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DIAGNOSTIC FINANCIER

Préparé et dispensé par Balla TRAORÉ, Actuaire Consultant

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Introduction
1 La place du paramètre stratégique dans le diagnostic financier
2 Analyses de la structure financière et de l’activité et des résultats de
l’entreprise
3 Traitement financier de la matière première comptable et outils élémentaires
indispensables au diagnostic
4 Les techniques de perception boursière d’une société
5 Captation de la rentabilité et méthodologie de l’analyse des résultats

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Exercices d’introduction:
1. Anouk a placé 12000$ dans un investissement dont les deux premières années sont rémunérées au
taux nominal d’intérêt de 6% par année capitalisé semestriellement et les 3 années suivantes au
taux nominal d’escompte de 9% par année capitalisé à tous les trois mois.
Quelle est la valeur accumulée après ces 5 années?

2. Boris veut accumuler 10000$ après 7 ans dans un placement rémunéré au taux instantané
d’intérêt de 5% par année.
Quel montant doit-il investir aujourd’hui?

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L e diagnostic financier s’appuie sur de l’information comptable historique, potentiellement

extrapolable au futur, pour porter un jugement de valeur sur la solvabilité d’une entreprise et, plus
essentiellement, sur la rentabilité des capitaux qu’elle a investis. On doit pouvoir dégager du constat
effectue des informations utiles pour la pérennité de la société : degré d’adéquation du business model,
risques potentiels de défaut et indices de compétitivité économique principalement.

Dans la mesure ou diagnostic financier et diagnostic global sont lies, les options stratégiques retenues
pour générer des avantages concurrentiels sont déterminantes.

Il importe que ces préférences qualitatives soient en phase avec les spécificités du métier exercé (activité
sociale) et que cette pertinence rejaillisse sur les composants du business model (technique de fabrication
des marges et aptitude au volume d’affaires).

Pour ce qui concerne l’origine de difficultés financières éventuelles, il faut la rechercher en procédant à
une analyse conjointe des investissements lourds et de leur modalité de financement. Une autre source de
problèmes possibles réside dans les imperfections apparentes en matière de gestion de bas de bilan (stocks
et crédit interentreprises), qui touchent à la liquidité de l’entreprise. Quant aux signaux factuels de
compétitivité d’une société, ils sont largement révélés par les taux de rentabilité qui synthétisent
l’efficacité des stratégies soutenues et des combinaisons comptables justifiant le degré de performance
atteint.

Ce cours sur le diagnostic financier est conçu de telle sorte que vous ayez à l’esprit des interrelations
cohérentes entre paramètres stratégiques (options qualitatives choisies pour créer de la différenciation
interentreprises) et fondamentaux comptables (indicateurs de solvabilité structurelle, de liquidité et
d’enrichissement). La perception externe par le marché, pour les sociétés cotées, est un point de repère de
première importance car une telle image restituée par les investisseurs est en lien avec la rentabilité
comptable des capitaux employés et ses déterminants mathématiques. Tout comme pour l’analyse
stratégique, les modalités de chiffrage des indicateurs boursiers et leur signification managériale font
l’objet d’un chapitre dans ce cours, largement transversal, en ligne avec la thématique même du
diagnostic financier.

Au plan de la lecture et du retraitement des chiffres comptables, l’accent est mis sur les modalités de
calcul de concepts utiles en matière d’appréciation financière : soldes pertinents de gestion, blocs
expressifs du bilan, flux nets sur opérations consommatrices ou génératrices de trésorerie… Les masses
du bilan sont à déterminer selon l’objectif du diagnostic financier. Celui-ci porte sur l’équilibre de la
charpente fonctionnelle au travers de la concordance entre les degrés d’exigibilité (ressources) et de
liquidité (emplois), la gestion du cycle d’exploitation a l’origine d’un gap (favorable, défavorable) entre
les capacités comptables et réelles d’autofinancement et, plus primordialement, sur la mesure de ce que
rapporte le capital investi par les bailleurs de fonds.

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La plupart des évènements vécus par l’entreprise ont une traduction financière ; de ce fait, la gestion
financière occupe une place privilégiée au sein de l’ensemble de l’entreprise. Cette place de choix de la
gestion financière a connu une évolution dans le temps.

Ainsi de façon traditionnelle, la gestion financière était d’abord orientée vers la recherche de moyen de
financement :

 Identification et mesure des besoins de financement de l’entreprise


 Evaluation et renforcement de ses possibilités internes de financement
 Etablissement et renforcement de contact avec les apporteurs éventuels de capitaux externes
(actionnaires, banquiers, investisseurs divers, …).

Cependant, de nos jours la responsabilité des gestionnaires financiers a progressivement acquis une
influence croissante dans l’appréciation et le contrôle des projets exigeant un emploi de fonds.

D’une manière générale, les multiples domaines de la gestion financière peuvent être regroupés en deux
catégories : l’analyse financière et la politique financière.

L’analyse financière a pour but d’obtenir un diagnostic sur la situation financière passée de l’entreprise :

- Elle étudie les équilibres fondamentaux du bilan qui permettent d’apprécier la solvabilité et la
liquidité de l’entreprise : l’entreprise est-elle solvable et notamment sa structure financière est-
elle équilibrée ? le montant de ses ressources propres est-il suffisant pour payer ses dettes ? etc.,
- Elle confronte les résultats obtenus par l’entreprise aux moyens mis en œuvre pour mesurer sa
rentabilité, autrement dit, le bénéfice est-il suffisant par rapport aux moyens mis en œuvre ?

La politique financière, orientée quant à elle vers le futur, traite d’un ensemble de décisions durables qui
doivent permettre de tirer le meilleur profit des ressources par les actionnaires.

La politique financière traite essentiellement des décisions d’investissement et des décisions de


financement qui conditionne la rentabilité de l’entreprise et détermine sa valeur :

- Quels investissements semblent les plus rentables : lancement d’un nouveau produit, achat d’un
brevet, achat d’une nouvelle machine, ouverture d’un nouveau magasin, formation de personnel
etc.,
- Comment financer ces investissements : une fois les projets d’investissement sélectionnés,
l’entreprise met en place les moyens de financement permettant de les entreprendre. Il s’agit de
trouver des ressources, qui sont de plus en plus rares.

A côté de ces grands domaines de la gestion financière, il se trouve un autre aspect qui concerne les
décisions financières quotidiennes c'est-à-dire au jour le jour : la gestion de la trésorerie, la gestion du
cycle d’exploitation et la gestion des risques de taux de change liée aux opérations sur les marchés
financiers. Elle a pour but d’assurer la liquidité de l’entreprise, sa capacité à faire face à ses échéances, à
tout moment, et ce au moindre coût.

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La fonction financière est au centre des relations entre l’entreprise et l’ensemble des partenaires avec qui
elle a des relations contractuelles : actionnaires, dirigeants, créanciers, clients, fournisseurs, salariés, Etat
etc. Ainsi chaque partenaire va utiliser et interpréter l’information financière compte tenu de sa propre
logique organisationnelle.

- Les dirigeants de l’entreprise pour orienter la gestion ;


- Les prêteurs (organismes spécialisés, banques, etc.) pour leur permettre de se prononcer sur
l’opportunité, les conditions et les limites des concours financiers qu’ils envisagent de consentir à
l’entreprise ;
- Les fournisseurs pour fixer leurs politiques de crédit à l’égard de leurs différents clients ;
- Les clients, pour apprécier par exemple la bonne fin de l’exécution de certains marchés dont la
réalisation exige un certain délai et s’accompagne éventuellement de versement d’avance ;
- Les organismes ayant pour objet l’élaboration ou la diffusion de l’information économique et
financière (centrale des bilans, presse spécialisée, etc.) ;
- Le personnel pour son information sur le marché de l’entreprise et l’exercice de ses droits en
matière d’intéressement au bénéfice ;
- L’Etat, dans le cadre de son rôle économique et de ses actions de contrôle fiscal.

Compte tenu de son caractère décisif, une bonne partie du cours est consacrée au constat et aux
déterminants de la rentabilité, brute et nette de couts financiers, avec, à l’appui, de nombreuses
illustrations et tests empiriques en lien avec une approche conceptuelle originale en biseau. De quelle(s)
variable(s) de premier rang dépend la rentabilité et de quels autres facteurs ces variables-là sont-elles, à
leur tour, soumises ? Ce cours développe la méthodologie pour répondre à ces questions, et des analyses
de données sectorielles éclairent la façon de procéder, mais aussi soumettent aux étudiants des signaux sur
le degré d’influence des variables explicatives de la rentabilité pour des activités sociales différentes. Il
n’y a pas de résultats démonstratifs sans données fiables et en masse.

La place du paramètre stratégique dans le résultat d’une analyse financière est traitée au chapitre 1. Après
une présentation de la procédure à dérouler pour effectuer un état des lieux stratégique, notamment par
l’intermédiaire d’une matrice des forces-faiblesses-opportunités-menaces, les options génériques, sources
d’avantages concurrentiels, sont déclinées (innovation sous différentes formes). On prend les exemples du
commerce en ligne et du « drive », qui sont des leviers pour la croissance et la rentabilité des entreprises
qui y recourent.

Le cadrage de l’information boursière à la disposition des analystes, sous forme de capteurs exclusifs de
marché ou de capteurs hybrides, figure au chapitre 4. Nous y présentons les différentes formes de
rendement boursier, en appliquant les indicateurs évoqués à beaucoup de sociétés cotées. L’accent est mis
sur la création actionnariale de valeur, le contenu technique du concept répandu de PER (Price Earning
Ratio) et le délai de récupération du prix d’un titre (DR). Un rapport utile est établi entre PER et DR avec
comme sous-produit une méthode pour effectuer un diagnostic de risque en complément du constat sur la
performance.

Les trois autres chapitres du cours sont le cœur du diagnostic financier avec des développements sur la
technique de retraitement des comptes (chapitre 3), des analyses de la structure financière et de l’activité

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et des résultats de l’entreprise (chapitre 2) et, enfin, une captation de la rentabilité et méthodologie de
l’analyse des résultats (chapitre 5).

Des modalités d’analyse de la matière première comptable sont donc proposées au chapitre 3.
L’information de base se trouve dans les documents de synthèse (bilan et compte de résultat) présentes de
façon coordonnée et pratique avec l’étude de rentabilité subséquente en ligne de mire. Les soldes de
gestion pertinents sont définis, tout comme les masses de bilan auxquelles ces revenus se rattachent
(EBITDA, EBIT, résultat net courant, actif d’exploitation, actif économique…)1. Dans ce chapitre, on
utilisera des données d’entreprise et sectorielles pour des applications concrètes, mais aussi pour montrer
les différences par nature d’activité sociale. Nous montrons comment reconstitués, d’après deux bilans
successifs et un compte de résultat, les flux liés à des opérations acycliques, répétitives et de trésorerie.
Les tableaux sont des outils très précieux en matière de diagnostic dynamique sur informations
historiques. Ils proposent aussi, notamment dans le tableau des flux de trésorerie, des résultats nets
transposables dans le futur en vue d’une évaluation d’entreprise.

