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Daniel P E R R A T O N
Docteur en Sciences appliquées, professeur
Département de Génie de la construction
École de Technologie supérieure
Université du Québec, Montréal (Québec)
Canada H3C 1K3
Pierre-Claude AÏTCIN
Professeur, Département de Génie civil
Université de Sherbrooke, Sherbrooke (Québec)
Canada J1K 2R1
André CARLES-GIBERGUES
Professeur
Institut national des Sciences appliquées, Toulouse, France
RESUME
M O T S C L É S : 32 - Béton hautes perfor- lité tel que défini par Darcy. D'autre part, nous savons
mances - Porosité - Séchage - Eau - Gaz - que le béton est un matériau dont les propriétés évoluent
Capillarité - Éprouvette - Micro - Structure dans le temps et pour lequel la dessiccation a pour effet
(physico-chim.) - Écoulement (fluide).
de modifier le réseau poreux.
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 221 - MAI-JUIN 1999 - REF 4241 - p p . 69-78 69
L a mesure de la perméabilité aux gaz permet de nature granulaire et il a ainsi défini le concept de
quantifier la mobilité d'un fluide à travers un perméabilité d'un milieu. De l'avis de Darcy, ce
béton après dessiccation. Cependant, lors de la coefficient est une propriété intrinsèque du
mesure du débit apparent, on intègre au débit milieu, quelle que soit la nature du liquide. Deux
visqueux la contribution d'un débit secondaire, hypothèses ont servi de base aux énoncés de
intrinsèque aux écoulements gazeux à travers un Darcy : l'écoulement est laminaire et le fluide
milieu poreux, le débit de glissement, lequel est d'infiltration est inerte face au milieu poreux. E u
d'autant plus significatif que la porosité est fai- égard à cette deuxième hypothèse et compte tenu
ble. Pour bien interpréter les résultats et espérer de la finesse qui caractérise le réseau poreux
établir une relation valable entre la durabilité du d'un béton, particulièrement un B H P , on peut
béton et sa perméabilité à partir d'une mesure d'ores et déjà admettre que l'application de la loi
avec un gaz, i l faut donc distinguer ces deux de Darcy pour calculer le coefficient de perméa-
contributions au débit apparent. bilité intrinsèque du béton par une mesure de
perméabilité à l'eau est inappropriée.
L a perméabilité au gaz d'un milieu poreux est
généralement plus grande que celle mesurée avec Lorsque le fluide est compressible comme dans
un liquide. E n 1941, Klinkenberg [12] a conclu le cas de l'air, la formulation de la loi de Darcy,
que cette observation s'explique par le glissement développée, a priori, dans le cas des fluides
des molécules gazeuses à l'interface gaz-solide. incompressibles, devient :
L a perméabilité aux gaz d'un milieu dépend de la
nature du gaz, du niveau de pression moyen
d ' é c o u l e m e n t et des caractéristiques chimiques et
physiques du milieu, notamment de sa micro-
L a perméabilité apparente du milieu poreux k
structure. Elle dépend fortement de la microstruc- a
ture du milieu. Or, les différentes familles de évaluée sur une éprouvette cylindrique de section
béton que l ' o n retrouve aujourd'hui dans l'indus- S et d'épaisseur L , est donc définie à partir de la
trie du béton prêt à l'emploi ont des microstruc- mesure du débit volumique Q, d'un fluide de vis-
tures dont la porosité varie dans une large gamme. cosité p, effectuée directement à l'entrée du per-
m é a m è t r e . Les conditions d'écoulement sont
Pour être en mesure de bien départager les écarts définies par les pressions à l'entrée et à la sortie,
de la mobilité de l'eau interstitielle dans la micro- désignées par p, et p respectivement et donnant
2
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Si l'on définit k comme étant le coefficient de
a
k M v
K = kad + K 2
() Les paramètres a et b sont les constantes de
Carman et les unités correspondantes sont :
OU
1 2 1
g m" Pa" s" pour a,
k - 4 - 1 1
v
- P + k„v 3 (3) g m" Pa ' s pour b.
En reportant sur un graphique la relation entre le
k correspond au coefficient de perméabilité de
() débit massique gazeux ( G A ) et la pression
l'écoulement de glissement et : moyenne d ' é c o u l e m e n t , Knudsen (cité par
Carman [8]) a observé une zone de transition
8 RT entre l'écoulement par glissement et celui des
(4)
TC M molécules libres, pour laquelle le débit atteint
une valeur minimale.
