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GMENTÉE
NOUVELLE ÉDITION AU FRANÇOIS MAQUESTIAUX 2e ÉDITION
DE DEUX CHAPITRES
C
lair et accessible, cet ouvrage propose une
Conçue pour l’apprentissage et synthèse des connaissances sur l’attention en
l’autoévaluation des étudiants psychologie cognitive, en les mettant en lien
F. MAQUESTIAUX
Pour chaque chapitre : avec les études historiques, les arguments
Psychologie
u Un plan empiriques et les débats scientifiques d’aujourd’hui.
u De nombreuses illustrations Grâce à de nombreux exemples concrets, il explique
son fonctionnement et expose les enjeux de cette
u Un résumé du chapitre
notion centrale de la psychologie dans certaines
u Des questions pour se tester
grandes questions transdisciplinaires, comme celles
u Des lectures pour aller plus loin
de la mémoire, de l’apprentissage et de la conscience.
de l’attention
En fin d’ouvrage :
Cette nouvelle édition intègre l’étude de l’attention
u Toutes les définitions du point de vue du stress et du mouvement. Dans
u Une bibliographie exhaustive chaque chapitre est détaillée une recherche actuelle
u Des liens web ou aux frontières de la thématique développée, qui
u Un index pour mieux se repérer l’éclaire d’une perspective nouvelle.
Psychologie de l’attention
François Maquestiaux est professeur de psychologie cognitive à l’Université Bourgogne Franche-Comté,
à Besançon, et membre de l’Institut Universitaire de France. Préfaces de Patrick Lemaire et Serge Nicolas
Postface de Michel Isingrini
Sous la direction de JACQUELINE RICHELLE 2e ÉDITION PATRICK LEMAIRE / ANDRÉ DIDIERJEAN 3e ÉDITION MICHEL BORN / FABIENNE GLOWACZ 4e ÉDITION
Utilisation et interprétation
u
du test uCours complet avec résumés uCours illustré avec résumé
uRésumés et tests
Les illustrations dans
u u150 illustrations en couleurs uDéfinitions et tests
un dépliant uDéfinitions et tests uExercices et cas cliniques
Exercices et cas cliniques
u Accès gratuit à la version
u Accès gratuit à la version
u
Accès gratuit à la version
u numérique NOTO numérique NOTO
numérique NOTO
L
L Dans le cadre du Système
ISBN : 978-2-8073-0736-0
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la version numérique de votre ouvrage M de Crédits (E.C.T.S.), ce manuel
couvre les niveaux Licence
• 24h/24, 7 jours/7
• Offline ou online, enregistrement synchronisé
(Baccalauréat/Bachelor) 2 D
• Sur PC et tablette
• Personnalisation et partage
D et 3 et Master 1.
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9 1
1 I John B. WATSON (1878-1958). Psychologue américain, il fut professeur à l’Université de 7 I Carl Gustav JUNG (1875-1961). Médecin et psychologue suisse, il a été l’élève de Freud.
Chicago et au laboratoire psychologique de l’Université Johns Hopkins. Il a eu un impact En désaccord avec celui-ci, il va créer sa propre théorie. Il a créé sa propre théorie et est
majeur sur le développement de la théorie behavioriste. ainsi devenu le fondateur de la psychologie analytique.
2 I Albert BANDURA (1925- ). Psychologue canadien, il enseigne à l’Université de Stanford 8 I Anna FREUD (1895-1982). Fille de Sigmund Freud, elle se consacra dès 1926 à la psycha-
depuis 1953. Ses recherches portent sur les différents aspects de la théorie sociale nalyse des enfants. Elle a été toute sa vie en opposition avec Mélanie Klein.