On trouvera, au chapitre 4, les principaux taux de rentabilité brute et nette. Les premiers informent sur la
rentabilité des capitaux investis par tous les bailleurs de fonds (ROCE) et par les seuls propriétaires
(ROE)2. Les seconds donnent une mesure de la création ou destruction de valeur, car ils prennent en
considération la demande de rémunération des investisseurs (cout du capital). On calcule de la sorte, avec
le ROCE et le ROE, un enrichissement net par euro/dollars/FCFA investi (EVA)3. Les procédures de
calcul sont appliquées à des sociétés réelles. La rentabilité, pour l’apprécier, nous oblige à une mise en
perspective, dans le temps et dans l’espace. Par ailleurs, il faut pouvoir l’expliquer en identifiant des
variables explicatives à l’origine de la rentabilité elle-même (marge versus rotation du capital) et du
facteur justificatif de premier rang (type de contrôle des charges décaissables, force de la croissance
organique, degré de sélectivité des investissements lourds…). De grosses populations de sociétés nous ont
servi pour montrer la méthodologie à suivre et pour effectuer des tests empiriques afin de trouver les
déterminants de l’enrichissement. Tous les résultats obtenus sont significatifs et indiquent quels sont les
choix gagnants pour chacun des échantillons étudiés.

1
Earnings Before Interest, Taxes, Depreciation, and Amortization (EBITDA) et Earnings Before Interest and
Taxes (EBIT).
2
Return On Capital Employed (ROCE) et Return On Equity (ROE).
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Economic Value Added.

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1. La place du paramètre
stratégique dans le
diagnostic financier

OBJECTIFS
 Savoir établir un état des lieux stratégique.
 Identifier les sources potentielles d’avantages stratégiques à l’origine de revenus résiduels.
 Présenter des exemples d’innovation profitable à l’entreprise.

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L’ évaluation de la performance comptable ne peut être dissociée d’une étude préalable de la

robustesse ou, au contraire, du peu d’assurance des alternatives de gouvernance d’une société particulière,
voire du secteur auquel appartient l’entité. Ce paramètre stratégique doit aussi contribuer à expliquer
l’image externe renvoyée par des mesures d’efficience boursière. En principe, le diagnostic sur
fondamentaux comptables devrait se révéler dépendant des stratégies qualitatives supposées
gagnantes/perdantes. Le marché boursier est ensuite appelé à valider une telle adhérence (perception
rendue). Cette remarque sur les interrelations entre domaines d’investigation nous incite à connaitre, dans
un premier temps, les positionnements stratégiques ainsi que l’avis formulé par le marché (voir chapitre
2) sur la base d’un certain nombre d’indicateurs de création actionnariale de valeur et de mesure du risque
entourant l’enrichissement net (instabilité temporelle). Une fois ce diagnostic qualitatif et boursier établi,
le financier cherche à conforter une telle perception reconstituée (avantages/désavantages apparents des
choix qualitatifs effectués et image externe) par une méthodologie fine d’analyse des chiffres comptables.

La notion d’innovation, soutenue par une définition large en matière d’attributs, au carrefour des
domaines de compétences plus ou moins bien cernés et des problèmes à résoudre plus ou moins bien
définis, est au cœur des sources potentielles d’enrichissement.

 L’innovation se présente sous la forme de quatre modèles classiques de démarche organisée.


o L’innovation peut être progressive (incrémentale), disruptive (utilisation simplifiée ou à
moindre cout d’un produit/service existant), adjacente (stratégie adaptative en matière
d’usage du produit/service) et radicale (création de nouveaux biens ou services).

Pour pérenniser le flux des avantages financiers de l’innovation, celle-ci doit être protégée par le dépôt
d’un brevet et/ou garantie par la marque (nom, logo, lettres…), qui est une autre forme de protection
industrielle. Outre les quatre types d’innovation évoqués ci-dessus, la différenciation peut également
porter sur la mise en valeur des produits ou services (démarche marketing) et sur l’originalité du
management, spécialement en matière de gestion des couts, de recherche et développement (R&D) ou
encore d’offre de nature financière (communication par un loyer compétitif plutôt que par l’appropriation
directe d’un bien, par exemple). Ces instruments complémentaires de croissance potentielle peuvent aussi
être considérés comme des modalités possibles au service des quatre formes génériques d’innovation,
suivant en cela la définition proposée en 2005 par le manuel d’Oslo de l’Organisation de Coopération et
de Développement Economique (OCDE).

Nous avons choisi de regrouper ici les éléments de gouvernance en lien avec des avantages stratégiques
discriminants. De telles sources de différenciation, par l’innovation sous toutes ses formes et par des
options singulières en matière de couple produits-marchés, doivent rejaillir sur le constat de rentabilité et
ses déterminants comptables.

Le présent chapitre propose donc, dans sa première section, une façon courante d’établir un état des lieux
stratégique (identification des forces, faiblesses, opportunités et menaces) de nature à impacter la valeur et
le diagnostic financier d’entreprise.

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Cette section inclut, également, une présentation des stratégies, dont l’innovation est une pièce maitresse,
virtuellement préservatrices d’avantages concurrentiels.

Les sections suivantes, en ligne avec des formes payantes d’innovation ou de nouveaux métiers porteurs,
se réfèrent à des modèles et des représentations d’avancées technologiques. C’est le cas, par exemple, de
la communication financière par le loyer plutôt que par le prix d’achat, du commerce en ligne comme
levier de croissance ou encore du « drive » susceptible de booster le chiffre d’affaires ainsi que la
rentabilité des acteurs connus de la grande distribution.

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L’importance de la variable stratégique

La démarche analytique doit être séquentielle. Dans un premier temps, on établit un constat de réussite ou
d’échec sur la base de données internes et externes, de politique générale, représentatives de variables
possiblement créatrices ou destructrices de valeur économique pour les parties prenantes. La réflexion est
ensuite prolongée par la déclinaison de stratégies génériques payantes en matière d’avantages
concurrentiels (innovation par les produits voire les procédés ou encore par la distribution, la
spécialisation, la productivité…).

1 Le préalable de l’état des lieux stratégique

Pour effectuer son constat politique, l’évaluateur recourt fréquemment à une matrice dite SWOT
(Strengths, Weakness, Opportunities, Threats), qui centralise tous les facteurs ayant des conséquences
comptables probables et donc un impact sur la valeur d’entreprise. Comme cela est dit un peu plus loin
dans cette section, beaucoup d’initiateurs d’offres publiques d’achat ou d’experts indépendants, choisis
par la cible de l’opération pour défendre l’intérêt des actionnaires, utilisent une telle matrice pour
apprécier qualitativement la société convoitée.

1.1 Le marché sur lequel la société exerce son métier

Plusieurs points sont à prendre en compte. Sur quel marché la société est-elle présente ? Compte tenu de
la segmentation existante du tissu sectoriel d’activité, la stratégie choisie est-elle différenciée ou
indifférenciée ? L’option privilégiée est-elle, oui ou non, appropriée par rapport au savoir-faire de
l’entreprise, au degré de banalisation des produits/services mis sur le marché, à la clientèle potentielle et à
l’intensité concurrentielle (barrières à l’entrée) ? L’activité de la société, définissable par la nature des
produits vendus et des cibles commerciales spécifiques, peut-elle prendre place dans l’offre générale
sectorielle ?

Cette notion de positionnement d’activité sociale différenciée ou indifférenciée est importante du point de
vue des conséquences comptables, c’est-à-dire aux plans de la croissance du chiffre d’affaires et des
marges résiduelles. Par exemple, dans l’industrie de l’habillement et des fourrures, la société peut se
focaliser sur la fabrication de vêtements en cuir seulement, sur la confection de dessus pour femmes et
filles voire dans le vêtement de dessous. L’entreprise peut également choisir d’être présente partout, de la
fabrication de pièces en cuir à la fourrure en passant, pourquoi pas, par le vêtement de travail. De la même
manière, dans l’industrie du cuir et de la chaussure, l’intervenant sur un tel marché global peut faire du
tannage mais également des chaussures ainsi que des articles de voyage et de la maroquinerie.
L’opérateur peut aussi choisir une option plus discriminée en se focalisant prioritairement sur l’un de ces
trois segments d’activité.

L’observation empirique des métiers exercés par les entreprises montre cependant davantage d’options
différenciées parce que le développement « tous azimuts » est plus dur à mettre en œuvre qu’une politique
singulière par domaine cible d’activité.

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Il est en effet plus facile de réunir des facteurs clés de succès pour un champ d’activité stratégique
particulier (périmètre limite des missions) que pour plusieurs, sauf si les métiers en question sont très
interdépendants ou complémentaires les uns des autres.

Cela étant dit, la taille de l’opérateur exerce une influence sur le choix des métiers exercés : la PME aura
tendance à privilégier une seule fonction alors que la très grande entreprise pourra choisir d’explorer
plusieurs métiers voire plusieurs secteurs d’activité.

1.2 Les enjeux stratégiques globaux : industrie, concurrence et matrice SWOT

L’ensemble des éléments capables d’exercer une influence sur l’enrichissement ou l’appauvrissement
d’une société constituent des points forts, des inclinaisons possiblement défavorables, des occasions
profitables et des sources de danger. Les variables opérantes ont une origine interne ; c’est le cas des
forces et des faiblesses de l’entreprise elle-même. La source de ces variables influentes est également
externe (tendances sur les marchés, mutations dans l’exercice des métiers, règlementation…).

De tels prédicteurs potentiels sont des opportunités susceptibles d’enrichir les parties prenantes ou, au
contraire, des menaces capables d’exercer un impact négatif sur la capacité de l’entreprise à créer de la
valeur.

La matrice qui regroupe l’identification, pour une entité particulière, de ses forces (Strengths), de ses
faiblesses (Weakness), de ses opportunités (Opportunities) et des menaces (Threats) qui pèsent sur elle, à
la forme brute de la figure 1.1.

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Une telle synthèse des forces, faiblesses, opportunités et menaces est souvent effectuée lorsqu’une société
est sous le coup d’une opération d’acquisition et/ou de création. Cette matrice est plus fréquemment
proposée par la cible, via l’expert indépendant qu’elle mandate pour information des actionnaires, que par
l’initiateur de l’offre.

Exemples

1. Business & Decision

En juin 2018, Business & Decision fait l’objet d’une OPA simplifiée initiée par l’une des filiales d’Orange (Orange
Business Service). Business & Decision intervient dans l’industrie informatique (services du numérique/big data).
C’est une entreprise de taille intermédiaire qui a réalisé 212 M€ de chiffre d’affaires en 2017. Afin d’aider
l’actionnaire à apprécier le prix qu’on lui offre pour ses titres, l’expert indépendant mandaté (Ledouble) a fait valoir,
entre autres paramètres, la mutation des entreprises en matière digitale (opportunité) mais évoque, parallèlement, la
menace que représente la tendance à la réalisation en interne de plus en plus de prestations.

2. Heurtey Petrochem

Toujours dans le cadre d’une opération publique, concernant l’industrie chimique, Axens, ayant pris le contrôle de
Heurtey Petrochem à plus de 95 %, devait proposer aux actionnaires de cette dernière société une offre de retrait des
titres détenus au moment de l’opération (2018). L’offre publique de retrait, suivie d’un retrait obligatoire visant les
actionnaires de Heurtey Petrochem de juillet 2018, a entrainé, comme précédemment, la sollicitation pour avis d’un
expert indépendant (Sorgem Evaluation) sélectionné par la cible. Pour information des actionnaires, Sorgem
Evaluation a fait ressortir de son analyse stratégique une liste des forces et des faiblesses de Heurtey Petrochem.
Parmi ces facteurs potentiels de réussite ou d’échec, figurent une force importante (fourniture de technologies dans
l’activité Gaz) et une grande faiblesse (inaccessibilité à une part plus large du marché dynamique des fours
d’hydrocarbures). Outre l’absence de taille critique (volume d’affaires inferieur à 250 M€), l’incapacité à consolider
la part de marché dans ce domaine porteur des fours de procédés (raffinage, pétrochimie, hydrogène) s’expliquait, à
l’époque, par l’absence de financement interne (lourdes pertes en 2017).

