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La législation pétrolière en République de Côte d’Ivoire (Amont)

En dix points clés


Juillet 2014 © – Mise à jour le 02 septembre 2021.
Introduction
1. Régime juridique
2. Propriété des Ressources
3. Permis de Recherche et d’Exploitation
4. Contrat de Partage de Production
5. Participation de l’Etat
6. Cession et Changement de Contrôle
7. Contenu Local
8. Régime Financier et Fiscal
9. Contrôle de Changes
10. Droit OHADA

Introduction
La Côte d’Ivoire, en forme longue, République de Côte d’Ivoire (RCI), est un pays d’Afrique de l’Ouest, membre de l’Union Africaine.
D’une superficie de 322 462 km2, elle est limitée au nord par le Mali et le Burkina Faso, à l’ouest par le Liberia et la Guinée, à l’est par le
Ghana et au sud par l’océan atlantique. La population est estimée à 23 202 000 habitants en 2012. La Côte d’Ivoire a pour capitale politique
et administrative Yamoussoukro (Abidjan demeurant la capitale économique), pour langue officielle le français et pour monnaie, le franc
CFA.
Le bassin sédimentaire de la RCI se partage entre la zone onshore, qui longe toute la côte maritime du pays, entre les frontières libérienne et
ghanéenne, et la zone offshore, qui s’étend de la côte jusqu’à 150 kilomètres en mer, à des profondeurs dépassant 3.000 mètres. Selon le
Ministère chargé des Hydrocarbures, les gisements à forts potentiels se trouveraient en zone offshore, dans les eaux à très grande profondeur.
Les réserves ivoiriennes de pétrole seraient estimés à 300 millions de barils, pour des réserves de gaz naturel estimées à plus de 1.000
milliards de pieds cubes. En 2010, la production journalière de pétrole, exclusivement offshore, était de l’ordre de 40.000 barils. Les
prévisions tablent sur une production journalière dépassant les 65.000 barils à l’horizon 2020. Le redoublement de l’implantation en RCI de
compagnies pétrolières, pour la plupart multinationales, confirme ces prévisions.
La compagnie pétrolière italienne Eni, a annoncé le 1er septembre 2021, la découverte d’un gisement pétrolier très prometteur dans
l’offshore ivoirien sur le permis CI-101 (dont il est opérateur à hauteur de 90% de parts, les 10% restants revenant à l’entreprise publique
Petroci) à plus de 2 000 mètres de profondeur, à 60 km au large de la station balnéaire d’Assinie, non loin de la frontière ghanéenne. Le
potentiel de ce gisement est compris entre 1 ?5 et 2 milliards de barils de brut.

1. Régime juridique

Le secteur pétrolier et gazier de la RCI est actuellement régi par la Loi n°96-669 du 29 août 1996 portant Code Pétrolier telle que modifiée
par l’Ordonnance n°2012-369 du 18 avril 2012 modifiant la Loi n°96-669 du 29 août 1996 portant Code Pétrolier (Code Pétrolier), ainsi que
les différents textes réglementaires pris pour son application y compris, le Décret n°96-733 du 19 septembre 1996 relatif aux modalités
générales d’application de la Loi n°96-669 du 29 août 1996 portant Code Pétrolier (Décret d’Application).

Outre les textes susvisés, d’autres textes régissent les activités pétrolières. Il s’agit de la Loi n°95-620 du 03 août 1995 portant Code des
Investissements ainsi que les différents textes réglementaires pris pour son application, la Loi n°96-766 du 03 octobre 1996 portant Code de
l’Environnement ainsi que les différents textes réglementaires pris pour son application, le Décret n°96-894 du 08 novembre 1996
déterminant les règles et procédures applicables aux études relatives à l’impact environnemental des projets de développement, le Code
Général des Impôts (CGI) et le Code des Douanes.

La Côte d’Ivoire est membre de l’Initiative pour la Transparence dans l’Industrie Extractive (ITIE) et dispose à cet effet d’un Conseil
National ITIE institué par le Décret n°2008-25 du 21 février 2008.

2. L’Etat propriétaire des ressources

En vertu du Code Pétrolier, l’Etat est le seul propriétaire des hydrocarbures contenus dans le sol et le sous-sol ivoirien, y compris dans les
zones couvertes par les eaux territoriales et dans la zone économique maritime nationale. En sa qualité de propriétaire, l’Etat confie
l’exploitation des hydrocarbures à une ou plusieurs personnes morales. A cet effet, la prospection, la recherche, l’exploitation et le transport
des hydrocarbures ne peuvent être entrepris qu’après obtention d’un titre minier.