cognitive. 9 I Ivan Petrovich PAVLOV (1849-1936). Chimiste russe, il travailla à l’Académie mili-
3 I Françoise DOLTO (1908-1988). Médecin et psychanalyste française, elle est une dis- taire de Saint-Petersbourg. Il a mis en lumière l’existence du réflexe conditionné appelé
ciple de Freud. Son œuvre est consacrée à ce qu’elle nomme elle-même « la cause aujourd’hui « réflexe pavlovien ».
des enfants ». 10 I Jacques LACAN (1901-1981). Médecin et psychanalyste français, il a défendu les théo-
4 I Abraham MASLOW (1908-1970). Psychologue américain, il a enseigné dans plusieurs ries freudiennes. Il a expliqué la structure de l’inconscient et a défini la structure du
universités. Il fut la figure de proue de la psychologie humaniste. Il est l’inventeur de la sujet.
célèbre pyramide qui porte son nom. 11 I Mélanie KLEIN (1882-1960). Psychanalyste autrichienne, elle est autodidacte. Elle a
5 I Hermann RORSCHACH (1884-1922). Médecin, psychiatre et psychanalyste suisse, élaboré la technique du jeu comme moyen d’accès à l’inconscient. Elle a été toute sa vie
il exerça dans plusieurs asiles. Son œuvre principale est consacrée à la psychologie en opposition avec Anna Freud.
religieuse. 12 I Burrhus Frederic SKINNER (1904-1990). Psychologue américain, il a enseigné dans
6 I Sigmund FREUD (1856-1939). Médecin et psychanalyste autrichien, il est considéré plusieurs universités. Il affirme que les comportements humains sont déterminés par
comme le père de la psychanalyse moderne. l’effet qu’ils produisent dans l’environnement.
Psychologie
de l’attention
PRÉFACES DE PATRICK LEMAIRE
ET SERGE NICOLAS
Dépôt légal :
Bibliothèque nationale,
Paris : octobre 2017
Bibliothèque royale de Belgique, ISSN 2030-4196
Bruxelles : 2017/13647/170 ISBN 978-2-8073-0736-0
Remerciements................................................................................... 7
Préface à la première édition.............................................................. 9
Préface à la deuxième édition............................................................. 11
Introduction....................................................................................... 15
PARTIE 1
PARTIE 2
L’attention à la rencontre
d’autres concepts psychologiques
C hapi tr e 6 Mémoire de travail...................................................... 161
C hapi tr e 7 Conscience.................................................................. 185
C hapi tr e 8 Self-control.................................................................. 207
C hapi tr e 9 Mouvement................................................................. 233
C hapi tr e 1 0 Stress.......................................................................... 261
Conclusion......................................................................................... 279
Postface............................................................................................. 289
Glossaire............................................................................................ 291
Bibliographie...................................................................................... 297
Webographie..................................................................................... 315
Index des auteurs............................................................................... 319
Liste des tableaux et figures................................................................ 323
Table des matières............................................................................. 329
Lors de la rédaction des deux éditions de cet ouvrage, j’ai sollicité l’aide de collègues et
de spécialistes pour des relectures, des avis et des conseils bibliographiques. Je remer-
cie donc chaleureusement Robin Baurès, Cédric Bouquet, Valérie Camos, Guillaume
Chauvel, André Didierjean, Stéphane Ibrahime, Sid Kouider, Marie Mazerolle et Kévin
O’Regan.
Les discussions, échanges et débats stimulants et enrichissants avec mes collabora-
teurs et amis de longue date ont nécessairement nourri le contenu de ce livre. Un très
grand merci à Guillaume Chauvel, André Didierjean, Alan Hartley, Nicholas Gaspelin
et Eric Ruthruff.
Je tiens à remercier Michel Isingrini, Patrick Lemaire et Serge Nicolas de m’avoir fait
l’immense honneur d’écrire la préface ou la postface de cet ouvrage. Sachez que vos
accomplissements et engagements scientifiques sont des modèles pour moi.
