des CRPP intitulé « Régime
Fiscal ». En plus de ces revenus le code de 2019 non encore applicable aux
contrats en question prévoit le « bonus » de signature.
Selon PETROSEN les revenus de l’État pourraient représenter jusqu’à 52 %
(Sangomar) et 64 % (GTA) et estime qu’elle a la possibilité d'augmenter sa part
jusqu'à 20 %. Selon elle, elle a toujours aussi au moment du partage des revenus
entre l'État et les compagnies pétrolières, 10 % ou plus, si elle avait augmenté sa
part bien sûr, comme le lui permet le Code pétrolier. Le code de 1998 ne prévoit
pas d’augmentation mais plutôt le code de 2019. Or les contrats dont il s’agit sont
approuvés sous l’égide du code de 1998 par le Président Macky Sall après son
accession au pouvoir en 2012. Ces arguments sont plutôt des fourberies pour
défendre l’indéfendable.
Ainsi, comme l’indique l'article 22 de tous les contrats pétroliers « les 10 % de
PETROSEN sont totalement différents des parts de l'État qui sont réparties sur la
base de production journalière ». De plus, dans un communiqué publié en octobre
2022, PETROSEN est revenue en détail sur la différence entre les parts de
PETROSEN et celles de l'État dans le contexte d'un contrat de recherche et de
partage de production (CRPP). En résumé, dans tous les CRPP, PETROSEN
dispose de 10 % de part portés en phase d'exploration, part pouvant grimper
jusqu’à 20 % en cas de découvertes économiquement rentables, comme c’est le

15 Code Général des impôts


11
cas pour GTA et Sangomar. Considérant que PETROSEN est une société
nationale détenue à 100 % par l'État, il se retrouve avec des parts comprises entre
50 et 64 % du profit généré par le pétrole et le gaz sénégalais, compte non tenu
des obligations fiscales de la compagnie étrangère, précise le communiqué.
C’est une littérature de politiciens non avertis dans les questions de Pétrole et de
gaz comme il en a été démontré supra.
Enfin une autre précision de taille, est que PETROSEN qui porte la participation
et la part de l’état du Sénégal aux investissements pétroliers, pour respecter sa
participation dans les coûts pétrolier a été obligée de s’endetter auprès des
contractants (voir infra). Il faut aussi clarifier le cas de la part de l’état en fonction
du volume de la production. En effet la part du Sénégal augmente en fonction du
volume de la production : s’il est croissant c’est-à-dire s’il atteint la production
journalière supérieure à 120.000 barils ou équivalent gaz, le Sénégal pourra avoir
jusqu’à 58% contre 42% pour les sociétés pétrolières étrangères16. Mais quelles
compagnies pétrolières va augmenter son volume d’investissement financier pour
accroitre son volume de production, pour au final avoir sa part de profit oil
(bénéfice) diminuée lors du partage du bénéfice pétrolier. Quelle aberration ? En
d’autres termes on demande à la compagnie pétrolière de financer plus pour
gagner moins. Pour un esprit averti, il est clair que la compagnie pétrolière ne le
fera absolument pas.
B - LA REPARTITION DES CONTRATS PAR PERIMETRE EN COURS
ET EXPIRES
Voilà de façon schématique et brève la répartition des blocs et contrats par
périmètre en cours d’exécution et expirés pour une bonne visibilité.
I – les contrats en cours d’exécution
1) CRPP Cayar et Saint Louis offshore profond (BP-Kosmos) : cf décret
2019-595 autorisant et Kosmos Energy et BP et Pétrosen d’exploiter la
parcelle sénégalaise B pour GTA.
2) CRPP, Rufisque Sangomar (Petrosen et Woodside) : cf décret 2020-29
du 08 janvier 2020 autorisant l’exploitation du champ Sangomar (ex SNE
géré par cairn) ; cf décret 2019-412 du 30 janvier 2019 (prorogation 2ème
période de 10 mois fan et north spica) ; Cf décret 2019-1757 du 16 octobre
2019 (prorogation relative à l’extension de fan et north spica).
3) CRPP Oranto Pretroleum de Saint Louis Offshore Shalow (Petrosen et
Oranto Petroleum).

