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Le DMP en établissement

de santé
Retours d’expérience

JUIN 2019
LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

OBJET DU DOCUMENT
Ce document présente les enseignements à tirer de cinq expériences d’usage du DMP en
établissement de santé. Il s’adresse aux directeurs d’établissement et aux présidents de CME pour les
aider identifier les enjeux d’un tel projet.
À la lecture de ce document, le décideur sera en mesure :
 d’expliquer les freins qui ont été à l’origine du très faible déploiement du DMP dans les
établissements sanitaires ;
 d’identifier les attentes des professionnels vis-à-vis du DMP, notamment dans le cadre de
l’amélioration de la prise en charge coordonnée du patient ;
 de mettre en évidence les usages avancés du DMP et les circonstances qui les ont permis.

SOMMAIRE
1. Contexte ............................................................................................................................... 4
2. Le déploiement du DMP dans un établissement de santé ....................................................... 5
2.1. Le DMP .................................................................................................................................... 5
2.2. La « DMP compatibilité » du dossier patient .......................................................................... 6
2.3. Le financement du projet ........................................................................................................ 7
2.4. Soutien de la CNAM ................................................................................................................ 8
2.5. Un projet institutionnel ......................................................................................................... 10
3. Création et alimentation du DMP ........................................................................................ 13
3.1. La création du DMP ............................................................................................................... 13
3.2. La consultation ...................................................................................................................... 15
3.3. L’alimentation du DMP.......................................................................................................... 16
4. Témoignages et cas d’usage du DMP ................................................................................... 18
4.1. En Haute-Garonne ................................................................................................................. 18
4.2. Puy de Dôme ......................................................................................................................... 19
4.3. Somme — Hauts de France ................................................................................................... 19
4.4. Côtes-d’Armor ....................................................................................................................... 20
4.5. Centre Val de Loire ................................................................................................................ 21

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1. CONTEXTE
Le Dossier Médical Partagé
Le projet DMP, appelé alors Dossier Médical Personnel, a démarré en
2004. Des expérimentations régionales ont été tentées en 2008 et 2011,
mais sans généralisation possible.
Relancé par la loi de modernisation du système de santé en 2016, le
dossier médical partagé (DMP) correspond au dossier numérique du
patient au service de la continuité et de la coordination des soins. L’objectif affiché est de créer 40
millions de DMP d’ici 2022.
Après une expérimentation menée dans neuf départements depuis fin 2016, la généralisation du DMP
à l’ensemble des assurés sociaux est officialisée depuis novembre 2018.

La reprise par la CNAM du projet de déploiement du DMP


Le déploiement généralisé du DMP, avec la reprise du projet par la CNAM, a nécessité de s’appuyer
sur les acteurs de terrain que sont la ville et les structures de santé sanitaires et médico-sociales.
L’adhésion des acteurs des structures sanitaires pour l’utilisation et l’alimentation du DMP constitue
le point majeur de réussite du projet.

Points durs à l’origine de cette production


Il s’agit d’identifier les freins au développement du DMP dans les Établissements de Santé du point de
vue des DSI et des professionnels de santé et notamment les difficultés liées :
 au processus de mise en place du DMP au sein de l’organisation ;
 au processus de création du DMP, d’ajout d’information, d’exploitation d’information ;
 aux manques fonctionnels du DMP identifiés par les professionnels de santé.

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2. LE DEPLOIEMENT DU DMP DANS UN ETABLISSEMENT DE SANTE


Plusieurs freins sont apparus au fil des expérimentations dans les différents processus concourant à la
mise à disposition du DMP auprès des professionnels de santé et des patients. Les difficultés
rencontrées sont décrites ci-dessous ainsi que les éventuelles pistes pour les lever.

2.1. Le DMP
Qui accède au DMP ?
La CNIL précise, sur son site https://www.cnil.fr, les règles d’accès au DMP, son contenu et les droits
associés.
L’accès au DMP d’un patient est réservé aux professionnels de santé expressément autorisés par le
titulaire, ou réputés autorisés du fait de leur appartenance à l’équipe de soins.
L’ensemble des accès et actions sur le DMP est tracé. Ces traces sont consultables à tout moment par
le titulaire du DMP. Un système de notification permet également d’avertir le patient à la création du
DMP, en cas de première consultation de son DMP par un professionnel de santé ou lors d’un accès
au DMP en situation d’urgence (en mode « bris de glace »).

La gestion des accès dans un établissement et les prérequis à l’alimentation


Les données contenues dans la carte Vitale sont indispensables pour créer, alimenter et/ou consulter
le DMP d’un patient.
Si l’accès est manuel en se connectant directement sur le dossier du patient via le site Internet DMP,
www.dmp.fr, le praticien utilise sa carte CPS et la carte Vitale du patient. La seule difficulté dans ce cas
est de s’assurer que le médecin et le secrétariat médical sont chacun détenteur respectivement d’une
carte CPS et d’une carte CPE (Carte Professionnelle Employé).
Lorsque l’alimentation est automatisée, l’identifiant national de santé calculé (INS-C) est nécessaire
pour identifier le patient dans le flux transmis au DMP.
En conséquence, les données personnelles constituant l’INS-C du patient sont lues dans la carte Vitale
à son admission et doivent être stockées dans le dossier patient, ce qui n’est pas toujours le cas.

Quelles sont les données contenues dans le DMP ?


Le DMP peut contenir pour l’essentiel les informations suivantes :
- les données d’identification du titulaire du dossier
- l’historique de soins de l’assurance maladie sur les 24 derniers mois. Ces données seront
automatiquement alimentées par la CNAM
- les antécédents médicaux (tels que les pathologies, les allergies...)
- les résultats d’examens médicaux (tels que les comptes-rendus d’analyses biologiques, les
examens d’imagerie médicale, etc.)
- les comptes-rendus d’hospitalisation
- les directives anticipées de fin de vie
- les coordonnées des proches à prévenir en cas d’urgence, de la personne de confiance, du
médecin traitant et des professionnels de santé autorisés à accéder au dossier.

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À ce jour, la plupart des données sont stockées dans des documents au format standard PDF, utilisable
sur tous les matériels (sous réserve de l’installation du logiciel gratuit Acrobat Reader). Ils peuvent être
importés par les logiciels respectant les spécifications du volet « structuration minimale des
documents médicaux », telles que décrites dans le guide du même nom fourni par l’ASIP Santé (Agence
Française de la santé numérique).
Progressivement, les logiciels mettront en œuvre des échanges de données structurées. Ces données
seront utilisables par les logiciels des professionnels de santé. Pour ce faire, les éditeurs devront
respecter les normes d’échanges et les référentiels tels que décrits dans le cadre d’Interopérabilité des
Systèmes d’Information de Santé (CI-SIS) publié par l’ASIP, pour les dossiers de liaison des urgences,
les comptes-rendus de biologie médicale, d’anatomopathologie, cardiologie… Pour aller plus loin : le
format des données transmises dans le DMP est de type CDA R2
 niveau 1 (format PDF),
 niveau 2 (format semi-structuré avec des zones de texte),
 niveau 3 (données structurées respectant des normes telles que LOINC pour les analyses de
biologie médicale).

