Vous êtes sur la page 1sur 17

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53.

© Épargne sans frontière


LES LIMITES DE L’OUTIL DE NOTATION INTERNE APPLIQUÉ PAR
LES BANQUES AUX PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES (PME) :
CAS DU MAROC
Asmae Benthami
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

Épargne sans frontière | « Techniques Financières et Développement »

2016/3 n° 124 | pages 139 à 154


ISSN 1250-4165
Article disponible en ligne à l'adresse :
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
http://www.cairn.info/revue-techniques-financieres-et-
developpement-2016-3-page-139.htm
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Pour citer cet article :


--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
Asmae Benthami, « Les limites de l’outil de notation interne appliqué par les
banques aux petites et moyennes entreprises (PME) : Cas du Maroc », Techniques
Financières et Développement 2016/3 (n° 124), p. 139-154.
--------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Distribution électronique Cairn.info pour Épargne sans frontière.


© Épargne sans frontière. Tous droits réservés pour tous pays.

La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les
limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la
licence souscrite par votre établissement. Toute autre reproduction ou représentation, en tout ou partie,
sous quelque forme et de quelque manière que ce soit, est interdite sauf accord préalable et écrit de
l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation en vigueur en France. Il est précisé que son stockage
dans une base de données est également interdit.

Powered by TCPDF (www.tcpdf.org)


Financement des PME
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

LES LIMITES DE L’OUTIL DE NOTATION INTERNE


APPLIQUÉ PAR LES BANQUES AUX PETITES ET
MOYENNES ENTREPRISES (PME) : CAS DU MAROC

Asmae Benthami, Enseignante chercheure, Université Mohammed V de Rabat

Les petites et moyennes entreprises (PME) sont des acteurs déterminants dans le
développement socio-économique du Maroc. Néanmoins, leur contribution à la
création de la valeur ajoutée reste très faible et ne dépasse pas les 20 %. En cher-
chant les causes qui empêchent les PME de jouer pleinement leur rôle et de fran-
chir le stade de grandes entreprises, nous trouvons la difficulté d’accès aux crédits
bancaires.
Jusqu’en 2008, ce problème a touché principalement les crédits d’investissement.
En effet, « les banques ont poursuivi l’assouplissement des conditions d’octroi de crédit
aux entreprises qui a davantage concerné les crédits accordés aux PME et aux TPE. Cet
assouplissement a concerné plus particulièrement les prêts à court terme, ceux à moyen
et long termes ont vu, en revanche, leurs conditions se resserrer » (Bank Al Maghrib,
2008). Or, pour les PME, c’est cette dernière catégorie de crédits qui est la plus
importante, elle constitue pour elles le principal moyen pour financer leur crois-
sance, surtout qu’elles « ne peuvent pas recourir aux marchés de capitaux aussi faci-
lement que les grandes entreprises pour obtenir des ressources tant en dette qu’en fonds
propres » (Chertok et al., 2009).
A partir de 2009, la difficulté d’accès s’est généralisée à tous les types de crédits
demandés par les PME. En effet, il s’est révélé qu’à cause de la dégradation des pers-
pectives économiques générales et du renchérissement des coûts des ressources, les
banques marocaines ont procédé au durcissement des conditions d’octroi de crédits

139 TFD 124/125 - Novembre 2016


aux PME (Bank Al Maghrib, 2009).
Ainsi, pour aider les PME marocaines, il est nécessaire de leur faciliter l’accès à plus
de crédits, mais il faut aussi s’assurer de la bonne fin de l’opération, car si le crédit
accordé se transforme en une créance en souffrance1, la situation des PME se dégra-
dera encore plus. Quant à la banque, elle deviendra plus réticente à l’égard de cette

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
catégorie d’entreprises.
Pour éviter d’arriver à ce stade, Bâle 2 a mis en place le système de notation interne
et a préconisé son adoption en raison des avantages qu’il présente : « une diminution
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

potentielle des besoins en fonds propres pour une banque au profil de risque moyen [et]
une meilleure gestion du risque » (Ogien, 2008). Bank Al Maghrib, à son tour, a for-
tement recommandé aux banques marocaines l’utilisation de la notation interne,
surtout que la première approche dite standard s’est révélée insuffisante. D’une part
à cause de « l’impact du risque pays qui ne permet pas aux entreprises d’obtenir une
note meilleure que la note souveraine ainsi que du nombre faible de notation conjugué
à l’absence d’agences de notations domestiques » (Bank Al Maghrib, 2007). D’autre
part, « l’application des modèles internes nécessite la construction d’une base de données
complète et de qualité. Elle est soumise à la validation et à l’approbation de la commis-
sion bancaire, qui apprécie si les dispositifs de gestion du risque internes à la banque sont
d’une qualité suffisante » (Ogien, 2008).
Mais sur le plan pratique, l’application par les banques du système de notation
interne implique-t-elle une meilleure appréciation de la clientèle des PME ? Car
seul un jugement approprié et objectif est de nature à sauvegarder les intérêts des
différentes parties et atteindre le développement escompté.
Pour y répondre, nous allons, dans un premier temps, présenter les outils de mana-
gement du risque de crédit appliqués par les banques en nous focalisant sur les
raisons de passage d’un outil à l’autre. Dans un deuxième temps, nous allons mettre
l’accent sur les apports de l’outil de notation interne appliqué aux PME en nous
basant sur l’étude du cas de la Banque Populaire qui gère, à elle seule, environ 50 %
des PME marocaines, soit 10 000 entreprises (Belghazi, 2009) et en procédant à
une étude comparative entre l’ancienne technique de cotation que cette banque
utilisait et son actuel système de notation interne. Dans un troisième temps, nous
allons préciser que malgré tous ses apports, l’outil de notation interne reste d’une
qualité insuffisante.

