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Se préparer à
RÉSOUDRE UN CONFUT
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ai AU TRAVAIL OU EN PRIVE,
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O COMMENT GÉRER POSITIVEMENT
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LES RELATIONS DIFFICILES ?
2® édition
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Se préparer à
RÉSOUDRE UN CONFLIT
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S e p ré p a re r à ré s o u d re u n c o n flit
Au travail ou en privé, comment gérer positivement
les relations difficiles?
Édition 2016
www.gereso.com/edition
e-mail : edition@gereso.fr
Tél. 02 43 23 03 53 - Fax 02 43 28 40 67
ai
>. GERESO SAS au capital de 160640 euros - RCS Le MANS B 311 975 577
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O Siège social : 38 rue de la Teillaie - CS 81826 - 72018 Le Mans Cedex 2 - France
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Du même auteur :
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la librairie RH by GERESO
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S O M M A IR E
Préface........................................................................................................ 11
Introduction................................................................................................. 15
7
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Conclusion................................................................................................ 129
Fini de se préparer, il est temps d ’y aller :
corps-coeur-téte-jambes-pieds........................................................... 129
Postface................................................................................................... 133
Annexe......................................................................................................137
Comment savoir si je dois faire appel à une aide extérieure ?.............. 137
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011 Bibliographie............................................................................................. 141
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LD À propos de l'auteur.................................................................................143
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« Echouer à se préparer, c'est se préparer à échouer »
John w ooden
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Préface
11
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
enfants que le premier arrivé gagnerait tous les fruits. Au signal, tous les
enfants se sont élancés en même temps... en se donnant la main ! Puis, ils
se sont assis ensemble pour profiter de leur récompense. Lorsque l’anthro
pologue leur a demandé pourquoi ils avaient agi ainsi, alors que l’un d’entre
eux aurait pu avoir tous les fruits, ils ont répondu : « Ubuntu. Comment l’un
d’entre nous peut-il être heureux si tous les autres sont tristes ? » Ubuntu
dans la culture Xhosa signifie : « Je suis parce que Nous sommes. »
Tous les grands leaders constructifs ont développé cet art « d’être avec ».
Souvenons-nous de Martin Luther King, homme pétri de justice et d’égalité.
Regardons aujourd’hui Aung San Suu Kyi, grande figure birmane, inspirée
par Gandhi avec une forte intégrité et une cohérence entre ses actes et ses
paroles. Les êtres qui ont marqué l’histoire par leur puissance d’action au
tant que par leurs paroles doivent nous inspirer. Eh bien, Nelson Mandela a
été élevé dans l’éthique et la philosophie humaniste de cette communauté
Xhosa exceptionnelle. Combien de conflits a-t-il su assumer ! Ou plutôt,
combien de situations a-t-il su pacifier ?
12
PR EFAC E
Jacques Dechance
Auteur et consultant dans le domaine
du leadership et puissance personnelle
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Inrroducrion
C’est courageux !
Vous venez d’acheter un livre qui vous propose d’arrêter de gérer les conflits
pour commencer à les résoudre. C’est courageux parce que cela signifie que
vous êtes prêt, prêt à faire face à une réalité souvent difficile à admettre :
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O) Les conflits existent, une vie sans confiit est impossible.
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Et il en faut du courage pour arrêter de se voiler la face, pour arrêter de se
(y) dire : « C’est pas normal qu’il y ait des conflits dans mon équipe », « Il ne
x:
ai devrait pas y avoir de conflits... » Bref, il en faut du courage pour lâcher
's _
l’espoir d’une vie libre de tout conflit.
CL
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En même temps, accepter de voir l’existence d’un conflit est le premier pas
vers sa résolution. Sans cette conscience que quelque chose ne va pas,
sans cette conscience que « ça suffit », pas de mouvement. Sans faire taire
15
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
cette voix qui nous dit : « C’est pas si grave ! », « Ça doit être de ma faute »,
« Je vais prendre sur moi », pas de possibilité de résoudre quoique ce soit.
C’est si évident. Mais combien d’entre nous sommes encore en train de cher
cher la baguette magique qui nous permettrait de résoudre un conflit en un
claquement de doigt : des outils de résolution de conflits qui nous permettrait
de résoudre TOUS les conflits, face à TOUS les interlocuteurs, SANS efforts,
et qui ne nous demande pas de changer notre façon de faire habituelle, mais
qui nous aide à changer les façons de faire habituelles des autres !
Ici, les risques et les coûts ne sont pas que financiers, ils sont émotionnels,
relationnels, affectifs, organisationnels. Penser résoudre un conflit sans
risque, ni coût, c’est continuer à croire à la baguette magique : « Si seule
ment mon boss pouvait comprendre tout seul que... »
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IN TR O D U C TIO N
Questions
Quand vous relisez vos réponses, qu’est-ce qu’un conflit facile à gérer
pour vous ?
- Pour moi, un conflit plutôt facile à gérer, c’est quand...
- De quelles compétences faites-vous preuve et qui rend sa
résolution facile ?
- C’est facile à résoudre pour moi parce que...
- Qu’appelez-vous un conflit plus difficile à gérer ?
- Pour moi, un conflit plutôt difficile à résoudre, c’est quand...
- De quelles compétences auriez-vous besoin pour faciliter sa
résolution ?
- Ce serait plus facile à résoudre pour moi si je savais...
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SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Parce qu’au fond si nous n’avons pas le contrôle sur l’issue d’un conflit,
nous l’avons au moins sur nous-méme. Et c’est le projet de ce livre, re
prendre d’abord le pouvoir sur soi avant de chercher à l’exercer sur l’autre.
Si vous allez au fond des choses, vous découvrirez que les outils présentés
ici seront aussi très adaptés à votre univers personnel. Car si les conflits
en entreprise comportent des enjeux spécifiques, la résolution des conflits
dans la vie privée et au travail font appel à la même préparation mentale,
émotionnelle, physique et verbale.
Depuis huit ans, je vois passer des stagiaires en formation qui souffrent du
poids des conflits qu’ils vivent au quotidien et qui cherchent des solutions.
Ce qu’ils découvrent au bout des trois jours, c’est qu’ils en font partie.
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i_ Comment lire ce livre ?
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yn Vous pouvez lire ce livre de façon linéaire du début à la fin ou bien aller
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directement au chapitre ou à la question qui vous travaille.
x:
ai Chaque chapitre se conclut par une synthèse qui s’appelle « Avant de
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résoudre le conflit ».
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Vous y trouverez l’essentiel du contenu des chapitres sous forme de
questions. Elles vont droit au but pour vous préparer mentalement, émo
tionnellement, physiquement et verbalement à la résolution du conflit.
18
C h a p itre 1
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SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Suis-je en conflit ?
Expérience
Définissez pour vous ce qu’est un conflit.
« Pour moi, un conflit c’est... »
Et cela est vrai aussi quand je ne suis pas en conflit. Même si tout va bien
avec l’autre, il n’en demeure pas moins « autre ». Pensez aux premiers
moments d’une rencontre avec quelqu’un, avez-vous remarqué ce pro
cessus inconscient que nous mettons en place dès que nous rencontrons
O
to quelqu’un de nouveau ?
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(J Prenez quelques instants pour y réfléchir et retrouvez ce que les psychosocio
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O logues appellent le « biais de familiarité », c’est-à-dire la tendance que nous
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avons à faire confiance à ce qui nous est connu, qui se manifeste par la re
jC cherche de ressemblances avec quelqu’un que nous connaissons déjà dans
CT
's _
> les traits de la personne que nous rencontrons pour la première fois : « Tiens,
CL
O il ressemble à mon ami Marc... », sous-entendu : « Si tu lui ressembles, j’ai
U
l’impression de te connaître, et (même si c’est faux) cela me rassure. »
1. Putnam (L. L), & Poole (M. S.), « Conflict and negotiation in F. M. Jablin (Ed.), Handbook of
organizational communication, p. 552, 1987.
20
P R EPAR ATIO N M ENTALE : TE TE
Même cette collègue avec qui je m’entends si bien, malgré tout ce qui nous
rapproche, elle est « autre ». Et nous avons tendance à l’oublier et c’est
souvent au moment d’un conflit que nous nous en souvenons douloureuse
ment. Oui, même si nous avons tous deux bras, deux jambes, un cerveau,
deux yeux, tout chez l’autre est autre.
Si maintenant l’autre est simplement vécu comme autre, c’est une tout
autre relation qui se noue avec lui, son point de vue ne s’oppose pas au
mien, il se juxtapose au mien^. Ce n’est plus lui OU moi, c’est lui ET moi
dont il s’agit, dans une coexistence, pas une lutte. De là naît une qualité
intéressante pour résoudre les conflits : la curiosité pour ce qui est autre,
nous y reviendrons.
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2. Définition de « Opposer » : faire s ’a ffronter deux personnes, deux groupes, les mettre en face-à-face
dans une compétition.
Définition de « Juxtaposer » : placer des choses Immédiatement l ’une à côté de l ’autre.
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SE P R É P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
22
P R EPAR ATIO N M ENTALE : TE TE
Expérience
Pour vous aider à préparer la résolution de ce conflit, reprenez cette
grille et demandez-vous ce qui, de votre point de vue, a généré le
conflit et précisez-le.
□ a dit / Il n’a pas dit. »
□ aurait dû dire / Il n’aurait pas dû dire. »
□ devrait dire / Il ne devrait pas dire. »
□ a fait / Il n’a pas fait. >>
□ aurait dû faire / Il n’aurait pas dû faire. »
□ devrait faire / Il ne devrait pas faire. »
□ ressent / Il ne ressent pas. »
□ devrait ressentir / Il ne devrait pas ressentir. »
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SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Cela peut nous aider à lui restituer ce que nous comprenons de façon plus
claire :
« Tu aurais aimé que je dise... que je ne dise pas... >>
« Tu n’as pas apprécié que je fasse... que je ne fasse pas... »
« Tu attendais de moi que je dise... »
« Tu attendais de moi que j ’arrête de faire... »
L’enjeu de l’altérité est fort aussi dans le milieu professionnel. Nous savons
aujourd’hui que les décisions comme les relations interpersonnelles en
entreprise se font de façon beaucoup plus irrationnelle que rationnelle.
01/1 Que s’est-il passé ? Le feeling est devenu la boussole de votre collabora
01 tion et vous avez été pris aux pièges de la confiance aveugle, vous occa
eu
(J sionnant beaucoup de frustration et de sources de tensions relationnelles
UD propices aux conflits.
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rsl
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P R EPAR ATIO N M ENTALE : TE TE
Même si tous ces niveaux de conflits se mutualisent les uns et les autres,
oi il en est un qui est souvent sous-estimé parce que sans lui, il n’y aurait pas
's_
CL
O
de conflit : le conflit intra personnel, le conflit en soi, le conflit avec soi.
U
Nous cherchons tous une certaine harmonie dans notre vie et l’état de
conflit en soi est une rupture souvent désagréable de cet état. Par exemple.
25
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Marie est fiancée à Jérôme depuis six mois, le mariage est pour bientôt. Ils
se sont rencontrés il y a un an et demi et tout s’est enchaîné très vite. Au
jourd’hui, Marie se questionne, elle n’est plus sûre que ce mariage soit bon
pour elle. Elle aime Jérôme, mais les points communs qui les réunissaient
au début de leur relation s’avèrent être plus du registre de la séduction que
d’un réel partage.
Un des plus difficiles dilemmes ou conflit intra personnel dans les relations
amoureuses restent celui entre les sentiments et la relation. Parfois, nous
O
CO
O) nous sentons coincés entre des sentiments profonds pour une personne
s_
O)
(J avec qui la relation est dangereuse ou toxique pour nous. Par exemple, en
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T—<
tant qu’infirmier en alcoologie, combien de fois ai-je entendu : « Je ne sup
O
rM porte plus de vivre avec son alcoolisme, mais vous comprenez, je l’aime » !
Ou parfois c’est l’inverse, la relation est très agréable mais les sentiments
n’y sont plus.
>•
Q.
O Ces conflits intra personnels nous confrontent très souvent à notre difficulté
(J
à faire des choix ou plutôt ils nous confrontent à notre difficulté à assumer
les conséquences de nos choix (un choix sans conséquence n’est plus un
problème !). « Vous comprenez si je le quitte, je vais me retrouver seule.
26
P R EPAR ATIO N M ENTALE : TE TE
et moi je ne veux pas être seule... » Et moi de faire miroir avec toute la
bienveillance possible. « Ce que vous dites, c’est que vous préférez vivre
avec quelqu’un que vous ne supportez plus plutôt que d’être seule, c’est
bien ça ? » Mon but n’est pas d’accabler la personne, mais de la mettre en
position de faire un choix éclairé et de faire les renoncements nécessaires
qui découlent de ce choix et qui peuvent être douloureux.
CL
O
U
3. Définition de la « dissonance cognitive » : présence d ’éléments contradictoires dans la pensée d ’un
Individu.
Définition de la « dissonance émotionnelle » : décalage entre les émotions ressenties et les émotions
exprimées.
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SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
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P R EPAR ATIO N M ENTALE : T E TE
(le conflit interpersonnel), le conflit avec l’ennemi interne (le conflit intra
personnel).
Pour Frodon, l’ennemi est Sauron, l’ennemi intime est Gollum, et l’ennemi
interne : la fascination du pouvoir de l’anneau.
Pour Luke Skywalker, l’ennemi est l’ordre Sith, l’ennemi intime est Dark
Vador, l’ennemi interne est le côté obscur de la force.
Pour Simba, l’ennemi est les hyènes dans le pays interdit, l’ennemi intime
est Scar, et l’ennemi interne est sa culpabilité d’avoir tué son père.
Résoudre un conflit, c’est résoudre les trois niveaux de conflits qui se mani
festent dans notre vie. Imaginez, vous avez résolu le conflit interpersonnel
(conflit avec l’ennemi intime), mais pas avec le conflit intra personnel (le
conflit avec l’ennemi interne), que risque-t-il de se produire ? Nous ris
quons de retrouver d’autres situations de vie qui nous renvoient à notre
ennemi interne jusqu’à ce que, comme le héros, nous puissions retourner
chez nous en paix, éprouvés et fortifiés par la confrontation avec nos trois
ennemis, un peu plus libres extérieurement et intérieurement.
