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Mesure de la perméabilité aux gaz

des bétons : perméabilité apparente


et perméabilité intrinsèque
Partie I - Validation des concepts
de Carman et de Klinkenberg
dans le cas d'un BHP

Daniel P E R R A T O N
Docteur en Sciences appliquées, professeur
Département de Génie de la construction
École de Technologie supérieure
Université du Québec, Montréal (Québec)
Canada H3C 1K3

Pierre-Claude AÏTCIN
Professeur, Département de Génie civil
Université de Sherbrooke, Sherbrooke (Québec)
Canada J1K 2R1

André CARLES-GIBERGUES
Professeur
Institut national des Sciences appliquées, Toulouse, France

RESUME

Plusieurs c h e r c h e u r s pensent qu'il existe


une corrélation entre l a perméabilité du
béton et s a durabilité. Néanmoins, cette rela-
tion n'est p a s toujours évidente lorsqu'on
exploite la mesure de la perméabilité à l'eau
pour caractériser l a microstructure d'un
béton s o u m i s à d e s cycles de séchage. L a
Introduction
m e s u r e d e la perméabilité a u x g a z permet
de quantifier d e façon plus réaliste la mobilité Plusieurs chercheurs pensent qu'il existe une corrélation
d'un fluide à travers un béton après s a d e s - entre la perméabilité du béton et sa durabilité [1] et [3],
siccation. C e p e n d a n t , la seule mesure d e l a
N é a n m o i n s , bien que certains bétons soient très peu per-
perméabilité apparente à partir de la percola-
tion d'un g a z ne permet pas de bien dépar- méables à l'eau, notamment dans le cas des bétons
tager les écarts de la mobilité de l'eau inter- contenant de la fumée de silice, des chercheurs ont
stitielle d a n s l a microstructure, propre à
c h a c u n e d e différentes familles d e béton. observé des différences de comportement en ce qui
Les différentes a p p r o c h e s q u e l'on utilise concerne leur durabilité au gel [4] et [5], notamment leur
pour déterminer la perméabilité intrinsèque à
partir de la perméabilité aux g a z sont expo- résistance à l'écaillage, laquelle nécessite une dessicca-
sées et ont été validées dans le c a s d'un tion partielle des éprouvettes. On peut donc se demander
béton à haute performance ( B H P ) . D e pourquoi la caractérisation de la perméabilité de certains
même, l a sélection d e s valeurs expérimen-
tales obtenues pour divers paliers de pres- bétons avec de l'eau par l'application du concept de
sion doit être faite en s e basant sur les hypo- Darcy ne permet pas de départager les différences de
thèses à la b a s e de la loi de Darcy, de façon
à pouvoir obtenir un résultat reproductible, durabilité au gel, laquelle est tributaire de la mobilité de
indépendant d e l'approche expérimentale l'eau au sein de la pâte de ciment hydraté. Il est clair que
choisie. Q u e l q u e s résultats obtenus sur d e s
la finesse de la porosité capillaire de certains bétons a
échantillons d e B H P , pour différents g a z ,
sont présentés et discutés en fonction d e s pour effet d'interagir avec l'eau interstitielle et de modi-
paramètres qui décrivent l a perméabilité et fier substantiellement sa mobilité, ce qui va à rencontre
l'écoulement à travers un milieu poreux.
môme des hypothèses de base du concept de perméabi-

M O T S C L É S : 32 - Béton hautes perfor- lité tel que défini par Darcy. D'autre part, nous savons
mances - Porosité - Séchage - Eau - Gaz - que le béton est un matériau dont les propriétés évoluent
Capillarité - Éprouvette - Micro - Structure dans le temps et pour lequel la dessiccation a pour effet
(physico-chim.) - Écoulement (fluide).
de modifier le réseau poreux.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 221 - MAI-JUIN 1999 - REF 4241 - p p . 69-78 69
L a mesure de la perméabilité aux gaz permet de nature granulaire et il a ainsi défini le concept de
quantifier la mobilité d'un fluide à travers un perméabilité d'un milieu. De l'avis de Darcy, ce
béton après dessiccation. Cependant, lors de la coefficient est une propriété intrinsèque du
mesure du débit apparent, on intègre au débit milieu, quelle que soit la nature du liquide. Deux
visqueux la contribution d'un débit secondaire, hypothèses ont servi de base aux énoncés de
intrinsèque aux écoulements gazeux à travers un Darcy : l'écoulement est laminaire et le fluide
milieu poreux, le débit de glissement, lequel est d'infiltration est inerte face au milieu poreux. E u
d'autant plus significatif que la porosité est fai- égard à cette deuxième hypothèse et compte tenu
ble. Pour bien interpréter les résultats et espérer de la finesse qui caractérise le réseau poreux
établir une relation valable entre la durabilité du d'un béton, particulièrement un B H P , on peut
béton et sa perméabilité à partir d'une mesure d'ores et déjà admettre que l'application de la loi
avec un gaz, i l faut donc distinguer ces deux de Darcy pour calculer le coefficient de perméa-
contributions au débit apparent. bilité intrinsèque du béton par une mesure de
perméabilité à l'eau est inappropriée.
L a perméabilité au gaz d'un milieu poreux est
généralement plus grande que celle mesurée avec Lorsque le fluide est compressible comme dans
un liquide. E n 1941, Klinkenberg [12] a conclu le cas de l'air, la formulation de la loi de Darcy,
que cette observation s'explique par le glissement développée, a priori, dans le cas des fluides
des molécules gazeuses à l'interface gaz-solide. incompressibles, devient :
L a perméabilité aux gaz d'un milieu dépend de la
nature du gaz, du niveau de pression moyen
d ' é c o u l e m e n t et des caractéristiques chimiques et
physiques du milieu, notamment de sa micro-
L a perméabilité apparente du milieu poreux k
structure. Elle dépend fortement de la microstruc- a