3. Baccarat

Citons un 3ème exemple, celui de la société Baccarat achetée par la firme luxembourgeoise d’investissement
Fortune Legend Limited. L’OPA simplifiée a eu lieu en décembre 2018.

À cette occasion Ledouble (expert indépendant nommé par la cible) a fait valoir un certain nombre de forces
stratégiques du français de nature à justifier la cession des titres au prix d’offre établi. Mentionnons quelques-unes
de ces forces : un savoir-faire unique dans le travail du cristal, une implantation historique dans un très grand
nombre de pays étrangers, des partenariats avec de grandes marques et des designers renommés, …

Cas d’entreprise
L’outil d’analyse stratégique appliqué à NextRadio TV (BFM TV, BFM Business, RMC…)

Au début de l’année 2016, du 12 janvier au 1er février, le Groupe News Participations (GNP), créé pour la circonstance par
News Participations (51 %) et Altice (49 %), lance une OPA simplifiée sur NextRadioTV.

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NextRadioTV est un groupe de médias dont le chiffre d’affaires (CA) a trois origines principales : une activité TV avec une
chaîne bien connue, BFM TV (51,5 %), l’exploitation de radios notamment RMC (39,9 %) et l’édition de magazines (Micro
Hebdo, L’Ordinateur Individuel, 01 Informatique) complétée par l’exploitation de portails Internet (01net.com, 01men.com,
Rmc.fr…), le tout représentant 7,6 % du CA.

L’offre du duo Alain Weill (News Participations) et Patrick Drahi (Altice) concernait environ la moitié des titres non encore
détenus par GNP. Après l’opération publique, GNP s’emparait de 95,47 % du capital et 96,67 % des droits de vote du
groupe de médias.

Une fois ces proportions atteintes grâce à l’offre publique d’achat, l’Autorité des marchés financiers (AMF) annonce un
retrait obligatoire des actions NextRadio TV pour le 8 février 2016.

En réponse à l’OPA de GNP, NextRadio TV demande à un expert indépendant de porter un jugement sur le caractère
équitable de la proposition (37 € par action). Dans le cadre de ses travaux, et pour éclairer qualitativement les apporteurs
potentiels de titres, l’expert indépendant (Ricol Lasteyrie) effectue une analyse SWOT du groupe NextRadioTV. La figure
1.2 présente cette matrice, établie à l’aide des arguments figurant sur la note AMF de la cible et du rapport de Ricol
Lasteyrie. La notoriété de BFM TV a été bien vue, si l’on en croit les audiences exceptionnelles observées en 2018 surtout
lors d’événements remarquables, facilitateurs d’informations livrées en continu. Sur certaines manifestations, comme la
mobilisation des Gilets jaunes de fin d’année 2018, BFM TV a rivalisé avec le leader généraliste TF1 avec des pics
d’audience supérieurs à 10 %, selon Médiamétrie, très loin devant les autres chaînes d’information continue (CNews, LCI et
France Info).

La synergie entre TV et Radio s’est également avérée une donnée opportune ayant boosté sensiblement la marque RMC
moribonde à la fin des années 1990.

En 2018, le chiffre d’affaires de NextRadioTV a bondi de plus de 50 % par rapport à 2017, et la lourde perte de 2017 a été
réduite de 97,4 % au cours de la même année (2018).

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2 Les stratégies génériques préservatrices d’avantages concurrentiels

Innovation, expérience, adaptation au marché par la spécialisation, la diversification ou


l’internationalisation, capacité à fidéliser une clientèle, aptitude démontrée à la domination par les marges
ou par les volumes… Voilà quelques options créatrices d’avantages stratégiques à l’origine de plus de
flux (chiffre d’affaires) et/ou de revenus résiduels (marges).

Avant de commenter quelques-uns de ces avantages qualitatifs à l’appui d’exemples concrets sur de telles
caractéristiques stratégiques lourdes, nous abordons préalablement les différents types d’innovation listés
habituellement. De telles options sont, au sens le plus large qui soit, des innovations dont la nature est
multiforme. Elles concernent le produit ou la méthode de production, sur le plan technologique, et le
savoir-faire managérial pour ce qui est de la commercialisation ou des pratiques organisationnelles
originales.

2.1 Données de cadrage sur les formes usuelles d’innovation

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On trouve dans la littérature stratégique différentes déclinaisons possibles au sujet des types d’innovation.
L’innovation est ainsi couramment décrite comme étant continue, adjacente, de rupture, radicale,
marketing, managériale ou encore se rapportant à des procédés.

Définition

 L’innovation est continue lorsqu’elle apporte des améliorations petit à petit.


 L’innovation est adjacente quand elle prolonge la durée de vie d’un produit ou service par adaptation à de
nouveaux besoins.
 L’innovation de rupture pour sa part remet en question l’offre initiale qui devient sans équivalent sur le
marché. Cette notion d’innovation disruptive est également qualifiée de radicale.
 Les innovations marketing et managériales ne portent pas sur le produit lui-même mais sur de la créativité
en matière de business model.
 L’innovation de procédé consiste à parfaire la méthode de production et/ou de distribution.

Toutes ces définitions possibles sont intégrables dans une approche plus structurée de l’innovation qui
n’est pas exclusivement technologique. C’est ce que fait notamment l’OCDE, qui définit l’innovation
comme étant technique (mise en œuvre d’un produit ou d’un procédé nouveau) mais également créatrice
en matière de commercialisation et d’organisation4.

Avant de présenter chacune des options inventives dans le détail, on peut faire deux remarques
complémentaires au sujet de la mise en œuvre des quatre catégories d’innovation synthétisées par
l’OCDE (produit, procédé, commercialisation et organisation).

Il faut dire, en outre, que l’innovation est également un enjeu national pour créer de la richesse et de
l’emploi5.

La première remarque se rapporte à la protection des améliorations créatrices sur le produit, le procédé, la
commercialisation ou l’organisation. La défense de l’innovation et de l’exclusivité (bouclier juridique) se
fait par le dépôt d’un brevet ou d’un signe distinctif (marque) auprès de l’Institut National de la Protection
Industrielle (INPI) en France ou du Centre National de la Propriété Industrielle (CNPI) au Burkina Faso
qui est la Structure Nationale de liaison avec l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle
(OAPI). Il est intéressant de relever que le nombre de brevets et de marques déposés mesure l’importance
de l’activité au plan de la recherche-développement et donc en matière d’innovation.

La seconde remarque porte sur les techniques développées dans le cadre de la solution imaginative
trouvée. Ces techniques répondent à des principes qui visent à gérer des contradictions entre des facteurs
positifs et négatifs associés à l’innovation.

Les travaux précurseurs en la matière sont ceux d’Altshuller, qui propose la méthode TRIZ, acronyme
russe de « théorie de la résolution des problèmes inventifs»6. La méthode, déduite d’une analyse
empirique portant sur plusieurs centaines de milliers de brevets déposés dans l’ex-Union soviétique,
propose de rechercher dans une base de 40 principes de solution la réponse au problème initial posé par

4
Manuel d’Oslo – Principes directeurs pour le recueil et l’interprétation des données sur l’innovation, 3e Edition, OCDE, 2005.
5
Voir par exemple A. Lauvergeon, « Un principe et sept ambitions pour l’innovation », Présidence de la République française, octobre 2013.
6
G. Altshuller et L. Shulyak, « 40 Principles : TRIZ keys to Technical Innovation », 3e édition, Technical Innovation Center, 2002.

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l’identification d’une série de paramètres contradictoires. Par exemple, GORE-TEX est un matériau
poreux qui résout un problème de perméabilité (protection contre l’humidité), stoppe l’air chaud qui
s’échappe du corps (coupe-vent) et, enfin, contourne l’inconvénient de la transpiration (produit respirant).
Le principe d’inclusion (poupées russes), autre exemple de technique d’innovation, solutionne un
problème d’envergure (échelle coulissante, longue-vue, enrouleur de ceinture de sécurité…) ou une
difficulté de température versus la perte d’énergie (cas du gobelet de café protégé par une manchette
extérieure qui maintien la chaleur et évite à l’utilisateur de se bruler les doigts). La manchette isotherme
pour canette qui empêche la boisson froide de se réchauffer est une technique ressemblante. La méthode
TRIZ est très utilisée en Asie du Sud-Est, spécialement par l’entreprise Samsung. Entre 1995 et 2015, le
coréen Samsung est celui qui a déposé le plus de brevets (138 934), très loin devant Microsoft (56 809) ou
Intel (52 851)7.

Focus
Au niveau mondial, ce sont les entreprises du secteur de la technologie qui déposent le plus de brevets. Ces
entreprises-là sont celles dont la valeur de la marque est aussi la plus forte. Selon Visual Capitalist
(17/06/2019), la marque ayant la plus grande valeur est Apple (205,5 Mds $) suivie de Google (167,7 Mds $) et
de Microsoft (125,3 Mds $) pour ce qui concerne les trois premiers. Samsung se situe au 7e rang de ce
classement (53,1 Mds $). En France, ce sont des sociétés du secteur de la mécanique et non des valeurs
technologiques qui déclarent le plus de brevets (6 714 contre 3 956 pour l’électronique et l’électricité, en 2017,
selon l’INPI). VALEO, PSA et SAFRAN sont les trois premiers grands déposants de brevets en 2017. Ces
sociétés sont également connues pour leur bonne réputation financière. C’est le cas de SAFRAN, champion
boursier du CAC40 avec un rendement actuariel de 31,6 % par an sur 2009 à 2019 (source : Investir).

2.2 L’innovation technologique

On parle de créativité technologique lorsque la nouveauté concerne le produit ou son procédé


d’élaboration.

■■ L’innovation sur le produit (bien/service)

En première lecture, on pense à la mise sur le marché d’un produit nouveau ou d’une prestation de
services n’ayant pas d’équivalent semblable afin de jouer l’avantage comparatif par absence de substitut
concurrentiel. Mais ce type d’innovation est également incrémental (continu) et peut se rapporter à un
bien ou à un service dont on améliore progressivement la pertinence par plus de technologie ou de
fonctionnalités.

Par exemple, pour certaines catégories de matériaux de construction, l’innovation peut consister à relever
la performance en matière d’isolation. C’est le cas des panneaux isolants sous vide, commercialisés
notamment par une filiale innovante de Saint Gobain (Isover), qui présentent une conductivité thermique
faible et donc ultra- performante. Ce type de produit est préconisé pour isoler l’intérieur d’un appartement
ou d’une maison car les panneaux isolants sous vide prennent beaucoup moins de place que ceux en
polystyrène expansé ou en laine minérale (6 à 9 fois moins épais).