Cette seconde édition de Psychologie de l’attention n’aurait certainement pas vu le jour,
en temps et en heure, sans le soutien et la qualité du suivi éditorial de Bruno Leclercq
et d’Anouk Verlaine. Un grand merci à vous d’avoir toujours répondu avec précision
et clarté à mes questions sur le texte.
Enfin, merci, merci, merci à Bérengère, Emile et Philémon, mes coéquipiers de vie.
L’attention
et ses rouages
S o m m aire
C hapi tre 1
Attention divisée . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23
C hapi tre 2
Attention sélective . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 45
C hapi tre 3
Capture de l’attention . . . . . . . . . . . . . . . . 71
C hapi tre 4
Attention centrale . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 99
C hapi tre 5
Automaticité . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 127
1 Attention divisée
S o m m aire
1. Introduction . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24
3. Conclusion . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 39
1. Introduction
Dans la vie de tous les jours, l’être humain est souvent amené à faire attention à
plusieurs stimuli survenant quasi simultanément ou à faire plusieurs tâches en même
temps. Au volant, le conducteur contrôle son véhicule en effectuant différentes actions
avec les mains et les pieds (afin de corriger la direction, réguler la vitesse…) tout en
faisant beaucoup d’autres choses, comme analyser les événements survenant sur la
route, penser à la planification des vacances à venir, écouter une émission à la radio,
discuter avec un passager ou encore régler un problème professionnel au téléphone2.
À l’université, des étudiants accomplissent parfois la prouesse de suivre un cours tout
en lisant le journal ou tout en envoyant des SMS3.
Des exemples de ce type, et bien d’autres encore, ont incité les psychologues à poser
deux postulats. Le premier postulat est qu’une ressource mentale, appelée attention4,
est généralement utilisée en quantité variable lors de la réalisation de la plupart des
activités psychiques. Le second postulat est que la ressource en attention est dispo-
nible à tout instant pour chacune des choses auxquelles les individus pensent ou pour
chacune des tâches qu’ils accomplissent. Sur la base de ces postulats, les psychologues
ont cherché à répondre à des questions relatives à la façon dont l’attention autorise
ou non à traiter en même temps plusieurs stimuli ou à faire plusieurs tâches en même
temps. Ainsi, l’attention est-elle véritablement divisible entre les traitements ou entre
les tâches ? Quelles sont les limites à la division de l’attention ? L’attention repose-t-
1. Dans ce livre, le terme de stimulus désigne toute information parvenant à l’un des organes des sens
et donc a toute information pouvant faire potentiellement l’objet d’un traitement cognitif.
2. Ce comportement est répréhensible.
3. Ces comportements sont aussi répréhensibles.
4. Autrefois, les psychologues parlaient d’énergie mentale plutôt que d’attention. Aujourd’hui, on
parle d’effort, de capacité, de ressources attentionnelles ou d’attention, sans faire réellement de dis-
tinction. Dans cet ouvrage, nous nous limiterons autant que possible à une seule formulation, celle
d’attention, choisie en raison de sa simplicité.
elle sur une seule et unique ressource ou sur un faisceau de ressources ? Existe-t-il
des opérations mentales qui recrutent la totalité de l’attention disponible ? Lorsque
plusieurs tâches sont effectuées en même temps, le traitement de certaines d’entre elles
influence-t-il le traitement d’autres tâches, notamment lorsque les contenus traités se
ressemblent ?
La question de la division de l’attention a commencé à être étudiée de manière scien-
tifique vers la fin du dix-neuvième siècle. À cette époque, plusieurs philosophes
– notamment Spencer, Ribot et Wundt5 – débattaient sur la question de la coexistence
possible ou non de deux actes psychiques, c’est-à-dire sur la possibilité de penser à
deux choses différentes au même moment. Pour tenter de répondre à cette question, le
philosophe français Paulhan (1887) eut l’ingénieuse idée de concevoir des expériences
rigoureuses consistant à évaluer le comportement d’un individu (en l’occurrence lui-
même) dans différentes situations. Grosso modo, il s’agissait de faire deux tâches en
même temps. Dans une des situations, par exemple, Paulhan récitait un poème tout
en lisant un autre poème. Cette méthode d’investigation de l’attention, basée sur la
mesure du comportement humain en situation de double tâche, a fait des émules : elle
a été reprise, modifiée, améliorée, raffinée, sophistiquée… dans une myriade de travaux
scientifiques publiés au cours du vingtième siècle et au début du vingt et unième siècle.