Les outils de management du risque de crédit


La distribution des crédits constitue la principale activité bancaire, mais elle
demeure la plus risquée. Face à cette situation, les entreprises bancaires ne cessent
de changer de méthode d’évaluation du risque de crédit en vue d’en trouver une
qui soit la plus efficace.

1 Les créances en souffrance désignent, généralement, les encours de crédit dont le remboursement ne s’est pas produit durant plus de 90 jours
après l’échéance. Pour plus de détail, voir la Circulaire N°19/G/2002 du 23/12/2002 relative à la classification des créances et à leur couverture
par les provisions.

140
Financement des PME
Le diagnostic financier
Il s’agit d’une approche traditionnelle qui vise à « étudier le passé pour diagnostiquer
le présent et prévoir l’avenir » (Vernimmen, 1998). Elle consiste à analyser de nom-
breux ratios, principalement les ratios de structure et d’endettement, les ratios de
rentabilité et les ratios de liquidité.

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
Le diagnostic financier a certainement aidé les banques à évaluer la santé de leur
clientèle de PME, mais avec le temps il s’est révélé inefficace pour plusieurs raisons.
D’une part, son caractère purement quantitatif a encouragé les PME souhaitant
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

bénéficier du crédit demandé à présenter des états de synthèse modifiés, ce qui


a exposé davantage les banques au problème d’asymétrie d’information résultant
du fait que « l’emprunteur dispose d’un degré d’information beaucoup plus fin que le
prêteur » (Chertok et al., 2009). D’autre part, les facteurs qualitatifs ont été négli-
gés alors que leur intégration est aussi déterminante dans l’analyse du risque de
défaillance des PME car elle « permet de compléter l’analyse financière » (Lelogeais,
2003). Parmi ces facteurs qualitatifs, il y a lieu de citer l’incompétence du diri-
geant (Altman, 1984 ; Argenti, 1976), l’organisation industrielle (Picory et Geffroy,
1995) et les difficultés financières (Blazy et Combier, 1998), etc. Enfin, l’interpréta-
tion des informations collectées paraît subjective, et le diagnostic financier « néces-
site pour une banque beaucoup de temps et un personnel qualifié, ce qui entraîne une
augmentation des coûts » (Elhamma, 2009).

La méthode du crédit scoring


Le crédit scoring a intéressé de nombreux auteurs comme Altman (1968),
Collongues (1977), Conan et Holder (1979), Holder et al. (1984). Grâce à leurs
recherches, ils ont pu améliorer la notoriété de la méthode du crédit scoring et ont
contribué au développement de ses techniques.
Le crédit scoring est le processus d’assignation d’une note à un emprunteur poten-
tiel pour estimer la performance future de son prêt (Feldman, 1997). Ce proces-
sus repose, dans une première étape, sur la constitution d’un échantillon composé
d’emprunteurs défaillants et d’emprunteurs sains ; dans une deuxième étape, sur le
choix des variables (ratios) à utiliser ; et dans une dernière étape, sur l’élaboration de
la fonction score en se basant sur des techniques statistiques, principalement l’ana-
lyse discriminante qui est la plus utilisée par les banques. Cette technique définit la
fonction score comme suit : Z=a1 R1+ a2 R2+ …+ an Rn + b Avec : Ri : les ratios
comptables et financiers ; ai: les coefficients associés aux ratios ; b : une constante.
Certes, la méthode du crédit scoring a permis aux banques de remédier aux pro-
blèmes du coût et du temps, et même d’améliorer leurs relations avec leurs clients,
car en utilisant la fonction score, le banquier parvient à traiter rapidement la
demande de crédit faite par le client. Cette technique permet aussi « le traitement
identique de tous les emprunteurs » (Dietsch et Petey, 2003). Toutefois, le crédit sco-
ring ne tient généralement compte que des variables quantitatives.

141 TFD 124/125 - Novembre 2016


Les systèmes de notation
En vue de combler les lacunes des méthodes de gestion du risque de crédit déjà
présentées, le comité de Bâle a mis en place deux approches. La première, dite stan-
dard, repose sur la notation externe. Elle consiste à confier l’évaluation de la pro-
babilité de défaillance de l’emprunteur à une agence externe. Pour de nombreuses

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
banques, l’utilisation de cette méthode n’est pas assez motivante et ce, pour trois
principales raisons : le nombre des agences de notation externe est insuffisant (les
plus connues sont Standard and Poor’s, Moody’s et Fitch) ; les exigences en fonds
propres sont plus importantes ; et les entreprises n’empruntant pas sur les marchés
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

de capitaux (cas des PME) ne font pas l’objet de notation (De Coussergues, 2007).
D’où le recours à la deuxième approche basée sur la notation interne. Avec cette
méthode, l’évaluation du risque de défaillance de la contrepartie est assurée par la
banque elle-même qui, pour le faire, tient compte des facteurs aussi bien quantita-
tifs que qualitatifs.
Le système de notation interne permet à la banque de choisir entre deux méthodes :
l’une dite avancée et l’autre dite de base. Ainsi, si la banque opte pour la méthode
avancée, elle aura à déterminer les quatre indicateurs de risque, à savoir : la proba-
bilité de défaut, l’exposition en cas de défaut, la perte en cas de défaut et la maturité
moyenne restant à courir sur l’engagement. Si la banque opte pour la méthode de
base, elle n’aura à déterminer que la probabilité de défaut de la contrepartie, les trois
autres indicateurs de risque restent de la compétence du superviseur. Au Maroc,
c’est cette dernière méthode qui est appliquée par les banques.