Les fonctions offertes au patient


Tout titulaire d’un DMP accède directement à celui-ci en utilisant son compte d’accès Internet ou via
son application mobile. Il peut également y accéder par l’intermédiaire d’un professionnel de santé ou
de la CNAM.
Tout titulaire peut rectifier à tout moment les données qu’il a lui-même renseignées. La rectification
des données renseignées par un professionnel de santé doit être réalisée auprès du professionnel
identifié comme l’auteur de l’information ou s’exercer auprès de l’établissement. Le cas échéant, il
convient donc que les établissements mettent en place le processus ad hoc pour rectifier les
documents.
Il faut toutefois noter que compte tenu de la complexité des opérations de modification ou
suppression de documents en cas d’erreur (identitovigilance, saisie…), ces opérations sont réalisées
par les administrateurs des applications en lien avec l’équipe Support DMP. Le titulaire dispose d’un
« droit de masquage ». Il peut décider de rendre inaccessibles des informations, soit directement via
son compte Internet, soit indirectement par l’intermédiaire d’un professionnel de santé. Ces
informations restent toutefois accessibles aux professionnels de santé qui les ont déposées dans le
DMP, ainsi qu’au médecin traitant déclaré dans le DMP.
Le titulaire peut fermer son DMP à tout moment. Dans ce cas, les données sont conservées pendant
dix ans.

2.2. La « DMP compatibilité » du dossier patient


Qu’entend-on par DMP Compatibilité ?
Les logiciels réputés « DMP Compatibles » subissent une procédure d’homologation établie par le
Centre National de Dépôt et d’Agrément (CNDA). La liste des logiciels homologués est disponible sur
le site du CNDA https://cnda.ameli.fr.
Certaines homologations « DMP Compatibilité » ont la réserve « non homologué IGC Santé ». IGC
Santé correspond à la nouvelle infrastructure mise en place par l’ASIP pour gérer les moyens de
sécurisation de l’échange et du partage de données de santé.
Les principales fonctions de la « DMP Compatibilité » sont :

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- l’accès sécurisé au DMP


- la création et la gestion administrative du DMP (fermeture, réactivation, mise à jour des
données administratives)
- l’alimentation d’un DMP en documents
- la consultation d’un DMP, la recherche, la consultation, l’archivage ou la suppression d’un
document et la modification de certains attributs d’un document (masquage au Professionnel
de Santé, visibilité au patient)
Les logiciels offrent tout ou partie de ces fonctions avec une ergonomie plus ou moins simple et des
opérations plus ou moins chronophages, ce qui handicape le déploiement dans les services déjà
surchargés par des tâches administratives.
Des établissements pilotes ont demandé des évolutions (payantes) pour améliorer les interfaces et
simplifier le travail des agents. L’objectif est de rendre relativement transparent le processus de
création d’un DMP et de systématiser son alimentation en documents.
Le chef de projet e-Santé de Bretagne souligne « Au niveau technique, on sent que les éditeurs ne sont
pas matures sur le sujet du DMP. Certains ont été échaudés par les expérimentations précédentes. Ils
sont encore réticents pour développer les fonctionnalités. Par exemple, l’alimentation du DMP peut
être automatique sans consentement préalable du patient. Dans certains établissements, il a fallu
financer les adaptations liées au nouveau cahier des charges. »
Les établissements MCO
Fin 2018, quatre-vingt-un logiciels d’établissements (voir annexe2) étaient « DMP compatible ».
Les établissements MCO dotés de dossier patient informatisé sont quasi assurés de la DMP
compatibilité de leur dossier patient informatisé.
Les logiciels de spécialité ou d’officine
Fin 2018, plus de cent logiciels étaient homologués (voir annexe 3).

Que faire si le logiciel n’est pas « DMP Compatible » ?


Certains logiciels ne sont pas encore « DMP Compatible » ou bien le coût de mise en place est prohibitif
pour la structure. Il arrive aussi que la mise en place de la version la plus récente nécessite une
évolution du système d’exploitation incompatible avec le matériel ou les autres logiciels en place.
Des connexions directes au DMP sont possibles via l’accès au site https://www.dmp.fr à la fois pour
créer, consulter ou alimenter le DMP des patients.
L’authentification du professionnel est réalisée par la lecture d’une carte CPS ou CPE.
La carte Vitale du patient est nécessaire pour la création du DMP.
Bien entendu, cette solution est plutôt destinée aux petites structures qui réalisent peu d’opérations
ou qui ne souhaitent pas automatiser l’alimentation du DMP.

2.3. Le financement du projet


Avant de lancer un projet DMP, la question du financement du projet se pose assez rapidement
d’autant qu’aucun retour sur investissement n’a été identifié pour les établissements. Un des
directeurs a confié « C’est une démarche militante sans aucune incitation financière ni aucun retour
sur investissement attendu, malheureusement. »
Les coûts du projet à couvrir correspondent, d’une part, aux équivalents temps plein (ETP) affectés au
projet et, d’autre part, à l’achat de compléments logiciels ainsi qu’à la mise en œuvre de la « DMP
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compatibilité » dans le logiciel Patient de l’établissement. Les expérimentations de 2008 et 2011 ont
été réalisées avec le support financier ou en personnel des Groupements de Coopération Sanitaire
(GCS) e-Santé, des GRADEs ou des ARS.
Les coûts récurrents sont liés aux opérations de création des DMP, de surveillance du bon
fonctionnement du logiciel et de la supervision des flux.

Le financement du projet dans le cadre du Programme HOP’EN


Le programme HOP'EN, pour Hôpital numérique ouvert sur son environnement, prendra la suite du
programme Hôpital numérique pour la période 2018-2022 en lien avec le programme e-parcours. Dans
la continuité du Programme Hôpital Numérique, lancé en 2012, HOP’en devrait contribuer au
financement des projets DMP dans les établissements. Le domaine du socle commun « Dossier Patient
Informatisé et Interopérable et communication extérieure » exigeait entre autres, un dossier patient
« DMP compatible » et la publication de 98 % des comptes-rendus d’hospitalisation des patients
disposant d’un DMP au moment de l’admission.

Le financement du récurrent
Même s’il n’est pas clairement identifié, il est certain que la dématérialisation des flux vers la ville, les
autres établissements ou encore vers les patients permettra, à terme, des gains du fait de la réduction
de la production de documents papier. Cela diminuera les frais de gestion de courrier, des impressions,
des frais de timbrage. La publication de l’ANAP « Zéro papier pour soigner : pourquoi ? Comment »
permet d’accompagner cette démarche au travers de retours d’expérience de terrain.

