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Arbeit macht frei

aphorisme allemand, notamment utilisé comme slogan dans les


camps de concentration nazis

Arbeit macht frei est une expression allemande signifiant « le


travail rend libre » ou « le travail émancipe ». Cette phrase doit
principalement sa renommée à son utilisation comme inscription à
l'entrée des camps de concentration nazis. Les historiens
soulignent le cynisme du slogan qui dissimulait le traitement
inhumain dans les camps de concentration, où le travail forcé était
un instrument de soumission, d'exploitation, d'humiliation et
d'assassinat de masse[1],[2].

Vue d'ensemble de l'entrée et grille


d'entrée avec l'inscription Arbeit
macht frei (Le travail rend libre) du
camp de concentration d'Auschwitz I.

KZ Groß-Rosen
Une des portes de Dachau

Entrée du camp d'Oranienburg-


Sachsenhausen

L'utilisation de cette phrase, associée à un manque de


connaissance de l'histoire, conduit régulièrement à des scandales
en Allemagne et ailleurs dans le monde[3],[4],[5].

Origine
Heinrich Beta (de) a utilisé la formule en 1845 dans un écrit intitulé
Argent et Esprit (Geld und Geist) :

« Ce n'est pas la foi qui rend heureux, pas la foi en


des curetons égoïstes et nobles, mais c'est le travail
qui rend heureux, car le travail rend libre. Ce n'est ni
protestant ou catholique, ni allemand ou chrétien, ni
libéral ou servile, c'est une loi générale de l'humanité
et la condition sine qua non de toute vie et
aspiration, de tout bonheur et
accomplissement. » [réf. souhaitée]
L'expression a ensuite été reprise par le philologue allemand
Lorenz Diefenbach, Arbeit macht frei : Erzählung von Lorenz
Diefenbach (1873), dans lequel les joueurs et les fraudeurs
trouvent le chemin de la vertu par le travail[6],[7]. L'expression a
également été utilisée en français (« Le travail rend libre ! ») par
Auguste Forel, un scientifique suisse spécialisé dans l'étude des
fourmis, neuroanatomiste et psychiatre, dans son ouvrage
Fourmis de la Suisse (1920)[8].

En 1922, la Deutscher Schulverein (de) de Vienne, une organisation


nationaliste ethnique de « protection » [pas clair] des Allemands dans
l'Autriche-Hongrie, imprime des timbres d'adhésion avec la phrase
« Arbeit macht frei ». La citation est adoptée en 1928 par le
gouvernement de Weimar comme un slogan vantant les effets de
sa politique souhaitée de grande échelle de travaux publics
programmés pour mettre fin au chômage. L'expression « Arbeit
macht frei » se retrouve dans les cercles de la droite nationaliste
allemande[9], ce qui explique son adoption ultérieure par le NSDAP
lors de son accession au pouvoir en 1933.

On la trouve également au Goulag : ainsi, dans les années 1920, on


peut voir à l'entrée de l'un des camps des îles Solovki une
inscription proclamant « Par le travail, la liberté[10] ! »

Utilisation par les nazis


Ce slogan fut repris par les nazis dans les années 1930.
C'est le général SS Theodor Eicke qui ordonna l'apposition de la
phrase à l'entrée des camps de concentration et des camps
d'extermination, notamment Auschwitz, Dachau, Gross-Rosen,
Sachsenhausen, et à la prison de la Gestapo de Theresienstadt en
République tchèque.

Avant cela, cette phrase avait été utilisée par la société allemande
IG Farben dont les membres du conseil d’administration, à
l’exception d’un seul, devinrent membres militants du parti national
socialiste, parachevant ainsi la nazification de la firme[11]. Arbeit
macht frei figurait au-dessus du fronton de ses usines[12].

L'enseigne du camp d'Auschwitz dérobée


À Auschwitz, le commandant SS Rudolf Höss, chargé de la
construction du camp et de son entretien, a tenu à reprendre la
devise du camp de concentration de Dachau[13], Arbeit macht frei
qu'il fait inscrire en lettres capitales au-dessus du portail d'entrée.
Les détenus chargés de l'installation, dont Jan Liwacz, montent
volontairement à l'envers la lettre « B » du mot Arbeit comme un
pied-de-nez au commandant du camp[14],[15].

Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2009, entre 3 h 30 et


5 h (heure locale), l'enseigne du camp d'Auschwitz portant la
célèbre inscription a été dérobée. Peu après la découverte de la
disparition de l'enseigne, une réplique (celle utilisée généralement
lors des périodes d'entretien de l'originale) est venue la remplacer.
Israël et la Pologne ainsi que plusieurs associations juives ont
fermement condamné cet acte.