Les apports de l’outil de notation interne appliqué aux PME : le cas de la Banque
Populaire
Avant 2008
Avant 2008, la Banque Populaire (BP) utilisait la technique de cotation (scoring)
qui lui permettait d’évaluer le dossier de crédit présenté par les PME à travers
l’étude des critères suivants :
• la qualité des engagements : la BP cherchait à éviter d’opérer avec les PME dont
l’un des crédits s’est transformé en une créance en souffrance ;
• la situation financière : la BP cherchait à s’assurer de la bonne santé finan-
cière de la PME en tenant compte de deux ratios : d’une part, l’équilibre de
la structure financière (la PME étudiée devait disposer d’un fonds de roule-
ment positif et assez suffisant pour financer une part importante de l’actif
circulant hors trésorerie, en principe de plus d’un tiers) ; et d’autre part, la
rentabilité (la BP utilisait en particulier le ratio mettant en relation le cash
flow avec le chiffre d’affaires moyen des trois derniers exercices : lorsque ce
ratio dépassait 10 %, cela signifiait que la PME concernée disposait d’une
capacité d’investissement et que, par la suite, elle serait en mesure d’honorer
ses engagements) ;

142
Financement des PME
• le taux d’endettement : la BP acceptait d’opérer avec les PME ayant déjà béné-
ficié d’un ou de plusieurs crédits, à condition que les charges financières y affé-
rentes ne dépassent pas, de préférence, 5 % du chiffre d’affaires réalisé.
L’analyse menée par la Banque portait aussi sur l’importance des garanties présen-
tées par la PME, la qualité de ceux qui la dirigeaient ainsi que la situation du secteur

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
dans lequel elle opérait. La PME la mieux notée était celle obtenant un total de
points égal à 60 répartis dans le tableau ci-dessous.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

Tableau 1 : La note maximale correspondant à chaque critère de cotation de la PME


Critères Note
maximale
Qualité des engagements 10
Situation financière : sa note est égale à la plus basse des
deux notes relatives aux deux critères suivants : équilibre de la
structure financière et rentabilité 10
Taux d’endettement 10
Garanties 10
Appréciation des actionnaires et/ou dirigeants 10
Situation du secteur d’activité 10
Source : Direction aux crédits des entreprises de la Banque Populaire

L’obtention d’une note totale égale à 60 permet à la PME d’être cotée « A » sur
l’échelle de cotation des risques2.
La technique de cotation appliquée par la Banque Populaire lui a permis de nor-
maliser la procédure de traitement des dossiers de crédits et de mieux apprécier la
qualité du risque encouru vis-à-vis de la PME.

Après 2008
Afin de se conformer aux exigences de Bâle 2, la Banque Populaire, à l’instar de
nombreuses autres banques marocaines, a mis en place à partir de janvier 2008,
l’outil de notation interne (méthode de base) qui a pu combler les lacunes de la pre-
mière technique. Cet outil a permis l’élargissement de l’échelle de notation (Tableau
2) qui doit comprendre « un nombre de classes minimales (sept classes d’emprunteurs
sains et deux classes de défaillants) en partant de la définition réglementaire de référence
de la défaillance proposée par Bâle » (Tordjman et Freiha, 2003).

2 De 50 à 60 points, cote A ; de 30 à 39, cote B ; de 40 à 49, cote C ; de 0 à 29 cote D. Source : Direction aux crédits des entreprises de la
Banque Populaire.

143 TFD 124/125 - Novembre 2016


Tableau 2 : Echelle de notation adoptée par la Banque Populaire
Notes Libellé Intervalle de score
A Excellent [87 ; 100]
B Très bon [76 ; 86]

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
C Bon [70 ; 75]
D Assez bon [63 ; 69]
E Moyen [54 ; 62]
F Passable [46 ; 53]
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

G Médiocre [40 ; 45]


H Très médiocre [0 ; 39]
Défaut Défaut -
Source : Banque Populaire Régionale Rabat - Kénitra (2008)

En augmentant le nombre de classes d’emprunteurs sains (sept classes au lieu de


trois pour la technique de cotation et qui sont représentées par les cotes A, B et
C), l’outil de notation interne offre à la PME la possibilité d’être traitée avec plus
d’objectivité.
L’outil de notation interne a permis aussi de modifier la méthode de calcul de la
note finale. Celle-ci ne repose plus sur une simple sommation des notes obtenues
suite à l’évaluation des différents critères retenus, comme c’était le cas avec la tech-
nique de cotation.
En premier lieu, la détermination de la note finale consiste en une séparation entre
les facteurs quantitatifs et les facteurs qualitatifs qui, tous les deux, sont devenus
plus abondants. Pour les facteurs quantitatifs, leur nombre est passé de deux (la
situation financière et le taux d’endettement) à dix, qui est d’ailleurs le nombre
maximal autorisé par Bâle 2 car « au-delà, la qualité discriminante peut diminuer
à cause de la redondance d’information » (Tordjman et Freiha, 2003). Ces facteurs
intègrent deux types de critères, financiers et de taille.
Les critères financiers se présentent comme suit.
Critères financiers Utilité
Vitesse de rotation de capital (TATO) Permet de mesurer les répercussions des
= Chiffre d’affaires / (Actif immobilisé investissements effectués sur le chiffre
net (AIN) + BFR (Besoin en Fonds de d’affaires.
Roulement)) avec : AIN = AI – Dotations
aux amortissements
Frais financiers / Chiffre d’affaires Plus l’entreprise paie des charges
financières, plus l’indicateur est important
ce qui donne une idée sur la dépendance
du volume d’activité des frais financiers.
Lorsque ce ratio est supérieur à 1, l’entreprise
n’a plus de marge de manœuvre en termes
de recours à un financement externe.