2.4. Soutien de la CNAM


Les établissements des régions pilotes ont déployé le DMP avec un fort soutien de la CNAM. En phase
de généralisation du DMP au niveau national, les établissements seront accompagnés, selon
l’organisation mise en place dans chaque CNAM, par le chef de projet « déploiement DMP », par les
Conseillers Informatiques Service (CIS) ou encore par les Délégués Assurance Maladie (DAM).

S’appuyer sur la CPAM


Nathalie GRABHERR, chef de projet de l’Assurance Maladie du département Indre et Loire, décrit
l’organisation mise en place pour accompagner le déploiement du DMP.
Elle a convaincu les chefs d’établissement, les présidents de CME de démarrer le projet. (Cf. en
annexe 1, une présentation en CME).
Trois objectifs étaient fixés aux chefs de projets CPAM :
- Ouvrir en masse les DMP
- Mobiliser les professionnels
○ en ville - volet médical de synthèse (antécédents, allergies…)
○ dans les établissements : comptes-rendus consultations, hospitalisation et
opératoire puis biologie
- Promouvoir la consultation du DMP et développer les usages : par la ville (généralistes et les
spécialistes) ou dans l’hôpital (service des urgences et de la régulation).
Elle explique « Au départ, tout le monde s’attendait. On n’alimente pas, car il n’y a pas de création, on
ne consulte pas, car il n’y a pas assez d’alimentation… »

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Pour mobiliser les acteurs, des présentations aux commissions paritaires et aux conseils de l’ordre ont
été organisées dès fin 2016.
Un comité opérationnel se réunit tous les semestres. Il est composé de représentants des services
concernés de la CPAM (direction, communication accueil, services des conseillers informatiques), des
directeurs d’établissements ou de leurs directeurs du système d’information (DSI), des URPS, des
médecins, des infirmiers, des laboratoires, des dentistes, des usagers… Cette instance a généré une
dynamique au niveau du département.
Les fédérations participent aux réunions de l’ARS.
De plus, lors de la Commission de Coordination des Politiques Publiques de Santé (CCPPS) : le DMP est
une des thématiques traitées. Les CCPPS (décret n° 2010-346 du 31 mars 2010) sont animées par l’ARS
dans les champs de la prévention et de la prise en charge et de l’accompagnement médico-social. Elles
sont composées d’une quinzaine de représentants de l’État, des collectivités territoriales et des
organismes de sécurité sociale. Elles ont pour objectif de faciliter la coordination de l’action de ces
différents partenaires.
À partir de 2016, « l’accompagnement auprès des professionnels et des établissements a décoincé le
système. » Début décembre, plus de 70 000 DMP sont créés dans le département soit 15 % de la
population assurée. Avant la reprise du déploiement par la CNAM, 10 000 dossiers étaient ouverts.
85 % des DMP ont été créés en deux ans. L’expérimentation menée depuis fin décembre 2016 a
clairement accéléré la dynamique de créations.
En s’appuyant sur cette expérience, la démarche d’accompagnement de la CPAM auprès des
établissements consisterait à
- Cibler les établissements
- Informer les directions et intervenir dans les instances
- Établir un diagnostic en lien avec la direction, la présidence de CME et la DSI
- Mettre en place un comité de suivi pour maintenir le rythme du projet de mise en place jusqu’à
l’alimentation systématique
- Communiquer les indicateurs de la CPAM et aider les établissements à constituer le tableau
de bord de suivi du déploiement en termes de nombre d’ouverture, ratio
alimentation/nombre d’hospitalisation, d’entrées aux urgences, de consultations ou encore
d’examens…

L’accompagnement des EHPAD et établissements psychiatriques


En 2018, le directeur en charge du projet à la CPAM du Puy de Dôme a promu le DMP dans les EHPAD.
« Il s’agit d’un gros chantier, car il y a une forte attente de la part des directions. »
Le chef de projet e-santé de Bretagne, Pierre Barel, complète le propos « Les EHPAD et les petits
établissements de type psychiatriques ont besoin d’un accompagnement fort par manque de
compétences en système d’information et de temps. À cela s’ajoutent des problématiques liées :
- Au coût : les offres d’évolution des éditeurs sont trop élevées pour les structures financièrement
contraintes. Une orientation vers le site web DMP peut être efficiente.
- Au consentement des patients : il est “personne-directeur” dépendant. Pour autant si cela a été
géré en toute transparence avec les familles, cela présente peu de risque. »

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L’accompagnement de la CPAM auprès des établissements


Suite aux rencontres avec d’autres chefs de projet CPAM, l’un d’entre eux relate qu’« il y a une vraie
peur du monde de l’établissement de santé, par méconnaissance de son fonctionnement, du Dossier
Patient Informatisé (DPI) et de la Gestion Administrative du Malade (GAM). » Les CPAM ont l’habitude
de rencontrer les EPHAD, les médecins de ville. Ils se posent la question de leur légitimité pour
rencontrer les établissements : « En fait, il faut expliquer aux CPAM que les DSI des établissements
sauront mettre en place les pré requis techniques. Il faut les mettre en garde sur le fait de mobiliser les
directions, la CME… et non pas seulement de s’appuyer sur les opérationnels (secrétariats…). En effet,
au-delà de la technique, la mise en place du DMP passe par une conduite du changement et un projet
mené par la direction en lien avec le président de CME et le DSI. »

2.5. Un projet institutionnel


Le projet DMP doit être institutionnel et porté par la direction de l’établissement et la présidence de
la CME. Entre la décision de la direction des établissements de démarrer le projet et le déploiement, il
peut se passer entre un an à dix-huit mois selon la taille des établissements. Cette durée est ramenée
à six mois dans les plus petites structures.

Quelle motivation pour déployer le DMP ?


Un directeur de clinique affirme sa « conviction que le DMP pourrait devenir un outil extraordinaire.
J’aimerais être optimiste. On est à un virage grâce à Hôpital Numérique. » Il a du reste inscrit le DMP
dans son projet d’établissement 2017-2022 dans deux axes visant à :
- Structurer et déployer les liens sécurisés entre l’établissement et les correspondants et les
structures externes
- Favoriser la coordination ville/hôpital.
Le déploiement du DMP au sein d’un établissement peut aussi fidéliser les patients détenteurs de DMP
au détriment des autres établissements. La mise en place du DMP, au-delà du lien créé avec le patient,
crédibilise l’intérêt de l’établissement pour la continuité des soins. En effet, que pensera un patient
« acteur de sa santé » et détenteur d’un DMP si l’établissement consulté n’alimente pas son DMP ?