Les permis de recherche et d’exploitation sont accordés suivant deux types de procédures : soit à l’issue de négociation de gré à gré, soit à
l’issue d’une procédure d’appel d’offres. Le Code Pétrolier et son Décret d’Application contiennent plusieurs dispositions relatives aux
critères d’éligibilité applicables aux titulaires de permis.

3. Permis de Recherche et d’Exploitation

La législation pétrolière (amont) organise l’activité pétrolière en deux phases principales correspondant à deux titres miniers distincts: le
permis de recherche et le permis d’exploitation.

o La recherche : le permis de recherche

DISCLAIMER : Le présent document est réservé à l’usage exclusif du destinataire et n’a qu’une vocation d’information générale non exhaustive. Il ne saurait constituer ou être interprété
comme un acte de conseil juridique. Pour recevoir des conseils juridiques sur les questions abordées dans le présent document, merci de bien vouloir prendre contact avec l’auteur.
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Le permis de recherche est octroyé par décret pris en Conseil des ministres sur rapport du Ministre en charge des Hydrocarbures, pour une
durée initiale de trois ans, renouvelable deux fois pour la durée prévue au contrat pétrolier, à condition toutefois que le titulaire ait rempli ses
obligations pour la période de validité alors en cours, et sans que la durée initiale du permis de recherche augmentée de la durée des deux
renouvellements ne puisse excéder sept ans, ou neuf ans pour le cas des zones marines profondes.

Le permis de recherche confère à son titulaire et à ses associés le droit de disposer librement des hydrocarbures liquides ou gazeux extraits du
sol à l’occasion de leurs recherches et des essais de production qu’elles peuvent comporter. En outre, ce titre minier constitue un droit
mobilier indivisible, non amodiable et non susceptible d’hypothèque. Il est cessible et transmissible sous réserve d’approbation préalable.

o L’exploitation : le permis d’exploitation


L’exploitation et les travaux de développement y relatifs, c’est-à-dire les travaux préparatoires à l’extraction des hydrocarbures, ne peuvent
être entrepris qu’en vertu d’un permis d’exploitation accordé par décret pris en Conseil des ministres sur rapport du Ministre chargé des
Hydrocarbures, après enquête de l’administration des Hydrocarbures.

Ce titre minier confère à son titulaire le droit exclusif d’effectuer, à ses risques et dépens, dans les limites du périmètre qui en est l’objet,
toutes les opérations d’exploitation d’un gisement commercialement exploitable, et le cas échéant, de recherche, ainsi que de disposer de tout
ou partie de la production des hydrocarbures, conformément aux stipulations du contrat pétrolier qui lie le titulaire à l’Etat.

Il est accordé pour une durée initiale de vingt-cinq ans maximum et peut être prorogé une fois, dans les formes prévues pour son octroi, pour
une durée de dix ans au plus, si le titulaire a rempli ses obligations et démontre la possibilité du maintien d’une production commerciale
d’hydrocarbures au-delà de la période de validité en cours. Il constitue un droit immobilier, distinct de la propriété du sol, indivisible, non
amodiable et non susceptible d’hypothèque. Il est cessible et transmissible sous réserve d’approbation préalable.

4. Contrats de Partage de Production

Les titulaires de permis de recherche et d’exploitation doivent préalablement au commencement de leurs activités conclure avec l’Etat des
contrats de partage de production (CPPs) énonçant le cadre juridique applicable et les obligations des parties contractantes. Généralement,
les CPPs sont conclus avec l’ensemble des sociétés pétrolières composant le groupe de contractants dans le cadre du CPP, ce groupe incluant
souvent la Société Nationale des Opérations Pétrolières de Côte d’Ivoire (PETROCI).

Les opérations pétrolières d’un contrat de partage de production, selon leur nature, font l’objet d’une autorisation exclusive soit
d’exploration, (et, en cas de découverte d’évaluation), soit d’exploitation couvrant l’exploitation d’un gisement d’hydrocarbures
commercialement exploitable.

En cas de production d’hydrocarbures, celle-ci est partagée entre l’Etat et le titulaire conformément au CPP, le titulaire recevant ainsi une
part de production aux fins de le rembourser de ses coûts et de le rémunérer en nature selon certaines modalités, notamment l’affectation
d’une part de la production totale d’hydrocarbures au remboursement des coûts pétroliers effectivement supportés par le titulaire au titre du
contrat pour la réalisation des opérations pétrolières (Cost Oil). Celle-ci ne peut être supérieure au pourcentage de la production fixé dans le
contrat, lequel définit les coûts pétroliers récupérables ainsi que les conditions et modalités de leur récupération par prélèvement sur la
production, puis l’affectation du solde de la production total d’hydrocarbures, après déduction de la part susmentionnée (Profit Oil) est
partagé entre l’Etat et le titulaire, selon modalités de partage fixées dans le contrat, lequel précise si le partage est effectué avant ou après
impôt sur les bénéfices industriel et commerciaux.

