Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Année universitaire 2019-2020
pluralisme confessionnel de la population doivent être résolus suivant le
Droit interne.
Secundo, les lois en conflit doivent émaner d’un Etat reconnu par l’Etat du
juge. Dans notre contexte juridique, le gouvernement Marocain doit avoir
reconnu l’Etat duquel émane la loi appelée à régir la situation juridique
donnée1.
Les ordres juridiques doivent être aptes à résoudre la question
posée : S’il est nécessaire que plusieurs ordres juridiques soient
concernés pour qu’il y’ait conflit de lois, il faut aussi que ces ordres
juridiques apportent une réponse juridique à la situation.
La relation litigieuse doit être de nature privée : La nature privée de
la relation résulte de la nature des personnes qu’elle met en présence. Est
ainsi privée la relation qui lie deux personnes physiques ou morales de
Droit privé, ou une personne de Droit privé et un Etat agissant comme
personne privée.
2. Caractères de la règle du conflit
Il s’agit d’une règle de Droit caractéristique, dans la mesure où elle se
distingue par son caractère indirect, bilatéral, neutre et abstrait.
a- La règle du conflit est indirecte
L’ordre juridique est ici entendu dans son sens large, il regrouperait les
règles matérielles aptes à solutionner le problème juridique posé, mais
également les règles de conflit de cet ordre.2
b- La règle de conflit est bilatérale
La règle de conflit désigne indifféremment la loi du for ou une loi
étrangère pour régir une question de Droit, en considération de sa nature
juridique3. Conçue sous forme unilatérale, la règle de conflit ne donnerait
compétence qu’à la loi du for, ce qui la viderait de sa raison d’être.
le caractère bilatéral ou multilatéral de la règle du conflit fait naître une
autre caractéristique, celle de l’effet extraterritorial de la loi qu’elle
1
OUNNIR, Abdellah. Op cit. Page 26.
2
HAINAUT, julie et VILLELA , Emilie. Le cas pratique en Droit international privé : Contrats
internationaux. Paris : Ellipses 2009. Page 12.
3
CLAVEL, Sandrine. Op cit. Page 69.
Page 1 sur 15
désigne1. Le juge Marocain sera éventuellement appelé à appliquer une loi
étrangère, laquelle trouvera application en dehors du territoire de l’Etat
qui l’a édictée.
1
KITIC, Dusan. Droit international privé. Paris : Ellipses 2003. Page 23.
2
Idem.
Page 2 sur 15
Les règles de conflit simples contiennent un seul point de rattachement, et
ce contrairement aux règles complexes qui contiennent des rattachements
multiples.
Certains rattachements peuvent être alternatifs donnant la possibilité de
choisir l’un d’entre eux. D’autres sont cumulatifs, puisqu’ils exigent
l’application concomitante de deux ou plusieurs lois.
Page 3 sur 15
questions ayant la même nature, et auxquelles sera appliquée la
même règle de conflit.
Les principales catégories reconnues par le Droit international privé
recouvrent le statut personnel, le statut réel, les contrats et les
actes juridiques, les délits et les quasi-délits 1. Il faut signaler que
l’étendue de chaque catégorie diffère selon l’ordre juridique propre à
chaque Etat.
La qualification s’opère en deux étapes : une étape d’analyse de la
question de droit appelée objet de qualification .Il s’agit de traduire
les faits bruts en termes juridiques afin de pouvoir les classer par la
suite dans une catégorie donnée. La deuxième étape est celle de
sélection de la catégorie pertinente dans laquelle la question sera
classée (Statut personnel, statut réel, les contrats et actes
juridiques, les délits et quasi-délits…)2
Quant aux techniques, l’on distingue trois types de qualifications :
La qualification lege causae, la qualification par référence à des
concepts universels, et la qualification lege fori.
a- La qualification lege causae consiste à qualifier la question
litigieuse en application du Droit étranger éventuellement
applicable.
b- La qualification par référence consiste, pour le juge saisi, de
dégager des principes autonomes, différents des concepts
internes et dotés d’une portée universelle
c- En application de la lege fori, chaque juge doit qualifier en se
référant à sa propre loi. La qualification lege fori se justifie, selon
ses partisans, par le fait que le caractère préalable de la
qualification interpelle l’application de l’ordre juridique auquel
appartient la règle du conflit, c'est-à-dire celui du for.
Cette dernière thèse est celle adoptée par la doctrine et la
jurisprudence Marocaine d’après l’indépendance. L’édification
1
GUTMANN, Daniel. Droit international privé. Paris : Dalloz 2000. Page 51.
2
CLAVEL, Sandrine. Op cit. Page 33.
Page 4 sur 15
progressive d’un Droit international privé Marocain depuis
l’avènement de l’indépendance a permis la qualification en référence
au Droit Marocain en tant que lege fori1.
1
OUNNIR, Abdellah. Op cit. Page 32-33.
Page 5 sur 15
c- Rattachement fondé sur la source du rapport de Droit :
La source du rapport de Droit est retenue particulièrement en
matière d’obligations. La source contractuelle ou
extracontractuelle de la situation juridique détermine la loi
applicable qui sera respectivement celle du lieu de conclusion
du contrat ou la lex loci (loi du lieu où s’est produit le fait
juridique)1
Un conflit de rattachements est dit positif lorsque plusieurs
systèmes juridiques, en raison de leurs propres règles de conflits,
s’estiment compétents pour connaître la situation en cause.
Lorsqu’au contraire, aucun des systèmes juridiques en cause ne
s’estime compétent pour résoudre le litige, on est on présence d’un
conflit négatif de rattachements2. L’on parle dès lors de renvoi.