Constituer une équipe projet et les instances de pilotage


Dans les EHPAD ou les petites structures, le projet est mené par le directeur, le responsable
administratif en lien avec le médecin coordonnateur et la personne en charge du logiciel dossier
patient.
Le délai de mise en place est en moyenne d’un an avant la première création et la première
alimentation du DMP. À cela s’ajoute une période d’observation et d’accompagnement d’au moins un
mois auprès du premier service déployé. Il est donc important que les personnes affectées au projet
soient disponibles pendant toute la période du projet, avant la généralisation à l’ensemble de
l’établissement. Un choix judicieux des personnes de l’équipe projet et des groupes de travail sur les
différentes thématiques constitue un gage de bons résultats.
Comme dans tout projet, les instances de pilotage sont indispensables :
- Un comité de pilotage stratégique avec le directeur, le président de la CME et le chef de projet
se réunissent tous les six mois ou plus en cas de besoin
- Un comité opérationnel comprenant
o le chef de projet DMP, maîtrisant les processus de production des documents du
dossier patient et connaissant l’organisation des services médicaux. Son profil est très

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fonctionnel. Un cadre en charge des secrétariats médicaux ou un cadre de santé


impliqué dans l’informatisation du dossier patient aurait une légitimité pour mener ce
projet.
o les médecins nommés par la CME ayant une forte appétence pour la dématérialisation
du dossier patient, promoteurs du projet auprès de leurs collègues
o Le médecin en charge du département de l’information médicale (DIM) pour
l’harmonisation des comptes-rendus et leur structuration
la ou les personnes en charge :
o du bureau des entrées
o des secrétariats médicaux
o de la relation avec les usagers
o de la communication
o selon le scénario choisi pour la création des dossiers, le Directeur des Soins
o du Système d’Information

Lancer les chantiers et les groupes de travail


Les principaux chantiers à lancer :
- Définition de l’organisation et étude d’impact sur les processus existants
- Plan de déploiement
- Communication externe et interne
o vers les patients en lien, si possible, avec des représentants des usagers
o vers la médecine de ville
- Structuration et choix des documents à publier
- Paramétrage des logiciels dossier patient et mise en place des connecteurs DMP
- Gestion des habilitations
- Élaboration du tableau de bord de montée en charge et de suivi

Mutualiser avec le projet de messagerie sécurisée et/ou de portail Internet


Ce projet institutionnel peut être mené en parallèle de la mise en place de la messagerie sécurisée. En
effet, la plupart des documents produits sont communiqués au patient et au médecin « adresseur »
et/ou traitant. Pour les établissements concernés par un portail Internet patient et/ou professionnels,
là aussi, la charge de conception et de mise en œuvre de la publication des documents vers le portail
peut être en partie mutualisée.

Prendre en compte la convergence du système d’information des GHT


La convergence du dossier patient des GHT peut retarder la mise en œuvre des connecteurs DMP dans
l’attente de la migration du DPI de chaque établissement vers le DPI cible. Ce peut être aussi une
opportunité si le schéma directeur du système d’information du GHT prévoit d’accélérer le partage du
dossier patient au travers du DMP ou d’un portail Internet.

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Pérenniser
Certains établissements ont mis en place une organisation et des moyens techniques pendant la phase
projet sans pérennisation. Il semble indispensable qu’une structure transverse et fonctionnelle
supervise le bon fonctionnement du système sur le long terme.
La CNAM dispose de statistiques mensuelles pour chaque établissement. Les établissements devraient
tenir, en complément, un tableau de bord de l’activité en création ou en alimentation du DMP pour
garantir la durabilité de la publication des documents produits lorsque les DMP existent et gérer les
anomalies au quotidien. Dans le cas contraire, l’absence de suivi nuit à la complétude du DMP et à la
confiance du système, tant par les patients que par les professionnels de santé.

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3. CREATION ET ALIMENTATION DU DMP


Les établissements MCO ont pour mission principale d’alimenter le DMP dans la mesure où les
expérimentations mettent en évidence que l’ouverture des DMP sera réalisée en masse par les agents
des CPAM et les officines de pharmacie. Concernant les personnes âgées, hébergées dans les EHPAD
ou les centres de gériatrie, la création du DMP devrait faire partie intégrante de la prise en charge et
donc être systématisée. Cela dit, si un patient demande explicitement la création de son DMP, les
établissements devraient être en état de répondre à ces demandes.

3.1. La création du DMP


La création du DMP nécessite le consentement exprès et éclairé des patients. Lorsque le DMP est créé
par un agent de l’établissement, le consentement est recueilli dans le dossier patient. Un document
est remis au patient avec son code d’accès provisoire. Le patient doit se connecter à son DMP une
première fois et changer son mot de passe.
Une notification par SMS ou par mail est systématiquement adressée au titulaire pour l’avertir de cette
création.

Fonctionnalités attendues dans la GAM


La GAM doit offrir une ergonomie simple :
- Lecture et stockage des données de la carte Vitale
- Une case à cocher
o pour « création du DMP » : le logiciel vérifie si le DMP existe déjà ou pas
o pour le consentement du patient
- Un écran de saisie des coordonnées du patient téléphone mobile pour envoi de SMS et adresse
électronique si le patient préfère les échanges par mél.

L’approche organisationnelle
Cette activité supplémentaire peut être perçue comme chronophage par les agents. Aussi,
l’articulation avec des projets connexes tels que la messagerie sécurisée, le portail Internet, le rappel
de rendez-vous, la téléconsultation… facilitent l’acceptation d’une saisie supplémentaire de données
communes à ces projets : contacts téléphoniques, adresse mél. …
Pour autant, la création du DMP est loin d’être un simple acte administratif. Le patient a besoin
d’explication sur la finalité du DMP pour parfois demander un délai de réflexion.
Plusieurs approches organisationnelles peuvent être envisagées, le DMP peut-être créé par :
- le bureau des entrées
- les secrétariats médicaux
- du personnel itinérant dans les services d’hospitalisation ou de consultation
- des agents CPAM lors d’ateliers.
Dans les établissements MCO, les agents du bureau des entrées ne se sentent pas légitimes pour
donner des explications sur le DMP. De plus leur charge de travail est importante avec une priorité sur
la complétude du dossier d’admission à des fins financières. Il paraît difficile de leur confier cette
mission supplémentaire, hors la saisie et la vérification des coordonnées du patient.

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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

Les établissements préfèrent confier la création du DMP aux secrétariats médicaux, avec l’appui du
corps médical. Les agents peuvent distribuer les plaquettes de présentation du DMP en complément
d’une éventuelle campagne de communication via des affichages et la diffusion de vidéos. À terme, ce
sont les secrétariats médicaux qui devraient voir leurs tâches de production de document allégées
grâce à l’alimentation des documents dans le DMP.

