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MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »

Séquence 5 – Module 2

MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »


Séquence 5 – Module 2
Les ressentis des adultes dyslexiques

Nous vous proposons une synthèse des quelques études portant sur le
ressenti des adultes dyslexiques, recueillis par le biais de questionnaires
et/ou interviews.

Plusieurs travaux se sont penchés sur la validité de tels questionnaires


et ont alors montré la forte corrélation entre les réponses subjectives aux
questionnaires et les résultats à des tests de lecture et de production
écrite.

Ces études montrent :

– Que lorsqu’ils sont détaillés, les questionnaires sont de précieux


outils de dépistage, même s’ils ne suffisent pas pour un
diagnostic.

– Qu’il faut encourager à écouter les propos des adultes


dyslexiques sur leur passé d’écolier et leurs ressentis.

– Que les adultes dyslexiques sont assez lucides quant à leurs


difficultés.

Ainsi, par exemple, les travaux de Gilger sur 1118 enfants et adultes ont
montré que les ressentis des enfants ou des adultes présentant des
difficultés d’apprentissage, sont cohérents avec les scores aux tests
qu’ils avaient passés.

Février 2019
MOOC « Étudiants dyslexiques dans mon amphi : comprendre et aider »
Séquence 5 – Module 2

Lorsqu’on ne dispose pas de résultats de tests, les informations sur les


difficultés éprouvées dans la scolarité présente ou passée ont donc une
certaine validité.

Les travaux de Schulte-Körne et ses collaborateurs sur un échantillon de


79 adultes confirment la pertinence des questionnaires dans le domaine
des habiletés orthographiques.

Les chercheurs notent en effet que les difficultés mentionnées par des
adultes dans des questionnaires sur leurs difficultés en lecture, en
orthographe, et sur leur passé scolaire coïncident à 88% avec les
résultats des tests psychométriques.

Les adultes montrent ainsi que leur ressenti et leur appréciation sur leurs
compétences en orthographe sont particulièrement conformes aux
données objectives.

Les travaux de Wolff et Lundberg vont plus loin en montrant que les
réponses de jeunes adultes à un questionnaire portant sur les
symptômes de la dyslexie sont plus discriminants que certaines tâches
phonologiques ou orthographiques utilisées seules, pour prédire s’ils font
partie d’un groupe de jeunes adultes dyslexiques ou d’un groupe de
jeunes adultes en difficulté mais non-dyslexiques.

Cette prise en compte des difficultés ressenties ne peut suffire, mais


complète bien les bilans de langage et de mémoire.

Ce troisième exemple de travaux témoigne encore de la lucidité des


adultes dyslexiques quant à leurs difficultés.

Février 2019
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Passons maintenant à deux études en particulier basées sur des


questionnaires.

La première est celle de Jacquier et collaborateurs concerne un


échantillon de 50 adultes dyslexiques francophones, étudiants ou non,
qui ont répondu à un questionnaire portant sur le diagnostic, leur prise
en charge, leurs ressentis et leurs difficultés.

– 74% ne suivent plus de rééducation

– 77% disent avoir fait certes des progrès mais conserver


néanmoins d’énormes difficultés

– 74% précisent que le stress augmente ces difficultés

L’étude conclut que la dyslexie a un fort impact négatif sur la sphère


émotionnelle à l’âge adulte et que les enfants dyslexiques sont devenus
des adultes très sensibles, pouvant ressentir de la honte ou des
difficultés sociales.

82% de la population dyslexique interrogée estime que la dyslexie a un


fort impact dans leur vie au quotidien.

– 27% disent que leur dyslexie leur a donné envie d’aider les autres.

– 26% considèrent que la dyslexie leur a laissé un manque de


confiance en eux.

– Et 25% parlent de force de caractère.

Passons maintenant à une seconde étude, de grande ampleur, réalisée


auprès de 1061 étudiants espagnols portant sur les plaintes exprimées

Février 2019
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par de jeunes adultes dyslexiques ou non-dyslexiques inscrits dans


l’enseignement supérieur.

Ces étudiants ont répondu à des questions concernant les difficultés


avec l’écrit, et sur d’autres compétences et aspects de la vie
universitaire.

Nous apprenons, par exemple, que les étudiants dyslexiques se


plaignent significativement plus que les autres :

– de mélanger les lettres dans les mots

– de confondre des mots en lecture et en écriture

– d’avoir du mal à prendre des notes

– et de se sentir constamment obligés de vérifier l’orthographe


lorsqu’ils écrivent, sans que cela réduise visiblement le nombre
de fautes.

Ces plaintes ne reflètent pas seulement un manque de confiance en soi


puisque dans d’autres domaines les étudiants dyslexiques ne se
déclarent pas plus en difficulté que les autres : comme l’organisation du
temps et de l’espace, la mémoire, l’expression des idées, le suivi de
conversations, la gestion d’une lourde charge de travail ou la
concentration.

Pour finir, cette étude rejoint les conclusions des études mentionnées
précédemment sur l’utilité et la validité des questionnaires ayant comme
objectif de connaître les ressentis des personnes dyslexiques dans
différentes sphères de leur vie.

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Les chercheurs ont montré, ici encore, la cohérence entre les réponses
aux questionnaires et les mesures plus objectives.

Retenons que :

– La dyslexie et les difficultés en découlant perdurent à l’âge adulte !

– Oui, réaliser des études sur la dyslexie chez l’adulte est pertinent !

– Et oui, les questionnaires ont leur place dans ces études !

Ceci dit, les questionnaires ont leurs limites et les batteries de tests
apportent des données objectives indispensables même si elles ne sont
pas parfaites et peuvent échouer, par exemple, à détecter certains
adultes dyslexiques.

Février 2019

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