En plus de cent ans, les procédures de double tâche ont connu une évolution sans
précédent et cette évolution a permis de mieux comprendre la nature des mécanismes
de l’attention en jeu lorsque plusieurs tâches sont effectuées à la fois (ces mécanismes
seront décrits en détail dans le chapitre sur l’attention centrale ; voir aussi la façon
dont les activités de maintien et de traitement sont coordonnées en mémoire de travail
dans le chapitre sur la mémoire de travail).
La question centrale de ce chapitre est la suivante : existe-t-il des propositions théoriques
de l’attention divisée plus légitimes que d’autres ?
5. Pour davantage d’informations sur les pères fondateurs de la psychologie scientifique et son déve-
loppement, se référer à l’ouvrage Histoire de la psychologie de Nicolas (2001).
contenu des informations en faisant l’hypothèse que plus les contenus traités par dif-
férentes tâches sont différents, plus la division de l’attention est facile, et inversement
(Allport, 1987 ; Hirst & Kalmar, 1987 ; Navon & Miller, 1987). Enfin, une quatrième
proposition stipule que des limitations structurales – appelées filtres attentionnels ou
plus communément goulets d’étranglement (bottleneck) – autorisent ou non la division
de l’attention entre plusieurs tâches, selon leurs positions au sein des étapes du traite-
ment de l’information (Broadbent, 1958 ; Deutsch & Deutsch, 1963 ; Pashler, 1994).
Éveil
Ressource Capacité Figure 1.1
en attention disponible Proposition de la capacité
attentionnelle partagée.
Allocation Adaptation librement
selon les intentions inspirée du schéma
proposé par Kahneman
(1973).
Tâches
possibles
Réponses
réaliser. Par exemple, plus l’individu attribue une priorité élevée à une tâche, plus une
quantité importante d’attention sera allouée à cette tâche. Le contrôle cognitif émanant
de la volonté de l’individu reflète la mise en jeu de traitements descendants (ou top
down). Ces traitements, ainsi que les traitements ascendants (ou bottom-up) qui sont
déclenchés et dirigés par les stimuli, seront présentés plus en détail dans le chapitre
sur l’attention sélective et dans le chapitre sur la capture de l’attention.
Une quatrième caractéristique est que le besoin en attention d’une tâche (en quantité
plus ou moins grande) n’implique pas nécessairement que l’ensemble des traitements
mentaux sous-jacents ont besoin d’attention. Par exemple, Kahneman (1973) conçoit
que les stades périphériques du traitement de l’information, notamment ceux en
charge du traitement des caractéristiques physiques du stimulus, puissent être activés
par l’apparition du stimulus sans pour autant consommer d’attention.
La cinquième caractéristique est que la quantité d’attention disponible dépendrait du
niveau d’éveil physiologique (arousal). Cette caractéristique singulière, qui apparaît
dans l’ovale de la figure 1.1, a deux implications notables. La première est que la diminu-
tion de l’éveil, par exemple imputable à de la fatigue ou à la prise de somnifères, réduit
la quantité d’attention disponible à un moment donné. La seconde implication est que
les demandes de la situation modulent le niveau d’éveil. Ainsi, la quantité d’attention
disponible sera plus importante dans une situation impliquant un niveau d’éveil élevé
(par exemple lorsqu’un individu conduit en ville) que dans une situation impliquant un
niveau d’éveil bas (lorsqu’un individu conduit sur une route de campagne)6.
fois ne prennent aussi que 6 secondes. Il n’y a donc aucune perte de temps pour
une des deux opérations à la combiner avec l’autre. Les résultats de toute une série
d’expériences semblables ont été parfaitement concordants (Paulhan, 1887, p. 687).