En compagnie du directeur du musée national Auschwitz-Birkenau,


Piotr Cywinski, le ministre polonais de la Culture et du Patrimoine
national, Bogdan Zdrojewski, a annoncé une récompense de
100 000 złoty[16] venant s'ajouter aux 10 000 zł offerts par la
société de gardiennage du musée et aux 5 000 zł promis par la
police d'Oświecim. En tout, 115 000 zł seront offerts à quiconque
fournira des renseignements permettant de retrouver les
coupables[17].

L'enseigne est retrouvée dans la nuit du dimanche 20 au lundi


21 décembre 2009[18], près du domicile d'un des voleurs. Celle-ci a
été découpée en 3 morceaux. En tout, cinq personnes ont été
interpellées. La police a annoncé qu'il ne s'agit pas de néo-nazis,
mais de repris de justice ayant agi sur commande, pour le compte
de Anders Högström, un Suédois qui a créé dans les années 1990
le Front national socialiste, un parti néo-nazi. Högstrom a été
condamné en décembre 2010 à deux ans et huit mois de prison
pour incitation au vol[19]. L'inscription est ressoudée en 2011 mais
c'est désormais une copie qui a été installée à l'entrée du camp,
l'originale étant conservée au musée.
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Arbeit macht frei est également le titre d'un album du groupe


italien Area (groupe) sorti en 1973.
Cette phrase est évoquée dans le dessin animé de Paul
Grimault Le Roi et l'Oiseau, sorti en 1980. Dans une des scènes
du film, le Roi tyrannique fait l'Oiseau et son ami le Ramoneur
prisonniers. Promettant de les libérer en échange de la main de
la Bergère qu'il convoite, il ne respecte pas sa parole et, au lieu
de les relâcher, les envoie travailler dans ses usines en
déclarant à sa future femme : « Le travail, ma belle, c'est la
liberté ! ».
Le groupe punk-rock français Les rats a fait dans De Prisa
(1995) de ce slogan le titre d'une de ses chansons.
Le groupe punk-rock Arseniq 33, de Montréal, a également
composé une chanson intitulée Arbeit macht frei qu'on retrouve
sur l'album Y'a des limites à faire dur (1999).
L'artiste David TMX propose également une chanson avec ce
titre dans son album Les Mondes parallèles, sorti en
décembre 2003.
Arbeit macht frei est aussi le titre d'une chanson du groupe
anglais The Libertines sortie le 30 août 2004 sur l'album The
Libertines.

C'est le nom d'une œuvre de Claude Lévêque refusée au Grand


Palais en 2006.
Le groupe punk-rock français Guerilla Poubelle a lui aussi fait de
ce slogan un refrain sarcastique dans l'album Punk =
Existentialisme sorti le 29 octobre 2007 et dont le titre est Le
travail rend libre.

Arbeit macht frei est aussi le refrain de la chanson Souriez vous


êtes filmé (2011) du groupe genevois de punk Sergent papou.

Variante française

Le travail c'est la liberté est un film français de 1959 réalisé par


Louis Grospierre.
Dans l'album des Pieds nickelés Les Pieds nickelés en Guyane
(1976), sur la première planche, on peut lire « Le travail c'est la
lib[illisible] » sur le mur de la cellule de prison.

Notes et références
1. (de) „Arbeit macht frei“: Herkunft und Hintergrund der KZ-Devise.
(ISBN 978-3-322-92320-2, Google bookID=aXZ_BwAAQBAJ)
2. (de) Hermann Kaienburg, Konzentrationslager und deutsche
Wirtschaft 1939–1945, 2013 (ISBN 978-3-322-97342-9,
Google BookID=DPWcBgAAQBAJ)

3. Bundestagswahl: Anpfiff zum Endspiel source=stern.de


date=2005-07-22 [1] (https://www.stern.de/politik/deutschlan
d/bundestagswahl-anpfiff-zum-endspiel-3293460.htm
l) [archive]

4. le PDG du groupe VW, Herbert Diess, fait scandale en 2019 en


tentant de motiver ses employés à travailler avec le slogan
« Ebit macht frei »[2] (https://www.spiegel.de/wirtschaft/unter
nehmen/vw-volkswagen-chef-herbert-diess-entschuldigt-sich-f
uer-aussage-ebit-macht-frei-a-1257673.html) [archive] Der
Spiegel - Wirtschaft