144
Financement des PME
Dettes nettes / Fonds Propres (FP) Permet de dégager l’engagement de
l’entreprise dans l’affaire. Il est préférable
que ce ratio soit inférieur à 1, mais il ne
devrait pas être trop faible (moins de 30 %).
Si c’est le cas, l’entreprise est considérée

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
comme trop prudente et ne profite donc pas
de toutes les opportunités qui se présentent
à elle.
Ratio de liquidité réduite = (actif circulant Permet de savoir si l’entreprise dispose de
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

- stocks) / dettes à court terme la liquidité nécessaire pour faire face à ses
dettes à court terme.
Fonds de roulement (FDR) / Actif circulant Permet de savoir si l’entreprise dispose d’un
hors trésorerie FDR suffisant, permettant de financer les
opérations courantes de l’entreprise.
Résultat net / FP Permet de mesurer l’aptitude de l’entreprise
à rentabiliser les capitaux engagés par les
actionnaires.
Croissance du Résultat net : (Résultat Permet de donner une idée sur le
net N - Résultat net N-1) / Résultat développement de l’activité et sur la
net N-1 performance de la gestion au sein de
l’entreprise.

Les critères de taille comprennent le chiffre d’affaires et le nombre d’employés. La


BP intègre un troisième critère, celui de l’âge afin de s’assurer de la stabilité de l’en-
treprise. A ce titre, il a été précisé que la probabilité de fermeture d’une entreprise
décroît à mesure que cette dernière prend de l’âge (OCDE, 2009).
La BP a ainsi élargi son champ d’analyse à tout facteur quantitatif pouvant lui
apporter plus d’informations sur la solvabilité de la PME.
Concernant les critères qualitatifs, leur nombre a augmenté et sont regroupés dans
deux catégories. La première vise à aider la banque à mieux déterminer le position-
nement de la PME dans son secteur d’activité. A cet égard, la BP accorde plus de
points à la PME qui : appartient au secteur d’activité jugé sans risque ; bénéficie
d’une forte position concurrentielle sur le marché national et n’est nullement expo-
sée à la concurrence internationale ; et dispose d’un fort pouvoir de négociation
face à ses partenaires (clients et fournisseurs).
La deuxième catégorie permet à la banque d’évaluer la qualité de la gestion de la
PME. Celle-ci obtiendra la meilleure note si : elle dispose d’un plan de succession,
à savoir un outil visant à garantir la continuité de l’exploitation à travers l’iden-
tification des postes clés dans l’entreprise, la mesure du risque de défaillance des
personnes occupant ces postes et la mise en œuvre des actions nécessaires pour en
assurer la succession ; son dirigeant a plus de 10 ans d’expérience et détient moins
de 10 % du capital ; elle n’a connu aucun incident de paiement durant les 12 der-
niers mois ; elle n’opère qu’avec une seule banque. Ceci permet, généralement, de
réduire le risque d’asymétrie d’informations.

145 TFD 124/125 - Novembre 2016


Avec la multiplicité des critères qualitatifs, l’outil de notation interne ne cherche
pas à compliquer la tâche à la PME (plus de questions qui nécessitent des réponses
assez précises), mais il vise surtout à aider la banque à mieux connaître sa cliente
(la PME), à l’évaluer de façon équitable et à lui apporter les solutions nécessaires.
En second lieu, le calcul de la note finale repose sur l’application de coefficients,

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
d’abord aux facteurs de risque et, ensuite, aux scores calculés.
Pour ce qui est des facteurs de risque, ils ne contribuent pas à part égale au calcul
de la note finale. La banque attribue à chacun d’eux un coefficient (poids) qu’elle
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

détermine selon que le critère retenu impacte fortement ou faiblement la solvabilité


de la PME, comme le montre le tableau ci-dessous.

Tableau 3 : Poids des facteurs quantitatifs et qualitatifs


Facteurs quantitatifs Poids Facteurs qualitatifs (par thème) Poids
Vitesse de rotation de capital 20 % Situation du secteur d’activité 20 %
Frais financiers / Chiffre d’affaires 5%
Dettes nettes / Fonds Propres 5% Concurrence 15 %
(FP)
Ratio de liquidité réduite 20 % Pouvoir de marché 10 %
Fonds de roulement / Actif 5%
circulant hors trésorerie
Résultat net / FP 10 % Qualité et structure du 35 %
management
Croissance du Résultat net : 5% Historique bancaire 15 %
(Résultat net N - Résultat
net N-1) / Résultat net N-1
Chiffre d’affaires 10 % Exposition aux crédits 5%
Nombre d’employés 10 %
Age de l’entreprise 10 %
Source : Banque Populaire