7
Source : Visual Capitalist/HUB Institut, 21 janvier 2019.

17
Lorsque l’innovation porte sur la création de produits nouveaux, son but est d’augmenter fortement le
chiffre d’affaires par la différenciation significative qu’elle entraine. Il s’agit là d’un avantage compétitif
qui doit être entretenu car le cycle de vie des nouveaux produits a tendance à se raccourcir. Par ailleurs, la
recherche d’un leadership sur un petit nombre de produits peut être risquée surtout pour une entreprise de
taille moyenne (PME) ou intermédiaire (ETI) qui pourrait ne pas se remettre d’un échec de
commercialisation.

Enfin, on peut admettre que l’innovation technique puisse être conçue pour créer de la valeur ajoutée
supplémentaire à destination du client, par l’intermédiaire de services entourant le produit. Il est ainsi
possible de concevoir des abribus qui facilitent la vie des voyageurs (wifi, port USB pour recharger les
portables, écrans tactiles d’information…).

■■ L’innovation technique par le procédé de fabrication ou de distribution

On peut parfaire la croissance et les résultats comptables par l’introduction de nouvelles techniques de
production, de vente et de gestion logicielle.

C’est le cas par exemple de logiciels spécifiques à des métiers ayant recours au dessin assisté par
ordinateur (DAO). Ces logiciels dédiés facilitent l’élaboration de plans ou de schémas utiles, par exemple
pour les cabinets d’architectes mais aussi pour les bureaux d’études sur la mécanique, le BTP, l’usinage
sur mesure ou encore l’hydraulique.

Dans ce domaine des conceptions innovantes ciblées, la société californienne AutoDesk développe deux
logiciels de DAO très répandus, AutoCAD et Inventor.

Dans un tout autre secteur d’activité, celui de la fabrication d’huiles essentielles, la société Naturex tire sa
valeur de son savoir-faire reconnu en matière de maitrise des technologies d’extraction, de purification et
de formulation d’ingrédients (liquides/solides). L’expertise acquise au plan des procédés de fabrication
permet à Naturex de figurer sur la liste des tout premiers sur un marché dynamique de niche, celui des
couleurs naturelles, des antioxydants naturels et des compléments alimentaires.

Sur ce dernier segment de marché, celui des phyto-actifs (nutrition/sante), Naturex est même le leader
avec une emprise de l’ordre de 7 %.

Mais la faiblesse principale de la société Naturex, pour consolidation financière éventuelle, c’est sa taille
sur un marché des ingrédients de spécialité de plus en plus ouvert. C’est ce savoir-faire technique de
production et l’absence de taille critique qui expliquent très probablement le passage de Naturex sous
contrôle du suisse Givaudan (OPA en juin 2018).

Givaudan est le leader mondial du secteur des arômes et des parfums à partir d’ingrédients naturels et
synthétiques. La capacité de croissance et de marge de Naturex, du fait de l’innovation de procédé, mais
aussi grâce aux effets futurs de synergie avec l’initiateur de l’OPA (Givaudan), justifie le prix
d’acquisition bien supérieur à celui tire de la méthode d’évaluation par les flux de trésorerie futurs
actualises (DCF).

18
En effet, le prix d’offre effectif de 135 € se situe 20 % au-dessus de la valeur de l’action trouvée par
l’expert indépendant. La valeur d’entreprise décrochée par l’approche fondamentale des DCF donne un
multiple d’EBITDA fort (autour de 18), qui se situe au-delà du ratio moyen calcule avec l’échantillon des
concurrents de Naturex8.

Une concentration sur la mise en place de technologies novatrices en matière d’équipements, de services
destinés aux processus de développement, de produits industriels ou encore d’assurance qualité est
également créatrice de plus-values fortes et récurrentes.

Une telle maitrise des mutations technologiques et de la transformation d’avancées technologiques en


produits ou solutions efficaces élevé en définitive les barrières à l’entrée et assure une protection contre
d’éventuels nouveaux entrants sur le marché. La conséquence de ces avantages concurrentiels est visible
dans la progression parfois fulgurante des chiffres comptables.

Exemple

Le meilleur exemple de réussite selon ces paramètres-là est celui de la société Sartorius Stedim Biotech, relevant du
secteur de la santé (fournitures médicales). Cette société, en transformant les avancées de la recherche fondamentale
en solution efficaces pour la fabrication de médicaments biotechnologiques, obtient des taux d’EBITDA9 forts (30
%) et un niveau pour ce résultat brut d’exploitation (RBE) en constante progression : + 29,5 % sur deux ans
seulement, de 2017 (295 M€ réalises) à 2019 (382 M€ estimés fin 2018). C’est pour ces considérations stratégiques
solides, sources évidentes de différenciation, que Sartorius Stedim est la valeur la plus chère du sous-groupe des
équipements et services de santé du secteur Santé constitue d’une dizaine de sociétés cotées dans l’indice SBF120
(acronyme de Société des Bourses Françaises regroupant les valeurs les plus liquides cotées à Paris).

Bien que ce sous-secteur de la sante réunisse des marches porteurs d’activité, toutes les unités du groupe
ne sont pas aussi bien valorisées que Sartorius Stedim Biotech, car leurs avantages ne sont pas aussi
discriminants.

C’est le cas du premier exploitant européen d’établissements de prise en charge de personnes


dépendantes, Korian. En effet, le marché de cette société, bien qu’en développement, est plus ouvert que
celui de Sartorius. Les barrières à l’entrée sont ainsi moins hautes et cela se retrouve bien dans les « Price
Earning Ratio » ou PER (43 % plus bas) et dans les chiffres comptables : 14 % pour le taux d’EBITDA
contre 30 % pour Sartorius et +13,6 % pour la croissance attendue sur 2 ans (2017-2019) de ce RBE
(+29,5 % pour le leader du sous-secteur Equipements et services de santé).

Ces ratios, très inférieurs à ceux de Sartorius Stedim Biotech comme nous venons de le souligner,
s’expliquent dans une large mesure par les avantages stratégiques créés par cette dernière société qui sont
difficilement imitables.

2.3 L’innovation par la commercialisation et l’organisation

8
Les primes par rapport aux derniers cours sont courantes et parfois fortes, encore que cela ne soit pas toujours le cas (voir, par exemple, les
OPA sur Business & Decision et Baccarat de juin et décembre 2018). Par rapport à un prix issu des méthodes habituelles d’évaluation, les écarts
sont généralement moins significatifs. Quant au multiple de 18 (Naturex), il est proche de celui de deux des leaders du secteur, le suisse Givaudan
et l’israélien Frutarom.
9
EBITDA (Earnings Before Interest Taxes Depreciation and Amortization) divisé par chiffre d’affaires (CA).

19
Ces deux formes d’innovation managériale s’apparentent à de l’innovation adjacente (changements
significatifs sur la conception, le conditionnement, la tarification, le placement de produits…) ou
disruptive par facilitation de l’accès au produit pour consolidation de la part de marché. L’innovation est
donc multiforme. Ce fut, en son temps, le développement du self-service ou encore l’aménagement du
travail en flux tendu.

Aujourd’hui, la réduction voire la disparition des passages en caisse dans les grandes surfaces,
l’accentuation du commerce en ligne ou encore le « drive » apparaissent comme des innovations ayant ce
profil-là. Nous développerons dans les sections suivantes les cas du e-commerce et du « drive », qui
deviennent des relais décisifs de croissance aussi bien pour les sociétés commerciales (ventes de
marchandises) ou industrielles (production vendue de biens), que pour les prestataires de services.

20
2. Analyses de la
structure financière et de
l’activité et des résultats
de l’entreprise
L a réalisation d’un diagnostic financier repose sur l’analyse des états financiers d’une entreprise. Ce

diagnostic permet d’étudier la performance globale d’une entreprise au fil du temps et de la comparer à
celle d’autres entreprises du même secteur d’activité.

Pour réaliser l’analyse financière d’une entreprise, les éléments essentiels à étudier sont le compte de
résultat et le bilan, idéalement sur les trois (03) dernières années. L’étude de ces états nécessite d’extraire
les informations pertinentes et de les interpréter pour analyser la santé d’une entreprise et son potentiel de
développement.

C’est pourquoi le diagnostic sera structuré en cinq étapes :

- L’activité et la profitabilité ;
- La structure financière ;
- L’endettement ;
- La trésorerie ;
- La synthèse générale et les recommandations préconisées.

21
1 L’analyse de l’activité et de la profitabilité
C’est au travers du compte de résultat que l’activité et la rentabilité d’une entreprise peuvent être
analysées. L’intérêt est de reclasser le compte de résultat sous la forme d’un tableau des soldes
intermédiaires de gestion, afin de mettre en évidence les principaux indicateurs de performance, puis de
comparer la situation de l’entreprise a celle d’entreprises d’un même secteur d’activité. Le premier critère
d’appréciation de la performance d’une entreprise est le chiffre d’affaires réalisé au cours d’un exercice et
son évolution par rapport aux exercices précédents. Viennent ensuite les autres soldes, tels que la marge
de l’entreprise, la valeur ajoutée, le résultat de l’exercice : Comment ont-ils évolués ? Sont-ils conformes
aux moyennes du secteur ? Quelles sont les raisons des écarts constatés ? L’entreprise génère-t-elle du
bénéfice ou accuse-t-elle des pertes ?

Les ratios d’activité et de profitabilité apportent un complément à l’analyse. Leur étude et leur
comparaison par rapport aux chiffres du secteur permettront de mettre en évidence des leviers
d’amélioration.

2 L’analyse de la structure financière − L’équilibre financier


L’analyse des équilibres financiers est une analyse statique via l’étude du bilan fonctionnel. L’analyse est
dynamique via l’étude des tableaux de flux de fonds et de flux de trésorerie. Le tableau de financement
est un document approprié pour analyser la variation des agrégats issus du bilan fonctionnel (fonds de
roulement net global, besoin en fonds de roulement et trésorerie) et pour mettre en évidence la règle de
l’équilibre financier. Les tableaux de flux de trésorerie mettent la trésorerie au cœur de l’analyse et sont
plus à même d’évaluer le risque de défaillance des entreprises.

C’est au travers du bilan de l’entreprise, que les emplois (ce que l’entreprise a en sa possession) et les
ressources (dettes qu’elle a en contrepartie) peuvent être analysés, l’objectif étant de savoir d’où
proviennent les ressources et à quoi elles ont été employées.

Le détail de l’actif immobilisé permet de trouver des indicateurs importants : Quels sont les moyens
utilisés par l’entreprise pour exercer son activité ? Les moyens que l’entreprise possède devront-ils être
remplacés prochainement ?

Le détail de l’actif circulant permet de mettre en évidence la gestion des stocks et le recouvrement des
créances clients ; de par les disponibilités, il est possible de savoir si l’entreprise est financièrement saine.

Les capitaux propres de l’entreprise constituent une source d’information sur la valeur d’une entreprise. Il
convient de tenir compte des dividendes distribués qui diminuent le montant des capitaux propres.

L’endettement de la société est constitué par les dettes de l’entreprise (emprunts, dettes fournisseurs,
dettes fiscales et sociales, découverts bancaires).

Les ratios d’investissement, de structure, de rotation et de liquidité apportent un complément d’analyse.

 Les ratios d’investissement analysent l’efficacité de la gestion des immobilisations par


l’entreprise.
 Les ratios de structure permettent d’évaluer la structure financière et étudient par exemple la
couverture des emplois stables par les ressources stables, le financement de l’actif circulant par le
fonds de roulement.