16 Cf. Article 22. 3 du CRPP


12
4) CRPP Rufisque offshore profond (Total E&P Sénégal)
5) CRPP Ultra Deep Offshore (Total E&P Sénégal).
II - La liste des contrats pétroliers expirés
1) Rufisque et Sangomar offshore profond (African Petroleum)
2) CRPP AZ Bloc Diourbel (Petroleum Products Ltd)
3) CRPP Blackstairs bloc Louga (Blackstairs Energy)
4) CRPP Sénégal onshore Sud (Tender oil & gas)
5) CRPP Rex bloc dijffère (Trace Atlantic).
Actuellement, 2 projets pétroliers et gaziers sont en cours de développement au
Sénégal. Il s’agit de :
- Sangomar projet exclusivement pétrolier dans sa 1ère phase et
- GTA projet d’exploitation de gaz naturel dans sa 1ère phase17.
Il faut noter que ces 2 projets sont les seuls à nos jours, à avoir reçu une décision
finale d’investissement (DFI) à part Gadiaga/Diender. Force est de constater que
tous les contrats ont été signés sous l’empire du code pétrolier de 1998. Mais il
faut noter que le code de 2019 a apporté des changements condensés ci-dessous :
DISPOSITION CODE PETROLIER CODE PETROLIER
1998 2019
Propriété de la ressource Etat du Sénégal Peuple Sénégalais
Mode d’octroi des blocs Manifestation directe Appel d’offres ou
d’intérêt et appel à manifestation directe d’intérêt
concurrence
Bonus d’entrée Absent mais dans certains Systématique
contrats négocié
Nature juridique des Personne morale de droit
personnes morales au sein des Diverse sénégalais uniquement
contractants
Part de Petrosen dans le 10% à l’exploration ; 10% durant l’exploration ;
contractant* 10 à 20% à l’exploitation 10 à 30% durant le
développement et
10 à 30% durant l’exploitation

Cost-stop (part maximale de Négocié dans les contrats 55% pour l’offshore
la production pouvant être pétroliers au cas par cas 60% pour l’offshore peu
consacrée au recouvrement (en général entre 60 et profond
75%) 65% pour l’offshore profond

17cf. la gestion des revenus pétroliers et gaziers du Sénégal, NGRI (Natural Resource Gouvernance Institute),
décembre 2021, William Davis, Andrew Bauer et Papa Daouda A. Diène, 57 pages.
13
des investissements du 70% pour l’offshore ultra
contractant) profond
Durée de l’autorisation 25 ans 20 ans
initiale d’exploitation
Principes de l’ITIE Non applicables Applicables
Contenu local Non applicable Applicable et élargi aux
investisseurs privés nationaux
disposant de capacités
techniques et financières pour
participer aux risques et aux
opérations pétrolières

*REMARQUE : Il faut noter qu’aucun contrat n’est encore signé sous l’empire
du code pétrolier de 2019. Par conséquent la part de PETROSEN dans tous les
contrats énumérés est de 10% à l’exploration. Ce qui constitue une atteinte à
l’intérêt national en ce sens que le pétrole et le gaz se trouvent sur le sol sénégalais
et appartiennent au peuple sénégalais. Comment comprendre que le Sénégal outre
les taxes, les redevances, les impôts sur les sociétés et les impôts sur le revenu des
salariés ne bénéficie que de 10% du cost oil et 25% du profit oil ou benefit oil ou
recettes pétrolières perçus après la vente du pétrole brut. Même si les dispositions
du code pétrolier de 2019 sont d’application immédiate pour toutes les activités
pétrolières et gazières sur l’étendue du territoire national, il n’en demeure pas
moins cocasse de constater qu’aucun nouveau contrat n’a été conclu depuis
l’avènement de ce code.
Ce débat pour être clarifié nous permet d’analyser dans le chapitre 2, la
participation et la part de PETROSEN dans les contrats d’une part et la part de
l’état dans les revenus pétroliers.
CHAPITRE 2 – LA PART ET LA PARTICIPATION CONTRACTUELLE
DE PETROSEN ET LA PART DE L’ETAT DANS LES REVENUS
PETROLIERS ET GAZIERS
SECTION 1 – LA PART DE PETROSEN DANS LES PROJETS
PETROLIERS AU SENEGAL
Il est bon de déterminer la part de notre société nationale qui porte la part de l’état
dans les principaux projets notamment Sangomar et GTA et ensuite dans les
autres projets.
A -LES PARTS DE PETROSEN DANS LES DEUX PRINCIPAUX
PROJETS : SANGOMAR & GTA