Les résultats présentés dans ces extraits, notamment ceux du deuxième, valident l’hy-
pothèse d’une division de l’attention : Paulhan multiplie tout en récitant (condition de
double tâche) en deux fois moins de temps que la somme des temps de réalisation de
ces deux tâches séparément (condition de simple tâche)… Aussi savoureuses soient-
elles, les expériences de Paulhan (1887) présentent plusieurs biais méthodologiques
qui limitent la portée des conclusions que l’on peut en tirer. Le premier biais est que
Paulhan est à la fois juge et partie, ce qui laisse une part non négligeable à la subjecti-
vité dans la conduite de cette étude. Le deuxième biais est l’utilisation d’un seul par-
ticipant (Paulhan en personne !), ce qui ne permet pas de savoir si les résultats sont
spécifiques à Paulhan ou s’ils sont plus généraux, c’est-à-dire s’ils s’observeraient sur
un échantillon plus important d’individus. Le troisième biais concerne le peu de fiabi-
lité des mesures. Imaginez un peu les erreurs de mesure qui surviennent quand, à la
fois, on surveille le temps sur une horloge, la qualité de la production de deux tâches
complexes tout en les effectuant ! Dans ces conditions, il est difficile d’effectuer une
analyse sérieuse des mécanismes de l’attention à l’œuvre. On peut relever des bais
méthodologiques similaires dans les études consistant à lire de courtes histoires tout
en écrivant des mots sous la dictée (Downey & Anderson, 1915 ; Solomons & Stein,
1896).
Avec des mesures plus objectives du comportement (par exemple la mesure du temps
avec un chronomètre par un expérimentateur plutôt que par le participant lui-même)
de plusieurs individus effectuant une tâche ou plusieurs tâches, dans des conditions
expérimentales rigoureuses et reproductibles, différentes études ont obtenu des
résultats en accord avec l’hypothèse d’une division de l’attention (Allport, Antonis,
& Reynolds, 1972 ; Shaffer, 1975 ; Spelke, Hirst, & Neisser, 1976). Par exemple,
Spelke et al. (1976) ont évalué la capacité de deux étudiants à apprendre à lire des his-
toires (dont la longueur varie de 700 à 5 000 mots) tout en écrivant des mots dictés
par l’expérimentateur (une vingtaine de mots par liste). Les deux étudiants ont par-
ticipé à 85 sessions expérimentales d’une heure chacune. Le premier résultat est que
les participants, même s’ils éprouvent de grandes difficultés à faire en même temps les
deux tâches complexes, s’améliorent progressivement d’une session expérimentale à
l’autre… à tel point qu’ils parviennent à un niveau de performance en double tâche
« parfait ». Concrètement, avec la pratique, les étudiants ont réussi à lire un texte et
à écrire sous la dictée aussi rapidement en condition de double tâche qu’en condition
de simple tâche. Ce résultat a été interprété comme la preuve d’une division possible
de l’attention entre des tâches complexes. Le second résultat est qu’avec la pratique,
les participants ont développé la capacité à comprendre le sens des histoires, à décou-
vrir les relations entre les mots dictés et à les catégoriser selon leur signification,
aussi efficacement en condition de double tâche qu’en condition de simple tâche.
D’après Spelke et al., le fait que les deux étudiants sont devenus capables d’extraire
simultanément la signification véhiculée par deux sources d’informations distinctes
(des mots écrits et des mots lus) fournit une preuve supplémentaire en faveur de la
division de l’attention.