01/1 Encore une fois, il n’y a pas de conflits interpersonnels, sans conflits intra
01
i_
(U personnels. Résoudre un conflit, c’est résoudre les trois conflits à la fois.
(J Et surtout être conscient que ces trois niveaux de conflit, au fond, ne font
T-H
O
rsl
qu’un.
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SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
En quoi ces trois niveaux de conflit sont-ils reliés ? Autrement dit, quel
est le thème commun à ces trois conflits ? Ce thème est-il récurrent
dans votre vie ? De quoi prenez-vous conscience en ayant cette grille
de lecture et comment cela vous aide-t-il ?
O face aux parties en conflit. Notre travail en médiation consiste à mettre les
iN acteurs du conflit en capacité de choisir ce qui est bon pour leur relation et
jC de l’assumer. Et cela suppose chez le médiateur l’ouverture à trois issues
ai possibles pour un conflit^.
's _
CL
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U
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P R EPAR ATIO N M ENTALE : TE TE
V® option :
Revenir à i’état antérieur : les personnes en conflit choisissent de revenir
à « avant » le conflit. Cette option est possible mais assez rare car cela
suppose en général un fort niveau de confiance entre les personnes.
2® option :
Aménager ia relation : Le conflit est là et il va falloir trouver, négocier,
contractualiser les aménagements relationnels nécessaires à une satis
faction la plus grande possible ou à une frustration la plus petite possible
entre les acteurs du conflit. Cette solution est de loin la plus fréquente
dans mon expérience.
3® option :
La 3® option est souvent celle qui est omise dans les situations conflic
tuelles. Et cela mérite d’être souligné car elle est tout simplement très rare
ment envisagée bien qu’elle constitue une solution réelle.
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SE P R E P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Mais après tout, faut-il réellement tenter de résoudre tous les conflits ? Oui,
les conflits sont-ils toujours mauvais ? N’y a-t-il aucun conflit qui ne soit
bon ?
D’ailleurs, dans leurs études Wallace et Bishop® ont démontré que le degré
de conflits que vit un collaborateur dans une équipe n’impacte pas positi
vement ou négativement son engagement dans l’entreprise. L’engagement
d’un collaborateur dans l’équipe diminue si les conflits sont non résolus,
mais peut grandir si le conflit est bien géré et résolu. Si le conflit reste non
résolu trop longtemps, les collaborateurs ont tendance à quitter l’équipe et
recherchent des alternatives.
CT
>•
Q.
O
U
6. Wallace Bishop (J.) and Dow Scott (K.), « How Commitment Affects Team Performance », HR Magazine,
42 (2), February 1997, p. 107-111. In Mac GRAW-HILL - Conflict Resolution, p. 12.
7. Image dAlecmconroy sur en. Wikipedia
32
P R EPAR ATIO N M ENTALE : T E T E
Le plus grand risque que nous imaginons dans le conflit est le risque de
la confrontation, du débordement émotionnel incontrôlable et des relations
interpersonnelles abîmées.
Il est parfois difficile pour nous de considérer ces deux aspects et de les
regarder cohabiter, notamment quand on envisage les conflits sous l’angle
émotionnel. Émotionnellement, nous avons tendance à voir surtout les
risques liés aux conflits.
0
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01
i_
(U Expérience : dois-je résoudre ce confiit ?
D
yn Pour répondre précisément à cette question, il convient de prendre en
O
rsl compte votre objectif (voir « Quel est mon objectif? », p. 47) et l’impor
tance de la relation que vous entretenez avec la personne avec qui
ai vous êtes en confiit. Ce modèle a pour mérite de nous inviter à reques
Q.
tionner la croyance selon laquelle tout le monde devrait s’entendre avec
O tout le monde.
U
33
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Je vis dans un village ou les rues sont très étroites et ou une seule voiture
peut passer à la fois, ce qui donne lieu à de nombreux « céder le passage ».
Alors que j ’arrivais de façon prioritaire à un de ces rétrécissements, je me
retrouve face avec une autre voiture qui tente de passer, et évidement
nous voici immobilisés face à face l’un et l’autre. Je vois le conducteur der
rière son pare-brise faire de grands gestes énervés, me demandant sans
équivoque de dégager... le passage. Je lui montre le panneau de priorité,
lui signifiant que je suis dans mon bon droit. J’entends alors « craquer »
sa marche arrière, voit la voiture reculer à pleine vitesse pendant que je
démarrais. Quelle ne fut pas ma surprise de voir le conducteur enlever sa
O
1/1 ceinture de sécurité et s’apprêter à sortir de sa voiture pour visiblement
(U
1_
eu vouloir en découdre avec moi. Mon rendez-vous (mon objectif) était impor
(J
eTO tant, ma relation avec ce conducteur non importante (je le voyais pour la
-H
O
(N première et probablement pour la dernière fois), j’ai continué ma route tout
en le voyant dans le rétroviseur s’énerver tout seul et me traiter de tous les
ai noms d’oiseau. Combien de fois perdons-nous du temps à des situations
>. conflictuelles qui n’en valent pas la peine !
CL
O
U
Une autre manière de savoir si vous devez résoudre un conflit est de se
poser trois questions :
- Est-ce mon problème ?
34
P R EPAR ATIO N M ENTALE ; T Ê T E
Qui a le problème ? :
A - La collègue ?
B - La personne qui s’exprime ?
C - Le manager de l’équipe ?
O
fNJ
Bien sûr, ce serait tellement plus simple si la collègue pouvait changer de
@ comportement, ce serait tellement plus simple si elle pouvait deviner (Ah,
jC
CT être deviné !) que son comportement me dérange... Mais c’est bien moi qui
's _
>
CL ai un problème avec son comportement.
O
U
Alors, oui, peut-être souffre-t-elle, elle aussi, dans sa situation ? Mais c’est
celui qui a un problème qui à la responsabilité de le résoudre.
35
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Notez cependant qu’un des risques de ces trois questions est de dire : « Si
c’est son problème, ça ne me concerne pas ! » Il faut bien se rendre compte
que si c’est le problème d’un collègue et que je fais comme si ça n’était que
« son » problème, la situation peut vite devenir « notre » problème. Et c’est
encore plus vrai si vous êtes en position de management d’équipe. Il y a
une différence entre repositionner les responsabilités et être indifférent.
Si ces deux questions sont sans aucun doute liées, la différence entre
« dois-je résoudre ce conflit ? » et « ai-je intérêt à résoudre ce conflit ? »
ne relève pas du même niveau de problématique. La question du devoir
relève des enjeux liés au conflit, « ce qui est important et derrière », la
partie cachée du conflit, la question de l’intérêt relève plus du rapport entre
les coûts et les bénéfices liés au conflit, la partie visible.
36
P R EPAR ATIO N M ENTALE : T E T E
Seulement parfois, nous ne savons pas faire autrement que de fuir, atta
quer, ou renoncer, et pour rester en état d’harmonie interne entre nos ac
tions et nos pensées, nous allons justifier notre stratégie par des pensées
cohérentes avec notre action ou notre inaction, et expliquer que nous ne
pouvons pas faire autrement.
Aussi étonnant que cela puisse paraître, notre recherche d’harmonie deve
nue recherche de confort peut nous conduire à utiliser encore et encore
les mêmes stratégies de résolution de conflit même si celles-ci nous ont
démontré qu’elles n’étaient pas efficaces. C’est ce qu’on appelle les béné
fices secondaires liés à une situation.
Einstein illustre bien cela quand il dit : « L’insanité, c’est continuer à faire la
même chose, et espérer obtenir un résultat différent. »
O
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cu
(U
(J On raconte qu’à l’époque de la construction des grattes ciels, lorsque les
tû employés grimpaient au sommet des échafaudages pour toute la journée,
O
rsl un événement inquiétant s’était produit au moment du déjeuner sur une
poutre en équilibre. Au moment d’ouvrir sa boîte à sandwich, un des ouvriers
x: entra dans une rage folle, en y découvrant pour la énième fois un sandwich
oi
's_
>
CL
au thon. Il était furieux que ce soient toujours les mêmes ingrédients, la
O même demi-tomate, le même beurre. Inquiets à cause du déséquilibre de
U
plus en plus ample de la poutre sur laquelle ils étaient assis, ses collègues
vinrent le voir pour le calmer et lui dirent : « Si tu en as assez du sandwich
au thon, de la tomate, et du beurre, dis à ta femme qu’elle te fasse un autre
37
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Oui, si je veux un résultat différent, il faut que je mette en oeuvre des ac
tions différentes. Celui qui « gagne » en résolution de conflit est celui qui a
le plus de souplesse à ce niveau-là !
38
P R EPAR ATIO N M ENTALE ; TE TE
O
(N
difficulté. Une personne faisait face à de graves problèmes relationnels
avec ses collègues et le Comité d’Hygiène et de Sécurité au Travail avait
ai lancé l’alerte. Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir que la situation
>• était connue depuis deux ans par l’encadrement, mais qu’elle existait de
Q.
O puis six ans avant cela dans l’équipe. Que les indicateurs d’absentéisme
U
et d’arrêt maladie étaient dans le rouge autant que les demandes de muta
tions étaient fortes. Les managers de l’équipe se succédaient sans que
la situation s’améliore et surtout le même profil de manager était recruté.
39
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
O
fNj Découvrons maintenant le témoignage d’Alain qui nous décrit sa situation.
« Ça a commencé dès son arrivée, il s’est fait pistonner pour arriver là où il
en est. Tout le monde est capable de devenir chef de rang, il a pas besoin
Q.
O de “ se la péter “ pour ça. Il a les dents qui rayent le parquet, ça se voit, il
U
cherche à se faire bien voir par la direction et son équipe passe après, c’est
pas normal ! De toute façon, moi je ne laisserai jamais un petit jeune de
trente ans me dire ce que je dois faire, non mais ! »
40
P R EPAR ATIO N M ENTALE : TE TE
Que constatez-vous ? Son récit a-t-il des points communs avec le vôtre ?
Très souvent, nous allons construire une histoire qui n’est pas l’histoire du
conflit, mais l’histoire que nous nous racontons sur le conflit.
Expérience
Trouvez un cobaye et demandez-lui pendant dix secondes de mémori
ser tout ce qui est blanc dans la pièce autour de lui. Puis, demandez-lui
de fermer les yeux et de citer à haute voix tous les objets de couleur...
verte. Alors ?
À travers nos sens, nous vivons donc dans un univers de stimulation sen
sorielle très intense. Tellement intense que pour ne pas être submergé par
l’overdose, nous sommes obligés de procéder à un tri parmi les informa
tions qui nous entourent.
4-J
JZ
Le problème est que ce processus aboutit à ne retenir que quarante
en informations. Si nous faisons le calcul, cela signifie qu’à chaque instant
's _
>
Q. 10 999 960 unités informations nous passent à côté.
O
U
41
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Quand nous sommes en conflit, il est très difficile de nous défaire d’une
certitude qui parasite notre relation avec l’autre, surtout si notre émotion est
intense. La voici : « Il le fait exprès. »
42
P R EPAR ATIO N M ENTALE : T E T E
Vous n’avez pas vraiment le choix de votre réaction soit parce que vous
n’avez jamais appris à faire autrement, soit parce que ce réflexe agressif
que vous exprimez est la réponse comportementale que vous avez tou
jours adoptée en pareilles circonstances depuis vingt, trente ou quarante
ans...
Autrement dit, vous ne le faites pas contre l’autre, vous le faites surtout
pour vous parce que c’est la solution la plus simple, la plus immédiatement
accessible pour vous. C’est à la fois la limite de votre compétence et le
sommet de votre incompétence à faire autrement, mais ça n’a rien à voir
avec l’autre, n’est-ce pas ?
Si je considère qu’en face de moi, j ’ai quelqu’un qui ne sait pas faire autre
ment pour exprimer ce qu’il ressent et obtenir ce qu’il veut, cela peut me
donner le millimètre de recul nécessaire qui m’ouvrira la porte à une atti
tude de compréhension malgré le conflit.
Notez qu’il vaut mieux mener cette réflexion quand tout va bien car sous
le coup d’une émotion il est parfois extrêmement difficile de s’en souvenir.
O
Expérience
ü)
(U
1_ Prenez quelques instants pour lister tous les « je suis sûr que... qu’il «...
eu
(J et mettez-les à l’épreuve des faits (voir p. 116).
eo
tH
O
fNJ
En situation conflictuelle, nous sommes parfois victimes de nous-même
jC
par l’intermédiaire de nos « biais cognitifs «. Ce sont des erreurs qui
CT résultent du traitement erroné des informations qui nous entourent.
's _
CL
U
O
43
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Autrement dit, quand nous parlons de quelqu’un avec qui nous sommes en
conflit nous allons dire de lui : « Tu sais, c’est un menteur, c’est un pervers
narcissique, c’est un fainéant, il est comme ça », tous ces termes relevant
du niveau de l’identité de notre interlocuteur.
Alors que quand nous abordons les raisons de nos difficultés, nous disons
rarement : « Si je le fais, c’est parce que je suis fainéant, je suis un pervers
narcissique, ou parce que je suis un menteur. » Nous allons plutôt dire :
« Je l’ai fait parce que je n’avais pas le choix tu comprends, Stéphane était
01/1 sur mon dos, il venait de m’envoyer un mail salé, et quand en plus, Laurent
01
i_
(U du commercial m’a dit que le client s’impatientait, là j ’ai commencé à flip
(J per, et là Alain il en a pris plein les dents, y’en a marre quoi ! »
tH
O
rsj
Cette lecture de la situation conflictuelle repose en partie sur une vision
linéaire du conflit et conduit souvent à des raccourcis de pensée. Dans
ai
's _
> cette vision, il n’y aurait qu’une seule cause à un effet. Traduit de façon
CL
O schématique : « S’il y a A, alors c’est que B et uniquement B qui le pro
U
voque », « Si on en est là, c’est à cause de lui. » Or, nous savons qu’il n’en
est rien et que bien souvent, il s’agit plus d’une conjonction de facteurs
qu’un seul facteur qui conduit à des situations problématiques.