Pour la Banque Populaire, les facteurs les plus déterminants dans le calcul du score
quantitatif sont : d’une part, la vitesse de rotation de capital, du fait que son aug-
mentation implique une hausse de taux de profit qui est d’une grande importance
pour la PME car elle exprime sa capacité d’accéder au crédit et surtout de pouvoir
le rembourser ; d’autre part, le ratio de liquidité réduite considéré comme un ratio
clé pour les banques, il leur permet de s’assurer de l’aptitude de la PME à honorer
ses engagements à court terme et, par la suite, à pouvoir continuer son activité sur le
long terme. McMahon (2004) a ainsi associé la liquidité à une question de survie de
la PME. Ceci a été confirmé par l’étude de Welsh et White (1981) qui a montré que
les PME peuvent survivre assez longtemps sans bénéfices mais qu’elles s’approchent
de la faillite dès qu’elles doivent manquer un paiement important.
Par rapport au score qualitatif et parmi tous les critères qui servent à son calcul, la
BP donne plus d’intérêt au dirigeant et à ses qualités. A cet égard, nombreux sont
146
Financement des PME
les auteurs qui ont considéré la personnalité du dirigeant comme une des clefs de
la réussite entrepreneuriale (McClelland, 1961 ; Gartner, 1988 ; Cooper, 1993 ;
Saporta, 1994), d’autres l’ont même qualifiée de facteur déterminant dans la déci-
sion d’octroi du prêt bancaire. C’est le cas notamment de Papin (1997) qui précise
que « le crédit repose tout d’abord sur l’homme ou la femme qui crée (ou développe)

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
l’entreprise et sur la confiance que le banquier peut avoir en cet homme ou cette femme :
confiance en son honnêteté, sa loyauté, son esprit d’entreprise, sa capacité d’adaptation
et sa compétence ».
Concernant les deux scores calculés, quantitatif et qualitatif, la BP associe à chacun
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

d’eux un poids qui varie en fonction du chiffre d’affaires réalisé par la PME, comme
le montre le tableau ci-dessous.

Tableau 4 : Le poids des scores quantitatif et qualitatif


Chiffre d’affaires de la PME Poids quantitatif Poids qualitatif
En dirhams (DH)
> 150 millions 75 % 25 %
[50 M ; 150 M] 70 % 30 %
[10 M ; 50 M] 60 % 40 %
< 10 M 50 % 50 %
Source : Banque Populaire

Il ressort du tableau ci-dessus que malgré le nombre si important des critères inter-
venant dans le calcul du score qualitatif, ce dernier n’est jamais considéré comme
étant le plus déterminant dans le calcul de la note finale ; ceci montre encore une
fois que l’outil de notation interne vise à permettre à la banque d’être assez objective
au moment de l’appréciation de la PME.

Les limites de l’outil de notation interne des PME


Si l’outil de notation interne a été préconisé par Bâle 2, c’est principalement pour
permettre à la PME d’être évaluée avec objectivité. « L’accord de Bâle II répond, de
ce point de vue, au souci de faire reposer la création et la croissance des PME sur une
infrastructure financière solide. Ainsi, au-delà des objectifs prudentiels qui représentent
la vocation fondamentale du dispositif, la mise en œuvre de cet accord devrait contribuer
au développement des PME et TPE » (Golitin, 2007). Or, dans la pratique et sur la
base d’un ensemble d’entretiens réalisés avec des responsables de banques (cas de
la Banque populaire et de la Banque marocaine pour le commerce et l’industrie),
il nous a été précisé qu’un même dossier de crédit présenté par une PME peut être
rejeté par une banque et, par la suite, accepté par une autre. Ceci montre que les
dossiers de crédit des PME ne sont pas étudiés de la même façon, et donc, l’objec-
tivité visée par l’outil de notation interne et qui constitue son principal apport n’est
généralement pas vérifiée. Ce problème d’inefficacité de l’outil de notation interne
de la PME peut être expliqué par trois principales limites.
147 TFD 124/125 - Novembre 2016
Un simple outil d’aide à la décision
Bâle 2 précise au paragraphe 444 que « les notations internes et les estimations de
défauts et pertes doivent jouer un rôle essentiel dans l’approbation du crédit, la ges-
tion des risques, l’allocation interne des fonds propres et la gouvernance d’entreprise des
banques ayant recours à l’approche NI. Il n’est pas admissible, en effet, de ne concevoir

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
et mettre en place de tels systèmes que pour être agréé à l’approche NI et de ne s’en servir
qu’en saisie » (Banque des règlements internationaux, 2006). Mais dans la pratique,
il s’est révélé que la note calculée « ne décide pas de l’octroi de crédit » (Fleitour,
2010), elle doit faire l’objet de nombreuses discussions entre les personnes respon-
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

sables pour décider de servir ou non la PME concernée. La notation interne n’est
donc qu’un simple outil d’aide à la décision, son rôle consiste principalement à
permettre aux banques « d’identifier les niveaux de risques individuels caractérisant
chacun de leurs prêts et de s’assurer une rémunération appropriée des risques qu’elles
prennent » (Commission européenne, 2007).

