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La gestion du risque de crédit par l’analyse financière

1) Définition générale de l’analyse financière :


De manière générale, l’analyse financière sert à retracer la politique financière d’une
entreprise afin de qualifier comment elle atteint ses objectifs, notamment la création de la
valeur, et respecte les différents défis qui pèsent sur elle, dont ceux relatifs à la solvabilité.
L’évolution historique de l’analyse financière affiche trois phases successives. Au début, elle
correspond à l’interprétation, souvent interne à l’entreprise, elle est qualifiée d’analyse
comptable et financière, avec l’objectif d’éclairer les choix de gestion des dirigeants. Ensuite,
avec le développement du crédit, elle s’oriente vers l’impulsion des banques, vers une analyse
externe dédiée à l’étude du risque en termes de solvabilité et de liquidité. C’est-à-dire elle
correspond à une analyse de risque de crédit des créanciers financiers. En fin, et avec la
marchéisation de l’économie, les approchent modernes de la finance ont pris l’entreprise sous
l’angle de l’investissement de ses actionnaires et le concept de la création de la valeur,
l’analyse financière s‘oriente donc vers l’analyse globale des performances, tout en suivant
l’approche rentabilité-risque.
L’objectif initiale et de juger et qualifier la situation financière d’une entreprise. Mais
l’analyse financière ne peut pas être résumer à une description historique, elle doit se
confronter à des situations concrète et doit permettre de définir une position vis-à-vis de
l’entreprise étudiée. Elle présente un outil d’anticipation de l’avenir, et un point de départ
pour planifier et engager des actions. Ainsi l’analyse financière se compose de deux
ensembles :
 Le diagnostic financier : Il vise à extraire une opinion sur la situation financière
courante et future de la société. Il décrit l’état financière de l’entreprise.
 La recommandation : Suggestions des actions futures dans une démarche prospective
déterminant le comportement vis-à-vis de la firme objet de l’analyse.
À cet égard l’analyse financière retient un spectre large :
 Examiner les activités de la société : C’est-à-dire étudier globalement
l’environnement et la concurrence sur le marché où elle opère, pour apprécier le
contexte dans lequel vit l’entreprise. C’es la mise en place d’un diagnostic détaillé.
 Une analyse comptable : Il est nécessaire de vérifier la cohérence des choix et actions
opérés et leur impact sur le référentiel applicable par rapport aux choix des autres
opérateurs du secteur.
 Une analyse portée sur les comptes : l’étude des états financier constitue une partie
principale sur le plan technique. Elle sert à mesurer la profitabilité, le dégagement des
richesses, la génération et la consommation de la trésorerie, et à évaluer le risque que
présente la société. Mais aussi, elle conduit souvent à traiter des informations extra-
comptables, comme par exemple la détermination du cout de capital.
On définit l’analyse financière comme une analyse prospective, elle inclut une
recommandation qui, par définition, revoie à des actions qui engagent l’avenir, il s’agit
d’évaluer le potentiel, de réduire l’incertitude en estimant les performances futures et le rique
que présentera pour les périodes à venir la société étudiée.

2) La démarche de l’analyse financière :


La réalisation de l’analyse financière se fait en six phases successives et qui sont structurés
d’une manière normative :
Première phase : il s’agit de la collecte des informations utiles (données financières sur la
société mais ainsi des informations qualitatives sur son métier et ses activités).
Deuxième phase : L’information doit être retraitée. Les données comptables doivent devenir
financières et les données qualitatives doivent s’inscrire dans le schéma d’analyse. Cette
phase sert à modifier l’information brute disponible.
Troisième phase : après l’information ajustée, intervient l’étape formelle de calcul. On
applique aux données financières un ensemble d’instruments d’analyse dans le but d’opérer
une série de mesures objectives et quantitatives. Les instruments choisis doivent être les plus
pertinents et significatifs pour réaliser la mesure souhaitée.
Quatrième phase : après les résultats trouvés au niveau de la phase précédente, ces derniers
doivent être interprétés, et doivent être clairs pour faire parler la situation financière de la
société.
Cinquième phase : une étape casi-conclusive dans laquelle on établit une synthèse
d’appréciation en qualifiant la situation financière globale de la société et en formulant un
diagnostic. Ce diagnostic identifie les phénomènes financiers qui affectent l’entreprise et leur
cause ainsi qu’il cherche à distinguer les entreprises en bonne santé et celle en difficulté
financière.
Sixième phase : c’est une phase de recommandation, elle suggère les prescriptions d’action
vise à vis l’entreprise examinée.