22
 Les ratios de rotation se concentrent sur l’étude des stocks, des créances clients et des dettes
fournisseurs.
 Les ratios de liquidité évaluent la solvabilité à court terme de l’entreprise et permettent de savoir
si une entreprise dispose d’une trésorerie suffisante pour faire face aux dettes qui arrivent à
échéance à court terme et ainsi éviter la cessation de paiement.

3 L’analyse de l’endettement
L’endettement est analysé au travers de ratios afin de mettre en évidence l’autonomie financière de
l’entreprise. Le ratio d’endettement mesure l’importance du recours à l’endettement par rapport aux
capitaux propres ; le ratio de capacité de remboursement mesure l’importance du recours à l’endettement
par rapport aux capitaux propres et la capacité d’une entreprise à rembourser ses emprunts.

4 L’analyse de la trésorerie
L’analyse de la variation de trésorerie permet de comprendre comment et pourquoi la trésorerie a évolué
et a quoi elle a été utilisée.

5 La synthèse et les recommandations


Il convient de faire une synthèse des points forts et des points faibles et de proposer les solutions
adéquates pour améliorer la situation financière.

Par conséquent, la difficulté n’est pas de trouver l’information mais de la traiter selon une méthodologie
propre à révéler les forces et les faiblesses de l’entreprise, le risque étant d’enchainer des remarques
descriptives sans les mettre en relation, sans trouver le fil conducteur qui conduira à établir les liens de
causalité.

L’analyse financière doit suivre un enchainement logique permettant d’aborder différentes étapes, comme
il apparait dans le schéma suivant :

■■ La création de valeur

La valeur est au cœur de la préoccupation financière et l’objectif d’une entreprise est d’en créer, c’est-à-
dire d’être capable de réaliser des investissements dont le taux de rentabilité dégagé est positif et

23
correspond aux attentes de l’investisseur. Comment l’entreprise passe-t-elle de l’activité à la profitabilité
? En d’autres termes, comment réussit-elle, à partir de son métier, à dégager un résultat d’exploitation
positif ?

Notons qu’une diminution du chiffre d’affaires n’indique pas obligatoirement une baisse de l’activité. En
effet, avec la tendance à la diminution des prix, les quantités vendues peuvent croitre avec une réduction
des prix de vente, ce qui peut conduire à une baisse du chiffre d’affaires.

Dans le même ordre d’idée, sur un marché fortement concurrentiel, l’incapacité pour l’entreprise à
répercuter les hausses du prix des matières premières sur les prix de vente peut conduire à une
augmentation des consommations en provenance de tiers, ce qui entrainera une diminution de la valeur
ajoutée et par conséquent, in fine, une réduction de la profitabilité.

■■ Les moyens mis en œuvre

Selon le secteur d’activité, les moyens mis en œuvre sont plus ou moins importants. Ainsi, la structure
financière sera le reflet des moyens en immobilisations et en fonds de roulement dont l’entreprise aura
besoin pour son exploitation. Véritables barrières à l’entrée, les immobilisations nécessitent un
renouvellement plus ou moins régulier et l’effort d’investissement ne sera pas le même par exemple, dans
une industrie capitalistique, ou la technologie conditionne la performance, et dans le secteur du conseil ou
l’effort doit être axé plutôt sur le recrutement des collaborateurs.

Les deux facteurs de production, capital et travail, se retrouvent dans les comptes mais l’un est à l’actif du
bilan (le capital) alors que seul le cout du travail apparait dans le compte de résultat. La valeur des
individus, les savoirs, les savoir-faire et les savoir-être ne sont nullement inscrits à l’actif des bilans alors
que la politique en matière de ressources humaines conditionne souvent le positionnement technologique
de l’entreprise.

■■ L’optimisation

L’analyse de la rentabilité de l’entreprise, c’est-à-dire le rapport entre la profitabilité et les moyens mis en
œuvre, complète l’analyse précédente de l’activité et de la profitabilité. Elle est mesurée par rapport à un
indicateur d’activité (taux de marge) ou par rapport aux capitaux engagés (taux de retour sur
investissement).

Exemple

Une entreprise A située dans l’industrie réalise un chiffre d’affaires de 100 et un résultat de 5 mais nécessite des
investissements de 100. Une entreprise B située dans le conseil a un chiffre d’affaires de 50 avec un résultat de 2,5 et
des investissements de 10. Le taux de marge est identique mais les capitaux investis ne sont pas les mêmes. Pour un
investisseur, le secteur du conseil a un retour sur investissement plus intéressant.
Notons enfin que les perspectives de rentabilité sont étroitement liées aux risques pris par l’entreprise.
Ces derniers sont conditionnés par les attentes des actionnaires. Les performances de l’entreprise sont
donc à rapprocher de ces dernières. Le marché des capitaux est un marché concurrentiel et ce qui satisfait
un actionnaire peut en décevoir un autre. La notion de rentabilité est donc relative et dépendante des
objectifs des investisseurs.

■ Les différentes approches utilisées

24
Comme en médecine, les techniques d’investigation sont nombreuses et non exclusives. Elles dépendent
de l’information disponible et du contexte du diagnostic. Cependant, la matière première du diagnostic est
toujours la même : les comptes annuels. Les outils d’analyse sont similaires, pourtant le diagnostic sera
différent en fonction de son périmètre, c’est-à-dire selon qu’il s’agira d’analyser les comptes d’une
entreprise, d’une association ou d’une commune, ou en fonction du destinataire : investisseur-actionnaire,
banquier ou salarié.

Exemple

Dans une association ou dans une commune, la définition de la performance n’est pas la même que dans une
entreprise. Si les comptes doivent être équilibrés, la recherche du profit n’est pas un objectif en soit, l’équilibre des
comptes suffit. Par contre, si les seuls objectifs d’équilibre sont exigés dans une association, les possibilités
d’endettement ne seront pas les mêmes que pour les entreprises. En conséquence, un endettement normal dans une
entreprise pourra être considéré comme excessif dans une association.

De plus, la notion de performance ne sera pas la même selon que l’on considérera le point de vue de l’actionnaire,
qui sera fortement intéressé par le retour sur investissement de son placement, ou celui du banquier, qui s’interrogera
sur le risque de non-recouvrement des fonds prêtés à l’entreprise. Quant au salarié, les perspectives d’emplois,
d’augmentation de salaires, etc., sont parfois contradictoires avec les objectifs de profit de l’actionnaire.

Dans le cadre du SYSCOHADA révisé, les états financiers disponibles sont :

 Le compte de résultat,
 Le bilan,
 L'annexe.

Les analyses sont généralement effectuées sur les trois dernières années, mais il peut être intéressant de
disposer de cinq années.

 Le compte de résultat et le tableau des soldes intermédiaires de gestion permettent d'analyser les
principaux indicateurs de l'activité de l'entreprise, de dégager les soldes et de calculer les agrégats
représentatifs de sa rentabilité: Présentation et analyse du compte de résultat et Capacité
d'Autofinancement).
 L'analyse des bilans de l'entreprise permet :
o La détermination de l'affectation des résultats, qui traduit la politique de distribution des
dividendes.
o L'appréciation de l'équilibre financier de l'entreprise.

Cette analyse est effectuée selon trois méthodes :

Méthodes Techniques Objet et fonctions


1. Résumer l'information et constituer des
grandeurs principales et homogènes
Globale ou Statique 1. Agrégats de résultats
2. Dégager une vue d'ensemble du profil
2. Classes de capitaux (bilanciels)
financier de l'entreprise

25
1. Construire des indicateurs synthétiques
(taux, indices, ...) capables de révéler les
1. Ratios pris successivement
Comparative ou tendances
(optique unidimensionnelle)
Relative 2. Améliorer la compréhension du contenu
2. Ratios groupés (optique
et de l'importance des masses
multidimensionnelle)
financières
1. Raisonner dans une optique (financière)
1. Tableaux de flux.
de liquidité et de flux monétaires réels
2. Tableaux de financement (ou de
Différentielle 2. Expliquer les tendances décelées par les
ressources et emplois)
ratios et déterminer les variations des
3. Tableaux de variation de
masses financières dans le temps
Trésorerie

■ La méthode statique

Cette méthode s'appuie principalement sur l'étude du bilan. Elle permet d'analyser la situation financière,
la solvabilité et, mais de manière incomplète, la rentabilité de l'entreprise. Elle permet également de
mettre en évidence les incidences de la structure financière sur la solvabilité et la rentabilité.

L'analyse statique forme le noyau « classique » de l'analyse financière.

■ La méthode comparative

Un ratio est un rapport entre deux postes ou groupes de postes du bilan et/ou du tableau des soldes
caractéristiques de gestion.

L'analyse par les ratios permet de mesurer la rentabilité globale de l'entreprise et d'identifier les sources de
cette rentabilité. Elle permet également de mesurer des caractéristiques de la firme aussi importantes que
l'intensité capitalistique, l'indépendance financière, la rotation des stocks, la productivité, etc...

Elle permet enfin de pratiquer des études comparatives soit dans le temps (quelle est l'évolution de la
rentabilité ? L'indépendance financière a-t-elle été préservée, détériorée, renforcée au cours des 3 années
passées ? etc.), soit par rapport aux entreprises du même secteur (le taux de productivité de la main
d'œuvre de l'entreprise est-il au-dessus ou en dessous de la valeur moyenne du secteur ? des principaux
concurrents ? etc.).

■ L'analyse par les flux

L'analyse par les flux financiers, encore appelée analyse dynamique ou analyse différentielle, est souvent
complexe mais elle est extrêmement importante en ce sens qu'elle étudie les flux animant l'entreprise. Elle
permet de retracer le parcours financier d'une entreprise en s'attachant à l'équilibre entre les emplois et les
ressources à long, à moyen et à court terme. L'analyse par les flux peut ainsi amener à une compréhension
historique des problèmes de trésorerie que l'entreprise a rencontrés.

Elle permet également de s'assurer de la viabilité de telle ou telle stratégie financière. Cet aspect
prévisionnel conduit à l'établissement de plans de financement où sont identifiés les besoins de fonds de
l'entreprise, ses ressources internes dégagées par l'activité, les financements externes nécessaires, les
risques de difficultés de trésorerie, voire d'insolvabilité.

26
Les analyses différentielles connaissent actuellement un remarquable développement et constituent le
centre d'intérêt des recherches financières.

■■ La démarche de l'analyse financière

Retraitements

Application des outils de


l'Analyse Financière
Etablissement
d'indicateurs et de
Collecte des tableaux
informations
Interprétation des
Comptables tableaux et indicateurs
o Equilibre financier
o Solvabilité
Extracomptables o Rentabilité

Rapport de synthèse de
l'Analyse Financière

Recommandations
Perspectives offertes à
l'entreprise
Solutions et mesures
d'accompagnement

6 Les principaux retraitements de l'analyse financière


■■ Retraitements des états comptables en vue de leur analyse

■ Fondement des retraitements

L'analyse financière doit porter sur des éléments permettant à la fois :


 La traduction de la réalité économique de l'entreprise, en particulier lorsque
celle-ci s'écarte de la présentation comptable.
Exemple : élimination des non-valeurs ou actifs fictifs du bilan.

