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Introduction

Tout régime politique n’est que la résultante du jeu des forces politiques et
plus particulièrement d’un ou plusieurs partis, dans le cadre institutionnel tracé
par la constitution. En ajoutons à cela les facteurs historiques, idéologiques et
économiques qui présentent une importance considérable.

Autrement dit, c’est la combinaison de ces différents éléments qui permet de


déterminer la nature des régimes et de les classifier.

Dans ce cours, il est question de traiter les régimes pluralistes qui se


caractérisent à la fois par leur unité, due à leur inspiration idéologique, et par
leur diversité, qui tient aux modalités variées adoptées pour l’aménagement
des pouvoirs publics.

Sur le plan idéologique, les régimes pluralistes se rattachent à l’idéal


démocratique sous sa forme majoritaire, d’autre part, ils procèdent de la
philosophie des lumières.

Sur le plan économique, ces régimes sont pratiqués par des sociétés
développées, mettant en œuvre le système capitaliste.

Sur le plan politique, ils affirment l’existence de libertés individuelles et


collectives, et respectent le droit de l’opposition de critiquer le gouvernement
et de s’efforcer de lui succéder au pouvoir.

Sur le plan institutionnel, ils aménagent le pouvoir de telle sorte que son
exercice demeure modéré, et pour cela, s’efforcent de réaliser un double
équilibre, d’une part, entre l’autorité et la liberté, et d’autre part, entre les
organes directifs chargés d’élaborer et conduire la politique nationale, et les
organes délibérants chargés de contrôler les précédents.

En effet, il existe deux principaux régimes, d’une part, ceux qui cherchent à
réaliser l’équilibre des pouvoirs exécutif et législatif en organisant leur
collaboration et en dotant le gouvernement et les assemblées de moyens
d’actions réciproques, c’est la voie du régime parlementaire. Et d’autre part, en
cherchant à réaliser l’équilibre des pouvoirs en les assurant qu’ils demeureront
en fonction pendant toute la durée préfixée de leurs mandats et en évitant
qu’ils ne disposent , les uns par rapport aux autres, de moyens d’actions
décisifs, c’est la voie du régime présidentiel.

Il faut signaler aussi, l’existence de régimes d’assemblée et de régimes mixtes.

Chapitre premier : les régimes parlementaires

A- Les origines historiques

Ils sont apparus au milieu du XVIII siècle en Grande Bretagne, au début du XIX
siècle en France, un peu plus tard dans les autres pays.

La naissance du régime parlementaire se situe, dans chaque pays, au moment


précis où un pouvoir royal encore fort mais déclinant doit composer avec des
organes représentatifs en pleine expansion.

C’est pourquoi ce régime apparait dès le début comme un régime libéral et de


notables, parce qu’il est lié au suffrage censitaire

La mise en place de ce régime a été lente et progressive, bien que la théorie de


la séparation des pouvoirs ait joué un rôle non négligeable dans cette mise en
place, toutefois ce régime a procédé de l’enchaînement des circonstances, de
la pression des événements.

B- Les mécanismes du régime parlementaire

Tout régime parlementaire peut être défini comme un régime dans lequel le
gouvernement doit disposer à tout moment de la confiance de la majorité
parlementaire.

1- La dissociation des organes exécutifs et la procédure du contreseing

En régime parlementaire, il y a d’une part, dissociation entre les fonctions de


chef de l’Etat et celles de chef de gouvernement, qui sont confiées à des
organes distincts et, d’autre part, transfert au second de la substance des
compétences extrêmement importantes qui étaient l’apanage traditionnel du
premier.
Le chef de l’Etat a pour vocation d’incarner la continuité de l’Etat mais, en
principe, il ne participe ou très peu à l’exercice du pouvoir, exception faite du
choix du chef du gouvernement et encore doit-il le choisir dans la majorité
parlementaire. Politiquement irresponsable et par conséquent assuré de
demeurer en fonction, pour la durée de son règne ou celle de son mandat, il
est aussi sans autorité réelle. Celle-ci est exercée par le chef du gouvernement
et par ses ministres.

Ce sont eux qui assument devant les assemblées la responsabilité de la


politique nationale.

En régime parlementaire, tout acte du chef de l’Etat doit être contresigné par le
chef du gouvernement, qui en prend ainsi la responsabilité devant les
chambres. A l’origine, le contreseing avait le caractère d’une acceptation par le
gouvernement de la décision prise par le chef de l’Etat. Actuellement, la
signature du chef de l’Etat a le caractère d’une authentification de la décision
prise par le gouvernement.

2- La responsabilité politique du gouvernement et la dissolution

C’est la pièce maitresse du régime parlementaire, elle permet, associée au


droit de dissolution, d’apporter une solution aux conflits susceptibles de
survenir entre le gouvernement et la majorité parlementaire, dont pourtant
il est issu.

La mise en cause de la responsabilité politique du gouvernement peut


conduire à la constitution d’un nouveau gouvernement qui aura la confiance
de la majorité, cependant que la dissolution peut dégager une nouvelle
majorité.