5. En juillet 2017, le magazine d'information serbe Nedeljne


Informativne Novine a utilisé la phrase en première page pour
critiquer le non-respect par le gouvernement serbe des lois sur
le travail et la grève en vigueur [3] (https://www.derstandard.at/
story/2000061546793/serbisches-nachrichtenmagazin-entsch
uldigt-sich-wegen-der-titelseite) [archive]

6. (en) Kate Connolly, « Poland declares state of emergency after


'Arbeit Macht Frei' stolen from Auschwitz », The Guardian,‎
18 décembre 2009 (lire en ligne (http://www.guardian.co.uk/w
orld/2009/dec/18/auschwitz-arbeit-macht-frei-sig
n) [archive]).
7. Lorenz Diefenbach, Arbeit macht frei : Erzählung von Lorenz
Diefenbach. J. Kühtmann's Buchhandlung, 1873.

8. Auguste Forel, Les Fourmis de la Suisse (2de éd.), La Chaux-


de-Fonds, Imprimerie coopérative, 1920 (lire en ligne (https://a
rchive.org/stream/lesfourmisdelasu00fore#page/n7/mode/2u
p) [archive]), p. 21-22.

9. Wolfgang Brückner , « Arbeit macht frei ». Herkunft und


(de)

Hintergrund der KZ-Devise, Leske + Budrich, 1988,


(ISBN 978-3810022073).

10. Anne Applebaum, Goulag : Une histoire, 2005, p. 216.


11. Frédéric F. Clairmont, I.G. Farben et le IIIe Reich, Le Monde
Diplomatique, déc. 1978, [4] (https://www.monde-diplomatiqu
e.fr/1978/12/CLAIRMONT/34962) [archive]

12. « letemps.ch/Page/Uuid/1253284c-… » (https://www.letemps.


ch/Page/Uuid/1253284c-ec1d-11de-976e-533375518f5a/Qui_
(Archive.org (https://web.archive.org/web/
a_voulu_profaner_Auschwitz)
*/http://www.letemps.ch/Page/Uuid/1253284c-ec1d-11de-976e-533375518f5a/Qu

i_a_voulu_profaner_Auschwitz) • Wikiwix (https://archive.wikiwix.com/cache/?url=

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/1253284c-ec1d-11de-976e-533375518f5a/Qui_

a_voulu_profaner_Auschwitz) • Archive.is (https://archive.is/http://www.letemps.c

h/Page/Uuid/1253284c-ec1d-11de-976e-533375518f5a/Qui_a_voulu_profaner_Aus

chwitz) • Google (https://webcache.googleusercontent.com/search?hl=fr&q=cach

e:http://www.letemps.ch/Page/Uuid/1253284c-ec1d-11de-976e-533375518f5a/Qu

i_a_voulu_profaner_Auschwitz) • Que faire ?)


.
13. Rees 2005 ép. 1, 6 min 28 s
14. « Inauguration du « B » d'Auschwitz, 30 janvier 2014 » (https://
www.auschwitz.be/fr/accueil/agenda/inauguration-du-b-d-aus
chwitz-30-janvier-2014) [archive], sur auschwitz.be (consulté
le 17 juillet 2019).

15. « Avec un B inversé » (https://www.lavenir.net/opinions/2014/


01/31/avec-un-b-inverse-FSQPIUG7JZG27GFNMCD4NKSXA
4/) [archive], sur lavenir.net, 31 janvier 2014 (consulté le
15 mai 2022).

16. "Arbeit macht frei" sign stolen — 100,000 PLN reward - Site du
musée d'Auschwitz (http://en.auschwitz.org.pl/m/index.php?o
ption=com_content&task=view&id=723&Itemid=7) [archive]

17. 115 tys. za pomoc w znalezieniu napisu "Arbeit macht frei" (htt
p://www.tvn24.pl/12690,1634353,0,1,110-tys-za-pomoc-w-zna
lezieniu-napisu-arbeit-macht-frei,wiadomosc.html) [archive],
sur le site tvn24.pl.

18. AFP : L'inscription "Arbeit macht frei" volée à Auschwitz,


retrouvée. (http://www.google.com/hostednews/afp/article/AL
eqM5jhg5npr6n8p-ywA3ylJM1VgafD3Q) [archive]

19. Vol d'Auschwitz le suédois Hogstrom condamné (http://www.le


point.fr/monde/vol-d-auschwitz-le-suedois-hogstrom-condamn
e-a-32-mois-de-prison-30-12-2010-125426_24.php) [archive]
sur le site www.lepoint.fr consulté le 12 décembre 2012
Liens externes

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