44
P R EPAR ATIO N M ENTALE : TE TE
Expérience
Utilisation du diagramme des causes et des effets :
- Notez sur une feuille le conflit sur lequel vous souhaitez progresser.
Préciser avec qui, à propos de quoi, où et quand cela s’est produit.
- Tirez un trait horizontal sur toute la longueur de la feuille, puis dessi
ner des arêtes de poisson (l’autre nom de ce graphique) qui corres
pondent chacune à une cause possible.
Quand on fait la synthèse des nombreux modèles qui expliquent les causes
d’un conflit on retrouve sur le plan de l’organisation les causes suivantes
aux conflits :
- les processus de travail ;
- les moyens matériels, les équipements professionnels ;
- l’environnement ;
- le management ;
- les ressources (temps, argent, géographique) ;
- l’information (trop / pas assez d’informations, mauvaises informations) ;
- enjeux de pouvoir et de périmètre.
45
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Le diagramme des 5M
Une façon simplifiée de lire les causes d’une situation s’appelle l’arbre
des causes, ou diagramme d’Ishikawa. Dans une des variantes de
ce modèle, chaque effet a au moins 5 causes : les 5 M : des causes
liées aux « Méthodes », au « Milieu », à la « Main-d’œuvre », au
« Matériel », et au « Management ». Dans un conflit récent, j ’ai établi
le diagramme suivant :
Méthode :
- répartition du travail non formalisé pendant les congés annuels ;
- répartition du travail non formalisé pendant les absences ;
- pas de réunions de service.
Milieu :
- réorganisation du service ;
- culture de l’évitement des conflits.
Main-d’œuvre :
- métier et fonction choisis par défaut ;
- une personne en maladie chronique ;
- surcharge de travail pendant les absences ;
O
to - historique de conflit.
0i_)
O) Matériel :
L3
to - deux postes informatiques pour quatre ;
O
r\J - open space.
Management :
CT
>• - peur des conflits ;
D.
O - pas de soutien de son N+1 ;
U
- management à distance.
Après ce travail d’écoute et d’analyse, la situation présente des leviers
d’action qui permette d’identifier ceux qui seront les plus pertinents.
46
P R EPAR ATIO N M ENTALE : TE TE
Comment vous sentez-vous après vous être posé ces questions ? Quelles
O
CO sensations, émotions ou pensées vous traversent maintenant ?
O)
s_
O)
CO
Avez-vous noté la différence entre les deux types de questions qui vous ont
tH
47
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Objectifs ou enjeux ?
Dans un conflit, il peut être intéressant de définir et de partager
nos enjeux avec notre interlocuteur. La différence entre objectifs et
enjeux ?
L’objectif répond à la question : « Qu’est-ce que je veux obtenir ? »
L’enjeu répond à la question : « Une fois que je l’aurai, qu’est-ce que
cela me permettra ? »
Résoudre un conflit sur le plan des objectifs est parfois difficile, du fait
de l’opposition de buts entre les acteurs. La solution peut parfois venir
d’un saut qualitatif en passant au niveau des enjeux. Autrement dit :
« Qu’est-ce que tu cherches à obtenir en atteignant cet objectif ? »
Imaginons un collaborateur qui vous demande un budget supplémen
taire sur un de ses projets. Vous n’avez pas le budget. Cela peut être
la source d’un conflit.
Maintenant si vous lui demandez ses enjeux : « Nous sommes en
O
U)
O) retard sur le livrable et j ’ai besoin de renfort pour mon équipe. » Je n’ai
i—
(U
(J peut-être pas le budget, mais j ’ai peut-être des ressources humaines
KD que je peux attribuer à son service.
O
rsl
48
P R EPAR ATIO N M ENTALE : TE TE
demander ce que nous voulons et les ressources que nous avons déjà
pour l’obtenir. Pourquoi ? Parce qu’encore une fois c’est plus facile et cela
nous laisse dans notre zone de confort !
Tandis que si nous commençons à identifier ce que nous voulons, les res
sources que nous avons pour y parvenir, il va bien falloir prendre la respon
sabilité de « notre » problème.
49
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Une fois votre objectif écrit, faites maintenant sur la même feuille deux
colonnes avec « Négociable » et « Non négociable » inscrit en tête de
chacune. Et avant d’aller négocier avec votre adversaire, négociez d’abord
avec vous-même. Qu’est-ce qui est négociable pour vous dans cette situa
tion ? Quelle marge de manœuvre laissez-vous à l’autre ? Et aussi qu’est-ce
qui est non négociable ? En quoi est-ce non négociable ? Répondre à cette
dernière question est essentiel car en affirmant, par écrit là aussi, votre non
négociable vous devenez plus stable si la mer se déchaîne. Il vous sera plus
facile de tenir la barre dans la direction que vous aurez choisie, vous serez
moins chahuté par les vagues émotionnelles, les vôtres et les siennes.
De la même manière qu’il existe plus d’un conflit dans le conflit, il existe
plus d’un objectif dans le conflit pour le résoudre, il en existe trois pour être
précis. Si vous avez écrit votre objectif par écrit et qu’il est clair pour vous,
vous venez de franchir le premier palier de la résolution du conflit, mais ce
n’est pas suffisant.
50
P R EPAR ATIO N M ENTALE : T Ê T E
lui, c’est lui, le manager, c’est à lui de prendre ça en main » et un manager qui
pense au contraire : « Ils sont assez autonomes pour régler ça entre eux. »
Cela prend tout son sens quand nous envisageons ces questions depuis la
perspective de notre adversaire :
- Quel est son objectif ?
- Comment souhaite-t-il être perçu et traité dans ce conflit (son enjeu
relationnel) ?
- Comment souhaite-t-il que ce conflit soit résolu ?
Cela implique que dans tout conflit et notamment au travail, nous devons
envisager trois niveaux de satisfaction des personnes en conflit : satisfac
tion sur le processus, sur la relation, et sur l’objectif de résolution du conflit.
À l’inverse, la non résolution des conflits peut résider dans la non prise en
compte d’un de ces aspects.
51
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Quel est le conflit dans le conflit pour moi ? Qu’est-ce qui est vraiment,
vraiment, vraiment important pour moi ici ? Mon objectif ou la relation ?
Mon objectif est-il écrit, et suffisamment clair pour moi, pour mon inter
locuteur ? Ai-je connaissance de ce que mon interlocuteur attend ?
Suis-je prêt à juxtaposer nos points de vue plus qu’à les opposer ?
Puis-je devenir curieux de son point de vue sans renoncer au mien ?
O
to
O)
eu
(J
vo
1-H
O
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5
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XI
CT
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>
CL
O
U
52
C h a p itre 2
O
r\J
O
x:
ai
's _
>
CL
U
O
53
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Plus que contrôler nos émotions, cherchons donc à maîtriser nos émo
tions. Autrement dit, si la gestion des émotions était un oiseau, elle aurait
deux ailes : « être avec » nos émotions et « travailler avec » nos émotions.
Très souvent, nous voyons des personnes qui veulent « travailler sur »
leurs émotions sans « être avec », comme si elles avaient peur d’entrer
en contact avec elles et voulaient tout de suite les changer, tandis que
d’autres personnes ressentent facilement leurs émotions et n’imagine pas
« travailler avec ».
O
to
eu Ces deux aspects sont indissociables. Apprendre à gérer ses émotions,
eu c’est développer deux compétences indispensables : les ressentir et les
(J
tH accompagner et c’est le but de ce chapitre.
O
fNJ
Nos émotions sont comme des faits internes. Elles sont là et s’imposent à
ai nous. Plus précisément, ce qui s’impose à nous correspond à des réflexes
Q. primaires que nous avons acquis au titre de notre développement en tant
O
U qu’espèce dans un certain environnement, avec une certaine biologie, dans
une certaine culture, dans une certaine famille, avec certaines expériences
de vie qui ont renforcé ces réflexes... Si l’émotion s’impose à nous, l’action
54
P R EPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE : C O E U R
®
DECLENCHEUR (D) = EMOTION (E) = REACTION (A)
Réaction Pavlovienne
Ici réside la différence entre être réactif et être proactif, autre aspect de la
gestion des émotions.
Dans la réaction, c’est notre Cro-Magnon intérieur qui réagit sans se de
mander si son comportement est adapté et pertinent (D = E = A).
O
to
O)
s_
O)
(J
to
T-H
O
rsl
CT
>•
CL
O
U
55
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Attention, je ne suis pas en train de dire que si une voiture arrive sur vous
à grande vitesse et que vous avez le réflexe d’y échapper parce que vous
avez peur, ce réflexe soit mauvais, au contraire. Je dis juste que réagir de
façon réflexe dans le champ relationnel n’est pas toujours la façon la plus
appropriée pour résoudre un conflit.
« Gérer nos émotions » revient donc à créer un espace entre notre émotion
et notre comportement et c’est ce qui nous différencie de l’animal pour qui
émotion et action sont intimement liées.
Il est parfois très difficile de prendre conscience à quel point nous ne vou
lons pas gérer nos émotions parce que cela serait synonyme de renoncer
à une partie de cette identité. À la suite de Byron Katie^ qui pose souvent
la question : « Qui seriez-vous sans cette pensée ? », on pourrait aussi
se demander : « Qui serions-nous sans cette émotion ? » « Si je n’étais
pas en colère dans ce conflit, qui serais-je ? », peut-être « un lâche » et
comme je ne veux surtout pas me voir ou être perçu comme un lâche, je ne
m’autorise pas à lâcher ma colère. « Si je n’avais pas peur d’exprimer mes
limites dans ce conflit, qui serais-je ? », peut-être : « Quelqu’un qui fait des
histoires en disant “non"», ou encore : « Quelqu’un qui se prend pour plus
qu’il n’est » mais comme : « Un employé, ça a juste le droit de se taire et
O
to d’obéir », je préfère rester dans ma peur.
O)
i_
(U
(J
tû Oui, gérer ses émotions nous confronte encore une fois aux bénéfices
tH
O
fNJ
secondaires de nos émotions. Ici les bénéfices sont identitaires car rien
ne nous fait plus peur que de ne pas être cohérent avec l’image que nous
ai avons de nous-même, même si cela doit nous coûter. Oui : « Si je lâchais
> cette émotion, je ne me reconnaîtrais plus, et ce serait très insécurisant. »
CL
O
U
Seulement, il n’y pas de résolution de conflit sans risque, ni sans coût et
voici celui auquel il nous est le plus difficile de renoncer.
56
PREPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE : C O E U R
L’idée est alors de réconcilier votre objectif « résoudre ce conflit » avec une
perception acceptable de votre identité. Cela revient à se demander dans
le premier exemple : « Comment puis-je résoudre ce conflit sans paraître
lâche, ni être agressif ? » et dans le second exemple : « Comment puis-je
résoudre ce conflit en posant mes limites sans être quelqu’un qui fait des
histoires ? » ou encore « Comment puis-je résoudre ce conflit sans être
prétentieux ? »
Souvenez-vous que cela est valable pour la personne avec qui vous êtes
en conflit : « Qui serait-elle sans cette émotion ? » vous aide aussi à voir le
sens que peut prendre l’émotion de son point de vue.
Cette dynamique se retrouve par exemple entre deux collègues qui sont
en conflit et qui se demandent qui doit faire le premier pas dans la résolu
tion du conflit. On retrouve souvent ici en arrière-plan les mêmes enjeux
identitaires.
Réponse : « Cela voudrait dire que je suis faible, soumis, fragile, que ce
qu’il a fait ou dit ne compte pas ou plus... et ce n’est pas vrai, je ne suis
ni faible, ni soumis, ni fragile, alors je n’y vais pas ! » Dans ce cadre-
O
to là, prenez quelques instants pour aller plus loin et requestionner les
eu
)_
O) évidences : « Est-ce toujours vrai que prendre l’initiative de résoudre le
(J
to
T-H
conflit est un signe de faiblesse ? », « Est-ce toujours vrai que prendre
O
(N l’initiative de résoudre le conflit est un signe de soumission ? », « Est-ce
toujours vrai que prendre l’initiative de résoudre le conflit est un signe
CT de fragilité ? » Et si justement c’était être fort, et assertif que d’oser y
>•
D.
aller le premier !
O
U
Requestionner l’évidence est une vraie qualité en matière de résolution de
conflit autant que de gestion des émotions, la question : « Est-ce toujours
vrai que... » vous guide sur ce chemin.
57
SE P R E P A R E R A R É S O U D R E UN C O N F L IT
Plus ce que je veux correspond à ce que j ’obtiens, plus ce que j’attends des
autres correspond à ce que les autres font, plus ce que les autres disent
correspond à ce que je pense, plus mon émotion est positive, agréable.
Moins ce que les autres font et disent correspond à ce que j ’attends, plus
mon émotion est négative, désagréable.
9. Voir du même auteur J’ai décidé d’être heureux. ..au travail, GERESO Édition, 2016.
58
PR ÉPAR ATIO N É M O T IO N N E LLE : C O E U R
autres pour que la réalité corresponde à leurs attentes, ou parfois pour que
les autres se conforment à leurs attentes.
Alors, quelle est la meilleure solution ? S’il est difficile d’affirmer défini
tivement qu’une stratégie est meilleure qu’une autre, ce qu’on peut en
revanche dire c’est ce qu’elles s’organisent dans un ordre séquentiel idéal.
D’après vous ?
Ce qu’il faut savoir, c’est que les personnes qui sont dans la stratégie
agressive pensent que ce sont les autres qui doivent changer (agir sur la
réalité et les autres), et n’ont généralement pas le réflexe de se remettre
en question.