La responsabilité politique du gouvernement peut revêtir deux


significations. Dans le premier cas, il s’agit d’un moyen de pression du
gouvernement, qui pose la question de confiance ou engage sa
responsabilité, sur sa majorité, c’est-à-dire sur ceux qui doivent
normalement lui apporter leur soutien parce qu’ils appartiennent au même
parti. En effet, il constate chez ces derniers des réserves à l’égard de sa
politique générale ou d’un projet de loi important, il peut engager son
existence devant l’assemblée afin de les mettre devant leurs propres
responsabilités.

Dans le second cas, il s’agit d’un moyen d’action de l’assemblée sur le


gouvernement. Les parlementaires peuvent vouloir obliger celui-ci à
démissionner parce qu’ils désapprouvent sa politique. Logiquement
l’initiative doit alors venir des membres de l’opposition, qui déposent une
motion de censure en espérant y rallier une partie de la majorité.

La dissolution représente un autre moyen de résoudre le désaccord


éventuel entre le gouvernement et la majorité. il s’agit de faire appel à
l’arbitrage populaire, quel que soit le résultat, le chef de l’Etat n’a plus qu’à
choisir le chef du gouvernement au sein de la majorité qui conquiert le
pouvoir.

Il est à signaler, que la décision de prononcer la dissolution doit, en régime


parlementaire, toujours être prise par le chef du gouvernement, même si ,
en la forme, elle parait émaner du chef de l’Etat.

Ainsi, la dissolution ne s’applique qu’à l’assemblée élue au suffrage


universel direct.

3- La collaboration du gouvernement et des assemblées

Elle est impliquée par l’esprit même du régime parlementaire, qui exige, que le
gouvernement et la majorité soient étroitement soudés. C’est ainsi que les
ministres sont normalement choisi parmi les parlementaires et qu’ils ont accès
aux assemblées. Le gouvernement a l’initiative législative et participe
activement à l’élaboration de la loi.
C- Les modalités des régimes parlementaires

1- Régime parlementaire dualiste et régime parlementaire moniste

C’est sous sa forme dualiste que le régime parlementaire a d’abord été


pratiqué, le roi ne faisait pas que régner il gouvernait aussi, pour une part.

En ce régime, le gouvernement est politiquement nt responsable devant


l’assemblée et devant le roi qui participe activement à l’exercice du pouvoir.

En effet, ni la révocation u chef du gouvernement par le chef de l’Etat, ni sa


censure par l’assemblée ne pourraient suffire à rétablir l’harmonie. C’est
pourquoi le régime dualiste est justement critiqué, il ne présente aucun des
avantages attendus du régime parlementaire, puisqu’il met directement en
cause le chef de l’Etat et peut conduire au blocage. Ainsi, il fut abandonné par
tous les pays qui l’ont pratiqué.

La double responsabilité politique ne subsiste plus que dans les régimes mixtes.

2- Le régime parlementaire biparti et les régimes parlementaires


multipartis

Le régime parlementaire biparti a pour principale caractéristique de donner à


l’un des deux partis en présence la majorité absolue à l’assemblée, de ce fait, la
responsabilité politique du gouvernement ne sera pratiquement jamais mise en
cause, la stabilité gouvernementale est remarquable et l’alternance est
régulière.

Les régimes parlementaires multipartis présentent moins d’unité, certains


fonctionnent de manière remarquable l’Allemagne), d’autres connaissent des
situations différentes, c’est ainsi que la présence d’un grand parti d’opposition
peut obliger les autres partis à se coaliser pour éviter qu’il n’accède au pouvoir
(l’Italie).
3- Les régimes parlementaires rationalisés

Deux procédés sont utilisés pour rationaliser ces régimes. D’une part, on
s’efforce de donner au gouvernement, lors de sa formation, la plus large
majorité possible, pour cela le chef du gouvernement, doit se présenter devant
l’assemblée élue, lui présenter son gouvernement et exposer son programme,
pour en obtenir le vote d’investiture à une majorité qualifiée.

D’autre part, on s’efforce d’obliger les députés à bien réfléchir avant de


contraindre un gouvernement à la démission. C’est pourquoi la mise en cause
de la responsabilité politique du gouvernement est précédée de formalités qui
constituent autant d’obstacles : un délai de réflexion, une majorité qualifiée, la
désignation concomitante d’un gouvernement successeur.

4- L’évolution contemporaine du régime parlementaire

Désormais, les députés appartiennent à des partis et n’agissent plus à titre


individuel comme au début, ils doivent suivre avec discipline les consignes. Le
régime parlementaire est devenu un régime de partis.

Il s’en suit que lorsqu’il fonctionne correctement, on ne peut plus considérer le


gouvernement et l’assemblée comme des organes antagonistes, puisque c’est
le même parti qui dispose du premier et de la majorité au sein de la seconde.

D’autre part, on assiste à un recul des procédures traditionnelles, comme le


refus de confiance et la motion de censure, cela dépend dans une large mesure
à la solidité de la majorité.
Chapitre 2 - Le régime présidentiel

Ce régime se caractérise par une grande unité, dans le sens où il est peu
pratiqué par les Etats occidentaux, si l’on exclut les régimes présidentialistes
(concentration des pouvoirs au niveau de la présidence) d’Afrique et
d’Amérique latine, il s’agit essentiellement du modèle américain.