En somme, les résultats de Spelke et al. (1976) suggèrent que l’attention puisse être
allouée simultanément à deux tâches complexes. En ce sens, ils sont compatibles avec la
proposition d’une capacité attentionnelle partagée (Kahneman, 1973). Mais Spelke et al.
admettent la possibilité d’une autre interprétation. D’après ces auteurs, leur procédure
expérimentale, en utilisant deux tâches complexes (lire des histoires et écrire des mots
dictés), ne serait pas suffisamment sensible pour détecter une alternance rapide de
l’attention d’une tâche à l’autre. Il n’y aurait donc pas de division de l’attention au sens
strict. Dans une étude révélant que des dactylographes experts parviennent à taper un
texte et à réciter des comptines en même temps et sans interférence observable, Shaffer
(1975) fait écho à une telle hypothèse de l’alternance attentionnelle. Néanmoins, cette
hypothèse est infalsifiable dans un tel contexte puisque le déroulement de tâches com-
plexes est essentiellement sous le contrôle du participant. Si la durée de réalisation des
tâches et le nombre d’erreurs sont connus de l’expérimentateur, il lui est impossible d’en
déduire la nature des opérations mentales mises en jeu par exemple à la 18e seconde
d’une tâche qui a duré 60 secondes… Dans le chapitre sur l’attention centrale et le cha-
pitre sur l’automaticité, nous décrirons comment l’utilisation de procédures expérimen-
tales grandement épurées (notamment en utilisant des tâches de temps de réaction) a
permis de tester l’hypothèse de l’alternance de l’attention.
7. Notons que ce cas de figure ne permet pas d’écarter la proposition selon laquelle il existe une seule
ressource en attention.
Figure 1.2
Deux cas extrêmes illustrant l’influence d’une consommation accrue des ressources en attention
par une tâche sur la performance de l’autre tâche, selon que les deux tâches mobilisent ou non
les mêmes ressources en attention. Adapté d’après Wickens (1984).
Stade Stade
Canal d’entrée
Visuel Visuel
Auditif Auditif
Spatial Spatial
Verbal Verbal
Co
Co
d
d
e
e
Figure 1.3
Proposition de multiples ressources en attention (ou « réservoirs ») selon trois grandes dimensions :
stade de traitement, code de l’information et canal sensoriel (d’entrée et de sortie). Selon les tâches,
il est possible de décomposer chacune des dimensions en plusieurs sous-composantes.
Schéma (très) librement inspiré de Wickens (1984).
Dans le cadre d’expérimentations, il est assez facile d’illustrer ce à quoi on peut s’at-
tendre si la proposition de multiples ressources en attention est valide. Prenons le cas de
deux tâches de temps de réaction effectuées en même temps : une tâche visuomanuelle
consistant à répondre avec l’index ou le majeur de la main droite à l’apparition d’un
signal visuel (par exemple la lettre A ou la lettre B) et une tâche auditive-vocale consis-
tant à dire « haut » ou « bas » à l’apparition d’un signal sonore (par exemple un son aigu
ou un son grave). Ces deux tâches utilisent des modalités distinctes d’entrée sensorielle
(le canal visuel vs le canal auditif), des codes distincts de réponses (un code spatial vs un
code verbal) et des modalités distinctes de sortie motrice (une réponse manuelle vs une
réponse vocale). D’après la proposition de Wickens (1984), on peut supposer que ces
deux tâches puisent dans des réservoirs en attention distincts pour traiter les entrées
sensorielles, les codes centraux, et pour traiter les sorties motrices. Maintenant, si l’on
transforme la tâche auditive-vocale en une tâche visuovocale – par exemple, il pourrait
s’agir de présenter la lettre (A ou B) soit en rouge soit en bleu et de demander au parti-
cipant de dire la couleur de la lettre (« rouge » ou « bleu »), alors la tâche visuovocale et
la tâche visuomanuelle vont probablement puiser dans le même réservoir en attention
pour traiter les entrées sensorielles visuelles, ce qui devrait poser davantage de diffi-
cultés lors de la réalisation conjointe de ces deux tâches. On peut tenir exactement le
même raisonnement en transformant cette fois-ci la tâche auditive-vocale en une tâche
auditive-manuelle consistant par exemple à répondre avec l’index ou le majeur de la
main gauche à l’apparition du signal sonore aigu ou grave (tandis qu’on utilise la main
droite pour la tâche visuomanuelle). Dans cet exemple, la tâche auditive-manuelle et la
tâche visuomanuelle vont emprunter le même canal de sortie motrice. La possibilité que
ces deux tâches puisent dans le même réservoir en attention va probablement poser
des difficultés lors de leur réalisation conjointe. Ces difficultés se manifesteront par des
allongements des temps de réaction aux deux tâches réalisées conjointement.