59
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Imaginons vous êtes en conflit avec quelqu’un. Dans cette situation, il y des
choses que vous pouvez changer, des choses que vous pouvez influencer
et des choses que vous ne pouvez qu’accepter ou auxquelles vous devez
renoncer.
O sabilités partagées dans un conflit et nous évite de rentrer dans les trop
rsl
60
PREPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE : C O E U R
O
(N « Deviens le changement que tu veux voir dans le monde. »
G andhi
oi
>-
Q. Alors ou placez-vous vos émotions dans ce graphique ? Est-ce quelque
O
U chose que vous devez accepter, que vous pouvez influencer ou que vous
pouvez changer ?
61
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Dans cette croyance donc, si je ressens une émotion c’est parce qu’un
événement se produit. Si nous traduisons cela en langage mathématique :
« Si A (un événement) se produit, alors B (une émotion) surviendra. » Pre
nons maintenant un exemple.
Imaginons deux enfants qui jouent dans les vagues en vacances. Ils vont
tous les deux à l’assaut d’une vague et sont l’un et l’autre chahutés par
la vague (A). À l’issue de cette expérience, le premier s’en va pleurer (B)
« dans les jupons de sa mère » et le second retourne joyeusement parce
que « c’est trop drôle papa ! » (C). Nous avons bien « A » qui se pro
duit et qui est commun aux deux enfants, sauf que nous avons « B » et
« C » comme réaction possible face à « A ». Pour un même événement, la
réaction est différente, ce qui démontre bien que ce ne sont pas les évé
nements qui sont troublants mais bien nous qui nous troublons avec eux.
Prenez quelques instants pour y réfléchir.
Oui, ce n’est pas ce qui nous arrive qui déclenche une émotion mais le
sens que nous donnons à cette expérience. Et qui donne ce sens, sinon
nous-même ? ! Dans notre exemple, ce n’est pas être chahutés par la
vague qui déclenche la réaction chez les deux enfants, c’est la façon dont
ils vont interpréter cette expérience. Pour le premier ce sera peut-être :
« J’ai failli me noyer, qu’est-ce que j ’ai eu peur ! » et pour le second : « Je
O
ü) me suis retrouvé la tête en bas, il faut que je revive ça encore une fois ! »
O)
eu Même Événement, mais expérience différente !
(J
eo
tH
O
fNJ En conséquence, dans un conflit, ce n’est pas ce que l’autre fait, ou ce qu’il
dit, qui déclenche notre émotion, c’est notre interprétation de ce qu’il fait
jC ou dit, ne fait pas ou ne dit pas qui va déterminer notre émotion et notre
CT
's _
réaction.
CL
U
O
62
P R EPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE : C O E U R
En fait, si nous sommes cohérents avec ce que nous avons dit jusque-là,
nos émotions appartiennent aux trois cercles :
- Je dois les accepter, « être avec » car encore une fois, les émotions
sont comme des faits internes qui s’imposent à moi. Ce qui implique que
je dois aussi renoncer à vouloir ressentir dans un premier temps autre
chose que ce que je ressens là, ici et maintenant. « Quand je ressens de
la colère, je ressens de la colère >>, « Quand je ressens de la déception,
je ressens de la déception. »
- Soyons réalistes, au début gérer ses émotions revient plus à les influen
cer qu’à les changer. Cela fait partie du « travailler avec ». Plus tard
arrive la maîtrise.
Peu d’entre nous ont appris à être à l’écoute de notre vie émotionnelle.
Vous êtes peut-être surpris et surtout surprise de cette affirmation ? En
effet, pleurer, crier, se ronger les ongles ne sont pas des émotions, ce sont
des actions, des comportements qui découlent de nos émotions. Être à
l’écoute de ses émotions implique une attitude de curiosité bienveillante
à l’égard de ce qui se passe là, sous notre tête, et qui nous appelle, sans
nécessairement agir sur cette émotion.
0
U
01)
i—
Q)
(J Pour parvenir à cela, le modèle de Loehr et Shwarz est un excellent moyen
UD de poser un regard à la fois conscient et non jugeant sur notre ambiance
O
rsl émotionnelle (schéma page suivante).
ai
Q.
O
U
63
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
ÉNERGIE HAUTE
10
Haine
Colère Enthousiaste
Peur Confiant
Anxiété Joyeux
Fatigué Relaxé
Désespéré Serein
Burn-out En paix
10
r
ÉNERGIE BASSE
Ma météo émotionnelle^^
L’axe vertical vous permet de vous situer sur l’axe de votre niveau d’éner
gie, sur l’intensité de votre état : de très intense à très peu intense. Par
exemple, quand vous pensez à cette personne ou à ce conflit, ou vous
situez-vous sur cette échelle de -10 à + 10 ? Vous situez-vous plutôt sur la
moitié supérieure ou la moitié inférieure du graphique ?
L’axe horizontal vous permet de vous situer sur la nature de votre émotion,
O
to d’une émotion très négative à une émotion très positive, là aussi de - 10
0)
i_ à + 10. Allez-y situez-vous sur cette échelle.
eu
(J
tD
tH
O Enfin reliez les deux points de l’axe vertical et de l’axe horizontal ensemble
r\J
et vous obtiendrez la vision la plus claire possible de votre état émotionnel.
x:
ai
's _ Maintenant, nommez votre état émotionnel : « Je ressens... »
CL
U
O
Très souvent, les personnes qui ont une stratégie d’attaque dans les situa
tions conflictuelles vont naturellement se retrouver dans le quart supérieur
10. Jim Loehr and Tony Schwartz, The power of full engagement, The free press editions, page 38.
64
PREPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE : C O E U R
« Connais-toi toi-même >> dit le sage. Bien connaître son univers émotion
nel est donc une clé de compréhension de nous-même très importante. Ce
n’est pas aussi compliqué que cela paraît parce que ce sont souvent les
mêmes émotions que nous ressentons tout au long de nos journées, de
nos semaines et ce, quels que soient les événements qui nous arrivent.
C’est ce que certains ont fini par appeler le tempérament. Certains d’entre
nous sont plus facilement dans un des quadrants du cercle, certains ont
plus de facilité à passer côté gauche ou côté droit, nous sommes tous
différents.
Oui, nous nous habituons à vivre du côté gauche du graphique et nous fi
nissons par considérer cela comme normal. Surtout encore une fois, parce
65
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
que nous n’avons pas appris à gérer nos émotions. Gérer nos émotions
c’est parvenir à passer du côté gauche du graphique au côté droit. Et au
début, à être de moins en moins vers la gauche et de plus en plus vers la
droite quand nous le souhaitons.
Une de mes clientes en coaching m’était adressée parce qu’elle était fati
guée et pleurait facilement. Quand je lui demandais de me raconter ses
journées de travail, j ’étais très étonnée de la voir pleurer tout en me disant
qu’elle était frustrée de la manière dont son manager menait le service,
que « ça l’énervait », « qu’elle lui dirait bien tout ce qu’elle pensait de lui »
avec un ton plutôt agressif. J’étais étonné parce que les larmes qui sont
plutôt l’expression de la tristesse contrastaient fortement avec ses mots qui
relevaient plus du registre de la colère. Je finis par lui faire remarquer et lui
dis : « Vous pleurez et vous exprimez aussi beaucoup de colère, ou vous
situez-vous sur le graphique ? » Peu à peu, elle prit conscience qu’elle
n’était pas triste, ni fatiguée d’ailleurs, ou plutôt qu’elle était fatiguée, oui,
mais de retenir constamment sa colère. Elle ne s’autorisait pas à exprimer
sa colère et comme il fallait bien que ça sorte, sa colère s’exprimait sous
forme de larmes.
Les émotions sont comme les trains : elles peuvent en cacher une autre,
O
tn et de ce fait nous passons parfois à côté de notre émotion primaire, nous
QJ
i_
QJ nous identifions à l’émotion de remplacement et finissons par nous dire que
e?
Kû
T—<
nous sommes tristes.
O
rM
Les hommes ont eux aussi leur émotion de remplacement. D’après vous ?
CT Autant les femmes déplacent leur agressivité dans leurs larmes, autant la
>• colère des hommes est souvent le déplacement de leur peur. Combien de
CL
O fois un manager qui est en colère est en fait un manager qui a peur ! Seu
(J
lement, combien le reconnaissent ? Oui, parce qu’un manager « ça n’a pas
peur », « ça doit être exemplaire », « ça n’a pas le droit d’avoir ni d’exprimer
66
P R EPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE ; C O E U R
Même si cela est parfois vrai, ne soyons pas nous-même dupe de notre jeu
de cache-cache.
Maintenant que vous avez nommé cette émotion, notez quel sentiment
vous ressentez pour cette émotion ?
Prenons un exemple. Imaginons que vous vous sentiez en colère, que res
sentez-vous pour cette colère ? Très souvent, nous pouvons éprouver un
sentiment de honte ou de peur envers notre colère, et cela va se manifester
par des jugements sur notre émotion : « Je ne devrais pas être en colère »,
« Et si elle me submerge, je risque de tout casser. » Notre ressenti dans
l’instant va alors se teinter de notre sentiment pour cette émotion. Nous
avons peur de notre colère, nous sommes en colère d’être tristes, nous
sommes tristes d’être en colère, etc.
Apprendre à être là avec l’émotion qui est là, telle qu’elle est là, dans
l’instant, c’est ne pas rajouter d’émotion à notre émotion. Et c’est une
expérience beaucoup plus paisible qu’on ne croit et qui s’apprend par les
O techniques de Pleine Conscience issues des pratiques orientales et qui
CO
O
s_
) ont donné naissance à des proverbes zen qui prêtent parfois à sourire :
O)
L3 « Quand je ressens de la colère, je ressens de la colère », « Quand je
C D
T—<
O ressens de la tristesse, je ressens de la tristesse », « Quand je ressens de
rM la peur, je ressens de la peur », c’est aussi simple que ça et c’est pour cela
que c’est difficile et que cela nécessite un entraînement.
CT
>.
CL
O Cela ne signifie pas que je me justifie « j ’ai raison, j ’ai le droit d’être en
U colère », mais une émotion est une expérience qui s’impose à moi, plus je
lui résiste, plus elle persiste.
67
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Cela ne signifie pas non plus que comme je m’autorise à ressentir mon
émotion, je vais agir sur mon émotion. Autrement dit ce n’est pas parce que
je ressens de la colère que je vais crier sur l’autre... Ce n’est pas parce que
j ’ai peur que je vais me taire.
Ensuite, gérer notre émotion revient à agir sur deux dynamiques de l’émo
tion : son intensité et sa durée et nous pouvons apprendre à fortement
influencer, voir même à changer ces deux variables émotionnelles.
11. Définition de ia valence d ’une émotion qualité intrinsèquement agréable ou désagréable d ’une
émotion.
68
P R ÉPAR ATIO N É M O T IO N N E LLE : C O E U R
Pour les personnes avec la stratégie d’attaque, plutôt basée sur l’émotion
de la colère (ou de la peur, vous le savez maintenant), les exercices de
libération émotionnelle font aussi beaucoup de bien. Ces exercices consti
tuent un entraînement.
Expérience respiratoire
Allez-y prenez une grande inspiration. Encore une...
Est-ce votre poitrine qui se gonfle ?
Sur le plan cérébral, une respiration haute (thoracique ou claviculaire),
O rapide et superficielle, nous maintient dans notre état émotionnel. Notre
to
eu cerveau émotionnel domine notre état de conscience et notre Cro-Ma-
eu
(J gnon continue de prendre les commandes.
to
tH
O
fNJ
Maintenant, prenez quelques instants pour simplement observer votre
respiration. Observez votre inspiration, puis votre expiration sur deux
jC ou trois cycles respiratoires. Ralentissez maintenant légèrement votre
CT
's _
respiration et allongez surtout le temps de l'expiration.
CL
U
O
Puis prenez votre pouls au niveau de votre poignet ou de votre cou et
observez maintenant comment le ralentissement de votre respiration à
l’inspiration et à l’expiration influence votre rythme cardiaque.
69
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Expérience « défoulatoire »
Il est parfois salutaire de ne pas garder en soi la tension que nous
ressentons. Cela nous permet un retour au calme bienfaisant et nous
apporte plus de clarté mentale.
Pour libérer nos tensions, nous allons utiliser un principe corporel
simple selon lequel toute tension est suivie d’un relâchement.
Nous allons provoquer une tension forte dans le corps pour en fait
provoquer une détente. Pour cela, prenez une grande inspiration, et
pendant que vous inspirez, levez les épaules le plus possible tout en
contractant les mains, les avant-bras et les bras. Gardez l’air dans vos
poumons, pendant au moins sept secondes, puis relâchez tout d’un
coup, épaules, bras, avant-bras, mains, en soufflant profondément
avec le son « ha >>.
Essayez de réaliser cela tout en gardant votre dos le plus droit possible
et sans vous voûter au moment du relâchement. Secouez un peu les
bras et passons au... deuxième round : Prenez une grande inspiration,
contractez les poings, les avant-bras, les bras, les épaules et ajouter
maintenant tout le visage, avec une belle grimace d’aérobic facial. S’il
n’y a personne autour de vous, allez-y ! Et si vous êtes en open space,
O
to dites-vous que vos collègues ne vous regarderont plus de la même
0)
eu manière après ça ! Plus sérieusement, les toilettes sont parfois le seul
(J
tD
tH
endroit ou ces exercices sont tolérés sur le lieu de travail.
O
r\J
Minimum sept secondes, puis relâchez de nouveau tout d’un coup, le
(y)
x:
souffle, la tension dans les muscles du visage et des bras...
ai
's _
> Secouez un peu les bras puis reprenez votre graphique, et évaluez main
CL
O
U tenant votre ambiance émotionnelle sur le graphique. Comment vous
sentez-vous maintenant ? Comment ces deux exercices ont-ils fait évo
luer votre état émotionnel ? Est-ce plutôt la valence ou l’intensité de votre
émotion qui a changé ? Avez-vous gagné quelques points vers la droite ?