ture du milieu. Or, les différentes familles de évaluée sur une éprouvette cylindrique de section
béton que l ' o n retrouve aujourd'hui dans l'indus- S et d'épaisseur L , est donc définie à partir de la
trie du béton prêt à l'emploi ont des microstruc- mesure du débit volumique Q, d'un fluide de vis-
tures dont la porosité varie dans une large gamme. cosité p, effectuée directement à l'entrée du per-
m é a m è t r e . Les conditions d'écoulement sont
Pour être en mesure de bien départager les écarts définies par les pressions à l'entrée et à la sortie,
de la mobilité de l'eau interstitielle dans la micro- désignées par p, et p respectivement et donnant
2

structure, propre à chacune des différentes


lieu à une pression moyenne d ' é c o u l e m e n t p.
familles de béton, à partir de la percolation d' un
gaz, i l convient de chercher à déterminer la per-
méabilité intrinsèque k du milieu poreux plutôt
v Perméabilité intrinsèque, k : v

que de se limiter à la seule mesure de la perméabi- Carman, Klinkenberg et mesures effectuées


lité apparente k . Trois approches peuvent donc
a à de forts débits d'écoulement
être appliquées pour déterminer la valeur de k à v
L a perméabilité telle que définie par Darcy est
partir de la mesure de la perméabilité aux gaz :
uniquement valable pour des écoulements vis-
l'approche de Klinkenberg, l'approche de Carman
queux. Dans le cas d'un écoulement gazeux sous
et la mesure à de forts débits d ' é c o u l e m e n t .
l'effet d'un gradient de pression, on peut voir le
Dans le cadre de cette publication, nous expose- débit gazeux apparent se développer selon trois
rons dans un premier temps les caractéristiques types d ' é c o u l e m e n t s primaires de nature très dif-
spécifiques de l'écoulement d'un gaz à travers férente :
un milieu poreux tel que le béton. Dans un © un écoulement visqueux, ou de masse, dont le
d e u x i è m e temps, nous traiterons des différentes mouvement est régi par l'interaction mutuelle
approches qui peuvent servir à déterminer la per- entre les molécules et qui peut être caractérisé
méabilité intrinsèque k à partir de la percolation
v par la viscosité (ou friction interne) du fluide (ce
d'un gaz. Finalement nous discuterons des résul- type d ' é c o u l e m e n t se produit aussi bien dans le
tats obtenus avec différents gaz et nous examine- cas des liquides que dans le cas des gaz : i l
rons l'importance de la nature du gaz sur les permet de définir la notion de perméabilité
résultats des mesures de perméabilité. intrinsèque k ) ; v

@ un écoulement de glissement (slip flow) résul-


tant des réflexions successives des molécules
Aspects théoriques gazeuses contre les parois des pores et l'écoule-
ment de masse du fluide ;
L e calcul de la perméabilité d'un milieu est basé
sur la l o i de Darcy : la vitesse d ' é c o u l e m e n t d'un <D un écoulement de diffusion de surface lié à la
fluide est directement proportionnelle au gra- différence de concentration de gaz adsorbé sur la
dient de pression. Darcy [6] a appliqué la loi de paroi des pores, induit par la différence de pres-
Hagen-Poiseuille au cas des milieux poreux de sion partielle entre l'entrée et la sortie du système.

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Si l'on définit k comme étant le coefficient de
a
k M v

perméabilité apparente d'un milieu poreux, k le a = (9)


a d
RTu.
coefficient de perméabilité lié à l'écoulement de
diffusion de surface et k„ la somme des écoule- 4 Mv
—=— k (10)
ments de masse et de glissement du gaz [7], on a : 3 RT

K = kad + K 2
() Les paramètres a et b sont les constantes de
Carman et les unités correspondantes sont :
OU
1 2 1
g m" Pa" s" pour a,
k - 4 - 1 1
v
- P + k„v 3 (3) g m" Pa ' s pour b.
En reportant sur un graphique la relation entre le
k correspond au coefficient de perméabilité de
() débit massique gazeux ( G A ) et la pression
l'écoulement de glissement et : moyenne d ' é c o u l e m e n t , Knudsen (cité par
Carman [8]) a observé une zone de transition
8 RT entre l'écoulement par glissement et celui des
(4)
TC M molécules libres, pour laquelle le débit atteint
une valeur minimale.
L a valeur de k , déduite expérimentalement, est
a