3) L’analyse de risque de crédit en analyse financière


En finance, de manière générale, le risque représente le degré d’aléa qui pèse sur une
rentabilité future. La littérature financière nous enseigne que l’analyse du risque (de faillite)
est réalisée par deux approches complémentaires.
a) Analyse du risque de crédit par le prisme de l’équilibre financier.
Approche normative de l’équilibre financier.
Le risque de défaut ou de faillite peut être considéré comme la conséquence d’une crise
financière assimilable à un déséquilibre financier. Afin de détecter le risque, il est important
de vérifier l’existence d’un équilibre financier. Plus l’entreprise est équilibrée de manière
importante, moins elle est risquée.
L’approche normatif postule que les difficultés de trésorerie viennent d’une situation où le
BFR n’est plus financé. En conséquence, l’entreprise équilibrée dispose toujours des
ressources nécessaires pour couvrir son BFR. Elle doit détenir donc des ressources
permanentes en stock. Cette ressource permanente contient des Fond Propres (FP), des
Provisions Spécifiques (PS), et des Dettes Financières à Long Terme (DFLT), sont
immobilisés pour financer l’investissement en immobilisations nettes. Une entreprise est
censée de dégager un excédent des ressources permanents sur ses emplois permanent pour
faire apparaitre un Fond de Roulement (FR).
FR = Ressources Permanents (FP+PS+DFLT) – Emplois Permanents

Le fonds de roulement représente les ressources nécessaires pour financer le BFR, Plus le
fonds de roulement est fort, plus le risque est faible. La mesure monétaire est cependant peu
pratique pour évaluer l’ampleur de l’équilibre, la raison pour laquelle, l’utilisation d’un ratio
de fonds de roulement est préférée :
Ratio de fonds de roulement = Ressources Permanents / Emplois Permanents
SI Ratio de FR > 1 : équilibre financier
Si Ratio de FR < 1 : déséquilibre financier

On peut indiquer une formulation plus large de la notion d’équilibre financier, le FR était
destiné à financer le BFR.

FR – BFR = TR

FR > BRR => TR > 0


FR < BRR => TR < 0
Cette lecture de cet équilibre financier procède d’une affectation des ressources aux emplois,
et alors elle s’assure qu’il existe un rationnement des ressources financières.

Approche positive de l’équilibre financier.


Dans un contexte international, l’équilibre financier est analysé sous la base du risque de
faillite. Cette situation peut intervenir dès lors que l’entreprise se trouve dans un état de
cessation de paiements, situation strictement définie par la loi sur la faillite. En général, la loi
fixe comme critère que l’entreprise ne peut plus faire face à son passif exigible avec ses actifs
disponibles.
Pour mesurer l’équilibre financière au niveau de cette approche par la trésorerie (immédiate)
on prend on considération la mesure de la liquidité qui apprécie l’aptitude de l’entreprise à
faire face à ses engagements à court terme. Le calcul rapporte les actifs qui vont devenir
liquides aux dettes qui vont consommer de la trésorerie. La logique est cash in versus cash
out.

b) Analyse du risque de crédit par la solvabilité.


L’analyse financière bancaire du risque de crédit est à l’origine d’une évaluation de la
capacité de l’entreprise à faire face à ses engagements à terme : la solvabilité.

Analyse du niveau d’endettement : la structure financière.


Il a pour objectif de mesurer le poids de la dette dans le financement de la société,
considérant que plus il est fort plus le risque de non-remboursement est élevé.
En effet, de nombreux Ratios descriptifs expriment la structure financière :

Autonomie Financière = Fonds Propres / Total Passif


Endettement Financier = Dettes financières / Total Passif

Plus le Ratio d’autonomie financière est élevé plus l’entreprise détient une autonomie
financière forte et est capable d’honorer ses engagements à long terme par ses propres fonds
sans recourir à l’endettement, par contre, pour le Ratio d’endettement, plus ce dernier est
élevé, plus la structure financière de l’entreprise est risquée, car elle dépend fortement de
l’endettement pour financer ses activités.
Mais de manière globale, la structure financière, qui résume les choix de financements et leurs
conséquences en matière de risque, est appréciée par le Ratio suivant :

Gearing = Dettes financières / Fonds Propres

Plus le Gearing est fort, plus le risque financier est élevé.

Les accords de Bal :

La gestion du risque de crédit est encadrée par des règles réglementaires mises en place
depuis 1988, appelées les Accords de Bâle, qui se sont progressivement améliorés avec Bâle
II en 2004 et Bâle III en 2010. Ces règles visent à éviter les problèmes dans le secteur
financier et à réduire le risque que les banques ne puissent pas rembourser leurs prêts.

Imaginez que si une banque fait faillite, cela peut avoir un effet domino sur d'autres banques
et même sur l'économie entière. Pour éviter cela, des règles prudentielles sont mises en place
pour réduire ce risque systémique. Les États veillent également à superviser les banques pour
éviter d'avoir à intervenir avec de l'argent public pour sauver le secteur bancaire.