70
P R EPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE : C O E U R
Notez que parfois les exercices qui feraient le plus de bien aux personnes
avec la stratégie d’attaque, les exercices respiratoires, sont justement ceux
que ces personnes apprécient le moins. De même, les exercices défoula-
toires qui feraient beaucoup de bien aux personnes avec la stratégie fuite,
sont rarement appréciés par ces dernières alors que cela leur éviterait de
tout garder à l’intérieur d’elles-mêmes.
Nous avons vu qu’une émotion est un fait qui s’impose à nous et que
nous le voulions ou pas, cette réaction archaïque et réflexe ne prend que
100 millisecondes. Ce qui est valable pour nous est aussi valable pour
notre adversaire.
0
011
_ Lui aussi est soumis à son impulsivité, lui aussi confond émotion et action,
(U
(J lui aussi cherche à faire correspondre la réalité à ses attentes. Imaginez-le
UD
tH
La première réaction à éviter face à quelqu’un qui est sous le coup d’une
émotion est justement de nier ce qu’il ressent et de lui demander de ne
71
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
72
PREPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE : C O E U R
qui fait problème dans un conflit n’est pas l’objet du conflit lui-même, mais
l’émotion que ressent notre adversaire.
Dans cette phrase : est-ce vous ou votre interlocuteur qui se plaint de votre
retard ? Le premier réflexe à acquérir pour permettre la libération de la
pression chez notre interlocuteur, c’est de lui laisser la parole, parce que
c’est celui qui a un problème qui a besoin d’en parler. En faisant parler
notre interlocuteur, il libère la pression de la cocotte-minute et peut plus
facilement revenir à une température plus acceptable et propice à une
résolution de conflit plutôt qu’à un règlement de compte.
73
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Une des questions les plus puissantes en résolution de conflit et face à une
émotion, est de demander à notre interlocuteur ce qui est important pour lui
et ce qui lui fait éprouver cette émotion.
Vous noterez que je ne demande pas directement ce qui est important pour
lui dans le fait que je sois à l’heure, je lui demande si « il accepterait » de
me dire ce qui est important pour lui dans le fait que je sois à l’heure.
Demander à l’autre « ce qui est important pour lui » pose le levier exacte
ment au niveau de l’enjeu de la situation pour lui. Parce que s’il est sous le
coup d’une émotion, c’est que c’est important pour lui. Et plus l’émotion est
intense, plus c’est important pour lui (même si pour nous, cela n’a aucune
importance).
On trouve ici aussi une des racines à la non résolution des conflits. Oui,
même si nous avons trouvé une issue au conflit, il n’empêche que nous
74
PREPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE : C O E U R
Nous allons alors rentrer dans un processus de deuil, c’est-à-dire que nous
allons progressivement renoncer à l’idée que les choses aient pu se dérou
ler autrement, renoncer aux « et si... », ou aux « si seulement je... », « si
seulement il... »
75
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Mais qui a dit qu’il fallait ? Qui a dit que tout le monde devait passer par
les étapes du deuil ? C’est vrai, nous pouvons rester attachés au passé,
continuer « à espérer que », « à regretter que », c’est tout à fait possible.
Il faut ajouter aussi que parfois ne pas faire le deuil est une façon de rester
attaché à la relation ou à l’autre. Parfois, c’est moins douloureux que de
continuer d’avancer...
Le processus de deuil et ses étapes ont été présentés par Elisabeth Kübler-
Ross qui nous a décrit un processus plutôt linéaire et stéréotypé, il semble
en réalité que chacun de nous passe par des étapes qui lui sont propres et
dans un ordre qui laisse place à des allers-retours.
Si pour vous, ce processus ne suit pas les étapes décrites dans son livre,
ou que ces étapes semblent prendre plus de temps que prévu, rassurez-
vous, ce n’est pas nécessairement le signe « qu’il y a un problème ». Nous
avons tous une relation différente à l’acte de se « détacher ».
Tout ce qui était valable pour gérer ses émotions dans le conflit est aussi
valable dans le processus de deuil : autant « être avec » notre émotion que
« travailler avec » notre émotion.
12. Cameron (L. D.), Nicholls (G) « Expression of stressful experiences through writing : Effects of a self
regulation manipulation for pessimists and optimists », Health Psychology n° 17, 1998, 84-92.
76
P R EPAR ATIO N E M O T IO N N E LLE : C O E U R
Il ne faut pas oublier que Kübler-Ross a fait son travail auprès de per
sonnes en fin de vie qui ne pouvaient plus changer l’issue de leur situation.
Ce n’est pas forcément notre cas.
77
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Puis-je demander à mon interlocuteur ce qui est aussi important pour lui ?
0
in
0i—
1
(U
(J
KD
O
rsl
ai
>-
Q.
O
U
78
C h a p itre 3
O
to
0)
eu
(J « On ne fDeut se serrer la main avec les poings serrés
UD
tH
O
r\J G olda M e ir
O
x:
ai
's _
>
CL
U
O
79
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
.% mots
+ ......% voix
+ ..... % comportement
Dans les rapports dominants / dominés, une étude^"^ a même montré que
O le rapport entre les aspects non verbaux et les aspects verbaux de la
U) communication était de 4,3. Autrement dit, les clés non verbales sont 4,3
O)
i_
(U
D fois plus importantes dans le message que les clés verbales.
KD
O
rM Si vous êtes comme moi la première fois que j ’ai découvert ces études,
vous devez probablement avoir la mâchoire qui se décroche. Vous réali
CT sez que si cette statistique est vraie, alors résoudre un conflit ne se passe
>.
CL pas d’abord par ce que nous disons, ni par comment nous le disons.
O
U
13. Mehrabian (Albert), Wiener (Morton), « Decoding of Inconsistent Communications », Journal of
Personality and Social Psychology, 6 (1) : 109-114, (1967).
14. Argyle (Michael), Salter (Veronica), Nicholson (Hilary), Williams (Marylin), Burgess (Philip), « The
Communication of Inferior and Superior Attitudes by Verbal and Non verbal Signals », British Journal of
Social and Clinical Psychology ; 222-231, (1970).
80
P R É PA R A TIO N P H Y S IQ U E ET E N V IR O N N E M E N T : PIEDS ET JA M B E S
Notre surprise s’agrandit aussi quand nous réalisons ce qui est le plus
important : le corps, et c’est ce dont nous sommes souvent le moins
conscients. La plupart du temps, nous sommes à peu près conscients de
ce que nous disons, déjà un peu moins de la façon dont nous le disons et
encore moins du « sous-texte » que constitue notre corps, alors que c’est
lui qui diffuse le message le plus fort !
Parce que notre corps parle plus que ce que nous disons, mais aussi
parce que ce message est souvent silencieux, de nombreux malentendus
s’installent. Nous prêtons des intentions à l’autre à partir de nos impres
sions subjectives. Et sous le coup d’une émotion, comme nous pouvons
l’être en situation conflictuelle, nous prenons ces perceptions pour la réa
lité. Et c’est parfois difficile de se détacher de cette certitude : « J’te jure
que je l’ai vu. » Encore une fois, réinterroger les évidences est parfois
O
CO
0s _) salutaire.
O)
(J
C
T-H
O Une autre raison de se préparer physiquement à la résolution des conflits
O
fN et qui n’est pas sans lien avec la précédente, vient de notre fonctionne
ment qualifié de cybernétique. C’est-à-dire du lien circulaire qui existe
CT entre nos émotions, nos pensées, et notre corps.
>.
CL
O
U
81
SE P R É P A R E R À R E S O U D R E UN C O N F L IT
82
P R E PA R A TIO N P H Y S IQ U E ET E N V IR O N N E M E N T : PIEDS ET JA M B E S
Alors que les personnes avec la stratégie d’attaque vont plutôt avoir un
regard fixe, du haut vers le bas, la mâchoire serrée avec une posture
plutôt tonique, voir rigide, le poids du corps vers l’avant des pieds, avec
83
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
des gestes amples et tranchants, et une voix forte, proche du cri. Les per
sonnes avec la stratégie de fuite et d’évitement, elles, vont plutôt avoir le
regard évasif, fuyant, très mobile, la tête basse, les épaules tombantes, le
poids du corps sur les talons, avec peu de gestes ou des gestes de faible
amplitude, et surtout, un sourire (parfois inadapté vu la situation) et une
voix basse et hésitante.
Même s’ils semblent caricaturaux, ces aspects peuvent avoir des consé
quences très concrètes dans la vie de tous les jours comme la probabi
lité d’être attaqué par un psychopathe ou non. Dans une étude de 1981^^,
Grayson & Stein ont montré que les victimes de ces psychopathes n’étaient
pas choisies par hasard et qu’elles montraient des indices non verbaux de
soumission et de désynchronisation dans leur marche, ainsi qu’une foulée
trop courte ou trop longue par rapport à leur taille.
84
P R E PA R A TIO N P H Y S IQ U E ET E N V IR O N N E M E N T : PIEDS ET JA M B E S
Oui, « ce que je suis parle plus que ce que je dis ». Alors la question devient
maintenant quel message avez-vous envie de transmettre à la personne
avec qui vous êtes en conflit, est-ce : « Vous pouvez vous essuyer sur moi,
je suis un vrai paillasson » ou bien : « Qui s’y frotte s’y pique, je suis un vrai
hérisson ? » Vous avez déjà mesuré les conséquences de ces stratégies,
se préparer à résoudre un conflit vous propose une troisième voix : ni héris
son, ni paillasson selon l’expression de l’analyse transactionnelle.
« C e q u e je s u is p a rle p lu s q u e ce q u e je dis. »
Jacques D echance
85
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Prenez quelques instants pour vivre cette posture, c’est parfois une expé
rience très troublante d’être à sa juste place dans sa juste posture. Pour
quoi ? Parce qu’une fois de plus, dans ce lien qui unit notre posture, nos
émotions, nos pensées, changer de posture, c’est changer la perception
que nous avons de nous-même, ce que nous pensons de nous-même, et
c’est aussi changer ce que nous ressentons.
Pour les personnes qui ont la stratégie d’attaque, il est parfois difficile de
lâcher cette posture de domination qui leur donne de l’assurance, et pour
les personnes dans la stratégie de fuite et d’évitement, il est aussi insécu
risant de lâcher prise au confort d’être victime de la situation.
Quand vous prenez cette nouvelle posture, vous vous assumez tout en
étant ouvert. Car si vous êtes dans la fuite, vous êtes ouvert sans vous
assumer. Si vous êtes dans l’attaque, vous vous assumez sans être
ouvert.
Le premier réflexe qui nous vient quand nous sommes en conflit, surtout si
nous avons une tendance à l’attaque, est de nous approcher de l’autre, et
O
U)) si nous avons tendance à la fuite et à l’évitement de laisser l’autre s’appro
O
i—
(U cher de nous et entrer dans notre « bulle ».
(J
KD
O
rsl
L’anthropologue Edward T. HalP^ a décrit les lois de la territorialité et a iden
tifié quatre distances interindividuelles entre les êtres humains : la distance
publique, la distance sociale, la distance personnelle et la distance intime.
ai
Chaque distance est mesurable, la distance intime, notre bulle, elle, fait
Q.
O
U
entre 15 et 45 cm.
86
P R É PA R A TIO N P H Y S IQ U E ET E N V IR O N N E M E N T : PIED S ET JA M B E S
Expérience
Amusez-vous à faire l’expérience. Placez-vous face à quelqu’un à envi
ron quatre mètres l’un de l’autre et avancez vers lui tandis que lui reste
immobile. Lentement, très lentement...
87
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
recule ou qui avance, ce sont aussi vos émotions qui vous préparent à fuir
(reculer) ou à attaquer (avancer).
C’est-à-dire qu’en rentrant dans votre bulle, l’autre active votre réponse pri
mitive malgré vous et ne se rend pas compte très souvent qu’il le fait. Vous
vous étonnez alors de vos réponses verbales qui découlent naturellement
de cette intrusion.
Se mettre en face de quelqu’un et, qui plus est dans sa distance intime,
déclenche des réactions innées chez nous qui ne font que renforcer la
tension conflictuelle et ne permettent pas un dialogue constructif.
88
P R É PA R A TIO N P H Y S IQ U E ET E N V IR O N N E M E N T : PIEDS ET JA M B E S
Expérience
Et c’est une expérience que vous pouvez faire. Après avoir fait l’expé
rience de « face à face », mettez vous maintenant côte à côte à 90°,
quelle différence ressentez-vous ?
O
U)
O)
i_
(U
CJ
yn
O
rsj
89
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
0
1/1
Quelles sont donc les deux clés qui nous montrent que nous progres
01 sons dans la résolution du conflit ?
<u
(J
tH
90
P R É PA R A TIO N P H Y S IQ U E ET E N V IR O N N E M E N T : PIEDS ET JA M B E S
Et pourtant cette information est essentielle. Parce que plus une personne
est dans une émotion forte plus sa respiration est haute (thoracique, voire
claviculaire), rapide, et superficielle.
Cette respiration haute, rapide et superficielle, trouve son écho dans la voix
de celui qui parle, avec une voix forte et un débit lui aussi très rapide.
Que ce soit vous, ou votre interlocuteur, sachez que cette voix forte, rapide
a pour effet d’augmenter le débit cardiaque chez la personne qui l’écoute,
indiquant un haut niveau d’excitation (peut-être est-ce de cette façon que
nous communiquons aussi notre stress ?). Dans ces circonstances, il ne
faut pas hésiter à proposer (pas imposer) de reprendre la discussion à un
moment plus favorable.
19. http://lecerveau.mcgill.ca/flash/i/i_08/i_08_cr/i_08_cr_dep/i_08_cr_dep.html
91
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
L’autre clé non verbale à laquelle il faut également être attentif est constam
ment devant nos yeux, mais nous la voyons rarement. Revenons là aussi
aux fondamentaux.
Quand nous observons deux personnes en conflit nous voyons très sou
vent effectivement des postures et des attitudes très contrastées entre les
deux personnes qui reflètent encore une fois souvent leur stratégie et leurs
oppositions.