Les officines de pharmacie et les agents des caisses, chevilles ouvrières du système
Outre le fait que les agents des CPAM proposent l’ouverture de DMP à leurs assurés, les CPAM pilotes
ont également délégué du personnel CPAM pour promouvoir le DMP dans les établissements.
Dans le département de Haute-Garonne, trois équivalents temps plein se déplacent sur les différents
sites pour organiser des journées « DMP » dans les plus petits établissements. Au CHU de Toulouse,
un agent temps plein de la CPAM est affecté sur les différents sites.
À fin août 2018, plus de 70 % des DMP créés dans les Côtes-d’Armor l’ont été par les accueils des
caisses ou par des agents CPAM lors d’animation dans les centres commerciaux, dans les gares SNCF,
dans les établissements de santé.
Une communication locale dans les journaux, les radios, des vidéos projetées au cinéma, du flocage
des voitures… a permis une ouverture de DMP via le site Internet dmp.fr (14 % des créations).
Le chef de projet signale que « Les établissements ouvrent peu de DMP. Ils considèrent que c’est
chronophage et ne se sentent pas légitimes. Ils apprécient et sont demandeurs de séance de
promotion et d’ouverture de DMP sur leurs sites. »
Les CPAM comptent beaucoup sur les officines de pharmacie qui perçoivent un euro par création de
DMP. À titre d’exemple, début décembre 2018, les officines des Côtes d’Amor contribuent à 17 % des
créations totales de DMP du département, cela en quelques semaines.
Au total, les officines ouvrent environ 50 % des DMP, le reste des créations étant réparti entre Internet
et les caisses.

L’expérience de la Clinique Médipôle Garonne


Le directeur de la clinique Médipôle Garonne, Jean-Michel Nabias considère que « l’objectif est que le
patient soit acteur de la démarche ». Aussi, l’établissement a opté pour une ouverture des DMP dans
les chambres des patients.
« Les personnes plus âgées ont besoin d’en parler à leur conjoint ou à leurs enfants.
17 % des patients refusent la création de leur DMP. »

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Le DMP est créé par une aide-soignante détachée 2 heures par jour.
La création du DMP est réalisée dans la chambre du patient après son intervention, lors de son retour
dans le service. Le patient est plus réceptif et moins inquiet qu’à son entrée.
L’aide-soignante consacre environ un quart d’heure par patient pour apporter les explications sur
l’utilité et les apports du DMP dans leur suivi médical. Ce temps comprend trois à quatre minutes pour
la création du DMP dans le logiciel.
La protection des données est la principale inquiétude des patients.
Le fait qu’une aide-soignante assure la création du DMP est plus légitime, car elle crée un lien plus
facile avec le patient qu’un agent administratif. « Le DMP n’est pas un acte administratif. Le fait d’aller
au pied du lit du patient s’inscrit dans un parcours. C’est une approche métier de soins. »

Les EHPAD:
Dans les Hauts de France, le chef de projet CPAM organise des journées d’animation DMP dans les
EHPAD et en lien avec la direction de l’établissement. Un agent de la CPAM recueille l’accord du patient
et crée en masse des DMP. Une organisation est mise en place avec le directeur d’établissement pour
écrire aux familles en cas de tutelle.
Dans le Puy de Dôme, Valérie Cassaro de la CPAM de Clermont-Ferrand explique que « plusieurs
présentations ont été réalisées dans les EHPAD pour expliquer comment alimenter un DLU et une offre
d’ouverture pour les résidents a été proposée. La CPAM fait face à une certaine réticence de la part des
établissements pour obtenir le consentement éclairé auprès d’une population souvent très âgée. En
effet, cela met en évidence le souhait de la plupart des familles de pouvoir accéder au DMP de leurs
proches, ce qui est contraire à la réglementation. Une solution consisterait à travailler en amont avec
les médecins coordinateurs, à la fois pour le recueil du consentement des résidents et, également pour
son alimentation. »

3.2. La consultation
Les freins majeurs à la consultation du DMP dans les établissements correspondent, d’une part, au
manque d’information sur l’existence ou non du DMP pour un patient donné, de son alimentation par
les médecins de ville et, d’autre part, dans l’obligation de s’authentifier avec une carte CPS pour
consulter le DMP.
Le faible déploiement de lecteurs de carte CPS dans les établissements ne permet pas cette
authentification. Par ailleurs, si les lecteurs de cartes sont disponibles, les médecins ont parfois égaré
leur carte et/ou leur code. De plus, la logistique de gestion des cartes et de mise en place des lecteurs
est un projet en tant que tel avec des coûts de mise en œuvre non négligeables.

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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

Pour ces raisons, la CNAM expérimentera d’ici fin 2019 des moyens d’authentification sans carte CPS
sur onze établissements. La CNIL participe à ce projet et valide les cahiers des charges et les
spécifications des solutions envisagées. L’ASIP, quant à elle, a lancé un projet e-CPS de « virtualisation
des cartes CPS ». Pour valider son authentification, le professionnel saisira un code dans une
application sur son smartphone. Ce principe simple et éprouvé est utilisé par certaines banques pour
confirmer les paiements Internet effectués par carte bancaire.
En attendant l’aboutissement de ces projets, la seule solution est de déployer des lecteurs de cartes
CPS.
Les établissements de santé ont en général déployé un dossier patient. Les médecins ne voient pas
l’intérêt de consulter le DMP de leurs patients dans la mesure où les documents et les informations les
concernant sont déjà dans le dossier patient, puisque ce sont principalement les établissements qui
alimentent, à ce jour, le DMP.

3.3. L’alimentation du DMP


La structuration des documents
Les établissements pilotes s’accordent dans le constat que les documents à publier dans le DMP
doivent être structurés en préalable au déploiement du DMP. Le chef de projet du CHU de Toulouse,
Karine Lajoinie, souligne « Il y a eu un gros travail d’analyse des textes et des lettres types pour
déterminer ce qui pouvait être adressé au patient et donc alimenter le DMP. »

Quels documents de l’établissement alimentent le DMP ?


Les documents stockés dans le dossier patient informatisé de l’établissement alimentent en priorité le
DMP :
- la lettre de consultation
- le compte-rendu de consultation (plus structuré)
- le compte-rendu de sortie d’hospitalisation
- la lettre complémentaire de compte-rendu d’hospitalisation qui contient des résultats et
informations liés au séjour, publiée après la sortie du patient
Les logiciels de spécialités (radiologie, laboratoire, radiothérapie, ophtalmologie…) ou les logiciels
d’officine utilisés dans des cabinets médicaux n’alimentent pas toujours le dossier patient de
l’établissement. Si tel n’est pas le cas, un projet doit être mené avec chaque service concerné pour
alimenter le dossier patient de l’établissement et le DMP, par ricochet. En attendant, l’alimentation du
DMP peut se faire au travers du logiciel de spécialité s’il est « DMP compatible ».
Tous les documents produits par les médecins ne sont pas nécessairement envoyés automatiquement
dans le DMP. Soit en fonction du type de document, soit par action manuelle, les secrétaires choisiront
les éléments à transmettre, avant leur validation et la signature médicale. En effet, certains comptes-
rendus d’examens, tel qu’en imagerie ou en anatomopathologie, peuvent contenir des informations
sensibles que seul un professionnel de santé peut annoncer et expliquer à un patient. C’est le cas par
exemple en cas de pathologie grave, comme en oncologie.