14
PETROSEN détient des parts de 10% dans Sangomar et 18% dans GTA et
percevra sa quote-part de revenus en qualité de membre de joint-venture. Ce sont
les projets qui sont actuellement en phase de développement et qui devront aboutir
à une exploitation probablement en cette année 2024 selon les autorités. Dans ces
mêmes projets Petrosen et l’état du Sénégal n’ayant pas les moyens financiers ont
emprunté de l’argent aux contractants.
B – LA PART DE PETROSEN DANS LES AUTRES PROJETS
Dans le champ de Gadiaga/Diender (gaz naturel) exploité depuis 2001, la Petrosen
a 10% et Fortesa 90%. Il faut noter que le champ de Diamniadio (gaz naturel) a
été fermé en 2000. Pour tous les autres champs, se référer au tableau ci-dessus18.
SECTION 2 - LA PARTICIPATION DE PETROSEN AUX OPERATIONS
PETROLIERES ET GAZIERES19
A- DANS LES CONTRATS EN COURS DE VALIDITE
Dans les contrats en cours de validité, pour la participation de PETROSEN aux
opérations pétrolières20 il faut se référer à l’article 18 relative à la création de
société dans le secteur parapublic.
Dans les contrats régissant les blocs dans lesquels des hydrocarbures ont été
découverts notamment Saint Louis offshore profond, Cayor offshore, Sangomar
offshore profond, l’article 24 desdits contrats dits CRPP indique clairement que
la participation de PETROSEN est de 10% et lui confère tous les droits et
obligations du contrat en phase de recherche. La quote-part de PETROSEN pour
les engagements de travaux et les frais liés au contrat est supportée par les autres
entités constituant le contractant.
Le pourcentage de 10% dans les contrats pétroliers n’indique pas ou nullement le
prorata détenu par le Sénégal sur ses ressources pétrolières et gazières mais
indique la participation de PETROSEN liées aux charges encourues lors de la
phase de recherche, lesquelles charges sont en définitive supportées par les autres
entités partenaires de PETROSEN. Et quelles sont ces entités ? Kosmos Energy,
Woodside, Fortesa etc…
En phase de recherche la quote-part de PETROSEN dans la couverture des
charges est de 10% supportées par ses autres partenaires.
En cas de découverte d’hydrocarbures ledit article24 sus évoqué stipule que
lors de l’entrée en vigueur de l’autorisation d’exploitation relative à un périmètre

18 Voir supra
19 Voir site de l’ITIE.
20 www.sntresor.org/app/uploadorientation-2022-08-JO- du 19-04-22 .

15
d’exploitation, PETROSEN a l’option d’accroitre sa participation aux risques et
aux résultats des opérations pétrolières dans ledit périmètre d’exploitation. C’est
ainsi que dans les contrats qui les régissent les périmètres du bloc de Sangomar et
du bloc de Saint Louis (GTA), PETROSEN a porté sa participation à :
-18% dans Sangomar
-20% dans GTA

Mais avec le code pétrolier de 2019, elle peut porter sa part ou sa participation à
30%. Sa participation à Sangomar de 18% et non plus de 10% a été confirmée par
la société Woodside qui détient désormais 82% et non plus 90%.

B – LA PARTICIPATION FINANCIERE DE PETROSEN DANS LE


DEVELOPPEMENT DES ACTIVITES PETROLIERES ET GAZIERES
En l’espèce, cela signifie que PETROSEN participera à hauteur de ces
pourcentages dans les coûts de développement des deux projets (Sangomar et
GTA) et se fera rembourser les coûts pétroliers (Cost oil) qu’elle a engagé avec
ces mêmes proratas dans la limite fixée pour la part allouée aux coûts défalqués
des revenus, et elle encaissera sa part à hauteur des pourcentages dans les profits
pétroliers réservés au contractant (profit oil contractant) c’est-à-dire 18% et 20%
des coûts pétroliers et 18% à 20% du profit oil21 à reverser au budget du Sénégal.
Après l’affectation des 75% de la production pour rembourser les coûts pétroliers
Petrosen recevra au prorata des parts détenues les dépenses exposées mais le
partage de partage lui est négocié dans le contrat compte-tenu du niveau de
production journalière.
Il faut noter que ni PETROSEN ni l’état du Sénégal n’ont les moyens financiers
pour investir à hauteur de 18% ou même 10% des coûts pétroliers. C’est pourquoi
PETROSEN s’est endettée auprès de BP Kosmos et Woodside dans les projets
GTA et Sangomar. Alors que la production de gaz du pétrole sénégalais n’a pas
encore démarré, PETROSEN qui porte la part de l’état, s’est lourdement endettée
auprès de trois opérateurs22 pour participer aux coûts pétroliers (investissements
d’exploration, d’exploitation et de développement). A en croire le journal
« Libération du 27 juillet 2023 » c’est le cas pour GTA.
En effet la contribution de PETROSEN aux dépenses de développement, estimée
à environ 10% du montant total des investissements (Sénégal et Mauritanie) est

21 Les bénéfices pétroliers ou profit oil sont la part restante de la production après déduction de la récupération
des coûts pétroliers et ils sont partagés entre les participants à la coentreprise et le gouvernement de chaque
pays,
22 Cf article de CISSE Fana, Press afrik.com, visité le 03 janvier 2024 à 16 h.