Cet aspect des relations est souvent méconnu et peut nous servir comme
baromètre non verbal de la relation. En effet, si nous exprimons verbalement
que nous sommes d’accord, cela ne représente que 7 % de notre message,
tandis que si 55 % de notre message qui passe par notre corps dit que nous
sommes en phase, la crédibilité du oui est autrement plus grande.
O Et si...
CO
O)
s_
O) Allons au bout de notre idée, deux personnes en phase ont tendance
(J
C O
T-H à prendre la même posture. Deux personnes en conflit, qui ont donc
O
(N des buts différents, doivent donc avoir des postures différentes.
Et si, même si nous ne nous accordons pas sur le plan des mots et
CT
des idées, nous prenions la même posture que notre interlocuteur
>.
CL
O pour lui signifier que, sur le fond et les 55 % de notre message, nous
U
sommes déjà en phase et en recherche de solutions.
Faites l’essai et partagez vos expériences avec moi à l’adresse :
thiriet.jf@free.fr
92
P R É PA R A TIO N P H Y S IQ U E ET E N V IR O N N E M E N T : PIEDS ET JA M B E S
Le premier réflexe est d’éviter d’avoir des témoins. Je ne sais pas si vous
avez des enfants, mais l’expression émotionnelle des miens est très dif
férente quand nous sommes dans un magasin de jouets aux heures de
pointe et que je viens de leur dire « non » ou quand je suis seul avec eux
à la maison. Même la présence de leur mère influence déjà la façon dont
ils vont réagir.
O
to Notez que parfois il peut être intéressant de confronter la personne qui
eu
eu s’obstine à rester sur place en lui demandant si elle souhaite continuer
(J cette discussion « ici » ou « dans un endroit ou vous pourriez être plus
tH
O
fNJ
disponible pour l’écouter ? » Cela respecte à la fois la question « com
ment souhaite-t-elle résoudre ce conflit ? » et en même temps vous permet
ai d’avoir des attentes réalistes par rapport à la discussion qui a lieu et sur
ses chances d’aboutir.
CL
O
U
Cela nous amène au second réflexe : ne pas rester sur le lieu du conflit. Le
lieu ou se produit le conflit est désormais contaminé par le conflit et rester à
cet endroit ne fait que renforcer la dynamique qui a commencé à s’y créer.
93
SE P R E P A R E R A R É S O U D R E UN C O N F L IT
Vous savez désormais qu’il vaut mieux éviter d’installer les chaises en
face-à-face et privilégier le côte à côte afin de ne pas reproduire assis ce
O
CO
O) que nous cherchons à éviter debout.
s_
O)
(J
C O
T-H
Si vous avez un bureau, cela implique d’éviter la position de chaque côté
O
rsj de votre bureau, vous dans votre fauteuil et votre interlocuteur sur une
chaise. Le message que vous enverriez à ce moment-là serait plutôt : « Je
CT suis le patron » (sauf si c’est ce message que vous souhaitez diffuser, ce
>.
CL
qui peut être pertinent dans le cas d’un recadrage par exemple).
O
U
De même, éviter de vous positionner chacun en face à face devant votre
bureau, vous maintenez le message que vous êtes le patron même si
20. http://news.yale.edu/2010/06/24/touch-how-hard-chair-creates-hard-heart
94
P R É PA R A TIO N P H Y S IQ U E ET E N V IR O N N E M E N T : PIEDS ET JA M B E S
VOUS êtes prêt à discuter. Bref, votre bureau, même assis, n’est pas un lieu
neutre. Si vous n’avez pas le choix, et n’avez que votre bureau, préférez
une table qui ne soit pas votre bureau et autour de laquelle vous pourrez
vous asseoir côte à côte.
O
toO)
eu
(J
eTO
-H
O
(N
sz
>•
Q.
O
(J
95
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
0
in
0i—
1
(U
(J
KD
O
rsl
ai
>-
Q.
O
U
96
C h a p itre 4
O
to
O) « La plupart des gens n'écoutent pas avec l'intention de comprendre,
eu
(J mais avec l'intention de répondre »
UD
tH
O
r\J
S teven C ovey
O
x:
ai
's _
>
CL
U
O
97
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
O
fNJ - Évitez les tournures trop alambiquées et un registre de langage ina
dapté, vous ne feriez que tenter de masquer votre agressivité.
jC - Si vous avez plusieurs sujets à aborder, utilisez des marqueurs gra
CT
's _
phiques comme des puces, qui vont aider votre interlocuteur à vous
CL
U
O suivre.
Et souvenez-vous les écrits restent, il vaut parfois mieux tourner sept
fois son mail dans sa boîte à lettres...
98
P R EPAR ATIO N V E R B A LE : B O U C H E ET O R E ILLE S
Par téléphone :
- Votre voix reflète votre état émotionnel. Prenez soin de vos émo
tions d’abord.
- Nos interlocuteurs parlent au rythme ou ils pensent, approchez-
vous le plus possible de leur rythme de parole lorsque vous vous
exprimez.
- Une personne retient à peu près un mot sur cinq, n’hésitez pas à
répéter votre message de différentes façons afin qu’il puisse être
entendu.
- Utilisez le nom ou le prénom de votre interlocuteur pour le maintenir
attentif.
99
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Cela nous renvoie au premier objectif que nous devons avoir dans notre
communication si nous voulons résoudre ce conflit : créer la confiance ou
plutôt recréer la confiance. La confiance ne se décrété pas, elle se construit
très lentement et se détruit très rapidement. Alors comment récréer la
confiance dans une situation conflictuelle ?
En vous centrant sur lui, vous lui offrez le premier signe de reconnaissance
dont il a besoin : vous êtes prêt à l’écouter. Vous êtes dans la disposition
nécessaire (mais pas encore suffisante) pour résoudre ce conflit.
Avant d’aller plus loin, prenons les contre-pieds de cette idée. Quel serait le
poison de la reconnaissance de l’autre ? Ce serait I’« égocentrage » : moi,
moi, moi : « Moi, je pense que tu devrais, je pense que tu n’aurais pas dû,
etc. » Espérer que l’autre s’ouvre à la résolution du conflit en commençant
O
to de cette façon est très incertain. Ce qui est plus probable c’est la fermeture
eu
eu plus que l’ouverture que nous allons créer.
(J
yT-H
D
O
rsl Donner de la reconnaissance, c’est reconnaître à l’autre le droit d’avoir ses
propres pensées, voire même d’avoir ses propres incohérences, le droit
CT d’être blessé, le droit de ne pas vouloir résoudre ce conflit, et d’y rester.
>. Reconnaître l’autre c’est lui offrir un merveilleux cadeau : celui d’exister
a.
O comme un être différent (voir « Suis-je en conflit? » p. 20) et de s’intéres
U
ser à sa différence (pas à sa supériorité).
100
P R EPAR ATIO N V E R B A LE : B O U C H E ET O R E ILLE S
Quand l’autre nous parle, nous sommes parfois plus en train de chercher
ce que nous allons bien pouvoir lui répondre plus qu’être véritablement
en train de chercher à comprendre ce qu’il nous dit. L’écoute dont nous
parlons est une écoute centrée sur l’autre et elle passe par l’apprentissage
du plus difficile des réflexes en situations conflictuelles : d’abord se taire.
Et pourtant, la méfiance est telle que nous ne sommes pas sûrs que l’autre
va nous laisser la parole pour dire à notre tour ce que nous avons à dire.
C’est pourquoi, avoir une écoute centrée sur l’autre ne veut pas dire laisser
passer son tour, cela signifie d’abord écouter et ensuite parler, plutôt que
l’inverse. Parce que de toute façon, si je parle en premier, l’autre est lui
aussi est en train de préparer sa réponse plus que de m'écouter!
O
to
eu
eu « Chercher à comprendre, puis à être compris. »
(J
tû S teven C ovey
O
rsl
101
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Quand nous parlons pour dire ce que nous avons à dire, nous sommes très
souvent dans le défoulement de nos émotions et le règlement de compte,
nous appelons cela être honnête. Quand nous communiquons pour donner
envie à l’autre de nous écouter, nous créons plus facilement les conditions
de la confiance et de la résolution du conflit.
102
P R EPAR ATIO N V E R B A LE : B O U C H E ET O R E ILLE S
Ce type de phrases est numéro un dans la liste car derrière son apparence
de vouloir calmer le jeu sur le plan de la communication, elle est en fait un
ordre sur le plan de la relation. J’impose à l’autre l’état émotionnel dans
lequel je voudrais qu’il soit.
Vous comprenez maintenant que personne n’aime être dans un état de ten
sion ou de colère, et dire à quelqu’un d’être calme quand il est énervé, c’est
le mettre face à sa propre impuissance à maîtriser son émotion, ça ne sert
à rien ! Ou plutôt si, ça sert à quelque chose : à mettre de l’huile sur le feu.
103
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Vous comprenez que sortir de l’apparence des mots pour rentrer dans le
sens des phrases et surtout leur implication sur le plan de la relation permet
une tout autre lecture de la situation. Vous comprenez ici aussi pourquoi
ces phrases sont rarement efficaces, sauf à envenimer les choses.
Comme nous l’avons déjà souligné, elles font toutes partie d’une approche
centrée sur le problème, sur ce que nous ne voulons pas ou plus, plutôt
que sur ce que nous voulons et attendons de la part de l’autre.
Oui, l’approche solution demande de lâcher prise du plaisir que nous avons
à nous plaindre ! Et ce n’est pas le moindre des efforts. Se plaindre de
l’autre, de ce qu’il fait, de ce qu’il pense, de ce qu’il dit comme il le dit est
parfois un sport où nous sommes nombreux à être professionnels. C’est
une habitude et l’attachement à ce réflexe est grand parce qu’il est plus
facile de critiquer et cela consomme peu d’énergie mentale.
104
P R ÉPAR ATIO N V E R B A L E : B O U C H E ET O R E ILLE S
Ici il y en a huit :
Savoir écouter
Une des plus grandes difficultés dans l’écoute d’une personne, surtout si
nous sommes en conflit avec elle, réside dans le risque de la comprendre.
Oui, nous craignons souvent de comprendre l’autre parce que nous confon
dons « comprendre quelqu’un » et « être d’accord » avec lui. Il est sûr que
si comprendre quelqu’un suppose d’être d’accord avec lui dans un conflit,
personne n’a envie de chercher à se comprendre. Mais « comprendre » ne
veut pas dire « être d’accord ! »
Nous pouvons tout à fait comprendre qu’une personne soit en colère sans
approuver qu’elle casse les assiettes, nous pouvons tout à fait comprendre
que nous avons fait une erreur sans être d’accord qu’on nous crie dessus.
Cette nuance est de taille et représente un vrai progrès dans notre écoute
quand nous pouvons l’appliquer dans le champ du conflit, car être compris
est un vrai cadeau relationnel à offrir. Et nous retrouvons ici la curiosité
comme qualité relationnelle essentielle, curiosité à la différence.
Autoévaluation
- Ai-je écouté activement ?
105
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Savoir questionner
Et notamment sur le point de départ du conflit. Nous présumons souvent que
le point de départ du conflit est le même pour l’un et pour l’autre. Prendre
le temps de demander : « Pour toi, ça a commencé quand ? » est une
précaution qui révèle bien des surprises. Une autre question fondamentale
en situation conflictuelle concerne les conséquences de la situation pour
l’autre : « Tu peux peut-être me dire quelles conséquences ce changement
de planning a eu pour toi ? », car au fond est-ce vraiment la situation qui
pose problème dans un conflit ? N’est-ce pas plutôt ses conséquences ?
Autoévaluation
- Ai-je posé des questions pour cerner le point de vue de mon interlocuteur ?
106
P R EPAR ATIO N V E R B A LE : B O U C H E ET O R E ILLE S
Savoir reformuler
Si vous avez eu la chance un jour de faire l’expérience du téléphone arabe
en formation ou dans un jeu en soirée, vous avez probablement été surpris
de découvrir à quel point ce qui est dit, n’est pas ce qui est compris, n’est
pas ce qui est retenu et encore moins ce qui est appliqué. Il y a tant d’occa
sions pour les malentendus. Reformuler ce que l’autre dit, refléter ce que
l’autre ressent, sont des compétences clés pour nourrir le besoin de recon
naissance fondateur de la confiance : « Si je comprends bien, tu penses
que... », « Ce que tu dis, c’est que... », « Ce que tu ressens, c’est... »
Autoévaluation
- Ai-je vérifié ma compréhension de ce qui m’a été dit ?
- Ai-je pu recentrer la discussion ?
Remarque
Reformuler n’est pas comprendre quelqu’un. Quand nous reformulons,
O
to nous vérifions si nous avons compris. Seul notre interlocuteur peut dire si
eu
)_ ce que nous avons reformulé est bien ce qu’il veut dire. ATTENTION au
eu
(J « oui c’est ça » avec les 7 % qui contredisent le « pas tout à fait » avec les
tû
O 55 % du message. Dans ce cas-là, mieux vaut dire : « Ça n’a pas l’air d’être
rsj tout à fait ça, est-ce que tu veux bien essayer de me le réexpliquer ? »
jC
ai
Savoir être concis
CL
O
U « Au fond, le problème pour toi c’est..., c’est bien ça ? » Cette phrase est
magique, elle recentre la conversation et amène l’autre à se positionner
si oui ou non le problème est bien posé. Et comme le dit Einstein : « Un
problème bien posé est à moitié résolu. »
107
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Autoévaluation
- Ai-je réussi à énoncer le problème ? Le problème implicite ?
- Ai-je réussi à le formuler de façon positive ?
Indicateurs de concision
- Phrases courtes de synthèse : « Au fond, le problème pour toi, c’est que
la répartition des week-ends de garde te semble injuste. »
- Renversement positif : « Au fond, ce que tu aimerais, c’est que la répar
tition des week-ends de garde soit plus équitable. »
Autoévaluation
- Ai-je demandé la permission avant de raconter ma version ?
- Suis-je plus dans la proposition que dans l’imposition ?