En effet, le renvoi intervient lorsque la règle de conflit attribue la
compétence législative à un ordre juridique étranger, lequel donne
compétence à un autre ordre juridique. Quant à ses degrés, l’on
distingue deux types de renvoi :
Le renvoi au premier degré qui a lieu lorsque la loi étrangère
désignée par la règle du conflit du for, renvoie à la loi du for.
Le renvoi au second degré consiste en ce que la loi étrangère
désignée par la règle du conflit du for renvoie à une loi tierce 3.
Page 6 sur 15
La lex rei sitae : la loi applicable est celle du lieu de situation du
bien ;
La lex loci : la loi applicable est la loi locale, c'est-à-dire celle du
lieu où s’est produit le fait juridique ;
La loi d’autonomie : les parties déterminent librement la loi
applicable à leur rapport juridique1.
1
HAINAUT, julie et VILLELA , Emilie. Op cit. Page 14-15.
2
KITIC, Dusan. Op cit. Page 82.
3
OUNNIR, Abdellah. Op cit. Page 41.
4
LOUSSOUARN, Yvon & BOUREL, Pierre. Op cit. Page 308.
Page 7 sur 15
III. Les règles du conflit en Droit international privé Marocain
Les règles conflictuelles du Dahir sur la condition civile des étrangers au
Maroc se prêtent à une classification quadripartite en fonction des
catégories qu’il met en place. Il s’agit du Statut personnel réglementé par
les articles 3-4-8-9-11-12-14-15-18(1), des biens soumis à l’article 17(2),
des contrats régis par l’article 13(3) et enfin des délits et quasi-délits dont
le régime juridique découle de l’article 16(4).
1. Le statut personnel
le Droit Français limite le statut personnel à l’état et la capacité des
personnes, à l’exclusion des régimes matrimoniaux, des successions….Le
Droit Marocain adopte une conception extensive du statut personnel, qui
comprend l’ensemble des règles juridiques régissant la situation
personnelle des individus dont les composantes sont : l’état et la capacité
des personnes, le mariage, le divorce, la filiation, et les successions 1
a- L’état et la capacité : C’est la loi de l’Etat dont l’étranger porte la
nationalité qui est compétente dans la détermination de l’état et la
capacité des personnes (Art 3 DCCE).
b- Le mariage : Au regard du Droit international privé, le mariage
considéré est le mariage mixte, soit une union entre conjoints de
nationalité différente, et plus spécialement entre conjoints dont
l’un est national du pays intéressé et l’autre est étranger 2. Il faut
distinguer, à ce stade, les conditions de fond et les conditions de
forme du mariage.
Les conditions de fond sont soumises à la loi nationale des deux
époux (Art 8 DCCE). Lorsque ces derniers sont de nationalité
différente, chacun d’entre eux est soumis à sa loi nationale.
1
.227 ص. مرجع سابق. موسى,عبود
2
DECROUX, Paul. Op cit. Page 163.
Page 8 sur 15
Quant à la forme, le mariage n’est valable que lorsque la célébration
est conforme à la loi nationale des intéressés (Art 11 DCCE). Il
convient néanmoins de distinguer trois hypothèses :
Le mariage des étrangers au Maroc doit être fait auprès des
autorités consulaires des pays dont relèvent les époux, conformément à
leurs lois nationales respectives.
Le mariage entre Marocains et étrangers n’est valable que s’il est
conclu conformément au Droit Marocain applicable au conjoint Marocain
(Code de la famille ou le Droit hébraïque).
Les marocains résidant à l'étranger peuvent contracter mariage,
selon les formalités administratives locales du pays de résidence, pourvu
que soient réunies les conditions de fond (Article 14 du Code de la famille)
c- Le divorce : La loi nationale des époux est également compétente
en matière de divorce (Art 9 DCCE). Si les époux sont de
nationalité différente, on applique la loi nationale de la partie
demanderesse.
d- La filiation : C’est toujours la loi nationale qui est de vigueur.
L’établissement de la filiation, la preuve, la relation entre les
parents et leurs enfants mineurs sont soumis à la loi nationale de
l’enfant.
e- Les successions : Les successions relèvent, en vertu de l’article
18 du DCCE, de la loi nationale du défunt. La même règle
s’applique au testament, c'est-à-dire qu’il est soumis à la loi
nationale du testateur.
2- Les biens
Le régime juridique des biens est déterminé par l’article 17 du DCCE
lequel dispose que « Les biens, soit meubles, soit immeubles, situés
dans le protectorat français du Maroc, sont régis par la législation du
protectorat ». Il s’agit d’une application sans équivoque de la lex rei
sitae, en vertu de laquelle les biens sont soumis à la loi du lieu de
leur situation.
Page 9 sur 15
Les biens meubles sont régis par la lex rei sitae, c'est-à-dire la loi du
lieu de situation actuelle du bien.
Les moyens de transport sont soumis à la loi du pays de leur
immatriculation déterminant le pavillon qu’ils peuvent porter (lex
banderae)
Les marchandises en cours de transport, traversant plusieurs pays
sont soumises à la loi du pays de leur destination (lex loci
destinationis)1
3- Les contrats
L’autonomie de volonté des contractants, principe fondamental du Droit
des contrats, est transposé en Droit international privé. Elle consiste en la
liberté de désignation par les parties de l’ordre juridique applicable à leur
convention. La volonté des parties devient ainsi le facteur de rattachement
de la règle du conflit.
En l’absence de choix de la loi applicable, le contrat sera régi par la loi du
domicile commun des parties. A défaut de domicile commun, leur loi
nationale.
1
CLAVEL, Sandrine. Op cit. Page 478.
Page 10 sur 15