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Un autre argument en faveur de la règle est ce qu’on appelle l’« Incohérence Temporelle ».

Les travaux de Kyland-Prescott (1977), de Barro et Gordon (1983) sur l’incohérence


temporelle et la crédibilité de la politique monétaire mettent en évidence que l’action
discrétionnaire des autorités monétaires produit un biais inflationniste sans gain en termes
d’activité moyenne (l’idée est que dans un régime discrétionnaire, les autorités monétaires
sont soupçonnées de créer de l’inflation pour stimuler l’activité ; de tels régimes sont dès lors
très peu crédibles.)

L’inefficacité de la politique monétaire avancée par les économistes de la nouvelle


macroéconomie classique, notamment par Lucas avait déjà constitué une sérieuse attaque à
l’encontre de la discrétion et un plaidoyer en faveur de la règle. Kydland et Prescott (1977)
ont proposé une reformulation encore plus rigoureuse de ce plaidoyer en se basant sur la
notion de l’incohérence temporelle et sur les anticipations rationnelles. Selon ces deux
auteurs : «  la théorie de contrôle optimale ne peut en aucun cas être appliquée à la théorie
économique quand les anticipations sont rationnelles ».
En effet, lorsque les agents économiques font des prévisions, la politique économique se
transforme en un jeu dynamique entre des joueurs intelligents.
Pour définir ce concept d’incohérence temporelle nous allons recourir à l’exemple introduit
par Kydland et Prescott :

Soit: π = (π1, π2……, πΤ) une séquence de politiques pour les périodes 1 à Τ
et
x = (x1, x2……., xΤ) la séquence correspondante des décisions économiques des agents.

Soit (S) une fonction d’utilité sociale :


S (x1,……., xΤ; π1, π2……, πΤ) (1.1)
Les décisions des agents à la période t dépendent de toutes les décisions de politique
économique et de leurs décisions passées.

xt= X (x1,……., xt-1; π1, ……, πΤ) t=1, …, Τ (1.2)

Vu que les autorités cherche toujours à maximiser le bien être social, une politique optimale,
donc, consiste à définir la valeur de π qui maximise (1.1) s.c de (1.2).

Définition
Une politique π est cohérente si, pour chaque période t, πt maximise la
fonction (1.1), considérant comme données les décisions précédentes des
agents et queles décisions politiques futures sont choisies de la même façon.
L’incohérence temporelle des plans optimaux peut être illustrée en utilisant la fonction de
surprise monétaire de la courbe de Phillips avec arbitrage entre inflation et chômage :
Ut = λ ( Pe - Pt) + Un (1.3)

avec:

Ut: Le taux de chômage à l’instant t

Un: Le taux de chômage naturel

Pe: le taux d’inflation anticipée


Pt: le taux d’inflation effectif
λ: une constante positive

L’équation (1.3) représente la contrainte du décideur. Kydland et Prescott supposent qu’il


existe une fonction de bien être social :

S (Pt, Ut) avec S’ (Pt) < 0 et S’ (Ut) < 0 (1.4)


L’équation (1.4) représente la fonction objectif. Cette fonction indique que le chômage et
l’inflation sont nuisibles au bien être ; la réduction donc de l’un et/ou de l’autre améliore le
bien être social.
Les contours de la fonction objectif sont représentés par les courbes S 1, S2, S3 et S4 (voir
figure (1.5) Etant donné que la réduction de l’inflation et le chômage améliore le bien être on
a S1 >S2> S3 > S4

Figure 1.5

Pt

A . . C

. .
O
Ut - Un

Pe1
Pe2
S1 S2 S3 S4
La figure 1.5 illustre l’arbitrage offert par la courbe de Phillips (donnée par l’équation
1.3) entre deux taux d’inflation anticipés Pe1 et Pe2.

Tous les points de la courbe verticale sont des points potentiels d’équilibre puisque à
ce niveau le taux de chômage est à sont niveau naturel (Ut=Un) et les agents prévoient
correctement l’inflation (Pe = Pt )

Supposons que l’économie soit initialement dans un équilibre sous optimal mais
temporellement cohérent (le point C). Vu que les autorités visent une fonction objectif de bien
être social elles vont essayer de ramener l’économie à un équilibre optimal au point O en
annonçant un objectif d’inflation zéro (ce taux qui sera atteint en réduisant le taux de
croissance de l’offre de monnaie).

Dans le cas où cette annonce est crédible et crue par les agents privés, ils vont réviser
leur anticipation d’inflation à la baisse de Pe1 à Pe2 entraînant un abaissement de la courbe de
Phillips de C vers O. Mais une fois les agents auront agit ainsi rien ne leur garantit que les
autorités ne vont pas renier leur promesse et déclencher une inflation surprise. Ce qui fait que
l’équilibre ainsi atteint au point O est bel et bien optimal mais temporellement incohérent.
Ainsi si les autorités agissent de manière discrétionnaire et augmentent le taux de croissance
de monnaie pour créer une inflation surprise elles peuvent ramener l’économie au point A qui
est supérieur au point O en terme de bien être. Or cette situation est intenable puisque le
chômage est en dessous de sont niveau naturel est (Pt >Pe ). Les agents rationnels vont
rapidement se rendre compte qu’ils ont été floué et l’économie reviendra à son point
d’équilibre initial (le point C).

L’apport de Kydland et Prescott a marqué un détour dans le débat entre la règle ou la


discrétion et constitue, de ce fait , un sérieux plaidoyer en faveur de la première. Néanmoins
un autre débat a vu le jour ; opposant cette fois-ci les partisans de la règle ce qui nous pousse
ainsi à faire la distinction utile entre deux familles de règles : les règles d’instruments et les
règles d’objectifs.

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