Vous êtes sur la page 1sur 4

LE TRANSHUMANISME

►Ned Ludd « La critique du transhumanisme » 2004- 2013.


https://iatranshumanisme.files.wordpress.com/2015/02/la-critique-du-transhumanisme.pdf

Nicolas Le Dévédec « De l’humanisme au post-humanisme : les mutations de la perfectibilité


humaine »
21 décembre 2008
(...) Disqualification de l’horizon historico-politique, redéfinition informationnelle de l’être humain que rien
ne différencie d’une machine, il n’est plus du tout question avec le modèle cybernétique* d’émancipation
sociale mais bien, en un cinglant démenti de la perfectibilité humaniste et de son idéal d’autonomie
politique, d’adaptabilité technoscientifique de l’être humain. Désocialisée, dépolitisée, la perfectibilité se
renverse en son exact contraire, plongeant l’être humain dans un évolutionnisme d’un tout nouveau genre,
beaucoup plus radical que l’évolutionnisme darwinien, puisque : « Contrairement à son pendant darwinien,
l’évolutionnisme informationnel ne se limite pas au monde de la nature. Les machines, comme les hommes,
sont appelées à participer à la chaîne évolutive ». (…) Sous des dehors d’émancipation, de libération, il est
toutefois essentiel de comprendre que cet imaginaire de bioperfectibilité aujourd’hui émergent n’est jamais
que l’envers d’une biologisation sans précédent de la société (…) Le nouveau régime de perfectibilité est en
effet indissociable de cette conviction du caractère profondément biologique ou génétique des problèmes
sociaux, déclassant de ce fait de manière radicale la volonté politique d’agir sur les conditions de vie sociale
au profit du conformisme, de l’adaptation. Rabattue sur la vie individuelle et sa gestion, la socialité se réduit
à la logique dépolitisée de la biosocialité décrite par Paul Rabinow [Rabinow, 1996] ou celle du biocapital
systématisée par Catherine Waldby, laquelle, résume Céline Lafontaine, est :
«celle du biocontrôle où chaque individu est, par le biais d’un large dispositif biomédical composé d’experts
de toutes sortes, appelé à diriger sa vie en fonction d’un nombre toujours croissant de facteurs de risques. La
vie en elle-même devient un bien à gérer et à maximiser selon son potentiel héréditaire » (…)C’est en ce
sens que l’on peut parler de posthumanisme, non pour signifier la fin de l’homme – que celle-ci soit
catastrophiste (…) ou enchanteresse comme dans le mouvement transhumaniste – mais bien plutôt pour
souligner le déni d’humanité aujourd’hui à l’œuvre. Car cette perfectibilité de la vie masque une donnée
anthropologique essentielle : le lien social.

Gaëlle Le Dref « L’homme face à l’évolutionnisme : un animal paradoxal » 2009


(…) In fine, l’évolutionnisme, dans ses différentes manifestations philosophiques et idéologiques, tend à
élaborer des utopies dominées par l’idée du surhomme ou d’une post-humanité. Les faibles, les malades, les
fous, les homosexuels, les handicapés mentaux, les infirmes, les délinquants–(…) – voient leur disparition
ou leur éradication régulièrement annoncée par les prophètes du tout-biologique.(…) Gardiens aujourd’hui
du patrimoine génétique comme ils l’étaient autrefois de l’ordre moral et de la pureté du sang, les
évolutionnistes sont passés d’un racisme et d’un inégalitarisme traditionnels à ce qu’on appelle parfois « un
racisme du gène » et à un spécisme* dont le cœur se trouve dans la volonté d’orienter l’espèce humaine
définitivement hors du destin animal que la nature lui a donné.(…) Le surhomme prend forme dans les
esprits : puissant, maître de ses émotions, ignorant la souffrance et baignant dans l’ataraxie*, en somme,
sans plus aucune des caractéristiques de l’existence qui appartiennent à la vie animale sensible. Dans
l’utopie post-humaniste, c’est donc finalement l’homme en tant que vivant que l’on veut faire
disparaître.(…) On n’assiste pas tant à la réduction de l’homme à son animalité qu’à la négation de
l’animalité. Animalité et humanité sont niées dans un même mouvement logique à la fois anti- naturaliste et
antihumaniste. L’humain est nié en même temps dans le fait d’être simplement vivant et dans son humanité.
Il est ramené à de l’inerte, soit comme simple chose matérielle soit comme idée abstraite. L’évolutionnisme
propose des réponses simples à la complexité de la question humaine. Elle tente de résoudre, sinon de
dissoudre celle-ci dans une démarche qui n’a rien d’inoffensif en termes éthiques et politiques, et qui,
contrairement aux apparences, n’a rien non plus de scientifique.

1-A quoi l’homme est-il réduit ?


