Une aristocratie est un régime politique dans lequel le pouvoir est officiellement
détenu par une élite minoritaire mais dominante : caste, noblesse ou classe sociale,
représentants élus ou cooptés, élite intellectuelle ou technocratique, voire philosophique. On désigne également par aristocratie les membres de cette élite, que ce soit des nobles ou des élus, des notables ou des riches, une nomenklatura ou un establishment, ou tout autre forme d'élite visible ou cachée. Le terme aristocratie vient des racines grecques aristoi (άριστοι), les meilleurs, et kratos (κράτος), pouvoir, autorité, gouvernement. À partir de la Révolution, aristocratie a été employé à tort pour désigner la noblesse exclusivement, ce qui lui a fait perdre son sens plus général, surtout en français. On peut rapprocher ou distinguer l'aristocratie de l'oligarchie, dans laquelle une minorité bien définie détient l'essentiel du pouvoir : les deux notions se recouvrent en grande partie mais peuvent néanmoins être distinguées. L'oligarchie ne présuppose pas qu'il s'agit d'une élite, autoproclamée ou non (il peut s'agir d'une sélection par l'argent par exemple), tandis que l'aristocratie ne présuppose pas une minorité bien définie. Néanmoins, les idées restent proches et la confusion se justifie aussi du fait que, par l’idéologie du pouvoir, les puissants sont préjugés former une élite (qui devient donc autoproclamée). Ainsi, les deux termes sont couramment employés indifféremment.
Sommaire
1Parcours historique de la notion d'aristocratie
o 1.1Antiquité grecque o 1.2Antiquité carthaginoise : Des Berbères, peuple d'Afrique du Nord o 1.3Antiquité romaine o 1.4Haut Moyen Âge 2En France o 2.1Ancien Régime o 2.2Depuis la Révolution française 3Voir aussi o 3.1Bibliographie 3.1.1Ouvrages généraux 3.1.2Ouvrages spécifiques 3.1.2.1Sur l'aristocratie ancienne 3.1.2.2Sur l'aristocratie médiévale 3.1.2.3Sur l'aristocratie moderne 3.1.2.4Sur l'aristocratie contemporaine o 3.2Articles connexes o 3.3Liens externes
Parcours historique de la notion d'aristocratie[modifier | modifier le
code] Souvent issue de la féodalité, l'aristocratie a souvent évolué vers la monarchie ou l'autocratie. Elle peut parfois se combiner avec une sorte de démocratie (exemple de la République de Venise avec un doge élu et aux pouvoirs limités ou de la Pologne dont le roi était élu par la noblesse — 10 % de la population — et dont les pouvoirs étaient dans la Diète). Antiquité grecque[modifier | modifier le code] Aristocratie : du grec aristokratia (aristos, excellent, le meilleur, le plus brave et kratos, pouvoir). Par ce seul mot, c'est la conception d'un régime politique et d'une organisation sociale qui se dessine. L'exercice des responsabilités, la prise de décisions et l'impulsion donnée reviennent aux êtres d'excellence dans le domaine considéré. Pour la direction d'une nation, les qualités premières de ces aristocrates ont été définies dans le manifeste Révolution droitiste rédigé par Michel-Georges Micberth et François Richard : « […] une appréhension rapide et complète d’une situation, une capacité immédiate à prendre une décision, une connaissance très vaste des choses et des êtres, et une rigueur morale qui s’accommode parfaitement des jeux de l’imagination ». Ces honnêtes citoyens, comme le résumait Platon, s'imposent de fait comme les plus aptes à diriger la cité pour la mener vers de bénéfiques horizons. L'auteur des Dialogues rapporte dans l'un d'eux la réflexion de l'étranger, approuvé sans réserve par Socrate le jeune : « […] suppose de nouveau qu’un homme, dans son état de simple particulier, soit assez avisé pour donner des conseils au monarque de quelque pays, ne dirons-nous pas que le conseiller possède en propre le savoir que devrait avoir acquis celui qui exerce le pouvoir ? ». La sélection des meilleurs est le propre du système aristocratique. Comme une incarnation du conseiller avisé imaginé par l'étranger dans sa réflexion socratique, Aristote énonce au puissant Alexandre, dont il a été le précepteur, les qualités d'un régent d'empire : « Un tel homme doit être supérieur et parfait non seulement dans la vaillance et la justice et dans des vertus diverses mais encore par la puissance et par l’équipement militaire pour qu’il puisse contenir le peuple et le pousser à écouter la loi ». Aristote indique donc à l'ambitieux roi de Macédoine la manière d'être et d'aborder la direction d'un empire pour que « dans les cités règnent toujours les bonnes mœurs et que les vices en soient bannis ». Même si l’aristocratisme prône davantage la collégialité dans l'exercice du pouvoir, les notions développées par le disciple de Platon font une part essentielle à la valeur fondamentale de l'individu. Certes la légitimité conférée aux hommes responsables de la destinée d'un peuple est plus puissante par cette méthode de sélection, mais l'exercice du pouvoir est une source de bien plus de devoirs que de droits. La fonction de chef doit hanter à chaque instant celui qui l'a acceptée. Cette prise de responsabilités doit impliquer toute sa vie et ne peut se limiter à la simple parade que permettrait le prestige de la fonction. Être aristocrate, au sens premier, est aux antipodes de la facilité d'exister, du carpe diem vanté depuis l’Antiquité. Antiquité carthaginoise : Des Berbères, peuple d'Afrique du Nord[modifier | modifier le code] Cette section est vide, insuffisamment détaillée ou incomplète. Votre aide est la bienvenue ! Comment faire ?