définie par les conditions limites d'écoulement, Lorsque la pression d ' é c o u l e m e n t est supérieure
soit, dans le cas d'un écoulement isotherme, par à celle correspondant à l'égalité entre la taille
la relation suivante : d'un capillaire et le libre parcours moyen du gaz,
L
la relation entre G et p est linéaire si le gradient
Vi Pi
(5) de pression est constant.
Ap
Carman [8] a montré que, dans le cas d'un
Dans la plupart des essais en laboratoire, on uti-
milieu poreux non consolidé, on peut, à partir de
lise des gaz non adsorbants (hydrogène, hélium,
la pente a de la relation entre G et p et de son
air sec) de sorte que l'écoulement par diffusion de
ordonnée à l'origine b, calculer le coefficient de
surface n'intervient pas lors de la mesure de la
perméabilité intrinsèque k et le coefficient k à
v ()
perméabilité. Dans le cas d'un fluide non adsor-
l'aide des relations (9) et (10).
bant, la valeur de k est donc nulle et le coeffi-
a d

cient de perméabilité apparente k est alors égal a


Concept de Klinkenberg
au coefficient de perméabilité k . On a donc : e

Klinkenberg [12] a observé que les écarts nota-


L k A - v
bles de perméabilité que l'on mesure entre un
- = — p + ? K (6) v

Ap liquide et un gaz sont de plus en plus faibles


u 3
lorsque la perméabilité du milieu augmente.
L'équation (6) permet de réintroduire la notion de
Compte tenu du fait que la perméabilité aux gaz
perméabilité intrinsèque liée aux écoulements
d'un milieu est en relation directe avec le libre
visqueux k à partir de la mesure de la totalité du
v
parcours moyen des molécules du gaz,
débit volumique apparent d'un gaz (Qi = S x v,) Klinkenberg déduit que la valeur du coefficient
dès lors que l'apport au débit total de la fraction de perméabilité est indépendante de la nature du
liée au débit de glissement est connu. fluide (liquide ou gaz) pour des niveaux de pres-
Cette équation générale (6), proposée par sion très élevés. Klinkenberg propose alors la
A d z u m i (Carman [8]), s'applique à tous les types relation générale suivante pour décrire l'écoule-
de milieu poreux, non consolidés ou consolidés ment des gaz à travers un milieu poreux :
et à tous les types de fluides. b
f, * l

l P J
Concept de Carman
L a valeur de b* étant fonction de la porosité du
En introduisant la notion de débit massique d'un
milieu, elle augmente avec la valeur de la per-
fluide G , exprimé par unité de surface du solide
méabilité et varie aussi d'un gaz à l'autre. On
poreux, on a :
établit expérimentalement la relation qui existe
Pi M entre k et 1/p pour en déduire les valeurs de k
a v
G = p, v, (7)
RT et de b*. L a valeur de k est déduite par extrapo-
v

lation pour une pression d ' é c o u l e m e n t infinie,


L'équation (6) devient alors :
soit lorsque 1/p tend vers zéro, alors que la
L valeur du paramètre b* est obtenue directement à
G a + b (8)
ÌAp| = P l'aide de l'équation (11).

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Calcul de k à partir de mesures effectuées
v un réseau capillaire h o m o g è n e mais non uni-
à de forts débits gazeux : écoulement forme comporte inévitablement un certain
visco-inertiel nombre de canaux de pores grossiers qui condi-
tionnent la mobilité de l'infiltrat [13].
O n peut aussi déduire expérimentalement la valeur
L a validation du concept de Carman dans le cas
du coefficient de perméabilité k à partir de v
des B H P desséchés mettrait en relief le fait que
mesures à débits massiques élevés : écoulement
la percolation d'un gaz soit gouvernée par une
visco-inertiel intermédiaire entre les états lami-
porosité grossière constituée de gros pores capil-
naire, visqueux et turbulent. Dans le cas d'un
laires inter-reliés par la présence de microfis-
écoulement visco-inertiel, Reynolds (Carman [8]) sures au sein de la matrice cimentaire. U n
a proposé, en 1900, de superposer le concept de la programme d'essai en laboratoire a donc été éla-
résistance à l ' é c o u l e m e n t due à l'inertie du fluide à boré de façon à vérifier l'applicabilité de la rela-
celui de la viscosité. On additionne alors la résis- tion de Carman et de Klinkenberg au cas d'un
tance à l ' é c o u l e m e n t due à l'inertie, liée à son BHP.
2
degré d'énergie cinétique (pv ), et celle due à la
viscosité, selon la formule suivante : Nous avons mesuré expérimentalement le débit
massique gazeux à travers des éprouvettes de
A p / L = a v + (îpv 2
(12) B H P desséchés, à des pressions d ' é c o u l e m e n t
faibles, voisines de la pression atmosphérique.
L a variable ce correspond à u7k [8]. L a variable
v
Pour de tels niveaux de pression d ' é c o u l e m e n t , i l
(3 n'est pas une constante spécifique puisqu'elle est à toutes fins utiles improbable que la struc-
est, en général, fonction de la vitesse de l'écoule- ture du réseau poreux en soit altérée sous l'effet
ment. N é a n m o i n s , on a montré que k et (3 sont v de la pression et les valeurs du libre parcours
des fonctions du réseau, indépendantes de la moyen de l'air correspondantes se situent autour
nature du fluide. de 0,06 |am.