5. Participation de l’Etat

A ce jour, le Code Pétrolier ne prévoit pas une participation minimum de l’Etat dans les CPPs. En pratique toutefois, Elle prend forme à
travers la participation de la PETROCI dans les CPPs en général à hauteur de plus ou moins quinze pour cent. En effet, la PETROCI est
associée pour le compte de l’Etat dans plusieurs consortiums via des CPPs et reçoit à ce titre en tant que partenaire, sa part de production en
volume sous la forme de Profit-Oil et de Cost-Oil Etat-Associé.

6. Cession et Changement de Contrôle

Le Code Pétrolier exige que les sociétés pétrolières envisageant le transfert ou la cession de l’un quelconque de leurs actifs, intérêts ou
obligations afférents à leurs activités pétrolières en RCI (y compris notamment les accords de cession de participations dans les CPPs)
notifient préalablement au Ministre en charge des Hydrocarbures et obtiennent son approbation préalable de l’acte ou du contrat concerné, à
défaut de quoi lesdits actes ou contrats sont considérés nuls et de nul effet.

De la même manière, toute société requérante ou titulaire d'autorisation de reconnaissance ou de contrat pétrolier doit informer dans les plus
brefs délais le Ministre en charge des Hydrocarbures de toute modification substantielle qui aurait été apportée à ses statuts, forme, capital et
direction.

7. Contenu Local

Les titulaires de permis de recherche et d’exploitation sont tenus de donner la priorité aux ressortissants ivoiriens et de mettre en place un
programme de formation du personnel de l’administration pétrolière ivoirienne de toute qualification. Le Code Pétrolier ne prévoit aucun
quota, mais des montants minimums de contribution à la formation du personnel ivoirien et d’autres exigences sont précisés par le décret
octroyant les permis et/ou le CPP.

De plus, les titulaires de titres d’exploitation sont tenus d’assurer en priorité les besoins de la consommation nationale d’hydrocarbures,
conformément aux pratiques et usages de l’industrie pétrolière internationale, et au prorata de leur part dans la production nationale totale.

DISCLAIMER : Le présent document est réservé à l’usage exclusif du destinataire et n’a qu’une vocation d’information générale non exhaustive. Il ne saurait constituer ou être interprété
comme un acte de conseil juridique. Pour recevoir des conseils juridiques sur les questions abordées dans le présent document, merci de bien vouloir prendre contact avec l’auteur.
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8. Régime Financier et Fiscal
Les demandes d’attribution, de renouvellement, de cession, de transmission ou de renonciation de contrats pétroliers et des autorisations en
dérivant sont soumises au paiement de droits fixes dont les montants et modalités de règlement sont déterminés dans le cadre de la loi de
finances plus précisément par l’annexe fiscale à la loi de finances pour 2012 qui met en place les modalités de taxation des opérations
susvisées.

Ces montants sont fixés comme suit :

Types d’opérations Montant des droits applicables en FCFA ()


Demande d’attribution de bloc pétrolier 35 000 000
Demande d’autorisation de reconnaissance ou d’étude 50 000 000
Demande d’entrée dans une période d’exploration :
• Pour la deuxième période d’exploration 40 000 000
• Pour la troisième période d’exploration 75 000 000
Demande d’autorisation d’évaluation 75 000 000
Demande d’autorisation exclusive d’exploitation 75 000 000
Demande de cession des droits relatifs à un bloc pétrolier :
• Pour un montant de transaction inférieur à 500 000 000 francs 70 000 000
• Pour un montant de transaction compris entre 500 000 001 et 100 000 000
1 000 000 000 de francs
• Pour un montant de transaction compris entre 1 000 000 001 et 150 000 000
1 500 000 000 de francs
• Pour un montant de transaction compris entre 1 500 000 001 et 200 000 000
2 000 000 000 de francs
Demande de renonciation de droits relatifs à un bloc pétrolier 100 000 000
()
655,957 Franc CFA = 1 Euro

Les sociétés pétrolières sont assujetties, à l’impôt direct sur les bénéfices industriels et commerciaux à raison des bénéfices nets qu’elles
retirent de l’ensemble de leurs activités de recherche et d’exploitation d’hydrocarbures sur le territoire de la RCI, sa mer territoriale, sa zone
économique exclusive et son plateau continental, transport inclus, qu’elles se livrent seules ou en association avec d’autres entreprises.