Alimentation automatique et interopérabilité


Les établissements mettent en place les connecteurs DMP livrés avec les logiciels « Dossier Patient »
ou les composants installés, en complément, pour gérer les flux entre les différentes applications, à
savoir, en anglais, l’Entreprise Application Integration’ (EAI). L’EAI permet de gérer l’interopérabilité
entre l’ensemble des applications du système d’information. C’est grâce à l’EAI que les flux sont
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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

contrôlés et supervisés pour alimenter le DMP et d’autres applications telles que la messagerie
sécurisée ou le portail Internet des établissements.
Le flux automatique envoyé au DMP consiste en l’envoi d’un fichier contenant les données patient et
les caractéristiques du document envoyé. En retour, le système du DMP renvoie l’état de la
transmission (acquiescement, ou codes erreurs éventuels).

Gestion des anomalies


Les flux DMP nécessitent une surveillance et la mise en place de nouvelles procédures, cela même
après le démarrage de l’alimentation automatique par les établissements.
Les établissements doivent dédier des moyens et une organisation pour surveiller les flux et traiter les
anomalies.
Les processus de traitement des rejets ou des anomalies sont à étudier et à mettre en place en lien
avec les cellules d’identitovigilance, les DSI et les GRADeS. En effet, les documents intégrés dans le
DMP sortent des établissements et peuvent alimenter également des logiciels de médecins de ville ou
d’autres établissements. Le traitement de bout en bout des anomalies doit être prévu.
Les établissements doivent donc veiller à mettre en place un circuit permettant de gérer les anomalies
ou les demandes de rectification des patients. Les principales anomalies proviennent :
 De la constitution en amont des flux sans contrôle de certaines données. Par exemple, le nom
des praticiens n’est pas issu du Répertoire Partagé des Professionnels (RPPS).
 D’envoi du flux de données sans vérification de l’existence du DMP du patient. Pour ce faire,
les éditeurs devraient fournir un moyen pour collecter cette information.
 D’erreur de saisie lorsque l’INS-C ou d’autres données structurantes sont saisies manuellement
 De problème d’identitovigilance et d’enregistrement de documents dans un mauvais dossier
patient.
Les anomalies devraient faire l’objet d’un suivi par une instance de chaque établissement telle que la
cellule d’identitovigilance.

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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

4. TEMOIGNAGES ET CAS D ’USAGE DU DMP

4.1. En Haute-Garonne
Ce qui ressort des interviews c’est que l’usage du DMP devrait intervenir lors d’un premier contact
avec un nouveau patient ou à son entrée aux urgences, lors de la consultation d’anesthésie et en
gériatrie.

Le Dossier de Liaison Urgences (DLU)


L’intérêt du DMP pour les EHPAD et les services d’Urgences serait de compléter et mettre à disposition
le DLU dans le DMP. Aujourd’hui, l’alimentation du DLU via le site dmp.fr est gérée manuellement dans
la plupart des logiciels en place. Plus rarement, les éditeurs mettent à disposition une fonction
d’alimentation automatique.
Le CHU de Toulouse prévoit, en 2019, un accès au DMP pour les médecins des urgences avec le
déploiement de lecteurs de cartes CPS. Cela a séduit également les urgences de la clinique Ambroise
Paré à Toulouse.

Le bilan de médication pour les plus de 65 ans


Les pharmaciens du CHU en lien avec les officines de ville ont créé le « Réseau d’Enseignement et
d’Innovation en Pharmacie d’Officine » (REIPO). L’un des projets consiste à partager le bilan
médicamenteux. La CPAM s’appuie sur le directeur des pharmaciens du CHU pour contacter ces
pharmaciens en priorité.
Dans ce cadre, le service de gériatrie du CHU a prévu une création systématique du DMP pour les
patients âgés de plus de 65 ans. Les pharmaciens du CHU alimenteront le traitement des patients et
les bilans de médication. Les patients sortiront de ces services gériatriques avec un DMP complété.

Le recueil du traitement habituel du patient


Les anesthésistes du CHU de Toulouse sont convaincus d’utiliser l’accès aux remboursements de
médicaments. Cependant, à ce jour, il faudrait installer des lecteurs CPS et vérifier que tous les
médecins sont détenteurs de leur carte CPS et des codes. L’ergonomie d’accès au DMP peut aussi
freiner cette initiative.

En ville
Les CIS de la CPAM rencontrent les spécialistes des cliniques privées pour un usage en cabinet de ville.
Les logiciels restent un frein, en termes de coût, d’ergonomie et de fonctionnalités. De plus, les
professionnels de santé de ville montrent peu d’intérêt pour le DMP. À titre d’exemple, mille deux
cents d’entre eux ont été invités à une réunion d’information : seulement dix médecins ont répondu.
À noter que seuls deux médecins réalisent des créations de DMP. Tout le travail de promotion et de
développement doit continuer pour réussir à convaincre les professionnels de ville. Les logiciels des
cabinets de ville sont vraiment le premier frein.

Les infirmiers
Une centaine d’infirmiers font partie de l’expérimentation du Bilan de Soins Infirmiers (BSI) et seraient
moteurs pour alimenter le DMP.

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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

4.2. Puy de Dôme


Le SAMU Centre 15 a un accès au DMP opérationnel depuis début 2018. Cependant, le critère majeur
pour une utilisation systématique est un temps d’accès rapide.
La CNAM relève que « Les médecins régulateurs utilisent un logiciel de régulation dans lequel le DMP
n’est pas intégré. Cela implique qu’ils doivent se connecter en parallèle sur le site Internet dmp.fr pour
accéder aux DMP des patients.
Si l’aspect technique a été levé grâce à l’intervention d’un CIS de la CNAM en lien avec le référent
informatique du SAMU, la mise en œuvre pratique est plus complexe.
Dans le cadre de l’urgence, le médecin régulateur doit prendre une décision rapidement : avec le
nombre de DMP ouvert pour la population de notre département actuellement, le médecin a seulement
1 chance sur 10 de trouver un DMP s’il exécute une recherche systématique à chaque appel. S’ajoute à
cela, la problématique de la recherche de DMP par nom/prénom/date de naissance, il est souvent
compliqué pour la régulation de récupérer toutes les informations qui lui garantirait l’accès au bon
dossier (identitovigilance).
De plus, avec le mode d’accès en urgence dans le DMP utilisé par le SAMU, le médecin doit répondre
plusieurs fois à une alerte lui précisant qu’il agit bien d’un accès en urgence et il doit renseigner les
motifs de son intervention, d’où une nouvelle perte de temps pour le médecin, même si cela sécurise
les accès et permet d’informer le patient.
D’autre part, les médecins régulateurs ont accès à la base de données médicale du CHU (DPI) qui leur
permet déjà de récolter un bon nombre d’informations.
Une intégration du DMP dans le logiciel de régulation avec un message d’alerte permettant d’informer
le médecin régulateur qu’un DMP est ouvert (en travaillant la question de l’identification du patient) et
l’accès au DMP en “1 clic” permettrait d’améliorer les usages. »