Une absence d’un outil normalisé


L’outil de notation interne appliqué à la PME diffère d’une banque à l’autre, ceci
revient au fait qu’« aucune méthode particulière n’est prescrite pour la notation des
contreparties ou l’appréciation des paramètres ; il est de la responsabilité de chaque
établissement de choisir les éléments qui lui semblent les mieux adaptés à sa situation »
(Banque de France, 2004). Certes, c’est une grande flexibilité qui est offerte aux
banques, mais concernant la PME, elle s’en trouve généralement victime, surtout
lorsqu’elle n’arrive pas à bénéficier de la même décision pour un même dossier de
crédit. Pour apporter plus de précision à cette idée, nous avons procédé par une
étude comparative entre l’outil de notation interne de la Banque Populaire et celui
d’Attijariwafabank. Nous avons pu relever trois principales différences qui touchent
à la définition de la PME, à l’échelle de notation et aux critères d’évaluation.
A propos de la première différence, il parait d’abord nécessaire de préciser que la
Banque populaire et Attijariwafabank ont élaboré chacune un outil de notation
interne spécifique aux PME et ce, afin de permettre à cette catégorie d’entreprises
d’être appréciée sur la base des critères qui lui sont propres et qui diffèrent de ceux
appliqués à la grande entreprise, ce qui correspond parfaitement aux objectifs de
Bâle 2. En effet, « au-delà des objectifs prudentiels qui représentent la vocation fon-
damentale du dispositif Bâle II, sa mise en œuvre tenant compte des caractéristiques
propres des PME, témoigne de l’importance de l’intégration de cette catégorie d’entre-
prises dans les circuits de financement de l’économie » (Bank Al Maghrib, 2007).
Toutefois, les deux banques n’adoptent pas la même définition de la PME. De
ce fait, si pour la Banque populaire, une PME est toute entreprise dont le chiffre
d’affaires réalisé se situe entre 3 et 50 millions de dirham, pour Attijariwafabank, le
chiffre d’affaires retenu doit se situer entre 10 et 100 millions de dirham. Il paraît
que cette deuxième banque est plus exigeante pour classer une entreprise comme
PME, mais sa définition reste la plus proche de celle adoptée par Bank Al Maghrib,
précisant qu’une PME est toute entreprise « qui répond à l’une des deux conditions
suivantes : - le chiffre d’affaires hors taxe (CAHT), ou celui du groupe d’intérêt auquel
148
Financement des PME
elle appartient, est supérieur à 10 millions de dirhams (DH) et inférieur ou égal à 175
millions de DH ; - le CAHT, ou celui du groupe d’intérêt auquel elle appartient, est
inférieur ou égal à 10 millions de DH et le montant global des créances que détient l’éta-
blissement à son égard, ou sur le groupe d’intérêt auquel elle appartient, est supérieur à
2 millions de DH » (Bank Al Maghreb, 2010).

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
En ce qui concerne l’échelle de notation, celle adoptée par la Banque Populaire
comprend neuf classes d’emprunteurs, ce qui correspond au nombre minimal exigé
par Bâle 2. Celle retenue par Attijariwafabank n’est composée que de huit classes
réparties dans le tableau ci-dessous.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

Tableau 5: Echelle de notation adoptée par Attijariwafabank


Note Score
A 78,51 à 100
B 69,76 à 78,50
C 56,44 à 69,75
D 48,01 à 56,43
E 39,51 à 48,00
F 34,01 à 39,5
G 0 à 34,00
H -
Source : Attijariwafabank

Le tableau ci-dessus précise que le nombre de classes d’emprunteurs sains retenus


par Attijariwafabank est réduit à six (au lieu de sept pour la Banque Populaire).
Mais malgré cela, les scores qu’elle applique sont relativement moins élevés. Pour
cette banque, une PME est qualifiée d’emprunteuse saine si elle obtient un score
minimum égal à 34,01, ceci n’est pas le cas pour la Banque Populaire qui exige un
score relativement plus élevé, au moins égal à 40.
Concernant les critères d’évaluation, ceux retenus par Attijariwafabank se présen-
tent dans le tableau ci-dessous.

Tableau 6 : La notation de la clientèle PME


Facteurs Poids Facteurs Poids Facteurs Poids
quantitatifs qualitatifs comportementaux
Total Bilan 8,3% Secteur 15% Solde moyen / 20%
(CAn-CAn-1) / CAn-1 21% d’activité Autorisations
Appartenance 15% Nombre
Crédits Bancaires CT
10,08% à un groupe d’autorisations 15%
/ Total Bilan
temporaires
Endettement LMT / 6,16% Qualité de 17,5% Nombre d’impayés 30%
Fonds Propres (FP) l’information
Total Dettes 11,76% financière
Bancaires/Total Bilan

149 TFD 124/125 - Novembre 2016


RN / Capitaux 8,58% Actionnariat 17,5% Mouvements
propres créditeurs nets / CA 20%
CAF / CA (HT) 2,6% Plan de 17,5%
Frais Financiers / CA 14,82% succession
FP nets / Total Bilan 4% Ancienneté 17,5% Nombre de jours

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
(FDR*360) / CA 8,32% de la relation débiteurs 15%
4,68% avec la
FDR / BFRE
banque
LMT : Long et moyen terme ; RN : Résultat net ; FDR : Fonds de roulement ; CA : Chiffre d’affaires ;
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

BFRE : Besoin en fonds de roulement d’exploitation ; CAF : Capacité d’autofinancement.


Source : Attijariwafabank

En comparant les critères retenus par Attijariwafabank à ceux appliqués par la


Banque Populaire, nous constatons ce qui suit.
Du côté des facteurs quantitatifs, Attijariwafabank utilise 11 critères, ce qui dépasse
le nombre maximal autorisé par Bâle 2. Pour apprécier la taille de la PME, cette
banque prend en considération le total du bilan et la croissance du chiffre d’affaires,
et néglige totalement le nombre d’employés et l’âge de l’entreprise. Or, ces deux
derniers facteurs sont d’une grande utilité pour la banque du fait qu’ils lui per-
mettent de mieux s’informer sur le degré de stabilité de la PME, la continuité de
son exploitation ainsi que sa contribution à la création d’emploi.
Pour ce qui est des facteurs financiers, les deux banques utilisent des ratios dif-
férents, à l’exception des deux suivants : frais financiers / CA et RN / capitaux
propres, qui même s’ils sont calculés de la même façon par les deux banques, ces
dernières leur appliquent des pondérations différentes (Tableaux n°3 et 6).
Du côté des facteurs qualitatifs et comportementaux, les deux banques s’intéressent
à la collecte des mêmes informations mais chacune d’elles applique aux critères
retenus des pondérations qui lui sont propres (Tableaux n°3 et 6).