On peut donc utiliser l'équation (12) pour


décrire le comportement des écoulements, tant Composition, vieillissement des bétons
laminaire que transitoire. En reportant sur un et conditionnement des éprouvettes
graphique la relation (12), en fonction de G/\x, on
Les essais de perméabilité ont été effectués sur
peut déduire la valeur de k en calculant l ' i n -
v
un béton à haute performance (rapport E / C de
verse de la valeur de l'ordonnée à l'origine. 0,30). L a composition et les propriétés du béton
frais sont données dans le tableau I. L e béton a
été mûri dans un bac d'eau saturée en chaux pen-
Partie expérimentale dant 14 jours. Après 14 j de mûrissement, nous
avons carotté et surface des éprouvettes
Dans le but de déterminer la perméabilité intrin- ((p 95 mm x 50 m m et (p 38 mm x 50 mm) à
sèque d'un milieu consolidé tel que le béton à partir de plaques de béton, pour mesurer la per-
partir de la percolation d'un gaz, les concepts de méabilité aux gaz. Toutes les éprouvettes mises à
Carman et de Klinkenberg, présentés à la section l'essai sont représentatives de la masse du béton
précédente, revêtent un intérêt particulier. Bien puisqu'elles ont été taillées suffisamment loin
que l'étendue de la taille des pores capillaires des parois.
d'une pâte de ciment hydraté soit constituée
TABLEAU I
d'une fraction importante de pores relativement Composition et propriétés du béton frais
fins, dont la taille peut se révéler a priori de
Identification 1
l'ordre de grandeur et m ê m e inférieure à la
dimension du libre parcours moyen d'un gaz, i l y Eau (avec SP) 150
a tout lieu de croire que l'écoulement du gaz à
travers un béton desséché est régi par une frac- Ciment 500
3
kg/m
tion des pores les plus grossiers du réseau Gros granulat 1 050
poreux. E n effet, dans le cas d'autres milieux
Granulat fin 775
poreux, i l a clairement été montré [13] q u ' i l
existe des canaux d ' é c o u l e m e n t continus consti- l/m 3
Superplastifiant (SP) 14,9
tués de capillaires ou de fissures. E n dépit de la
Pbétoni,a,s
3
(kg/m ) 2 480
multitude de canaux que l ' o n peut parcourir à
partir de l'ensemble des pores d'un réseau, la Affaissement (mm) 190
perméabilité est souvent définie par le plus grand
Teneur en air (%) 2,4
diamètre d ' e n t r é e de pores dont la canalisation
assure une continuité. M ê m e dénué de fissures, feas (MPa) 76

72 BULLETIN DES LABORATOIRI¡ES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 221 - MAI-JUIN 1999 - RÉF. 4241 - pp. 69-78
Conditionnement des éprouvettes viscosité, il faut s'assurer que les conditions
d'essai donnent bien lieu à un écoulement de
Le mûrissement au jeune âge est déterminant du
nature visqueux.
point de vue de la perméabilité aux gaz. Le
conditionnement des éprouvettes de béton est Dranchuk et Kolada [10] ont largement étudié
l'un des aspects les plus délicats lorsqu'il s'agit cette question lors de la mesure de la perméabi-
d'évaluer sa perméabilité aux gaz. Le béton est lité aux gaz de carottes de roches. Ces auteurs
un matériau fragile et le processus de condition- ont montré que l'on peut différencier les valeurs
nement des éprouvettes peut modifier substan- expérimentales qui sont reliées à un écoulement
tiellement le réseau poreux et donner lieu à la
de nature visqueuse et celles d'un écoulement de
formation de microfissures. L a présence de 2
nature transitoire à partir de la relation entre A p
microfissures n'est pas en soi un indice d'altéra-
et Q , . En effet, selon les équations (1) et (11), on
tion ; elles font partie intégrante du béton.
doit avoir une relation bilogarithmique linéaire
N é a n m o i n s , en termes de durabilité, la microfis- 2

suration peut être néfaste bien que, dans certains entre A p et Q , , ce qui permet de valider la
cas, on lui octroie un rôle utilitaire. Notamment, conformité des mesures expérimentales à la
dans la résistance à l'écaillage du béton, on pré- nature de l'écoulement.
conise le séchage de la surface du béton exposée
La figure 1 présente les résultats d'un essai de
aux sels fondants avant le premier gel pour favo-
perméabilité effectué à plusieurs niveaux de
riser la formation de microfissures et faciliter
pression d ' é c o u l e m e n t sur une éprouvette de
ainsi la mobilité de l'eau interstitielle au sein du
B H P . On constate qu'une partie des points
matériau. Quoi q u ' i l en soit, il est indéniable que
s'aligne sur une droite mais que, pour les forts
la microfissuration joue un rôle de premier ordre
débits d ' é c o u l e m e n t , il n'y a plus de linéarité.
lorsque l'on cherche à déterminer la mobilité
Cet écart des points par rapport à une droite est
d'un fluide à travers le béton. Dans bien des cas,
attribuable entre autres au changement de régime
on ne peut y échapper.
de l'écoulement en cours d'essai : de l'état vis-
Le choix du mode de conditionnement retenu queux à l'état transitoire [9] et [10]. Par consé-
pour cette étude est issu d'une synthèse des prin- quent, dans l'application de la relation de
cipaux travaux sur le sujet. Toutefois, l'étude de Klinkenberg, aussi bien que pour celle de
l'influence du processus de conditionnement Carman, on ne doit pas intégrer ces valeurs
déborde le cadre de la présente publication et expérimentales si l'on souhaite obtenir un
fera l'objet d'une publication particulière par les résultat reproductible, indépendant de l'approche
auteurs. De façon à diminuer les dommages à la expérimentale choisie.
microtexture induits par le processus de dessic-
cation à l'étuve des éprouvettes, i l a été convenu A p (Pa )
2 2

