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Marguerite Yourcenar

Marguerite Yourcenar, née Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerck de Crayencour le
8 juin 1903 à Bruxelles et morte le 17 décembre 1987 à Bangor, dans l'État du Maine (États-Unis), est un
écrivain français, naturalisée américaine, auteur de romans et de nouvelles « humanistes », ainsi que de récits
autobiographiques. Elle fut aussi poète, traductrice, essayiste et critique.

Elle fut la première femme élue à l'Académie française en 1980, après un soutien actif de Jean d'Ormesson, qui
prononça le discours de sa réception.

Marguerite Antoinette Jeanne Marie Ghislaine Cleenewerck de Crayencour est née dans une maison de l'avenue
Louise, à Bruxelles, d'un père originaire de la Flandre française et lié a l'aristocratie, Michel Cleenewerck de
Crayencour, et d'une mère belge, Fernande de Cartier de Marchienne. Sa mère meurt dix jours après sa
naissance, Marguerite Cleenewerck de Crayencour est élevée chez sa grand-mère paternelle (dont elle fait, dans
Archives du Nord, un portrait à l'acide) par son père, anti-conformiste et grand voyageur. Elle passe ses hivers à
Lille et ses étés, jusqu'à la Grande Guerre, dans la propriété familiale située au Mont Noir dans la commune de
Saint-Jans-Cappel (Nord). Elle valide la première partie de son baccalauréat à Nice, sans avoir fréquenté l'école.
Son premier poème dialogué, Le Jardin des chimères, est publié à compte d'auteur en 1921 et signé Yourcenar,
une quasi anagramme de Crayencour (à l'omission d'un C près).

Elle accompagne son père dans ses voyages : Londres pendant la Première Guerre mondiale, le midi de la
France, la Suisse, l'Italie où elle découvre avec lui la Villa Adriana à Tivoli. Elle l'observe, assiste à ses amours
(Alexandre, Gabriel, Flavio et Pierre) dont elle fera la trame de Quoi ? L'éternité.

En 1929, elle publie son premier roman, inspiré d'André Gide2, d'un style précis, froid et classique : Alexis ou
Le Traité du vain combat. Il s'agit d'une longue lettre dans laquelle un homme, musicien renommé, confie à son
épouse son homosexualité et sa décision de la quitter dans un souci de vérité et de franchise. La « Monique » du
texte n'est autre que le grand amour du père de Yourcenar, Jeanne de Vietinghoff (née Bricou), par ailleurs
ancienne condisciple de sa mère.

Après le décès de son père, en 1929 (après qu'il eut lu le premier roman de sa fille), Marguerite Yourcenar mène
une vie bohème entre Paris, Lausanne, Athènes, les îles grecques, Constantinople, Bruxelles... Elle aime des
femmes et tombe amoureuse d'un homme homosexuel, André Fraigneau, écrivain et éditeur chez Grasset. Elle
publie les Nouvelles orientales, échos de ses voyages, Feux, composé de textes d'inspiration mythologique ou
religieuse entrecoupés d'apophtegmes, où l'auteur traite sur différents modes le thème du désespoir amoureux et
des souffrances sentimentales, repris plus tard dans Le Coup de grâce (1939), court roman sur un trio amoureux
ayant pour cadre la Courlande pendant la guerre russo-polonaise de 1920.

En 1939, son père est mort depuis dix ans, elle manque d'argent et l'Europe s'agite dangereusement. Elle part
pour les États-Unis rejoindre Grace Frick, sa compagne depuis 1937, avec qui elle vécut jusqu'à la mort de
celle-ci en 1979. Elles s'installent à partir de 1950 sur l'île des Monts Déserts (Mount Desert Island, dans le
Maine), qu'elles avaient découverte ensemble en 1942, et nomment leur maison Petite-Plaisance. Yourcenar y
passe le reste de sa vie : citoyenne américaine en 1947, elle enseigne la littérature française et l'histoire de l'art
jusqu'en 1953.

Son roman Mémoires d'Hadrien, en 1951, connaît un succès mondial et lui vaut le statut définitif d'écrivain,
consacré en 1970 par son élection à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, et dix
ans plus tard, par son entrée à l'Académie française, grâce au soutien actif de l'écrivain et académicien Jean
d'Ormesson. Marguerite Yourcenar est la première femme à siéger à l'Académie française. Elle dit avoir
longtemps hésité, pour le choix de son sujet, entre l'empereur Hadrien et le mathématicien-philosophe Omar
Khayyam.