L a valeur de k , déduite expérimentalement, est
a
définie par les conditions limites d'écoulement, Lorsque la pression d ' é c o u l e m e n t est supérieure
soit, dans le cas d'un écoulement isotherme, par à celle correspondant à l'égalité entre la taille
la relation suivante : d'un capillaire et le libre parcours moyen du gaz,
L
la relation entre G et p est linéaire si le gradient
Vi Pi
(5) de pression est constant.
Ap
Carman [8] a montré que, dans le cas d'un
Dans la plupart des essais en laboratoire, on uti-
milieu poreux non consolidé, on peut, à partir de
lise des gaz non adsorbants (hydrogène, hélium,
la pente a de la relation entre G et p et de son
air sec) de sorte que l'écoulement par diffusion de
ordonnée à l'origine b, calculer le coefficient de
surface n'intervient pas lors de la mesure de la
perméabilité intrinsèque k et le coefficient k à
v ()
perméabilité. Dans le cas d'un fluide non adsor-
l'aide des relations (9) et (10).
bant, la valeur de k est donc nulle et le coeffi-
a d
l P J
Concept de Carman
L a valeur de b* étant fonction de la porosité du
En introduisant la notion de débit massique d'un
milieu, elle augmente avec la valeur de la per-
fluide G , exprimé par unité de surface du solide
méabilité et varie aussi d'un gaz à l'autre. On
poreux, on a :
établit expérimentalement la relation qui existe
Pi M entre k et 1/p pour en déduire les valeurs de k
a v
G = p, v, (7)
RT et de b*. L a valeur de k est déduite par extrapo-
v
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 221 - MAI-JUIIN 1999 - RÉF. 4241 - PP. 69-78 71
Calcul de k à partir de mesures effectuées
v un réseau capillaire h o m o g è n e mais non uni-
à de forts débits gazeux : écoulement forme comporte inévitablement un certain
visco-inertiel nombre de canaux de pores grossiers qui condi-
tionnent la mobilité de l'infiltrat [13].
O n peut aussi déduire expérimentalement la valeur
L a validation du concept de Carman dans le cas
du coefficient de perméabilité k à partir de v
des B H P desséchés mettrait en relief le fait que
mesures à débits massiques élevés : écoulement
la percolation d'un gaz soit gouvernée par une
visco-inertiel intermédiaire entre les états lami-
porosité grossière constituée de gros pores capil-
naire, visqueux et turbulent. Dans le cas d'un
laires inter-reliés par la présence de microfis-
écoulement visco-inertiel, Reynolds (Carman [8]) sures au sein de la matrice cimentaire. U n
a proposé, en 1900, de superposer le concept de la programme d'essai en laboratoire a donc été éla-
résistance à l ' é c o u l e m e n t due à l'inertie du fluide à boré de façon à vérifier l'applicabilité de la rela-
celui de la viscosité. On additionne alors la résis- tion de Carman et de Klinkenberg au cas d'un
tance à l ' é c o u l e m e n t due à l'inertie, liée à son BHP.
2
degré d'énergie cinétique (pv ), et celle due à la
viscosité, selon la formule suivante : Nous avons mesuré expérimentalement le débit
massique gazeux à travers des éprouvettes de
A p / L = a v + (îpv 2
(12) B H P desséchés, à des pressions d ' é c o u l e m e n t
faibles, voisines de la pression atmosphérique.
L a variable ce correspond à u7k [8]. L a variable
v
Pour de tels niveaux de pression d ' é c o u l e m e n t , i l
(3 n'est pas une constante spécifique puisqu'elle est à toutes fins utiles improbable que la struc-
est, en général, fonction de la vitesse de l'écoule- ture du réseau poreux en soit altérée sous l'effet
ment. N é a n m o i n s , on a montré que k et (3 sont v de la pression et les valeurs du libre parcours
des fonctions du réseau, indépendantes de la moyen de l'air correspondantes se situent autour
nature du fluide. de 0,06 |am.