Indicateurs de réciprocité
- Phrases de proposition : « Je te propose... », « Je t’invite à... »
- Phrases de validation : « Est-ce que ça te conviendrait ? », « Est-ce tu
O
to serais d’accord ? »
eu
(U
(J
tû Remarque
tH
O
fNJ Notez la différence entre : « Est-ce que ça te convient ? », « Est-ce que
tu es d’accord ? » avec « Est-ce que cela te conviendrait ? », « Est-ce
JC
CT que tu serais d’accord ? » Que ressentez-vous ? La présence du condi
's _
CL
tionnel dans notre communication allège nos messages (pas sur le plan
U
O
de la simplicité des phrases, je vous l’accorde) et sous-entend qu’ils sont
ouverts à la réponse de notre interlocuteur. Les propositions sont bien des
propositions « si »...
108
P R EPAR ATIO N V E R B A L E : B O U C H E ET O R E ILLE S
Autoévaluation
- Ai-je vérifié auprès de l’autre sa compréhension de mon message ?
Remarque
Privilégiez plutôt : « Je ne suis pas sûr d’avoir été clair, est-ce que tu veux
bien me dire ce que tu as compris ? » plutôt que : « Répète ce que je viens
de dire... » qui est trop directif et risque d’augmenter la tension conflictuelle.
109
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Remarque
ATTENTION à ne pas chercher des solutions trop tôt. Certaines personnes
ont besoin d’exprimer ce qu’elles ressentent, autrement dit de sortir ce qu’elles
ont sur le cœur, pour seulement après pouvoir envisager des solutions.
Autoévaluation
- Avons-nous construit un plan d’action ?
O - Avons-nous besoin d’aide extérieure ?
tn
Q J
i_
O) Indicateurs d’orientation « action »
(J
T-H
O - Questions orientées « action » : « Qu’est-ce qu’on décide ? », « Quand
fN commence-t-on ? », « Qui fait quoi ? »
- Plan d’action avec une date précise d’évaluation : « Ce que nous avons
CT
>- mis en place a-t-il produit les résultats que nous en attendions ? »
Q.
O
U
Remarque
La capacité à évaluer si la situation requiert de l’aide extérieure est très
importante en situation conflictuelle. Parfois ce n’est plus à nous de ré-
110
P R EPAR ATIO N V E R B A LE : B O U C H E ET O R E ILLE S
soudre le conflit parce que nous faisons partie du problème et qu’à ce titre,
chercher à le résoudre par nous-même fait partie du problème. Quelques
critères à prendre en compte : l’importance de la relation (voir « Dois-je
résoudre ce conflit?» p. 31), l’importance des conséquences relation
nelles, sur la performance, la santé), le nombre de personnes impliquées,
le niveau d’urgence, et les voies de communication entre les parties (de
face-à-face, par mails ou téléphone).
Les compétences citées ici ont été présentées dans un ordre logique qui
correspond à l’ordre idéal dans lequel elles doivent être utilisées : d’abord
je me tais et j ’écoute, puis je pose des questions, et vérifie que je com
prends bien le message qui m’est transmis jusqu’à ce que je sois capable
de faire la synthèse de la problématique. Je propose ma version de la
situation après en avoir demandé la permission, et vérifié qu’elle est bien
comprise avant de partir ensemble à la recherche de solutions et de mettre
en œuvre un plan d’action qui pourra être adapté.
Tout ou rien
Savez-vous comment on mange un éléphant ?
Réponse : 'sio^ b \ b eeqonoq eun
O
to
eu En situation conflictuelle, il est parfois intéressant d’aborder un sujet
eu à la fois, plutôt que de chercher à tout résoudre en même temps.
(J
KD Chercher par exemple le plus petit dénominateur commun, envisager
O
rsl
le premier pas qui serait atteignable est une position stratégique effi
cace. Et cela, même en cours de discussion : se rendre compte que la
ai discussion est bloquée sur certains points et être en capacité de réo
>-
Q. rienter sa stratégie pour trouver une solution sur les points ou cela est
O
U possible peut s’avérer payant. Cela donne le sentiment de progresser
et la confiance se reconstruit autant que la résolution du conflit.
111
SE P R É P A R E R À R É S O U D R E UN C O N F L IT
Quand nous sommes face à une personne agressive, souvent nous avons
appris qu’il vaut mieux parler doucement pour ne pas envenimer les choses.
Là aussi c’est à moitié vrai. En fait, idéalement, votre volume sonore devrait
O rejoindre exactement le niveau sonore de votre interlocuteur pendant un
QtnJ temps très court, afin de créer un effet de surprise chez lui. Puis, vous allez
s_
O)
(J immédiatement redescendre votre volume sonore à son niveau normal
tH (schématiquement, cela donnerait la représentation reproduite ci-contre).
O
rsl
112
P R EPAR ATIO N V E R B A L E : B O U C H E ET O R E ILLE S
Q
+ J
->
en
«Vous êtes très en
fU
colère, puis-je vous C
demander ce qui vous O
contrarie ? »
U
113
SE P R E P A R E R A R E S O U D R E UN C O N F L IT
Pour aller plus loin, vous pouvez aussi utiliser la technique présentée dans
la question suivante pour faire face à l’agressivité.
O
Comment puis-je exprimer ma colère
(N
de façon juste ?
CT La question corollaire de la précédente. Faire face à quelqu’un d’agressif
>.
CL oui, mais si c’est moi qui perds le contrôle ?
O
U
Reprenons d’abord les points que nous avons déjà vus. Pour commencer,
prenez le modèle de Loehr et Shwarz (voir p. 64) et situez-vous sur la ma-
114
P R EPAR ATIO N V E R B A LE : B O U C H E ET O R E ILLE S
Vous savez maintenant à quel point il est facile de lâcher son Cro-Magnon
sur son interlocuteur, à quel point ce réflexe inné ne demande aucune éner
gie et est directement accessible. « C’est de la fuite ! » me direz-vous. Je
vous dirais que c’est plutôt un repli stratégique. « Vous jouez sur les mots »
me répondrez-vous. Peut-être. Alors posons-nous la question : quelle est
la différence entre la fuite et le repli stratégique ?
Le repli stratégique, lui, est un choix que nous faisons compte tenu du
contexte dans lequel nous sommes : notre objectif, notre état émotionnel,
O
CO
O ) la personne que nous avons en face de nous, l’environnement qui nous
s_
O) entoure. Notre cerveau émotionnel n’a que faire de la « pertinence » de
(J
C O
T-H
la stratégie, son action est encore une fois réflexe et impulsive. Le repli
O
fN stratégique relève de la maîtrise et va plus faire appel à notre néocortex.
115
SE P R É P A R E R À R E S O U D R E UN C O N F L IT
Imaginons maintenant que votre colère soit d’un niveau suffisant sur la
matrice de conscience émotionnelle pour être exprimée, comment faire ?
L’intérêt de l’approche que vous allez découvrir repose sur une action à
deux niveaux : d’une part elle nous aide à structurer notre pensée sous le
coup d’une émotion forte, d’autre part, elle diffuse un message tout à fait
entendable et respectueux sur le plan relationnel.
De même, notez bien que la présence de mots tels que : « jamais », « tou
jours », « personne », « tout le monde », « rien », « tout », « comme d’habi
01/1 tude », etc. transforme notre phrase en une opinion et non plus un fait.
01
i_
(U
(J
UD Et une opinion est toujours critiquable :
O
rsl Exemple 1
- « Tu es toujours en retard ! »
ai - « Non, pas toujours... »
Q.
O
U
Exemple 2
- « Tu ne fais jamais rien à la maison. »
- « Si, parfois je vais chercher le courrier... »
116
P R ÉPAR ATIO N V E R B A LE : B O U C H E ET O R E ILLE S
Exemple 2
« Quand ton pyjama repose par terre à la salle de bain, et que je dois le
mettre moi-même dans la panière à linge » : le fait mesurable, quantifiable,
observable qui nous sert de support : la place du pyjama.
Dans son livre Les mots sont des fenêtres (p. 58 et 59), Marshal Rosenberg
nous offre une large palette des émotions que nous pouvons ressentir. Ce
faisant, il nous permet d’élargir notre vocabulaire émotionnel et de nuancer
notre ressenti. De même, le modèle de Plutchik nous propose de nommer
notre émotion en fonction de son intensité.
CT
>.
CL
O
U
21. Par Machine Elf 1735, Jean Marcotte [Public domain], via Wikimedia Commons.
117
SE PREPARER A RESOUDRE UN CONFLIT
O
fNJ
« Je me sens en colère contre les commerciaux parce qu’ils survendent
notre produit », sous-entendu les commerciaux sont la cause de notre
JC
CT
's _
colère. Non les commerciaux ne sont pas la cause de notre colère. Ils sont
CL peut-être le déclencheur de notre colère, mais ils n’en sont pas la cause.
O
U
118
PREPARATION VERBALE : BOUCHE ET OREILLES
ce sont nos besoins. Quand nos besoins sont satisfaits, nos émotions sont
positives, quand nos besoins sont insatisfaits, nos émotions sont négatives.
O
fNJ
Mais avant, reprenons la logique derrière cette mécanique : un événement
déclenche mon émotion négative, ici la colère. Notre colère est liée à un
ai de nos besoins non-satisfaits, nous allons donc demander à notre inter
locuteur de nous aider à prendre soin de notre besoin autant que nous
Q.
O
U
prenons la responsabilité de ce besoin. « Est-ce possible pour vous de... »,
« Seriez-vous d’accord pour... ».
119
SE PREPARER A RESOUDRE UN CONFLIT
« Je suis en colère quand tu rentres ivre à la maison parce que j ’ai peur
que cela donne un mauvais exemple aux enfants plus tard. J’ai besoin de
partager mon inquiétude avec toi, et d’être rassuré, est-ce que tu serais
d’accord pour me consacrer un moment ? »
Pour nous autoriser à le faire, notez ici aussi qu’un niveau de confiance suf
fisant doit être atteint sous peine de voir notre message pris sur un mode
ironique ou méprisant : « J’en ai rien à faire de tes besoins », « Je me f...
que tu sois en colère, c’est comme ça... », etc.
Pour finir, vous pouvez utiliser cette même trame face à une personne qui
est en colère ou agressive avec vous en vous en servant comme un plan
de questionnement, par exemple :
120
PRÉPARATION VERBALE : BOUCHE ET OREILLES
Si dire « non » est difficile pour vous aussi, cela signifie probablement que
vous lui attribuez un des sens suivants :
O
rM
(y) Alors, dans laquelle de ces peurs vous reconnaissez-vous ?
jC
CT
's _
Aussi naïves que pourraient paraître ces croyances, elles habitent beau
CL
U
O coup d’entre nous et nous conditionnent à maintenir en place la dictature
du « béni oui-oui ».
121
SE PRÉPARER À RÉSOUDRE UN CONFLIT
Pour faire un pas de plus vers notre liberté de dire « non », de nouveau, ré
interrogeons les évidences. Sans nier qu’il peut parfois y avoir des « non »
de rejet, des « non » pour faire mal, des « non » agressifs, des « non »
culpabilisants :
- Pouvons-nous dire « oui » à tout ?
- Est-ce que dire « oui » nous apporte la garantie d’être apprécié, aimé, ou
encore respecté ?
- Ne sont-ce pas les autres qui sont égoïstes en attendant de moi que je
dise « oui » à tout ?
- N’est-ce pas manquer de respect à l’autre que de lui dire « oui » alors
que je pense « non » ?
- Connaître la limite de mes compétences n’est-il pas justement un signe
de compétence ?
O
(N
L’analyse transactionnelle appelle ce scénario la « collection de timbres » :
la personne collectionne les timbres sur son carnet de frustration et dès
que son carnet est plein, elle libère toutes ses frustrations d’un coup... et
ai
là, c’est le raz-de-marée. Notre interlocuteur ne comprend pas, devant lui
Q.
O se libère une énergie sans retenue qui sort sans prévenir, et c’est le défou
U
lement après le refoulement...
122
PRÉPARATION VERBALE : BOUCHE ET OREILLES
S’il est difficile de dire « non » sans agressivité, c’est que très souvent
nous n’avons pas appris et n’avons pas eu dans notre vie des exemples de
personnes qui sachent aligner : « Je ressens “non” », « Je pense “non” »,
« Je dis “non” » tout en étant respectueux. Parce que ce n’est pas refuser
qui pose vraiment problème, c’est la manière de dire « non ».
Se redire que vous vous respectez, que vous êtes réaliste, et que vous
évitez un « oui, mais » qui peut être un futur « oui-sabotage » est aussi une
façon de s’autoriser à dire « non ».
Attention, le réflexe ici est d’ajouter « MAIS ». « Mais » oppose deux pro
positions dans une phrase. Si c’est un vrai « oui », il n’y a pas d’opposi
O
CO
O
s_
) tion. Privilégiez « ET » en mot de liaison. « Si je comprends bien, tu me
O) demandes te remplacer ce week-end ET... »
(J
«X)
O
rsi Maintenant positionnez votre refus avec le « JE » quand c’est possible :
« Et je... ne suis pas intéressé, pas disponible, pas d’accord, ne peux pas
CT pour l’instant » ou « Et ce n’est pas ce que nous avions convenu. »
>•
Q.
O
(J Dans cette première partie, vous êtes passé par le respect de l’autre en lui
montrant d’abord que vous aviez bien compris sa demande, dans le respect
de vous-même en votre « non », et vous terminez maintenant en revenant
dans le respect de l’autre en exprimant de façon empathique votre regret
123
SE PREPARER A RESOUDRE UN CONFLIT
Attention, ne vous justifiez pas. Nous avons tendance à justifier nos « non »
parce que nous pensons que cela les rend plus acceptables. Notre culpa
bilité sous-jacente à notre justification a pour effet d’ouvrir la porte à l’autre
pour qu’il insiste.