de les dessécher de façon graduelle. A la suite du


carottage, les éprouvettes ont été entreposées
en laboratoire (humidité relative de 50 % ;
T = 20 °C) pendant une période de 28 j avant
d'être séchées à l'étuve, 21 j à 60 °C et j u s q u ' à
masse constante à 105 °C.

/ •
Résultats

Vérification de la nature de l'écoulement


-
qui prévaut en cours d'essai :
validation des valeurs expérimentales / Ecoulement 1
Ecoulement
visqueux visco-inertiel
M i l i I M
Pour déterminer la valeur de la perméabilité 1CV 9
1CT 8
lu - 7

intrinsèque d'un milieu poreux, il faut mesurer le 3


Qï ( m / s )
débit apparent à plusieurs niveaux de pression
d ' é c o u l e m e n t comme proposé par Klinkenberg Fig. 1 - Relation entre le débit apparent Q 1 et le gradient
et Carman. L'application des concepts proposés de pression Ap2
obtenue expérimentalement sur BHP.
par ces chercheurs est basée sur l'exploitation de
la loi de Darcy. Puisque l'application de la loi de Dranchuk et Kolada [10] ont noté que la ten-
Darcy sous-entend implicitement que l'écoule- dance que semblent prendre les valeurs pour de
ment à travers le milieu poreux est laminaire, forts débits d ' é c o u l e m e n t va à rencontre de ce
c'est-à-dire que la résistance de la masse de que l'on devrait observer. Ces chercheurs attri-
fluide à l'écoulement est uniquement due à sa buent ce comportement à l'importance du débit

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de glissement lors de la mesure de la perméabi- points pour lesquels on demeure dans le domaine
lité aux gaz, due au fait qu'en cours d'essai la d'un écoulement de nature visqueuse (les 4 pre-
valeur de la pression moyenne d ' é c o u l e m e n t mières valeurs). Cet exemple montre la sensibi-
change et, par conséquent, la contribution rela- lité de ces approches et la nécessité de bien
tive du débit de glissement aussi. Cependant, la sélectionner les valeurs expérimentales significa-
sélection des valeurs expérimentales significa- tives pour le calcul des paramètres k et b*. v

2
tives à partir de la relation entre A p et Q ,
(fig. 1) est assujettie à un certain degré d'incerti-
Validation de l'approche expérimentale
tude. Pour remédier à cette situation, Dranchuk
de Carman aux BHP
et Kolada [10] proposent d'utiliser la relation de
Klinkenberg, permettant ainsi d'intégrer l'impor- Des essais effectués sur des échantillons de B H P
tance relative du débit de glissement. Somme ont montré que la relation entre G [ L / A p ] et p est
toute, i l s'agit, dans un premier temps, de linéaire et répond bien à l ' é n o n c é de Carman
déduire graphiquement des valeurs expérimen- établi pour des milieux poreux non consolidés.
tales les paramètres k et b* en utilisant des
v
L a figure 3 montre une relation type obtenue à
valeurs conservatrices, c'est-à-dire celles qui partir de nos essais en laboratoire sur le B H P .
2
présentent une linéarité dans la relation entre A p
1 1 1
G (L/Ap) (gm' s ' • Pa" )
et Q , (fig. 1). Ensuite, à partir de ces valeurs k v
9
1,8.10"
et b*, on trace à nouveau la relation entre
2
{ A p (1 + b*/p)} et Q (fig. 2), de façon à finale-
i 1,7.10" 9

ment extrapoler la vraie valeur de la perméabilité


S*
9
1,6.10"
intrinsèque du béton, k . v
9
1,5.10
9
2 2 1.4.10"
Ap (1 + (Pa :
9 Carman
1.3.1CT
15 1 2 1

9
a = 5 . 1 C r g m - P a - s"
1.2.10"
10 1 1 1
9 b= 1 2 . 1 0 " g m " P a " s"
1,1.10"
0 25 000 50 000 75 000 100 000 125 000
p(Pa)

Fig. 3 - Relation entre G[L/Ap] et p


obtenue expérimentalement sur BHP.

