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religieuses
Vermeil Edmond. La Philosophie religieuse d'Ernest Trœltsch. In: Revue d'histoire et de philosophie religieuses, 1e année n°1,
Janvier-février 1921. pp. 23-44;
doi : https://doi.org/10.3406/rhpr.1921.2314
https://www.persee.fr/doc/rhpr_0035-2403_1921_num_1_1_2314
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du problème, pour son propre pays en particulier. Ses vues sur le mouve¬
ment théolcgique actuel, sur les rapports entre l'Eglise et l'Etat et la
nécessité de la séparation, sur l'avenir des confessions chrétiennes en
Allemagne ont pour nous un réel intérêt. Enfin, en étudiant les écrits
qu'il a publiés au cours de la guerre et pendant les débuts de la révolution,
nous pourrons voir comment un esprit de marque a compris et vécu ces
événements si redoutables pour les destinées de son pays1).
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tané présuppose « a piecemeal supernaturalisme », une puissance agissante,
distincte des lois universelles. Mais faut-il se contenter du pluralism
polythéiste? Ces réserves nous empêcheront-elles de faire, à l'intérieur de
la multiplicité qui procède de Dieu, sa part à l'irrationnel, au fait pur, à
l'effort créateur? C'est le problème de la contingence. Si les nécessités a
priori et les lois sont découvertes, dans le chaos de la réalité, par analyse
et abstraction, il faut, quand on les applique en retour à la réalité, tenir
compte de tout ce qu'elle contient d'irrationnel. On est bien obligé de
s'arrêter à la notion d'un univers « mixte ». Mais cette notion marque
un progrès sensible sur le pragmatisme. James n'admet que la pluralité
des faits irrationnels; acceptons la coexistence de l'irrationnel et du
rationnel. Pourquoi sacrifier l'un à l'autre? Supprimer tout rationalisme,
c'est supprimer la religion elle-même. Cela est si vrai que James, lors¬
qu'il veut justifier l'expérience religieuse, introduit en ces explications
des éléments platoniciens. Il faut distinguer entre l' antiintellectualisme et
l'antirationalisme. L'idée de contingence a toujours, dans la philosophie
continentale, maintenu ses droits. Elle y a soulevé de multiples et bien¬
faisantes difficultés. Tout compromis entre le rationnel et l'irrationnel est
impossible; il faut lier ensemble, par une vivante synthèse, ces deux
facteurs de toute réalité et de toute pensée. C'est Kant qui a tenté, avec
le plus d'énergie, d'équilibrer ces deux aspects de la vie. La religion ne
peut se passer ni de la contingence ni du rationalisme. Séparés, ces deux
— 32 —
Ici se pose le problème des origines chrétiennes. Il faut ici s'en tenir
aux méthodes ordinaires. Jésus conserve d'ailleurs sa place centrale et le
christianisme primitif sa valeur « classique ». Mais en quoi est-il classique?
En quelle mesuré faut-il tenir compte de l'évolution ultérieure? La pré¬
dication de Jésus ne peut, à elle seule, nous en donner la clef. On a pu
dire que le Nouveau Testament était un « double » Évangile. Ernest
Trœltsch reprend ici une thèse chère aux romantiques. Certains éléments
contenus virtuellement dans le christianisme primitif ont été mis plus tard
en relief par les circonstances. Comment définir sans eux l'essence du
christianisme? Celle-ci ne peut être qu'une grandeur susceptible de mobi¬
lité vivante, de puissance créatrice et d'assimilations incessantes. Le pro¬
blème serait fort simple si l'on pouvait reconstruire logiquement l'évolution.