Pour s'assurer que les banques peuvent faire face à ces risques, il est exigé qu'elles aient une
certaine quantité de fonds propres, appelée Capital Réglementaire. Ce capital est utilisé pour
couvrir les pertes prévues et imprévues. Les pertes prévues sont préparées en avance par les
banques, tandis que les pertes imprévues peuvent être couvertes par des apports en capital des
actionnaires ou par des bénéfices réinvestis. En gros, c'est un peu comme de l'argent "de
secours" pour faire face à des situations imprévues.

a) La gestion prudentielle : principes fondateurs

La réglementation internationale de Bâle, initialement appelée "Bâle I", a établi une


connexion directe entre les fonds propres des banques et les risques qu'elles prennent. Le ratio
Cooke, baptisé en l'honneur du responsable du Comité, a permis la mise en place d'un
ensemble de règles uniformes pour toutes les institutions bancaires. Cette règle encourage les
banques à renforcer leurs propres capitaux, notamment pour les banques internationales, afin
de réduire les écarts de compétitivité entre les banques provenant de réglementations
nationales très variées. Elle impose que les fonds propres réglementaires d'une banque
représentent au moins 8 % de l'ensemble des engagements de crédit pondérés de cette
banque :

En d'autres termes, si une banque prête 100 €, elle doit avoir au moins 8 € de fonds propres et
peut utiliser jusqu'à 92 € provenant d'autres sources telles que les dépôts, les emprunts ou les
financements interbancaires.

Le ratio Cooke, bien que révolutionnaire à son époque, a présenté plusieurs limites :

 Pondérations statiques et arbitraires : Les façons dont les crédits sont évalués sont
fixes et ne reflètent pas toujours le vrai risque de crédit.
 Contraintes inadaptées selon la taille des entreprises : La règle est trop contraignante
pour les grandes entreprises et pas assez pour les petites (qui pourraient présenter un
risque de défaut).
 Uniformité dans les évaluations de crédit : Une seule pondération pour tous les types
de crédit peut
entraîner une
confusion
entre le niveau des
fonds propres nécessaires et le prix du prêt, sans prendre en compte la qualité réelle du
crédit de l'emprunteur.
 Absence de prise en compte de la structure temporelle du risque : Le traitement des
risques est uniforme, peu importe la durée de l'engagement.

En résumé, plusieurs facteurs importants ne sont pas pris en compte : la taille de l'entreprise,
son évaluation financière, la durée des crédits, la concentration sur un seul emprunteur, la
corrélation entre les emprunteurs (qui pourrait atténuer le risque), et la compensation entre les
positions longues et courtes.
b) Les Accords de Bâle II :

Bâle II a été conçu pour améliorer le dispositif précédent, Bâle I, en introduisant un nouvel
accord plus complet. Cependant, contrairement à Bâle I, il ne s'applique pas de manière
uniforme à toutes les banques. Toutes les banques de l'Union européenne doivent s'y
conformer, y compris les gestionnaires d'actifs et les compagnies d'assurance. Aux États-Unis,
seules les banques ayant un total de bilan supérieur à 250 milliards de dollars ou plus de 10
milliards de dollars d'actifs détenus à l'étranger sont soumises à cette réglementation.

Bâle II offre un avantage particulier aux grandes banques en permettant une utilisation plus
efficiente des fonds propres. Contrairement à Bâle I, qui ne considérait que le risque de crédit,
ce dispositif couvre trois aspects complémentaires : le risque de marché, le risque de crédit et
les risques opérationnels. Il repose sur une modification des ratios prudentiels utilisés pour
évaluer la santé financière des banques.

Dans ce ratio, les fonds propres réglementaires doivent non seulement couvrir le minimum
requis par le ratio Cooke, mais aussi inclure les risques de marché et les risques opérationnels.
Bâle II introduit ainsi un ratio de fonds propres plus strict (appelé pilier 1), mais va au-delà en
mettant en place une surveillance prudentielle (pilier 2), une communication et un reporting
financier (pilier 3) au niveau organisationnel.

Bien que Bâle II impose des normes plus rigoureuses pour les fonds propres, il reste
principalement axé sur l'assurance d'un niveau minimum de fonds et ne prend pas en compte
tous les risques, comme celui lié à la liquidité, par exemple.