16
financée grâce à un prêt consenti par BP et Kosmos. C’est également le cas du
projet pétrolier de Sangomar, la contribution de PETROSEN aux dépenses de
développement devant s’élever à environ 756.000.000 dollars US, financée à
hauteur de 450.000.000 dollars US par un prêt consenti par Woodside.
La question qui s’impose est quelles sont les modalités de remboursement de
ces prêts ?
Déjà le 9 janvier 2023, Ndakhté Gaye, journaliste économique professionnel et
chercheur dans le secteur des hydrocarbures dans le journal « Equonet Dakar »
alerte sur le fait que PETROSEN, planifiait le remboursement de ses prêts sur les
revenus issus de la vente du gaz naturel liquéfié (GNL) et les revenus issus de la
vente du pétrole brut (crude) dans ses parts attendus de la première phase de
production GTA (Greater Tortue Ahmeyim) prévue pour 2023 (et aujourd’hui
pour mi-2024).
Ce qui est grave, c’est qu’en plus des subventions versées par l’état, des
redevances versées par les entreprises titulaires de permis miniers
d’hydrocarbures, les « loyers superficiaires» perçus par l’état, des subventions
de formation à l’appui de la promotion, des paiements qui ne sont pas reversées
au trésor public et des ventes de données techniques et sismiques, PETROSEN a
été autorisée par la loi n°2022-08 du 19 août 2022 relative au secteur parapublic,
du suivi du portefeuille de l’état et au contrôle des personnes morales de droit
privé bénéficiant du concours financiers de la puissance publique, à vendre ses
parts propres de production dans les contrats pétroliers bref à s’endetter au
détriment de la nation toute entière. Alors que les diverses sources de revenus
pétroliers et non pétroliers, si elles sont bien collectées et bien utilisées devraient
suffire pour intervenir dans toutes les opérations de production, de traitement, de
transformation, de mise en valeur et de transport des hydrocarbures sans avoir à
emprunter auprès des opérateurs contractants.
Ces dettes montrent à suffisance que PETROSEN ne dispose pas de
ressources suffisantes pour mener à bien ses missions23.
Cela a été démontré dans le rapport de Kosmos. Il faut alors scruter ce rapport
annuel 2021 de la Société Kosmos.
Ce rapport fait apparaître qu’en février 2019, Kosmos et BP ont signé avec
PETROSEN des accords de prêt pour financer les coûts de développement
encourus pour la 1ère phase de production GTA prévue pour 2023.

23 Cf rapport annuel 2021 de la Société Kosmos, https : // www.komosenergy.com/wp-


content/uploads/2022/04/kosmos-2021-AR.pdf, page 81 à 102.
17
Ce prêt est confirmé par le rapport de l’ITIE qui signale que PETROSEN et le
Trésor public ont sollicité le report des subvention prêt et garanties octroyés à des
éléments opérant dans le secteur des hydrocarbures24. Ce prêt s’élève à
240.000.000 de dollars US, à payer sur les revenus futurs. Grâce au prêt cumulé
Kosmos et BP, PETROSEN est financée à hauteur de 435.000.000 de dollars US.
Ce rapport montre que pour Sangomar, Woodside et Petrosen ont signé un contrat
de prêt à hauteur de 450.000.000 de dollars US le 09 janvier 2020.
Pour les modalités de paiement25 relativement au prêt de BP-Kosmos,
PETROSEN planifie le remboursement du prêt sur les revenus issus de la vente
du GNL. Et pour le prêt de Woodside elle entend rembourser sur les revenus issus
de la vente du pétrole Brut. PETROSEN par ces prêts s’est engagée à participer
aux risques financiers, techniques et autres frais à hauteur de 18% et 20%. Quelle
stupidité ?
Avant même de jouir de la manne pétrolière, l’état et PETROSEN ont déjà
dilapidé les revenus à venir voire futurs. Ce qui veut dire qu’il faut attendre dans
10 ans avant de pouvoir réellement profiter des revenus pétroliers en le réinjectant
dans le développement du pays dans les secteurs primaires, secondaires et
tertiaires. Pour le moment l’état ne pourra espérer recevoir que les revenus non
pétroliers (voir supra).
Le Sénégal, finalement dans l’exploitation des ressources pétrolières en dehors
des ressources non pétrolières ne gagne que des miettes pour un propriétaire des
ressources. Voilà l’illustration parfaite d’une mauvaise gouvernance et d’une
incurie.
CONCLUSION
Il convient de faire une évaluation de la gouvernance de PETROSEN et de voir la
part des revenus pétroliers du Sénégal.
La Valeur totale = part du profit (après remboursement des coûts en nature) +
part de profit de Petrosen + impôts et taxes (payés par les compagnies pétrolières,
les fournisseurs et les sous-traitants) + redevances ou loyers superficiaires.
Ces 4 revenus pourront être renforcés par le pôle du contenu local26.
En définitive PETROSEN a contracté des prêts auprès de BP-Kosmos pour
financer sa participation dans GTA et auprès de Woodside pour sa participation à
Sangomar pour un total de 885 000.000 dollars US, avec un taux d’intérêt de 6,5