4.3. Somme — Hauts de France


Le chef de projet de la CPAM des Hauts de France, Valérie Hadet, envisage de nouveaux usages
maintenant que « Le CHU d’Amiens, les CH d’Abbeville, de Péronne... créent et alimentent
automatiquement les DMP ce qui est un facteur de succès, car l’alimentation est réalisée en masse. En
effet, une alimentation manuelle est trop chronophage et cela ne fonctionne pas. Le CH de Pinel,
établissement psychiatrique alimente, mais c’est plus délicat du fait du contenu. Avec les GHT, il y a
beaucoup de changement de direction et la mise en œuvre d’un dossier patient uniformisé peut avoir
un impact sur l’arrêt de l’alimentation. »
Le Dr Elisabeth LEWANDOWSKI, chef du service d’information médicale au CHU d’Amiens, « s’inquiète
de la concomitance du déploiement du DMP et de la mise en œuvre du “Portail Haut de France” :
télémédecine, portail patient, rendez-vous en ligne… mis en œuvre dans le cadre de la convergence
du SI pour le GHT, plutôt que remplacer tous les DPI. »
Sébastien Florek, Directeur des Services numériques quant à lui, ajoute « qu’à ce jour, les
professionnels du CHU utilisent le DPI de l’établissement et ne voient pas à quoi sert le DMP tant que
les professionnels de santé hors établissements ne l’alimenteront pas. »

Alimentation des résultats de laboratoire


La région Hauts de France a répondu à un appel à projet pour l’alimentation des résultats de biologie
en flux Y vers la messagerie sécurisée et le DMP. Un usage serait de consulter les résultats de
laboratoire dans le DMP. Actuellement, les résultats de laboratoire sont envoyés via Apicrypt,
messagerie largement déployée dans les Hauts de France.

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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

Consultation par la médecine de ville


Les pastilles « DMP » accolées aux cartes Vitale commencent à interpeller les médecins. Quelques
médecins de ville consultent les DMP. On compte cent cinquante consultations de DMP par quelques
médecins.

Expérimentation de la prescription de soins infirmier et pharmaceutique


Dans les Hauts de France, l’utilisation du DMP pour enregistrer les prescriptions est envisagée. Le
médecin à distance pourrait, « en bris de glace », accéder au DMP du patient et l’alimenter avec sa
prescription médicale via un module de e-prescription mis à disposition par les éditeurs de logiciels.
L’infirmière accéderait alors à la prescription via le DMP. Il en serait de même pour la prescription
pharmaceutique. Ce serait un usage très pertinent qui mériterait d’être expérimenté pour être porté
au niveau national, en cas de réussite et d’adhésion des acteurs.
Ces expérimentations pourraient avoir lieu dans le cadre du déploiement de la prescription
électronique (e-prescription) dont le calendrier est précisé dans la convention d’objectifs et de gestion
(COG) 2018-2022 entre l’État et la CNAM :
« L’Assurance Maladie généralisera la prescription électronique pour l’ensemble des professionnels de
santé qu’ils exercent en établissement de santé ou en ville. La prescription électronique permet de
dématérialiser et de sécuriser les échanges entre le médecin et le pharmacien en codifiant le contenu
de la prescription (dans un premier temps uniquement de la prescription de médicaments)… à grande
échelle à compter de 2019, et... à d’autres domaines (prescription d’examens biologiques, actes des
auxiliaires médicaux, etc.)... L’articulation de la prescription électronique avec le DMP pourrait
également faciliter la coordination des soins. Dans un deuxième temps, la e-prescription pourra être
étendue à d’autres actes et concernera d’autres professions de santé (biologistes, masseurs-
kinésithérapeutes, infirmiers) dès 2020. »
En octobre 2018, l’assurance maladie et l’Union Nationale des Professionnels de Santé (UNPS) ont
signé un Accord Cadre Interprofessionnel fixant un calendrier progressif de 4 ans selon le type de
prescriptions.

4.4. Côtes-d’Armor
Madame Lau, directrice de la CPAM des Côtes-d’Armor, décrit l’organisation « Le trio ARS
(financement), CPAM (stratégie), GCS esanté (opérationnel et technique) a grandement facilité le projet
de déploiement du DMP. L’ARS a toujours soutenu la démarche et elle a aidé financièrement le GCS
esanté pour la gestion opérationnelle du déploiement.
Il est très important, par ailleurs, que tous les acteurs concernés puissent échanger dans un comité de
pilotage élargi. Aussi, dès le départ, cette instance, désignée par la suite “comité de déploiement du
DMP” par la CNAM, a réuni les URPS, les directeurs et les présidents de CME des établissements, le
conseil de l’Ordre des médecins, le conseil de l’ordre régional des pharmaciens, les représentants des
patients, les représentants des réseaux. » Il a fallu sensibiliser tous ces acteurs pour créer une
émulation et convaincre tout le monde. « Tout se tient, car pour rendre attractif le DMP, les
établissements doivent alimenter pour motiver les professionnels libéraux à le consulter et à leur tour
l’alimenter ».
Le GCS esanté, représenté par Pierre Barel, Chef de Projet, a assuré l’assistance maîtrise d’ouvrage du
déploiement auprès des établissements du fait que l’Assurance Maladie était moins à l’aise dans la
connaissance des systèmes d’information hospitaliers.
Les aspects d’engagement politique ont été traités par l’Assurance Maladie auprès des directions des
établissements. Les présentations aux CME ont été menées de concert entre les deux structures. Il a
constaté : « Au niveau technique, on sent que les éditeurs ne sont pas matures sur ce sujet. Certains ont
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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

été échaudés par les expérimentations précédentes. Ils sont encore réticents pour développer les
fonctionnalités liées au nouveau cahier des charges. Par exemple, l’alimentation du DMP peut être
automatique une fois le DMP créé, sans nouveau consentement du patient, mais cela demande des
adaptations logicielles qu’il a fallu financer. »