Le nouvel indicateur, bien qu'amélioré par rapport au ratio Cooke, présente plusieurs limites :

 Caractère pro-cyclique : Pendant les périodes de forte confiance financière, les risques
évalués diminuent (car basés sur les pertes passées). Les banques ont alors moins besoin
de fonds propres et se contentent du minimum requis. Mais lorsque la situation se
dégrade, les banques doivent soudainement augmenter leurs fonds propres pour respecter
les règles de solvabilité. Cela se fait avec des ressources devenues plus rares et
coûteuses, ce qui peut les mettre dans une situation financière difficile, réduisant ainsi
l'offre de crédit et accentuant la récession économique (c'est ce qu'on appelle un "credit
crunch").
 Sous-estimation des risques complexes : Certains risques de marché ou produits
financiers complexes ne sont pas suffisamment pris en compte. Les banques ont du mal à
évaluer correctement ces risques, ce qui peut conduire à une inadéquation entre leurs
fonds propres et la réalité des risques encourus.
 Difficulté d'évaluation des positions hors bilan : Les produits dérivés hors bilan,
souvent de grande envergure, rendent compliquée l'évaluation des risques qui leur sont
liés. Cette complexité rend difficile l'analyse adéquate de ces risques.

c) Les accords de Bale III :

Il était clair qu'une amélioration de Bâle II était nécessaire tout en maintenant l'idée
fondamentale d'adapter les fonds propres en fonction du niveau de risque. La crise financière
a mis en lumière les lacunes de ce dispositif : dysfonctionnements des marchés financiers,
problèmes de liquidité, critiques envers les agences de notation, entre autres.

En gros, la question était de savoir comment le niveau des fonds propres des institutions
financières correspondait aux risques associés à certaines activités (comme les subprimes). En
pratique, des actifs plus ou moins risqués étaient financés avec peu voire aucun fond propre.
L'utilisation de l'effet de levier permettait d'obtenir des rendements très élevés, dépassant
parfois les 100 % dans certains domaines.

L'objectif de Bâle III est simple en théorie : plus de fonds propres, de meilleure qualité, et une
plus grande transparence. Pour y parvenir, cinq mesures clés ont été adoptées : renforcer les
fonds propres en améliorant leur qualité et en augmentant les ratios, introduire un coussin
contra-cyclique, établir un ratio de liquidité, mettre en place un ratio d'effet de levier et
réduire le risque systémique.

Certaines des propositions de Bâle III ne sont pas encore mises en œuvre, et leurs limites se
dessinent déjà.

 Impact économique significatif : La régulation prudentielle de Bâle III aura un poids


considérable sur l'économie. Si les banques doivent augmenter leurs fonds propres, il est
probable qu'elles réduiront le volume des prêts accordés à l'économie et en augmenteront
le coût.

 Différences réglementaires entre les États-Unis et l'Europe: Les États-Unis, bien


qu'ils n'appliquent pas intégralement Bâle II, ont favorablement accueilli la réforme de
Bâle III. Cependant, celle-ci ne concernera qu'une dizaine de grandes organisations
bancaires, ce qui pourrait créer un avantage concurrentiel pour les banques américaines
au détriment de leurs homologues européennes.

 Défis de mise en œuvre : Concernant la solvabilité, le Comité de Bâle doit encore


définir les détails d'utilisation et l'intérêt du ratio de levier que les banques doivent
publier depuis 2015, en vue d'une éventuelle intégration en tant que mesure principale en
2018. De même, la définition initiale du ratio de liquidité à court terme (Liquidity
Coverage Ratio) a été prolongée car les actifs considérés comme liquides restent à
définir. De plus, les mesures spécifiques aux établissements présentant un caractère
systémique font l'objet de discussions.

Malgré le fait que toutes les recommandations de Bâle III ne soient pas encore connues,
certaines certitudes subsistent : la régulation prudentielle des banques ne remet pas en
question le ratio de fonds propres ni les modèles internes de calcul des risques.

d) Les accords de Bale IV :

Les experts ont noté dès sa création que l'accord de Bâle III ne parviendrait qu'en partie à
atteindre ses objectifs doubles : prévenir les crises systémiques et instaurer un contrôle
efficace et discipliné des institutions financières. Il est compréhensible que cette
réglementation évolue dans un environnement financier constamment turbulent, permettant
ainsi d'ajuster son contenu et de suivre les défis de son application.

Ces accords réglementaires représentent un processus continu de convergence qui demande


du temps pour se développer et évoluer progressivement. De plus, l'émergence de
réglementations complémentaires, telles que FACTA et MIFID, ainsi que l'émergence de
nouveaux principes politiques (comme la séparation des activités bancaires), modifient le
contexte dans lequel les accords bancaires prudentiels sont appliqués.

Après plusieurs années de mise en œuvre, un bilan semble indiquer une possible transition
vers ce qui pourrait être Bâle IV dans les années à venir, en vue d'adapter les normes. La
régulation nécessite à la fois l'adhésion de tous les États et une certaine flexibilité, ce qui
ouvre la voie à un processus de changement permanent.

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