27
 La comparabilité des informations, par exemple entre les comptes successifs
d'une même entreprise ou entre les comptes de différentes entreprises
appartenant au même secteur d'activité.
C'est pour atteindre ces objectifs qu'il est habituel de procéder à un certain nombre de retraitements
et reclassements des données comptables. Par ailleurs, la pratique de l'analyse financière conduit
généralement à pratiquer certains regroupements visant à faciliter la présentation de l'information
et la réalisation du calcul des principaux agrégats financiers.
La détermination des retraitements à effectuer dépend des problèmes et des particularismes
comptables rencontrés par l'analyste. Elle doit en tous cas être ajustée en fonction de deux principes:
 Le principe de la permanence des méthodes comptables (ou principe de fixité).
L'analyste devra vérifier que ce principe a bien été respecté (exemple : pas de
changement dans la méthode de valorisation des stocks).
Si cela n'était pas le cas, il faudrait :
o déterminer et apprécier les raisons qui ont amené un changement dans
les méthodes comptables
o faire les retraitements nécessaires afin d'éliminer de l'analyse les effets
pervers de tels changements.
 Le principe d'importance relative ; les retraitements ne se justifient que s'ils ont
un caractère significatif au niveau d'information recherché.
Ces principes étant posés, nous allons examiner ci-après les principaux retraitements, tout en notant que
l'essentiel de ceux-ci concernent les bilans, l'introduction dans le PCG 82 des soldes caractéristiques de
gestion ayant considérablement limité les besoins de retraitement du compte de résultat.

■ Les principaux retraitements du compte de résultat

 Le retraitement des frais de personnel intérimaire ; Ces frais, s'ils sont


connus, doivent être ajoutés aux frais de personnel et simultanément exclus des
Services extérieurs, afin de mesurer le potentiel de main-d’œuvre utilisé par
l'entreprise, et ce quelle qu'en soit la nature.
 Le retraitement des loyers de crédit-bail ; inclus comptablement dans les «
Autres Services Consommés », les loyers de crédit-bail doivent, dans le compte
de résultat retraité, être retranchés de ceux-ci pour être portés pour partie avec
les amortissements, pour partie avec les frais financiers. En effet, en l'absence
de retraitement, la pratique du crédit-bail aurait pour conséquence de minorer la
Valeur Ajoutée et l'Excédent brut d'exploitation. En pratique le retraitement du
crédit-bail est assez complexe car il touche à la fois au compte de résultat et au
bilan.
■ Les principaux retraitements du bilan

 Elimination des non-valeurs ; La valeur comptable des actifs figurant au bilan


s'écarte nécessairement de leur valeur réelle, en vertu du principe de
nominalisme (comptabilisation des immobilisations au coût historique). En
général, la valeur comptable des immobilisations, du fait de l'inflation, est plutôt
sous-évaluée. Il arrive cependant que figurent parmi les actifs incorporels
certains postes qui ont été immobilisés pour permettre l'étalement des charges
ou de frais, mais que ne constituent pas effectivement des immobilisations,

28
contribuant de ce fait au gonflement apparent des actifs. Par exemple les frais
d'établissement sont généralement considérés par l'analyste financier comme des
non-valeurs ou actifs fictifs. Une solution du même type peut être adoptée pour
le fonds commercial, quoiqu'en principe celui-ci ne figure au bilan que s'il a été
acquis.
Sont généralement considérées comme des non-valeurs les actifs suivants :
o capital souscrit non appelé
o frais d'établissement
o charges à répartir
o primes de remboursement des obligations
o écarts de conversion actif.
Il est souhaitable de soustraire de l'Actif et des Fonds propres cet ensemble de
non-valeurs.
En ce qui concerne les écarts de conversion actif, compte tenu de l'existence par
symétrie des écarts de conversion passif, le retraitement est en principe le
suivant: on procède à une compensation entre les deux, en retranchant la
différence (« écarts de conversion actif » - « écarts de conversion passif ») du
montant des fonds propres et en les faisant disparaître du bilan. Si les écarts de
conversion passif sont supérieurs aux écarts de conversion actif, le niveau des
fonds propres se trouve donc majoré par ce retraitement.
 Immobilisations acquises en crédit-bail ; Les biens acquis en crédit-bail
n'appartiennent pas juridiquement à l'entreprise avant l'exercice de la levée
d'option. Conséquemment, ils ne figurent pas au bilan. Le montant des
engagements de crédit-bail doit figurer dans l'annexe, et la part des redevances
dans les loyers en renvoi au pied du compte de résultat.
La généralisation de la pratique du crédit-bail, en particulier pour les immeubles
et équipements productifs, a conduit les analystes financiers à pratiquer de plus
en plus souvent le retraitement des biens en crédit-bail au bilan des entreprises.
Ce retraitement permet en effet de rendre comparables des entreprises qui
choisissent des modes de financement de leurs investissements différents
(emprunt, crédit-bail). Il ne sera à effectuer que lorsque le montant du crédit-bail
est significatif par rapport au montant total des immobilisations.
Le principe de ce retraitement est l'assimilation du bien pris en crédit-bail à un
bien acquis normalement, assorti d'un financement par emprunt. Au compte de
résultat, la redevance, traitée comptablement en « Charges externes » (compte
61) sera retraitée pour partie en « amortissements », pour partie en « Frais
financiers ». Au bilan, l'actif sera majoré de la valeur résiduelle du bien, et le
passif d'un montant correspondant d'emprunt. La difficulté principale est
d'établir une cohérence entre le montant des loyers et les composantes de leur
retraitement : amortissements, frais financiers et remboursement.

Il existe deux méthodes de retraitement, la première étant la plus simple et la plus utilisée.
 La méthode préconisée par la Banque de France consiste à calculer, sur la base

29
de la valeur vénale à la signature du contrat, un montant théorique
d'amortissement », correspondant à ce que l'on aurait pratiqué sur une
immobilisation acquise. Les frais financiers sont alors calculés par différence.
Le montant de cet « amortissement » correspond au montant du «
remboursement ». Cette méthode est relativement facile à appliquer mais fait
apparaître des frais financiers fixes alors que le capital restant dû décroît.
 La méthode préconisée par l'Ordre des experts comptables consiste à
reconstituer, parallèlement au calcul des « amortissements » théoriques, à taux
d'intérêt fixe, le montant du remboursement et des frais financiers pour chaque
échéance. Mais il apparaît alors un écart entre les amortissements techniques et
les remboursements. Ce retraitement est en outre délicat, car il suppose la prise
en compte, rétrospective, des retraitements de l'ensemble des années courues.
Remarque :
Les principaux retraitements décrits ci-dessus étant effectués, il est usuel de procéder à un certain nombre
de regroupements, facilitant la présentation et l'analyse des états financiers, regroupements que nous
préciserons dans les chapitres traitant du compte de résultat et du bilan.

 Effets escomptés et non échus : l'escompte commercial est un des moyens


auquel peut recourir une entreprise pour satisfaire un besoin de trésorerie.
Afin de :
o mesurer le véritable volume du crédit accordé à la clientèle,
o mettre en évidence les besoins de trésorerie réels de l'entreprise,
o rendre comparables des situations ou des entreprises qui auraient des
stratégies financières à court terme différentes,
o prendre en compte l'engagement né envers la banque en vertu du droit
cambiaire, jusqu'à l'échéance de l'effet et au règlement du débiteur,
Il est nécessaire de réintégrer ces effets escomptés et non échus
• à l'actif : dans les effets à recevoir
• au passif : dans les concours de trésorerie.
 Emprunts et dettes financières : le Plan Comptable Français ne distingue plus
les dettes à plus d'un an des dettes à moins d'un an. Ce poste recouvre donc la
totalité des dettes auprès des établissements financiers. Il convient d'en extraire
le montant des dettes de trésorerie c'est à dire des concours bancaires courants
et soldes créditeurs de banque qui figure en renvoi au pied du bilan. Ce montant
sera reclassé, avec les effets escomptés non échus en 'concours de trésorerie'.
 Elimination de l'effet des réévaluations : si une réévaluation d'actif est
intervenue au cours de la période étudiée, l'interprétation des comptes impose la
comparabilité des données, de l'élimination, dans la mesure du possible, de
l'effet des réévaluations sur :
o l'actif brut
o les amortissements
o les fonds propres (écart de réévaluation).

30
 Comptes courants d'associés : si les bilans de l'entreprise présentent des
comptes courants d'associés pour des montants significatifs et stables, ils
peuvent être considérés comme des ressources permanentes, et même des fonds
propres (cf. notion de surface élargie).

31
3. Traitement financier
de la matière première
comptable et outils
élémentaires
indispensables au
diagnostic

D eux notions sont fondamentales, comme énoncé au chapitre précédent, pour apprécier la

structure financière d’une entreprise : la solvabilité et la liquidité.

La solvabilité est la capacité de l’entreprise à faire face à ses dettes. Elle mesure l’autonomie,
l’indépendance financière de l’entreprise. La solvabilité constitue une anticipation de la liquidité.

La liquidité correspond à une disponibilité immédiate de fonds. L’entreprise peut être solvable tout en
ayant des difficultés à honorer ses dettes immédiatement exigibles, parce que la liquidité est insuffisante.

L’analyse financière va tenter d’apprécier si le degré de liquidité des actifs de l’entreprise est
suffisamment élevé pour lui permettre de faire face à ses engagements financiers à tout moment c’est-à-
dire pour assurer sa solvabilité.

L’analyse de la structure financière s’effectue principalement à partir du bilan comptable. Il existe deux
approches dans l’étude de la structure financière : l’approche fonctionnelle et l’approche financière (ou
approche liquidité).

■■ La matière du diagnostic : les états financiers

32
On appelle souvent la comptabilité, le langage des affaires, et comme tout langage, il n’exprime jamais
nos pensées avec une précision et une clarté absolue. C’est en quelque sorte le premier pas à franchir, lors
de la prise de contact avec les documents financiers de l’entreprise. Il est donc nécessaire de les traduire
avant de commencer à en effectuer l’analyse proprement dite.

La comptabilité met à notre disposition plusieurs documents dont les plus utilisés sont: le bilan, le tableau
des flux de trésorerie et le compte de résultat. Les documents comptables font référence à la liasse fiscale
qui constitue en quelque sorte une norme de présentation des comptes.

1 Présentation du compte de résultat

Le compte de résultat retenu par le SYSCOHADA révisé se présente en compte et en liste :

33
1.1 Analyse quantitative de l’activité

34
Le compte de résultat permet de calculer des indicateurs d’activité, des soldes de gestion, et la capacité
d’autofinancement.

■■ Les indicateurs d’activité


■ Le chiffre d’affaires

C’est le montant des ventes (Production et Services) réalisé par l’entreprise. Indicateur de l’activité
externe, il est égal à :

𝐕𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐝𝐢𝐬𝐞𝐬 + 𝐕𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐟𝐚𝐛𝐫𝐢𝐪𝐮é𝐬 + 𝐓𝐫𝐚𝐯𝐚𝐮𝐱, 𝐬𝐞𝐫𝐯𝐢𝐜𝐞𝐬 𝐯𝐞𝐧𝐝𝐮𝐬


+ 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐚𝐜𝐜𝐞𝐬𝐬𝐨𝐢𝐫𝐞𝐬 = 𝐂𝐇𝐈𝐅𝐅𝐑𝐄 𝐃′𝐀𝐅𝐅𝐀𝐈𝐑𝐄𝐒

Parmi les grandeurs significatives du compte de résultat, le chiffre d’affaires occupe une place importante
car il reflète les performances commerciales de l’entreprise et sa capacité à dégager des résultats.