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Conditionnement des éprouvettes viscosité, il faut s'assurer que les conditions
d'essai donnent bien lieu à un écoulement de
Le mûrissement au jeune âge est déterminant du
nature visqueux.
point de vue de la perméabilité aux gaz. Le
conditionnement des éprouvettes de béton est Dranchuk et Kolada [10] ont largement étudié
l'un des aspects les plus délicats lorsqu'il s'agit cette question lors de la mesure de la perméabi-
d'évaluer sa perméabilité aux gaz. Le béton est lité aux gaz de carottes de roches. Ces auteurs
un matériau fragile et le processus de condition- ont montré que l'on peut différencier les valeurs
nement des éprouvettes peut modifier substan- expérimentales qui sont reliées à un écoulement
tiellement le réseau poreux et donner lieu à la
de nature visqueuse et celles d'un écoulement de
formation de microfissures. L a présence de 2
nature transitoire à partir de la relation entre A p
microfissures n'est pas en soi un indice d'altéra-
et Q , . En effet, selon les équations (1) et (11), on
tion ; elles font partie intégrante du béton.
doit avoir une relation bilogarithmique linéaire
N é a n m o i n s , en termes de durabilité, la microfis- 2
suration peut être néfaste bien que, dans certains entre A p et Q , , ce qui permet de valider la
cas, on lui octroie un rôle utilitaire. Notamment, conformité des mesures expérimentales à la
dans la résistance à l'écaillage du béton, on pré- nature de l'écoulement.
conise le séchage de la surface du béton exposée
La figure 1 présente les résultats d'un essai de
aux sels fondants avant le premier gel pour favo-
perméabilité effectué à plusieurs niveaux de
riser la formation de microfissures et faciliter
pression d ' é c o u l e m e n t sur une éprouvette de
ainsi la mobilité de l'eau interstitielle au sein du
B H P . On constate qu'une partie des points
matériau. Quoi q u ' i l en soit, il est indéniable que
s'aligne sur une droite mais que, pour les forts
la microfissuration joue un rôle de premier ordre
débits d ' é c o u l e m e n t , il n'y a plus de linéarité.
lorsque l'on cherche à déterminer la mobilité
Cet écart des points par rapport à une droite est
d'un fluide à travers le béton. Dans bien des cas,
attribuable entre autres au changement de régime
on ne peut y échapper.
de l'écoulement en cours d'essai : de l'état vis-
Le choix du mode de conditionnement retenu queux à l'état transitoire [9] et [10]. Par consé-
pour cette étude est issu d'une synthèse des prin- quent, dans l'application de la relation de
cipaux travaux sur le sujet. Toutefois, l'étude de Klinkenberg, aussi bien que pour celle de
l'influence du processus de conditionnement Carman, on ne doit pas intégrer ces valeurs
déborde le cadre de la présente publication et expérimentales si l'on souhaite obtenir un
fera l'objet d'une publication particulière par les résultat reproductible, indépendant de l'approche
auteurs. De façon à diminuer les dommages à la expérimentale choisie.
microtexture induits par le processus de dessic-
cation à l'étuve des éprouvettes, i l a été convenu A p (Pa )
2 2
/ •
Résultats
BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS ET CHAUSSÉES - 221 - MAI-JUI N 1999 - RÉF. 4241 - PP. 69-78 73
de glissement lors de la mesure de la perméabi- points pour lesquels on demeure dans le domaine
lité aux gaz, due au fait qu'en cours d'essai la d'un écoulement de nature visqueuse (les 4 pre-
valeur de la pression moyenne d ' é c o u l e m e n t mières valeurs). Cet exemple montre la sensibi-
change et, par conséquent, la contribution rela- lité de ces approches et la nécessité de bien
tive du débit de glissement aussi. Cependant, la sélectionner les valeurs expérimentales significa-
sélection des valeurs expérimentales significa- tives pour le calcul des paramètres k et b*. v
2
tives à partir de la relation entre A p et Q ,
(fig. 1) est assujettie à un certain degré d'incerti-
Validation de l'approche expérimentale
tude. Pour remédier à cette situation, Dranchuk
de Carman aux BHP
et Kolada [10] proposent d'utiliser la relation de
Klinkenberg, permettant ainsi d'intégrer l'impor- Des essais effectués sur des échantillons de B H P
tance relative du débit de glissement. Somme ont montré que la relation entre G [ L / A p ] et p est
toute, i l s'agit, dans un premier temps, de linéaire et répond bien à l ' é n o n c é de Carman
déduire graphiquement des valeurs expérimen- établi pour des milieux poreux non consolidés.
tales les paramètres k et b* en utilisant des
v
L a figure 3 montre une relation type obtenue à
valeurs conservatrices, c'est-à-dire celles qui partir de nos essais en laboratoire sur le B H P .