I - L’évolution historique du régime présidentiel

Ce régime est apparu à la fin du 18 eme siècle, avec la constitution des Etats
Unis de 1787, en d’autres termes, il s’est instauré plus d’un demi-siècle après
l’établissement du régime parlementaire de la Grande Bretagne, tout en
naissant dans une conjoncture bien distincte.

Ce régime se présente comme la traduction systématique des pensées des


lumières, tout particulièrement la théorie de la séparation des pouvoirs de
Montesquieu.

Même si le régime présidentiel émane de la pratique observée dans les


décennies qui suivirent l’adoption de la constitution américaine, mais en le
comparant avec le régime parlementaire, il demeure beaucoup plus la
résultante d’une volonté de ceux qui ont rédigé la constitution, que d’une
accumulation des faits et événements.

Il s’agit d’un régime lié à la réflexion sur le pouvoir, comme en témoigne sa


constitution, surtout dans ses trois premiers articles consacrés à la séparation
des pouvoirs.

II Les fondements du régime présidentiel

Ce régime se caractérise par sa simplicité et surtout par l’équilibre des pouvoirs


exécutif et législatif et leur autonomie réciproque et leur certitude de
demeurer en fonction jusqu’à la fin de leur mandat.
1- L’unité de l’exécutif et l’autorité du président

Le régime présidentiel est un régime de concentration du pouvoir exécutif


entre les mains du président, celui-ci dispose de la plénitude du pouvoir
exécutif. Il l’exerce soit directement soit par l’intermédiaire de ses « ministres
». Ici, il n’y a pas une dualité de l’exécutif, plus encore le président est à la fois
chef de l’Etat et chef du gouvernement, et en conséquence les « ministres » ou
collaborateurs relèvent directement de lui, il les choisit, les nomme, et les
révoque.

Ainsi, le président est le titulaire exclusif du pouvoir exécutif, dans la mesure où


il n’y a pas de chef du gouvernement. Quant au vice-président, élu en même
temps que le président, ne peut jouer un rôle politique que dans la marge
voulue par le président.

Les « ministres » ou collaborateurs ne constituent pas un gouvernement, c’est-


à-dire un organe collégial et solidaire, chacun d’eux est chargé d’accomplir une
tache et mettre en œuvre la politique du président, celui-ci peut à n’importe
quel moment mettre fin aux fonctions d’un collaborateur.

En régime présidentiel, le président est en principe élu au suffrage universel


direct ou quasi direct, il peut s’agir même d’une élection par un collège de
grands électeurs, même si ce procédé est moins démocratique mais de toute
façon, l’élection doit se faire sur une base dépassant largement le cadre
restreint des assemblées parlementaires. Cela s’explique par le fait que le
président qui est censé conduire la politique nationale devrait bénéficier d’une
légitimité sur pied d’égalité avec celle des organes représentatifs.

2- L’autonomie réciproque du président et des assemblées

La spécificité du régime présidentiel tient du fait que les instances exécutives


(le président et les collaborateurs) disposent de la plénitude du pouvoir
exécutif, et les organes législatifs (les assemblées) disposent pleinement du
pouvoir législatif, et ce tout au long de leurs mandats.

Ceci étant, aucun organe ne peut interférer dans l’exercice des attributions
dévolues à l’autre : le président ne peut pas légiférer, et les assemblées ne
peuvent nullement intervenir en matière exécutive.
D’autre part, aucun organe ne peut exercer une pression à l’égard de l’autre : le
président n’a pas la compétence de prononcer la dissolution de l’assemblée, et
celle-ci ne peut mettre en cause la responsabilité politique du président. Après
l’élection, chaque organe demeure au pouvoir pour la durée de son mandat.
D’ailleurs l’institution de la vice-présidence s’explique par la volonté d’achever
le mandat du pouvoir exécutif en cas de disparition du président.

3- Les difficultés du régime présidentiel

La séparation stricte du pouvoir, caractéristique du régime présidentiel


engendre des difficultés à la fois politiques et institutionnelles.

Les difficultés institutionnelles sont claires et prouvent bien que le régime


présidentiel américain est le fruit de visions anciennes et parfois même
dépassées. Le fait que les assemblées disposent de la plénitude du pouvoir
législatif, empêche le dépôt de projets de lois par le président, alors que ce
dernier est élu pour mettre en œuvre son programme et il a énormément
besoin de la voie législative.

Les difficultés politiques peuvent engendrer une paralysie du système.si le


président et les majorités parlementaires ne relèvent pas du même courant
politique, il y a un risque de blocage et de tensions, et de sa part le régime
présidentiel ne contient pas des mécanismes capables de résoudre les
éventuels conflits.

Et comme chaque organe est assuré de demeurer en fonction jusqu’à la fin du


mandat, les deux pouvoirs sont condamnés à vivre ensemble même en
désaccord.

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