De plus, les titulaires de contrats pétroliers sont soumis à une redevance superficiaire annuelle dont le montant et les modalités de règlement
sont précisées dans le contrat pétrolier.

En outre, l’obtention d’un permis de recherche ou d’un permis d’exploitation donne lieu au paiement d’un bonus de signature (droit d’entrée)
que son titulaire s’oblige à verser à l’Etat dont le montant est précisé dans le décret attributif du permis ainsi qu’un bonus de production que
le titulaire à l’obligation de verser à l’Etat en fonction des quantités d’hydrocarbures produites. Le bonus n’est pas amortissable aux fins du
calcul de l’impôt sur les sociétés ou du calcul du Cost Oil.

Le Code Pétrolier exonère les sociétés pétrolières de tous impôts et taxes autres que l’impôt sur les sociétés, la redevance minière
proportionnelle, la part de Profit Oil due à l’Etat, la redevance à la production, la taxe sur les véhicules à moteur, la contribution des patentes,
les impôts fonciers bâtis et non bâtis, les droits d’enregistrement et de timbre ainsi que les taxes perçues en raison des opérations pétrolières.

Enfin, les sociétés pétrolières éligibles peuvent également bénéficier de divers autres avantages fiscaux et douaniers consentis par le Code
des Investissements.

9. Contrôle de Changes

Le Code Pétrolier dispose que les sociétés pétrolières ont le droit d’opérer et d’ouvrir des comptes en monnaie locale (franc CFA) et
étrangère. De même, elles ont le droit d’encaisser les fonds acquis ou empruntés à l’étranger dans la limite des montants excédant leurs
obligations fiscales et leurs besoins locaux pour les opérations pétrolières.

Le Code Pétrolier prévoit en outre, le droit pour les sociétés pétrolières de payer directement à l’étranger, les fournisseurs non domiciliés en
RCI de biens et de services nécessaires à la conduite des opérations pétrolières et le droit de libre convertibilité entre la monnaie nationale et
les devises étrangères convertibles pour toutes les opérations de change se rapportant aux opérations pétrolières.
La RCI est membre de l’Union Economique et Monétaire Ouest Africaine (UEMOA), qui a adopté le 1 er octobre 2010, le Règlement
n°09/2010/CM/UEMOA, traitant notamment des paiements et de l’ouverture de comptes bancaires à l’intérieur et à l’extérieur de la
Communauté.

10. Droit OHADA

La République de Côte d’Ivoire est membre de l’Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Par
conséquent, la législation uniforme OHADA (portant sur des aspects clés du droit des affaires tels que le droit commercial, le droit des
sociétés et GIE, les sûretés, la comptabilité et l’arbitrage) est directement applicable à la RCI.
En ce qui concerne le droit des sociétés, l’Acte Uniforme OHADA révisé relatif au droit des Sociétés Commerciales et du Groupement
d’Intérêt Economique adopté le 30/01/2014 (publié au JO OHADA le 04/02/2014 et entré en vigueur le 05/05/2014), innove avec la création
de nouveaux outils répondant aux besoins de flexibilité des opérations liées au capital notamment avec la création d'actions de préférence,
l'attribution gratuite d'actions au profit du personnel et la reconnaissance de la faculté pour les sociétés par actions d'émettre des valeurs
mobilières composées.

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Cet Acte Uniforme prévoit tout de même certaines contraintes comme la limitation à un seul renouvellement pour 2 ans des succursales de
sociétés étrangères (à noter sur ce point qu’est reconnu le statut de bureau de liaison / représentation, qui pourront désormais être
immatriculés au Registre du Commerce et du Crédit Mobilier) et l’interdiction de distribuer des acomptes sur dividendes dans la zone
OHADA.
L’Acte Uniforme OHADA relatif au Droit de l’Arbitrage prévoit quant à lui une procédure d’arbitrage sous l’égide de la Cour Commune de
Justice et d’Arbitrage (CCJA) dont le siège est Abidjan en sa qualité de centre d’arbitrage. Les sentences rendues par un tribunal arbitral
OHADA ont directement force exécutoire dans tout pays OHADA, sans qu’elles ne requièrent au préalable d’homologation par les tribunaux
locaux.



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Dédia BANGALI
Juriste International
Contacts| Tél. (+33) 07 55 06 45 59
| bdedia@yahoo.fr
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