Un horizon temporel très court


Pour déterminer la note finale à attribuer à la PME, l’établissement bancaire se
base sur les données, quantitatives et qualitatives, relatives à l’exercice précédent.
Il cherche alors à se conformer aux exigences de Bâle 2 précisant que « les banques
doivent estimer une probabilité de défaut à un an » (Tordjman et Freiha, 2003). En
procédant de cette façon, la banque néglige toute l’expérience passée de la PME
et risque de fonder toute l’opération d’évaluation sur une année qui pourrait être
exceptionnelle, ce qui n’aidera jamais la banque à connaître sa cliente, non plus à
déterminer sa situation réelle. Certes, les critères retenus par la banque pour évaluer
la PME ne peuvent être significatifs, apporter une information fiable, claire et utile
et permettre à ladite banque de prendre la décision la plus correcte que si c’est leur
évolution dans le temps qui est étudiée et analysée.
En limitant l’horizon temporel de l’évaluation à un an, la banque néglige aussi
l’évolution future de la PME. En effet, au moment de la détermination de la note

150
Financement des PME
finale, la banque ne tient absolument pas compte des informations relatives au
projet à financer et ce, même si la PME concernée a présenté, au moment de la
demande de crédit, un dossier comprenant, entre autres, son business plan sur cinq
ans, le plan de financement et le cash flow prévisionnel.
Nous constatons donc que l’outil de notation n’aide pas assez la banque dans l’ap-

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
préciation du risque de défaut relatif à la PME.

Recommandations
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

L’outil de notation interne est mis en place pour qu’il soit au service de la banque
et de la PME. Pour la banque, il cherche à lui permettre d’améliorer sa rentabilité
à travers une économie des fonds propres. Quant à la PME, il vise à lui faciliter le
financement de sa croissance à travers un accès plus rapide et moins contraignant
aux crédits bancaires, tout ceci dans l’objectif d’assurer la stabilité du système finan-
cier et de renforcer sa solidité.
Tous ces objectifs ne peuvent d’ailleurs être atteints que si l’outil élaboré et appliqué
par la banque est de qualité, chose qui n’est pas encore assurée.
Pour cela, nous recommandons :
• d’élargir l’horizon temporel de la notation en intégrant l’expérience passée de
l’entreprise et les prévisions futures relatives au projet à financer ;
• de faire de la notation interne le seul et unique outil de prise de décision, ceci
permettra de garantir l’objectivité recherchée ;
• de s’assurer que les outils de notation approuvés ne présentent pas de diver-
gences, ni de contradictions entre eux ;
• de mettre à la disposition des PME, l’outil de notation interne appliqué pour
leur évaluation, ceci permettra d’instaurer plus de transparence dans la relation
banque - PME.

Conclusion
Un outil de notation interne de qualité est, certes, une condition nécessaire pour
réussir l’opération de crédit, mais elle n’est pas suffisante. Deux autres conditions
doivent alors être remplies (Benthami, 2012). La première consiste, pour la banque,
à confier l’opération de notation à des personnes compétentes et vigilantes qui par-
viendront à évaluer la PME sans erreur. La seconde consiste, pour la PME, à travers
le respect des recommandations du code spécifique de bonnes pratiques de gouver-
nance des PME, à agir avec sincérité en vue de pouvoir tisser une relation durable
avec son banquier. En effet, « en établissant des relations à long terme avec leurs clients,
les banques sont bien placées pour connaître leurs besoins et apprécier le risque de leurs
différents projets » (Diamond, 1984 ; Jensen et Meckling, 1976).

151 TFD 124/125 - Novembre 2016


Références bibliographiques
• ALTMAN E.I. (1984), “The success of business failure prediction models: an
international survey”, Journal of Banking and Finance, Vol. 8, pp. 171-198.
• ALTMAN E. I. (1968), « Financial Ratios, Discriminate Analysis and the

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
Prediction of Corporate Bankruptcy », The Journal of Finance, N°4, pp. 589-609.
• ARGENTI J. (1976), Corporate Collapse, Mc Graw Hill.
• BANK AL MAGHRIB (2007, 2008, 2009), Rapports annuels sur le contrôle,
l’activité et les résultats des établissements de crédits.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

