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Arrêt de la cour suprême n° 746 du 22 mai 2002

Dossier n° 843/2000

La société New S. a introduit une requête, exposant que le président du tribunal


de 1ère instance d’Agadir a rendu une ordonnance en date du 07/05/97, autorisant le
CIH à entrer en possession des immeubles sur lesquels sont bâtis les complexes
hoteliers HC.Palace et CS Akram, et à les gérer jusqu’à remboursement de sa créance.
Que le tribunal de commerce, à la demande du CIH, a ouvert une procédure de
redressement judiciaire à l’encontre de la société, en date du 16/07/99. Que cette
procédure interdit ou suspend toute action pour les dettes nées avant l’ouverture,
ainsi que toutes voies d’exécution, dont celle du CIH fait partie. La société a donc
sollicité de mettre fin à la mainmise du CIH sur les immeubles susmentionnés, et
d’ordonner le retour à la situation statuquo ante. Le président du tribunal a alors
rendu une ordonnance en référé, accédant à la demande, mais qui a cependant été
abrogée par la cour d’appel de commerce de Marrakech, qui a rejeté la demande.

AU NOM DE SA MAJESTE LE ROI

La cour

Sur l’unique moyen :

Attendu que la demanderesse en pourvoi fait grief à l’arrêt attaqué la violation


de l’article 653 du code de commerce, les articles 58 et 59 du Décret Royal du
17/12/68, relatifs au CIH, ainsi que l’article 345 du Code de procédure civile, le défaut
de motivation et de base légale. Car le jugement d’ouverture d’une procédure de
redressement judiciaire arrête ou suspend toutes voies d’exécution sur les meubles
et immeubles, qu’il s’agisse de saisie conservatoire ou exécutoire, et ce pour les
créances nées avant l’ouverture. Or, la possession accordée aux institutions de crédit
en vertu de l’article 59 du Décret Royal du 17/12/68 ne constitue qu’une voie
d’exécution parmi d’autres. Alors que la procédure de traitement des difficultés de
l’entreprise, qu’il s’agisse de redressement ou de liquidation judiciaire, entraîne de
plein droit l’interdiction au créancier d’actionner ou de persister dans une instance en
cours relative à des meubles ou immeubles, par saisie conservatoire ou exécutoire. La
règle de la défense d’exécution demeure valable.
Attendu que l’arrêt attaqué a estimé qu’il n’y a rien dans le Code de commerce
qui s’oppose à la levée de la possession prescrite par le Décret de 1968 ; et que le
jugement de redressement a désigné le syndic pour la mission de contrôle des
opérations de gestion. Que si la possession est une fin en soi, il reste néanmoins au
possédant la latitude de persister ou de se désister. Alors que si cette possession a
été décidée en vertu du Décret de 1968 dans l’optique de permettre au CIH de
récupérer cette créance sur les revenus de l’immeuble, la reconnaissance de l’arrêt
que le défendeur en pourvoi n’est plus en droit de récupérer cette créance après le
jugement de redressement judiciaire est en contradiction avec la persistance de cette
possession.
Textes de lois
Décret royal portant loi n° 552-67 du 26 ramadan 1388 (17
décembre 1968) relatif au crédit foncier, au crédit à la
construction et au crédit à l'hôtellerie

Des droits et moyens d'exécution des établissements de crédits agrées contre les emprunteurs

Article 58
Le paiement des annuités ne peut être arrêté par aucune opposition.

Les annuités non payées à l'échéance produisent intérêt de plein droit. Il peut, en outre, être procédé
par l'établissement de crédit agréé, au séquestre et à la vente des biens hypothéqués dans les formes
et aux conditions prescrites par les articles ci-après, même pour le versement des sommes qu'il est
appelé à rembourser un créancier inscrit afin d'être subrogé à son hypothèque.

Article 59
En cas de retard du débiteur, rétablissement peut, en vertu d'une ordonnance rendue, sur requête,
par le président du tribunal régional compétent et quinze jours après une mise en demeure, se mettre
en possession des immeubles hypothéqués aux frais et risques du débiteur en retard.

Pendant la durée du séquestre, l'établissement perçoit, nonobstant toute opposition ou saisie, le


montant des revenus ou recolles, et l'applique par privilège à l'acquittement des termes échus
d'annuités et des frais. Ce privilège prend rang immédiatement après ceux qui sont attachés aux frais
faits pour la conservation de la chose, aux frais de labours et de semences et aux droits du trésor
pour le recouvrement de l'impôt.

En cas de contestation sur le compte du séquestre, il est statué par le tribunal selon la procédure
accélérée.
Code de procédure civile
Code de commerce

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