24 Rapport ITIE semestre 1 de 2022


25 Voir note ITIE 2021 sur le projet de financement des projets 25 juin 2021.pdf.
26 Revenus obtenus par les sociétés sénégalaise dans l’amont pétroliers : SSB, Orsen….

18
% par an. Ce qui a conduit l’état du Sénégal a constitué une Euro-obligation
(Eurobonds) de 508 milliards de FCFA en juin 202127, dont une partie serait
destinée à financer la participation du Sénégal à des projets pétroliers et gaziers.
Ce qui est grave c’est non seulement on emprunte pour financer notre
participation aux investissements mais que ces prêts sont techniquement non
garantis. Toutefois la société PETROSEN entend se faire rembourser sur les
bénéfices tirés de GTA et Sangomar. Par ailleurs les coûts de développements des
deux projets sont estimés à 10 milliards de dollars US. Ainsi la part supportée
par PETROSEN s’élèverait à environ 1,3 milliards de dollars US soit environ 5%
du PIB du pays. Or la société a connu un déficit en 2018 puis en 2019 alors que
son rendement des fonds propres est passé de 2% à -19% entre 2015 et 2019. Le
niveau d’endettement de PETROSEN a augmenté rapidement atteignant un ratio
dette/actif de 52% en 201928. En plus de ce prêt PETROSEN aura besoin de
890.0000.000 dollars US supplémentaires pour financer entièrement sa
participation (note de page 157). Donc PETROSEN dépend de subventions de
l’état et de surendettement. PETROSEN sur la base du dernier rapport de l’ITIE
Sénégal, a conservé 74% des revenus pétroliers et gaziers qu’elle a perçus en 2019
soit environ 3 millions de dollars US, et qu’elle n’a pu verser des dividendes en
raison de pertes financières et ce, pour couvrir ses frais de fonctionnement. Pauvre
de nous Sénégalais. PETROSEN s’est endettée auprès des sociétés contractantes
Mais non seulement elle s’endette, elle se permet même de prêter de l’argent à
son associé FORTESA dans le cadre des opérations de maitrise de l’incendie
d’un puit de gaz à Gadiaga. Pis PETROSEN et le Trésor public ont été sollicités
pour reporter les subventions, prêts et garantis octroyés à des états opérant dans
le secteur des hydrocarbures.
Les états financiers de 2019 révèlent que PETROSEN a pu financer sa
participation grâce à des prêts de BP et Kosmos Energy, qui s’élève à 435.000.000
dollars US (pour les travaux de la phase1, des études FEED et des travaux pré-
FEED des phase 2 &3. Ce prêt est ainsi reparti :
- 290.145.000 de BP (66,67%),
- 144.855.000 de Kosmos (33,37%)
Ce travail de recherche est une contribution modeste aux débats sur les revenus
pétroliers et la gouvernance pétrolière de l’état du Sénégal. Cette réflexion vise à
améliorer la gestion de nos ressources naturelles et la maximisation de nos

27www.finances.gouv.sn/le-senegal-leve-avec-succès.
28Analyse des acteurs des états financiers, Petrosen, consulté en juin 2021, www.petrosen.sn/ index.php
/publication/etats-financiers-petrosen-2015-2019).
19
revenus pour l’intérêt du peuple sénégalais seul et unique propriétaire des
ressources du sous-sol.

20

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