• BANK AL MAGHRIB (2010), Exigences en fonds propres pour la couverture


des risques de crédit, de marché et opérationnels selon les approches internes aux
établissements de crédit, Circulaire n°8/G/2010, Décembre.
• BANQUE DE FRANCE (2004), « Le rôle des superviseurs dans l’apprécia-
tion des systèmes de notation interne du risque de crédit », Étude du Rapport
annuel de la Commission bancaire, pp. 137-156 (www.banque-france.fr/filead-
min/user_upload/banque_de_france/archipel/publications/cb_ra/etudes_cb_ra/
cb_ra_2004_01.pdf )
• BANQUE DES REGLEMENTS INTERNATIONAUX (2006), Convergence
internationale de la mesure et des normes de fonds propres (www.bis.org/publ/
bcbs128fre.pdf)
• BANQUE POPULAIRE REGIONALE RABAT – KENITRA (2008), Notation
des entreprises et professionnels, Circulaire N°GER - 404/01 - 08.
• BELGHAZI M. (2009), « Le financement de la PME marocaine », www.finances-
mediterranee.com/dossiers/colloque10-2009/Mohamed-Belghazi.ppt.
• BENTHAMI A. (2012), « Le problème d’endettement de la PME entre la res-
ponsabilité de la banque et celle de la PME », Revue marocaine d’administration
locale et de développement, n° 107, Novembre - Décembre, pp. 117-131.
• BLAZY R., COMBIER J. (1998), Les défaillances d’entreprises, Que Sais-Je, PUF.
• CHERTOK G., DE MALLERAY P.A., POULETTY P. (2009), Le financement
des PME, La Documentation française, Paris.
• COLLONGUES Y. (1977), « Ratios financiers et prévision des faillites des petites
et moyennes entreprises », Revue Banque, n°365, Septembre, pp. 963-970.
• COMMISSION EUROPEENNE (2007), Les entreprises face à la nouvelle culture
de notation, Office des publications officielles des Communautés européennes,
Luxembourg.
• CONAN J., HOLDER M. (1979), « Variables explicatives de performances et
contrôle de gestion dans les PMI », Thèse de Doctorat en Sciences de gestion,
Université de Paris IX.
• COOPER A. (1993), « Challenges in predicting new firm performance », Journal
of Business Venturing, Vol. 8, pp. 243.

152
Financement des PME
• DE COUSSERGUES S. (2007), Gestion de la banque. Du diagnostic à la stratégie,
Dunod, Paris.
• DIAMOND W. (1984), « Financial Intermediation and Delegated Monitoring »,
Review of Economic Studies, Vol. 51, N°3, pp. 393-414.

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
• DIETSCH M., PETEY J. (2003), « Mesure et gestion du risque de crédit dans les
institutions financière », La Revue Banque, Paris.
• ELHAMMA A. (2009), « La gestion du risque crédit par la méthode du scoring :
cas de la Banque Populaire de Rabat-Kénitra », Revue marocaine de recherche en
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

management et marketing, N°2 et 3, pp. 291-306.


• FELDMAN R. (1997), « Small Business Loans, Small Banks and Big Change In
Technology Called Credit Scoring », The Region, September, pp. 19-25.
• FLEITOUR G. (2010), « Les banques peu sollicitées sur leur notation interne »,
Option finance, N°1091, Septembre, pp. 12-13.
• GARTNER W.B. (1988), «“Who Is an Entrepreneur?” Is the Wrong Question »,
American Journal of Small Business, Vol. 12, n° 4, pp. 11-31.
• GOLITIN V. (2007), « Le financement des PME et la réforme de Bâle II »,
Bulletin de la Banque de France, N°165, septembre, pp. 105-113.
• HOLDER M., LOEB J., PORTIER G. (1984), Le score de l’entreprise, Nouvelles
Editions Judiciaires, Paris.
• JENSEN M.C., MECKLING W.H. (1976), « Theory of The Firm: Managerial
Behavior, Agency Costs and Ownership Structures », Journal of Financial
Economics, N°3, pp.305 - 360.
• LELOGEAIS L. (2003), « Un score sur variables qualitatives pour la détection
précoce des défaillances d’entreprises », Bulletin de la Banque de France, Juin,
N°114, pp. 29 - 46.
• MCCLELLAND D. (1961), The Achieving Society, Van Nostrand, Princeton NJ.
• MCMAHON, R.G.P. (2004), « Financial slack amongst manufacturing SMEs
from Australia’s business longitudinal survey: an explanoratory study », Flinders
University, Commerce Research Paper Series, Vol. 4, N° 7, 40 p.
• OCDE (2009), Perspectives de l’emploi de l’OCDE 2009. Faire face à la crise de
l’emploi, (www.keepeek.com/Digital-Asset-Management/oecd/employment/
perspectives-de-l-emploi-de-l-ocde-2009_empl_outlook-2009-fr#page6).
• OGIEN D. (2008), Comptabilité et audit bancaires, 2e Edition Dunod, Paris.
• PAPIN R. (1997), « Création d’Entreprise », in Encyclopédie de Gestion, sous la
Direction de Y. Simon et P. Joffre, 2e Ed., Economica, Paris, Tome 1, pp. 777-798.
• PICORY C., GEFFROY B. (1995), « Degré d’intégration bancaire des PME :
Une approche par l’organisation industrielle », Revue économique, N°2, pp. 365
- 392.
• SAPORTA B. (1994), « La création d’entreprises : enjeux et perspectives », Revue
Française de Gestion, N°101, Novembre-Décembre.

153 TFD 124/125 - Novembre 2016


• TORDJMAN E., FREIHA N. (2003), « La validation des systèmes de notation
interne dans le cadre de Bâle II », Banque magazine, N°645, Mars, pp.54 - 56.
• VERNIMMEN P. (1998), Finance d’entreprise, 3e Edition par Quiry P. et Ceddaha
F., Dalloz.

Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière
• WELSH J.A., WHITE J.F. (1981), « A small business is not a little big business
», Harvard Business Review, Vol. 59, N°4, pp. 18-29.
Document téléchargé depuis www.cairn.info - Université Mohammed V Souissi - - 196.200.134.249 - 05/12/2016 16h53. © Épargne sans frontière

154

Vous aimerez peut-être aussi