2-Quelles dimensions humaines sont ici complètement évacuées ? Quelles en sont les conséquences ?
3- Dans le dernier paragraphe, quelles réalités sont niées par le transhumanisme ?
4- La démarche transhumaniste est-elle scientifique ? Expliquez.

Cybernétique : (du grec « art de piloter; art de gouverner »). Science qui utilise les résultats de la théorie du
signal et de l'information pour développer une méthode d'analyse et de synthèse des systèmes complexes, de
leurs relations fonctionnelles et des mécanismes de contrôle, en biologie, économie, informatique, etc.
(TILF)
Spécisme : idéologie postulant une hiérarchie entre les espèces, spécialement la supériorité de l'être humain
sur les animaux.
Ataraxie : PHILOS. Tranquillité, impassibilité d'une âme devenue maîtresse d'elle-même au prix de la
sagesse acquise soit par la modération dans la recherche des plaisirs (Épicurisme), soit par l'appréciation
exacte de la valeur des choses (Stoïcisme), soit par la suspension du jugement (Pyrrhonisme et Scepticisme).

►Enki Bilal Quatre ? 2007, p.56 et 57.


http://neuviemeart.citebd.org/img/pdf/memoire.pdf site p.136- 138.
Dans la première vignette, Nike et Leyla restés sur terre commentent l’attitude de leur clone respectif sur
Mars, dont les images sont diffusées sur le canal Mars live – comme l’atteste le logo de la chaîne en bas à
gauche

► Houellebecq La possibilité d’une île, 2005.(roman-extrait)


Daniel25, néo-humain devenu immortel par le biais d’une technique de clonage proche de l’uploading
(téléchargement d’informations sur un ordinateur), prend connaissance de l'autobiographie de Daniel1,
dernier humain dont il représente la lointaine reproduction. Daniel1 a aimé, souffert tout au long de son
existence assez particulière. Daniel25 vit dans la plus totale solitude avec pour unique compagnon son petit
chien Fox, énième avatar1 de celui de Daniel1. Il ne connaît ni envie, ni désir, ni amour et vit dans une sorte
de contemplation permanente favorisée par la disparition des besoins alimentaires et de l'instinct sexuel.
Mon incarnation actuelle se dégrade ; je ne pense pas qu’elle puisse tenir encore longtemps. Je sais que dans
ma prochaine incarnation je retrouverai mon compagnon, le petit chien Fox.
Le bienfait de la compagnie d’un chien tient à ce qu’il est possible de le rendre heureux ; il demande des
choses si simples, son ego est si limité. Il est possible qu’à une époque antérieure les femmes se soient
trouvées dans une situation comparable –proche de celle de l’animal domestique. Il y avait sans doute une
forme de bonheur domotique2 lié au fonctionnement commun, que nous ne parvenons plus
à comprendre ; il y avait sans doute le plaisir de constituer un organisme fonctionnel, adéquat, conçu pour
accomplir une série discrète3 de tâches – et ces tâches, se répétant, constituaient la série discrète des jours.
Tout cela a disparu, et la série des tâches ; nous n’avons plus vraiment d’objectif assignable ; les joies de
l’être humain nous restent inconnaissables, ses malheurs à l’inverse ne peuvent nous découdre. Nos nuits ne
vibrent plus de terreur ni d’extase ; nous vivons cependant, nous traversons la vie, sans joie et sans mystère,
le temps nous paraît bref. […]
DANIEL 24,1
Regarde les petits êtres qui bougent dans le lointain ; regarde. Ce sont des hommes.
Dans la lumière qui décline, j'assiste sans regret à la disparition de l'espèce. Un dernier rayon de soleil rase
la plaine, passe au-dessus de la chaîne montagneuse qui barre l'horizon vers l'Est, teinte le paysage
désertique d'un halo rouge. Les treillages métalliques de la barrière de protection qui entoure la résidence
étincellent. Fox gronde doucement ; il perçoit sans doute la présence des sauvages. Pour eux je n'éprouve
aucune pitié, ni aucun sentiment d'appartenance commune ; je les considère simplement comme des singes

1
Avatar : I. MYTH. HINDOUE. Incarnation du dieu Vichnou ou d'autres divinités de la religion hindoue. (…) P. métaph. Un second « avatar » ou
incarnation sur la terre [de Bonaparte] (CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 2, 1848, p. 657). II. P. ext. A. Changement,
transformation ou métamorphose d'une personne ou d'une chose qui en a déjà subi d'autres (dans l'aspect physique, les opinions etc.) (TILF)
2
Domotique ( du latin domus, maison, et informatique) : Ensemble des techniques visant à intégrer à l'habitat tous les automatismes en
matière de sécurité, de gestion de l'énergie, de communication, etc.
3
Série discrète : terme de statistique. L'ensemble des résultats s'appelle série statistique. Une variable quantitative est dite discrète si elle ne
prend que des valeurs isolées.
un peu plus intelligents, et de ce fait plus dangereux. Il m'arrive de déverrouiller la barrière pour porter
secours à un lapin, ou à un chien errant ; jamais pour porter secours à un homme.
Jamais je n'envisagerais, non plus, de m'accoupler à une femelle de leur espèce. Souvent territoriale chez les
invertébrés et les plantes, la barrière interspécifique devient principalement comportementale chez les
vertébrés supérieurs.
Un être est façonné, quelque part dans la Cité centrale, qui est semblable à moi ; il a du moins mes traits, et
mes organes internes. Lorsque ma vie cessera, l'absence de signal sera captée en quelques nanosecondes ; la
fabrication de mon successeur sera aussitôt mise en route. Dès le lendemain, le surlendemain au plus tard, la
barrière de protection sera rouverte ; mon successeur s'installera entre ces murs. Il sera le destinataire de ce
livre.