Antiquité romaine[modifier | modifier le code]
Sous la monarchie et la République L’évolution de l’aristocratie de la Rome antique peut être suivie sur une période de plus de mille ans. Sous sa forme la plus ancienne, de la fondation de Rome jusqu’au début de la République, les patriciens forment la classe aristocratique romaine. Se présentant comme les descendants des compagnons de Romulus, ils disposent seuls de pouvoirs sacrés, comme prendre les augures ou accéder aux sacerdoces. Membres du Sénat romain, puis seuls éligibles aux magistratures aux premiers siècles de la République romaine, ils monopolisent un pouvoir que leur disputent les plébéiens pendant le Ve siècle av. J.-C. Les plébéiens obtiennent peu à peu l’égalité civique et religieuse, et les plus riches d’entre eux accèdent aux magistratures et au Sénat. Au IIIe siècle et au IIe siècle av. J.-C., l’aristocratie romaine n’est donc plus fondée uniquement sur l’ascendance, mais sur la richesse foncière (il faut une fortune d’au moins 400 000 sesterces pour être éligible aux premières magistratures) et le succès électoral (cursus honorum) qui ouvre l’admission au sénat. Les grandes familles, patriciennes ou plébéiennes, accèdent au consulat de génération en génération, constituant l’ordre sénatorial. Des recensements périodiques (tous les cinq ans) voient le renouvellement de cette aristocratie, par admission suite aux succès électoraux ou exclusions pour conduite dépravée ou crime. Dans le même temps se constitue une autre classe, les chevaliers, enrichis par le commerce méditerranéen, l’activité bancaire, la sous-traitance par l’État romain de la collecte des impôts (publicains). Sans que cela leur soit interdit, les chevaliers accèdent rarement aux magistratures, à quelques brillantes exceptions près (Marius, Cicéron). Les ambitieux qui tentent d’imposer leur pouvoir à la fin de la République romaine au Ier siècle av. J.-C. vont favoriser les chevaliers contre les sénateurs conservateurs. Sous l’Empire romain À la fin du Ier siècle, Octave s’impose, et organise l’aristocratie romaine en deux niveaux : l’ordre sénatorial et l’ordre équestre de rang moindre, avec chacun leurs obligations et leurs prérogatives. Les recensements périodiques, menés maintenant par l’empereur, tiennent à jour et contrôlent l’effectif de ces deux ordres. La conquête romaine chercha l’entente avec les élites locales des peuples ou des états qui passaient sous la domination ou le protectorat de Rome. L’ancienne aristocratie des provinces conquises demeura généralement donc en place : roitelets d’Orient, grands prêtres juifs, bouleutes des cités helléniques, chefs de tribus, etc. Une autre aristocratie se développa dans les provinces romaines, sur le modèle de la République romaine : les magistrats élus dans les municipes entraient à la fin de leur mandat annuel dans la Curie de leur cité, équivalent local du Sénat romain, d’où leur nom de décurion. À l’apogée de l’Empire romain, l’aristocratie romaine forme la pyramide suivante :
au sommet l’ordre sénatorial, avec ses 900 sénateurs, de plus en plus