4.5. Centre Val de Loire


Nathalie GRABHERR, chef de projet DMP de l’Assurance Maladie de Tours, détaille les leviers pour
mettre en œuvre le projet DMP dans les établissements :
• Organisationnel :
o Trouver les bons interlocuteurs en appui au projet de déploiement dans
l’établissement
o Choisir en accord avec la CME des documents alimentant le DMP et le processus
d’alimentation
o Définir les comptes-rendus types
o Traiter les rejets de la chaîne d’alimentation automatique et corriger les problèmes
détectés (cette activité relève de la surveillance au quotidien du fonctionnement du
dossier patient informatisé)
• Accompagnement des professionnels de santé de la structure en formant le personnel de
secrétariat si le choix de l’établissement est une alimentation manuelle. Cela concerne les
petits établissements.
• Culturel : montrer l’intérêt du DMP complémentaire du dossier médical informatisé
hospitalier
• Technique :
o Informatiser la création des comptes-rendus pour alimenter le DMP, en équipant par
exemple, les médecins d’outils performants tels que la dictée numérique
o Mettre en place le traitement d’alimentation automatique du DMP ce qui nécessite
des bases de test… lesquelles, si elles ne sont pas encore en place, serviront à d’autres
projets
o Permettre un accès au DMP par carte CPS aux urgences
Elle souligne les facteurs facilitants et clés de succès :
• Le partenariat très positif entre les CPAM, la DCGDR et l’ARS
• le programme Hôpital Numérique et le financement Hop'EN (alimentation du DMP)
• la présence de la CPAM dans les établissements pour la création des DMP
• La mutualisation de moyens avec le projet de messagerie sécurisée
• La mise en place d’une salle de démonstration de logiciels médicaux compatibles DMP,
gérée par Christophe Beauquel de l’Assurance Maladie
Pour la généralisation du déploiement du DMP dans les autres départements de la région, Anne-Claire
Métaut, coordonnateur régional Centre – Val de Loire de l’assurance maladie entend s’appuyer sur le
retour d’expérience de l’Indre-et-Loire et sur l’ARS pour rencontrer les établissements. Des « Days
MP » ont été organisés pour le personnel des CPAM avec des ateliers de formation à la création.
Un chef de projet dans chaque CPAM avec l’appui des CIS (conseillers informatiques services) prend
en charge le déploiement du DMP et de la MSS.
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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

Un comité de pilotage régional DMP pilotera le projet avec la participation l’AM, l’ARS et le GRADeS
ainsi que la CPAM d’Indre et Loire.
Au niveau de chaque département, un comité de déploiement sera le relais de la région.
Bruno Rebouilleau, responsable informatique du CH de Loche et RSSI du GHT indique que « Le
déploiement du DMP est une vieille histoire avec une première expérimentation dans le cadre du projet
Hôpital Numérique pour obtenir un financement ». Il souligne que « le réseau n’est pas encore bien
déployé dans la région. Il subsiste de nombreuses zones quasiment blanches. Cela freine tous les projets
numériques. »
Le CH de Loches a continué depuis le démarrage du projet en 2011 à alimenter le DMP depuis le DPI.
Cependant, l’alimentation est manuelle, courrier par courrier depuis le DPI. Les médecins ont souhaité
garder la maîtrise de l’alimentation du DMP.
Madame Dubreuil, correspondante DMP, responsable admissions, secrétariats médicaux au CH de
Loches fait état d’« une forte attente d’arriver au zéro papier, car les secrétariats sont amenés à réaliser
des opérations en triple : courrier papier, mssanté et DMP ».
Didier Baty, DSI groupe St Gatien, est « très impliqué, par conviction, dans le déploiement du DMP des
18 établissements du groupe et considère qu’il porte le projet. Pour autant bientôt, le DLU sera alimenté
en lien avec le médecin DIM ».

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LE DMP EN ETABLISSEMENT DE SANTE : RETOURS D’EXPERIENCE

REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier pour leur contribution à ces travaux :
 Julien Canqueteau, chargé de mission DMP à l’Assurance Maladie
 Christophe BEAUQUEL de l’Assurance Maladie
 Jean-François Parguet, directeur du pôle technique et sécurité, RSSI, à l’ASIP

CPAM de Clermont-Ferrand — Puy-de-Dôme :


 Viriginie Cassaro, Sous-directrice Ressources Humaines et Gestion du Risque
 Fanny Gidon, Chargée de projet DMP

Hauts de France
 Valérie Hadet, Chef de projet DMP à la CNAM d’Amiens

CHU d’Amiens :
 Dr Elisabeth LEWANDOWSKI, chef du service d’information médicale
 Sébastien Florek, Directeur des Services numériques

Centre-Val de Loire
GRABHERR Nathalie
 Métaut Anne-Claire
 Bruno Rebouilleau, Responsable informatique du CH de Loche et RSSI du GHT
 Madame Dubreuil, correspondante DMP, responsable admissions, secrétariats médicaux
 Didier Baty, DSI groupe St Gatien à Tours

HAUTE GARONNE
Assurance Maladie :
 Carole Suarez, coordinatrice régionale DCGDR
 Nathalie Lagrace Giraud, attaché de direction AM Toulouse, chef de projet DMP au sein de
l’Assurance Maladie (AM) Haute Garonne.
CHU de Toulouse
 Noémie GRIZONNET, Responsable du service Applications patient à la DSIO
 Karie LAJOINIE, en charge des applications de gestion de RDV outil QPLANNER, des rappels
SMS issus de qplanner, de Medimail et du DMP au sein de la DSIO
 Mme Roynard, cadre administratif à direction de la qualité, de la sécurité et des relations avec
les usagers

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 Corinne Poble, retraitée, Chef de projet DMP de juin 2013 jusqu’à 2014 « EHPAD

EHPAD Résidence Saint-Jacques


 Didier CARLES, directeur
 Mme GALA, responsable du bureau des entrées
 Mme le Docteur Jaulent, médecin coordonnatrice

Clinique Rive Gauche


 Christine HOUPERT, Responsable Système d’Information

Medipôle Garonne
 Jean-Michel Nabias : Directeur
 Michèle Quiles Rinaldi : Responsable Qualité Gestion des Risques et Directeur des Soins
Infirmiers.
 Aude Piguillen : Aide-soignante assure la création des DMP auprès patients
 Jérôme ZANUSSO : Responsable Système d’Information.
 Anne Garrigue : Directeur des Ressources Humaines

Bretagne — Côtes-d’Armor
Assurance Maladie
 Danielle LAU, Directrice de la CPAM des Côtes-d’Armor
 Marie-France Caldemaysou, Attachée de Direction en charge de la coordination du
déploiement du DMP
 Laeticia Nicol, Responsable du Service délégué Assurance Maladie et Conseillers informatiques
Service
Au GCS e-Santé :
 Pierre Barel, Chef de Projet GCS e-Santé Bretagne

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