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Sa vie se partage entre l'écriture dans l'isolement de l'île des Monts-Déserts et de longs voyages, dont des
périples autour du monde avec Jerry Wilson, son dernier secrétaire. Elle meurt le 17 décembre 1987 aux États-
Unis à Mount-Desert. Elle est enterrée au cimetière Brookside à Somesville (Maine).

Des romans historiques aux mémoires autobiographiques, l'œuvre de Yourcenar s'inscrit en marge du courant
engagé de son époque et se caractérise d'abord par sa langue, au style épuré et classique, et aussi par son
esthétisme et le désir d'affirmer la finalité de la littérature : la narration. Inspirée par la sagesse orientale, et
surtout par la philosophie greco-latine, la pensée de l'écrivain ne s'est jamais éloignée de l'humanisme de la
Renaissance :

« Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté pour la première fois un coup d'œil
intelligent sur soi-même : mes premières patries ont été les livres. »

— Mémoires d'Hadrien

Marguerite Yourcenar lisait couramment le grec et le latin et connaissait parfaitement les textes antiques. Pour
la rédaction des Mémoires d'Hadrien, elle s'obligea à lire ou relire tous les textes majeurs de l'époque d'Hadrien3

Œuvres

 1921 : Le Jardin des chimères (poésie)


 1922 : Les dieux ne sont pas morts (poésie)
 1929 : Alexis ou le Traité du vain combat (roman)
 1931 : La Nouvelle Eurydice (roman)
 1932 : Pindare (essai)
 1934 : Denier du rêve (roman)
 1934 : La mort conduit l'attelage
 1936 : Feux (poèmes en prose)
 1937 : Les Vagues de Virginia Woolf (traduction)
 1938 : Les Songes et les Sorts
 1938 : Nouvelles orientales, (nouvelles)
 1939 : Le Coup de grâce (roman)
 1947 : Ce que savait Maisie d'Henry James (traduction)
 1951 : Mémoires d'Hadrien (roman)
 1954 : Électre ou La chute des masques
 1956 : Les Charités d'Alcippe ( Le Flûte enchantée, Liège, poésies)
 1958 : Présentation critique de Constantin Cavafy 1863-1933, suivie d'une traduction intégrale des ses
Poèmes (poésie, traduction)
 1962 : Sous bénéfice d'inventaire (essai)
 1962 : Ah, mon beau château (château de Chenonceau)
 1963 : Le Mystère d'Alceste (théâtre)
 1963 : Qui n'a pas son Minotaure ?
 1964 : Hortense Flexner, suivi de poèmes choisis (poésie, essai, traduction)
 1964 : Fleuve profond, sombre rivière (poésie, traduction de negro spirituals)
 1968 : L'Œuvre au noir (roman)
 1969 : Présentation critique d'Hortense Flexner, choix de poèmes (traduction)
 1971 : Réception de Madame Marguerite Yourcenar à l'Académie royale de langue et de littérature
françaises de Belgique - Discours de M. Carlo Bronne et de Mme Marguerite Yourcenar (discours)
 1971 : Théâtre I (Rendre à césar, la Petite Sirène et le Dialogue dans le marécage) (théâtre)
 1972 : Entretiens Marguerite Yourcenar et Patrick de Rosbo (entretien)
 1974 : Le Labyrinthe du monde. I, Souvenirs pieux (roman)
 1977 : Le Labyrinthe du monde. II, Archives du Nord (roman)
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 1979 : La Couronne et la Lyre (anthologie de poèmes traduits du grec)
 1980 : Les Yeux ouverts : entretiens avec Marguerite Yourcenar de Matthieu Galey (entretien)
 1980 : Mishima ou la Vision du vide, (Gallimard, essai)
 1981 : Discours de réception de Madame Marguerite Yourcenar à l'Académie française et réponse de
Monsieur Jean d'Ormesson (discours)
 1982 : Comme l'eau qui coule (Anna, soror…, Un homme obscur, Une belle matinée)
 1982 : Œuvres romanesques (Pléiade)
 1982 : Sur quelques thèmes érotiques et mystiques de la Gita-Govinda - L'Andalousie ou les Hespérides
(essai)
 1983 : Le Coin des "Amen" de James Baldwin (traduction)
 1983 : Le Temps, ce grand sculpteur
 1984 : Blues et Gospels (poésie, traduction)
 1984 : Cinq Nô modernes de Yukio Mishima (traduction)
 1984 : Les Charités d'Alcippe, (poème)
 1985 : Le Cheval noir à tête blanche (conte indien)
 1987 : La Voix des choses (essai)
 1988 : Le Labyrinthe du monde. III  : Quoi? L'Éternité (roman)
 1982 : "... Si nous voulons encore essayer de sauver la Terre" (conférence)
 1989 : En pèlerin et en étranger (essai)
 1991 : Le Tour de la prison (essai, voyages)
 1991 : Essais et Mémoires (Pléiade)
 1992 : Écrit dans un jardin (poème illustré par Pierre Albuisson)
 1993 : Conte bleu - Le Premier soir - Maléfice (contes)
 1994 : Poèmes à la nuit (préface de M. Yourcenar) de Rainer Maria Rilke (poésie)
 1995 : Lettres à ses amis et quelques autres (correspondance)
 1999 : Radioscopie de Jacques Chancel avec Marguerite Yourcenar' (entretien)
 1999 : Sources II (essai)
 1999 : Marguerite Yourcenar : Entretiens avec des Belges (entretien)
 2002 : Portrait d'une voix (entretien)
 2003 : Les Trente-Trois Noms de Dieu (essai)
 2004 : D'Hadrien à Zénon. Correspondance 1951-1956 (correspondance)
 2007 : D'Hadrien à Zénon II. Une volonté sans fléchissement  : correspondance, 1957-1960
(correspondance)
 2008 : Marguerite Yourcenar en questions (questionnaire)
 2010 : D'Hadrien à Zénon III. (à paraître)