A partir de la valeur de la pente de la droite pré-


sentée sur la figure 3, on peut calculer, en se
basant sur l'équation (9), la valeur de k , soit : v

18 2
k, = 8.3.10" m . Nous avons également calculé
la valeur de k à partir de l'approche de v

18 2
Klinkenberg soit : k = 8,1.10' m (fig. 4). Cette v

3
dernière valeur est pratiquement identique à celle
Q i (m- /s)
obtenue par l'application du concept de Carman.
2
Fig. 2 - Relation entre Q , et (1 + b*/p) Ap 2

pour tenir compte de la variation de la pression moyenne k (m )


a

d'écoulement en cours d'essai en utilisant les résultats 4.10" 17

de la figure 1. I
17
Klinkenberg
3,5.10"
-18 2
k = 8,1.10 m
Dans le calcul de k il faut donc utiliser des
v 17
v

3.10"
valeurs expérimentales significatives : les b* = mk = 25.10 P a
v
4

17

valeurs expérimentales doivent être représenta- 2,5.10"

tives d'un écoulement de nature visqueuse. Si 2.10- 17

l'on prend en considération un ensemble de


-17
1,5.10
résultats expérimentaux sans tenir compte de I
leur validité, on peut être conduit à estimer une io- 17

valeur erronée des paramètres k et b*. Par v


-17
0,5.10
exemple, à partir de l'ensemble de résultats de la 3.10- ( 6 6 6
6.10"' 9.10" 12.10" 15.10'
18 2
figure 1 (7 points), on évalue à 1 3 . 1 0 " m la 1/p ( P a ) 1

valeur de k alors qu'en réalité la valeur de k est


v v

Fig. 4 - Relation entre k et 1/p g


18 2
de 5.10" m lorsque l ' o n retient uniquement les obtenue expérimentalement sur BHP.

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Il est important de souligner que les essais ont 120 kPa, la masse volumique de l'air est d'en-
été conduits en contrôlant non seulement le viron 1 315 g/m'. Pour une surface d ' é c o u l e m e n t
niveau de pression moyenne d ' é c o u l e m e n t , mais 2
de 1 m , on calcule que le débit d'air à l'entrée
aussi le gradient de pression A p , maintenu serait de 930 Lil/s, dont la fraction du débit par
constant en cours d' essai, selon une valeur opti- glissement serait de 70 % (650 |il/s). Dans le cas
male : la valeur optimale de Ap correspond en où la pression moyenne serait plutôt de 500 kPa,
fait à la valeur maximale pour laquelle la nature on calcule que la fraction du débit par glissement
de l'écoulement demeure toujours dans le est réduite à 30 % (125 jal/s pour un débit appa-
domaine visqueux. Cette valeur a été préalable- rent de 395 Lil/s). Pour des essais m e n é s à une
ment établie, pour le B H P étudié, par la mise en pression moyenne d ' é c o u l e m e n t se situant autour
application du concept développé par Dranchuk de la pression atmosphérique, on constate que la
et Kolada [10] (section précédente). fraction de l'écoulement par glissement des
A la lumière des résultats obtenus en laboratoire, molécules est prépondérante pour ce type de
on peut convenir que les observations de Carman béton. Cette constatation se révèle un élément
pour un milieu non consolidé se transposent bien majeur compte tenu du fait que la plupart des
au cas du béton, un milieu consolidé. essais de perméabilité aux gaz en laboratoire
sont effectués dans cette plage de pression.

Importance du débit de glissement Perméabilité du béton pour différents gaz


dans la mesure de la perméabilité Pour le B H P étudié, nous avons mesuré sur des
au gaz sur BHP éprouvettes de (p 38 m m les débits massiques de
Pour le B H P étudié, nous avons mesuré une trois gaz différents : l'azote ( N ) , l'argon (Ar) et
2

variation du débit gazeux comprise entre 5,3 et l'hélium (He). Nous avons choisi des gaz dont
8,0 L I I / S (éprouvette : (p 95 mm ; L = 50 mm). En les masses molaires sont relativement différen-
tenant compte des résultats moyens présentés tes, mais dont le comportement se rapproche de
dans le tableau II, on peut calculer l'importance celui des gaz parfaits. L e tableau III présente les
relative du débit gazeux attribuable au glisse- principales caractéristiques des gaz utilisés lors
ment des molécules gazeuses [équation (8)]. A la de ces essais. Les résultats des essais sont pré-
température de 20 °C et à une pression de sentés sur la figure 5.

TABLEAU II
Compilation des résultats e x p é r i m e n t a u x pour les constantes de Carman et Klinkenberg du B H P étudié
(Éprouvette : cj> 95 mm ; L = 50 mm)

Constantes de Carman Constantes de Klinkenberg

8
a X 10' 5
b X 10 10
k v X 10' b X 10"
1 2
(g.m . P a . s" ) 1 1
(g.m ' . Pa . s" ) 1
(m )2
(Pa)

A 4,8 9,7 9,7 15,6

1 B 4,2 10,8 6,8 27,2

C 4,9 11,7 8,1 24,5

Moyenne 4,6 10,7 8,2 22,4

Écart type 0,4 1,0 1,5 6,1

TABLEAU III
Principales caractéristiques des gaz utilisés dans les essais de perméabilité

Libre parcours moyen


Masse molaire Viscosité
15 X (um)
Gaz Symbole M u X 10 (1)
(g/mole) (Pa X s)
à 1 atm à 0,1 mm Hg

Hélium He 4,00 1,96 0,194 1 470

Azote N 2 28,01 1,76 0,066 500

Argon Ar 39,95 2,22 0,070 530

Air sec — 28,97 1,82 0,067 510

(1) : valeurs à 20 °C.

BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 221 - MAI-JUIN 1999 - RÉF 4241 - PP. 69-78 75
1 1
G (L / Ap) ( g m ' s " P a " ) 1 dans des feuilles de cellophane, puis entreposées
gin-™ dans une enceinte maintenue sous vide (pression
absolue moyenne de 1,5 kPa) à la température de
50 °C j u s q u ' à masse constante (différence de
masse inférieure à 0,1 % entre deux pesées suc-
cessives).

Les résultats obtenus pour les différents gaz peu-


vent être c o m p a r é s à l'aide du modèle de
Carman Carman [8]. Dans le cas de milieux poreux non
Type
- 3r "
de gaz a.10 1 5
b.10 10
consolidés, Carman a observé que les produits au.,
Hélium 0,20 2,90 \X étant la viscosité du gaz, et W A / M , M étant la
Argon 0,50 7,50 masse molaire du gaz, restent constants pour dif-
Azote 0,46 6.90 férents types de gaz. Dans la mesure où l ' o n
montre que cet énoncé reste valable pour un maté-
riau tel que le béton, cette observation permettra
d'élargir le champ d'application de la relation de
Carman [8] exprimée par l'équation (8).

A partir des résultats présentés sur la figure 5,


0 25 000 50 000 75 000 100 000 125 000 nous avons calculé et comparé les produits
p(Pa) obtenus entre les constantes de Carman et les
caractéristiques respectives de chacun de ces gaz
Fig. 5 - Détermination des constantes a et b
de Carman pour différents gaz, mesurées (tableau I V ) . Les résultats sont tout à fait satis-
sur une même éprouvette de BHP. faisants dans le cas du paramètre bl-^M ; ils le
sont moins dans le cas du produit au..
Dans le cadre de cette série d'essais, les éprou-
N é a n m o i n s , l'écart relatif obtenu entre les
vettes ont subi un autre type de conditionnement
afin de prévenir les risques d'une fissuration valeurs maximale et minimale pour l'ensemble
secondaire, « parasite », induite en peau du béton des essais effectués dans le cadre de nos recher-
par le processus de dessiccation. E n effet, dans le ches [11] est nettement plus important dans le
20
cas des éprouvettes desséchées à l'étuve, nous cas du produit au, qui varie entre 0,4.10" et
20
avons observé, à l'aide d'un microscope optique 75.10" que, dans le cas du rapport b / ^ M , qui
10
(grossissement de 120x), la présence d'une varie entre 10"'° et 18.10" .
microfissuration superficielle en peau du béton,
De surcroît, compte tenu de la porosité très fine
orientée préférentiellement selon la direction de
d'un béton à haute performance associée aux
l'écoulement. A f i n de ralentir le processus
conditions d'essai, le débit apparent est gouverné
d'évaporation en peau, de façon à minimiser
en grande partie par l'écoulement de glissement
l'intensité des gradients hydriques responsables
des molécules du gaz : la contribution du débit
en grande partie de cette fissuration secondaire,
de type visqueux (écoulement de masse) est très
les éprouvettes ont été enrubannées de plusieurs
faible. En effet, on constate sur la figure 5 que la
couches d'une pellicule de cellophane, laquelle
pente de ces droites, associée au paramètre a de
présente une très faible perméabilité, avant
Carman. est pratiquement nulle.
d'être desséchées à l'étuve. Il est important de
signaler qu'en scellant ainsi les éprouvettes, on Dans ce contexte, on peut admettre que les résul-
cherche à contrôler l'évolution de leur perte tats concernant les produits au et b/sJM sont tout
d'eau en cours de dessiccation pour limiter le à fait satisfaisants. A la lumière de ces résultats,
risque d'une fissuration secondaire. Les éprou- on peut convenir, a priori, que les observations
vettes, encore à l'état saturé avec surface sèche de Carman pour un milieu non consolidé se
(SSS), ont donc été minutieusement scellées
transposent au cas du béton, un milieu consolidé.

TABLEAU IV
Compilation des résultats pour les différents gaz

Estimation des constantes


Constantes de Carman
pour l'air
Type de gaz
15 Z0 10
a x 10 au. x 10 b x 10 b,'VM x 10 10
a' x 10 15
b' x 10 10