La difficulté est de définir avec quelque précision ce «continuum» que cons¬
tituent les formes diverses du christianisme. Il ne s'agit pas de dégager
par abstraction leurs éléments communs, mais d'atteindre cette puissance
spirituelle qui peut se traduire en formes aussi diverses et aussi opposées
que la prédication de Jésus, le catholicisme médiéval et le protestantisme
individualiste. Car il faut admettre, dans l'essence même du christianisme,
des conflits et des oppositions à l'état latent. L'évolution est souvent faite
d'oscillations entre diverses idées constitutives. Il n'est pas de formule
simple pour l'essence du christianisme. C'est un complexe vivant qui con¬
fère un aspect nouveau, une âme spécifiquement chrétienne à des éléments
empruntés au milieu ou aux autres religions. C'est une atmosphère « sui
generis » au sein de laquelle les termes : Dieu, monde, homme, rédemption
changent de sens. Il y a une « polarité », un dualisme inhérent au
christianisme. Optimisme et pessimisme, transcendantalisme et immanen-
tisme, conflit et harmonie entre Dieu et le monde, telles sont les vivantes
oppositions en lice. Tantôt un aspect l'emporte, tantôt un autre. L'histoire
chrétienne n'est pas le simple développement d'un germe. Le christianisme
primitif éclaire l'évolution ultérieure et celle-ci l'éclairé à son tour. Encore
un cercle vicieux inévitable, caractéristique de toute pensée active.
Un nouveau problème surgit alors. Le christianisme est-il impéris¬
sable ou se trouve-t-il en voie de décomposition ? La détermination de l'es¬
sence chrétienne variera selon la réponse donnée. Il faut songer à l'avenir.
L'histoire n'est pas uniquement reproduction du passé et l'essence du
christianisme nous apparaît., de ce point de vue, comme une notion
« idéale ». L'imagination de l'historien peut prévoir les développemlents
possibles. Le labeur scientifique contribue, aussi bien que les opinions du
jour ou les luttes ecclésiastiques, à faire l'histoire religieuse présente. Le
jugement de valeur triomphe du temps et de l'espace. La détermination de
l'essence chrétienne n'est pas analyse pour savants, mais effort pour rame¬
ner une puissance historique à son principe permanent, à ses normes
propres. C'est une révélation nouvelle qui se fait chaque jour et unit l'his-
torique et le normatif. Les solutions rationaliste, supranaturaliste
tionniste ont leur valeur. Mais leur insuffisance nous conduit pré
à l'idéalisme critique, à la théorie d'une liaison toujours irrationn
les vérités nécessaires et l'expérience individuelle ou la traditio
rique. Les valeurs objectives ne meurent pas, mais se créent incess
Il faut y croire, et y croire c'est faire acte de foi véritable. La se
rence irréductible existe entre ceux qui choisissent pour base l
miraculeuse et ceux qui se placent au point de vue de l'évolution h
totale. Il peut y avoir, dans le deuxième groupe, entente et har
Nous voici (parvenus au point culminant, à la thèse q
Trceltsch utilise et démontre dans son ouvrage sur les doctrines
du christianisme. Une différence très nette le sépare de Harnack.
ci abandonne l'aride dialectique de l'école de Tubingue, il conser
un critère étroit qu'il applique impitoyablement à l'histoire ch
Ernest Trceltsch dépasse infiniment cette position et s'installe
réalité historique. Il étudie le schème sociologique du christiani
mitif en son lien avec les diverses Églises chrétiennes et en ses
avec la civilisation. Il ne formule pas l'essence du christianis
simplement que Harnack; mais il en saisit mieux tout la divers
la richesse et toute la puissance.
Sur cette base élargie peut se construire une dogmatique nou
mettra en évidence la valeur du christianisme pour la civilisat
péenne et américaine, démontrera par le seul moyen de la compar
jective sa supériorité sur les religions orientales et qui, renonçant
tesse du biblicismie ou aux définitions étriquées d'un Schleiermae
Hegel et d'un Harnack, saisira 1'«unité réelle » de toutes les form
riques du christianisme. Elle en analysera les idées fondament
faire d'aucun personnage historique, fût-ce Jésus lui-même, l'obj
diat de la foi chrétienne.
Quel est le but suprême de cette belle entreprise théologique
sophique ? Ernest Trceltsch le dit lui-même. Il veut renouveler le
et le « mythe » de la religion actuelle et rétablir le lien vivant
et la science. Celle-ci est devenue une puissance avec laquell
compter. La religion ne peut revenir à l'époque où elle se voilait,
nesse, de mythes poétiques et de prophéties. Comment un esprit
contenterait-il de libre enthousiasme et de mythes sans contrôle?
peut et on doit refondre le logos et le mythe chrétiens. Aucune
gieuse n'est possible sans eux.
Il suffira de revenir aux fonctions a priori de la raison. Elles
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