2
présentent une linéarité dans la relation entre A p
1 1 1
G (L/Ap) (gm' s ' • Pa" )
et Q , (fig. 1). Ensuite, à partir de ces valeurs k v
9
1,8.10"
et b*, on trace à nouveau la relation entre
2
{ A p (1 + b*/p)} et Q (fig. 2), de façon à finale-
i 1,7.10" 9
9
a = 5 . 1 C r g m - P a - s"
1.2.10"
10 1 1 1
9 b= 1 2 . 1 0 " g m " P a " s"
1,1.10"
0 25 000 50 000 75 000 100 000 125 000
p(Pa)
18 2
k, = 8.3.10" m . Nous avons également calculé
la valeur de k à partir de l'approche de v
18 2
Klinkenberg soit : k = 8,1.10' m (fig. 4). Cette v
3
dernière valeur est pratiquement identique à celle
Q i (m- /s)
obtenue par l'application du concept de Carman.
2
Fig. 2 - Relation entre Q , et (1 + b*/p) Ap 2
de la figure 1. I
17
Klinkenberg
3,5.10"
-18 2
k = 8,1.10 m
Dans le calcul de k il faut donc utiliser des
v 17
v
3.10"
valeurs expérimentales significatives : les b* = mk = 25.10 P a
v
4
17
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Il est important de souligner que les essais ont 120 kPa, la masse volumique de l'air est d'en-
été conduits en contrôlant non seulement le viron 1 315 g/m'. Pour une surface d ' é c o u l e m e n t
niveau de pression moyenne d ' é c o u l e m e n t , mais 2
de 1 m , on calcule que le débit d'air à l'entrée
aussi le gradient de pression A p , maintenu serait de 930 Lil/s, dont la fraction du débit par
constant en cours d' essai, selon une valeur opti- glissement serait de 70 % (650 |il/s). Dans le cas
male : la valeur optimale de Ap correspond en où la pression moyenne serait plutôt de 500 kPa,
fait à la valeur maximale pour laquelle la nature on calcule que la fraction du débit par glissement
de l'écoulement demeure toujours dans le est réduite à 30 % (125 jal/s pour un débit appa-
domaine visqueux. Cette valeur a été préalable- rent de 395 Lil/s). Pour des essais m e n é s à une
ment établie, pour le B H P étudié, par la mise en pression moyenne d ' é c o u l e m e n t se situant autour
application du concept développé par Dranchuk de la pression atmosphérique, on constate que la
et Kolada [10] (section précédente). fraction de l'écoulement par glissement des
A la lumière des résultats obtenus en laboratoire, molécules est prépondérante pour ce type de
on peut convenir que les observations de Carman béton. Cette constatation se révèle un élément
pour un milieu non consolidé se transposent bien majeur compte tenu du fait que la plupart des
au cas du béton, un milieu consolidé. essais de perméabilité aux gaz en laboratoire
sont effectués dans cette plage de pression.
variation du débit gazeux comprise entre 5,3 et l'hélium (He). Nous avons choisi des gaz dont
8,0 L I I / S (éprouvette : (p 95 mm ; L = 50 mm). En les masses molaires sont relativement différen-
tenant compte des résultats moyens présentés tes, mais dont le comportement se rapproche de
dans le tableau II, on peut calculer l'importance celui des gaz parfaits. L e tableau III présente les
relative du débit gazeux attribuable au glisse- principales caractéristiques des gaz utilisés lors
ment des molécules gazeuses [équation (8)]. A la de ces essais. Les résultats des essais sont pré-
température de 20 °C et à une pression de sentés sur la figure 5.
TABLEAU II
Compilation des résultats e x p é r i m e n t a u x pour les constantes de Carman et Klinkenberg du B H P étudié
(Éprouvette : cj> 95 mm ; L = 50 mm)
8
a X 10' 5
b X 10 10
k v X 10' b X 10"
1 2
(g.m . P a . s" ) 1 1
(g.m ' . Pa . s" ) 1
(m )2
(Pa)
TABLEAU III
Principales caractéristiques des gaz utilisés dans les essais de perméabilité
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1 1
G (L / Ap) ( g m ' s " P a " ) 1 dans des feuilles de cellophane, puis entreposées
gin-™ dans une enceinte maintenue sous vide (pression
absolue moyenne de 1,5 kPa) à la température de
50 °C j u s q u ' à masse constante (différence de
masse inférieure à 0,1 % entre deux pesées suc-
cessives).