Hélium 0,20 0,4 2,9 1,4 0,2 7,5

Azote 0,50 0,8 6,9 1,3 0,4 7,0

Argon 0,46 1,1 7,5 1,2 0,6 6,5

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Par le biais des résultats obtenus pour chacun de étudiées, Carman et Klinkenberg, pour autant
ces gaz (tableau I V ) , nous avons calculé les que les conditions d'essai donnent lieu à un
constantes a" et b ' de Carman, constantes que écoulement de nature visqueuse.
l'on devrait obtenir expérimentalement si l'on © L a détermination des constantes a et b de
utilisait de l'air comme fluide. Cet exercice Carman permet de connaître le coefficient de
donne une indication sur les écarts potentiels perméabilité intrinsèque d'un B H P .
entre les valeurs de perméabilité du béton pour
des laboratoires travaillant avec des gaz diffé- © L a relation entre G [ L / A p ] et (p) obtenue pour
rents. Le coefficient de variation calculé est de le B H P étudié est linéaire et confirme les obser-
7 % pour une valeur moyenne de 7.10" dans le 10 vations de Carman établies dans le cas des
cas de la variable b ' . Pour les raisons évoquées milieux poreux non consolidés.
p r é c é d e m m e n t , i l n'est pas approprié de porter © Pour des essais m e n é s à une pression moyenne
un jugement sur le coefficient de variation dans d ' é c o u l e m e n t voisine de la pression atmosphéri-
le cas de la variable a'. que, la fraction de l'écoulement par glissement
des molécules gazeuses est prépondérante pour le
cas des B H P . d ' o ù la nécessité d'évaluer les pro-
Conclusion priétés intrinsèques plutôt que de se limiter à la
seule mesure de la perméabilité apparente.
3) Dans le calcul du coefficient de perméabilité
intrinsèque à partir de l'application de l'ap- ® Les produits au. et b/^M restent constants pour
proche de Carman ou de celle de Klinkenberg, différents types de gaz dans le cas du B H P étudié.
on doit s'assurer d'utiliser les valeurs expéri- @ Lors de la mesure du débit massique gazeux à
mentales pour lesquelles l'écoulement est de divers paliers de pression, nous n'avons pas
nature visqueuse. observé une zone de transition telle que définie
2 par Knudsen, pour laquelle le débit atteint une
© A partir de la relation entre A p et Q , , on peut
valeur minimale. Cette observation nous porte à
départager les valeurs expérimentales pour les-
conclure que le réseau d ' é c o u l e m e n t qui condi-
quelles l'écoulement est de nature visqueuse de
tionne le passage d'un gaz à travers le béton est
celles pour lesquelles i l ne l'est pas. É v i d e m m e n t ,
nettement plus grossier que celui représenté par
cette étape est nécessaire pour tous les types de
la porosité capillaire de sa pâte de ciment hydra-
milieux poreux, incluant les bétons usuels.
té : la présence de microfissures facilite le par-
© Les résultats obtenus indiquent que la valeur cours d'un gaz à travers les réseaux des pores
du coefficient de perméabilité intrinsèque du capillaires les plus grossiers de la pâte de ciment
béton demeure la m ê m e pour les deux approches hydraté.

Liste des p r i n c i p a u x symboles utilisés


2
A surface du solide poreux (m )
1 -2 1
a constante de Carman (gm' P a s" )
-1 1 1
b constante de Carman (gm Pa" s" )
b* constante de Klinkenberg (Pa)
GA débit massique du gaz (g/s)
2
kv coefficient de perméabilité intrinsèque pour les écoulements visqueux (m )
2
k;i coefficient de perméabilité apparente (m )
-
k,
( coefficient de perméabilité de l'écoulement de glissement (m )
L longueur de l'éprouvette (m)
1
M masse molaire du gaz (g mole" )
(p) = p m pression moyenne d ' é c o u l e m e n t (p) = (p + p )/2 (Pa) t 2

p, pression d'entrée (Pa)


p2 pression à la sortie (Pa)
Ap gradient de pression Ap = p, — p (Pa) 2

2 2 2
Ap Ap = 7
p; - pl (pa )
p pression
p. ltm pression atmosphérique
Q a débit apparent
Q, débit du fluide à la pression p, (nr/s)
1 _ 1
R constante des gaz parfaits (8,31434 N m mole' K )
R constante pour un gaz particulier

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Liste des principaux symboles utilisés (suite)
s surface de l'éprouvette (m ) 2

T température (°C)
T température de l'essai (°C)
o
V vitesse moléculaire moyenne

Lettres grecques

u- viscosité absolue ou dynamique du fluide ( N . s . m" ) 2

X libre parcours moyen des molécules gazeuses (|im)


a poids volumique du fluide (N/m ) : a = pg 3

1
«g surface spécifique de la particule ( m m )
3
P masse volumique spécifique du fluide (kg/m )

R E F E R E N C E S BILIOGRAPHIQUES

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ABSTRACT

Measurement of the gaseous permeability of concrete:


Part I - Validation of the Carman and Klinkenberg concepts in the case of a high performance concrete (BHP)

D. P E R R A T O N , P.-CI. A I T C I N , A . C A R L E S - G I B E R G U E S

S o m e r e s e a r c h e r e n g i n e e r s c o n s i d e r that there is a correlation between the permeability of concrete a n d its durabi-


lity. However, this link is not a l w a y s apparent w h e n m e a s u r e m e n t s of permeability to water are u s e d to characterize
the microstructure of concrete subjected to drying c y c l e s . M e a s u r e m e n t of g a s e o u s permeability provides a more
accurate m e a n s of quantifying the mobility of a fluid through dry concrete. However, just measuring apparent per-
meability on the b a s i s of the percolation of a g a s d o e s not provide a m e a n s of identifying differences in the mobility
of pore water in the microstructure, which are specific to e a c h type of concrete. T h e different methods u s e d to
determine the intrinsic permeability from the g a s e o u s permeability are d e s c r i b e d and have b e e n validated for high
performance concrete. T h e experimental v a l u e s obtained for different levels of pressure should also be s e l e c t e d on
the b a s i s of the h y p o t h e s e s that underlie D a r c y ' s law in order to provide a result that Is reproducible irrespective of
the experimental a p p r o a c h . S o m e results obtained with s a m p l e s of high performance concrete, for different g a s e s ,
are presented a n d d i s c u s s e d in relation to the parameters that d e s c r i b e permeability and flow through a porous
medium.

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