Eléments rapides de réponse :


►Ned Ludd « La critique du transhumanisme » 2004- 2013.
https://iatranshumanisme.files.wordpress.com/2015/02/la-critique-du-transhumanisme.pdf

1-A quoi l’homme est-il réduit ?


h- machine (cf citation l.7) = réduit à sa biologie( perfection biologique). On attend de lui qu’il se conforme
(conformisme, adaptation) à ces nvelles exigences : gérer sa vie, son capital héréditaire.
Le Transhumanisme « sous des dehors d’émancipation » est une aliénation.

2-Quelles dimensions humaines sont ici complètement évacuées ? Quelles en sont les conséquences ?
Dimensions sociales, historiques et politiques st niées insu que le lien social. L’homme =corps dénué
d’autonomie et de capacité de décision. On ne pense pas son adaptation à son environnement, on la nie.
Homme plus considéré comme un animal politique (Aristote) mais ss domination des laboratoires.

3- Dans le dernier paragraphe, quelles réalités sont niées par le transhumanisme ?


Négation de l’animalité de l’homme et son caractère vivant !
Homme réduit à qc d’inerte ou à une idée.

4- La démarche transhumaniste est-elle scientifique ? Expliquez.


H réduit à statut chose inerte, réifié : ne pd pas en compte la réalité humaine.
Le transhumanisme est simpliste. C’est une IDEOLOGIE dangereuse sur les plans éthique et politique (cf
Q1 et 2).

Idéologie : Ensemble plus ou moins cohérent des idées, des croyances et des doctrines philosophiques,
religieuses, politiques, économiques, sociales, propre à une époque, une société, une classe et qui oriente
l'action.

►Enki Bilal Quatre ? 2007


question du double identification êtres humains/ cyborg répliqués
je/elle / « Fais bien attention à l'identification »
Répulsion, rejet entre les H- et H+ (fruits de la technique)
« cul de jatte barbu scooterisé estampillé increvable »
Différence de nature : rapidité de la cyborg Leyla sur image dépasse scooter. Performances physiques +
immortalité.
CONTRASTE / Amertume des mortels « tu te rends compte ? obligés de se supporter ad vitam sur Mars !
air béat des cyborgs ds la dernière vignette : couple proche, visage paisible de Leyla.

►Houellebecq La possibilité d’une île, 2005


1-Qui sont Daniel 25 l.1 et Daniel24 l 27 ?
2 incarnations : « mon successeur » « un être est façonné » l.26 esprit téléchargé ds nveau corps.
Posthumain, lointain avatar de Daniel1 : doté d’IA et devenu immortel par technique proche de l’uploading.
Permanence d’esprit matérialisé par le journal intime + le lieu (mm appartement ds résidence)
2-Avec qui les différents Daniel sont-ils en lien ?
- Avec Fox leur chien (// femme : misogynie)
- Pas avec les humains « sauvages » à peine plus intelligents que des singes. Ne cherche pas à leur
venir en aide.
Normalisé et formaté, n’a plus rien d’humain et ,ne parvient plus à éprouver aucun sentiment, aucune
sympathie pr autrui. S’il lui est arrivé de déverrouiller barrière pr porter secours à animal, js il ne l’a fait pr
un humain. Ni solidarité, ni compassion. Indifférent à la disp de l’espèce l15.

3-Quel est le sens de la vie de ces êtres ?


Ni envie ni désir, vit ds contemplation permanente favorisée par la disparition des besoins alimentaires et de
l’instinct sexuel.( Pas d’accouplement possible, « un être est façonné » l.26) rien à faire, rien à gagner
Ennui ? ne quitte js appartement ? liberté ? gratuité ? Jeu ? mvt ? découverte ?

4-Utopie ou dystopie ?
Mort de la mort
Solitude, pt chien Fox
Ps sentiment, ni peine n u joie = ataraxie
PBS environnementaux : paysage désertique.
Société à 2 vitesses : matérialisée par barrière.il existe une autre espèce.
Avatars sous la complète dépendance des technologies

Vous aimerez peut-être aussi