L’évolution du chiffre d’affaires s’apprécie au regard des variables du « marketing mix »

o Politique de prix (adaptation à la cible, objectif de marge)


o Politique de produit (adaptation au marché)
• Politique de distribution (pertinence des réseaux par
rapport à la cible)
• Politique commerciale (publicité, action commerciale)
Toute évolution trouve ses causes par rapport à ces variables compte tenu du positionnement
concurrentiel (intensité concurrentielle, part de marché) et de la conjoncture.

La recherche des causes doit être poussée jusqu’à l’identification des causes réelles ; ainsi une réduction
du chiffre d’affaires due à des prix très élevés par rapport à la concurrence peut être imputable à des
marges trop importantes, à des coûts non maîtrisés, (coût des achats consommés, dérapage des frais
généraux, glissement de la masse salariale, etc.)

Dans l’analyse de l’évolution il faut tenir compte de l’incidence de l’inflation, pour aboutir à un chiffre
d’affaires déflaté plus représentatif de l’évolution réelle.

L’appréciation du chiffre d’affaires doit toujours se faire par rapport à la norme du secteur.

■ La production de l’exercice

Elle ne concerne que les entreprises industrielles (transformation) et se compose de :

𝐏𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤é𝐞 + 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬é𝐞 = 𝐏𝐑𝐎𝐃𝐔𝐂𝐓𝐈𝐎𝐍 𝐃𝐄 𝐋′𝐄𝐗𝐄𝐑𝐂𝐈𝐂𝐄

C’est un bon indicateur pour mesurer la croissance de l’entreprise, cependant il faut garder à l’esprit que
seule la production vendue enrichit l’entreprise pour l’exercice considéré. La production immobilisée
compense des charges qui ne seront intégrées dans les coûts de revient que lors de l’amortissement de
l’immobilisation concernée.

■■ Les soldes de gestion


■ La marge commerciale

35
C’est la marge que l’entreprise tire de la revente de marchandises achetées en « l’état », c’est à dire sans
opérer de transformation. C’est la différence entre le montant des ventes de marchandises et les achats
consommés de marchandises. Elle se calcule dans les entreprises commerciales ou dans la branche négoce
des entreprises industrielles.

Elle est égale à :

𝐕𝐞𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐝𝐢𝐬𝐞𝐬 − 𝐀𝐜𝐡𝐚𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐝𝐢𝐬𝐞𝐬


± 𝐕𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐝𝐢𝐬𝐞𝐬
= 𝐌𝐀𝐑𝐆𝐄 𝐂𝐎𝐌𝐌𝐄𝐑𝐂𝐈𝐀𝐋𝐄 𝐒𝐔𝐑 𝐌𝐀𝐑𝐂𝐇𝐀𝐍𝐃𝐈𝐒𝐄𝐒

L’évolution de la marge peut s’apprécier à travers :

 Le taux de marge : qui mesure la marge générée par un (1) franc d’achat de marchandises
𝐌𝐚𝐫𝐠𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐫𝐜𝐢𝐚𝐥𝐞⁄
𝐀𝐜𝐡𝐚𝐭 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐝𝐢𝐬𝐞𝐬
 Le taux de marque : qui mesure la marge obtenue pour un (1) franc de chiffre d’affaires hors
taxes
𝐌𝐚𝐫𝐠𝐞 𝐜𝐨𝐦𝐦𝐞𝐫𝐜𝐢𝐚𝐥𝐞⁄
𝐂𝐡𝐢𝐟𝐟𝐫𝐞 𝐝′ 𝐚𝐟𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 𝐡𝐨𝐫𝐬 𝐭𝐚𝐱𝐞𝐬
■ La marge sur matières premières

Elle est déterminée dans les entreprises industrielles et de bâtiment (travaux publics) et est surtout
intéressante dans les entreprises où la matière première constitue une part significative de la production.

Elle est égale à :

𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥′ 𝐞𝐱𝐞𝐫𝐜𝐢𝐜𝐞 − 𝐀𝐜𝐡𝐚𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐭𝐢è𝐫𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢è𝐫𝐞𝐬


± 𝐕𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐭𝐢è𝐫𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢è𝐫𝐞𝐬
= 𝐌𝐀𝐑𝐆𝐄 𝐒𝐔𝐑 𝐌𝐀𝐓𝐈𝐄𝐑𝐄𝐒 𝐏𝐑𝐄𝐌𝐈𝐄𝐑𝐄𝐒

■ La valeur ajoutée

La valeur ajoutée retrace la création ou l’accroissement de valeur apportée par l’entreprise dans l’exercice
de ses activités professionnelles courantes aux biens et services en provenance des tiers. Elle est égale à :

𝐂𝐡𝐢𝐟𝐟𝐫𝐞 𝐝′ 𝐚𝐟𝐟𝐚𝐢𝐫𝐞𝐬 + 𝐀𝐜𝐡𝐚𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐝𝐢𝐬𝐞𝐬 ± 𝐕𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐫𝐜𝐡𝐚𝐧𝐝𝐢𝐬𝐞𝐬


± 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤é𝐞 + 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬é𝐞
+ 𝐒𝐮𝐛𝐯𝐞𝐧𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝′ 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐢𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 + 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬
+ 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐞𝐫𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐝′ 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐢𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧
− 𝐀𝐜𝐡𝐚𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐭𝐢è𝐫𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢è𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐟𝐨𝐮𝐫𝐧𝐢𝐭𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐥𝐢é𝐞𝐬
± 𝐕𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤𝐬 𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐭𝐢è𝐫𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐞𝐦𝐢è𝐫𝐞𝐬 𝐞𝐭 𝐟𝐨𝐮𝐫𝐧𝐢𝐭𝐮𝐫𝐞𝐬 𝐥𝐢é𝐞𝐬
− 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐚𝐜𝐡𝐚𝐭𝐬 ± 𝐕𝐚𝐫𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐬𝐭𝐨𝐜𝐤𝐬 𝐝′ 𝐚𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐚𝐩𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧𝐧𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬
− 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐩𝐨𝐫𝐭𝐬 − 𝐒𝐞𝐫𝐯𝐢𝐜𝐞𝐬 𝐞𝐱𝐭é𝐫𝐢𝐞𝐮𝐫𝐬 − 𝐈𝐦𝐩ô𝐭𝐬 𝐞𝐭 𝐭𝐚𝐱𝐞𝐬 − 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬
= 𝐕𝐀𝐋𝐄𝐔𝐑 𝐀𝐉𝐎𝐔𝐓𝐄𝐄

La notion de la valeur ajoutée constitue un des éléments essentiels, un des outils majeurs de l’analyse
financière.

36
Si le chiffre d’affaires reflète l’activité externe, la valeur ajoutée, elle reflète l’activité interne de
l’entreprise et son aptitude à effectuer la meilleure combinaison possible des facteurs de production c’est-
à-dire des facteurs humains et matériels.

La valeur ajoutée représente donc la richesse créée par l’entreprise. Elle est également un instrument de
mesure de la taille économique. Ainsi on peut dire que pour deux entreprises réalisant le même chiffre
d’affaires alors la plus « importante » économiquement est celle dont la valeur ajoutée est la plus forte.
Elle est également représentative du degré d’intégration de l’entreprise.
𝐕𝐚𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐚𝐣𝐨𝐮𝐭é𝐞⁄
Le rapport traduit le degré d’intégration verticale de
𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐜𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞 𝐥′𝐞𝐱𝐞𝐫𝐜𝐢𝐜𝐞
l’entreprise.

La valeur ajoutée étant la richesse créée par l’entreprise, l’étude de la répartition de cette richesse donne
des indications intéressantes sur la structure interne de l’entreprise :

 Personnel : Charges de personnel + Participation des travailleurs


 Etat : Impôt sur le résultat
 Prêteurs : Charges d’intérêt sur emprunts
 Associés : Dividendes + intérêts de comptes courants
 Entreprise : Autofinancement

Cette répartition de la valeur ajoutée constitue un second mode de calcul de la valeur ajoutée dénommé la
méthode additive.

■ L’excédent brut d’exploitation (EBE)

C’est l’indicateur pivot de la performance économique de l’entreprise, à la fois résultant de toute la


gestion courante et préalable à une répartition qui diffère d’une entreprise à l’autre.

Il est égal à

𝐕𝐚𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐚𝐣𝐨𝐮𝐭é𝐞 − 𝐂𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥 = 𝐄𝐗𝐂𝐄𝐃𝐄𝐍𝐓 𝐁𝐑𝐔𝐓 𝐃′𝐄𝐗𝐏𝐋𝐎𝐈𝐓𝐀𝐓𝐈𝐎𝐍

L’EBE apparaît comme un solde avant :

 Dotation aux amortissements ;


 Charges financières ;
 Toute incidence hors activités ordinaires (HAO) ;
 Impôt sur le résultat.

C’est justement parce qu’il ne subit pas de distorsions d’une entreprise à une autre et qu’il est indépendant
du degré d’intégration économique, que l’EBE est l’indicateur le plus pertinent pour opérer des
comparaisons intra-sectorielles.

En outre l’EBE représente la trésorerie potentielle générée par l’exploitation, sa capacité à produire des
ressources financières (potentielles du fait des décalages de paiement).

L’EBE est enfin le point de départ de plusieurs calculs financiers entre autre la Capacité
d’Autofinancement Globale (CAFG).

37
■ Le résultat d’exploitation

Il reflète l’activité normale de l’entreprise, mais après prise en compte des dotations et reprises sur
amortissements et provisions d’exploitation. Il est moins comparable avec les entreprises concurrentes,
mais reste un bon outil d’appréciation des performances économiques si l’on raisonne dans une logique
interne et pluriannuelle.

■ Le résultat financier

C’est le solde entre les produits et les charges financières d’une entreprise. Il est égal à :

𝐑𝐞𝐯𝐞𝐧𝐮𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐞𝐭 𝐚𝐬𝐬𝐢𝐦𝐢𝐥é𝐬 + 𝐑𝐞𝐩𝐫𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐝é𝐩𝐫é𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢è𝐫𝐞𝐬


+ 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐞𝐫𝐭𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢è𝐫𝐞𝐬 − 𝐅𝐫𝐚𝐢𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐞𝐭 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐚𝐬𝐬𝐢𝐦𝐢𝐥é𝐞𝐬
− 𝐃𝐨𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐱 𝐝é𝐩𝐫é𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢è𝐫𝐞𝐬
= 𝐑𝐄𝐒𝐔𝐋𝐓𝐀𝐓 𝐅𝐈𝐍𝐀𝐍𝐂𝐈𝐄𝐑

Il permet d’apprécier l’incidence des charges financières sur la rentabilité ou la part prise par les produits
financiers.

■ Le résultat des activités ordinaires

C’est le résultat lié aux activités ordinaires de l’entreprise. Il est égal à :

𝐑é𝐬𝐮𝐥𝐭𝐚𝐭 𝐝′ 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐢𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 + 𝐑é𝐬𝐮𝐥𝐭𝐚𝐭 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐫 = 𝐑𝐄𝐒𝐔𝐋𝐓𝐀𝐓 𝐃′ 𝐀𝐂𝐓𝐈𝐕𝐈𝐓É𝐒 𝐎𝐑𝐃𝐈𝐍𝐀𝐈𝐑𝐄𝐒

■ Le résultat hors activités ordinaires

C’est le solde entre les produits et les charges sans rapport avec l’activité courante et récurrente de
l’entreprise.

𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝′ 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 + 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐇𝐀𝐎


− 𝐕𝐚𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐭𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝′ 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 − 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐇𝐀𝐎
= 𝐑𝐄𝐒𝐔𝐋𝐓𝐀𝐓 𝐇𝐎𝐑𝐒 𝐀𝐂𝐓𝐈𝐕𝐈𝐓É𝐒 𝐎𝐑𝐃𝐈𝐍𝐀𝐈𝐑𝐄𝐒

C’est un solde qui n’est pas pertinent dans l’appréciation des performances de l’entreprise.

■ Le résultat net

C’est le solde découlant de tous les produits et toutes les charges au cours d’une période déterminée et
après calcul de la participation et de l’impôt sur le résultat.

Un bénéfice n’est pas nécessairement le signe d’une saine gestion. Néanmoins le Résultat Net reste un
outil de communication important.

■■ Les soldes globaux


■ La valeur ajoutée globale (VAG)

C’est la richesse totale produite par l’entreprise au cours de l’exercice. Elle représente aussi la richesse
totale partagée entre : le Personnel, l’Etat, les Prêteurs et l’Entreprise elle-même.

Elle est égale à :

38
𝐕𝐀𝐆
= 𝐕𝐚𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐚𝐣𝐨𝐮𝐭é𝐞 𝐝𝐮 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐭𝐞 𝐝𝐞 𝐫é𝐬𝐮𝐥𝐚𝐭
+ 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐞𝐧𝐜𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐬𝐚𝐮𝐟 𝐩𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝′ 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬
− 𝐀𝐮𝐭𝐫𝐞𝐬 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐝é𝐜𝐚𝐢𝐬𝐬𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐬𝐚𝐮𝐟 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥 (𝐝𝐨𝐧𝐭 𝐩𝐞𝐫𝐬𝐨𝐧𝐧𝐞𝐥 𝐞𝐱𝐭é𝐫𝐢𝐞𝐮𝐫 𝐞𝐭 𝐩𝐚𝐫𝐭𝐢𝐜𝐢𝐩𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧),
𝐟𝐫𝐚𝐢𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐫𝐬 𝐞𝐭 𝐢𝐦𝐩ô𝐭𝐬 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐫é𝐬𝐮𝐥𝐭𝐚𝐭

Charges de
personnel
Personnel
Personnel
extérieur
Participation des
travailleurs
VAG

Impôt sur le
Etat
résultat

Preteurs Frais financiers

Dividendes
Entreprises et
CAFG
Associés
Autofinancement

■■ La Capacité d’Autofinancement Globale (CAFG)


La capacité d’autofinancement représente la ressource dégagée au cours de l’exercice, par l’entreprise
grâce à l’ensemble de ses opérations de gestion.

Elle représente également le revenu qui est acquis à l’occasion de ses opérations de gestion, après
rémunération de l’ensemble de ses partenaires (Etat, Prêteurs, Personnel).

■ Mode de calcul de la CAFG

 Méthode soustractive

𝐄𝐱𝐜é𝐝𝐞𝐧𝐭 𝐛𝐫𝐮𝐭 𝐝′ 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐢𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 + 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐞𝐫𝐭 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 + 𝐑𝐞𝐯𝐞𝐧𝐮𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐫𝐬


+ 𝐆𝐚𝐢𝐧𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞 + 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐞𝐫𝐭 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢è𝐫𝐞𝐬 − 𝐅𝐫𝐚𝐢𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢𝐞𝐫𝐬
− 𝐏𝐞𝐫𝐭𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐧𝐠𝐞 + 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐇𝐀𝐎 + 𝐓𝐫𝐚𝐧𝐬𝐟𝐞𝐫𝐭 𝐝𝐞 𝐜𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐇𝐀𝐎
− 𝐂𝐡𝐚𝐫𝐠𝐞𝐬 𝐇𝐀𝐎 − 𝐏𝐚𝐫𝐭𝐢𝐜𝐢𝐩𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 𝐝𝐞𝐬 𝐭𝐫𝐚𝐯𝐚𝐢𝐥𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 − 𝐈𝐦𝐩ô𝐭 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐞 𝐫é𝐬𝐮𝐥𝐭𝐚𝐭
= 𝐂𝐀𝐏𝐀𝐂𝐈𝐓𝐄 𝐃′ 𝐀𝐔𝐓𝐎𝐅𝐈𝐍𝐀𝐍𝐂𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 𝐆𝐋𝐎𝐁𝐀𝐋𝐄

 Méthode additive

39
𝐑é𝐬𝐮𝐥𝐭𝐚𝐭 𝐝𝐞 𝐥′ 𝐞𝐱𝐞𝐫𝐜𝐢𝐜𝐞
+ 𝐃𝐨𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐚𝐦𝐨𝐫𝐭𝐢𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬, 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐝é𝐩𝐫é𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝′ 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐢𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧
+ 𝐃𝐨𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐚𝐮𝐱 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐚𝐮𝐱 𝐝é𝐩𝐫é𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢è𝐫𝐞𝐬
− 𝐑é𝐩𝐫𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐝′ 𝐚𝐦𝐨𝐫𝐭𝐢𝐬𝐬𝐞𝐦𝐞𝐧𝐭𝐬, 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐝é𝐩𝐫é𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝′ 𝐞𝐱𝐩𝐥𝐨𝐢𝐭𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧
− 𝐑é𝐩𝐫𝐢𝐬𝐞𝐬 𝐝𝐞 𝐩𝐫𝐨𝐯𝐢𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐞𝐭 𝐝é𝐩𝐫é𝐜𝐢𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢è𝐫𝐞𝐬
+ 𝐕𝐚𝐥𝐞𝐮𝐫 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐭𝐚𝐛𝐥𝐞 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝′ 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬
− 𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐝′ 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐬 = 𝐂𝐀𝐏𝐀𝐂𝐈𝐓𝐄 𝐃′ 𝐀𝐔𝐓𝐎𝐅𝐈𝐍𝐀𝐍𝐂𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 𝐆𝐋𝐎𝐁𝐀𝐋𝐄

■ Autofinancement

L’autofinancement est la part de la CAFG consacrée aux financements de l’entreprise. C’est la ressource
disponible après rémunération des associés.

𝐀𝐔𝐓𝐎𝐅𝐈𝐍𝐀𝐍𝐂𝐄𝐌𝐄𝐍𝐓 = 𝐀𝐅 = 𝐂𝐀𝐅𝐆 − 𝐃𝐢𝐯𝐢𝐝𝐞𝐧𝐝𝐞𝐬

■ Destination de la Capacité d’Autofinancement (CAF)

La capacité d‘autofinancement qui correspond à un surplus monétaire potentiel dégagé par l’activité de
l’entreprise déterminée par 𝐄𝐁𝐄 +
𝐕𝐚𝐥𝐞𝐮𝐫𝐬 𝐜𝐨𝐦𝐩𝐭𝐚𝐛𝐥𝐞𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐜𝐨𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐝′ 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 −
𝐏𝐫𝐨𝐝𝐮𝐢𝐭𝐬 𝐝𝐞𝐬 𝐜𝐞𝐬𝐬𝐢𝐨𝐧𝐬 𝐜𝐨𝐮𝐫𝐚𝐧𝐭𝐞𝐬 𝐝′ 𝐢𝐦𝐦𝐨𝐛𝐢𝐥𝐢𝐬𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧 permet de financer plusieurs besoins
possibles :

o Rémunérer les actionnaires ou associés : par le biais des dividendes.


o Financer de nouveaux investissements : c’est par l’autofinancement que l’entreprise peut
s’assurer une croissance dans l’indépendance.
L’insuffisance d’autofinancement oblige l’entreprise à emprunter pour financer les
investissements nécessaires.
o Rembourser les emprunts en cours : les banquiers sont très attentifs à l’évolution du rapport :
𝐃𝐞𝐭𝐭𝐞𝐬 𝐟𝐢𝐧𝐚𝐧𝐜𝐢è𝐫𝐞𝐬⁄
𝐂𝐀𝐅𝐆
■ Divers aspects de l’Autofinancement

L’autofinancement comprend deux parties répondant à des buts différents. Il s’agit de :

o L’autofinancement de maintien
o L’autofinancement d’expansion ou d’enrichissement

 L’autofinancement de maintien

C’est la partie de l’autofinancement utilisée pour maintenir le patrimoine de l’entreprise au niveau déjà
acquis. Ce sont :

o Les dotations aux amortissements


o Les dotations aux provisions à plus d’un an

 L’autofinancement d’enrichissement

40
C’est la partie de l’autofinancement utilisée pour augmenter le patrimoine de l’entreprise. Cet
autofinancement résulte surtout de la non distribution de bénéfices.

Cet autofinancement est constitué par :

o Les réserves constituées à partir des bénéfices ;


o Des dotations aux provisions sans objet réel ;
o Des dotations aux provisions hors impôt latent.

La NOTE 34 de la liasse du système normal des états financiers normalisés du système comptable
OHADA permet d’obtenir une synthèse de ces différents indicateurs.

Focus
À partir du compte de résultat suivant :

i. Etablissez les soldes significatifs de gestion


ii. Calculer la CAFG par les 2 méthodes ainsi que l’autofinancement net si les dividendes distribués
sont de 25 000
iii. Calculer la valeur ajoutée globale et répartissez la
iv. Calculer l’excédent brut d’exploitation
v. Calculer la CAFG à partir de l’EBE
vi. Expliquer les notions de Valeur ajoutée et CAF ainsi que leur intérêt.

41
Exercice N
PRODUITS D’EXPLOITATION
Ventes de marchandises 235 227
Ventes de produits fabriqués 3 888 547
Chiffre d’affaires net 4 123 774
Production stockée 71 935
Production immobilisée 47 364
Reprises sur amortissements et provisions 18 253
Autres produits 5 146
CHARGES D’EXPLOITATION
Achats de marchandises 206 933
Variation du stock de marchandises - 17 281
Achat de matières premières et autres approvisionnements 1 506 316
Variation du stock de matières premières et autres approvisionnements - 11 271
Autres achats services extérieurs et personnel extérieur à l’entreprise 925 800
Impôts, taxes et versements assimilés 94 978
Salaires et traitements 866 212
Charges sociales 359 716
Dotations aux amortissements des immobilisations 188 540
Dotations aux provisions sur actif circulant
Dotations aux provisions pour risques et charges
Autres charges 2 902
PRODUITS FINANCIERS
De participation et de valeurs mobilières et créances de l’actif 10 385
Autres revenus financiers et produits assimilés 15 336
Reprises sur provisions 4 458
Gains de change 7 935
CHARGES FINANCIERES
Dotations aux amortissements et provisions 18 937
Intérêts et charges assimilés 68 834
Pertes de changes 2 980
Total des charges financières 90 751
PRODUITS HORS ACTIVITES ORDINAIRES
Produits HAO 733
Sur opérations en capital (produits des cessions d’immobilisation) 32 832
Reprises sur provisions 24 792
CHARGES HORS ACTIVITES ORDINAIRES
Charges HAO 10 721
Sur opérations en capital (valeurs comptables des cessions d’immobilisation) 12 088
Dotations aux amortissements et aux provisions 18 130
Impôt sur le Résultat 41 992
RESULTAT NET 66 416

42
2 Présentation du bilan comptable

Selon la définition générale, le bilan est un document qui fournit une représentation du patrimoine d’une
entreprise. Il représente, à un instant donné, l’ensemble des droits et des engagements qui caractérisent la
situation de l’entreprise.

Le bilan comprend trois (03) grandes masses à l’actif et quatre (4) grandes masses au passif :

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