Alexis ou le Traité du vain combat est un roman épistolaire de Marguerite Yourcenar, paru en 1929.

Il se situe en Autriche, à la veille de la Première Guerre mondiale.

Dans une longue lettre, Alexis, jeune musicien de vingt-quatre ans, décrit à son épouse Monique le « vain
combat » qu’il mène depuis des années contre la nature de ses désirs profonds et qui l’amène à rompre : l’amour
des hommes qui est suggéré entre les lignes du récit.

Mémoires d'Hadrien de Marguerite Yourcenar

Ce roman historique, en 6 chapitres non numérotés et titrés en latin, est paru chez Plon en 1951.
Les Mémoires d’Hadrien se présente
comme une lettre adressée par l’empereur Hadrien  vieillissant (76-138) à son petit-fils adoptif de dix-sept ans, 
Marc Aurèle, qui doit lui succéder en tant qu’empereur.

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Cette «  méditation écrite d’un malade qui donne audience à ses souvenirs »  a pour but d’aider le jeune homme
à se préparer à la rude tâche qui l’attend et de lui permettre de réfléchir à l’exercice du pouvoir.  Hadrien, sur le
ton de la confession, y dresse le bilan de sa vie.
Cette lettre en 6 parties  est composée en fait  de quatre parties  encadrées d’un prologue et d’un épilogue .
Elle commence par la visite que l’empereur Hadrien a fait le jour même à Hermogène, son médecin. Bien que
celui-ci se soit montré rassurant, Hadrien, qui, a soixante ans, se sent trahi par son corps et pense que sa mort est
imminente. Il entreprend d’analyser son parcours pour « trouver un sens à sa vie et à sa mort ».
Il y évoque sa jeunesse et les personnes, les combats,  et les lectures qui  l’ont influencé. Il confie également les
circonstances secrètes qui lui ont permis de devenir empereur. Dans sa jeunesse,  Hadrien combat aux côtés de
Trajan. Protégé par Plotine, la femme de Trajan , il parvient à conquérir la sympathie de l’empereur,  qui à
quarante ans le désigne comme successeur. Marié à Sabine , il  n'en éprouve nulle satisfaction, et se consacre à
l'Empire. Homme de paix,  clairvoyant et éclairé, il renonce à certaines colonies précaires, et travaille à la
pacification de l'Empire. Pour lui la guerre est un moyen et non un objectif. Il a durant son règne, travaillé  à la
consolidation de son empire et à l'amélioration des conditions de vie des femmes et des esclaves. Il s’est ainsi
efforcé de rendre la société romaine plus juste.
Alors qu’il voyage en Asie Mineure, Hadrien va rencontrer le jeune Antinoüs qui va bouleverser sa vie. Emu
par la beauté du jeune bithynien, Hadrien  découvre le bonheur. La disparition de son favori, qui s'est suicidé
par amour,  «  marque un point de non retour dans l’existence d’Hadrien ». Il lui fait ériger une cité et lui voue
un culte fervent.
Après une dernière victoire en Judée, Hadrien ressent les premières douleurs cardiaques.  Malade, il se retire
pour méditer sur son corps dont la mort va bientôt le délivrer.
Les Mémoires d’Hadrien se terminent par une méditation sur le suicide . Ayant le sentiment du devoir
accompli, il pense en effet un moment mettre fin à ses jours , mais se résigne finalement à attendre la mort avec
dignité et patience …

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