2.3. La diaphonie
1 000
Condition de simple tâche
900
Condition de double tâche
800
Temps de réaction (ms)
700
600
500
400
300
200
100
0
Tâche Tâche Tâche Tâche
visuo-manuelle auditive-vocale visuo-vocale auditive-manuelle
Expérience 1 Expérience 2
Figure 1.4
Représentation d’une partie des résultats obtenus dans les expériences 1 et 2 de Levy et Pashler
(2001).
Panel A
S1
Extraction Extraction
S2 Sélection de Initiation de
des propriétés des propriétés
S.. la réponse la réponse
physiques sémantiques
Sn
Panel B
S1
Extraction Extraction
S2 Sélection de Initiation de
des propriétés des propriétés
S.. la réponse la réponse
physiques sémantiques
Sn
Temps
Figure 1.5
Le panel A représente le modèle de Broadbent (1957, 1958) selon lequel le stade de traitement consistant
à extraire la signification d’un stimulus opère pour un seul stimulus à la fois. Le goulet d’étranglement est donc
localisé en aval du stade d’extraction des propriétés physiques des stimuli et en amont du stade de sélection
de la réponse. Le panel B représente le modèle de Deutsch et Deutsch (1963) selon lequel la signification
de plusieurs stimuli est extraite de façon simultanée. Le goulet d’étranglement est donc localisé en aval
du stade d’extraction des propriétés sémantiques.
Sommaire.......................................................................................... 5
Remerciements................................................................................... 7
Préface à la première édition.............................................................. 9
Préface à la deuxième édition............................................................. 11
Introduction....................................................................................... 15
1. Qu’est-ce que l’attention ?.......................................................... 17
2. Comment l’attention est-elle étudiée en psychologie cognitive ?.... 18
3. Aborder l’attention sous l’angle de la psychologie cognitive :
un choix délibéré......................................................................... 18
4. Organisation de l’ouvrage............................................................ 19
5. Par où commencer...................................................................... 19
6. Questions centrales..................................................................... 20
PARTIE 1
2.3. La diaphonie............................................................................... 33
2.3.1. Le contenu des informations influence la division de l’attention... 33
2.3.2. Arguments empiriques........................................................ 34
2.4. Les limitations structurales de l’attention..................................... 35
2.4.1. Les filtres ou goulets d’étranglement de l’attention................. 35
2.4.2. Arguments empiriques........................................................ 37
3. Conclusion.................................................................................. 39
Changement de perspective
Interférence entre langage et conduite :
un argument en faveur du crosstalk............................................ 41
PARTIE 2
L’attention à la rencontre
d’autres concepts psychologiques
4. Conclusion.................................................................................. 273
Changement de perspective
Stress social : l’exemple des stéréotypes....................................... 275
Conclusion......................................................................................... 279
Postface............................................................................................. 289
Glossaire............................................................................................ 291
Bibliographie...................................................................................... 297
Webographie..................................................................................... 315
Index des auteurs............................................................................... 319
Liste des tableaux et figures................................................................ 323
pyschologiques
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C
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