Enfin, nous l’avons dit, dire « non » est difficile. Commencez d’abord par
vous entraîner dans des situations faciles, et construisez votre spirale ver
tueuse un pas après l’autre. Par exemple, plutôt que d’exprimer ce que l’on
ne veut pas, nous pouvons exprimer ce que nous voulons. Pour cela le
début de phrase : « Je préférerais... » peut nous aider à amorcer l’échange
et évite de dire « non » en douceur.
« JE » ou « MOI, JE » ?
Il y a chez certaines personnes une certaine pudeur à parler d’elles,
à dire « je ». Pour ces personnes, dire « je » revient à dire « moi, je ».
Alors dans nos conversations, ce « je » prend la forme d’un « tu » :
« Tu ne penses pas qu’on devrait faire une pause », plutôt que : « J’ai
besoin d’une pause, et toi ? », d’un « On » : « On ne doit pas quitter
la salle avant 18 h » plutôt que : « Je vous demande de rester jusqu’à
18 h, cela est-il possible pour vous ? »
Quelle différence y a-t-il entre dire « je » et dire « moi, je » ?
Il y a un « je » qui est un « je » d’affirmation, de positionnement, en
tant que personne qui pense, qui fait, qui ressent et qui ne peut parler
que pour lui, pas pour les autres. Ce « je » a son ton de voix, son
O
to langage corporel tout comme le « moi, je ».
O)
eu
(J Pour les personnes qui ont plus facilement accès à ce « moi, je »,
eD
tH
le « je » d’affirmation leur semble bien fade. Pour s’affirmer, il faut
O
fNj s’imposer, selon elles : « La meilleure défense, c’est l’attaque » et tout
le reste c’est de la langue de bois. Non, c’est de la réciprocité ! Et la
JC
ai réciprocité implique de reconnaître notre interlocuteur dans son droit
’s _
CL
à la différence et son droit à l’exprimer.
O
U
12 4
PREPARATION VERBALE : BOUCHE ET OREILLES
Imaginez que quelqu’un vous marche sur les pieds dans la rue, cela vous
fait mal, mais ce qui vous blesse aussi, c’est que cet énergumène continue
son chemin sans même s’excuser.
Dans les médiations que j ’anime, je suis toujours surpris du nombre de fois
ou : « Qu’il s’excuse d’abord, et on discutera ensuite » vient très vite sur
la table. Cette attente est souvent liée à l’idée que c’est l’autre qui nous
blesse, vous savez maintenant que ce qu’il fait déclenche notre émotion,
mais n’en est pas la cause (voir Chapitre 2).
125
SE PREPARER A RESOUDRE UN CONFLIT
Est-ce que faire une erreur doit nécessairement impliquer qu’on laisse
notre interlocuteur abuser de la situation et nous manquer de respect ?
Puis-je prendre ma part de responsabilité sans prendre toute la
responsabilité ?
Ce qui nous retient aussi de nous excuser, c’est que nous ne l’avons jamais
vraiment appris. Dans notre enfance, le célèbre : « Demande pardon »
relevait plus d’une faute commise que de l’erreur et comportait une conno
tation morale très importante. Qui est vraiment allé plus loin à l’âge adulte ?
La dimension morale de l’excuse porte en elle l’idée de la culpabilité liée à
la faute et de la culpabilisation possible de celui qui l’a commise.
126
PRÉPARATION VERBALE : BOUCHE ET OREILLES
Attention à ne pas non plus nous justifier, ce qui aurait un effet contraire à
ce que nous cherchons à rétablir : « Oui, mais j ’étais submergé de travail,
je ne pouvais pas tout faire, réserver les billets d’avion, faire le planning du
mois prochain... » Là aussi, évaluer les raisons de notre erreur et s’excuser
sont deux temps bien distincts qu’il faut savoir différencier.
À ce moment-là, il est trop tard pour dire : « Si c’est pour entendre tout ça,
la prochaine fois, je ne m’excuserai pas ! » Souvenez-vous que quand la
O
to personne en face de vous s’exprime, c’est pour ne plus garder la pression
eu
eu à l’intérieur d’elle-même mais pour s’en libérer et redevenir capable d’avoir
(J
tH
une discussion moins émotionnelle.
O
fNJ
Donner du temps à la personne pour guérir sa blessure est fondamental.
jC Nous sommes peut-être prêts à passer à autre chose, mais l’est-elle de
CT
's _
> son côté ? Est-elle aussi prête à sortir de son rôle de « victime » ? Est-elle
CL
O
U
prête à renoncer à se « venger » en n’acceptant pas nos excuses ? Ici
aussi, souvenons-nous des enjeux identitaires et relationnels liés au conflit.
« Comment souhaite-t-elle être perçue dans le conflit ? » peut nous aider à
comprendre sa réaction.
12 7
SE PRÉPARER À RÉSOUDRE UN CONFLIT
Puis-je être curieux de son point de vue, non pour être d’accord, mais
être sûr que je le comprends bien ?
Suis-je clair sur les faits, mon sentiment, mon besoin et ce que je
souhaite demander pour parvenir à résoudre ce conflit (si besoin par
écrit) ? L’ai-je formulé de façon positive ?
O
to
O)
eu
(J
eo
T-H
O
r\J
O
x:
ai
's _
CL
O
U
128
Conclusion
Ça y est vous êtes prêt. Au sens ou vous vous êtes préparé. Vous avez mis
x: toutes les chances de votre côté. Vous avez agi sur ce que vous pouviez
ai
>•
Q.
changer le plus : vous-même. Vous avez des outils pour influencer votre
O interlocuteur et vous savez que vouloir le changer serait de l’énergie per
U
due inutilement.
129
SE PRÉPARER À RÉSOUDRE UN CONFLIT
Vous connaissez votre objectif, et savez s’il est plus ou moins important
que la relation que vous avez avec votre interlocuteur. Vous connaissez les
enjeux à laisser ce conflit en sommeil et vous empêcher de dormir. Vous
êtes décidé.
Vous savez que de toutes façon, il n’y a que trois issues possibles à ce
conflit : revenir à la situation antérieure au conflit, trouver un aménagement
de votre relation, ou choisir de rompre la relation.
Vous connaissez les stratégies corporelles qui vont faciliter le rapport col
laboratif avec votre interlocuteur : vous respectez une distance de sécurité
pour lui et vous, vous vous positionnez à 90° en communiquant en trois
points. Vous ne restez pas sur le lieu du conflit, vous allez dans un endroit
neutre ou vous allez pouvoir vous asseoir avec lui à 90°. Vous privilégiez
une rencontre de visu avec lui et vous lui permettez de commencer à parler
parce que son émotion est forte, vous savez que de toute façon votre tour
viendra.
Vous mettez en œuvre les huit compétences qui vous servent de boussole
dans ce conflit : d’abord vous écoutez, ensuite vous posez des questions
précises pour mieux comprendre son point de vue. Vous vous assurez que
vous comprenez bien ce qu’il avance, et synthétisez le problème selon lui.
Vous lui proposez de donner votre point de vue et vous vous assurez qu’il
l’a bien compris. Vous savez recevoir l’expression de son agressivité de
façon ouverte et ferme grâce à votre stabilité physique. Et vous aidez votre
0
1/1
01 interlocuteur à structurer sa pensée.
i_
(U
(J
UD De même pour vous, quand vous vous exprimez, votre pensée est struc
O
rsl turée autour des faits dont il est question, vous exprimez votre sentiment
en en prenant la responsabilité. Si la confiance est de mise, vous vous
ai autorisez à exprimer votre besoin et une demande claire et formulée posi
CL
tivement. Vous savez poser vos limites de façon respectueuse, vous excu
O
U ser ne vous fait plus peur parce que vous savez maintenant le faire tout en
restant digne.
130
CONCLUSION
À mesure que vous vous engagez dans la conversation, vous observez les
signes non verbaux qui évoquent un rapprochement de point de vue.
Nous pourrions presque dire que cette première partie de conclusion serait
une visualisation à réaliser avant d’y aller.
Comme un skieur de haut niveau, vous imaginez la piste devant vous, vous
envisagez exactement ce que vous allez faire, comment vous allez le faire,
vous revoyez chaque détail de votre technique.
Victoire sur vous par une plus grande clarté mentale, une plus grande séré
nité émotionnelle, une plus grande stabilité physique, une plus grande pré
O
tn cision verbale. Vous êtes pleinement vous-même, ni plus, ni moins. C’est
O)
i_
QJ un entraînement, un processus de maîtrise de soi tout comme la résolution
e?
Kû
T—I
des conflits.
O
rM
C’est pourquoi la question mérite d’être posée : Y a-t-il vraiment des conflits
CT résolus une fois pour toutes ?
>.
CL
O Pour ma part, la résolution définitive des conflits s’appelle le dévelop
U
pement de la qualité relationnelle dans les organisations. Il s’agit d’une
approche préventive et systémique des conflits. Car reconnaissons-le : les
conflits sont une conséquence de l’organisation ou de la désorganisation
131
SE PREPARER A RESOUDRE UN CONFLIT
du travail, pas une cause. Ils sont le symptôme d’un système en déséqui
libre dont l’onde de choc impacte autant les individus que les équipes.
O
CO
O
s_
)
O)
(J
C O
T-H
O
(N
sz
CT
>•
Q.
O
(J
132
Postface
O
rsl Je vis avec mes proches, avec mes collaborateurs, des moments de
confiance, de plaisir dans l’action et dans la fête. Je vis aussi cependant
x: des moments d’incertitude, des moments de doute ou soudain la confiance
ai
>•
D.
semble se délier, s’abîmer. Il me paraît clair aujourd’hui, que ces moments
O douloureux sont inévitables et qu’ils sont liés à la complexité de la vie ; vou
U
loir les éviter totalement relève de l’utopie, ou de la fuite; dans ce dernier
cas il faudra affronter plus tard des moments encore plus douloureux. Cela
me semble un enjeu important d’apprendre à vivre ces temps difficiles en
133
SE PRÉPARER À RÉSOUDRE UN CONFLIT
En tant que dirigeant, ce défi prend à mes yeux une triple dimension : com
ment me respecter dans mes besoins de réalisation, de prise de recul et de
discernement, de repos? Comment respecter les besoins de mes proches
au regard de l’interdépendance familiale qui nous unit? Comment, dans
le même temps, respecter les engagements multiples inscrits dans la res
ponsabilité de dirigeant vis-à-vis des parties prenantes de mon entreprise
(les salariés, les clients, le corps social environnant...)? Comment vivre
cet engagement de façon satisfaisante, comment respecter mes proches
et me respecter moi-même, au regard des attentes, des frustrations, et
parfois même au regard de certaines formes de violences qui s’expriment
dans notre environnement.
13 4
POSTFACE
ce qui divise, ce qui oppose, ce qui enferme. Je veux aussi citer Yehudi
Ménuhin : « Notre monde intellectuel est fait de catégories, Il est bordé de
frontières arbitraires et artificielles. Il faut construire des ponts, mais pour
cela il faut une connaissance, une vision plus grande de l ’homme et de
sa destinée». D’autres « veilleurs » de notre époque, notamment Edgar
Morin, invitent à dépasser les modes de pensée qui catégorisent la repré
sentation de la réalité, qui conduisent à juger de façon binaire, qui mutilent
l’espace de nos choix. Cette raison-là, quand elle se marie avec l’individua
lisme de notre époque, quand elle s’allie avec le désir d’avoir raison, est
plus dangereuse que l’ignorance totale. Bien que prévenu je reconnais qu’il
m’arrive encore de tomber dans ce travers.
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Q. Président d'Imasonic
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17 mars 2014
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Annexe
22. GlasI (Friedrich), A Handbook for Executives and Counselors (7^ éd. revue et augmentée), Ed. Freies
Geistesleben, Stuttgart, 2002
137
SE PREPARER A RESOUDRE UN CONFLIT
Notez que dans les phases 1 à 3, nous sommes encore dans un rapport
qui peut déboucher sur une solution gagnant-gagnant. Quand l’étape 4 est
franchie et que le conflit s’intensifie, nous rentrons alors dans une logique
gagnant-perdant jusqu’à l’étape 7. Les étapes 8 et 9 quant à elles sont
typiquement des solutions perdant-perdant.
138
ANNEXE
La conciliation est menée par un conciliateur de justice qui est nommé pour
les litiges peu importants et son champ d’intervention est limité par la loi.
Son action repose sur le conseil.
L’arbitrage est une personne privée qui est légitimée par les parties en
conflit pour prendre une décision les concernant. Son action est basée sur
la décision pour les parties.
Par ailleurs. L’article L. 1152-6 du Code du travail stipule qu’ « une procé
dure de médiation peut être mise en œuvre par toute personne de l’entre
prise s’estimant victime de harcèlement moral ou par la personne mise en
cause ».
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in À vous de jouer !
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Bibliographie
d’Asembourg (T), Cessez d ’être gentil, soyez vrai, 256 pages, Les Éditions
de I’Homnne.
Carré (C.), 50 exercices pour résoudre les conflits sans violence,
122 pages, Eyrolles.
Dechance (J.), La clarté relationnelle, 232 pages. Éditions du souffle d’Or,
et Aller mieux dedans pour agir mieux dehors, 288 pages. Éditions du Relié.
Lascoux (J.L.), Pratique de la médiation, une méthode alternative à la réso
lution de conflit, 240 pages, ESF Éditeur, 6® édition.
Lascoux (J.L.), Et tu deviendras médiateur et peut être philosophe,
80 pages. Médiateurs Éditeur.
Rosenberg (M.), Les mots sont des fenêtres ou bien ce sont des murs,
259 pages. Éditions La Découverte.
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Jean-François THIRIET accompagne la transfor
mation positive des organisations avec les outils
du coaching, de la formation, de la médiation et de
la facilitation en intelligence collective.
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Prépresse: GERESQ Édition 2016
Achevé d’imprimer par La Manufacture - Langres 52200 en mars 2016
№ d’impression : - Dépôt légal : Avril 2016 - Im p rim é e n F ra n c e
Jean-François THIRIET EDITION
Se préparer à
RÉSOUDRE UN CONFLIT
es conilirs existenr, e\ une vie sans conilifs esf impossible ! Nous