TABLEAU IV
Compilation des résultats pour les différents gaz
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Par le biais des résultats obtenus pour chacun de étudiées, Carman et Klinkenberg, pour autant
ces gaz (tableau I V ) , nous avons calculé les que les conditions d'essai donnent lieu à un
constantes a" et b ' de Carman, constantes que écoulement de nature visqueuse.
l'on devrait obtenir expérimentalement si l'on © L a détermination des constantes a et b de
utilisait de l'air comme fluide. Cet exercice Carman permet de connaître le coefficient de
donne une indication sur les écarts potentiels perméabilité intrinsèque d'un B H P .
entre les valeurs de perméabilité du béton pour
des laboratoires travaillant avec des gaz diffé- © L a relation entre G [ L / A p ] et (p) obtenue pour
rents. Le coefficient de variation calculé est de le B H P étudié est linéaire et confirme les obser-
7 % pour une valeur moyenne de 7.10" dans le 10 vations de Carman établies dans le cas des
cas de la variable b ' . Pour les raisons évoquées milieux poreux non consolidés.
p r é c é d e m m e n t , i l n'est pas approprié de porter © Pour des essais m e n é s à une pression moyenne
un jugement sur le coefficient de variation dans d ' é c o u l e m e n t voisine de la pression atmosphéri-
le cas de la variable a'. que, la fraction de l'écoulement par glissement
des molécules gazeuses est prépondérante pour le
cas des B H P . d ' o ù la nécessité d'évaluer les pro-
Conclusion priétés intrinsèques plutôt que de se limiter à la
seule mesure de la perméabilité apparente.
3) Dans le calcul du coefficient de perméabilité
intrinsèque à partir de l'application de l'ap- ® Les produits au. et b/^M restent constants pour
proche de Carman ou de celle de Klinkenberg, différents types de gaz dans le cas du B H P étudié.
on doit s'assurer d'utiliser les valeurs expéri- @ Lors de la mesure du débit massique gazeux à
mentales pour lesquelles l'écoulement est de divers paliers de pression, nous n'avons pas
nature visqueuse. observé une zone de transition telle que définie
2 par Knudsen, pour laquelle le débit atteint une
© A partir de la relation entre A p et Q , , on peut
valeur minimale. Cette observation nous porte à
départager les valeurs expérimentales pour les-
conclure que le réseau d ' é c o u l e m e n t qui condi-
quelles l'écoulement est de nature visqueuse de
tionne le passage d'un gaz à travers le béton est
celles pour lesquelles i l ne l'est pas. É v i d e m m e n t ,
nettement plus grossier que celui représenté par
cette étape est nécessaire pour tous les types de
la porosité capillaire de sa pâte de ciment hydra-
milieux poreux, incluant les bétons usuels.
té : la présence de microfissures facilite le par-
© Les résultats obtenus indiquent que la valeur cours d'un gaz à travers les réseaux des pores
du coefficient de perméabilité intrinsèque du capillaires les plus grossiers de la pâte de ciment
béton demeure la m ê m e pour les deux approches hydraté.
2 2 2
Ap Ap = 7
p; - pl (pa )
p pression
p. ltm pression atmosphérique
Q a débit apparent
Q, débit du fluide à la pression p, (nr/s)
1 _ 1
R constante des gaz parfaits (8,31434 N m mole' K )
R constante pour un gaz particulier
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Liste des principaux symboles utilisés (suite)
s surface de l'éprouvette (m ) 2
T température (°C)
T température de l'essai (°C)
o
V vitesse moléculaire moyenne
Lettres grecques
1
«g surface spécifique de la particule ( m m )
3
P masse volumique spécifique du fluide (kg/m )
R E F E R E N C E S BILIOGRAPHIQUES
ABSTRACT
D. P E R R A T O N , P.-CI. A I T C I N , A . C A R L E S - G I B E R G U E S
78 BULLETIN DES LABORATOIRES DES PONTS E T CHAUSSÉES - 221 - MAI-JUIN 1999 - RÉF. 4241 - pp. 69-78